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596. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Ce n’est pas qu’on sente beaucoup, dans ces premières lettres de Richelieu, les entrailles d’un pasteur, mais il y paraît un esprit d’ordre et d’équité qui veut qu’autour de lui il y ait justice et proportion. […] Du fond de sa retraite grondeuse et tournée vers le passé, il ne lui rendra jamais justice ; mais, dans ce premier moment, l’erreur peut-être était permise : le maréchal d’Ancre masquait encore Richelieu.

597. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

De même, Mazarin, à l’heure de sa mort, désigne-t-il Colbert à Louis XIV par ce mot si connu : « Sire, je vous dois tout, et je crois m’acquitter en partie en vous donnant Colbert » ; l’écrivain, gâtant la belle simplicité du mot, et dénaturant l’inspiration toute politique de Mazarin, dira : « Dans ce moment terrible où l’Éternité qui s’ouvre à nos yeux étouffe nos passions, et nous presse de dévouer un dernier instant à la justice et à la vérité, Mazarin adressa ces paroles à Louis XIV… » Les médisants prétendaient avoir trouvé de la ressemblance entre la manière du nouvel écrivain et celle de Thomas, avec qui on le savait très lié ; si toutes les phrases avaient été dans cette forme, la médisance aurait pu prendre crédit ; mais la plupart des défauts de M.  […] Il faut qu’il soit poursuivi par cette pensée, que la bienfaisance d’un homme d’État est une justice inébranlable. » Pourquoi poursuivi ?

598. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

[I] Il faut réellement se tenir à quatre pour rendre impartialement justice à ce livre d’Ernest Hello, quand on a passé par la préface de M.  […] Lacordaire surtout (rendons-lui cette justice), Lacordaire, dont la tache, restée sur son froc, sera d’avoir trop été un moderne, redevint, en écrivant la Vie de Saint Dominique, un dominicain du xiiie  siècle, un dominicain éternel.

599. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Lui qui tenait dans ses mains la malédiction des prophètes et la lançait au gré de sa haine ou de sa justice, il trouvera les accents les plus purs qui jamais aient retenti sur la lyre, pour porter jusqu’à Dieu la prière et l’espérance humaines. […] Il fut un temps où, selon leur récit, elles étaient adorées ; mais aujourd’hui elles sont pour tous objet de haine ou d’indifférence. » Ces trois femmes mystérieuses, que l’amour interroge sur leurs noms, c’étaient la Justice, la Générosité et la Tempérance, persécutées désormais par les hommes et réduites à une vie errante et pauvre.

600. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

Mais la Commission, en rendant toute justice et à ces talents et à ces efforts, a dû se demander si l’objet principal du programme, aux termes duquel elle était convoquée, si le but moral entrait le moins du monde dans l’inspiration de ces pièces, ou s’il ressortait de l’effet qu’elles produisent ; et il lui a été impossible de l’y reconnaître, et par conséquent de le couronner.

601. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Il faut rendre aux chefs de l’Université cette justice que, depuis douze ans, ils n’ont pas abusé contre le clergé de la situation défavorable qu’avait faite d’abord à celui-ci la révolution de Juillet.

602. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

C’est donc la société avant tout qu’il convient d’examiner, les lendemains de révolution, pour voir si les principes de liberté et de justice sont possibles, applicables, et dans quelle mesure.

603. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Oui, l’humanité dans son fond est abominable et féroce, et la nature n’a jamais connu la justice ; mais c’est bien long, Zola  et c’est bien gros  Des artistes abondants nous décrivent le monde ou les hommes avec un luxe de détails dont nous n’avons que faire ; car, nous aussi, nous savons regarder.

604. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Je parlerai donc d’eux avec justice.

605. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Justice prononce cet arret.

606. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

On y conjuroit la justice de ne pas laisser échapper sa proie, ne fût-ce que pour délivrer la France du fléau qui l’affamoit.

607. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Il étoit réservé à ce temps-ci de voir rendre totalement justice à notre langue : du moins on se flatte qu’on n’éternisera que par elle, dans l’inscription de la statue équestre de Louis XV, à Paris, le glorieux règne de ce monarque.

608. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Elle chercha quelqu’un qui pût la venger d’un tel outrage, & qui fit rendre à l’objet de son admiration la justice qu’elle croyoit lui être due.

609. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Son triomphe étoit dans Athènes & dans Rome : en France, on lui rend aussi justice.

610. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

On nous rendra cette justice que nous discutons nos adversaires sans haine et sans colère : nous serions plutôt disposé à leur savoir gré de nous fournir l’occasion d’étudier les choses de plus près, et de nous rendre mieux compte de nos propres opinions.

611. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Jacob, sous un palmier, à l’entrée de sa tente, distribue la justice à ses pasteurs.

612. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

Tu aurais été l’organe de la justice des siècles, si j’avais été à ta place, et toi à la mienne.

613. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

Il oppose l’homme au gouvernement, et la justice, qui n’est pas de ce monde dans son absolu, à l’ordre, qui peut l’être et doit l’être pour que les sociétés valent quelque chose… Certes !

614. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Faisons justice d’un faux lieu commun d’histoire littéraire.

615. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Cette investiture était donnée avec la formule que nous a laissée Tite-Live, savoir, que le roi allié servaret majestatem populi Romani  ; précisément de la même manière que le jurisconsulte Paulus dit que le préteur rend la justice servatâ majestate populi Romani .

616. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Le baronnet ou squire, qui est justice sur son domaine, n’a pas de peine à démêler dans le ministre de la paroisse son collaborateur indispensable et son allié naturel. […] Les grands mots, liberté, justice, bonheur public, dignité de l’homme, sont si beaux et en outre si vagues ! […] Le sacrifice est voté par acclamation ; ils viennent d’eux-mêmes l’offrir au Tiers-état et il faut voir dans les procès-verbaux manuscrits leur accent généreux et sympathique. « L’ordre de la noblesse du bailliage de Tours, dit le marquis de Lusignan545, considérant que ses membres sont hommes et citoyens avant que d’être nobles, ne peut se dédommager, d’une manière plus conforme à l’esprit de justice et de patriotisme qui l’anime, du long silence auquel l’abus du pouvoir ministériel l’avait condamné, qu’en déclarant à ses concitoyens qu’elle n’entend plus jouir à l’avenir d’aucun des privilèges pécuniaires que l’usage lui avait conservés, et qu’elle fait par acclamation le vœu solennel de supporter dans une parfaite égalité, et chacun en proportion de sa fortune, les impôts et contributions générales qui seront consenties par la nation. » — « Je vous le répète, dit le comte de Buzançais au Tiers-état du Berry, nous sommes tous frères, nous voulons partager vos charges… Nous désirons ne porter qu’un seul vœu aux états et, par là, montrer l’union et l’harmonie qui doivent y régner.

617. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

ne faites comme le serpent qui se bouche l’ouye : car je ne suis un enchanteur, mais vostre sœur et cousine… Je ne suis de la nature du basilic, ny moins du caméléon, pour vous convertir à ma semblance, quand bien je seroye si dangereuse et mauvaise que l’on dit, et vous estes assez armée de constance et de justice, laquelle je requiers à Dieu, et qu’il vous donne grace d’en bien user avecques longue et heureuse vie. […] L’officier de justice entra en habit de deuil, le bâton blanc dans la main droite, et s’inclinant devant la reine, il dit à deux reprises : « Me voici. » « Une faible rougeur monta aux joues de la reine, qui, s’avançant avec majesté, répondit : « Allons. » « Elle prit le crucifix d’ivoire qui ne l’avait pas quittée depuis dix-sept ans, et qu’elle avait transporté de donjon en donjon, le suspendant partout à ses oratoires de captive. […] Le comte de Kent répondit que cela serait insolite et même dangereux ; que les plus hardis voudraient tremper leurs mouchoirs dans son sang ; que les plus timides, les femmes surtout troubleraient au moins par leurs cris le cours de la justice d’Élisabeth.

618. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Dans le champ qu’il veut couvrir de ses couleurs, D’Aubigné trace sept compartiments : les Misères, composition générale qui rassemble sous les yeux toutes les iniquités et toutes les hontes ; les Princes, où les figures des rois persécuteurs, le féroce et le coquet ressortent avec une admirable énergie ; la Chambre Dorée, où la justice des magistrats étale ses horreurs ; les Feux, qui sont comme les annales du bûcher, le martyrologe de la Réforme depuis Jérôme de Prague et depuis les Albigeois ; les Fers, tableaux des guerres et des massacres ; les Vengeances, où apparaissent les jugements de Dieu sur les ennemis d’Israël et de l’Évangile, sur Achab et sur Néron, tout un passé sinistre qui répond de l’avenir ; enfin le Jugement, où le huguenot vaincu, déchu de toutes ses espérances terrestres, assigne les ennemis de sa foi, les bourreaux, les apostats, devant le tribunal de Dieu, à l’heure de la Résurrection. […] Vaincu, il a été dispensé de traduire en détestables faits ses passions et ses vengeances ; il a dû tourner ses yeux au ciel, remettre à Dieu de récompenser et de punir ; la défaite a ouvert, élevé son âme dure, elle y a mis, avec les larmes et les tendres regrets, la foi sereine, l’amour confiant, l’espérance et la soif de la justice. De là les fortes parties des Tragiques : cette sorte de psaume où le croyant appelle son Dieu, et crie vers lui pour qu’il se montre et se venge ; ces chants de triomphe en l’honneur des martyrs qui ont vaincu l’iniquité, les tourments et la mort ; ces scènes d’épopée lyrique qui placent d’Aubigné entre Dante et Milton, celle où la Justice et la Paix portent leurs plaintes à Dieu, celle surtout qu’a dictée à la fin le désespoir de l’irrémédiable défaite, quand, à la trompette de l’Ange, les morts s’éveillent, les éléments de la nature viennent témoigner de l’infâme abus qui a tourné entre les mains des hommes les excellentes oeuvres de Dieu en instruments d’injustice ; et Dieu, appelant les élus, qui ont souffert pour lui, aux délices éternelles, envoie les maudits aux gouffres ténébreux d’où il ne sort Que l’éternelle soif de l’impossible mort.

619. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Adolphe Jullien fait justice des pseudo-patriotismes « des commerçants affolés par la concurrence… » 19 avril, le Voltaire : « la fille Wagner » par M.  […] Mais son infaillible instinct d’artiste et de poète lui a fait comprendre que la question de la destinée humaine, le désir d’une existence renouvelée, réparatrice de tous nos maux, la soif de la vérité, de la justice et de l’amour, étaient les grandes, les principales sources de poésie. […] Les manifestations de rue ayant abouti à la suspension des représentations dès la première, Lamoureux avait assigné Peyramont en justice et les colonnes de La Revanche se sont fait l’écho de cette lutte devenue personnelle.

620. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Le temps est loin où l’on pouvait dire avec justice : « La critique souvent n’est pas une science, c’est un métier, où il faut plus de santé que d’esprit, plus de travail que de capacité, plus d’habitude que de génie2. » De nos jours elle est devenue non pas une science sans doute3, mais un art tour à tour savant et ingénieux, qui tantôt déroule avec une grandeur imposante les annales de la pensée d’un peuple, tantôt dessine avec finesse le portrait et le caractère d’un homme ; ici, dans une causerie facile, nous fait confidence de toutes ses émotions, et se raconte lui-même avec un charmant égoïsme ; là, dans une brillante improvisation, retrouve en quelque sorte l’image de l’éloquence antique, et tient suspendu à ses lèvres un jeune auditoire charmé de voir la pensée éclore à chaque instant sous ses yeux. […] L’honnêteté est peut-être encore plus nécessaire au critique ; à qui la justice est-elle plus indispensable qu’au juge ? […] De là non seulement le mauvais nous inonde ; ce n’est là qu’un mal secondaire, le temps fait justice du mauvais ; mais le bon périt dans son germe, étouffé par l’indifférence.

621. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Mélange de force et de justice, elle avait réprimé et contenu une révolte que le duc d’Albe exaspéra. […] Elle y a perdu également de sa justice et de sa beauté. De sa justice, c’est bien évident ; mais de sa beauté ?

622. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Voici comment il s’exprime à ce sujet dans le journal inédit du baron Gourgaud (il s’agit d’une entrevue avec la reine de Prusse après Iéna) : « Elle me reçut sur un ton tragique, comme Chimène : Sire, justice ! justice ! […] Elle fait parler l’avocat, le juge, le médecin, comme si c’était peu de chose que la santé et la justice, l’essentiel étant qu’il y ait des médecins, des avocats, des juges, et que les formes extérieures de la profession soient respectées scrupuleusement.

623. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Ce qu’il a plu d’appeler l’état de nature n’est qu’un état de guerre, où règne le droit du plus fort, et où l’idée de la justice n’intervient guère que pour être foulée aux pieds par la passion. […] La justice constituée, c’est l’État. La mission de l’État est de faire respecter la justice par la force, d’après cette idée, inhérente à celle de la justice, que l’injustice doit être non seulement réprimée, mais punie14. […] La justice n’est que cela ; la justice, c’est le maintien de la liberté réciproque. […] La nécessité des lois de l’histoire, avec leur caractère de sagesse et de justice, est une des formes visibles et sensibles de la Providence.

624. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

XVII) les magistratures, les sacerdoces, le droit de bourgeoisie, la justice, l’injustice ; les favoris ligués exercent un monopole général. […] Grâce à la justice des immortels et à ma prudence, il me reste une ressource : le fils de Claude est vivant ; je le montrerai à l’armée. […] La méchanceté notoire et la probité reconnue pèseraient également dans les balances de la justice et dans les nôtres ? […] Tous les jours un magistrat sensible laisse étouffer par le cri de la justice la voix intérieure de la commisération qui le sollicite. […] En 1602, sous le règne de Henri IV, l’exercice de la justice est interrompu par le remuement des avocats.

625. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Car enfin si nous voulons entendre le monde comme manifestation de justice, nous sommes très vite confondus de l’inutilité de notre effort et il est bien certain qu’excepté dans le cerveau humain il n’y a pas un atome de justice dans l’univers. […] Car, ainsi me parle la justice : les hommes ne sont pas égaux. » Nietzsche ne tarit pas sur les « tarentules ». […] Il y a l’univers, absolument immoral, oui ; mais il y a Dieu moral, comme l’homme ; juste, comme l’homme ; conservateur et vengeur de la morale et de la justice et qui rétablit tout à un moment donné et en un lieu donné selon la justice et la morale Dès lors, contrepoids : d’un côté l’univers, de l’autre côté l’homme et Dieu, et, même si l’homme n’est rien. […] Il faut mettre à part Jésus, dont on ne sait que peu de choses et qui semble, à essayer de le voir à travers les contradictions de doctrines et de tendances des Évangiles, avoir été beaucoup plus un aristocrate mystique qu’un plébéien ; car l’idée de justice lui est insupportable, et l’idée de justice est la pierre de touche en ces matières. […] Deuxième degré : ils entrent en lutte, ils veulent être reconnus : droits égaux, « justice ».

626. (1897) Aspects pp. -215

Quand vous aurez réalisé la justice totale, vous n’aurez plus besoin de nous. […] C’est là, pense-t-il, le seul moyen d’amener le règne de la justice en évitant l’imminente révolution sociale. […] oui justice, et non plus charité ! La charité n’avait fait qu’éterniser la misère, la justice la guérirait peut-être. C’était de justice que les misérables avaient faim, un acte de justice pouvait seul balayer l’ancien monde, pour reconstruire le nouveau… Le grand mouvement des nationalités était l’instinct, le besoin même que les peuples avaient de revenir à l’unité.

627. (1929) Amiel ou la part du rêve

Amiel écrivait pendant la guerre de 1870 : « Je rends grâce à Dieu d’appartenir à un pays et d’avoir une situation qui me permettent de dépouiller mon âme de ces préjugés et de ces emportements vulgaires, et de ne chercher que la justice, comme un homme calme. » Un homme calme qui, ne l’oublions pas, a fait Roulez, Tambours. […] La justice consiste à reconnaître le droit des autres, le droit réciproque, ponctuel, équivalent, des autres nations, des peuples, des sociétés, le droit de l’humanité. Ne serait-ce pas les petits peuples qui peuvent le mieux élaborer les notions de justice internationale ? […] La justice suppose la noblesse de l’âme et le désintéressement. — Une fédération de petits peuples libres, qui ne demandent que l’indépendance, semble la patrie naturelle des idées historiques plus humaines, le sol des théories épurées de civilisation. […] Amiel finit d’ailleurs par faire bien des concessions), son hostilité contre le monde jésuitisé qui commence, aux portes de la cité, chez le symbolique curé de Confignon, et cette croyance moins en la bonté de Dieu qu’en sa justice, une justice qu’Amiel reconnaît et salue, quand il regarde jusqu’au fond dans les épaisseurs de sa vie singulière : cet On n’a droit à rien, que, par une instructive coïncidence, on retrouve chez Stendhal.

628. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

La richesse est-elle toujours compagne de la bonté et de la justice ? […] Rendons cette justice à M.  […] Il s’agit d’un prisonnier qui trouve une femme disposée à se marier avec lui pour le tirer des mains de la justice. […] On lui doit cette justice qu’il renonça fièrement à l’ambition et aux dignités dès qu’il fut assuré qu’elles ne pouvaient plus être pour lui qu’un vain objet de parade. […] Par quelle suite de raisonnements captieux l’iniquité lui était-elle devenue justice ?

629. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Quelques amis ont vite fait justice de cette calomnie auprès de M.  […] Pas encore, je l’avance en toute justice. […] Il n’en est pas un qui ne se réjouisse de voir surgir de toutes les provinces de la France de nouvelles générations d’écrivains vouées au culte de la Beauté et à la défense de la Justice. […] Et je ne vois pas comment cette admiration juvénile a pu modifier en quoi que ce soit mes sentiments de la justice et du droit. […] On a pu sourire avec justice des plébiscites, des scrutins et des congrès.

