Enfin, si Corneille et Milton (qui passa par Paris vers ce temps-là) se rencontrent, par hasard, sur la place Dauphine, ils ne se quitteront pas sans avoir deviné, Corneille le monument de Desaix, et Milton l’élévation de Cromwell encore inconnu.
Raoul-Rochette dans leur jeunesse l’auraient pu si parfaitement donner : de pareilles conditions réunies sont difficiles à rencontrer sans doute, elles ne sont pas introuvables pourtant dans les rangs rajeunis de l’Université ou de l’Institut.
Dans sa revue de la société, au premier plan, se rencontraient la philosophie éclectique de la Restauration et la politique doctrinaire, l’une déjà morte, l’autre toujours vivace.
Des associations de ce genre se rencontrent à chaque instant. — On lève la nuit les yeux vers le ciel étoilé, et l’on se dit que chacune de ces pointes brillantes est une masse monstrueuse semblable à notre soleil. — On marche dans les champs vers le soir en automne, on remarque des fumées bleues qui montent tranquillement dans les lointains, et à l’instant on imagine sous chacune d’elles le feu lent que les paysans ont allumé pour brûler les herbes sèches. — On ouvre un cahier de musique, et, pendant que le regard suit les ronds blancs ou noirs dont la portée est semée, l’ouïe écoute intérieurement le chant dont ils sont la marque. — Un cri aigu d’un certain timbre part d’une chambre voisine, et l’on se figure un visage d’enfant qui pleure parce que sans doute il s’est fait mal. — La plupart de nos jugements ordinaires se composent de liaisons semblables.
Soyez sûrs qu’en vous proposant de n’en jamais mettre dans votre discours, il s’y en rencontrera toujours assez.
Saint Grégoire de Nazianze, en une de ses lettres, raconte que, « chaque fois qu’il rencontrait une femme dont le mariage avait comblé les entrailles, il la saluait du plus profond de son âme ».
C’est de cette façon que nous avons le plus de chance de nous rencontrer avec eux.
De là les irrégularités, les exceptions que les physiologistes rencontrent toutes les fois qu’ils veulent soumettre à des lois rigoureuses les rapports du cerveau et de la pensée.
Cet autel doit dire aux siècles futurs que deux hommes des anciens jours se rencontrèrent dans le chemin de la vie ; qu’après s’être traités comme deux frères, ils se quittèrent pour ne se revoir jamais, et pour mettre de grandes régions entre leurs tombeaux.
S’il ne s’est point plongé dans les idées du jour, c’est qu’il leur a été supérieur : nous prenons sa puissance pour sa faiblesse ; son secret et le nôtre sont renfermés dans cette pensée de Pascal : « Les sciences ont deux extrémités qui se touchent : la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent les hommes en naissant ; l’autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien, et se rencontrent dans cette même ignorance d’où ils sont partis ; mais c’est une ignorance savante qui se connaît.
Rencontré-je un beau point de vue ?
Je me moque de ces conditions ; cependant, quand elles se rencontrent dans un morceau de peinture par hasard, sans que le peintre ait eu la pensée de les y introduire, sans qu’il leur ait rien sacrifié, elles me plaisent.
Il traçoit sur la terre des figures avec sa houlette, quand il se rencontra une personne qui fit attention sur les amusemens de cet enfant, et qui se chargea de lui procurer une éducation plus convenable à ses talens que celle qu’il recevoit du païsan qui le nourrissoit.
À dater de ce moment, la Béatification de Christophe Colomb fut résolue… Pour s’être rencontré avec l’intuition latente au cœur mystique de Pie IX, le comte Roselly de Lorgues fut solennellement désigné pour être, en style de chancellerie romaine, « le postulateur de la cause auprès de la Sacrée Congrégation des Rites ».
J’ai dit un jour qu’il prononçait les finales « euse » comme nous autres Lorrains, exactement, mais Emile Hinzelin m’aide à saisir une nuance plus exacte de la vérité : mon ami, lui aussi, croyait reconnaître du lorrain dans cet accent du Rethelois un peu dur et prolongeant la fin des phrases, mais un savant archéologue, qu’il a rencontré à Vouziers, et qui fut le condisciple de Taine, lui a signalé quelques différences.
Dans le développement de cette idée, nous nous sommes plus d’une fois rencontré avec M.
Suard, y rencontrait donc une nuance suffisamment conforme à celle de sa pensée et un cadre commode à des essais de plus d’un genre. […] Hostile au dix-huitième siècle et à son scepticisme, plus qu’à la Révolution, dont il acceptait les résultats, sauf à les interpréter et à les modifier, il rencontrait une disposition assez contraire chez Mlle de Meulan. […] C’est par là qu’il la faut distinguer assez essentiellement de Mme Necker de Saussure, cet autre auteur excellent, et avec laquelle elle s’est rencontrée d’ailleurs sur tant de détails, comme Mme Necker elle-même se plaît à le faire remarquer en maint endroit de son second volume.
Les conditions contraires se rencontrent en France. — Désœuvrement de la haute classe. — La philosophie semble un exercice d’esprit. — De plus, elle est l’aliment de la conversation. — La conversation philosophique au XVIIIe siècle […] Un seigneur de la cour ayant vu le tableau de Doyen, Sainte Geneviève et les pestiférés, fait le lendemain venir le peintre dans sa petite maison chez sa maîtresse509 : « Je voudrais, lui dit-il, que vous peignissiez madame sur une escarpolette qu’un évêque mettrait en branle ; vous me placeriez, moi, de façon que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant, et même mieux, si vous voulez égayer davantage votre tableau. » La chanson si leste sur Marotte « court avec fureur » « au bout de quinze jours que je l’ai donnée, dit Collé, je n’ai rencontré personne qui n’en eût une copie ; et c’est le vaudeville, je veux dire l’assemblée du clergé, qui fait toute sa vogue » Plus un livre licencieux est irréligieux, plus il est goûté ; quand on ne peut l’avoir imprimé, on le copie. […] Je suis chargé de vous offrir de vous réunir à nous pour ne faire qu’un seul cahier. » — « Il faut trois qualités à un député, dit le marquis de Barbançon au nom de la noblesse de Châteauroux : probité, fermeté, connaissances ; les deux premières se trouvent également dans les députés des trois ordres ; mais les connaissances se rencontreront plus généralement dans le Tiers-état, dont l’esprit est exercé aux affaires. » — « Un nouvel ordre de choses se déploie à nos yeux, dit l’abbé Legrand au nom du clergé de Châteauroux ; le voile du préjugé est déchiré, la raison en a pris la place.
Ils disparaissent et rencontrent en courant dans la nuit vers la ville une horde de sorciers qui s’agitent autour d’un gibet dressé dans l’ombre. […] Dussé-je la voir pour la dernière fois, je veux du moins rencontrer encore le regard plein de franchise de cet œil noir. […] Goethe, très jeune encore à l’époque où son nom avait éclaté tout à coup par Werther en Europe, avait eu la bonne fortune de rencontrer sur les bords du Rhin le jeune prince héréditaire de Weimar, le duc Charles-Auguste.
Ajoutez que, s’il est rencontré dans son âge de faiblesse par un autre homme isolé plus fort que lui, il devient à l’instant sa victime ou son esclave ; en sorte que le premier phénomène que présente la première société, c’est un maître et un esclave, un bourreau et une victime, jusqu’à ce que par les années la force du plus âgé devienne faiblesse, et la faiblesse du plus jeune devienne force et oppression, que les rôles changent, et que l’esclavage alternatif passe de l’un à l’autre avec la force brutale. […] Fermons donc ce livre, et plaignons le philosophe d’avoir rencontré un tel peuple pour l’admirer, et plaignons le peuple d’avoir eu un tel philosophe pour législateur ! […] Cette définition, que nous n’avons malheureusement rencontrée jusqu’ici dans aucun publiciste moderne, et qui est pour nous à l’état d’évidence, élève le législateur véritable à la dignité d’oracle, fait du commandement un sacerdoce civil, de l’obéissance un devoir, de l’amour de la patrie un culte, et du dévouement des citoyens au gouvernement une sainteté.
D’ailleurs, en admettant qu’un jury, sauvage appréciateur des circonstances, de l’urgence, de la pitié du misérable, l’eût condamné à cinq ans de travaux forcés pour cette bonne action d’un oncle devenu un moment fou de miséricorde pour sa famille, quand la loi de 1795 ne le condamnait qu’à un an de prison ; quand on l’aurait ensuite condamné à mort pour le vol d’une pièce de quarante sous à un enfant qui n’avait de témoin que ses larmes ; quand toutes ces pénalités romanesques seraient aussi vraies qu’elles sont heureusement fausses, y avait-il là quelque chose qui fût de nature à changer en bête féroce un pauvre homme injustement condamné, et à en faire un assassin d’occasion du seul homme de Dieu qu’il eût rencontré à son premier pas sur sa route, l’évêque de Digne ? […] dit-il ; ne trouvez-vous pas qu’il serait regrettable que nous nous fussions rencontrés en vain ?” […] X Rectifions-les partout où nous les rencontrons, même sur les lèvres d’un saint ; les bonnes intentions n’excusent que les incapables.
Toutefois, ces difficultés de forme ne suffisent pas à expliquer la résistance que ces écrivains rencontrent dans une grande partie du public. […] En prenant son œuvre comme la représentation éminente du réalisme français, je ne pense pas rencontrer de contradicteurs. […] Pouchkine l’a rencontrée, cette balle que des admirateurs ont osé souhaiter à Lamartine. […] Vous les rencontrerez surtout dans les vieilles provinces, où Gogol les a perdus sans achever leur histoire. […] Je voudrais rapprocher l’écrivain russe de ses maîtres naturels et le rencontrer à mi-hauteur entre Cervantès et Lesage.
