/ 1792
847. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Voilà le poète incomparable dans la conception des caractères poétiques !

848. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Je m’empressai de faire part à Hugo de cette heureuse recrue poétique. […] Daunou, l’ancien conventionnel et l’illustre érudit (lequel était de Boulogne-sur-Mer), se mit à étudier le sujet, et, renonçant à concourir pour l’Académie, il se prit à vouloir approfondir le côté purement poétique du Tableau. […] Elle dura pendant plusieurs années et hâta le développement poétique de M.  […] Il les exprimait le plus souvent par des rapprochements littéraires et poétiques, des citations empruntées à de grands poètes des époques les plus brillantes de la Littérature.

849. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Il y a la mise en œuvre de la matière poétique et musicale, et ce point de la question ne manque pas d’importance. […] En un mot, ne tentez jamais de vous assimiler son double génie poétique et musical ! […] Oui, j’en suis persuadé, une gloire aussi grande que légitime, une gloire d’une espèce nouvelle, est réservée en France au musicien de génie, — car, du génie, il en faut toujours un peu, — qui, le premier, s’étant profondément imprégné de la double atmosphère musicale et poétique éparse dans nos légendes et dans nos chansons, et, le premier aussi, ayant accepté de la théorie wagnérienne tout ce qu’elle a de compatible avec l’esprit de notre race, réussira enfin, seul ou aidé par un poète, à délivrer notre opéra des entraves anciennes, ridicules ou démodées. Qu’il unisse intimement la poésie et la musique, non pour les faire briller l’une par l’autre, mais en vue du drame seul ; qu’il repousse sans faiblesse, poète, tous les agréments littéraires, musicien, toutes les beautés vocales et symphoniques qui seraient de nature à interrompre l’émotion tragique ; qu’il renonce au récitatif, aux ariettes, aux strettes, aux ensembles même, à moins que le drame, à qui tout doit être sacrifié, n’exige l’union des voix diverses ; qu’il rompe le cadre de l’antique mélodie carrée ; que sa mélodie, sans se germaniser, se prolonge infiniment selon le rythme poétique ; que sa musique, en un mot, devienne la parole, mais une parole qui soit la musique pourtant ; et surtout, que l’orchestre mêlant, développant, par toutes les ressources de l’inspiration et de la science, les thèmes représentatifs des passions et des caractères, soit comme une grande cuve où l’on entendra bouillir tous les éléments du drame en fusion, pendant qu’enveloppée de l’atmosphère tragique qui en émane, l’action héroïque et hautaine, complexe, mais logiquement issue d’une seule idée, se hâtera parmi les passions violentes et les incidents inattendus, et les sourires, et les pleurs, vers quelque noble émotion finale !

850. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Ramond, c’est le Saussure des Pyrénées, aussi fidèle observateur, aussi rigoureux que l’illustre Genevois, moins simple dans l’exposé des grands spectacles, mais plus ému, plus coloré, animé d’une sensibilité plus poétique et doué d’une imagination qui, loin de l’égarer comme tant d’autres, ne fait que rendre le vrai avec plus de vie. […] Il faudrait seulement conserver les unités, pour ces gens difficiles et amoureux de la vieille poétique, qui, sans les unités, seraient au désespoir de se laisser attendrir ou amuser.

851. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

C’est donc de Regnier, c’est de Rabelais que Saint-Amant relève, et il se rattache à eux par le côté qui n’est certes pas le plus délicat ; mais il ne déshonore pourtant point la parenté par l’entrain et l’espèce de fureur poétique qu’il porte en ces sujets de goinfrerie et de débauche. […] Il a donné quelque part sa théorie pour ce genre poétique grotesque, dont les plus gaies productions contribuent, selon lui, à l’entretien de la santé et devraient être les plus recherchées et les plus chéries de tout le monde : Ce n’est pas, dit-il, que je veuille mettre en ce rang les bouffonneries plates et ridicules, qui ne sont assaisonnées d’aucune gentillesse ni d’aucune pointe d’esprit, et que je sois de l’avis de ceux qui croient, comme les Italiens ont fait autrefois à cause de leur Berni, dont ils adoraient les élégantes fadaises, que la simple naïveté soit le seul partage des pièces comiques : je veux bien qu'elle y soit, mais il faut qu’elle soit entremêlée de quelque chose de vif, de noble et de fort qui la relève : il faut savoir mettre le sel, le poivre et l’ail à propos en cette sauce ; autrement, au lieu de chatouiller le goût et de faire épanouir la rate de bonne grâce aux honnêtes gens, on ne touchera ni on ne fera rire que les crocheteurs.

852. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Le génie poétique de Gray était tellement éteint dans le sombre manoir de Cambridge, que le souvenir de ses poésies lui était odieux. […] Je ne sais si Bonstetten avait deviné juste et si le secret de la mélancolie de Gray était dans ce manque d’amour ; je le chercherais plutôt dans la stérilité d’un talent poétique si distingué, si rare, mais si avare.

853. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Nous avons le plaisir d’annoncer qu’elles vont paraître ; toutes les feuilles imprimées sont sous mes yeux ; des amis fidèles en ont trié et préparé la matière, et le savant et poétique antiquaire, M.  […] En 1833, Guérin, ce Breton d’adoption et qui était alors bien plus Breton de génie et d’âme que Brizeux, vivait donc en plein de cette vie rurale, reposée, poétique et chrétienne, dont la sève montait à flots dans son talent et s’épanchait avec fraîcheur dans ses pages secrètes.

854. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

N’est-ce qu’une répétition nouvelle, une reprise, sous forme poétique, des idées exposées dans la profession de foi du vicaire savoyard ? […] Le caractère le plus remarquable de ce morceau tout sentimental et poétique et nullement dogmatique, c’est peut-être qu’il ne conclut pas, et qu’il laisse conjecturer tout ce qu’on voudra sur la pensée finale de l’auteur ; il laisse chacun rêver à son gré sur l’état d’âme définitif que cela suppose.

855. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

L’impression qu’elle fait est celle que nous a rendue si souvent le pinceau de Prud’hon : grâce, vénusté, une douceur un peu moelleuse ; innocence et amour, une émotion poétique et nullement sensuelle. […] Il fait très-bien voir le mérite de composition, de la peinture des caractères, la grâce, la finesse, enfin toutes les qualités du poème, mais sans l’enthousiasme poétique de Goethe.

856. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

L’Espagne, aussi étrangère que l’Italie aux travaux philosophiques, fut détournée de toute émulation littéraire par la tyrannie oppressive et sombre de l’inquisition ; elle ne profita point des inépuisables sources d’invention poétique que les Arabes apportaient avec eux. […] L’affectation et la recherche dérivent de la subtilité des Grecs, de leurs sophismes et de leur théologie ; les tableaux et l’invention poétique dérivent de l’imagination orientale.

857. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Dans la confusion actuelle de la production poétique, je distingue deux choses : une réaction d’abord contre les formes arrêtées, dures, métalliques ou marmoréennes de la poésie parnassienne. […] Rosny, qui dans ses romans d’une écriture trop personnelle, ou, si l’on veut, d’un français trop douteux, pose les problèmes moraux et sociaux les plus actuels avec un sens pénétrant de la vie et une sympathie pour les souffrants qui n’a rien de banal, Indompté (1894), ou qui ramène le roman à la simplicité puissante de l’épopée par ses visions des temps préhistoriques, poétiques expressions des hypothèses de la science d’aujourd’hui Vamirch : et M. 

858. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Après le genre tranchant, fendant, le genre suave, poétique, idéaliste. […] Mais, en même temps qu’il est d’une vérité terrible, son jeu reste délicieusement poétique, et c’est ce qui le distingue de celui des vulgaires panthères du mélodrame.

859. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Quand l’échafaudage d’une de ses pièces était dressé, qu’il en avait tracé le plan : « Ma pièce est faite, disait-il ; je n’ai plus que les vers à faire. » Aristote donne l’idée d’un plan de drame dans sa poétique, mais tracé seulement en grand et sans descendre dans les détails. […] C’est, dans la poétique d’Aristote, une des six parties de la tragédie ; il en définit la composition des choses.

860. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Ainsi le phénix se compose un bûcher symbolique de mille plantes odorantes, expire au milieu des flammes et des parfums, et renaît de ses poétiques cendres pour recommencer sa vie merveilleuse. […] Ne pourrait-on pas faire un arbre généalogique de toutes les races poétiques ou intellectuelles qui ont mené le genre humain ?

861. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Un peu plus loin, vous voyez l’orateur se lever subitement au milieu d’une citation, et s’interrompre pour exprimer avec une sorte de grandeur poétique l’émotion qui l’a saisi. […] II Tel est cet orateur que l’imagination poétique et l’esprit d’érudition ont promené dans l’érudition et égaré dans la philosophie, qui, après avoir voyagé parmi divers systèmes et hasardé un pied, et même deux pieds, dans le panthéisme, est venu se rasseoir dans les opinions moyennes, dans la philosophie oratoire, dans la doctrine du sens commun et des pères de famille ; qui, pensant faire l’histoire du dix-septième siècle, en a fait le panégyrique ; qui, croyant tracer des portraits et composer des peintures, n’a su que recueillir des documents et assembler des textes ; mais qui, dans l’exposition des vérités moyennes et dans le développement des sujets oratoires, a presque égalé la perfection des écrivains classiques, et qui, par la patience de ses recherches, par le choix de ses publications, par la beauté et la solidité de ses monographies, a laissé des modèles aux érudits qui continueront son œuvre, et des matériaux aux philosophes qui profiteront de son travail.

862. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ce sont ses deux inspirations poétiques, ses deux Muses. […] Retenons cette poétique subjectiviste. […] Il y aura surtout changement (et abaissement) dans la forme poétique et le ton. […] Chateaubriand est le plus élevé de ces corrupteurs poétiques. « Affreux » ne saurait certes se dire de lui. […] Que la sensibilité et la passion poétiques mettent dans le vrai cette « délectation » dont parle Poussin, sans laquelle il n’y a pas d’art.

863. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il a en tout cas assumé clairement en poésie, porté à une bonne conscience poétique (je ne dis pas morale !) […] Le robuste estomac poétique de Hugo digérait, en somme, paisiblement cette vision, mais les deux autres en sont restés empoisonnés jusqu’au bout. […] Une Confession littéraire (genre poétique comme la méditation, l’harmonie ou l’élévation) est d’ordinaire (même et surtout chez Rousseau) un plaidoyer. […] En pleine fièvre poétique il rencontre brusquement le père de son ami ordinaire, M. d’Orsel, avec ses deux filles : « Comment, vous ici !  […] L’état d’enthousiasme amoureux où il est se concentre sur Madeleine comme l’état d’enthousiasme poétique se précipite en strophes.

864. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Mais à peu près dans le même temps elle reçut Pierre Corneille, dont la vie poétique commença en 1625 par la comédie de Mélite dont nous avons parlé.

865. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

C’est ce que fait La Fontaine en mêlant la plaisanterie à ses périphrases les plus poétiques ou à ses descriptions les plus pompeuses.

866. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Cependant on y remarque quelques morceaux d’un sentiment vrai, et c’est sans doute ce qui avait adouci l’humeur du chantre de l’Art poétique.

867. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Seulement, quelque idée qu’on s’en fasse, on n’aura une notion juste du mouvement de cet esprit qui, si nous ne nous trompons, a le signe des forts : l’abondance, qu’en lisant dans le livre même : La France devant Dieu, Le Souverain et les sujets, La Leçon d’anatomie, La Barricade, Le Théâtre, La Peste littéraire, Les Catastrophes, Le Journaliste, Le Doigt de Dieu dans les révolutions, La Graine du Comédien, L’Amour des bêtes, Comment on se marie, La Morgue, et tant d’autres morceaux dont les titres seuls attestent éloquemment la largeur de circonférence dans laquelle l’auteur de la Croisade étend les rayons de son observation poétique.

868. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Addition au second livre. Explication historique de la Mythologie » pp. 389-392

Lorsque l’idée d’une puissance supérieure, maîtresse du ciel et armée de la foudre, a été personnifiée par les premiers hommes sous le nom de Jupiter, la seconde divinité qu’ils se créent est le symbole, l’expression poétique du mariage.

869. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Ainsi André Chénier, dans ses promenades poétiques, regardait passer au fond des clairières les belles mortes des romans d’amour. […] Le xiiie  siècle français a fourni des modèles poétiques à toutes les autres nations. […] Cette plaisante fantaisie poétique a suscité des malentendus et des suppositions bizarres. […] Il suffit de s’abandonner à Homère avec un cœur pur, dans la seule joie poétique, et alors l’unité parfaite de la composition saute aux yeux. […] Le génie poétique n’est pas si rigide.

870. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ulbach ; c’est un stylo mou, qui s’en va par filandres, avec des intentions poétiques à tout propos ; les comparaisons s’entassent, les images les plus imprévues se heurtent, les phrases flottent comme des mousselines peinturlurées, sans qu’on sente dessous une carcasse solide et logique, cette carcasse résistante qui doit tout porter, et qui seule indique un écrivain de race. […] Peu d’actrices auraient consenti à porter de pauvres robes malfaites, des manchettes de laine rouge et des haillons  non pas poétiques comme ceux de Mignon  mais criant la misère et demandant la charité. […] Les malheurs d’une famille du peuple atteinte de cette contagion, cela n’est pas poétique, cela manque d’idéal. […] nous nous garderons bien de trouver infâmes des actions qu’on nous peint toutes roses, de trouver sales les crimes poétiques que vous nous représentez ! […] Mais, de même qu’au lieu du mal poétique et du vice doré il peint le mal tel qu’il est et le vice hideux, au lieu du bien factice, il dépeint la vertu vraie, le bien réel.

871. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Ici, dans le camp néo-catholique, c’est encore le savant auteur du gros livre sur les Épopées françaises qui ne craint pas, dit-il, « de trop s’irriter contre un Boileau pour avoir osé prétendre qu’entre tous les êtres Dieu seul n’est pas poétique », comme si l’on pouvait admettre, ajoute-t-il pédantesquement, « que les créatures fussent poétiques, et que le Créateur ne le fût pas » ! […] Il est aisé de la justifier et de noter, dans tous les genres poétiques, les symptômes bien connus de l’irrémédiable décadence. […] Et si Boileau, dans son Art poétique, s’est montré sévère, j’oserais presque dire injuste pour quelqu’un, ce n’est pas pour les prédécesseurs de Villon, c’est pour Ronsard et son école. […] Oui, cette poétique nouvelle, ce n’était pas seulement la poétique de Molière, c’était celle de Boileau, c’était celle de La Fontaine, c’était celle de Racine aussi. […] qu’il n’ait pas laissé peut-être de monument plus durable de sa gloire poétique que ce même théâtre, tant applaudi jadis, aujourd’hui beaucoup trop et injustement dédaigné.

872. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

Il y a plusieurs circonstances et applications personnelles qui faisaient tout l’agrément de ces petits ouvrages poétiques ; ces sortes d’idées sont effacées, et j’abandonne sans peine ces vers que j’ai oubliés à qui les voudra.

873. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Ainsi rien de plus étranger en apparence sous le rapport historique que l’homme de l’empire et les Hellènes ; et si le côté moral ou poétique semble plus fécond, il faut convenir que, sans l’appui de quelques faits, des pensées brillantes, mais nécessairement un peu vagues, ne suffiraient pas à un livre.

874. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

[Souvenirs poétiques de l’école romantique (1880).]

875. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

Emmanuel Signoret est parmi nous celui qui a les dons poétiques les plus grands et les mieux ordonnés.

876. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Si ses talens poétiques ne peuvent être comparés à ceux des Corneilles, des Racines, des Moliere, des Lafontaine, des Boileau, &c. il peut du moins être regardé comme le Créateur des Tragédies lyriques parmi nous, & comme le meilleur modele de ce genre de Poésie.

877. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Les autorités sont contre nous, et l’on peut nous citer vingt vers de l’Art poétique qui nous condamnent : Et quel objet enfin à présenter aux yeux, etc.

878. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Si l’on dit qu’un auteur grec ou romain eût pu faire un Tartare aussi formidable que l’Enfer du Dante, cela d’abord ne conclurait rien contre les moyens poétiques de la religion chrétienne, mais il suffit d’ailleurs d’avoir quelque connaissance du génie de l’antiquité, pour convenir que le ton sombre de l’Enfer du Dante ne se trouve point dans la théologie païenne, et qu’il appartient aux dogmes menaçants de notre Foi.

879. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

Voici en quels termes, dans ses notes personnelles, à propos de la double tendance poétique et philosophique, Taine confirme ce que nous disons :‌ « Je lutte, dit-il, entre les deux tendances, celle d’autrefois et celle d’aujourd’hui, Probablement j’ai voulu allier deux facultés inconciliables.

880. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Ampère, Duvergier de Hauranne), voyageurs intellectuels, éclaireurs toujours en mouvement, perçaient à jour la vieille poétique par des exemples frappants ou l’attaquaient par des raisons décisives. […] L’avènement ou le développement de l’école poétique amena, vers 1828, une légère division dans l’école critique du Globe. […] Magnin ; je lui exposais de mon mieux les grands desseins des chefs et aussi les détails de la poétique nouvelle où je me complaisais : il m’écoutait avec sérieux, patiemment, m’offrant l’esprit le plus libre, le plus ouvert.

881. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Il suffit de l’avoir vu à pied dans les steppes, la bride de son cheval passée autour du bras, promener pendant des journées entières le regard de ses larges yeux bleus sur l’horizon des monts Crapacks tacheté de pins noirs et de neiges roses, pour reconnaître à la charpente haute et solide du corps, à la dimension du front, au vague pensif du regard, à l’ovale effilé de la tête, à la gravité des lèvres, à l’attitude à la fois virile et un peu inclinée par la féodalité des membres, la consanguinité évidente des Huns et des Francs-Comtois : Deux races nobles, deux filiations du Caucase, deux peuples à héros dans les ancêtres, deux civilisations disciplinées où la fierté et l’obéissance s’accordent sur un visage pastoral, guerrier et poétique. […] « Excepté la Bretagne, il n’y a pas de race française qui ait plus de vertus civiles et militaires innées que ce Jura. » XII Le Paysan du Danube était un ancêtre des Francs-Comtois ; l’esprit, sous une apparence de naïveté rurale, y est aussi poétique que la montagne, et il y a de l’Ossian dans ces cimes et dans ces nuées. […] Ses amis les ont imprimées, malgré lui, à un petit nombre d’exemplaires, comme un secret d’initiés poétiques ; ils les ont emportées çà et là, à mesure que les feuilles tombaient de la presse, pour les disputer aux profanes.

882. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Je m’étonne qu’un moderne ait dit que la monodie est un poème composé pour un seul personnage, tel que la Cassandre de Licophron ; car n’étant pas même d’accord avec Scaliger touchant l’intelligence de ce simple terme poétique, il me semble qu’on peut bien aussi n’approuver pas son opinion. […] Aujourd’hui, les monologues conservent la même mesure des vers que le reste de la tragédie ; et ce style alors est supposé le langage commun : mais Corneille en a pris quelquefois occasion de faire des odes régulières, comme dans Polieucte et dans le Cid, où le personnage devient tout à coup un poète de profession, non seulement par la contrainte particulière qu’il s’impose, mais encore en s’abandonnant aux idées les plus poétiques, et même en affectant des refrains de ballade où il fallait toujours retomber ingénieusement. […] C’est la Menardière qui, dans sa Poétique, a donné à ces discours le nom d’aparté, qui a passé dans la langue dramatique.

883. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Enfin, en rapprochant les monuments religieux et poétiques des divers peuples de la race sémitique, et en les comparant avec les monuments religieux et poétiques du même genre chez les grands peuples de la race âryane, les Indous, les Perses et les Grecs, l’ethnographie a découvert que le génie symbolique manque absolument à la race des sémites, dont la répugnance invincible pour la doctrine des incarnations est aussi connue que le goût des peuples âryans pour les symboles de toute espèce, naturels ou anthropomorphiques. […] C’est parce que cette psychologie se retrouve, en traits épars et sous des formes poétiques ou théologiques, chez les peuples de race sémitique, que l’ethnographie est bien plus riche en documents sur cette race que sur les précédentes.

884. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Et lord Tennyson a eu encore une autre des qualités qui conviennent pour assurer la perfection d’une œuvre poétique. […] Waldemar, sans compter le roman métaphysique et le roman poétique : car je ne vois rien qui ait précédé Morella, Ligeïa, Éléonore, et il est trop facile de voir ce qui les a suivies. […] Le stoïcisme lui paraissait trop froid, avec quelque chose de vieillot qui lui déplaisait, et cependant il voyait l’empereur y puiser une sainteté, une calme et poétique dignité qui l’émouvaient infiniment. […] Dans la critique et dans l’histoire, ils ne voyaient qu’un prétexte au libre développement de leur fantaisie poétique. […] D’instinct et sans trace d’effort, Mme Swarth-Lapidoth est parvenue à un très haut degré de maîtrise poétique.

885. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Sa précocité d’esprit, la beauté de ses traits, son aptitude oratoire et poétique le font discerner par l’archevêque. […] Le besoin d’argent le force à quitter cette délicieuse halte et à chercher des ressources dans son talent poétique. […] Cette charmante personne m’apportait alors, tantôt un biscuit, tantôt une tasse de café, tantôt seulement son beau visage toujours gai, toujours souriant, fait exprès pour rasséréner l’esprit fatigué et pour ranimer l’inspiration poétique. […] C’est le sort que le dieu de l’art réservait à ce chef-d’œuvre poétique et musical, écrit par un impie, noté par un saint.

886. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

II Adolphe Dumas, non pas le Dumas encyclopédique dont chaque pas fait retentir la terre de bruit sous son pied ; non pas le jeune Dumas son fils, silencieux et méditatif, qui se recueille autant que son père se répand, et qui ne sort, après trois cent soixante-cinq jours, de son repos, qu’avec un chef-d’œuvre de nouveauté, d’invention et de goût dans la main ; mais le Dumas poétique, le Dumas prophétique, le Dumas de la Durance, celui qui jette de temps en temps des cris d’aigle sur les rochers de Provence, comme Isaïe en jetait aux flots du Jourdain, sur les rochers du Carmel, Adolphe Dumas enfin, que je respecte à cause de son éternelle inspiration, et que j’aime à cause de sa rigoureuse sincérité, vint un soir du printemps dernier frapper à la porte de ma retraite, dans un coin de Paris. […] J’ai l’âme peu poétique en ce moment ; je lutte dans une fièvre continuelle avec une catastrophe domestique qui, si elle s’achève, entraînera malheureusement bien d’autres que moi. […] Les fils poétiques sont si délicats et si indissolublement ajustés dans la trame qu’en enlever un c’est faire écheveler la trame entière ; citons-en plutôt quelques passages au hasard, et par induction jugez de l’ensemble du chant. […] Tu as grandi de trois coudées en un jour, tu as fleuri à vingt-cinq ans ; ton âme poétique parfume Avignon, Arles, Marseille, Toulon, Hyères et bientôt la France ; mais, plus heureux que l’arbre d’Hyères, le parfum de ton livre ne s’évaporera pas en mille ans.

887. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Le poète de Stuttgart, Schwab, que nous avons visité nous-mêmes dans sa demeure philosophique, auprès du toit paternel de Schiller, attribuait comme nous à l’influence tendre et rêveuse de cette mère le germe de la sensibilité poétique dans le génie de Schiller. […] C’est, selon nous, son véritable chef-d’œuvre ; mais ce chef-d’œuvre est en histoire ce que le Faust de Goethe est en philosophie poétique, trop vaste et trop débordant pour la scène ; c’est une épopée du moyen âge dialoguée avec génie par un poète moderne. […] Triste chose que le monde, continue-t-il ailleurs ; on y apprend bien des choses, mais qui au fond ne nous apprennent rien ; mais quant à ce qui nous importe davantage, à la seule chose même qui nous importe véritablement, l’inspiration intérieure, le monde, au lieu de nous la donner, nous la prend. » — « Je lis madame de Staël, répond Schiller ; elle oublie son sexe sans s’élever au-dessus de lui ; c’est une nature raisonneuse, mais très peu poétique (c’est-à-dire créatrice). » Dans les lettres suivantes, la tragédie de Schiller, Wallenstein, est enfin terminée. […] On ne monte pas plus haut que certaines pages extatiques de Faust : plus haut, l’air raréfié ne porte plus l’homme ; mais il y a de grandes raisons de penser que, si la nature n’enfante pas souvent une individualité poétique de la force de Goethe, la littérature allemande dans son ensemble retrouvera une période de splendeur égale à la période qui porte le nom de Goethe.

888. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Mais pourquoi n’eût-elle pas couronné la vie toute studieuse et toute poétique d’Émile Deschamps, ce Saint-Évremond charmant des salons de Paris, en briguant pour lui le fauteuil de La Fare, de Quinault, de Ducis ? […] » XXVI Cette fausse foi du vieillard qui voulait être à la mode en prenant le ton du jour, cette foi poétique du jeune homme qui s’éblouissait de la Colonne, et qui ne pensait pas assez que le peuple prend au sérieux ces métaphores d’opposition, créaient en France un paradoxe national de discipline militaire présenté comme un élément de liberté. […] Il était la fidélité bruyante ; il y parut, il y parla, et revint sans avoir produit autre chose qu’un effet poétique, des cheveux blancs sur une scène du passé. […] Madame de Beaumont était cette personne qu’il avait aimée d’une si poétique affection dans ses années de sève, et dont il avait déposé le cercueil et illustré le nom dans un monument de marbre, à Rome, sous les voûtes de l’église Saint-Louis.

889. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Virgile, qui lui doit sa plus touchante inspiration, après nous avoir attendris au récit de l’amour unique et fidèle d’Orphée, nous le montre dans cette autre vie que son génie religieux et poétique révéla, et le place au premier rang des âmes sages et heureuses qui ont emporté sur les rives, éternellement paisibles, de l’Élysée, les bénédictions de la terre. […] Grand à mes yeux par son génie législateur et poétique, Orphée me semblait plus grand encore par la sainteté de sa vie et par la constance de son amour. […] On peut voir cette réponse dans mes œuvres poétiques. […] Son frère lui ferma les yeux et l’ensevelit à Rouen, dans le cercueil d’une sœur adorée, qui avait été la providence de ses mauvais jours ; là, ils dorment ensemble dans une terre étrangère : mais j’aimerais qu’une main charitable remportât ces deux enfants du Midi aux bords tièdes et poétiques de la Durance, comme j’aimerais qu’on ramenât mes dépouilles mortelles près de ceux et de celles que j’y ai déposés moi-même dans un sol qui ne m’appartient déjà plus, à Saint-Point !

890. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

C’était, si vous voulez, une lubie nationale (bien que l’étoffe ne manque pas pour les grands hommes dans ce pays de toutes les grandeurs) ; c’était un caprice héroïque et poétique : mais le caprice était universel et sincère, par conséquent jusqu’à un certain point respectable. […] « Cependant le mauvais temps continuait avec une obstination incroyable ; depuis plus de quinze jours que j’étais à Paris, je n’avais pas encore salué le soleil, et mes jugements sur les mœurs, plus poétiques que philosophiques, se ressentaient toujours un peu de l’influence de l’atmosphère. […] Il y avait le romain, langue sonore, majestueuse, grandiose, mais le pape et les cardinaux étaient là ; la liberté souriait à la langue, mais les hommes imposaient la servitude sacrée, cela ne pouvait convenir à l’ennemi poétique de toute tyrannie. […] Enfin arriva à Lerici cette felouque si impatiemment attendue ; je m’emparai de ma garde-robe et je partis immédiatement de Sarzana pour Pise, ayant ajouté à mon bagage poétique cette Virginie de plus, sujet qui allait merveilleusement à mon humeur.

891. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Le vice porte atteinte au juste et au vrai, révolte l’intellect et la conscience ; mais, comme outrage à l’harmonie, comme dissonance, il blessera plus particulièrement certains esprits poétiques, et je ne crois pas qu’il soit scandalisant de considérer toute infraction à la morale, au beau moral, comme une espèce de faute contre le rythme et la prosodie universels. » — Alors pourquoi écrire soi-même les Fleurs du mal et chanter le vice ? […] On n’en finirait vraiment pas s’il fallait relever toutes les images de ce genre qui sont répandues dans ses vers ; son inspiration poétique emprunte plus d’une fois les apparences du cauchemar : Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits, Il arrive souvent que sa voix affaiblie Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts, Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts319  Il finit par se demander lui-même, non sans quelque raison : Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie ? […] C’est lui supposer véritablement le don de prescience que de lui demander de ressentir une impression poétique alors qu’il ne lui est rien dit de ce qui l’a fait naître ; car, en réalité, les impressions qui nous viennent des choses ont leur cause première en nous-mêmes, et, pour les faire partager à qui que ce soit, il faut commencer par lui découvrir l’état de conscience qui les a déterminées. […] Nous sommes loin de prétendre que l’artiste doive se proposer une thèse morale à soutenir, ou même un but moral à atteindre par le moyen de l’art ; nous sommes loin de condamner « tout emploi du talent poétique sans but extérieur à lui »329.

892. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Mais si on leur avait prouvé que dans ce siècle du Progrès, les romantiques avaient domestiqué la muse vagabonde, qu’ils lui avaient enseigné l’art de « jouer de l’encensoir, d’épanouir la rate du vulgaire, pour gagner le pain de chaque soir7 », et si on leur avait montré le chef de l’école romantique recevant à vingt ans trois mille francs de pension pour des vers « somnifères » les parents, jugeant que la poésie rapportait davantage que l’élève des lapins ou la tenue des livres auraient encouragé, au lieu de réprimer, les velléités poétiques de leur progéniture8. […] Il aimait trop ses rentes et les antithèses pour désirer l’égalité des biens qui du coup lui eût enlevé ses millions et dérobé les plus faciles et les plus brillants contrastes de sa poétique. […] Hugo, aux yeux du gros public, accapara la gloire de la pléïade romantique, non parce qu’il fut le plus grand poète, mais parce que sa poétique embrasse tous les genres et tous les sujets, de l’ode à la satire, de la chanson d’amour au pamphlet politique : et parce que, il fut le seul qui mit en vers les tirades charlatanesques de la philanthropie et du libéralisme bourgeois. […] Bien que Victor Hugo ne mentionne jamais les productions poétiques et romantiques de son père, il les admirait beaucoup.

893. (1926) L’esprit contre la raison

Lorsque, le 13 mai 1921, Dada se constituait en tribunal révolutionnaire pour juger Maurice Barrèsag, André Breton, dans l’acte d’accusation qu’il prononça, déclara entre autres choses : « Profiter du crédit que nous valent quelques trouvailles poétiques heureuses et d’une séduction qui est tout autre que celle de l’espritah pour faire admettre aveuglément ses conclusions dans un domaine où ses facultés exceptionnelles ne s’exercent plus constitue une véritable escroquerie. » Voilà une simple et définitive réponse à tous ceux qui, pour faire croire à leur audace, ont choisi des cocardes aux détails et couleurs inusuels, ont vanté l’orchidée d’Oscar Wilde et le boulon à la boutonnière de Picabia. […] C’est au milieu de considérations bien particulières au cours de la résolution d’un problème poétique, à l’heure, il est vrai, où la trame morale de ce problème se laisse apercevoir, qu’André Breton, en 1919, en s’appliquant à saisir le mécanisme du rêve, retrouve au seuil du sommeil le seuil et la nature de l’inspiration. […] Ils aperçoivent soudain une grande unité poétique qui va des prophéties de tous les peuples aux Illuminations et aux Chants de Maldoror. […] Dans « L’évidence poétique », O.C, op. cit.

894. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Au fond de cette poétique pauvreté, on croit apercevoir déjà, comme un fruit sous une fleur indigente, l’ordre et l’économie qui produiront tout à l’heure la richesse, et l’on aime ce jeune homme de vingt-trois ans, ce Caleb commercial de bonne humeur, qui cache les vides de sa boutique avec ses chers livres de chevet pour faire honneur à la maison qu’il veut élever. […] S’il n’avait pas été à l’époque inférieure de la vie morale où l’on est perméable à son temps ; si, devant un des mille ruisseaux de sang qui sillonnent l’histoire, il avait eu cette fermeté de raison qui écrit pour les gens d’État, non pour les têtes poétiques, les enfants et les femmes, il aurait laissé la chimère d’un crime uniquement politique, et il aurait fait de la Saint-Barthélemy ce qu’elle est réellement, une action catholique, à laquelle nul historien n’a encore osé donner son nom. […] Quand des hommes, lassés des conventions d’une poétique fausse, eurent élargi le théâtre et mesuré le drame à la vie, ils accomplirent, certes, littérairement, une grande chose. […] Il surveilla une traduction du curieux ouvrage de Hœninghaus intitulé la Réforme contre la Réforme, et l’orna d’une introduction qui est certainement le chef-d’œuvre de sa manière, chaleureuse, poétique et spirituelle.

895. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Ici, dans le Génie du christianisme, il reparaissait tout autre ; bien que les couleurs brillantes et poétiques donnassent le ton général, et qu’il s’attachât à émouvoir ou à charmer plutôt qu’à réfuter, il prenait l’offensive sur bien des points : il s’agissait, au fond, de retourner le ridicule dont on avait fait assez longtemps usage contre les seuls chrétiens ; le moment était venu de le rendre aux philosophes. […] Je vous avais mal cité le titre de l’ouvrage, le voici : Des beautés poétiques et morales de la religion chrétienne, et de sa supériorité sur tous les autres cultes de la terre.

896. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Arnauld eût triomphé des jésuites, ni en général de ceux qui l’avaient fait sortir de France, mais bien de Claude et Jurieu et des protestants ; cela n’avait pas été saisi par le traducteur en vers français, et le scandale venait de cette traduction vraiment séditieuse. « Veri defensor » ne se rapportait également qu’à l’ouvrage d’Arnauld De la perpétuité de la foi ; « arbiter aequi » n’était qu’un pléonasme poétique dont il ne fallait pas trop demander compte. […] ce furent là aussi les derniers accents poétiques de Santeul.

897. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Maynard, après avoir épuisé le récit des infortunes d’Apollon et de ses exils terrestres, le montre rétabli dans sa gloire, mais jusque dans l’Olympe ayant à lutter toujours et à travailler, trouvant « avec l’honneur la fatigue mêlée » ; et il en tire une morale poétique qui semble d’abord toute dans le sens de Despréaux : Ne te rebute point ; change, corrige, efface. […] Il a fait aussi de nombreuses et trop nombreuses épigrammes, publiées en un volume en 1717 par les soins du spirituel jésuite du Cerceau, avec qui il entretenait une correspondance poétique et marotique.

898. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Sans aller si loin que Bernardin de Saint-Pierre, Mme Sand, qui s’était peut-être ennuyée d’abord dans son Berry, ne s’est plu ensuite à nous le montrer que par des aspects assez attrayants ; elle ne nous a pas désenchantés, tant s’en faut, des bords de la Creuse ; en y introduisant même des personnages à théories ou à passions, elle a laissé circuler un large souffle pastoral, rural, poétique dans le sens des anciens. […] Au moment même où le père Rouault, arrivé tout exprès, vient d’enterrer sa fille, au milieu de sa douleur désespérée il a un mot de paysan, grotesque et sublime de naturel : chaque année il envoyait à Charles Bovary une dinde en souvenir de sa jambe remise ; en le quittant les larmes aux yeux, il lui dit pour dernier mot de sentiment : « N’ayez peur, vous recevrez toujours votre dinde. » Tout en me rendant bien compte du parti pris qui est la méthode même et qui constitue l’art poétique de l’auteur, un reproche que je fais à son livre, c’est que le bien est trop absent ; pas un personnage ne le représente.

899. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Hugo était alors dans son premier éclat de lyrisme, et il avait déjà écrit la préface de Cromwell ; il avait des admirateurs très vifs dans la famille qui régnait aux Débats, et plus d’un allié dans la place : Armand Bertin, un peu plus mûr et de nature volontiers sceptique, mêlait bien, je le crois, à ses applaudissements quelques légères plaisanteries et quelques réserves ; mais son frère Édouard, le peintre au pinceau sévère, ce Schnetz du paysage, mais Mlle Louise, nature poétique et profonde, étaient tout gagnés aux idées et aux enthousiasmes de la génération à laquelle ils appartenaient et faisaient honneur par leur talent. On méditait, si j’étais bien informé, une sorte de petite révolution littéraire aux Débats ; le ministère Martignac (on était alors sous le ministère Martignac) permettait de s’occuper de discussions poétiques, d’odes et de drames, et s’il avait duré, tout promettait quelques saisons de luttes pacifiques très vives.

900. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Je n’en sais, parmi les poètes de ce temps-ci, qu’un seul, Brizeux, qui fasse exception et qui ait tenu bon jusqu’au bout pour la vertu poétique immaculée. […] Brizeux aima mieux toute sa vie se soumettre à bien des gênes que de prendre sur son cours d’eau poétique un filet suffisant pour faire tourner quotidiennement le moulin.

901. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

C’est une vue essentiellement logique qui nous mène à joindre ces noms, et parce que, des deux idées poétiques dont ils sont les types admirables, l’une, sitôt qu’on l’approfondit, appelle l’autre et en est le complément. […] Or j’ai soigneusement recherché dans ses œuvres les traces de ces premières et profondes souffrances ; je n’y ai trouvé d’abord que dix vers datés également de Londres, et du même temps que le morceau de prose ; puis, en regardant de plus près, l’idylle intitulée Liberté m’est revenue à la pensée, et j’ai compris que ce berger aux noirs cheveux épars, à l’œil farouche sous d’épais sourcils, qui traîne après lui, dans les âpres sentiers et aux bords des torrents pierreux, ses brebis maigres et affamées ; qui brise sa flûte, abhorre les chants, les danses et les sacrifices ; qui repousse la plainte du blond chevrier et maudit toute consolation, parce qu’il est esclave ; j’ai compris que ce berger-là n’était autre que la poétique et idéale personnification du souvenir de Londres, et de l’espèce de servitude qu’y avait subie André ; et je me suis demandé alors, tout en admirant du profond de mon cœur cette idylle énergique et sublime, s’il n’eût pas encore mieux valu que le poète se fût mis franchement en scène ; qu’il eût osé en vers ce qui ne l’avait pas effrayé dans sa prose naïve ; qu’il se fût montré à nous dans cette taverne enfumée, entouré de mangeurs et d’indifférents, accoudé sur sa table, et rêvant, — rêvant à la patrie absente, aux parents, aux amis, aux amantes, à ce qu’il y a de plus jeune et de plus frais dans les sentiments humains ; rêvant aux maux de la solitude, à l’aigreur qu’elle engendre, à l’abattement où elle nous prosterne, à toute cette haute métaphysique de la souffrance ; — pourquoi non ? 

902. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

M. de Vigny, tel que nous avons l’honneur de le connaître, nous paraît une nature très-capable d’admiration, comme toutes les natures élevées, comme les natures véritablement poétiques. […] Une veine d’ironie pourtant, qui, au premier coup d’œil, peut sembler le contraire de l’admiration, s’est glissée dans tout ce talent pur, et serait capable d’en faire méconnaître la qualité poétique bien rare à qui ne l’a pas vu dans sa forme primitive : Moïse, Dolorida, Éloa, resteront de nobles fragments de l’art moderne, de blanches colonnes d’un temple qui n’a pas été bâti, et que, dans son incomplet même, nous saluerons toujours.

903. (1890) L’avenir de la science « XVI »

XVI Ai-je bien fait comprendre la possibilité d’une philosophie scientifique, d’une philosophie qui ne serait plus une vaine et creuse spéculation, ne portant sur aucun objet réel, d’une science qui ne serait plus sèche, aride, exclusive, mais qui, en devenant complète, deviendrait religieuse et poétique ? […] Ce n’est pas par son propre choix, c’est par la fatalité de sa nature que l’homme quitte ainsi les délices du jardin primitif, si riant, si poétique, pour s’enfoncer dans les broussailles de la critique et de la science.

904. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

De loin, sur les épaules des infirmiers qui les apportaient à l’amphithéâtre, ils montraient le squallentem barbam et le concretos sanguine crines de Virgile ; mais ce qu’on ne saurait peindre, ce sont ces visages gonflés comme après la strangulation… Et il continue de décrire les deux cadavres en style poétique. […] Pourtant, de telles grâces ressemblent trop à ces fausses beautés poétiques par lesquelles d’habiles versificateurs se piquaient d’éluder élégamment le mot propre ; elles ont l’air d’un jeu et ne survivent pas au petit succès du moment.

905. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Le centre, le corps principal du travail est Aristote lui-même et sa Poétique traduite, commentée, cette Poétique que tant de gens hier invoquaient encore et que si peu ont lue.

906. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Mais Patru y apportait des dispositions bien plutôt littéraires et poétiques. […] On peut deviner toutefois combien son goût était purement de diction et surtout négatif, quand on sait qu’il déconseillait à Boileau son Art poétique, et à La Fontaine ses Fables, comme ne comportant par les ornements de la poésie.

907. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Sujet poétique, scientifique, politique, encyclopédique ; car la mer est tout cela. […] Lord Byron n’est qu’un grand poète ; lui, Michelet, est un esprit poétique par-dessus un historien.

908. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

En vain mon enfance et ses poétiques impressions, ma jeunesse et ses religieux souvenirs, la majesté, l’antiquité, l’autorité de cette foi qu’on m’avait enseignée, toute ma mémoire, toute mon imagination, toute mon âme s’étaient soulevées et révoltées contre cette invasion d’une incrédulité qui les blessait profondément ; mon cœur n’avait pu défendre ma raison… Je n’oublierai jamais la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré. […] On y lit l’histoire d’une circonstance mal déterminée, désignée par une métaphore poétique, et nommée empire de soi, possession de soi, et on n’y lit rien autre chose.

909. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Le rêve et l’abstraction, telles furent les deux passions de notre renaissance : d’un côté l’exaltation sentimentale, « les aspirations de l’âme », le désir vague de bonheur, de beauté, de sublimité, qui imposait aux théories l’obligation d’être consolantes et poétiques, qui fabriquait les systèmes, qui inventait les espérances, qui subordonnait la vérité, qui asservissait la science, qui commandait des doctrines exactement comme on commande un habit ; de l’autre, l’amour des nuages philosophiques, la coutume de planer au haut du ciel, le goût des termes généraux, la perte du style précis, l’oubli de l’analyse, le discrédit de la simplicité, la haine pour l’exactitude ; d’un côté la passion de croire sans preuves ; de l’autre la faculté de croire sans preuves : ces deux penchants composent l’esprit du temps. […] Et lorsqu’à tant de variations utiles on ajoute l’alliance d’un parti politique, le crédit prêté par la rénovation de l’histoire, le talent des maîtres, le silence des adversaires, et par-dessus tout l’irrésistible sympathie de l’esprit poétique et nuageux du siècle, on comprend la nécessité de cette longue fortune et de cette solide domination.

910. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Notre jeune siècle poétique et lyrique, par cela même qu’il ne sait pas vieillir et qu’il étale à ce degré devant tous sa misérable faiblesse, trahit son point vulnérable, l’inspiration morale positive et la foi qui lui ont trop fait défaut.

911. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IV »

. — On se souvient des conseils donnés par Ronsard dans son Art poétique : « Tu practiqueras bien souvent les artisans de tous mestiers… »

912. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

Or, après tant de grandes choses que nos pères ont faites, et que nous avons vues, nous voilà sortis de la vieille forme sociale ; comment ne sortirions-nous pas de la vieille forme poétique ?

913. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il faut noter pourtant que, lorsqu’un bon auteur écrit en prose et en vers, son style de prose peut être le contraire même de son style poétique. […] Le style poétique de Victor Hugo et son style de prose ne diffèrent pas moins, l’un et l’autre restant des styles de génie, et Choses Vues réalisant dans son genre la même perfection que le Satyre. […] Nous la plaçons dans un courant d’histoire littéraire, dans une continuité poétique où l’autonomie des mots, la liberté de leurs associations, le milieu sonore et passif qu’est l’inspiration du poète, prennent jusqu’à Mallarmé et même, plus loin une place grandissante. […] Il nous faut comprendre que ces coups de sonde dans l’inconscient poétique ou artistique touchent en effet une matière très riche, une épaisseur de réalités intérieures où bien des découvertes sont possibles. […] À la limite de son élan poétique, il y a une sorte de messe, dite dans l’église de Saint-Spirit.

914. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Certainement il commençait déjà à rimer, à vagabonder en vrai poëte, prenant part aux bruyantes fêtes rustiques, aux joyeuses pastorales figuratives, à la riche et audacieuse expansion de la vie païenne et poétique, telle qu’on la trouvait alors dans les villages anglais. […] Son esprit dans la conversation était prompt, ingénieux et agile, sa gaieté brillante, son imagination facile et si abondante, qu’au dire de ses camarades il ne raturait rien ; à tout le moins, quand il écrivait pour la seconde fois une scène, c’était l’idée qu’il changeait, non les mots, par une seconde poussée d’invention poétique, non par un pénible regrattage des vers. […] « Quand je suis née, une étoile dansait. » Ce mot de Béatrice peint ce genre d’esprit poétique, scintillant, déraisonnable, charmant, plus voisin de la musique que de la littérature, sorte de rêve qu’on fait tout haut et tout éveillé, et dans lequel celui de Mercutio se trouve à sa place. […] Ce monde poétique qui s’agite dans son cerveau ne s’affranchira-t-il jamais des lois du monde réel ? […] Ces métaphores redoublées comme des trilles, ces roulades sonores de gammes poétiques, ce gazouillement d’été ruisselant sous la feuillée, changent la pièce en un véritable opéra.

915. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Elle est fixe ; nul être, homme ou Dieu, ne peut se soustraire aux événements compris dans son lot ; au fond, c’est là une vérité abstraite ; si les Moires d’Homère sont déesses, ce n’est guère que par fiction ; sous le mot poétique, comme sous une eau transparente, on voit apparaître l’enchaînement indissoluble des faits et les démarcations indestructibles des choses. […] Peu à peu, sous l’ascendant de la sensualité primitive, l’État s’est réduit à une entreprise de spectacles, chargée de fournir des plaisirs poétiques à des gens de goût. […] Auprès de leur style littéraire, tout style est emphatique, lourd, inexact et forcé ; auprès de leurs types moraux, tout type est excessif, triste et malsain ; auprès de leurs cadres poétiques et oratoires, tout cadre qui ne leur a pas été emprunté est disproportionné, mal attaché, disloqué par l’œuvre qu’il contient. […] Sans doute elle demeure toute poétique ; la prose ne s’écrira que plus tard ; mais la mélopée monotone qui soutenait l’hexamètre épique fait place à une multitude de chants variés et de mètres différents. […] La sagesse nouvelle ne détruisait pas la religion ; elle l’interprétait, elle la ramenait à son fonds, au sentiment poétique des forces naturelles.

916. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

René a toutes les ambitions, toutes les velléités ou les extrémités d’ambition ; il les épuise : qu’il traverse les choses ou qu’il les effeure, il se dégoûte vite, il pénètre le néant de tout, il s’ennuie, et cet ennui n’est peut-être au fond, à le bien prendre, que l’amour de la gloire littéraire et poétique à laquelle il croit plus qu’à tout le reste et qui ne le satisfera pourtant pas, quand il l’aura obtenue.

917. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

Si l’imagination poétique consiste essentiellement à découvrir et à exprimer les rapports et les correspondances secrètes entre les choses, on peut dire que le panthéisme est la poésie même, puisqu’il établit l’universelle parenté des êtres.

918. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

Nous avions la ressource d’en appeler à Verlaine, et de lui opposer son Art poétique.

919. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

D’après cette poétique hypothèse, l’Érynnis primordiale, multipliée par la fable grecque, serait la Saranyu védique, une des mille personnifications de l’Aurore.

920. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

On ne doit détrôner Aristote que pour faire régner Vaugelas, et il faut aimer l’Art poétique de Boileau, sinon pour les préceptes, du moins pour le style.

921. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Certains théoriciens contemporains ont même prétendu que la brièveté était nécessaire pour obtenir une impression, et comme ils disent, un frisson poétique. […] Son imagination poétique et plastique, qui s’enchantait aux spectacles de la nature, apercevait les personnages divins sous leur figure humaine. […] Pas de synthèse poétique ni de psychologie pénétrante, dans ce tableau de sabbat ni dans le caractère de ce démoniaque chanoine Docre. […] Comment supposer qu’il n’eût point charmé par de nouveaux essais poétiques les longs ennuis des solitudes tropicales ? […] Même au point de vue purement littéraire, si sa poétique primitive ne le satisfaisait plus, il pouvait évoluer, comme tant d’autres.

922. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Enfin, si, en feuilletant dans les bibliothèques poudreuses du Vatican, à Rome, ou du palais Pitti, à Florence, les manuscrits du quinzième siècle, vos regards tombent sur une de ces poésies à la fois platoniques et amoureuses, où les vers, forts comme des muscles de géant, et les pensées, tendres comme des rêves de femme, respirent à la fois la virilité du buste de Brutus et la mélancolie des sonnets de Pétrarque ; et si vous demandez quel était ce poëte avec lequel la plus belle, la plus poétique et la plus chaste des femmes de son siècle, Vittoria Colonna, entretenait ce commerce de cœur et de génie qui consolait l’un de sa vieillesse, l’autre de son veuvage d’un héros ? […] Général des armées espagnoles de Naples, illustre dès les premières campagnes par ses exploits, fait prisonnier en 1512, à la bataille de Ravennes, une correspondance amoureuse en vers entre sa jeune femme et lui leur révéla à l’un et à l’autre un talent poétique, seule consolation de leur captivité et de leur veuvage. […] Nous ne citerons que quelques vers de ce dialogue poétique que la mort seule de Vittoria Colonna interrompit.

923. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

On y voit qu’ils ont inventé (paraît-il) deux choses : le symbole et l’instrumentation poétique. […] Ainsi, dans la plus grande partie de l’œuvre poétique de M.  […] Il a un « art poétique » tout à fait subtil et mystérieux (qu’il a, je crois, trouvé sur le tard) : De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

924. (1772) Éloge de Racine pp. -

Nul n’a mieux entendu la période poétique, la variété des césures, les ressources du rhythme, l’enchaînement et la filiation des idées. Enfin, si l’on considère que sa perfection peut être opposée à la perfection de Virgile, et si l’on se souvient qu’il parlait une langue moins flexible, moins poétique et moins harmonieuse, on croira volontiers que Racine est celui de tous les hommes à qui la nature avait donné le plus grand talent pour les vers. […] C’est là qu’à l’exemple de Sophocle qui se montra dans les choeurs l’égal de Pindare, Racine passe avec tant de facilité et de bonheur à un genre de composition qui dans notre langue surtout est infiniment éloigné du style de la scène ; c’est dans les choeurs d’ Athalie , ainsi que dans ceux d’ Esther , qu’il donne à notre idiome poétique plus de pompe, d’harmonie, d’onction, de douceur et de variété qu’il n’en eut jamais, et que, fait pour être en tout un modèle, il nous laisse les monumens les plus beaux de la vraie poésie lyrique.

925. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Afin d’éviter les considérations générales et trop vagues, je m’attacherai tout d’abord à des noms connus, et prenant Saint-Lambert, l’auteur des Saisons, je me rendrai compte de son insuffisance autrement encore que par le talent ; puis je toucherai rapidement à Delille, et seulement par ce côté ; choisissant, au contraire, chez nos voisins, le poète qui, non pas le premier, mais avec le plus de suite, de force originale et de continuité, a défriché ce champ poétique de la vie privée, William Cowper, j’aurai occasion, chemin faisant, de rencontrer toutes les remarques essentielles et instructives. […] Cowper, en terminant ce petit poème, indique tous les plaisirs innocents et encore bien nombreux qu’il permet à son solitaire et à son ami des champs, et il les résume par une image poétique, en disant que ce sont tous ceux « qui ne laissent aucune tache sur l’aile du Temps ». — Nous voilà loin de Saint-Lambert, de ses inspirations et de ses lectures, et c’est précisément cette distance que j’ai voulu faire mesurer aujourd’hui.

926. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Féli pour ce même labeur ; — les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous rappelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, seulement un peu moins éclatantes parce que le soir voile tout, tempère tout ; — la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et de lectures en lectures, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; — et à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, je ne sais quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence qu’y répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les petits pieds, les petits pas, les rires, les petites moues pleines d’intelligence d’une enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange ; qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse ? […] Guérin, sans tant y songer, ressemblait mieux aux lakistes en ne visant nullement à les imiter : il n’est point chez eux de sonnet pastoral plus limpide, il n’est point dans les poétiques promenades de Cowper de plus transparent tableau, que la page qu’on vient de lire, dans sa peinture si réelle à la fois et si tendre, si distincte et si émue.

927. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Il s’était essayé en poésie et avait lancé dès 1809, sous le titre de Nouvel Art poétique, une assez fine satire contre l’école descriptive de Delille, qui avait été fort remarquée et qui avait réussi. […] Delécluze, peu exact dans ses termes, que le talent poétique de son jeune beau-frère s’était produit d’abord « avec éclat. » Dans les dernières années de la Restauration, de 1820 à 1828, la bibliothèque de M. 

928. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Il ne cesse de prêcher, et il le fait d’une façon fine, tendre, poétique et sensée, gaie et légère, qui aurait^dû être pleinement persuasive, si la nature n’était pas plus forte que toutes les raisons. […] Rêvez, rêvez alors… » Mais voici un dernier passage qui sort du ton sentimental et tendre, et qui, ce me semble, est éloquent, élevé, poétique à la fois et philosophique, tout un jet brillant de hardiesse et de libre fantaisie.

929. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

» Il le redit, non moins excellemment, dans un article sur Ary Scheffer, en faisant remarquer que cet esprit si distingué et si élevé n’a pas assez compris que la pensée pittoresque n’avait rien de commun avec la pensée poétique : « Un effet d’ombre ou de clair, une ligne d’un tour rare, une attitude nouvelle, un type frappant par sa beauté ou sa bizarrerie, un contraste heureux de couleur, voilà des pensées comme en trouvent dans le spectacle des choses les peintres de tempérament, les peintres nés. » Aussi, tout en rendant justice aux sentiments et aux intentions épurées de ce « poète de la peinture » comme il l’appelle, il ne l’a loué en toute sincérité et franchise que pour certains portraits où le sens moral n’a fait qu’aiguiser l’observation et donner plus de vie à la vérité. […] De toutes ses manières, de toutes ses notes poétiques, les Émaux et Camées sont la dernière, la plus marquée, et je ne serais pas étonné si l’on me disait que c’est celle qui lui tient le plus à cœur et qui lui est la plus chère.

930. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Toutes les critiques qu’il mérite d’ailleurs, Marie-Joseph Chénier les lui a faites : on lui pardonne volontiers d’avoir abrégé, chez son auteur, les parties poétiques langoureuses ou languissantes ; « mais, par malheur, ce sont souvent les beautés qu’il abrège, c’est le génie qu’il supprime. […] Tout un ordre de considérations nouvelles s’ouvre devant nous et se développe comme à l’infini ; on a élargi de toutes parts ses horizons ; on ne parle de Don Quichotte qu’au sortir de la lecture de Dante, de la chanson de Roland, du poëme du Cid et de tant d’autres œuvres poétiques antérieures qui donnent lieu à des comparaisons, à des contrastes.

931. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Marie-Joseph Chénier a écrit sur Mme de Souza, avec la précision élégante qui le caractérise, quelques lignes d’éloges applicables particulièrement à Eugène : « Ces jolis romans, dit-il, n’offrent pas, il est vrai, le développement des grandes passions ; on n’y doit pas chercher non plus l’étude approfondie des travers de l’espèce humaine ; on est sûr au moins d’y trouver partout des aperçus très-fins sur la société, des tableaux vrais et bien terminés, un style orné avec mesure, la correction d’un bon livre et l’aisance d’une conversation fleurie…, l’esprit qui ne dit rien de vulgaire, et le goût qui ne dit rien de trop. » Mais indépendamment de ces louanges générales, qui appartiennent à toute une classe de maîtres, il faut dire d’Eugène de Rothelin qu’il peint le côté d’un siècle, un côté brillant, chaste, poétique, qu’on n’était guère habitué à y reconnaître. […] L’auteur d’Eugène de Rothelin nous a peint ce siècle en lui-même dans sa fleur exquise, dans son éclat idéal et harmonieux ; Eugène de Rothelin est comme le roman de chevalerie du dix-huitième siècle, ce que Tristan le Léonois ou tel autre roman du treizième siècle était à la chevalerie d’alors, ce que le petit Jehan de Saintré ou Galaor étaient au quinzième22, c’est-à-dire quelque chose de poétique et de flatté, mais d’assez ressemblant.

932. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Et si vous me demandez : Pourquoi le chant est-il une condition de la langue poétique ? […] Les hautes montagnes du Taurus qui meurent derrière Smyrne, la mer étincelante qui écume dans toutes ses anses, le ciel serein qui encadre les flots, les cimes, les îles, les tièdes haleines qui soufflent de tous les golfes, font de ce beau lieu l’Éden d’une imagination poétique.

933. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Le roitelet, la bergeronnette, le bouvreuil, ne sont pas pour nous un petit roi, une petite bergère, un petit bouvier : nous ne songeons guère à ces gentilles et poétiques images ; et ces mots valent pour nous autant que chat ou cheval, où l’étymologie ne découvre pas de figure. […] — Je me trouve un peu incommodé de la veine poétique, pour la quantité des saignées que j’y ai faites ces jours passés.

934. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Si M. de Chateaubriand ne traite pas mieux ses parents poétiques, Jean-Jacques et Bernardin de Saint-Pierre, il n’a guère plus d’indulgence pour sa propre postérité, pour ses propres enfants en littérature. […] On avait bien essayé, dans le temps, d’y saisir, à défaut d’autre lien, je ne sais quelle unité poétique que nous appelions l’unité d’artiste, et qui embrassait en elle toutes les contradictions, qui les rassemblait comme en un superbe faisceau.

935. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Tour à tour bruyant et joyeux, silencieux et triste, je rassemblais autour de moi mes jeunes compagnons ; puis, les abandonnant tout à coup, j’allais m’asseoir à l’écart, pour contempler la nue fugitive, ou entendre la pluie tomber dans le feuillage… Et encore : Jeune, je cultivais les Muses ; il n’y a rien de plus poétique, dans la fraîcheur de ses passions, qu’un cœur de seize années. […] René, en effet, n’est autre que ce jeune homme de seize ans transposé, dépaysé au milieu d’une autre nature et au sein d’une autre condition sociale ; non plus un apprenti graveur, fils d’un bourgeois de Genève, d’un bourgeois du bas, mais chevalier, noble, voyageur en grand, épris des muses : tout, au premier aspect, revêt une couleur plus séduisante, plus poétique ; l’inattendu du paysage et du cadre rehausse le personnage et caractérise une nouvelle manière ; mais le premier type sensible est là où nous l’indiquons, et c’est Rousseau qui, en regardant en lui-même, l’a trouvé.

936. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

En littérature, à proprement parler, je le définirai un élève de Racine, de Boileau et de L’Art poétique, mais qui a gardé quelque façon complaisante de périphrase que Pascal qu’il admire tant ne lui aurait guère passée. […] Quand il s’agit de Mme la chancelière, son épouse, et des hommages poétiques qu’on lui adresse, M. d’Aguesseau semble complimenteur un peu à l’ancienne mode.

937. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Son rare bon sens corrigea ce que cette première éducation pouvait avoir d’un peu trop idéal et de trop poétique ; il n’en garda que cette habitude heureuse de tout faire et de tout dire avec fraîcheur et gaieté. […] Il écrivait ce chapitre (xiie du livre III) au milieu même des maux publics qu’il dépeignait, et avant qu’ils eussent pris fin : il le terminait encore à sa manière poétique et légère, en le montrant comme un assemblage d’exemples, un « amas de fleurs étrangères », auxquelles il n’avait fourni du sien que le « filet » pour les « lier ».

938. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Ce fut un succès mondain, religieux, sentimental, tout de cœur et d’imagination, qui n’est comparable pour nous qu’à certains succès que nous avons vus dans notre jeunesse, et par exemple à celui des Méditations poétiques de M. de Lamartine. […] On ne saurait s’imaginer jusqu’où va chez lui cet abus, cette sorte de crédulité ou de complaisance, mi-partie poétique et scientifique ; et j’aime trop saint François de Sales pour citer des exemples qui compromettraient l’impression agréable sur laquelle il convient de rester avec lui.

939. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

En tous il y a une grande richesse d’images, la preuve d’une réelle force de création, des variations heureuses sur des thèmes variés, et le souci de rendre sa pensée poétique à la fois comme spectacle et comme musique ; les images chantent et les musiques se dessinent. […] Il est improbable que le commun des poètes s’approprie les secrets de cet art aussi facilement que les procédés parnassiens ; mais, quels que soient l’avenir et la destinée de cette poétique, il reste que par Moréas, Gustave Kahn, Vielé-Griffin, Verhaeren, Henri de Régnier (car les recherches et les résultats furent parallèles) un vers plus libre est possible en France et, avec ce vers, des laisses d’aspect nouveau, et avec ces laisses, des poèmes assez différents, en ce qu’ils ont d’acceptable et de très bon, pour justifier des espoirs qui n’avaient paru d’abord que d’obscurs désirs.

940. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

… Ce détail me paraît horriblement poétique… Il me semble que ce style est trop net, trop châtié… (Avec un soupir. […] Et, dût-il s’en fâcher tout rouge, nous répéterons que la littérature contemporaine lui doit de fort poétiques pages : on n’est pas parfait.

941. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Dans une revue qu’il est parvenu à fonder et qu’il rédige tout seul sous différents pseudonymes, il promulgue les lois de la Poétique nouvelle. […] Ce sont les néo-décadents qu’on pourrait appeler aussi les néo-symbolistes car ils n’ont que des idées bien vagues et des théories poétiques empruntées aux deux écoles.

942. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Esprit poétique aussi près de la poésie qu’on peut l’être quand on n’est séparé d’elle que par cette mince cloison, d’un cristal si divin, la transparente concision du vers, c’est par l’aperçu et l’expression qu’il fait trou et relief tout à la fois. […] sur le Byron d’Aubryet et sur sa superbe notion de la supériorité poétique de l’Angleterre, qui est de la beauté la plus vraie et de la plus belle vérité… IX Dans les circonstances actuelles de la vie d’Aubryet, de telles pages, dignes d’être admirées en tout temps, deviennent prodigieuses.

943. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

De ces Lettres à une inconnue sortent, comme d’un merveilleux tombeau entrouvert, deux poétiques oiseaux blancs, deux tourterelles, deux âmes mélancoliques et plaintives ; l’âme, inconnue jusque-là, de feu Mérimée, et l’âme de l’inconnue, qui le restera par-delà ! […] Dans Carmen enfin, cette chose bohème et qui, sous une plume plus poétique, serait si âprement savoureuse dans sa férocité sauvage, le linguiste qui était en Mérimée a étouffé la poésie du récit sous de fastidieux détails de grammaire.

944. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Si pour Byron la première douleur de l’existence ne fut bientôt que ce rêve inouï qu’il a si divinement chanté ; pour Brizeux, le rêve lui-même était la vie, et quand, éphémère comme tous nos songes, le rêve douloureux s’en alla, la vie qu’il était, la vie poétique de l’auteur de Marie, s’en fut avec lui ! […] La Nationalité poétique de Brizeux n’est pas intense, et l’on en est d’autant plus frappé que tout le long de ses poèmes il ne cesse de s’exhaler en regrets sur le compte de cette Nationalité compromise ou perdue.

945. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

C'est souvent, bien souvent, de la mauvaise prose poétique déclamatoire, sans nuance aucune.

946. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

» Voilà bien la forme charmante, mélange de la chanson et de l’élégie, pétrie de Béranger et de Boïeldieu, la poétique romance, le cri à la fois harmonieux et impétueux : Lampe orageuse, allume-toi !

947. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Hors de là, vers les rives, aux endroits plus calmes et sur une surface assez immobile ou animée de contre-courants peu rapides, il y avait des raisonneurs qui expliquaient aux autres le spectacle, et pourquoi cela était ainsi de toute nécessité, et pourquoi cela devait être toujours ; il y avait, rangés derrière deux ou trois grands noms, sur les traces de Lamartine, harmonieusement ravi en ses tendresses sublimes, sur les pas de Victor Hugo, de plus en plus occupé à ses chauds horizons, et à portée de voix de quelques autres, il y avait des peintres de vieilles ruines, qui étudiaient les débris gothiques le long des bords, des psychologues qui se miraient au sein des eaux, des nacelles de rêveurs dont le front regardait perpétuellement le ciel, des essais de colonie littéraire et d’abri poétique autour d’agréables îles et dans les Délos nées d’hier.

948. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Nous avons fait nous-même ici, dans ces Premiers Lundis, les derniers emprunts aux Critiques et Portraits littéraires, par deux importants morceaux (à part les Préfaces que nous venons d’en extraire) : Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la révolution de 1830 ; — Des Jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger (1836) : tout le reste était déjà entré, comme on le sait, dans les autres galeries de Portraits : — Portraits littéraires, Portraits contemporains, Portraits de Femmes. — Les Critiques et Portraits littéraires relèvent donc essentiellement désormais du domaine de la bibliophilie, et la note suivante de M. 

949. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Il y a vingt ans, nous récitions en classe ces vers de l’Art poétique : Fuyez surtout, fuyez ces basses jalousies, Des vulgaires esprits malignes frénésies.

950. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

Dierx, Léon (1838-1912) [Bibliographie] Aspirations poétiques (1858). — Poèmes et poésies (1864). — Lèvres closes (1867). — Les Paroles d’un vaincu (1871). — Poésies complètes (1879)

951. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

Grondante en ces admirables poèmes : On se bat au bout du monde, Le Veilleur des graines, en d’autres encore ; elle s’affirme en celui-ci, Les Poings à la porte, — le plus beau du livre, à mon avis, — comme la signification suprême de l’effort poétique de M. 

952. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

Certains passages, comme le dialogue de Magnus et de la Dame à travers le huis du Manoir, les scènes de l’Université, du Carnaval, la Kermesse finale de la Mort, sont d’une haute inspiration, d’une sublime portée poétique.

953. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

Anatole France Le monde poétique de M. 

954. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

Si l’on ne connaissait le malheureux système qui glaçait le génie poétique de Voltaire, on ne comprendrait pas comment il a préféré des divinités allégoriques au merveilleux du christianisme.

955. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Surtout il rajeunit notre langue poétique aux sources grecques et latines. […] En revanche, il élargit prodigieusement la période poétique. […] La remarque vaut, je crois, la peine d’être faite : la période poétique de M.  […] Tous les dons enviables de la généreuse, de la poétique, de l’artiste nature deviennent dans le christianisme des dons mauvais. […] Cette différence n’a l’air de rien : elle est pourtant grosse de conséquences ; elle implique deux poétiques diverses.

956. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

D’ailleurs il est possible qu’elle ne déplaise pas à ceux qui ont quelque curiosité littéraire et qui ne détestent point un peu d’archéologie poétique. […] Il avait fourni aussi le sujet et le plan, plus politique que poétique, de la comédie héroïque intitulée Europe, qui parut sous le nom de Desmarets après la mort du Cardinal. […] Chimène elle-même, si jeune, si poétique et si héroïque, est animée du même esprit. […] ni des autres chaleurs poétiques et militaires, qui font rire le lecteur presque dans tous vos livres ? […] Heinsius (en hollandais Heinse) était un commentateur de la Poétique d’Aristote, et un des oracles du temps sur les règles de l’art dramatique.

957. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Il ne prend pas comme Shakspeare un roman de Greene, une chronique d’Holinshed, une vie de Plutarque, tels quels, pour les découper en scènes, sans calcul des vraisemblances, indifférent à l’ordre, à l’unité, occupé seulement de mettre en pied des hommes, parfois égaré dans des rêveries poétiques, et au besoin concluant subitement la pièce par une reconnaissance ou une tuerie. […] Ces créatures difformes, cette splendeur de l’or, cette bouffonnerie poétique et étrange, transportent à l’instant la pensée dans la cité sensuelle, reine des vices et des arts. […] C’est une comédie lyrique, et si on n’y trouve point la légèreté aérienne d’Aristophane, du moins on y rencontre, comme dans les Oiseaux et dans les Grenouilles, les contrastes et les mélanges de l’invention poétique, qui, à travers la caricature et l’ode, à travers le réel et l’impossible, le présent et le passé, lancée aux quatre coins du monde, assemble en un instant toutes les disparates, et fourrage dans toutes les fleurs. […] Par-dessus tout, il a été le grand et l’inépuisable inventeur de ces masques, sortes de mascarades, de ballets, de chœurs poétiques, où s’est étalée toute la magnificence et l’imagination de la renaissance anglaise.

958. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

De là pour les vraies supériorités humaines, poétiques, philosophiques, politiques et religieuses, cet acharnement de leurs ennemis qui ne pardonnent qu’à la mort. […] Après lui, elle fut encore mère de trois autres fils, tous richement doués, tous ayant joué avec vigueur leur rôle dans le monde, et tous doués d’un certain talent poétique. […] Vous devez avouer que cette conclusion, où l’âme sauvée s’élance au ciel, était très difficile à composer ; et au milieu de ces tableaux suprasensibles, dont on a à peine un pressentiment, j’aurais pu très facilement me perdre dans le vague, si, en me servant des personnages et des images de l’Église chrétienne, qui sont nettement dessinés, je n’avais pas donné à mes idées poétiques de la précision et de la fermeté. » XVI À la fin du mois, il parle mal de Victor Hugo, auquel il a rendu avant une enthousiaste justice. […] Il était accompagné d’une lettre de David renfermant ces passages : “Je vous envoie cette faible image de vos traits, non comme un présent digne de vous, mais comme le témoignage d’un cœur qui sait mieux éprouver des sentiments que les exprimer… Vous êtes la grande figure poétique de notre époque ; une statue vous est due : j’ai essayé d’en faire un fragment ; un génie digne de vous l’achèvera.”

959. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

C’est du sein de cette habitude intérieure désolée qu’il se portait si vivement, pour se fuir lui-même, à ces occupations littéraires et poétiques où il a trouvé le charme et où il nous a rendu de si vives images du bonheur. […] Je remarquerai seulement qu’en Angleterre, la vie privée est plus close, plus abritée, mieux encadrée dans son ensemble, plus conforme par son esprit aux mœurs générales de la race et de la nation ; ainsi ornée et préservée, ainsi à demi enveloppée de son mystère comme le cottage l’est dans ses roses ou comme un nid dans le buisson, elle prête davantage à cette douce et poétique ferveur qu’elle inspire et dont on vient de voir tant de purs exemples.

960. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Il y a de ces épithètes moitié morales, moitié naturelles, essentiellement poétiques, qui font entrer dans le secret des choses et en éveillent le sentiment intime en nous. […] Il y a, dans son Sahara, un admirable passage qui résume sous forme visible et poétique toute sa doctrine.

961. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Parmi celles qui sont adressées à Mlle Valmore dès ces années 1821 et suivantes, j’en trouve pourtant d’intéressantes de Mme Sophie Gay, qui s’était prise d’un goût très vif pour elle, et qui, pendant les séjours de Lyon ou de Bordeaux, la tenait au courant du monde poétique de Paris, des premiers succès de la belle Delphine, des brillants hommages qu’elle recevait, et aussi de son premier trouble de cœur pour ce jeune officier gentilhomme et poète, Alfred de Vigny. […] La réputation de Mme Valmore, sous sa première forme de touchante élégiaque et d’aimable conteur en vers, était faite dès ces années 1824-1827 ; pendant ses absences de Paris et ses séjours à Lyon ou à Bordeaux, sa nouvelle étoile avait pris place dans notre ciel poétique et y brillait d’un doux éclat, sans lutte et sans orage.

962. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Desfontaines, plus judicieux, concluait, après bien des éloges : « Ce sont de jolis riens qui ne conduisent à rien. » A les relire aujourd’hui, en effet, presque tous ces vers de Gresset ne nous offrent plus guère qu’une interminable enfilade de rimes entre-croisées dans lesquelles chaque mot ne marche qu’invariablement escorté de son épithète : pur babil, ramage, une sorte de loquacité poétique qui prouve de la facilité plutôt que de la verve, facilitas potius quam facultas. […] Il est, je l’ai dit, et j’y reviens comme à la clef de mon explication, il est des natures poétiques qui vieillissent vite, et Gresset était de celles-là.

963. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

L’Art poétique de Boileau eut ainsi force de loi durant un siècle et plus. […] Comment nous retrouver au milieu des innombrables règles de toute espèce qu’ont multipliées les faiseurs de rhétoriques et de poétiques ?

964. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Je crois, par exemple, qu’Aristote eût été fort surpris des choses que les scolastiques lui faisaient dire et même des préceptes tyranniques qu’un abbé d’Aubignac prétendait tirer de sa Poétique. […] Les romantiques, au début de leur lutte contre la tradition classique, appellent à la rescousse le moyen âge ; ils le réhabilitent, l’idéalisent, le proclament poétique, et leur révolution littéraire est ainsi aidée par la restauration monarchique et chrétienne, qui trouve son compte à cette renaissance de la vieille France.

965. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

De l’éclat, du roman, une destinée d’émotion, de dévouement et de tendresse, un touchant malheur, voilà ce qui attache à ces poétiques figures, et ce qui, une fois transmises et consacrées, leur procure dans l’imagination des âges un continuel rajeunissement. […] Mlle Le Couvreur avait vu Baron lorsque, vieux et toujours excellent, il rentra au théâtre en 1720 ; mais elle ne l’avait pas attendu pour réaliser à sa façon la poétique de Molière et pour réunir en elle les qualités à la fois élevées, touchantes et naturelles de la parfaite actrice tragique.

966. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Né dans une famille poétique et bourgeoise, dont l’illustration datait d’avant Louis XIV, Fontenelle resta un peu arriéré au point de vue littéraire, en même temps qu’on va le voir singulièrement en avance pour le point de vue philosophique. […] Totalement dénué de la forme poétique idéale supérieure et de cette richesse des sens qui en est d’ordinaire l’accompagnement et l’organe, il parle de la poésie en toute occasion comme ferait son ami La Motte, c’est-à-dire comme un aveugle des couleurs.

967. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Que l’artiste use d’éléments choisis dans le réel et agissant par leur vérité, ou d’éléments empruntés de même, mais de valeur émotionnelle accrue, parfaits, et agissant par leur caractère d’idéal, — qu’il se serve de faits minutieusement décrits comme dans tout l’art prosaïque et réaliste, ou de mots et par conséquent de types vagues, comme dans tout l’art poétique et idéaliste, puisés à ces deux sources, ses œuvres tenteront également d’émouvoir et d’émouvoir stérilement. […] Reste le genre poétique par excellence, le genre lyrique.

968. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

L’on ne retrouve chez l’auteur russe ni les façons de dire nettes, ni les conversations alertes, achevées, décisives, ni les descriptions en couplets poétiques, ni les personnages habituels de nos livres moyens. […] C’est un homme entre deux âges, éloquent, avec un tour d’esprit noble et poétique.

969. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Je n’y cherche et n’y trouve pas autre chose que des émotions poétiques. »‌ Ce sont des émotions poétiques encore qu’il cherche dans la guerre, et il en trouve de fort belles.

970. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

— On a eu à l’Académie française la grande séance annuelle poétique et pathétique (20 juillet), prix de poésie, prix de vertu, etc.

971. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

Sainte-Beuve, dont nous avions le signalement, et qui n’en avaient pas moins failli nous échapper : l’un est sur Saint-Simon, le patron du nouveau Globe ; l’autre, sur les débuts poétiques de M. 

972. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Et quelle fantaisie luxuriante, quelle vision aisément poétique des choses, dans les Beaux Messieurs de Bois-Doré, le Château des Désertes ou Teverino !

973. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Maurice Le Blond Quant à la forme poétique dont il usa pour parfaire de beaux poèmes comme Apparition, les Fleurs ou ce fragment d’Hérodiade que jamais il n’eut l’audace et la foi d’achever, ce serait une grossière erreur de croire qu’elle lui appartient en propre.

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