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763. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

Ce livre a obtenu le seul genre de succès que l’auteur puisse ambitionner en ce moment de crise et de révolution littéraire : vive opposition d’un côté, et peut-être quelque adhésion, quelque sympathie de l’autre.

764. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Mystères. » pp. 35-37

Ces sortes de spectacles parurent si beaux dans ces siècles ignorants, que l’on en fit les principaux ornements des réceptions des princes, quand ils entraient dans les villes ; et comme on chantait noël, noël, au lieu des cris de vive le roi, on représentait dans les rues la Samaritaine, le Mauvais Riche, la Conception de la sainte Vierge, la Passion de Jésus-Christ, et plusieurs autres mystères, pour les entrées des rois.

765. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Quoique le goût de la musique soit assez vif, c’est avec une espèce d’indolence que l’on va se placer ; l’aspect d’une foule ferait trembler un public italien. […] Le public prit une part assez vive à la discussion littéraire qui s’éleva ensuite entre Geoffroy et M.  […] Les contes que Dorante débite sont d’une imagination très gaie et très vive, et forment des scènes du plus agréable comique. […] Tout contribue donc à justifier, à motiver l’étrange proposition que Cléopâtre fait à ses fils ; et cette scène si vive, si attachante et d’un si grand effet, est encore une scène parfaitement raisonnable. […] Je crois, en effet, que si on rouait vif un homme sur la scène, on frémirait encore plus qu’au cinquième acte de Rodogune.

766. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

Elle commence ainsi : J’abit’ ru’ d’l’École’ de Méd’cine, Au premier, tout comme un bourgeois… Cette chanson m’a donné l’impression très vive de ce qui a remplacé la botte de paille des basochiens de la rue du Fouarre ; la chambre garnie de la Rive gauche, l’acajou écaillé du lit disjoint, le tapis pelé, les draps de coton trop étroits et toujours moites, les serviettes pelucheuses, la cuvette fêlée, l’odeur qui monte de la cour, et toute cette misère égayée parfois d’un punch ou d’un passage de jupe pas chère.

767. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

D’ailleurs, une imagination vive, féconde, plaisante, quelque inconséquente & vagabonde qu’elle soit, amuse toujours pour le moment.

768. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

Le christianisme rehausse nécessairement l’éclat des peintures historiques, en détachant, pour ainsi dire, les personnages de la toile, et faisant trancher les couleurs vives des passions sur un fond calme et doux.

769. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Préface »

Luisure sera un effet de lueur sur la vitre d’un lampadaire, sur la plaque d’un métal poli, sur l’orbe d’un bouton métallique ; elle sera l’éclat brusque du diamant dont une facette concentre subitement les feux du lustre ; la syllabe ure produisant une sensation d’arête vive, le brusque coup d’archet sur les notes aiguës du violon.

770. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Cette petite scène et mon entrée a été peinte assez au vif dans Victor Hugo, raconté par un témoin de sa vie. […] Cette réhabilitation de Ronsard et en général de la Poésie du xvie  siècle excita dans le temps une vive polémique et classa d’emblée M.  […] Cependant on peut lire dans les yeux qui sont bien ouverts, bien vifs et bien arqués, et dans la commissure des lèvres, un peu ironique, une pointe et ce coin de malice et de moquerie qu’on dit être l’apanage de la race picarde. […] Sainte-Beuve a écrit depuis, dans ces dernières années (mais pour lui seul), un début d’article plus long, plus vif et plus complet sur César, qu’il a gardé en portefeuille. […] Il y a mis des notes assez vives et un Avertissement.

771. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Je crois que nulle passion ne peut surpasser la force d’une telle liaison… » Je ne rapporterai pas tout ce qui se pourrait extraire de chaque lettre, pour ainsi dire, de Mme de Sévigné ; car il y en a peu où Mme de La Fayette ne soit nommée, et plusieurs sont écrites ou fermées chez elle, avec les compliments tout vifs de M. de La Rochefoucauld que voilà. […] Dès que cette Princesse, ainsi annoncée à l’avance, parut, elle fut l’objet de toutes les conversations et correspondances ; Bussy et Mme de Sévigné s’en écrivaient ; on était partout sur le qui vive à son propos ; on s’abordait dans la grande allée des Tuileries en s’en demandant des nouvelles. […] Une vive entrée en liaison avec la jeune Mme de Schomberg donna quelque éveil curieux et jaloux aux autres amies plus anciennes : on ne voit pas que cet effort d’une âme qui semblait se reprendre à quelque chose ait duré. […] Les Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689 se font remarquer par la suite, la précision et le dégagé du récit : aucune divagation, presque aucune réflexion ; un narré vif, empressé, attentif ; une intelligence continuelle. […] Ainsi, ma chère madame, nous regardons cette communion, qu’elle avoit accoutumé de faire à la Pentecôte, comme une miséricorde de Dieu, qui nous vouloit consoler de ce qu’elle n’a pas été en état de recevoir le viatique. » — Ainsi mourut et vécut dans un mélange de douceur triste et de vive souffrance, de sagesse selon le monde et de repentir devant Dieu, celle dont une idéale production nous enchante.

772. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Ce sont de vives ébauches qu’il reprendra plus tard et dont il fera des tableaux. […] Quoique blessé au plus vif de sa vanité et un peu au cœur, car il aime Agnès, il s’aveugle sur ses ressources, sur son expérience : Enfin j’ai vu le monde, et j’en sais les finesses. […] dans une contrariété vive et présente, on peut tirer quelque soulagement d’une autre passion ; mais un aphorisme de morale n’y fait rien. […] Avez-vous jamais vu, Madame, un diamant plus vif que celui que vous voyez que mon père a au doigt ? […] De la sorte, tout sert à la gloire de ce grand homme, jusqu’au travers d’Oronte, qui, lorsqu’il est auteur, écrit le fameux sonnet, et, lorsqu’il le défend, parle un français aussi vif et aussi naturel que celui d’Alceste.

773. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Les grandes calamités, en humiliant l’homme et en émoussant la pointe de ses vives et audacieuses facultés, deviennent par là un véritable danger pour le rationalisme et inspirent à l’humanité, comme les maladies à l’individu, un certain besoin de soumission, d’abaissement, d’humiliation. […] L’éternelle objection qui éloigne du rationalisme certaines âmes très distinguées qui, par suite même de leur délicatesse, sont possédées d’un plus vif besoin de croire, c’est la brièveté de son symbole, la contradiction de ses systèmes, l’apparence de négation qui lui donne les airs du scepticisme. […] Mais un jour viendra où le stylet de la critique pénétrera à son tour les défauts de la carapace du croyant et atteindra la chair vive. […] Quand des races s’atrophient, l’humanité a des réserves de forces vives pour suppléer à ces défaillances. […] Voir l’admirable peinture de la réaction dévote du commencement du XVIIe siècle, dans Michelet, Du prêtre, de la femme, de la famille, chap. 1, et en général tout ce livre, peinture si vive et si originale des faits les plus délicats et les plus indescriptibles.

774. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Donc abolition des règles d’Aristote et de Boileau ; mort à la tragédie, cette grande dame, cette aristocrate, et vive le drame, où le rire, le ton familier et les plébéiens. […] On réclame la correction de ces irrégularités et la réclamation, assez molle tant que la lecture et l’écriture étaient les privilèges d’une élite, devient vive et pressante du jour où l’obligation de savoir lire et écrire est imposée à tout le monde. […] Un simple coup d’œil révèle l’immense développement pris par le roman, cette réduction de l’épopée, qui est le régal des femmes, de, la jeunesse et des gens du peuple, parce que ces trois catégories de personnes, ayant une imagination plus neuve ou une sensibilité plus vive, éprouvent un insatiable besoin d’aventures et d’émotions factices. […] C’est un fait propre à la France moderne que cet effacement presque complet des provinces, que cette concentration des forces vives de la nation dans une seule ville. […] Les maîtres mêmes ne cessaient de nous lire les bulletins de la Grande Armées et nos cris de vive l’Empereur !

775. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

(Belles-lettres.) entretien de deux ou de plusieurs personnes, soit de vive voix, soit par écrit. […] Lucien au contraire met de l’esprit par-tout ; tous les dieux, tous les hommes qu’il fait parler, sont des gens d’une imagination vive & délicate. […] Un vif intérêt rend attentif aux plus petites choses. […] L’action de l’églogue, pour être vive, ne doit avoir qu’un moment. […] Les imaginations vives n’en ont vû l’explosion que comme un développement prodigieux des ressorts de la nature, comme un tableau magnifique à peindre.

776. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

C’était, prise sur le vif, « la jolie femme qui a le cœur sur la main ». […] Le pigeon hasardeux a quitté le pigeonnier. « Et vive la Sainte-Bohème !  […] vive le théâtre ! […] Vive le théâtre ! […] J’ai tranché dans le vif, par une vieille habitude.

777. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

C’est un peu soulever des questions pour le plaisir de les résoudre, plaisir d’érudit, s’il en fut, et d’autant plus vif qu’elles fournissent matière à plus de digressions. […] Et puis, le succès ne semble pas avoir été tout d’abord aussi vif que quelques années auparavant celui du Diable boiteux. […] La position qu’il prit dans la querelle peut jeter, d’autre part, un jour assez vif sur la nature de son talent. […] Échappe-t-on à qui sait remuer les ressorts de l’âme par ce qu’il y a de plus vif et de plus fort ?  […] Mais entre tant de chefs-d’œuvre qui l’avaient tour à tour ou simultanément illustrée, ceux de la scène, partout traduits, partout imités, partout applaudis, resplendissaient d’un plus vif éclat ; et sur Corneille ou sur Molière enfin, Racine, moins grand peut-être, — mais combien plus vif et combien plus touchant ! 

778. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Trois d’entre eux sont poètes et le quatrième, Alexandre, a un vif sentiment de la poésie et de l’art.

779. (1891) [Textes sur l’école romane] (Le Figaro)

Aux quatorzième et quinzième siècles, ainsi qu’au dix-huitième siècle, le principe gréco-latin cesse d’être une source vive d’inspiration et ne se manifeste que par la voix de quelques excellents poètes tels que Guillaume de Machaut, Villon et André Chénier.

780. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 76-79

Ses peintures sont peu gracieuses, mais elles sont hardies ; ses images sont lugubres, mais elles saisissent l’ame & la subjuguent ; ses pensées ne sont pas philosophiques, mais elles sont vives & pleines d’énergie ; sa versification est quelquefois rude, mais elle est toujours mâle & vigoureuse.

781. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 459-462

Il est impossible de renfermer en moins de mots plus de raison, plus de cette éloquence qui nait du sentiment vif des objets.

782. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 548-551

D’ailleurs, le style de M. l’Abbé Poule n’est pas assez oratoire ; il est vif, mais trop haché, trop décousu ; ses périodes sont presque toujours coupées de la même maniere, ce qui rend la lecture de ses Sermons monotone & même fatigante.

783. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

» Vive ce paysan ! […] J’ai d’ailleurs à faire un reproche plus vif au tableau en question. […] Il est difficile de déterminer les causes qui ont si rapidement diminué la vive personnalité de M.  […] L’un est élève de l’autre ; on dit qu’une vive amitié les unit. […] Hildebrandt, par son énorme exposition d’aquarelles, m’a causé un vif plaisir.

784. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Remarquez cependant qu’elles ont un trait commun : elles sont toutes des réactions, des marches plus ou moins vives en arrière, des retours, au-delà du passé prochain, à un passé éloigné. […] Son joli vers y devient lourd, et sa langue vive et claire y devient terne. […] Ses pièces sont courtes à l’ordinaire, bien conduites et d’un mouvement vif, quelquefois rapide. […] L’amertume de Rabelais n’est jamais vive, mais il y en a ici quelque trace. […] Il voit mieux encore, dans une lumière plus vive, dans un ramassé plus énergique, les figures humaines.

785. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Ainsi, il proclame hardiment cet homme de mérite mort à trente-deux ans, et qui n’avait été promu qu’à des charges locales et aux dignités de son quartier, il le proclame le plus grand homme, à son avis, de tout le siècle : il a connu, dit-il, bien des hommes qui ont de belles parties diverses, l’un l’esprit, l’autre le cœur, tel la conscience, tel autre la parole, celui-ci une science, celui-là une autre ; « mais de grand homme en général et ayant tant de belles pièces ensemble, ou une en tel degré d’excellence qu’on le doive admirer ou le comparer à ceux que nous honorons du temps passé, ma fortune ne m’en a fait voir nul40 ; et le plus grand que j’aie connu au vif, je dis des parties naturelles de l’âme, et le mieux né, c’était Étienne de La Boétie. […] La Fontaine, au contraire, semble avoir conçu l’amitié aussi vive que l’amour, et il les a quelquefois mêlés par une sorte de confusion charmante. […] L’avantage de ces sortes de liaisons, c’est de pouvoir commencer bien plus tard que les amitiés d’hommes, lesquelles, pour être tout à fait vives et profondes, ont besoin de s’être nouées dans la jeunesse.

786. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Mais ces matériaux, peut-on lui répondre, étaient tellement sous la main et de telle qualité, et si appropriés au dessein une fois conçu, ils étaient d’une nature si vive, si combustible, qu’ils donnaient terriblement envie sinon de bâtir une nouvelle maison, du moins de commencer par brûler l’ancienne. […] Je n’en citerai que quelques pensées qui donnent le fin fond du cœur de M. de Meilhan, et dont celles qui concernent l’amitié devaient faire entre lui et Mme de Créqui le sujet de contradictions assez vives : Chacun doit s’empresser de faire aux autres le bien que comportent ses facultés, sans attendre de reconnaissance, et sans mettre dans ses actes de bienfaisance rien de passionné qui puisse compromettre le repos. […]  » Je crois qu’en demeurant dans ces termes, et bien en deçà d’une passion qui ferait sourire, on a saisi le point délicat et vif de la liaison de M. de Meilhan avec Mme de Créqui.

787. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Villars, malgré son vif désir, n’osa prendre sur lui l’événement contre l’avis de ses officiers généraux, qui, la plupart, lui firent et pour la seconde fois, au moment même de commencer l’attaque, dans la nuit du 23 avril (1703), de très fortes et obstinées représentations. […] Il ne se cachait nullement de ses profits ni de la source, et dans un compte de sa fortune qu’il adressa au roi en 1705 sans qu’on le lui demandât, il faisait monter le produit des sauvegardes dans l’empire à deux cent dix mille livres. — Il est plus agréable de se reporter sur ses grandes qualités de capitaine, et lui-même il est le premier à nous y convier et à nous avertir que c’est là le côté principal par lequel il convient de considérer surtout un homme de son métier, lorsqu’écrivant à l’un de ses amis pendant cette campagne du Danube, il dit avec une vive justesse : Mais à propos (il venait de citer le nom de M. de Feuquières), pourquoi ne s’en sert-on pas, de ce Feuquières ? […] Ces lettres de Villars au roi sont fort belles et à lire d’un bout à l’autre ; elles lui font plus d’honneur encore par leur simplicité, par l’application de détail et la vigilance dont elles témoignent, que les passages plus piquants et plus vifs insérés dans ses Mémoires.

788. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Quant aux particularités de son naturel, il l’a extrêmement vif et si actif, que, à quoi qu’il s’adonne, il s’y met tout entier, ne faisant jamais guère qu’une seule chose à la fois. […] Je veux ici (et quoique ce ne soit plus de l’histoire) introduire un témoignage assez inattendu, celui d’un traducteur dès longtemps décrié, mais homme instruit, curieux, et galant homme de son vivant, le bon abbé de Marolles, qui, né en 1600, était âgé de dix ans à l’époque de la mort de Henri IV, et qui conserva toujours un très vif souvenir de ses années d’enfance passées en Touraine. […] Elle y a gagné de conserver une vive et féconde initiative, d’être toujours prête et alerte pour quelque grande action civilisatrice, d’être l’organe expérimentateur des nations de l’Occident.

789. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Dans la retraite du lendemain, le bataillon où sert Pelleport tenait la tête de la colonne et pressait un peu trop le pas : Son allure vive et animée semblait indiquer de l’empressement à s’éloigner des tirailleurs espagnols, dont les balles tombaient dans nos rangs. […] Le 15 août de la même année, il est fait officier de la Légion d’honneur et créé baron d’Empire : J’avoue que, lorsqu’une lettre du major-général m’annonça cette dernière faveur de l’Empereur, j’en éprouvai une bien vive sensation : c’était en effet, pour nous, pauvres officiers de fortune n’ayant que notre épée, un grand moment que celui dans lequel nous recevions une récompense destinée à perpétuer dans notre famille le souvenir de nos services. […] J’ai extrait des Souvenirs du général Pelleport la partie la plus vive et la plus émouvante.

790. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Saint-Réal a commencé et a écrit, dans ce genre spécieux de la nouvelle historique, un petit roman aussi faux dans son genre que les grands romans de Mlle de Scudéry, mais qui avait cela de plus insidieux d’être court, vraisemblable, insinuant, et de marcher d’un style sage et vif, qui n’eût pas craint la comparaison avec celui de Mme de La Fayette. […] Lorsque cette dernière dut le quitter pour aller à Lisbonne épouser le prince de Portugal, don Carlos éprouva une vive douleur : « Que va devenir l’enfant, s’écriait-il avec sanglots et en s’attendrissant sur lui-même, seul ici, sans père ni mère, l’aïeul étant en Allemagne et mon père à Monzon !  […] Don Carlos marqua une vive joie à l’arrivée de son aïeul et une extrême impatience de le voir ; il voulait aller à sa rencontre.

791. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Les Lettres de Balzac, en 1624, avaient produit une vive et agréable impression sur tout un cercle de lecteurs par la constante pureté de l’élocution, par un certain éclat de netteté, de grâce et de politesse, qui faisait dire à première vue : Que de fraîcheur ! […] … Corneille, je l’ai déjà remarqué, commence toujours par le trait le plus saillant : il entame et présente la situation par l’arête vive. […] Vieux et inutile, mais vengé désormais et content, il s’offre lui-même en victime pour apaiser le sang qui crie par la bouche de Chimène ; que son fils vive pour continuer l’honneur de sa race, pour servir son roi et son pays, il n’aura plus de regret.

792. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

La haute source de l’admiration était là, perpétuelle et vive, et nulle part ailleurs ; et cependant l’inspiration moderne, quand elle naissait, trouvait moyen de se créer une forme à elle, une variété d’imitation qui avait son caractère et son originalité, mais qui, malgré tout, par quelque côté, devait aller se rejoindre à la grande tradition et offrir en soi des traits de ressemblance avec l’antique famille. […] Cicéron n’a-t-il pas exprimé au vif Démosthène, Isocrate et Platon, de manière à rendre les Grecs eux-mêmes jaloux ? […] Si l’on avait pu, en remontant par-delà les romans d’aventures, se reprendre à quelque chanson de geste de forte trempe, la tradition vive était retrouvée.

793. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

C’est qu’il y a des choses qu’on n’aperçoit et qui ne prennent au vif que du jour où elles sont dites d’une certaine manière. […] A chaque génération, il se fait un naufrage d’idées vives ; une sorte d’ignorance recommence ; une bonne partie du savoir et de l’esprit de chaque année périt avec elle ; une autre portion s’entasse en de savants depôts, et ne s’en tire qu’en se dispersant dans quelques têtes de plus en plus singulières. […] Les Rœderer, les Fiévée, les Michaud, ont déjà emporté le plus vif de cette histoire dans la tombe200.

794. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Quoique l’auteur ait pris son sujet de beaucoup plus haut, et que, loin de circonscrire sa carrière, comme il semble le croire, il l’ait considérablement élargie, le plus incisif de sa docte manœuvre, le plus vif de la bataille très-complexe et très-brillante qu’il engage, se livre encore dans le champ de nos vieilles Gaules. […] En général, l’auteur affectionne les rapprochements avec le temps présent ; ces sortes de comparaisons greffent plus au vif sur le moderne et mordent mieux, pour ainsi dire. […] M. de Saint-Priest possède à un haut degré les qualités littéraires : il en faisait déjà preuve dans sa jeunesse, et, quoiqu’il l’ait sans doute oublié lui-même aujourd’hui, d’autres que l’inexorable Quérard se souviennent encore de gracieux essais par lesquels il préludait avec aisance et goût dans la mêlée, alors si vive.

795. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Mais, à travers toutes les sortes de discussions sur la Bulle, et au plus vif de ses propres inquiétudes pour obtenir la grâce impossible de son mari, Mme de Pontivy rencontra chez sa tante M. de Murçay. […] On se retrouve à de certaines ouvertures du feuillage ; on se regarde un moment, on se touche la main ; et l’on continue derrière le riant rideau. » Il lui parlait souvent ainsi, essayant d’orner et d’introduire une part de raison durable dans la passion toujours vive, et rien alors ne semblait plus manquer à leur vie embellie. […] Mme de Pontivy, emmenée par sa tante dans une campagne éloignée, dut ne pas voir durant tout ce temps M. de Murçay, qui (en refroidissement d’ailleurs avec Mme de Noyon pour quelques sorties un peu vives contre l’esprit persécuteur) se confina de son côté dans une terre isolée, autre que celle où il avait reçu une fois son amie.

796. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

La classe libre d’intelligences actives et vacantes qui se sont succédé dans la société française à côté de la littérature qu’elles soutenaient, qu’elles encadraient, et que, jusqu’à un certain point, elles formaient ; cette dynastie flottante d’esprits délicats et vifs aujourd’hui perdus, qui à leur manière ont régné, mais dont le propre est de ne pas laisser de nom, se résume très-bien pour nous dans un homme et peut s’appeler M.  […] Mais dans le beau et le sublime, et dans tout ce qui y participe en quelque sorte que ce soit, on sort des temps, on ne dépend d’aucun, et, dans quelque siècle qu’on vive, on peut être parfait, seulement avec plus de peine en certains temps que dans d’autres. » Il devint un admirable juge du style et du goût français, mais avec des hauteurs du côté de l’antique qui dominaient et déroutaient un peu les perspectives les plus rapprochées de son siècle. […] Vive à jamais la liberté ! 

797. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

avoir vingt ans en 1774, quand on tenait à Versailles et à la cour, c’était moins grandiose, mais bien flatteur encore : on avait là devant soi quinze années à courir d’une vive, éblouissante et fabuleuse jeunesse. […] Les Mémoires de M. de Ségur finissent là aussi, comme s’il avait voulu les clore sur les derniers souvenirs de sa belle et vive jeunesse. […] Mais ce nous est un vif regret que l’auteur, eût-il dû courir sur certains intervalles, n’ait pu mener son œuvre jusqu’à travers le xviiie  siècle ; nul n’était plus désigné que lui pour retracer la suite et l’ensemble politique de ce temps encore neuf à peindre par cet aspect ; il s’y fût montré original en restant lui-même.

798. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Il lui restait en propre l’art avec lequel il avait su fondre ces éléments divers, en conservant la verve la plus franche, le trait le plus net et le style le plus vif qu’on eût jusqu’alors admirés sur la scène française. […] La troupe de Molière, qui avait fait son apprentissage dans les provinces du Midi les plus fréquemment visitées par les comédiens d’au-delà des monts, où les populations avaient aussi pour l’improvisation un goût vif et naturel, était demeurée fidèle à ces libres divertissements dont les Italiens avaient, à Paris, le privilège presque exclusif. […] Mais l’œuvre originale est peut-être plus vive et plus attachante.

799. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

La Muse, qui s’était endormie, le cothurne au talon et la perruque au front, le corps serré des bandelettes d’un classicisme étroit, se réveilla, au beau soleil de 1830, en pleine nature, les pieds nus, la chair rafraîchie, le teint vif, turbulente, rêveuse et passionnée. […] Ils répugnèrent à l’observance des formules esthétiques établies et eurent un vif et fort sentiment de l’indépendance absolue du Poète et de la Poésie. […] C’est donc vers la Vie qu’ils ramèneront la Muse, non plus pour qu’elle la rêve, mais pour qu’elle la vive.

800. (1890) L’avenir de la science « II »

La curiosité n’est nulle part plus vive, plus pure, plus objective que chez l’enfant et chez les peuples sauvages. […] Sans doute l’homme produit en un sens tout ce qui sort de sa nature ; il y dépense de son activité, il fournit la force brute qui amène le résultat ; mais la direction ne lui appartient pas ; il fournit la matière ; mais la forme vient d’en haut ; le véritable auteur est cette force vive et vraiment divine que recèlent les facultés humaines, qui n’est ni la convention, ni le calcul, qui produit son effet d’elle-même et par sa propre tension. […] Mais il est physiquement possible que l’humanité soit destinée à périr ou à s’épuiser et que l’espèce humaine elle-même s’atrophie, quand la source des forces vives et des races nouvelles sera tarie.

801. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Certes, il eût été difficile à Sidoine Apollinaire et à ces beaux esprits des Gaules de crier : « Vive les barbares !  […] Les béguards de Flandre, les humiliati d’Italie arrivèrent aussi à une grande exaltation mystique et poétique, sous la pression vive de cet archet mystérieux, qui fait vibrer si puissamment les âmes neuves et naïves. […] C’est qu’on ne pense plus à la chair, c’est qu’on vive si énergiquement de la vie de l’esprit que ces tentations des hommes grossiers n’aient plus de sens.

802. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Mais sous cette oppression s’éveille le désir de la liberté ; des abus de pouvoir provoquent le mécontentement ; et ce sont d’abord des attaques sourdes, des railleries légères ; l’ironie, l’arme des faibles, est tournée contre les prêtres, les moines, les prélats ; puis les attaques se font plus vives, plus hardies, plus franches ; de la satire contre les personnes et la discipliné ecclésiastique, on passe à la critique du dogme ; on vise ainsi la religion au cœur. C’est alors une lutte très vive contre les hérétiques, contre les incrédules ; et jusqu’au xvie  siècle la victoire appartient à l’Église. […] Une crainte de l’art dramatique, si puissante et si durable, que les Genevois, il y a cent ans, brûlèrent la première salle de spectacle qui se fut élevée sur leur territoire, et que la création d’un théâtre dans la ville de Lausanne rencontra, voici une trentaine d’années, une vive opposition religieuse ; un goût persistant pour le roman sérieux, moral et volontiers prêcheur ; une philosophie, qui, grâce à l’élasticité de la doctrine protestante, n’a pas eu besoin, comme en pays catholique, de secouer un joug pesant et est demeurée par cela même en bon accord avec la théologie108.

803. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

L’œuvre d’un individu sans foi ne sera jamais l’œuvre d’un Artiste, puisqu’elle manquera toujours de cette flamme vive qui enthousiasme, élève, grandit, réchauffe et fortifie ; cela sentira toujours le cadavre, que galvanise un métier frivole. […] Quand nous en parlâmes de vive voix — c’était après la représentation de Tristan et Isolde — nous nous fâchâmes tous les deux et cela interrompit brusquement la conversation. […] Voici la liste des exécutants ; l’orchestre était excellent, mais les compliments les plus vifs sont dus spécialement aux chanteurs, tous parfaits musiciens et admirablement intelligents des œuvres qu’ils interprétaient.

804. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

L’impression que fit ce livre au moment où il parut, fut vive ; mais sa grande explosion n’eut lieu que vingt ans plus tard, lorsque les événements en eurent vérifié les points les plus mémorables. […] Il ne la connut en effet qu’en 1814, et cette idée de séparation et de privation paternelle revient souvent sous sa plume, paroles et expressions les plus vives et qui vont au cœur : « L’idée de partir de ce monde sans te connaître, lui écrit-il, est une des plus épouvantables qui puissent se présenter à mon imagination. » Il avait une autre fille aînée qui était également loin de lui, et qui était alors à marier, avec toutes sortes de qualités, mais sans fortune ; c’est en pensant à elle qu’il s’écriait d’une manière charmante : « Ah ! […] On s’est même emparé de phrases très vives qui lui étaient échappées sur le pape à l’occasion du couronnement de Napoléon et les voltairiens ont pu se réjouir, tout en ayant l’air de se scandaliser.

805. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Et moi je dirai, et tous ceux qui ont connu et habité ce pays diront : Oui, cherchez-y sinon des Julie et des Saint-Preux, du moins des femmes du genre de Claire ; j’entends par là un certain tour d’esprit mêlé de sérieux et de gaieté, naturel et travaillé à la fois, très capable de raisonnement, d’étude, de dialectique même, vif pourtant, assez imprévu, et non du tout dénué d’agrément et de charme. […] Aussi vive et aussi impétueuse que sa mère était contenue et prudente, s’agitant à tous les souffles du siècle, et possédée d’un génie qui allait s’aventurer dans bien des voies, elle étonnait, elle inquiétait cette mère si sage, et elle lui suggérait cette pensée involontaire : « Les enfants nous savent ordinairement peu de gré de nos sollicitudes : ce sont de jeunes branches qui s’impatientent contre la tige qui les enchaîne, sans penser qu’elles se flétriraient si elles en étaient détachées. » M.  […] Un moraliste physiologiste a dit : « De même que, lorsqu’on s’est trop appliqué le soir à un travail, on a mille idées pénibles, tiraillées, fatigantes, qui reviennent avant le sommeil ; mais, au matin, tout s’éclaircit, et l’on se réveille avec de nouvelles idées faciles et vives, qui sont dues pourtant à cet effort du soir précédent : de même, d’une génération à l’autre, les formes d’idées qui, chez Mme Necker, sont à l’état de préparation laborieuse et compliquée, et presque de cauchemar, se réveillent chez Mme de Staël, jeunes, brillantes et légères. »

806. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Si certains esprits vifs et décisifs étaient crus, ce serait encore trop que les termes pour exprimer les sentiments : il faudrait leur parler par signes, ou sans parler se faire entendre. […] Les esprits vifs, pleins de feu, et qu’une vaste imagination emporte hors des règles et de la justesse, ne peuvent s’assouvir de l’hyperbole. […] L’on n’écrit que pour être entendu ; mais il faut du moins en écrivant faire entendre de belles choses : l’on doit avoir une diction pure, et user de termes qui soient propres, il est vrai ; mais il faut que ces termes si propres expriment des pensées nobles, vives, solides, et qui renferment un très beau sens ; c’est faire de la pureté et de la clarté du discours un mauvais usage que de les faire servir à une matière aride, infructueuse, qui est sans sel, sans utilité, sans nouveauté : que sert aux lecteurs de comprendre aisément et sans peine des choses frivoles et puériles, quelquefois fades et communes, et d’être moins incertains de la pensée d’un auteur, qu’ennuyés de son ouvrage.

807. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

En résumé, la confusion des genres qui a atteint la critique elle-même, la hâte résultante des ambitions plus vives, la multiplicité des livres nouveaux, la place plus restreinte qu’on lui accorde dans les journaux et l’abus des éloges payés, ont provoqué une crise de la critique plus apparente que réelle. […] Il a donné, s’il ne l’a pas créé, une vive impulsion au mouvement fédéraliste. […] Son style est concis et son accent vif.

808. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Comme B…, il était réveillé par le jet de lumière projeté par la lanterne sourde de la sœur de ronde. » Tels sont les rêves que peut provoquer une lumière vive et inattendue. […] Il en éprouvait un vif sentiment d’angoisse. […] Je rêve de la Terreur ; j’assiste à des scènes de massacre, je comparais devant le tribunal révolutionnaire, je vois Robespierre, Marat, Fouquier-Tinville… ; je discute avec eux ; je suis jugé, condamné à mort, conduit en charrette sur la place de la Révolution ; je monte sur l’échafaud l’exécuteur me lie sur la planche fatale, il la fait basculer, le couperet tombe je sens ma tête se séparer de mon tronc, je m’éveille en proie à la plus vive angoisse, et je me sens sur le cou la flèche de mon lit qui s’était subitement détachée, et était tombée sur mes vertèbres cervicales, à la façon du couteau d’une guillotine.

809. (1885) L’Art romantique

Qu’il nous suffise d’en exposer ici un vif résumé. […] Manet est l’auteur du Guitariste, qui a produit une vive sensation au Salon dernier. […] Ledru-Rollin — trouble général des esprits, et vive préoccupation publique relativement à la philosophie de l’histoire.) […] Contraint d’entendre souvent les discussions orageuses de la rhétorique et de la grammaire antique aux prises avec la moderne, les querelles vives et spirituelles de M.  […] Car ces ouvrages, médités, laborieux, tourmentés, contiennent la saveur toujours vive de la volonté qui les enfanta.

810. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PENSÉES ET FRAGMENTS. » pp. 495-496

J’y ai donné d’assez rares articles littéraires, dont quelques-uns se trouvent recueillis dans les précédents volumes ; quelques autres que je pourrais regretter sont empreints d’une personnalité assez vive pour que je les y laisse.

811. (1874) Premiers lundis. Tome II « De l’expédition d’Afrique en 1830. Par M. E. d’Ault-Dumesnil, ex-officier d’ordonnance de M. de Bourmont. »

Nos lecteurs9 ont accueilli avec empressement la relation si vive et si pittoresque, que M. 

812. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Revue littéraire. Victor Hugo. — M. Molé. — Les Guêpes »

S’il n’a guère pour son compte d’animosités bien vives, n’a-t-il pas eu déjà ses complaisances ?

813. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cladel, Léon (1834-1892) »

Cladel est très grande, c’est là sa forte qualité ; son art, minutieux et brutal, turbulent et enfiévré, se restreindra plus tard, sans nul doute, dans une forme plus sévère et plus froide, qui mettra ses qualités morales en plus vive lumière, plus à nu.

814. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 66-69

Une imagination vive & gaie, un bon sens exquis, une connoissance bien étendue du Théatre, le naturel du dialogue, un art admirable de saisir les ridicules & de les peindre dans leur jour le plus brillant, la rendront toujours digne d'être proposée pour modele.

815. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Avant-propos » pp. 1-5

Avant-propos On éprouve tous les jours que les vers et les tableaux causent un plaisir sensible, mais il n’en est pas moins difficile d’expliquer en quoi consiste ce plaisir qui ressemble souvent à l’affliction, et dont les simptomes sont quelquefois les mêmes que ceux de la plus vive douleur.

816. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IX. Chassez le naturel… »

Quant au lièvre, il éprouvait de vives angoisses au sujet de sa sûreté depuis qu’il ne pouvait plus lancer à tout instant des coups d’œil furtifs vers chacun des points de l’horizon.

817. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Les autres, ceux qui se sont trouvés tout de suite de plain-pied avec la révolution renouvelée et envenimée, ont eu un moment de vif éclat et d’allure conquérante ; ils nous apportaient, semblait-il, d’inépuisables trésors d’imagination, de verve, d’invention, de sentiment, le tout fécondé et agrandi au souffle ardent des libertés nouvelles. […] Ici l’on me dispensera, je crois, de citer ou de prouver davantage, et l’on comprendra les vives raisons qui m’arrêtent sur le seuil. […] On part, on va, on monte, l’air est vif, le soleil est radieux, le vent favorable ; on dépasse les nuages, on touche aux étoiles, on est dans le ciel, on s’y explique avec Dieu ; que dis-je ? […] S’il n’a pas cru devoir, cette Fois encore, aborder le vrai et le vif de son sujet, ni dessiner les premiers linéaments de sa critique ou de son histoire littéraire, il a procédé bien habilement pour qu’on ne se plaignît pas de ce retard indéfini. […] Albert de Broglie le sujet de narrations émouvantes et de lumineuses expositions, l’intérêt le plus vif de son livre, — et ce ne sera pas notre moindre hommage, — se concentre sur cette phase, que dis-je ?

818. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il avait la plus vive intelligence, la plus nettement bornée aussi. […] Victor Cousin703, tempérament imaginatif, passionnait l’histoire de la philosophie par de vives allusions que l’auditoire saisissait au vol.  […] Plus clairvoyant que les prélats qui s’inquiétaient de ses discours, il tâchait, en saisissant le plus vif des consciences, de rendre à l’Église la direction des consciences. […] Cette vive intelligence ne pouvait pas ignorer, comprenait tout, décidait tout, et ne se sentait jamais écrasée, ni dépassée.

819. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Ceci n’est point amour en l’air ni paroles de romances. » Et il lui fit, soit de vive voix, soit par lettres (car ces fâcheuses idées lui revenaient plus aigrement quand il était seul) des scènes de jalousie. […] Rivière a bien voulu m’envoyer sont du plus vif intérêt. […] Sainte-Beuve, affectueux et serviable : comme Charpentier n’est point venu encore, il s’est chargé d’y passer aujourd’hui lui-même et de me rapporter sa réponse pour l’argent… Mme Récamier, que j’ai revue hier, et M. de Chateaubriand m’ont prise en affection plus vive. […] Je voudrais te donner non l’émotion trop vive, mais la consolation qui reste d’une telle entrevue.

820. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Chronique : Chronique musicale J’entendais le deuxième acte d’un opéra nouveau, — le Cid : une rue sombre, une scène de duel, un chœur, des récits, un requiem ; et les lieux communs des émotions insignifiantes défilaient en une suite de formules rabâchées ; un duel de pantins, un chœur de momies, des récits de Capitan-Matamore, un requiem de contrebandiers déguisés, et, finalement, la grande scène dramatique où l’éternelle « tragédienne lyrique » réitère les éternels bras crispés, yeux hagards, sanglots étouffés qui de toute antiquité expriment le désespoir… Et, sur les visages des spectateurs, parmi les flots d’applaudisseurs loués, l’invincible ennui… Puis, le décor changea ; ce fut un horizon élargi de paysages espagnols, dans un chatoiement d’ors et de lumières ; des cortèges passaient, puis les danseuses apparurent ; des rondes se nouaient, nouant les multiples évolutions des gracieuses et fugitives filles, tandis que les guidaient des sons très cadencés d’orchestres vifs, voluptueux. […] Pour les mondes pécheurs Christ a agonisé, à cause qu’il avait la désirante pitié des Désirs… ô pitié du Seigneur, vois ton fils agonisant, palpitant, crucifié : il fut le Saint, et le Pur, et le Bon ; il chanta ton nom, lui qui pleure aujourd’hui ; agréable il te fut, ce réprouvé ; il fut ton garde, ton serviteur, ta force, ta splendeur, ta joie, lui qui presque blasphème, et qui se perd, l’affolé des sensuels souvenirs, et qui tournoie en la démence de sa chair, et se maudit, ne connaissant plus ta parole… ta divine parole sous l’effort des concupiscences se fait étrange, elle s’altère, elle se corrompt, voilà qu’elle se fait autre affreusement, et c’est des sons magiques : la prière à Dieu se tourne en suggestion d’enfer : rude, le sortilège ramène la mauvaise ; et elle est… Ô pensée toujours vive des délices coupables, inoubliable, inoubliable pensée ! […] Motif 18 (p. 5, 9, 10, 18, 24, 30, 31, 173, 260, 270, 302, 303, 318, 382, 383, 385, 386, 387, 395, 398). — Ces quelques notes ont une expression vive et enthousiaste le plus souvent. […] Motif 39 (p. 334, 335, 336). — Le voilà encore, ce même souffle printanier de jeunesse et d’ardeur, c’est lui, la danse : les fleurs, les rubans et les filles tournent dans sa ronde vive et brillante, gaie et douce.

821. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

De l’air natal, elle gardait la chasteté vive et l’énergie fortifiante, la limpidité des eaux s’était fixée dans ses yeux brillants (Glaucopis). […] Toutes les sciences dérivent de sa sagesse, tous les arts lui sont attribués, toutes les industries sont ses œuvres vives. […] Elles se sentent atteintes dans le vif de leurs privilèges ; une cour d’appel terrestre se forme contre leurs assises infernales, leur infaillibilité est mise en question. […] Ne veux-je pas plutôt qu’il change de voie et qu’il vive ?

822. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Cette impression que Mme de Girardin (alors Mlle Delphine Gay) fit sur moi la première fois qu’elle m’apparut, après en avoir beaucoup entendu parler, fut si vive, que le lieu, le jour, le site, la personne, sont restés comme un tableau dans ma mémoire, et que je pourrais dicter aujourd’hui encore à un peintre, le ciel, le paysage, les traits, les couleurs, le regard, sans qu’il manquât un éclair dans les yeux, une inflexion aux lèvres, une rougeur ou une pâleur aux joues, une ondulation aux cheveux, un nuage au ciel, une feuille même au paysage. […] Je la trouvai peu changée ; elle avait maigri pendant son séjour à Saint-Germain, mais une coloration plus vive de ses joues, un éclat plus vif de ses yeux, un repos plus visible de ses traits, un timbre plus naturel de sa voix, me remplissaient de l’illusion d’une convalescence. […] Mais jamais mon amitié réelle, constante et tendre ne souffrit de cette réserve ; et quand nous nous retrouverons dans la sphère des sentiments sans ombre et des amitiés éternelles, elle reconnaîtra qu’elle n’a laissé à personne, en quittant cette boue, une plus vive image de ses perfections dans le souvenir, une plus pure estime de son caractère dans l’esprit, un vide plus senti dans le cœur, une larme plus chaude et plus intarissable dans les yeux.

823. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Une pareille imitation des mouvements du corps fut l’origine de la danse : d’où naîtrait le vif plaisir qu’excitent en nous les tableaux fugitifs qu’elle nous expose, sinon que ses figures vives, gracieuses ou nobles, renouvellent les images des impressions qui nous transportent ? […] Cet accord des sentiments de son âme avec ses discours redouble le plaisir qu’on a de les entendre : car rien n’est plus touchant que la sincérité d’une éloquence qui est la vive image d’une âme forte et pure. […] Ces figures ne sont rendues plus vives elles-mêmes que par des termes figurés. […] Ce genre n’est soutenable que par une surabondance de verve plaisante, par le jeu enflammé des plus savants comiques, et par les vives enluminures de ses masques. […] mais l’irrégularité du Cid empêche de le choisir pour modèle, et c’est un admirable écart du génie, qu’on pardonne en faveur de son vif éclat.

824. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Le président Jeannin avait une force de prudence et de patience qui manqua tout à fait à l’autre pour être un homme d’État et un homme politique, bien que d’Aubigné eût d’excellents instants et de vifs éclairs de conseil. […] Elle lui sait gré avant tout d’être un peintre, et de ce don énergique et coloré de la parole par lequel elle est mise en vive communication avec le passé.

825. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Il était encore à Hartwell quand M. de Talleyrand lui envoyait un personnage de l’ancienne Cour, celui-là même qui avait répondu à Louis XVI le jour de la prise de la Bastille : « Ce n’est pas une révolte, sire, c’est une révolution. » Ce personnage (M. de La Rochefoucauld-Liancourt) envoyé à Louis XVIII pour s’entretenir avec lui de la situation et l’éclairer de vive voix sur les difficultés, ne parvient pas à être reçu par le roi qui avait contre lui un ancien grief personnel ; il n’est reçu que par le favori (M. de Blacas) et revient sans avoir pu être admis. […] Le sentiment qu’ils inspiraient n’était pas celui d’une haine vive et passionnée que leurs actes n’auraient pas justifiée, mais d’une aversion profonde, mêlée de dédain et de dérision.

826. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

La relation, Quinze jours au désert, qu’on a pu lire dans un des derniers numéros de la Revue des deux mondes, nous montre un Tocqueville simple voyageur, chevauchant à côté de son ami Gustave de Beaumont, cherchant presque les aventures, et nous racontant ses impressions vives et sérieuses, aux limites extrêmes de la colonisation, à travers une forêt vierge. […] Lorsque ce livre sur la Révolution paraît et obtient aussitôt un succès assez vif auquel on ne se serait pas précisément attendu, au milieu des éloges ou des contradictions qu’il excite et des félicitations qui lui en arrivent, l’auteur ne s’exagère en rien la portée d’influence qu’il peut avoir : Les classes influentes ne sont plus celles qui lisent, écrit-il à M. de Kergorlay (29 juillet 1856).

827. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Fontenelle et les modernes, qui avaient à prendre leur revanche du discours de La Bruyère et de la préface très vive qu’il y avait jointe, firent l’élection de l’abbé de Saint-Pierre : pour eux, c’était un auxiliaire et un renfort ; pour les autres, ce n’était alors qu’un abbé de cour, de mœurs douces et polies, et assez grandement apparenté. […] » Ceci pourtant eût été trop vif de geste pour l’abbé de Saint-Pierre, qui y allait à pas comptés et avec plus de bonhomie.

828. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

C’était, je l’ai dit, un esprit ardent, une imagination vive, inquiète même (je l’ai défini un jour « un lièvre avec des yeux d’aigle ») ; une fois sur une piste, il s’y lançait et ne quittait plus qu’il ne l’eût épuisée. […] « Avec lui s’éteint, je le répète, une des plus belles et des plus vives intelligences qui aient brillé en notre xixe  siècle, un des plus étonnants météores qui aient sillonné pendant cinquante ans notre ciel et notre horizon. » De plus, on lit dans le Constitutionnel du 24 janvier : « M. 

829. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Dutrey, m’écrivait : « … Ce n’est pas sans une vive émotion que j’ai retrouvé, dans ce que vous dites de lui, l’expression si fidèle des souvenirs que m’a laissés notre longue amitié. […] Mes vieilles oreilles un peu dures ne perdent pas une syllabe de votre débit, dont le mouvement vif et naturel captive l’attention du public sans la fatiguer un seul instant… « Quant à votre coquin de Voltaire, vous l’avez très-joliment prêché ; je vous dirais, comme les Italiens, salvo il vero, — c’est-à-dire réserve faite de tous les contraires inhérents à l’exercice des grandes facultés, des ambitions et des activités prodigieuses.

830. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Ces simples et vives décisions du goût ont pu être un moment obscurcies ; elles reprennent rang aujourd’hui, ce me semble, et elles subsistent en se combinant avec les travaux positifs et les progrès de la philologie qui, à elle seule, n’est pas tout. […] Mais nul ne fit plus alors pour ce renouvellement et, en quelque sorte, cette création moderne du sentiment antique que l’illustre auteur du Génie du Christianisme ; aucun de nos écrivains, depuis Fénelon, n’avait eu à ce degré l’intelligence vive du génie grec, et si Fénelon en avait goûté et rendu surtout les grâces simples et l’attique négligence, il était réservé à notre glorieux contemporain d’en exprimer plutôt les lignes grandioses et la sublimité primitive.

831. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Ce repentir de sa part est d’autant plus sérieux et plus sûr qu’il ne vient pas s’étaler en vives images, et qu’il ne se plaît point à repasser avec détail sur les traces des faiblesses d’hier. […] Les lettres de Rancé à l’abbé Nicaise, sans avoir un intérêt de lecture bien vif, en ont un très-réel pour l’histoire littéraire du temps.

832. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

il loue la trahison politique : « Le sage dit, selon les gens : Vive le roi ! Vive la Ligue ! 

833. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

C’était une forte tentation et un vif plaisir, de poser soi-même et de dessiner le personnage idéal qu’on voulait être dans la postérité. […] Mais pour le reste il s’est peint au naturel : noir, sec, vif, sobre, brave, cela va sans dire, mais d’une ardeur réglée par la finesse et la prudence, connaissant à fond le soldat, et sachant le prendre, très appliqué à son métier, très au courant de toutes les questions techniques, très attentif aux progrès de l’armement, un peu « Gascon » et vantard, frondeur et souple, honnête en somme autant que la guerre d’alors le permettait, dur par nécessité, homme de consigne et de discipline, dont le service du roi fut l’unique loi.

834. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Edmond Pilon Ô toi dont la geôle est pareille à la source Qui coule nue et vive entre les cailloux clairs, Banville, jeune dieu des époques de lumière, Poète dont la voix tour à tour grave et douce Disperse le sourire, la joie et la lumière, Banville, sois béni entre les dieux du vers… Ta statue est bâtie au palais des oiseaux, Auprès des massifs frais de buis et d’anémones, Le socle dans la mousse et le front aux couronnes Que tressent les branchages et que mêlent les rameaux ; D’antiques marbres blancs se cachent sous les saules’ Où rêve ton sourire, où de sur ton épaule Chante le rossignol, face à face à tes eaux, Banville, dieu des strophes, du rire et des oiseaux ! […] Enlace ses rayons à ton socle où tu ris, Monte — vif et radieux, — retombe, monte et danse, Tel un elfe sur la pelouse Médicis.

835. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Et c’est par un triple charme, la fantaisie paradoxale d’une information à qui il croit, la verve concise et brusque du style, la critique vive, émue, désirée efficace, que nous prend ce recueil de pamphlets sur nos mœurs. […] Il a travaillé dans le vif.

836. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Sa conversation s’émaillait souvent de mots vifs, empruntés à l’argot des campagnes ou des faubourgs, sans jamais faillir à la décence. […] Il rentra bientôt sous la poussée violente d’un petit homme vif et glabre qui le suivait et criait : « Non, non, je ne m’en irai pas.

837. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Il consiste en épreuves, en essais, en expériences pratiqués sur le vif, quand le patient veut bien s’y prêter. […] A cette sensibilité vive que nous avons constatée, il faut ajouter (et la contradiction apparente expliquera l’homme et l’auteur) une volonté fougueuse et faible.

838. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Nous voulons renouveler le monde, régénérer les doctrines, organiser les idées et fonder le système social sur des bases de réalité vive comme la chaux. […] En pétrissant des substances brutes, en trempant les toiles de teintes vives, en scandant des poèmes lyriques et en ordonnant des masses musicales, les artistes recomposent le monde comme Dieu lui-même.

839. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Par sa parole vive, souple, déliée, il allait chercher l’esprit de ses auditeurs, l’attirait à lui, l’engageait à se développer librement, naturellement, sans faux pli et sans boursouflure. […] Des réflexions morales, vives et pénétrantes, sur la différence des temps et des civilisations, viennent animer et sauver ces brusques trajets : on n’est pas en risque de s’ennuyer un instant avec lui.

840. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Nous avons déjà vu quelques exemples de ce tour vif et animé, qui met d’abord le personnage en scène. […] Voulez-vous voir combien elle serait plus vive, plus rapide, et d’un plus grand effet !

841. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

« Comme un aigle qu’on voit toujours, soit qu’il vole au milieu des airs, soit qu’il se pose sur le haut de quelque rocher, porter de tous côtés ses regards perçants, | et tomber si sûrement sur sa proie qu’on ne peut éviter ses ongles non plus que ses yeux ; | aussi vifs étaient les regards, aussi vite et impétueuse était l’attaque, aussi fortes et inévitables, | étaient les mains du prince du Condé. » Au point de vue de la tenue de l’haleine, il faut scander, je crois, comme j’ai fait ; mais au point de vue de l’harmonie expressive il faut accentuer les mots airs, rocher, perçants, proie, yeux, regards, attaque et inévitables, et alors nous voyons que les choses sont peintes par les mots, et c’est-à-dire, ici, par le rythme général, par les sonorités et par les silences. […] Prétend les animer par son bourdonnement, Vif, courant, d’une seule venue, mais sourd : c’est le travail, inutile, mais c’est le travail ardent, concentré, très sérieux pour elle, de la mouche, qui est commencé.

842. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Laissez-vous entraîner aux digressions du poète, pour témoigner que vous vous êtes identifié avec les imaginations vives et mobiles des peuples de la Grèce. […] Sans doute, dans tous les ouvrages de Bossuet, l’esprit resterait étonné par un style vif, énergique et pittoresque ; par la grandeur des images et la hardiesse des figures ; par ce quelque chose de rude et de heurté d’un fier génie pour qui la faible langue des hommes est une condescendance de la pensée, car le feu de sa pensée, à lui, s’allume dans une sphère plus élevée.

843. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

» À Turin, à Rome, au Capitole, jusqu’aux portes du Quirinal, des bandes surgissent aux cris de : « Vive Garibaldi ! […] Vive la république ! 

844. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Celui-là n’est point une déviation de la faculté religieuse, il en est l’exaltation, mais l’exaltation dirigée, l’enthousiasme ardent et profond, et cependant gouverné ; cette espèce d’enthousiasme qui a le regard clair au lieu de l’avoir ébloui et qui, multipliant pour la première fois son intensité par sa durée, ne défaille jamais parce qu’il se retrempe dans l’inextinguible flamme de l’Unité comme à la source vive de la lumière. […] Caro, tout incomplet qu’il soit par la conclusion, est d’un intérêt très vif encore.

845. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

C’est des Mémoires du duc de Luynes, qui disent la princesse petite à treize ans, mais vive et gaie, la tête un peu grosse pour sa taille, qu’il ne craint pas de tirer la conséquence du rachitisme ! Cependant, il ne peut s’empêcher de convenir qu’en dépit de sa laideur la tête est intelligente, l’œil vif, la mine éveillée, mais, allez !

846. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Il aurait pu nous donner un roman mordant et profond, qui aurait coupé non plus dans le vif, mais dans cet énervé et ce lâche de la nature humaine qui a remplacé le vif ; mais il n’a su être ni le Tacite ni le Juvénal du roman.

847. (1898) Essai sur Goethe

La jeune fille, vive, imaginative, romanesque, admire la Jérusalem délivrée. […] Qu’il vive ! […] La lutte fut-elle bien vive ? […] Et vous reconnaîtrez, je crois, qu’elles trahissent un souci bien plus vif du « morceau » qu’une douleur poignante ou vive. […] Il n’avait jamais éprouvé de sympathie bien vive pour ce jeune diplomate.

848. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il se prit d’un vif engoûment pour le général. […] Jean Aicard conçut un vif ressentiment de cette double mésaventure. […] Vive le haricot de mouton de nos grand’mères ! Vive la musique de Boïeldieu ! […] La morale la plus pure s’y allie à la plus vive piété.

849. (1874) Premiers lundis. Tome II « Achille du Clésieux. L’âme et la solitude. »

Je ne sais quel souffle vif et quelle fraîcheur qui s’exhale nous décèle, là auprès, une source naturellement courante.

850. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »

Nombre des pièces du volume purent reparaître dans l’Âme nue publiée deux ans plus tard avec un très vif succès et qui, en affirmant les qualités de force, de couleur et de pensée de M. 

851. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Klingsor, Tristan (1874-1966) »

Les souris aux yeux vifs d’émeraude Vont danser la ronde dans le buffet ; Dors, mignon chat blanc : les souris rôdent En minuscules pantoufles de fées.

852. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Le peu d’ordre & de liaison qui y regnent, les contradictions qui y fourmillent, les saillies d’une imagination vive qui ne s’assujettit à rien, un cynisme qui brave tout & s’égaye aux dépens de tout, une licence qu’aucun objet n’arrête, & dont la Religion, la Morale & les Bienséances n’ont pu ralentir l’intrépidité, ont contribué, plus que tout le reste, à son mérite littéraire, parce qu’il est facile d’être neuf & piquant, quand on est hardi & caustique.

853. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Si quelque chose pouvoit justifier M. l’Abbé Prévot, de s’être abaissé à des Ouvrages, qui, pour le plus grand nombre, captivent l’imagination pour l’égarer, parlent à l’esprit sans le rendre plus éclairé, agirent le cœur sans le corriger & le former ; ce seroient l’art singulier, l’imagination vive & féconde, le sentiment tendre & profond, la touche mâle & vigoureuse, qui dominent avec tant de richesse dans tout ce qu’il a écrit.

854. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

Les Réflexions morales sur les Evangiles, l’Abrégé des obligations chrétiennes, ses Lettres spirituelles respirent une éloquence noble, vive & touchante, qui prend sa source dans un cœur fortement pénétré des vérités qu’il y expose.

855. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Préface » pp. 1-3

Les temps redevenant plus rudes, l’orage et le bruit de la rue forçant chacun de grossir sa voix, et, en même temps, une expérience récente rendant plus vif à chaque esprit le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, j’ai cru qu’il y avait moyen d’oser plus, sans manquer aux convenances, et de dire enfin nettement ce qui me semblait la vérité sur les ouvrages et sur les auteurs.

856. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Le soulèvement de l’opinion devint si vif, les hostilités du cardinal furent si menaçantes, que l’amant de la comtesse d’Albany fut obligé de quitter Rome. […] Elle m’y exprimait, avec une vive et chrétienne affection, sa grande inquiétude de me voir, disait-elle, « dans un pays où il y avait tant de troubles, où l’exercice de la religion catholique n’était plus libre, où chacun ne cesse de trembler dans l’attente de nouveaux désordres et de calamités nouvelles. » Elle ne disait, hélas ! […] Quelques jours après il me fit demander de vive voix, par un message, à quelle heure je pouvais être chez moi. […] Prévenu d’avance par l’abbé, je leur renvoyai la lettre sans l’ouvrir, et je chargeai mon ami de leur dire, de vive voix, que je n’acceptais point ce titre d’associé, que je ne voulais être d’aucune association, et, moins que de toute autre, d’une académie qui récemment avait exclu avec tant d’insolence et d’acharnement trois personnages aussi respectables que le cardinal Gerdil, le comte Balbo, le chevalier Morozzo (comme on peut le voir dans les lettres que je cite en note), sans en apporter un autre motif, sinon qu’ils étaient trop royalistes. […] Mais, dans la nuit du 5 au 6, il fut repris de très vives douleurs d’entrailles.

857. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

La Cour pontificale, dans la plus vive anxiété, comptait les jours, en attendant la réponse de Paris à la demande du Saint-Père. […] Je ne raconterai pas non plus la vive émotion qu’il manifesta en apprenant les motifs qui rendaient cette résolution inébranlable. […] Il lui semblait que l’unique moyen de suspendre d’abord et de conjurer ensuite pour jamais les désastres dont on était menacé, serait de me rendre à Paris pour communiquer de vive voix à Bonaparte, au nom du Saint-Père, ce que je lui avais exposé. […] Après avoir inutilement essayé de les persuader l’un et l’autre, m’apercevant que mes raisons n’avaient pas dans leur balance de poids à l’égal des résultats qui les épouvantaient, je finis par dire que, n’étant pas, moi, persuadé par leurs raisons, je ne pouvais m’y rendre, et que je lutterais tout seul dans la conférence ; que je les priais simplement de renvoyer à la fin l’annonce de leur adhésion à cet article, si, ne parvenant pas à concilier la chose, on était forcé de rompre ; ce à quoi j’étais résolu en cas extrême, quoique avec une vive douleur, plutôt que de trahir ce qui, dans ma pensée, était de mon rigoureux devoir. […] Ce fut alors, — tandis que les cardinaux arrivaient un à un pour saluer respectueusement, — que l’empereur, du haut de son trône, adressant la parole, tantôt à l’impératrice, tantôt aux dignitaires et aux princes qui l’environnaient, dit, avec la plus vive animation et la plus grande colère, des choses très cruelles contre les cardinaux absents, ou, pour parler plus exactement, contre deux d’entre eux, ajoutant qu’il pouvait épargner les autres, car il les considérait comme des théologiens gonflés de préjugés, et que c’était la raison de leur conduite ; mais qu’il ne pardonnerait jamais aux cardinaux Opizzoni et Consalvi ; que le premier était un ingrat, puisqu’il lui devait l’archevêché de Bologne et le chapeau de cardinal ; que le second était le plus coupable du Sacré Collège, n’ayant pas agi par préjugés théologiques qu’il n’avait point, mais par haine, inimitié et vengeance contre lui Napoléon, qui l’avait fait tomber du ministère ; que ce cardinal était un profond diplomate, — l’Empereur le disait du moins, — et qu’il avait cherché à lui tendre un piège politique, le mieux calculé de tous, en préparant à ses héritiers la plus sérieuse des oppositions pour la succession au trône, celle de l’illégitimité.

858. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Les mouvements de cet intéressant oiseau sont vifs et décidés. […] — J’en ressentis une vive joie ; et, craignant que ma présence ne troublât le joli couple, je sortis, non sans jeter souvent un regard en arrière. […] Le vol de cette hirondelle rappelle celui du martinet d’Europe ; mais il est plus vif, quoique bien soutenu. […] Rien n’est plus vif et plus joyeux ; du haut des vieux troncs et des arbres tombant de décrépitude, la voix du pivert se fait entendre, et tous ses camarades lui répondent. […] « Les piverts ont deux couvées par saison ; aussi cette race joyeuse pullule-t-elle dans les forêts de l’Amérique, et vous ne pouvez faire une promenade sans entendre leurs cris perçants et le retentissement de leur bec sur l’écorce des arbres. » Telles sont les couleurs vives, variées, naïves, que la plume du naturaliste, aussi pittoresque que son pinceau, emploie pour commenter et expliquer les admirables planches qui composent son ouvrage.

859. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

C’est lui qui les vivifie ; si les études en sont la base, le sentiment en est l’âme. » Et les contemporains le félicitent de faire sentir et penser le marbre, de le rendre capable d’exprimer les affections douces et tendres aussi bien que les émotions vives et fortes. […] Titre significatif ; mais plus significative encore l’explication qu’il en donne135 : « Ce titre exprime le dessein de traiter sous forme restreinte de petits sujets, tantôt sur plaque d’or ou de cuivre avec les vives couleurs de l’émail, tantôt avec la roue du graveur de pierres fines, sur l’agate, la cornaline ou l’onyx. […] Balzac distinguait deux classes d’écrivains : les écrivains d’idées, ceux qui s’adressent surtout à l’intelligence, recherchent le raisonnement serré, la langue vive, sèche et abstraite ; ils ont dominé chez nous au xviie et au xviiie  siècle ; les écrivains d’images, ceux qui tiennent à parler aux sens et veulent les frapper par l’évocation directe des choses visibles. […] On a dit d’elle140 : « Tout en elle était sonore : ses amours, ses amitiés, ses haines, ses défauts, ses vertus. » Elle avait le verbe haut, la parole vive, animée. […] Elle sera coquette, sémillante, et les femmes à la même époque apparaissent vêtues de couleurs vives, d’étoffes légères et brillantes, toutes pimpantes dans les dentelles, les broderies, les guipures, le frou-frou de la soie ; elles ont de petits souliers à hauts talons ; elles se piquent au visage et sur la gorge des mouches qui font valoir la blancheur de leur teint.

860. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

La nature, le problème de cette âme se rétrécissant au point de s’exclure du domaine même, énorme et multiple, qu’elle était apte, parmi de rares, à régir ; le long enfantement de cette faculté de mécontentement, d’inquiétude, de souci, d’égarement, de passion, trouble et précipitée qui ne fit plus juger louable au comte Tolstoï que d’amender en vue de plus de bonheur bien bas, cette humanité décrite et montrée dans ses larges œuvres : cet essor et ce déclin seront considérés dans les pages qui suivent avec l’étonnement douloureux, mais aussi avec le vif désir de comprendre que mérite la transformation si complète d’un esprit si haut. […] En aucune autre œuvre parmi celles qui poussent le plus loin l’admiration et l’avidité du vrai, l’on n’a conscience d’une plus vive adhésion à tout l’existant, à toutes les scènes du paysage, aux grands actes humains du dehors, aux événements plus discrets des maisons closes, aux agitations frémissantes exprimées en miettes, qui traversent les âmes et les forment par l’accumulation des détails vus de près, par la précision et le minutieux de l’observation personnelle, par cette originalité et ce pittoresque qui résultent tout naturellement du témoignage oculaire, Tolstoï est arrivé à renouveler la description des spectacles les plus communément connus, poussant pour la moindre scène jusqu’à une émotion de plaisir neuf, l’illusion de l’évocation. Même, pour ce tableau le plus antique, le retour du printemps, que l’on prenne, dans Anna Karénine, la sortie du propriétaire Lévine, allant, par la première journée douce de renouveau, inspecter les champs aux molles noires, les enclos où meuglent les bestiaux étourdis et ivres de leur sortie au grand air, puis sa course à cheval par ses bois, dans la brise molle et crue cependant de la fonte des neiges, dont l’eau claire court, à peine salie sur le sol gelé ; les faits familiers mais précisés, les sensations vives fraîchement remémorées d’une observation plus attentive et plus charmée, plus immédiatement vraie que dans la plupart des romans réalistes, s’y pressent comme pris à même avec de grosses et bonnes mains, sans qu’il y ait cependant à vrai dire de passages descriptifs, sans qu’on puisse séparer la série de traits formant tableau de la série des pensées du personnage dont la présence dans cette scène en cause le narré. […] Tout serait à citer, et la mémoire du lecteur de l’œuvre où se place cette bataille aura retenu bien d’autres épisodes saisis et projetés sur le vif. […] L’épanouissement de Natacha, de ses yeux ravissants d’enfant-reine, à son charme vif, rieusement surpris de jeune fille, la plus fine, la plus frémissante, la plus gracieusement et tendrement jolie qui soit dans les livres, son égarement de passion et sa tristesse ployée, se joint à l’endurcissement progressif du prince Bolkonsky, impérieux, quinteux, puis follement colère, hors de lui de chaude usure et s’affaissant sur son lit de mort en une douceur timorée d’enfant vieillot, besoigneux d’aide.

861. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Une narration également vive & fleurie, des fictions très-ingénieuses, des caractères aussi bien imaginés que soutenus, & agréablement variés, firent le grand succès de cet ouvrage, dans lequel l’auteur décrit ingénument sa propre histoire, & une partie des aventures de son temps. […] Il a l’art d’intéresser dans le fond le plus mince, par le stile le plus vif & le plus enjoué. […] Rien de plus dangereux que ce roman, par le mauvais exemple de l’héroïne, & par la manière vive & naturelle dont les passions & les foiblesses sont rendues. […] quelle image vive & naturelle de la vie ordinaire des hommes ! […] La narration en est moins embarrassée : elle en devient plus naturelle, plus vive, plus intéressante, & le lecteur plus curieux, plus attentif, plus ému.

862. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

L’éducation éminemment religieuse qu’on nous donnait chez les jésuites, les prières fréquentes, les méditations, les sacrements, les cérémonies pieuses répétées, prolongées, rendues plus attrayantes par la parure des autels, la magnificence des costumes, les chants, l’encens, les fleurs, la musique, exerçaient sur des imaginations d’enfants ou d’adolescents de vives séductions. […] Cette ferveur ascétique était le caractère dominant de son visage ; ses yeux bleus et vifs étant presque toujours perdus dans des regards qui ne voyaient de l’horizon que le ciel ; quelquefois ils étaient si visiblement retournés en sens inverse de la vision ordinaire qu’ils semblaient regarder en dedans plus qu’en dehors. […] Mais, le plus souvent, le long et obstiné silence de mon guide, la componction de son visage et de son attitude, le livre qu’il feuilletait, le mouvement imperceptible de ses lèvres qui prononçaient à demi-voix ses hymnes, les ténèbres de la forêt, le bruit des feuilles sous mes pieds, la fuite de l’eau gazouillant entre ses rives, le chant des oiseaux, les senteurs vives et enivrantes des simples de ces collines me portaient aussi à la contemplation. […] VII Et les enfants viendraient, penchés sur tes eaux vives, Regarder ce que Dieu sous la vague accomplit, Et le sacré vieillard qui me guide à tes rives S’assoirait pour prier sur les fleurs de ton lit,              Et de ses saisons passées              Les images retracées              Feraient jouer ses pensées              Autour de ses cheveux blancs,              Comme, quand l’hiver assiège              Le chaume qui les protège,              On voit dehors, sur la neige, Au seuil de leurs maisons jouer de blonds enfants ! […] D’abord ils frappent l’écho des brillants éclats du plaisir : le désordre est dans ses chants ; il saute du grave à l’aigu, du doux au fort ; il fait des poses ; il est lent, il est vif : c’est un cœur que la joie enivre, un cœur qui palpite sous le poids de l’amour.

863. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Quant aux Aryas qui firent la conquête de l’Inde, les Védas sont là pour attester qu’ils eurent un sens très vif de la réalité et de la pratique, un goût très décidé pour les biens de ce monde, une vigueur et une santé morales tout à fait inexplicables dans la période de l’infini. […] Enfin une méditation profonde et repliée sur elle-même, l’amour chaque jour plus vif et plus exclusif de la sagesse, portent la vieillesse à chercher toutes ses satisfactions dans la science. — L’enfance et l’art furent représentés par la Grèce, la jeunesse et la religion par le monde germano-chrétien ; l’Angleterre représente aujourd’hui l’âge mûr et l’industrie, et l’Allemagne, la nation de la science, fermera le cycle de la vie du genre humain. […] Et plus sont nombreux les hommes de génie et de vertu, plus grossit le trésor, plus s’augmente la somme de force vive au sein de la nation tout entière. […] Un homme a reçu de ses parens une imagination vive et prompte ; elle peut faire de lui un grand artiste ou un ignorant superstitieux : tout dépendra, au moins dans la plus large mesure, de la culture que recevra cette faculté naturelle. […] Ainsi, à l’en croire, « les hommes qui ont un grand front sont plus lents que les autres : ceux qui ont un front petit sont très vifs ; ceux dont le front est large ont des facultés extraordinaires ; ceux dont il est rond sont d’une humeur facile… Quand les sourcils sont droits, c’est le signe d’une grande douceur ; quand ils se courbent vers le nez, c’est un signe de rudesse.

864. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Cependant, Monsieur, je ferais tort à la vérité, si je ne disais pas que j’ai éprouvé, au milieu de ma confusion, un vif plaisir, et je me ferais tort à moi-même, si je dissimulais ma reconnaissance, qui a été plus vive encore, et qui a fait, la meilleure partie de mon plaisir. […] L’excellent Vinet est saisi d’effroi à la pensée d’être imprimé tout vif dans la Revue des Deux-Mondes ! […] Jamais je n’ai goûté autant la sobre et fine puissance de l’esprit, et je n’ai eu plus vif le sentiment moral de la pensée. […] Assez souvent je ressens pour cet auteur une vive sympathie intellectuelle et artistique ; une autre plus profonde, jamais. […] Et plus leur attachement à cette partie de leur religion paraît vif, mieux on apprécie la puissance et la vitalité du principe même de la tradition.

865. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Là commença de propos délibéré, et se poursuivit sans relâche, son lent et profond suicide ; rien que des défaillances et des frénésies, d’où s’échappaient de temps à autre des cris ou des soupirs ; plus d’études suivies et sérieuses ; parfois, seulement, de ces lectures vives et courtes qui fondent l’âme ou la brûlent ; tous les romans de la famille de Werther et de Delphine ; le Peintre de Saltzbourg, Adolphe, René, Édouard, Adèle, Thérèse, Aubert et Valérie ; Sénancour, Lamartine et Ballanche ; Ossian, Cowper, etc. […] Un soir, je lui trouvai de moins vives couleurs : Assise, elle rêvait : sa paupière abaissée Sous ses plis transparents dérobait quelques pleurs ; Son souris trahissait une triste pensée. […] Je le dis de souvenir plutôt que par un sentiment actuel et présent ; car à l’heure où j’écris ces lignes, engagé plus que jamais dans la vie critique active, je n’ai plus guère d’impression personnelle bien vive sur ce lointain passé. […] ce sont des esprits plutôt que des âmes ; ils habitent les régions moyennes ; ils n’ont pas pénétré fort avant dans les voies douloureuses et impures du cœur ; ils ne sont pas rafraîchis, après les flammes de l’expiation, dans la sérénité d’un éther inaltérable ; ils n’ont pas senti la vie au vif. […] « Recevez mes biens vifs remercîments, mon cher Sainte-Beuve, pour toute la peine que vous a donnée le laborieux enfantement de mes deux volumes au jour.

866. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

Les deux enfants de madame Lauter, après la disparition de son mari, grandissent et deviennent, Léon un artiste charmant, Geneviève une personne adorable et sensible : Albert et Rose, leur cousin et cousine germaine, avec qui ils ont grandi, ont aussi une vive fleur d’âme et de jeunesse.

867. (1875) Premiers lundis. Tome III « Armand Carrel. Son duel avec Laborie »

Aujourd’hui tout Paris ayant été informé, par les journaux, du malheureux événement qui avait fait hier, parmi ses amis, à la Chambre et dans quelques lieux publics, une sensation si vive, tout Paris s’en est ému.

868. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

On a tort cependant, si l’on oublie ses contes en vers d’autrefois, qui étaient d’un tour si vif et si preste.

869. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

La dernière, surtout nous charma par une exquise, fantaisie, par l’esprit le plus vif et le plus délicat, par une aimable grâce de poésie, par la finesse de la plaisanterie et la générosité de la pensée.

870. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — France, Anatole (1844-1924) »

J’y trouve une vive intelligence de l’histoire, une sympathie abondante, une forme digne d’André Chénier ; et je doute qu’on ait jamais mieux exprimé la sécurité enfantine des âmes éprises de vie terrestre et qui se sentent à l’aise dans la nature divinisée, ni, d’autre part, l’inquiétude mystique d’où est née la religion nouvelle.

871. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 448-452

On y voit un tableau de la Société, aussi vif que juste, finement dessiné, & capable de guérir les ridicules, si les ridicules n’étoient encore plus difficiles à vaincre que les vices.

872. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il répond à toutes les autres critiques dont on l’accablait alors, du ton d’un homme supérieur, et sa réponse est elle-même une satire assez vive des tragédies de ce temps-là, et même de celles de Corneille. […] Il ne cessait de prendre des leçons de cithare du virtuose Terpnus, et l’écoutait jusque bien avant dans la nuit, avec le plus vif enthousiasme. […] Je crois cependant que son Zaïre, vous pleurez , n’a pas produit dans la nouveauté une sensation si vive. […] Cet intérêt, moins vif, n’en est que plus doux pour les cœurs qui ne sont point blasés par les hurlements et les extravagances de certains amoureux épileptiques, plus dignes des Petites-Maisons que du théâtre. […] Les justes reproches du mari, la confusion et le désespoir de la femme auraient répandu une teinte sombre et lugubre sur la fin d’une comédie très enjouée, sans que l’intérêt fût assez vif pour dédommager de l’absence du comique.

873. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Là, on le retrouve ; on reconnaît l’auteur du Père Goriot, à la description nette et vive des costumes et des allures. […] Lorsqu’on ouvre les poésies de l’auteur que nous examinons, on est frappé dès les premiers vers de cette marche vive et preste à laquelle les poètes français n’habituent pas leurs lecteurs. […] Mais, malheureusement les impressions sont rapides chez lui autant que vives ; l’une chasse l’autre et à peine ces larmes commencent-elles à couler qu’une pensée souvent très différente de celle qui les excite arrive dans la tête de M.  […] Je crois qu’un beau palais ou un beau livre lui produisent une impression aussi vive qu’à qui que ce soit ; mais je ne sais trop si son jugement est à la hauteur de la vivacité de ses goûts. […] Personne comme lui ne sait mettre le doigt sur les intentions d’un auteur et faire ressortir les particularités de son génie ; il a une puissance très vive de pénétration et une sagacité merveilleuse.

874. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Son émotion, toutes les fois qu’il s’agissait d’une condamnation capitale, était vive : il n’hésitait pas dans la sentence quand il la croyait dictée par la conscience et par la vérité ; mais ses scrupules, son anxiété à ce sujet, démentent assez ceux qui, s’emparant de quelque lambeau de page étincelante, auraient voulu faire, de l’écrivain entraîné une âme peu humaine. […] De la part d’un esprit vif, hardi, résolu, cet entraînement s’explique à merveille. […] Dans son long séjour en Russie, ce noble esprit, si vif, si continuellement aiguisé par le travail et l’étude, n’a presque jamais été averti, n’a presque jamais rencontré personne en conversation qui lui dît Holà ! […] Pourtant, jusque dans l’excès de sa théorie pontificale, M. de Maistre ne faisait encore que marquer sa foi vive et à tout prix au gouvernement providentiel. […] C’est de lui surtout qu’il serait exact de dire ce qu’il a dit lui-même de tout écrivain, d’après Platon, que la parole écrite ne représente pas toute la parole vive et vraie de l’homme, car son père n’est plus là pour la défendre.

875. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Je ne parle pas de la philosophie : Descartes en avait créé la langue, et Bossuet n’a fait que la soutenir, mais à sa manière, en la rendant plus vive, plus pressante et plus colorée. […] Je le comprends : c’est le plus pénétré de ce vif intérêt que lui inspirent les choses humaines. […] C’est un historique vif et intéressant de l’origine et des progrès de la doctrine des auteurs mystiques. […] C’était, avec l’intérêt si vif des détails historiques sur la vie du Christ, leur religion dans sa simplicité, aussi loin de l’orgueilleuse recherche de perfection qui dessèche les âmes que de la pratique sans lumière qui les avilit. […] De là la satisfaction continuelle et égale qu’on éprouve à le lire, parmi d’autres plaisirs de goûts plus vifs et divers, selon les beautés qui se détachent de ce fond de justesse et de raison.

876. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Benjamin Constant y est venu de son côté ; à ce moment, l’Assemblée des notables, les conflits avec le parlement, excitent un vif intérêt ; la curiosité universelle est en jeu, et celle du nouvel arrivant n’est pas en reste. […] Il est un peu vif, mais point ombrageux, et je connais tant de bêtes ombrageuses et point vives, que ce contraste me prévient en faveur de la mienne plus que je ne saurais dire157. […] Barbet, le plus aimé qui fut jamais au monde, adieu. » Le moment où Benjamin Constant peut réfuter avec une entière sincérité les petites méfiances de Mme de Charrière et où il continue d’être pleinement sous le charme du souvenir est si court et si prompt à s’envoler, que nous donnerons encore quelques pages qui en sont la vive et bien affectueuse expression. […] alors je ne vous écrirai plus si souvent, parce que les vifs plaisirs de votre manière de vivre vous tiendront lieu de mon amitié. […] Une preuve qu’elle n’est pas uniquement une machine parlante, c’est le vif intérêt qu’elle prend à ceux qu’elle a connus et qui souffrent, Elle vient de réussir, après trois tentatives coûteuses et inutiles, à sauver des prisons et à faire sortir de France une femme, son ennemie, pendant qu’elle était à Paris, et qui avait pris à tâche de faire éclater sa haine pour elle de toutes les manières.

877. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Alors la vastitude de l’objet imprime un intérêt plus vif ; parce que tout ce qui a de la grandeur, & tout ce qui offre des images fortes, a des droits incontestables sur nous. […] Quand on veut rabaisser les Gens de Lettres, on parle encore de leurs querelles vives & quelquefois scandaleuses. […] On chérira encore cette beauté conventionnelle qui détruit des beautés plus vives, plus précieuses & plus naturelles. […] L’idée de la réalité n’est que passagère, & le tableau, par les touches vives qu’il reçoit des mots, affecte d’avantage. […] Emouvoir, éclairer, persuader, agir directement sur le cœur de l’homme ; le pénétrer, le remplir de sentimens vifs & profonds : tel est l’Art de l’Ecrivain.

878. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

. — Cependant Mme de Staël avait bien ses distractions aussi, son cercle d’adorateurs, M. de Schlegel, M. de Sabran, M. de Barante… ; elle aimait beaucoup ce dernier, dont elle avait mis quelques traits et quelques situations dans Oswald ; mais il dérivait un peu vers Mme Récamier… En mourant, elle ne témoigna aucun retour vif à Benjamin Constant qu’elle voyait pourtant tous les jours.

879. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

Dans sa pièce : Vive la France !

880. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

Le poète a su, et il n’y a pas de courage plus rare, se priver de tout ce qui serait développement superflu et ornement inutile ; mais chacune de ses strophes se termine par un trait vif et brillant comme une pointe de flèche, et indispensable quand on parle à des Français, pour qui tout doit être spirituel !

881. (1887) Discours et conférences « Discours à la conférence Scientia : Banquet en l’honneur de M. Berthelot »

Vive l’avenir !

882. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

Quoi-qu’il eût reçu de la nature une imagination vive & brillante, un caractere tendre & enjoué, & un génie véritablement poétique, nous doutons qu’il eût également réussi, s’il avoit écrit en François, Langue pauvre & timide en comparaison de celle qu’on parle en Languedoc.

883. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Et, dans ce travail qui voulait avant tout faire vivant d’après un ressouvenir encore chaud, dans ce travail jeté à la hâte sur le papier et qui n’a pas été toujours relu — vaillent que vaillent la syntaxe au petit bonheur, et le mot qui n’a pas de passeport — nous avons toujours préféré la phrase et l’expression qui émoussaient et académisaient le moins le vif de nos sensations, la fierté de nos idées.

884. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Et, dans ce travail qui voulait avant tout faire vivant d’après un ressouvenir encore chaud, dans ce travail jeté à la hâte sur le papier et qui n’a pas été toujours relu — vaillent que vaillent la syntaxe au petit bonheur, et le mot qui n’a pas de passeport — nous avons toujours préféré la phrase et l’expression qui émoussaient et académisaient le moins le vif de nos sensations, la fierté de nos idées.

885. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre II. Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques. »

Or, en répandant sur les peuples cette uniformité et, pour ainsi dire, cette monotonie de mœurs que les lois donnaient à l’Égypte, et donnent encore aujourd’hui aux Indes et à la Chine, le christianisme a rendu nécessairement les couleurs de l’histoire moins vives.

886. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Mais il s’en faut bien que le public soit aussi vif que nous sur cette matiere. […] Qui ne sent pas comme moi le contre-temps d’amuser le lecteur, lorsque son impatience est la plus vive ? […] Je n’ai point fait de retranchement qui ne me coûte de la part de Me D une mercuriale un peu vive. […] Cependant en tout tems et en tout pays, le but d’une comparaison est de donner une idée vive d’une chose, par les rapports qu’elle a avec d’autres. […] Il me semble que dans les narrations vives, il ne faudroit que de ces comparaisons rapides qui se confondent avec l’action même, et qui peignent, pour ainsi dire, chemin faisant.

887. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Il protesta qu’il auroit le déserteur mort ou vif. […] Les observantins ne doutèrent point qu’ils n’allassent être brulés tout vifs. […] Au bout de ce temps-là, plus morts que vifs, ils sont introduits : ils tombent tous à ses pieds, le visage prosterné contre terre & baigné de larmes. […] De-là ces remontrances si vives de ce corps au roi, & les réponses si sages du roi. […] Rome se rendit à leurs vives instances : elle condamna, dès 1641, le livre intitulé Augustin.

888. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Son style concis, énergique, tout flamme et couleur, exprime ce que le génie italien a de sombre, d’impétueux et de brûlant ; ses figures vives et audacieuses, tout ce qu’il a de tristesse passionnée. […] Car, si l’orgueil joint à l’ignorance les convainquit que ses victoires sur eux tenaient du sortilège, leur superstition fut monstrueuse : s’ils feignirent de la croire sorcière pour la brûler vive, leur lâche vengeance est plus monstrueuse encore. […] Il vous l’exprime formellement encore : « Soyez vif et pressé dans vos narrations. […] Est-ce une action vive et soudaine que veut peindre Boileau dans le lutrin ? […] Vous rencontrerez aussi chez Delille quelques réminiscences involontaires des vers de Lebrun, qui traduisit cet épisode avant lui : mais quel mouvement plus vif dans Lebrun !

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