C’est à Nantes que nous rencontrons pour la première fois des actes authentiques, de vraies preuves, des mentions sur les registres municipaux. […] Il est vrai, qu’en ce temps-là déjà l’air précieux avait gagné la province et qu’on pouvait un peu partout, aussi bien qu’à Montpellier, rencontrer Cathos et Madelon. […] D’Assoucy, qui serait bien étonné de passer pour une autorité, rencontra les comédiens à Lyon, au mois d’avril 1655. […] ou plutôt quels cris n’a-t-on pas poussés pour avoir rencontré dans la correspondance de Mme de Sévigné telle phrase que l’on sait sur les « pendaisons » de Bretagne ! […] Aussi ne s’agit-il plus que de rencontrer ces quatre vers ou ces quatre lignes.
Plus paresseux au fond que vraiment curieux, il ne veut apprendre que ce qu’il sait, entendre que la musique qui chante dans sa mémoire, voir que ce que ses yeux ont cent fois rencontré. […] quelle bonne fortune pour un auteur de rencontrer un critique qui le gobe, mais là, comme il faut, et non pas qui le loue du bout des dents ! […] Si, par impossible, il se rencontrait un de ces « échappés », cet ours de la forêt ou de la montagne, sans culture et vivant dans une systématique ignorance de tout, ne serait compris que de ses oursons et de son ourse. […] Je viens de rencontrer, dans une élégie de Ronsard, un vers qui m’a surpris, parce qu’il exprime une restriction modeste et sage à laquelle ce poète ambitieux ne nous a point accoutumés. […] Mais une strophe bien faite de cinq petits vers ne prouve pas que le poète qui l’a peut-être rencontrée par un exceptionnel bonheur, fût un maître dans l’art de versifier et d’écrire.
Voici cependant comment le hasard lui fit rencontrer son « beau-père ». […] J’avoue pourtant que je m’attendais à plus de crudités que je n’en ai rencontrées dans le livre ; M. […] Une puissance émanait d’elle et prenait tout ce qu’elle rencontrait d’attention. […] La première fois qu’ils s’étaient rencontrés c’était en Suisse. […] Je savais bien que, sous un nom ou sous un autre, elle est en train de faire le tour du monde ; mais je ne m’attendais pas à la rencontrer aussi loin.
L’histoire est assise sur des tombes ; c’est là que Michelet la rencontra sans la reconnaître encore. […] Les escadres se cherchent, se rencontrent, s’attaquent. […] Qui de nous ne l’a rencontré durant ces années ? […] Nous rencontrerons Tabaqui, le chacal, et l’ours Baloo. […] C’est ainsi que, vagabonde et errante, la rencontrèrent les Parnassiens de 1864.
Même dans les Odes je trouve, outre cette fluidité de diction qui est propre à Lamartine, une largeur de mouvement et comme une ampleur de geste qui ne se rencontraient guère dans J. […] Ne se rencontrent-ils pas enfin, par un détour, avec le poète des Harmonies ? […] Les lacunes, les négligences de style, les incorrections de langue y abondent, car les forces de l’artiste ne suffisent pas toujours à sa tâche ; mais les parties admirables qui s’y rencontrent sont de premier ordre. » VII.Le Fragment du livre primitif et les Recueillements. […] Nous l’avons rencontrée, éparse, dans les Méditations, dans les Harmonies, dans Jocelyn. […] Nous rencontrons ici le problème de l’existence du mal : Le sage en sa pensée a dit un jour : « Pourquoi, Si je suis fils de Dieu, le mal est-il en moi ?
Lanfranc, pour se dépiquer une nuit qu’il est au désespoir, fait un pamphlet plein de verve et de feu sur les contrariétés et les ridicules qu’il a rencontrés depuis deux mois, (le pamphlet est la comédie de l’époque). […] Les auteurs, les grands seigneurs, les juges, les avocats, les hommes de lettres de la trésorerie, les espions, etc., qui parlent et agissent dans cette comédie, sont tels que nous les rencontrons tous les jours dans les salons ; pas plus affectés, pas plus guindés qu’ils ne le sont dans la nature, et certes c’est bien assez. […] Je ne vois qu’une ressource, il faut le refaire, il faut présenter à l’avide vanité de nos jeunes gens seize volumes de jugements tout faits sur toutes les questions littéraires qu’on est exposé à rencontrer dans les salons. […] … Soyez clair et élégant, et vous serez sûr de ne pas vous rencontrer avec ceux qui ont inventé cette absurde distinction. […] Vous ne demandez plus de cet homme que vous rencontrez dans la société à Dijon ou à Toulouse : Quel est son ridicule ?
Aussi n’ont-ils jamais connu de Héros que ceux chantés et glorifiés dans la splendeur des Épopées, mais ils ne savent pas distinguer une âme héroïque et des désirs tragiques sous le masque énigmatique du passant rencontré. […] Sur les vélodromes et dans les antichambres des revues, il est désormais fréquent de rencontrer le barrésiste. […] Mais l’homme rencontrait ici une faune asservie, des fleurs comme attentives, proportionnées à ses désirs, qui semblaient lui offrir amoureusement les douceurs des saveurs, des miels et des ombrages. […] Dans son œuvre, on n’entreverra pas ces féeries allégoriques et emphatiques où se complaît l’imagination saxonne, les menus bocages, les molles collines où se joua la poésie hellène, n’espérez pas surtout y rencontrer ces mille fadeurs, et ces mysticités malsaines qui amollissent la pensée contemporaine. […] « Je voudrais rencontrer, dit-il, une brute, un être primitif et sensitif, frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris sans le savoir, de quelque Ève, apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules.
J’avais à ce qu’il paraît hier, chez moi, au milieu du tout-Paris, des gens dûment brouillés, et qui ne consentiraient à aucun prix à se rencontrer dans le même salon. […] J’avais le projet de dîner dans un restaurant de la rive droite, où je serais sûr de ne rencontrer âme qui vive de ma connaissance, puis battre jusqu’à neuf heures, les rues désertes dans le voisinage de l’Odéon. […] Le reste de la presse assez ergoteuse, déclarant que ma pièce est une œuvre ordinaire, où cependant se rencontrent une certaine délicatesse, et un style sortant de l’écriture courante des drames de tout le monde… En lisant les journaux, je suis frappé par la sénilité des idées et des doctrines chez les critiques dramatiques. […] Un jour de l’année de ses dix-sept ans, un jour d’hiver où il n’avait pu payer sa chambre, et où on lui avait refusé sa clef, il fut contraint de se promener toute la nuit, pour qu’on ne le ramassât pas, et le matin, en face de cette fontaine, quand il était mort de fatigue et de froid, il eut la chance de rencontrer un ami qui lui donna la clef de sa chambre, et le bonheur inappréciable de se fourrer dans un lit encore chaud. […] Des invités que je connais, Mme de Nadaillac, le comte de Nieuwerkerke, qui se trouve en ce moment à Paris, et qu’il y a quinze ans que je n’ai rencontré, Delaunay de l’Institut, Lambert, l’aquarelliste des chiens et des chats, Charles Ephrussi, Strauss, l’avocat.
A certains jours même, Ormin doit rencontrer, autour des pots, Théophile, Saint-Amand, Faret, Colletet le fils, et Tristan, et Brécourt, et Chapuzeau. […] Dumas ne signale ici que quelques cas très spéciaux, nous avons le chagrin de la rencontrer presque partout. […] Un jour je l’ai rencontré ; c’est là mon crime. […] Mais qui de vous serait fâché de rencontrer Clotilde sur son chemin ? […] Là, il a rencontré Clotilde, il l’a vue souvent, il s’est plu dans sa compagnie.
On veut jouir, imaginer, penser, car le désir croît avec l’attrait, et ici tous les attraits se rencontrent. […] Le pape l’avait nommé cardinal et lui avait envoyé son chapeau jusqu’à Calais, mais la tête était tombée avant que le chapeau fût dessus, de sorte qu’ils ne se rencontrèrent pas. — Le premier de juillet, sir Thomas More fut décapité pour le même crime, c’est-à-dire pour avoir nié que le roi fût chef suprême de l’Église. » Aucun de ces meurtres ne semble extraordinaire ; les chroniqueurs en parlent sans s’indigner ; les condamnés vont au billot paisiblement, comme si la chose était toute naturelle. […] Je sais que, si j’y vais, j’aurai la compagnie de gens meilleurs que moi, et j’y rencontrerai aussi quelques bons drôles à tête chaude, et pourvu que je n’y sois pas cloué seul, je ne m’en soucie pas… Si je ne craignais pas plus les juges du Banc du Roi que je ne crains Dieu, j’irais, avant de me coucher, fourrer ma main dans le sac d’un bourgeois ou d’un autre. » Un peu après, il a des remords, il se marie, peint en vers délicieux la régularité et le calme de la vie honnête, puis revient à Londres, mange son bien et la dot de sa femme avec une drôlesse de bas étage, parmi les ruffians, les entremetteurs, les filous, les filles, buvant, blasphémant, s’excédant de veilles et d’orgies, écrivant pour avoir du pain, quelquefois rencontrant parmi les criailleries et les puanteurs d’un bouge des pensées d’adoration et d’amour dignes de Rolla, le plus souvent dégoûté de lui-même, pris d’un accès de larmes entre deux buvettes, et composant de petits traités pour s’accuser, regretter sa femme, convertir ses camarades, ou prémunir les jeunes gens contre les ruses des prostituées et des escrocs. […] Ce sont là les férocités du moyen âge ; on les rencontrerait encore aujourd’hui dans les compagnons d’Ali-Pacha, dans les pirates de l’Archipel ; nous en avons gardé l’image dans ces peintures du quinzième siècle qui représentent un roi avec sa cour tranquillement assis autour d’un homme vivant qu’on écorche ; au centre, l’écorcheur à genoux qui travaille avec conscience, fort attentif à ne point gâter la peau44. […] Impossible de rencontrer une femme plus raisonnable et plus raisonneuse.
Aussi suis-je surpris de voir avec quel sans-façon et quel ton de supériorité des écrivains qui sont plus ou moins historiens, ont parlé de lui quand ils l’ont rencontré sur leur chemin à titre de témoin et de confident diplomatique dans les grandes affaires de Rome. […] Il comprit la question posée par la Constituante dans toute son étendue, et, devançant dès novembre 1790 l’heure du Concordat, il disait : Si l’on aimait le bien, la paix et l’ordre ; si l’on était de bonne foi ; si l’on était attaché à la religion qui seule est l’appui de toute autorité et de toute forme de gouvernement, jamais pape n’a été plus porté à la conciliation que celui-ci… Mais, si l’on veut tout détruire et faire une religion nouvelle, on y rencontrera des difficultés plus grandes qu’on ne croit.
Cela le conduit à imputer au faux et insuffisant pilote qui s’est rencontré, à M. […] M. de Meilhan avait encore composé dans ces années un roman en quatre volumes intitulé L’Émigré, et qui fut imprimé à Hambourg en 1797 ; je ne doute pas qu’il ne doive contenir des observations curieuses sur cette France d’outre-Rhin et cette société errante, mais je n’ai pu le trouver nulle part ni rencontrer personne qui en eût connaissance30.
Ce régiment, par le plus grand des hasards, se trouva le seul des deux cents régiments de France où le jeune officier pût rencontrer la veine mystique après laquelle il aspirait vaguement. […] Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre.
Toutefois les talents militaires de Villars se dessinèrent avec éclat, et s’il eût rencontré un autre homme que cet électeur, on aurait vu des événements extraordinaires. […] Un principe m’a guidé en l’étudiant : sous peine de rapetisser son objet et de voir d’une vue basse, il faut avant tout chercher dans chaque homme distingué, et à plus forte raison dans un personnage historique, la qualité principale, surtout quand elle a rencontré les circonstances et l’heure propice où elle a eu toute son application et tout son jeu.
Elle rompait là-dessus des lances avec ses parents et amis d’autrefois : et cependant, quand l’Empereur rencontrait Mme de Coigny aux Tuileries, la sachant femme avant tout, prompte aux bons mots et aux reparties, il lui arrivait le plus souvent de lui demander : « Comment va la langue ? […] ) Mais elle a mieux fait que de traduire ces vers comme je viens de l’essayer ; elle a rencontré la même impression que le poète, et l’a vraiment égalé dans cette note si fidèle et si harmonieuse, trouvée à quelques jours de là : Il fait aujourd’hui un de ces jours grisâtres où la nature est silencieuse, le paysage terne, les nuages presque immobiles ; en un mot, un de ces temps modestes où l’on craint de faire du bruit, de peur de réveiller le vent ou d’amener le soleil.
À cet âge de première jeunesse, c’était un grand jeune homme long et même assez fluet, le front assez beau et spécieux, la nuque très-mince ; toujours les mains dans ses poches ; vous accostant dès qu’il vous rencontrait et ne vous lâchant plus, fussiez-vous allé par un temps de pluie d’un bout de Paris à l’autre. […] C’était une calamité de le rencontrer le matin ; il soufflait froid sur vous pour toute une journée.
Du Caire, il se dirige vers l’Asie en longeant le Delta, et cette triste route monotone est décrite avec une fidélité vive, précise, et sans charge : « Pour arriver à El-Arich, nous n’avons, pendant douze jours, rencontré qu’un groupe d’Arabes à cheval, qui, sans doute, nous ont trouvés trop bien disposés, et qui se sont contentés de nous suivre pendant deux lieues à peu près. […] … » « D’El-Arich à Gaza, le pays change de figure ; le sable se couvre de petits buissons, puis on commence à rencontrer des pierres, puis des troupeaux ; enfin on entend un peu de bruit ; le silence est encore une chose qui fait une véritable impression ; on cherche pendant longtemps ce qui manque à la vie, et tout à coup… » Horace Vernet a, depuis, imprimé quelques-uns de ces passages dans une brochure sur les Costumes de l’Orient, il a ôté les familiarités et n’a laissé que le noble et le grave, ce qui allait à son but.
Aujourd’hui nous rencontrons dans cette même direction M. […] Il a rencontré des contradictions de deux sortes.
L’ancienne France et la France nouvelle, le vieux maréchal disciple de Boufflers et le jeune colonel d’après Marengo se rencontrent dans un sentiment d’esprit patriotique et de moralité militaire élevée, Austerlitz semblait présager à Franceschi le plus beau sort. […] Mais la Junte prétendait ne l’échanger que contre le général Palafox, pris à Saragosse, contre celui-là et contre nul autre, et cette exigence ne rencontra que refus.
Pense avec un religieux transport que toutes ces religions ne cherchent qu’à ouvrir tes organes et tes facultés aux sources de l’admiration dont tu as besoin… Marchons donc ensemble avec vénération dans ces temples nombreux que nous rencontrons à tous les pas, et ne cessons pas un instant de nous croire dans les avenues du Saint des Saints. » N’est-ce pas un prélude des Harmonies qu’on entend ? […] La renommée, un héritage opulent, un mariage conforme à ses goûts et où il devait rencontrer un dévouement de chaque jour, tout lui arriva presque à la fois ; sa vie depuis ce temps est trop connue, trop positive, pour que nous y insistions.
Ce qui la caractérise en ce moment cette littérature, et la rend un phénomène tout à fait propre à ce temps-ci, c’est la naïveté et souvent l’audace de sa requête, d’être nécessiteuse et de passer en demande toutes les bornes du nécessaire, de se mêler avec une passion effrénée de la gloire ou plutôt de la célébrité, de s’amalgamer intimement avec l’orgueil littéraire, de se donner à lui pour mesure et de le prendre pour mesure lui-même dans l’émulation de leurs exigences accumulées ; c’est de se rencontrer là où on la supposerait et où on l’excuse le moins, dans les branches les plus fleuries de l’imagination, dans celles qui sembleraient tenir aux parties les plus délicates et les plus fines du talent. […] Buloz, qui cumulait les soins de directeur de la Revue des Deux Mondes et les fonctions de commissaire royal près le Théâtre-Français, ayant été reçu en audience par Louis-Philippe, et celui-ci, selon son habitude peu royale, s’étant mis à se plaindre et à gémir sur les difficultés qu’il rencontrait à gouverner, M.
Comme nous l’avons déjà observé pour mademoiselle de Meulan et pour d’autres esprits influents sortis du même milieu, nous rencontrons ici un nouvel exemple d’un intéressant berceau placé dans cette haute classe moyenne, au sein de cette haute société administrative qui vivait avec l’aristocratie sans en être, et qui devait, dans la génération prochaine, la remplacer. […] Les grands désastres de Charles appartiennent en propre à l’histoire de la Suisse, dont ils sont comme le plus glorieux butin, et, par cet aspect, ils ont rencontré naturellement pour narrateur et pour peintre l’admirable Jean de Muller, le plus antique des historiens modernes.
S’étant croisé en 1248, il avait rencontré saint Louis à Chypre : la droiture, la vivacité, la gaieté de ce chevalier de vingt-quatre ans avaient séduit le roi, aux côtés de qui il resta pendant les six années de cette croisade de misère. […] En septembre, il rencontra saint Louis à Chypre.
Sur leurs terribles carnets ils ont couché tout ce que leurs yeux et leurs oreilles ont rencontré, choses et hommes, meubles et idées ; plus sensitifs qu’intelligents, ils ont à l’ordinaire curieusement fixé l’aspect des choses, cruellement aplati les idées des hommes. […] Les deux œuvres les plus considérables que nous rencontrions, dans ces vingt dernières années, à côté du naturalisme, sont celles de MM.
Paula Yvor demeure à Paris, et nous avons probablement quelquefois rencontrée dans le dédale des petites rues qui entourent le chevet de l’église Saint-Germain des Prés. […] Elle est rencontrée sur la route par un monsieur qui la remarque.
Sans doute, tous les socialistes n’acceptaient pas, même en ce temps-là, ces doctrines si peu conformes à la tradition française ; mais l’école qui les propageait rencontra des esprits préparés à les accueillir, parce qu’il y avait alors un véritable interrègne d’idéal ; elle profita de son accord avec les opinions ambiantes et elle put croire durant quelques années qu’elle avait triomphé, comme elle s’en vantait, « de l’illusion juridique ». […] Sans doute je pourrais citer l’éloge enthousiaste d’un Lamoignon par Boileau, d’un Mathieu Molé ou d’un Michel de l’Hospital par Voltaire ; on rencontrerait aisément des pages à la gloire d’un d’Aguesseau ou d’un Malesherbes.
Devenu homme de lettres, Lesage rencontra un protecteur et un conseiller utile dans l’abbé de Lionne, l’un des fils de l’habile ministre. […] Toutes les formes de la vie et de l’humaine nature se rencontrent dans Gil Blas, — toutes, excepté une certaine élévation idéale et morale, qui est rare sans doute, qui est jouée souvent, mais qui se trouve assez réelle en quelques rencontres pour ne pas devoir être tout à fait omise dans un tableau complet de l’humanité.
Hégésippe Moreau, en entrant dans la vie, avait pourtant rencontré deux familles, on l’a vu, plus que disposées à l’accueillir et presque à l’adopter. […] Ne l’ayant pas rencontré, il fit un tour de promenade dans la place et écrivit au crayon les vers suivants sur sa carte, qu’il vint remettre l’instant d’après ; Si tu voyais une anémone, Languissante et près de périr, Te demander, comme une aumône, Une goutte d’eau pour fleurir ; Si tu voyais une hirondelle, Un jour d’hiver, te supplier, À ta vitre battre de l’aile, Demander place à ton foyer ; L’hirondelle aurait sa retraite, L’anémone, sa goutte d’eau : Pour toi que ne suis-je, ô Poète, Ou l’humble fleur ou l’humble oiseau !
En juin 1757 (il avait vingt ans), il rencontra pour la première fois Mlle Suzanne Curchod que toute la ville de Lausanne n’appelait que la belle Curchod, et qui ne pouvait paraître dans une assemblée ni à une comédie sans être entourée d’un cercle d’adorateurs. […] Dans une lettre où elle s’excuse de ne pouvoir leur présenter deux jeunes Zurichois, elle nous les montre ne pouvant se contraindre dans leurs propos, travaillant le matin dans leur cabinet, puis causant tout le reste du jour : Le matin est consacré à l’étude, et ils ont une si grande liberté de penser, qu’ils ne peuvent se résoudre à rencontrer un visage inconnu dans les maisons qu’ils fréquentent ; car qui dit liberté de penser, sous-entend un désir violent de parler ; j’en vois quelques-uns, et heureusement leurs mœurs, qui sont très honnêtes, corrigent l’impression de leurs principes, sans quoi il vaudrait mieux renoncer à ce genre de société.
On raconte qu’au sortir d’Avallon, il rencontra deux autres jeunes gens aussi peu en fonds, mais aussi confiants que lui. […] L’effet que le cardinal Maury fit sur le comte de Maistre répondit peu sans doute à l’attente de ce dernier, et il fut frappé de rencontrer, chez un personnage aussi célèbre et aussi hautement considéré en politique, un si grand nombre de propositions hasardées, irréfléchies, de ces paroles en l’air et de ces légèretés robustes qui retombent de tout leur poids sur celui qui les dit.
En Russie, Bernardin s’était fait un ami intime d’un homme cordial et bon qu’il y avait rencontré, le Genevois Duval, joaillier de la Couronne. […] Je n’ai pu toutefois parvenir à fixer le moment précis de la grande crise nerveuse de Bernardin, quand il se montre à nous (préambule de L’Arcadie) frappé d’un mal étrange, sujet à des éclairs qui lui sillonnent la vue, voyant les objets doubles et mouvants, et, dès qu’il rencontrait du monde dans les jardins publics et dans les rues, se croyant entouré d’ennemis et de malveillants.
Il faut avouer que ses compliments sont à peu près dans ce goût : « Autrefois, je ne vous connaissais pas, je ne vous lisais pas, je ne rencontrais que des gens qui me disaient du mal de vos romans… Maintenant tout est changé… alors je vous lis, je vous lis avec un grand plaisir… et vous trouve vraiment beaucoup de talent… Mais au fait, on dit que vous avez aussi publié des livres d’histoire très curieux… moi je n’y croyais pas, quand j’ai commencé à lire vos romans… je les ai trouvés si bien, que ça me mettait en défiance contre vos autres livres… Je me disais : ils sont trop romanciers pour être des historiens… » * * * — Voltaire n’a que l’esprit, tout l’esprit d’une vieille femme du xviiie siècle ; mais jamais de son esprit ne jaillit une pensée, ayant la moindre parenté avec une pensée de Pascal, avec une pensée de Bacon, avec n’importe quelle pensée d’une grande cervelle philosophique. […] Vendredi 28 octobre Aujourd’hui, en montant la rue Saint-Georges, mes yeux rencontrent dans le ciel, au fond de la place, un immense placard où se lit en lettres colossales : La Faustin : un placard regardant la maison, où mon frère et moi avons passé tant d’années, sans publicité, sans bruit, sans renommée.
Mais il ne faut pas oublier que l’ouïe et la vue rendent pour nous sensibles, dans les vibrations mêmes de l’air et de la lumière, les changements apportés à la direction et à l’amplitude de ces vibrations par les corps qu’elles ont rencontrés ; lorsque ces corps sont agités par des ondes nerveuses, celles-ci, arrivent Jusqu’à nous, portées pour ainsi dire par les ondes lumineuses ou sonores. […] C’est cette antinomie que rencontrent les architectes et les ingénieurs.
Il ne s’est pas encore rencontré un administrateur assez osé pour enlever la housse. […] Les seuls Espagnols authentiques que j’aie rencontrés à Luchon sont complètement en dehors du type prétendu : à voir ces nez épatés, ces yeux longs où dort un regard stupide, ces larges lèvres retombant sur le menton en margelles de puits, ces têtes plates serrées d’un foulard qui pourrait bien n’être que le turban corrompu, on dirait des Asiatiques — et pas du tout nos voisins d’outre-Pyrénées.
que celle d’un homme de tant de cœur inaperçu dans son esprit, à qui on a nié la vie parce qu’il n’était pas débraillé, à qui on a nié le charme parce qu’il n’était pas une catin, mais une honnête femme littéraire, et qui a rencontré le préjugé dans toutes ses voies, et un préjugé qui ne l’insultait pas, mais qui se contentait de le classer de travers. […] Enfin, si la douleur, la douleur mortelle de sa vie, fut de boiter, de traîner son aile, c’est, qu’il ne pouvait rien à cela ; c’est que l’homme s’appelle infirme quand il a rencontré dans son corps quelque chose de plus fort que son âme, et qu’être infirme est la plus cruelle des afflictions d’une créature qui a soif d’immortalité !
… Pour notre part, nous en doutons, mais, en supposant un silence absolu qui paraît impossible, est-ce que la réflexion d’un moderne pouvait oublier, elle, l’âme générale de ce soulèvement prodigieux, et dans un livre, fait à la distance de tant de siècles, ne devions-nous donc rencontrer que la plume d’un courtisan d’Attila, et sans qu’on pût jamais deviner sous la dictée de quelle religion ce singulier et tardif courtisan s’est avisé d’écrire la biographie de son maître temporel ? […] Les Barbares avaient tous les vices, et ceux du monde qu’ils trouvaient devant eux, et ceux du monde qu’ils laissaient derrière ; les vices des Romains qu’ils rencontraient, les vices de l’Asie dont ils étaient descendus.
On lit, en effet, dans ce discours, d’étranges phrases que nous n’avions non plus jamais rencontrées sous cette plume distinguée, alerte, coquette, étincelante, si peu déclamatoire et si peu badaude, quand elle vivait. […] Ils ont des jours où ils rencontrent juste, par le fait d’un organisme heureux : Chasles, sensible comme il l’était à la beauté littéraire, a eu de ces jours où il l’a bien vue et bien analysée, et où il nous l’a montrée resplendissante… Mais, devenu utilitaire sur son déclin, philanthrope, prédicateur, charitable, larmoyant et quaker, — car il est tout cela, et, chose plaisante !
Béranger n’a été, quoi que vous puissiez dire, ni un sage et grand publiciste, ni un utile ami de la liberté ; mais il a rencontré dans son art l’accent lyrique, et il a su toucher la passion de la foule en plaisant au goût des habiles. […] Mais dona Gomez ne l’avait pas entendu, et, sous la forme lyrique, elle se rencontrait de génie avec une des inspirations de la tribune française.
« Voilà comme j’aime le théâtre — dehors », disait-il aux Goncourt, rencontrés sur le trottoir du boulevard, pendant un entr’acte d’une première. […] Vous ne rencontrerez pas là une seule de ces fautes qui font dire aux initiés devant tel ou tel autre roman : « C’est très bien, mais dans quel milieu l’auteur a-t-il rencontré ces gens-là ? […] L’école de l’art pour l’art — aboutissement dernier du romantisme — se rencontrait dans cette affirmation, avec l’école du document exact, — premier effort de l’esprit scientifique pour pénétrer la littérature. […] Ce ne sont pourtant que des aventures comme il s’en est rencontré à toute époque. […] Les deux correspondants se rencontrent à Neuchâtel, en octobre 1833.
Guizot a commencé très spirituellement par se demander ce qu’un hérétique comme lui et un dominicain comme le récipiendaire auraient eu à se dire il y a six cents ans, s’ils s’étaient rencontrés face à face, dans la guerre des Albigeois, par exemple.
Mignet rencontrait Bossuet, et que tout immense que soit ce pas qui restait à faire, le philosophe s’est assez rapproché du prêtre pour que nous ayons eu le droit de les réunir tous deux dans une même école.
N’y a-t-il pas des jeunes gens qui s’étudient à rencontrer quelque tour bizarre, quelque incorrection qu’ils croient pittoresque ?
La satire lyrique du xvie siècle ou du xixe ne saurait se rencontrer ; mais on trouvera la satire analytique, critique, épigrammatique, le pamphlet en vers, amusant ou virulent, qui dissout les doctrines ou diffame les hommes.
Antithèses étranges et profondes, plus profondes qu’ailleurs, ou plus sensibles, ou plus souvent rencontrées : Entre le soleil et la pluie ou le brouillard, entre les paysages de gares, de docks, d’usines et de mines et les paysages de bois, de lacs et de pâturages ; Entre le passé et le présent, qui partout se côtoient, dans les institutions, dans les mœurs, dans les édifices ; Entre la richesse formidable et l’épouvantable misère ; Entre le sentiment inné du respect et l’attachement inné à la liberté individuelle ; Entre la beauté des jeunes filles et la laideur des vieilles femmes ; Entre l’austérité puritaine et la brutalité des tempéraments ; Entre le don du rêve et le sens pratique, l’âpreté au travail et au gain ; Entre les masques et les visages, etc.
La comédie erre longtemps, cherche et s’égare et se compromet à travers mille tentatives et mille aventures, se mêlant sur les tréteaux aux bouffonneries les plus grossières, avant de rencontrer le souverain artiste qui sache la fixer et la maîtriser, qui la retire de la cohue où elle se cache, qui la place sur un trône et lui élève un palais digne d’elle.
Aussi n’est-ce point parmi eux que nous prétendons rencontrer nos maîtres.
Les vices qui résultent de cet alliage se rencontrent jusqu’en des poètes de la valeur de Ronsard : ils donnent à l’œuvre de la pléiade cette apparence artificielle, si différente de l’aspect vivant et naturel de l’œuvre des poètes précédents.
Sans doute il y a des moments où les affaires matérielles de la société vont mal, où le courant ne les porte pas, où, accrochées à tous les accidents politiques qui se rencontrent chemin faisant, elles se gênent, s’engorgent, se barrent et s’embarrassent les unes dans les autres.
Peut-être aussi, comme le pensent quelques-uns, est-il dans la nature des choses que les études des anatomistes rencontrent toujours en ces matières une ou plusieurs inconnues, et cela même serait déjà un fait important à constater.
Mais quelle est la cause de ce phénomène que nous ne rencontrons pas dans le monde inorganique70 ?
Le lecteur a déjà rencontré la plupart des noms cités ici, au cours de cet ouvrage.
Si nous rencontrions dans la rue une seule des figures de femmes de Raphael, elle nous arrêterait tout à coup, nous tomberions dans l’admiration la plus profonde, nous nous attacherions à ses pas, et nous la suivrions jusqu’à ce qu’elle nous fût dérobée.
Il me semble (il étend les mains) que je palpe déjà des billets de cent, des billets de mille… (Ses mains étendues rencontrent les notes élevées en l’air par Bidault, Nichot, Cascaret, Poupardot.)
Quelquefois aussi, il veut en rencontrer toujours de nouvelles, de toutes nouvelles, et il invente aux auteurs des sens inattendus, ou tout au moins des intentions qu’il n’est pas absolument certain qu’ils aient eues.
Oui, la dernière de ses victoires, puisque toutes celles que depuis il a rencontrées sur le chemin de son inconcevable fortune n’ont fait que lui creuser un plus vaste abîme.
Or, un matin, en y allant, ce Jean Lapin de Jules Levallois rencontra sur sa route des fourmis, et tout à coup, ô l’amour au premier regard !
Pour odorer, ils disaient olfacere, comme si, en recueillant les odeurs, nous les faisions nous-mêmes ; et en cela ils se sont rencontrés avec la doctrine des cartésiens.
En quel pays plus que la Grèce dut-il se rencontrer une poésie anonyme et populaire ?
Ces mœurs de cannibales ne se rencontrent-elles que chez la canaille ? […] … Bien. » Il prend des habits de Posthumus, et s’en va à Milford-Haven, comptant l’y rencontrer avec Imogène. […] Elles y retrouvent ou elles y rencontrent des amants qui deviennent leurs époux. […] j’ai rencontré un bouffon dans la forêt, un bouffon en habit bariolé. […] Aussi vrai que je vis de pain, j’ai rencontré un bouffon qui s’était couché et se chauffait au soleil, et maudissait madame la Fortune en bons termes, en bons termes choisis.
La seule chose que nous ayons à faire ici, c’est d’insister sur un précepte qui prémunira toujours l’esprit contre les causes innombrables d’erreur qu’on peut rencontrer dans l’application de la méthode expérimentale. […] De même la vivisection a rencontré dans tous les temps des préjugés et des détracteurs. […] Ces excitants se rencontrent dans l’atmosphère ou dans le milieu qu’habite l’animal ; mais nous savons que les propriétés de l’atmosphère extérieure générale passent dans l’atmosphère organique intérieure dans laquelle se rencontrent toutes les conditions physiologiques de l’atmosphère extérieure, plus un certain nombre d’autres qui sont propres au milieu intérieur. […] Nous rencontrons encore ici ce critérium. […] Cet exemple prouve, comme les précédents, qu’on peut rencontrer dans les expériences des résultats différents de ceux que les théories et les hypothèses nous font prévoir.
S’il me fallait raconter ma vie, je parie que je me serais rencontré avec lui, dans telles possibilités ou vraisemblances que de droit. […] C’est par ici que le Petit Chaperon Rouge À rencontré le méchant loup aux yeux de braise. […] Je m’éveillai le lendemain matin de très bonne heure selon ma coutume, et j’allai faire un tour dans le jardin où je rencontrai un vénérable gentleman à barbe blanche, qui parlait le français correctement. […] On sortait tous les jours une heure ou deux en promenade dans un bois à proximité, où 1 on rencontrait un pensionnat de jeunes filles conduit par une institutrice française, C’était très romantique. […] Nous rencontrons cependant dans son œuvre une délicatesse, un raffinement introuvables ailleurs.
Cet extérieur était un des plus séduisants qu’on pût rencontrer dans les salons de l’Europe : une taille svelte, le buste en avant, comme le cœur, attribut des races militaires, un mouvement d’encolure de cheval arabe dans le port de la tête, des cheveux blonds à belles volutes de soie sur les tempes, des yeux grands, bleus et clairs, qui n’auraient pas pu cacher une mauvaise pensée, l’ovale et le teint d’une éternelle jeunesse, un sourire où le cœur nageait sur les lèvres, un geste accueillant, une parole franche, l’âme à fleur de peau ; seulement une certaine légèreté de physionomie, une certaine distraction d’attitude et de discours interrompus qui n’indiquaient pas une profondeur et une puissance de réflexion égale à la grâce de l’homme. […] Devenu consul, il pouvait la rencontrer chez ses sœurs ; il n’y parut pas. […] Un de mes amis, M. de Genoude, protégé alors par la femme célèbre, et très assidu dès l’aurore aux devoirs de l’amitié, l’accompagnait tous les jours à l’église ; il m’a raconté souvent, avant l’époque où lui-même entra dans les ordres sacrés, que M. de Chateaubriand ne manquait jamais de se rencontrer dans l’église à l’heure où madame Récamier s’y rendait, qu’il s’agenouillait pour entendre la messe derrière la chaise de son amie, et qu’il oubliait quelquefois l’ardeur de ses prières pour s’extasier à demi-voix sur tant de charmes.
Nous rencontrâmes facilement une retraite inaccessible à l’œil et à l’oreille de nos compagnons. […] J’évite d’être vu par ces mêmes hommes que mon cœur brûle de rencontrer ; et du haut de la colline, caché entre les broussailles comme une bête fauve, mes regards se portent sur la ville d’Aoste. […] Maintenant il ne m’arrive plus de rencontrer sur mon chemin une fleur effeuillée, ou quelques branches d’arbrisseau qu’elle y laissait tomber en passant ; je suis seul : il n’y a plus ni mouvement ni vie autour de moi, et le sentier qui conduisait à son bosquet favori disparaît déjà sous l’herbe.
S’il faut, au lieu d’une soirée artistique d’un haut intérêt, rencontrer une bataille entre fanatiques opposés, je préfère de beaucoup rester chez moi et relire Lohengrin au coin de mon feu. […] Le numéro du 8 mars 1886 était intégralement consacré à la « question Lohengrin », c’est-à-dire aux problèmes rencontrés pour jouer cette œuvre à Paris. […] Elle rencontra George Sand en 1866 et devient son amie.
« Timide et contraint devant son père, il ne rencontrait l’aise et le contentement qu’auprès de sa sœur Amélie. » La gêne et la lésine, les hôtes inévitables des familles nobles, chargées d’enfants, ruinées et humiliées par le luxe des parvenus bourgeois, aigrirent son caractère dès l’enfance. […] Le naturalisme moderne, cette queue du romantisme, n’a pu encore rencontrer dans la nature et dans la vie sociale ni esprit, ni gaieté, ni raillerie sceptique. […] Le cerveau de l’artiste de génie n’est pas, selon l’expression de Hugo, « le trépied de Dieu », mais le creuset magique où s’entassent pêle-mêle les faits, les sensations et les opinions du présent et les souvenirs du passé : là, ces éléments hétérogènes se rencontrent, se confondent, se fusionnent et se combinent pour en sortir œuvre parlée, écrite, peinte, sculptée ou chantée ; et l’œuvre née de cette fermentation cérébrale est plus riche en vertus que les éléments qui concourent à sa formation : c’est ainsi qu’un alliage possède d’autres propriétés que les métaux qui entrent dans sa composition.
C’est celle où l’emprunteur et l’usurier, qui ne s’étaient pas encore vus, se rencontrent face à face et se trouvent être le fils et le père. […] La comédie peint des caractères que nous avons rencontrés, que nous rencontrerons encore sur notre chemin.
Si l’on rencontrait par le monde un conteur aussi abondant, aussi riche, aussi habile à vous suspendre à sa bouche, que M. […] Mais je crains fort que les discussions législatives ne rencontrent dans la politique sociale un embarras plutôt qu’un auxiliaire. […] L’hymne à Dieu sur les glaciers des Alpes est à coup sûr, une des plus magnifiques prières qui se puissent rencontrer. […] Quand Ellénore et Adolphe se rencontrent, chacun des deux est préparé à l’enthousiasme et au dévouement. […] Un jour ces trois femmes se rencontrent, et sans plaintes, sans récriminations, sans aveu, elles comprennent la secrète rivalité qui les sépare ; ce jour-là est un jour décisif pour Amaury.
Quand vous rencontrez une intelligence robuste, fournissez-lui quelque aliment, et ne la condamnez pas à mâcher à vide, si j’ose m’exprimer ainsi. […] J’assistais l’autre jour à la conversation que voici, entre un de ces questionneurs et un journaliste : « Que je suis donc aise de vous rencontrer ! […] C’est ainsi, du reste, que Dante l’a entendu, et c’est méconnaître sa pensée que de donner une forme sensuelle et grossière à la faute qu’il a racontée dans le langage le plus chaste et le plus voilé que la pitié d’un poète ait jamais rencontré. […] Que penseriez-vous d’un de vos amis qui vous rencontrerait sur le boulevard et vous dirait d’un ton impartial et affectueux : Nous avons chacun nos goûts et nos aptitudes ; vous, vous aimez les choux au lard, et moi, j’aime la musique. […] Et puisque j’ai parlé de la Pologne, le seul terrain, je crois, sur lequel je pouvais me rencontrer sans dissidence avec M.
Au cours d’un voyage sur les côtes de Grèce, il a rencontré sur la plage Agnès, c’est-à-dire Smilis. […] Il y rencontra François Coppée, Albert Mérat, Léon Valade, Anatole France, José-Maria de Heredia, et s’embrigada dans la phalange du Parnasse. […] Il avait rencontré, chez des amis, une certaine veuve Lacouture qu’il éblouit par l’étalage de ses relations et de ses titres, et qui eut l’imprudence de lui confier ses économies. […] Dès le lendemain vous ne rencontriez dans le monde que belles dames qui vous entretenaient de la Neuvaine de Colette. […] Le héros de M. de Tinseau est un Don Juan de la pire espèce, qui n’est pas habitué à rencontrer de cruelles.
Un Islandais, peut-on lire dans les Dialogues moraux, rencontra un jour la Nature dans le Sahara. […] … Un jeune homme comme toi doit avoir rencontré une personne digne de lui. […] Il avait vingt ans lorsqu’il rencontra pour la première fois l’Inconnue, évidemment plus âgée que lui. […] Il arrive à Turin le soir, court à l’Opéra où il sait la rencontrer, l’aperçoit dans sa loge « en grand deuil, portant sur la plus douce des figures des traces de longues et cruelles souffrances ». […] Elle est morte, te dis-je, et dans ce domaine de la mort elle a rencontré d’anciennes rivales.
. ; mais elle se dépite contre ses courtisans les plus soumis, dès que l’explication du moindre détail lui échappe, et elle est bien contrariée de ne pas savoir pourquoi, dans la comédie de L’École des femmes, Horace et Arnolphe se rencontrent trois fois à la même place22. […] « On a quelquefois demandé, dit Horace, si la comédie était ou n’était pas un poème, parce que respiration et la force ne s’y rencontrent, ni dans les mots, ni dans les choses, et qu’à la mesure près c’est une pure conversation toute semblable aux entretiens ordinaires… Ce n’est pas assez de composer des vers en termes élégants, mais ordinaires ; si, ces vers une fois rompus, tout père peut gronder du même ton qu’un père de comédie37. » La vérité est que toutes les œuvres de la comédie nouvelle sont poétiques et prosaïques à la fois : poétiques par la forme, prosaïques par le fond38. […] À la faveur de la perte à jamais regrettable des ouvrages de Ménandre, et grâce à l’ignorance des critiques français qui méprisaient Aristophane, ne connaissaient pas Shakespeare, et néanmoins imposaient leur goût à l’Europe étonnée, un homme s’est rencontré qui a usurpé et gardé jusqu’à aujourd’hui le premier rang parmi les poètes de la comédie nouvelle et même de toute la littérature comique. […] La place m’est heureuse à vous y rencontrer.
Il n’a eu qu’à ouvrir les yeux pour rencontrer une réalité pittoresque et poétique. […] C’est un enfant gâté dont le moindre caprice a toujours fait loi, qui n’a jamais rencontré une résistance. […] C’est près de là, sur la plage de Saint-Enogat, qu’elle s’est rencontrée avec M. […] S’ils existent dans le monde réel, c’est à l’état de phénomènes, et nous ne les avons pas rencontrés. […] C’est que Rochat flirte depuis quelques jours avec une jeune Américaine qu’il a rencontrée herborisant près du lac de Genève.
Un Américain trouvait l’Angleterre bien plus belle que son pays, parce qu’on y peut faire des milles sans rencontrer un arbre ailleurs que dans les haies. […] Ainsi la grâce même, bien qu’elle puisse se rencontrer simplement dans l’aisance et le naturel, n’est pas incompatible avec le travail en général ; elle l’est seulement avec le travail perdu, avec l’effort inutile. […] La démocratie moderne a su elle-même se servir, après tout, des hommes qu’elle a rencontrés sur son chemin, des Washington, des Lincoln et des Thiers. Reste un dernier argument, tiré des conditions morales que l’art a besoin de rencontrer pour éclore. […] En effet, outre le temps fort marqué par l’hémistiche, les accents toniques qui peuvent se rencontrer dans les autres syllabes du vers leur donnent aussi plus d’intensité et plus de durée.
C’est le vestibule du temple ; vestibule bigarré, qui nous laisse pressentir combien, avant de pénétrer jusqu’au saint des saints, nous rencontrerons sur notre route de dieux différents. […] Luthérien, il a mieux aimé se rencontrer avec Luther qu’avec eux-mêmes sur une question de liturgie. […] Un soir, Hippus tombe chez Itzig, haletant, effaré, regardant derrière lui avec des yeux hagards, comme s’il avait un spectre sur les talons : il vient de rencontrer la justice dans sa rue. […] elle a vieilli depuis le jour où vous m’avez rencontrée galopant dans notre parc. » Antoine caressa l’animal, et le poney tournait la tête tantôt vers lui, tantôt vers Lénore. « Savez-vous comment cela s’est fait que vous m’ayez rencontrée sur mon poney ?
Dans le cas présent du moins, ce ne sont pas les talents qui ont fait faute ; il n’y a que la direction de ces talents qui ne s’est point rencontrée avec le sens de l’arrêté ; et cette direction elle-même, bien qu’on n’ait pu la comprendre dans l’encouragement proposé, ne mérite point pour cela le blâme.
philosophique qui l’aura occupé, car nous tenons d’une personne qui l’a rencontré dans ce voyage et qui passait au retour par nos contrées, que l’illustre écrivain, chaque matin, méditait quelque chose.
Il est remarquable, par exemple, qu’aucun historien, que Tacite lui-même ne nous dise pas par quels moyens, par quelle opinion, par quel ressort social les plus atroces et les plus stupides empereurs gouvernaient Rome sans rencontrer aucun obstacle, même pendant leur absence : Tibère de l’île de Caprée, Caligula du fond de la Bretagne, etc.
Mais quand cet objet unique serait rencontré, la destinée, l’absence ne pourraient-elles pas troubler le bonheur d’un tel lien ?
Mistral est resté fidèle aux mœurs patriarcales de ses aïeux : et bien de ceux qui l’ont rencontré entre Château-Renard et Saint-Rémy, courant les champs avec sa badine et son feutre à larges bords, ont pu ne pas se douter qu’ils croisaient un poète dont la gloire est universelle.
À défaut de cette vérité objective qui eût pu être prise comme but, comme principe directeur et comme terme de comparaison, l’intelligence ne saurait rencontrer en effet aucun motif rationnel d’élire et de réaliser quelque état de la substance phénoménale de préférence à un autre : elle assisterait impassible à son écoulement indéfini, et rien ne saurait la déterminer à faire jamais le geste qui, modérant la vitesse du flux phénoménal, rend perceptible quelqu’un de ses aspects.
C’est lorsque ces deux auteurs se rencontrent le plus pour le fond des choses, qu’on remarque mieux combien ils diffèrent pour la manière de les rendre.
Je savais bien que dans quelque élucubration du philosophe qui un jour s’est réclamé, comme beaucoup de bâtards, de deux pères aussi différents qu’Hegel et Condillac, je ne rencontrerais jamais le métaphysicien transcendant, original et limpide ; mais l’ennuyeux, je n’y avais jamais pensé.
Pie VI, chassé de Rome, était censé rencontrer Louis XVIII, et l’un et l’autre se racontaient leurs malheurs ; mais ce n’était pas sans se dire beaucoup de vérités. Dans leur double récit, quantité de noms propres se rencontraient, et, à vrai dire, l’Épître était à leur adresse. […] Marie-Joseph, dont le cœur valait mieux que les passions, et qui avait des retours généreux après ses colères, reconnut-il jamais son tort envers celui avec qui il se rencontra plus tard dans la résistance à l’Empire ? […] Notre ami, le comte Alfieri, a un prodigieux succès comme maître des cérémonies. — Les anciens grands seigneurs piémontais et les Français dans les administrations se rencontrent sans cesse à la cour et ne s’en aiment pas davantage. […] C’est cette seconde fois qu’elle y rencontra Junot, l’un des adorateurs alors de la belle Juliette, et qui, par dévouement pour elle, promit d’aller parler le lendemain au premier consul.
Il devait nécessairement trouver, parmi ses contemporains, je ne veux pas dire des inimitiés, mais des froideurs ; il rencontrait même ses antipathiques. […] Ampère et lui ne se rencontraient que peu ; ils ne chassaient pas, comme on dit, le même lièvre. […] » Un vrai critique lui eût dit : « Laissez ce César, c’est une erreur. » Je ne sais même si je ne me hasardai pas, un jour que je rencontrai mon ancien ami, à le lui dire un peu brusquement : il me répondit avec infiniment de douceur et d’indulgence pour ma boutade que tout le inonde, parmi ses amis, n’était pas de mon avis. […] J’ai rencontré dans la rue la bière de celui que je n’avais pas revu depuis que je l’avais embrassé si tendrement à Cherbourg, où il m’avait reconduit. […] Sans doute, en s’y attachant avec suite, il eût contribué plus sûrement à sa renommée, à son autorité, sinon à sa gloire : il eût composé un livre excellent et durable, en vue de tous, à l’usage de tous ; il eût continué de faire l’éducation supérieure de plusieurs générations successives ; quiconque se fût essayé dans cette voie critique l’eût rencontré sans cesse sur son chemin et pendant ces quinze dernières années et dans celles qui suivront ; on aurait eu, en chaque sujet littéraire, à compter avec lui ; mais en lui imposant cette tâche, en lui supposant ce souci, suis-je bien entré dans l’esprit de l’homme, ne l’ai-je point tiré un peu trop à moi et dans le sens de ce que je préfère moi-même ?
Cependant, je me souviens que dans les milieux symbolistes où je fréquentais alors, on avait su tout de suite qui était l’auteur véritable, et bien que le hasard ne m’eût point permis de rencontrer M. […] C’est peut-être le mirage d’une activité décevante qui les séparera : la séparation n’en est pas moins inévitable. « Deux âmes se rencontrent un jour, et, parce qu’elles cueillaient des fleurs, toutes deux seront crues pareilles. […] N’est-ce pas Louÿs, également ami de jeunesse de Paul Valéry, qu’il avait rencontré à Montpellier dans un congrès d’étudiants, qui le décida à sortir de sa longue retraite et à écrire la Jeune Parque ? […] André Gide prétend n’avoir rencontré aucune pensée véritable ni même aucune compétence philosophique. […] André Gide avait rencontré par hasard Oscar Wilde et lord Alfred Douglas, compagnons tout indiqués.
Ce fut une apparition étrange et comme la voix d’un peuple enseveli sous terre, lorsque, parmi la corruption splendide du beau monde, se leva cette sévère pensée bourgeoise, et que les polissonneries d’Afra Behn, qui divertissaient encore les dames à la mode, se rencontrèrent sur la même table avec le Robinson de Daniel de Foe. […] II C’est par hasard que de Foe, comme Cervantes, a rencontré ici un roman de caractères ; d’ordinaire, comme Cervantes, il ne fait que des romans d’aventures ; il connaît mieux la vie que l’âme, et le cours général du monde que les particularités de l’individu. […] Tous ces romans sont des romans de caractères ; c’est que les hommes de ce pays, plus réfléchis que les autres, plus enclins au mélancolique plaisir de l’attention concentrée et de l’examen intérieur, rencontrent autour d’eux des médailles humaines plus vigoureusement frappées, moins usées par le frottement du monde, et dont le relief intact est plus visible qu’ailleurs. […] Ce n’est pas qu’il l’aime à la façon des grands artistes indifférents, Shakspeare et Goethe ; au contraire, il est moraliste par excellence, et c’est un des grands signes du siècle que les intentions réformatrices se rencontrent aussi décidées chez lui qu’ailleurs. […] C’est ainsi qu’il rencontrera dans un silence, dans un juron, dans la plus mince action domestique, des délicatesses exquises et de petits héroïsmes, sortes de fleurs charmantes invisibles à tout autre, et qui poussent dans la poudre du plus sec chemin.
. — Ils rencontrent sur le rivage un marchand naufragé qui se tord les mains. […] Il rencontra l’armée des Bourbons dans la plaine d’Almanza. […] Je devrais peut-être, en achevant cette analyse, indiquer quelles imperfections sont l’effet de ces grandes qualités ; comment l’aisance, la grâce, la verve aimable, la variété, la simplicité, l’enjouement, manquent à cette mâle éloquence, à cette solide raison, à cette ardente dialectique ; pourquoi l’art d’écrire et la pureté classique ne se rencontrent point toujours dans cet homme de parti, combattant de tribune ; bref, pourquoi un Anglais n’est ni un Français ni un Athénien. […] Ces antithèses d’idées soutenues par des antithèses de mots, ces phrases symétriques, ces expressions répétées à dessein pour attirer l’attention, cet épuisement de la preuve mettent sous nos yeux le talent d’avocat et d’orateur que nous rencontrions tout à l’heure dans l’art de plaider toutes les causes, de posséder un nombre infini de moyens, de les posséder tous et toujours à chaque incident du procès. […] — Quelque ville qu’il aborde, il marque les changements qu’elle a subis, les nouvelles rues ajoutées, les bâtiments réparés ou construits, l’augmentation du commerce, l’introduction d’industries nouvelles : voilà tous les aldermen et tous les négociants obligés de souscrire à son ouvrage. — Ailleurs nous rencontrons une anecdote sur un acteur et une actrice : comme les superlatifs intéressent, il commence par dire que William Mountford était « le plus agréable comédien », qu’Anne Bracegirdle était « l’actrice la plus populaire » du temps.
On en conclut « que l’apparition de la rosée est liée à la capacité de perdre la chaleur par voie de rayonnement. » « À présent l’influence que nous venons de reconnaître à la substance et à la surface nous conduit à considérer celle de la texture, et là nous rencontrons une troisième échelle d’intensité, qui nous montre les substances d’une texture ferme et serrée, par exemple les pierres et les métaux, comme défavorables à l’apparition de la rosée, et au contraire les substances d’une texture lâche, par exemple le drap, le velours, la laine, le duvet, comme éminemment favorables à la production de la rosée. […] Il me semble que le plus souvent ces deux dispositions se rencontrent dans une tête anglaise. […] Nous ne verrions point la nécessité intérieure de leur jonction, nous ne la poserions qu’en fait ; nous dirions que les deux données étant de leur nature isolées, il peut se rencontrer des circonstances qui les séparent ; nous n’affirmerions la vérité des axiomes qu’au regard de notre monde et de notre esprit. […] Et il faut bien qu’il en soit ainsi ; car à mesure qu’une donnée est plus générale, il faut parcourir moins de faits pour la rencontrer : si elle est universelle, on la rencontre partout ; si elle est absolue, on ne peut pas ne pas la rencontrer.
À présent l’influence que nous venons de reconnaître à la substance et à la surface nous conduit à considérer celle de la texture, et là nous rencontrons une troisième échelle d’intensité, qui nous montre les substances d’une texture ferme et serrée, par exemple les pierres et les métaux, comme défavorables à l’apparition de la rosée, et au contraire les substances d’une texture lâche, par exemple le drap, le velours, la laine, le duvet, comme éminemment favorables à la production de la rosée. […] Il me semble que le plus souvent ces deux dispositions se rencontrent dans une tête anglaise. […] Nous ne verrions point la nécessité intérieure de leur jonction, nous ne la poserions qu’en fait ; nous dirions que les deux données étant de leur nature isolées, il peut se rencontrer des circonstances qui les séparent ; nous n’affirmerions la vérité des axiomes qu’au regard de notre monde et de notre esprit. […] Et il faut bien qu’il en soit ainsi ; car à mesure qu’une donnée est plus générale, il faut parcourir moins de faits pour la rencontrer : si elle est universelle, on la rencontre partout ; si elle est absolue, on ne peut pas ne pas la rencontrer.
Il y a des risques à cela, mais aussi des joies, des entraînements pleins de charme, des aventures gaiement courues et des succès, aussi, délicieusement rencontrés. […] Ces deux hommes se rencontrent. […] Or je rencontrais des personnes. […] Ses théories sur l’hérédité sont le capharnaüm le plus ténébreux qui se puisse rencontrer. […] Il devra se dire toutes les fois qu’il rencontrera un imbécile : « Il y a apparence que c’est un imbécile et mon impression est même que c’est un crétin.
Si ma bonne étoile ne me l’avait fait rencontrer vivant et pontifiant, il m’aurait fallu l’inventer. […] Trois ou quatre vers, rencontrés au hasard de la page ouverte, souvent même quelques lambeaux de vers ont suffi. […] Là-dessus, remarquez cette chose singulière : il semble que, pour s’accumuler et éclater ainsi, le courant poétique ait eu besoin de rencontrer le nom de Maillart. […] Textes du passé de Baudelaire aux « préromantiques » : or, à l’origine de ces textes contemporains et de leur concordance, nous rencontrons ces lignes de Baudelaire : plus l’art voudra être philosophiquement clair, plus il se dégradera… plus, au contraire, l’art se détachera de l’enseignement, et plus il montera vers la beauté pure. " (sur Reynolds.) " nous rencontrons surtout ce passage, écrit encore plus directement sous l’influence d’Edgar Poe : deux choses sont également requises : l’une une certaine somme de complexité, ou plus proprement de combinaison ; l’autre une certaine quantité d’esprit suggestif, quelque chose « comme un courant souterrain de pensée non visible, indéfini… » c’est l’excès dans l’expression « du sens » qui ne doit être « qu’insinué », c’est la manie de faire du courant souterrain d’une œuvre « le courant visible » et supérieur « qui change en prose », et en prose de la plate espèce, « la prétendue poésie » de quelques soi-disant poètes. il n’y a pas dans toute l’esthétique baudelairienne de passage plus important à notre point de vue que celui-là.
Je ne l’ai jamais rencontré que deux fois dans le cours de ma vie ; je n’ai pour lui ni haine, ni enthousiasme. […] Les opinions du négociateur et du héros des treize États unis furent quelquefois opposées ; mais leurs volontés se rencontrèrent toujours, lorsqu’il fallut travailler au bien commun de la patrie. […] Elle craint surtout de rencontrer ces lieux où l’ambition inquiète prête l’oreille à tous les vents de l’opinion, de la faveur et de la renommée. […] Quand un missionnaire rencontrait ainsi les restes d’un de ses compagnons, il s’empressait de leur rendre les honneurs funèbres ; et, plein d’une grande joie, il chantait un Te Deum solitaire, sur le tombeau du martyr. […] La fable ne disait-elle pas que deux aigles, envoyés par Jupiter, et partis des extrémités du monde, en volant avec une égale vitesse, s’étaient rencontrés au milieu de l’univers, dans l’endroit même où le temple de Delphes avait été bâti ?
L’amour n’était pour lui qu’une recherche anxieuse, toujours trompée ; sa compagne familière était Jeanne Duval, la mulâtresse rencontrée d’aventure, la femme perdue. […] — Ils ne se sont jamais rencontrés ; ils ne se sont jamais vus. […] On sait qu’il ne fut plus question de Parny, quand, ayant rejoint à Paris la malade qu’il avait rencontrée à la pension Chabert, il l’adora, et la querella, et la fit souffrir, comme c’est l’usage de ceux qui aiment. […] Il y a de vastes époques stériles, des déserts sans oasis, où l’on espère vainement rencontrer quelque source. […] J’ai été flatté, dit Voltaire, que Pope se soit rencontré avec moi : « quand un Français et un Anglais pensent de même, il faut bien qu’ils aient raison70 ».
» À vrai dire, il rencontra d’abord quelques difficultés dans l’exercice de la profession acceptée. […] Elle ne semblait pas près de s’interrompre lorsque, un jour, à Alençon, le vagabond rencontra l’éditeur Poulet-Malassis et Charles Asselineau, le regretté bibliophile qui fut le plus cher ami de l’un de nos plus chers maîtres. […] Pour payer sa place, il avait vendu son chien à un voyageur anglais rencontré dans une gare de chemin de fer ! […] Léon Cladel rencontra Charles Baudelaire à la Revue fantaisiste, et depuis il n’a jamais cessé de croire et de dire que ce fut là le plus grand bonheur de sa vie littéraire. […] Quelqu’un qu’il connaissait à peine, un jeune homme aussi, pas un poète, rencontré dans quelque hasard. « Comme vous regardez les pains d’épice !
Seulement, et c’est là notre seconde condition, vous ne le verrez jamais au parloir, mais ici, dans mon cabinet, où j’aurai soin que vous ne soyez pas rencontrée. […] Il fallut s’arrêter aux premières maisons qui se rencontrèrent : c’était entre Angoulême et Libourne. […] Au second étage, il rencontra le caporal qui montait escorté de deux de ses hommes ; Rigault lui dit : « C’est moi ! […] Rue Gay-Lussac, auprès de la rue Royer-Collard, on rencontra un colonel d’état-major qui s’arrêta et demanda : « Quel est cet homme ? […] « Trois jours après cette juste exécution, nous rencontrâmes rue Le Peletier, avec Alfred d’Aulnay, le père de Raoul Rigault ; il était grave plutôt qu’affligé.
Retenez bien ce que je vous dis : vous rencontrerez un grand nombre d’hommes célèbres, mais au fond tout cela n’existe pas. […] Tout le monde allait à la recherche des symboles, ce qui est le moyen unique de ne pas en rencontrer. […] J’ai cru rencontrer dernièrement un spécimen de cette espèce à peu près disparue. […] « Vous rencontrerai-je demain soir chez Renard ? […] Le jeu entier des sentiments qui se rencontrent dans cette petite fable se trouve en équilibre complet.
… En Russie pourtant s’est rencontré un écrivain qui a abandonné ces errements et relégué l’amour au magasin des accessoires. […] Si je n’avais pas déjà rencontré cela quelque part, Une Amère Destinée m’eût ravi. […] Quand nous nous sommes rencontrés, nous avons fait sans le dire un marché, et vous le savez bien. […] Or, elle vient de rencontrer dans la rue un homme qui lui ressemble. […] Cependant Caliban a rencontré des matelots naufragés, Trinculo et Stephano ; il complote avec eux de surprendre et de tuer Prospero.
Quinet devait rencontrer dans le mécanisme de la versification bien des obstacles inattendus, et je conçois très bien qu’il ait trébuché plus d’une fois sur la césure et la rime. […] Deux cœurs qui se savent bien, peuvent s’aimer profondément sans rencontrer la monotonie et l’ennui. […] Je ne sais par quel hasard inespéré il s’est rencontré dans les chœurs quelques strophes vraiment lyriques ; je soupçonne qu’on en pourrait retrouver la trace dans Kalidâsi. […] En demandant à Ligier cette individualité historique, nous sommes sûrs de nous rencontrer sinon avec sa volonté, du moins avec sa pensée. […] Ne verrons-nous jamais se rencontrer sur le même terrain, sans haine et sans jalousie, l’amusement, l’émotion et la pensée ?
Les Argonautes, dans les derniers jours de leur navigation, ont par bonheur rencontré de jeunes princes petits-fils d’Éétès et fils d’une de ses filles, lesquels, de leur côté, étaient partis un peu aventureusement pour aller en Grèce, car ils sont Grecs par leur père Phrixus ; avec le secours de ces auxiliaires précieux qu’ils ont sauvés du naufrage et qu’ils ramènent avec eux, les héros et Jason, leur chef, espèrent s’insinuer auprès d’Éétès et trouver jour à leur entreprise. […] Telles ces jeunes filles s’élançaient à travers la ville : et les peuples alentour faisaient place, évitant de rencontrer les regards de la vierge royale. » A peine arrivée au temple, Médée s’adresse à ses compagnes, toujours avec le même composé de charme et de ruse : « J’ai commis une imprudence, leur dit-elle, de vous amener ici, tout près de ces étrangers nouvellement débarqués ; aucune femme de la ville n’ose plus y venir. […] e Nemours s’est arrangé pour rencontrer la princesse chez elle sans témoins : « Il réussit dans son dessein, dit le délicat auteur, et il arriva comme les dernières visites sortaient.
Ils rencontrent à l’improviste sur le bord de la mer des princesses infortunées, étendues et comme sans vie, qui sortent du naufrage en habits magnifiques, et qui ne rouvrent languissamment les yeux que pour leur donner de l’amour. […] Un beau passage, et qui a pu être qualifié admirable par d’Alembert, est celui où les deux amants, qui avaient été séparés peu de mois auparavant sans savoir la langue l’un de l’autre, se rencontrent inopinément, et s’abordent en se parlant chacun dans la langue qui n’est pas la leur, et qu’ils ont apprise dans l’intervalle, et puis s’arrêtent tout à coup en rougissant comme d’un mutuel aveu. […] Elle le voyait et le rencontrait depuis déjà longtemps sans doute, mais c’est de la liaison particulière que j’entends parler.
Le contraste est grand sur les autres chemins. « Sortis de Paris par la route d’Orléans, dit Arthur Young, pendant dix milles nous n’avons pas rencontré une diligence, rien que des messageries et des chaises de poste en petit nombre, pas la dixième partie de ce que nous aurions trouvé près de Londres en une heure. » Sur la grande route, près de Narbonne, « pendant trente-six milles, dit-il, je n’ai croisé qu’un cabriolet, une demi-douzaine de charrettes et quelques bonnes femmes menant leur âne ». Ailleurs, près de Saint-Girons, il note qu’en deux cent cinquante milles il a rencontré en tout « deux cabriolets et trois misérables choses semblables à notre vieille chaise de poste anglaise à un cheval, pas un gentilhomme ». […] Concluez ou plutôt écoutez comment conclut le peuple. « Chaque fois, dit M. de Montlosier en 1789101, qu’il m’arrivait de rencontrer des troupeaux de cerfs ou de daims sur ma route, mes guides de s’écrier aussitôt : Voilà la noblesse !
— Non, repris-je ; si je l’avais rencontrée je ne l’aurais jamais oubliée. […] La maîtresse de la maison, quoique très jeune et très gracieuse, ne permettait pas à l’esprit de parti d’y prévaloir sur l’esprit d’agrément ; on y rencontrait, sans acception d’opinion, tous les hommes de tout âge qui avaient un nom dans les lettres ou dans la politique, ou qui cherchaient une avant-scène à leur talent. […] Ils se rencontraient dans ce salon avec la jeune aristocratie libérale, mais non factieuse.
Roger et Bradamante, comme Angélique et Roland, ne cessent de se chercher, de se rencontrer, de se perdre et de se retrouver dans le monde. […] Ils marchaient en silence sous ce fardeau sacré, et déjà les étoiles commençaient à pâlir dans le ciel, l’ombre à s’éclaircir sur la terre, quand ils rencontrent Zerbin, qui rentrait au camp des chrétiens après avoir employé le commencement de la nuit à la poursuite des Sarrasins… Cloridan, à l’aspect de Zerbin et de son groupe de guerriers, supplie Médor d’abandonner sa charge, lui représentant qu’il serait trop insensé de perdre deux vivants pour sauver un mort. […] Ils en rencontrent d’aussi merveilleuses qu’elles sont pathétiques ; mais on s’épuiserait à relever tout ce qu’il y a d’inépuisable dans cette féconde imagination.
Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître, et l’aridité des landes, et les ossements des ruines : la vie et le mouvement y sont si tranquilles qu’un étranger les croirait inhabitées, s’il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d’une personne immobile, dont la figure à demi monastique dépasse l’appui de la croisée au bruit d’un pas inconnu. […] Aussi, peut-être, sur cent d’entre eux, s’en rencontrerait-il bien quatre-vingt-dix-neuf qui se seraient conduits comme se conduisait Charles Grandet. […] Charles comptait rencontrer cent personnes chez son oncle, chasser à courre dans les forêts de son oncle, y vivre enfin de la vie de château ; il ne savait pas le trouver à Saumur, où il ne s’était informé de lui que pour demander le chemin de Froidfond ; mais, en le sachant en ville, il crut l’y voir dans un grand hôtel.