630. (1925) Dissociations

Il a traversé la période danoise, la période normande, plusieurs révolutions ; on peut donc dire qu’il est parfaitement adapté à la psychologie de ceux qui sont devenus et demeurés des Anglais et dans lesquels on n’aperçoit aucune trace de désaffection pour ce mode de justice. […] Il n’était pas besoin de tant de cérémonies pour se débarrasser de l’animal dangereux et l’on aurait pu sans scrupule s’épargner cette parodie de la justice. Cependant, sommes-nous bien sûrs que beaucoup de nos procès criminels ne soient pas aussi des parodies de la justice ? […] Je ne désire pas que l’on pende, ni que l’on assomme, ni que l’on raccourcisse, n’importe quel humain sans procès, mais je désirerais peut-être qu’on ne mêlât pas l’idée ‘de justice à l’examen de la criminalité de certains êtres évidemment irresponsables. […] Cela donne une bonne idée de la justice de l’histoire.

631. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Sainte-Beuve ne donne relâche à son héros que lorsqu’il a fait justice impitoyable de ses honteux entraînements, que lorsqu’il l’a contraint de descendre, par l’infamie de ses voluptés, jusqu’au degré le plus bas et le plus sali de la corruption. […] Qu’il se fasse prêtre, soldat, ou greffier d’une justice de paix, pour l’intérêt que nous y prenons, cela est fort indifférent. […] Un scandale éclate ; un mari trompé demande justice ; quelques jeunes désœuvrés se tuent, laissant leurs poches pleines de mauvais vers ; un romancier fait un livre immoral ; un entrepreneur d’émotions dramatiques exploite sur la scène le reste impur des corruptions d’un autre âge : tout cela, c’est la faute de ce pauvre siècle ! […] c’est une justice à rendre au gouvernement représentatif ! […] Les Sykes gouvernent, rendent la justice, font la police et la guerre, vont en recette le sabre au côté, le pistolet au poing ; le reste de la population obéit, si elle habite la plaine, ou végète rebelle et misérable dans la montagne.

632. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Faisons d’ailleurs comme Saint-Martin, et rendons toute justice à Garat. […] Je conçois que ces points-là ont pu nuire à mes ouvrages, parce que le monde ne s’élève pas jusqu’au degré où, s’il était juste, il trouverait abondamment de quoi se calmer et me faire grâce, au lieu qu’il n’est pas même assez mesuré pour me faire justice.

633. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Cinq des principaux officiers du chef camisard Roland ayant été pris, on les exécuta avec tout l’appareil effrayant de la justice d’alors. […] C’est alors que, Villeroy lui-même se rendant justice et se retirant, il y eut un mouvement dans le choix des généraux, et Villars fut désigné par Louis XIV pour servir sous le duc d’Orléans en Lombardie : il refusa.

634. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Quand je me rapprochais du petit nombre de terroristes déguisés qui avaient survécu, j’entendais dire qu’il fallait exterminer le nouveau gouvernement, les émigrés et les étrangers ; quand je me laissais séduire par les opinions modérées et doucereuses des écrivains qui prêchaient le retour à la morale et à la justice, on m’insinuait à la deuxième phrase que la France ne pouvait se passer d’un roi, chose qui me choquait singulièrement. […] Je disais, ce que je pense aujourd’hui comme alors, que les journaux écrits sans modération, sans justice, sans loyauté, peuvent occasionner de grands maux.

635. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

» C’est ce qu’elle écrit dans les mauvais jours, quand elle se laisse aller à son humeur ; mais cependant elle est obligée de convenir que cette maréchale juge très-bien les gens, qu’ils sont démêlés et sentis par elle à souhait, qu’elle rend toute justice particulièrement au mérite de cette charmante duchesse de Choiseul. […] Elle se console par la justice que lui rendent ceux qui la connaissent plus particulièrement, et par les sentiments qu’elle leur inspire.

636. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Il serait bon de revenir de temps en temps sur les diverses époques littéraires, même celles qui ont été déjà très explorées et qui sont censées les mieux connues, pour y constater les changements introduits par le cours des études, pour enregistrer les acquisitions réelles, et faire justice des prétentions peu fondées. […] Elle demande justice et vengeance de l’attentat de Folie.

637. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

En un mot, c’est le roi qui fait justice sur don Carlos, ce n’est pas le père. […] Mais il reste la justice de l’histoire sur le souverain qui rendit contre lui toute calomnie vraisemblable, et mérita même les mensonges accusateurs qu’il encourut.

638. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

mais avez-vous donc oublié qu’à cette heure où Louis XVI avait péri, il n’y avait plus que deux ou trois habitants de ces ci-devant palais, des femmes comme vous, prisonnières comme vous, enfermées au Temple comme vous à Sainte-Pélagie, destinées à plus d’insultes, à plus d’outrages que vous n’en subîtes jamais ; — l’une surtout, une reine redevenue auguste par le courage et le malheur, une victime comme vous allez l’être, et que vous suivrez à trois semaines de distance sur le fatal échafaud ; celle même dont les pages secrètes retrouvées aujourd’hui viennent faire concurrence aux vôtres et avertir les cœurs généreux de ne rien maudire, de ne rien commettre d’inexpiable, et de réunir dans un même culte de justice et d’humanité tout ce qui a régné par la noblesse du sang, le charme de la bonté, par l’esprit, par le caractère, tout ce qui a lutté, combattu, souffert et grandi dans la souffrance, tout ce que le malheur a sacré ! […] Elle avait l’évidence d’une justice divine qui la consolait dans une mesure infinie de l’atroce iniquité dont elle était la victime, et lui donnait cette résignation à la fois enthousiaste et calme qui efface l’horreur de l’agonie et triomphe du supplice et du néant. » Il m’est impossible, malgré la déférence et le respect que j’ai pour le témoignage de M. 

639. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

On devient calme, on devient fort, on devient bon, on devient inébranlable dans la justice, on devient plein de bienveillance et d’amour. […] Cousin en toute justice et en toute justesse.

640. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Je viens vous rappeler aujourd’hui que, parmi nos concitoyens, il existe, pour nous et pour la postérité, un vieillard vénérable qui fut aussi le précurseur de l’apôtre de la liberté, et dont la vieillesse est flétrie par un décret lancé contre sa personne et ses écrits : c’est l’abbé Raynal, qui réclame aujourd’hui par ma voix la justice, les principes et la protection de l’Assemblée nationale. […] Peut-être aussi, en rendant justice, comme l’a fait l’auteur, aux vertus, aux bonnes actions (qui sont, selon son heureuse expression, le complément des bons ouvrages), à l’obligeance de Raynal, à cet amour généreux de la gloire qui lui avait fait élever à ses frais un monument aux fondateurs de la liberté helvétique, et fonder pour des prix dans cinq diverses Académies des rentes perpétuelles de douze cents-livres ; peut-être aussi ne fallait-il pas dissimuler le tort qu’il s’ôtait donné en signant et laissant paraître avec son nom, sous l’Assemblée constituante, cette Lettre si déplacée, dont l’auteur est maintenant connu, et le fut même dès ce temps-là.

641. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Je cherche souvent en moi-même ce qui peut m’avoir fait frapper si durement par notre cher Créateur ; car il est impossible que sa justice punisse ainsi sans cause, et cette pensée achève bien souvent de m’accabler. » Chaque cœur croyant a, ainsi, un jour ou l’autre, son heure de tentation et de doute, son délaissement et sa sueur froide, son jardin des Olives. […] Il fut tué lors du massacre du coup d’État, en décembre 1851, sur la voie publique, à Paris, pendant qu’il se rendait, inoffensif et sans armes, au palais de justice.

642. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Ce n’était que justice. […] Il regretta que je fusse arrivé si tard, en rendant justice à mon zèle et en convenant que je n’avais pu mieux faire.

643. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Joachim Du Bellay, auquel nous viendrons tout à l’heure, ce premier lieutenant de Ronsard et le porte-enseigne du groupe, n’a pas été le moins favorisé, et c’est justice. […] Émile Chasles, dans une thèse sur la Comédie en France au xvie siècle (1862), a rendu plus de justice qu’on ne l’avait fait encore à l’effort tenté par quelques poètes de la Pléiade pour instituer une comédie qui ne fût plus celle des carrefours et qui tendait à devenir la comédie des honnêtes gens.

644. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Enfin la condamnation obtenue avec tant de peine de la justice et de la bonté d’Innocent XII arriva à Paris avec un cri de joie des ennemis de Fénelon à Rome. […] Le service militaire réduit à cinq ans de présence sous les drapeaux ; les pensions aux invalides servies dans leurs familles, pour être dépensées dans leurs villages, au lieu d’être dilapidées dans l’oisiveté et dans la débauche du Palais des Invalides dans la capitale ; Jamais de guerre générale contre toute l’Europe ; Un système d’alliance variant avec les intérêts légitimes de la patrie ; Un état régulier et public des recettes et des dépenses de l’État ; Une assiette fixe et cadastrée des impôts ; Le vote et la répartition de ces subsides par les représentants des provinces ; Des assemblées provinciales ; La suppression de la survivance et de l’hérédité des fonctions ; Les États généraux du royaume convertis en assemblées nationales ; La noblesse dépouillée de tout privilége et de toute autorité féodale, réduite à une illustration consacrée par le titre de la famille ; La justice gratuite et non héréditaire ; La liberté réglée de commerce ; L’encouragement aux manufactures ; Les monts-de-piété, les caisses d’épargne ; Le sol français ouvert de plein droit à tous les étrangers qui voudraient s’y naturaliser ; Les propriétés de l’Église imposées au profit de l’État ; Les évêques et les ministres du culte élus par leurs pairs ou par le peuple ; La liberté des cultes ; L’abstention du pouvoir civil dans la conscience du citoyen, etc.

645. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

La foi servant à la politique, les actes égoïstes sortant d’une volonté de sacrifice, la cruauté et l’intérêt se faisant ministres de la justice et vengeurs du crime, on voit apparaître ici, quand on lit bien, quelques-uns des éternels sophismes, des incessantes contradictions de la faible humanité qui ne peut renoncer ni à rêver le bien ni à suivre son bien. […] Le voilà, avec ces vertus qui, en ce temps-là même, et jusque chez les infidèles, le firent plus fort que tous les talents et toutes les victoires : la piété d’un moine, le courage d’un soldat, mais surtout l’abnégation, la perpétuelle immolation du « moi », la charité fervente et la justice sévère.

646. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

La morale qui est une revendication en faveur de la justice et de l’égalité se glissera de plus en plus dans les évaluations. […] La notion étroite de justice égalitaire viciera les évaluations des mérites et des œuvres.

647. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Après avoir dégagé la question des ambiguïtés et des arguties dont quelques orateurs l’avaient enveloppée, il arrivait au fond, il entrait dans le vif, et, acceptant le défi dans toute son étendue, il opposait doctrine à doctrine ; à celle de la Sainte-Alliance, qui met le droit tout entier du côté de la royauté, il opposa celle qui le met du côté de la justice toujours, et souvent du côté des peuples : Hé quoi ! […] Car enfin, ce droit de compter sur soi-même, et de mesurer son obéissance sur la justice, la loi et la raison ; ce droit de vivre et d’en être digne, c’est notre patrimoine à tous ; c’est l’apanage de l’homme qui est sorti libre et intelligent des mains de son Créateur.

648. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Cette beauté à laquelle elle est la première à rendre une si haute justice était réelle, en effet, à cet âge de première jeunesse. […] Impatiente des pourparlers qui se prolongeaient, Mademoiselle se promenait devant les remparts, excitant les gens du dedans par ses gestes et ses paroles ; puis, voyant qu’il fallait plus compter sur le menu peuple que sur les gros bourgeois, elle se jeta dans une barque que des bateliers lui offraient, fit rompre une porte mal gardée qui donnait sur le quai, et par laquelle on ne l’attendait pas : quand il y eut deux planches rompues, on la passa par le trou, et la voilà introduite, de loin suivie par ses dames qui prirent le même chemin, portée en triomphe par le peuple, et en un clin d’œil maîtresse de la place : Car, lorsque des personnes de ma qualité sont dans un lieu, dit-elle au gouverneur et à l’échevinage un peu étonnés, elles y sont les maîtresses, et avec assez de justice : je la dois être en celui-ci, puisqu’il est à Monsieur. — Ils me firent leurs compliments, assez effrayés… Arrivée à mon logis, je reçus les harangues de tous les corps et les honneurs qui m’étaient dus, comme en un autre temps.

649. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

J’aurai assez à le critiquer d’ailleurs, pour ne pas craindre de lui rendre ici une justice qui lui est pleinement due. […] Maury est-il de bonne foi, lui, homme du xviiie  siècle, lorsque, dès les premiers mois de l’Assemblée (23 décembre 1789), il s’oppose à l’admissibilité des comédiens et des juifs aux droits de citoyens, les assimilant, dans son énumération, à l’exécuteur de la haute justice ?

650. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Dans une réponse pourtant qu’il fit à l’un d’eux (juin 1785), on lit : Vous me demandez s’il est vrai que le roi m’ait accordé des secours puissants dans ma détresse actuelle ; je n’ai pas plus de raisons de dissimuler les traits de sa justice, que je n’en eus de cacher l’affliction profonde où me plongea sa colère inopinée. Le roi trompé m’a puni d’une faute que je n’ai pas commise ; mais, si mes ennemis sont parvenus à exciter son courroux, ils n’ont pu altérer sa justice… Oui, monsieur, il est très vrai que Sa Majesté a daigné signer pour moi, depuis ma disgrâce, une ordonnance de comptant de 2 150 000 livres sur de longues avances dont je sollicitais le remboursement auprès du roi, tandis qu’on m’accusait du crime odieux de lui manquer de respect.

651. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

J’entends la plainte de Prométhée que la Force et la Violence clouent à son roc de martyre » ; et cette apostrophe est la réclamation même de la justice contre la loi. […] Aussi, si Heine se connut mieux en s’analysant davantage, il se connut ironiquement, se détesta, se méprisa, se vilipenda, et comme l’on ne sait de l’humanité que soi-même, il advint que son âme fut partagée entre la tristesse et le mépris, qu’il se conçut, même dans les œuvres où s’idéalisant, il s’érigeait en pur exemplaire humain, tantôt comme un malheureux digne de pitié et de justice, tantôt comme un misérable qu’il fallait bafouer et maltraiter.

652. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Sans doute les aristocraties dirigeantes, qui mettent la nuit sur les yeux des masses, sont les premières coupables, mais, en somme, la conscience existe pour un peuple comme pour un individu, l’ignorance n’est qu’une circonstance atténuante, et quand ces dénis de justice durent des siècles, ils restent la faute des gouvernements, mais deviennent la faute des nations. […] Il y a donc, à l’exécution de ces monuments, utilité populaire ainsi que justice nationale.

653. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Quelques-uns essayent d’arrêter cette progression aux questions métaphysiques et spéculatives, comme ils les appellent, et voudraient sauver la morale ; mais c’est une contradiction, et d’après l’échelle précédente on sera forcé de dire que celui qui nie la morale est plus libre penseur que celui qui l’affirme ; par la même raison, celui qui nie tout principe en politique sera plus libre penseur que celui qui en reconnaît quelques-uns, par exemple la liberté et la justice. […] Beaucoup d’objections, de défiances, de malentendus, couvrent encore la solide et éclatante vérité que ce principe exprime ; on en subit la nécessité sans en comprendre la justice, on en accepte les inconvénients sans en attendre beaucoup de bienfaits.

654. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Que s’il y avait quelque morale attachée au culte de la déesse de la Justice, de la Sagesse, cette morale n’était-elle pas presque absolument détruite, et surtout pour le peuple, par le culte des plus infâmes divinités ? […] Il m’aimoit ; j’ai forcé sa justice éternelle D’appesantir son bras sur ma tête rebelle : Je l’ai rendu barbare en sa sévérité ; Il punit à jamais, et je l’ai mérité.

655. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Mais justifions notre épigraphe, en rendant toute justice à quelques autres parties de sa composition. […] Malgré cette petite répugnance, je conviens que la vérité est inflexible, que la pitié est un sentiment étranger au métier que je fais, et que je vous remets le glaive pour faire justice sévère.

656. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Il semblait s’étonner de cette justice et ajoutait un peu douloureusement : « Il paraît que vous m’avez attaqué dans les Ecrits Nouveauxv  ». […] Voir Guillaume Apollinaire, « Mes prisons », Guillaume Apollinaire, numéro spécial de Rimes et raisons, 1946, p. 48-52 et Albert Gleizes, « Apollinaire, la justice et moi », Guillaume Apollinaire, op. cit.

657. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général Ces réflexions sont destinées à développer les principes qu’on a établis sur l’éloquence dans le discours précédent ; les éloges de justice et de devoir, auxquels on a été obligé dans ce discours, et les bornes qui lui étaient d’abord prescrites, n’ont pas permis d’y traiter avec l’étendue convenable cette matière importante. […] Il ne faut donc pas s’étonner si quelques modernes, en rendant justice d’ailleurs à l’éloquence de Démosthène, n’en ont pas paru échauffés au même degré que les Athéniens.

658. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Elle est de plus, et elle est surtout, dans l’accent avec lequel on condamne, car c’est cet accent qui punit, c’est cet accent qui est le bourreau et qui parachève la justice. […] Cet esprit, de principes si sévères qu’on l’a accusé d’être un puritain en littérature, n’a point, quand il touche aux œuvres contemporaines et aux hommes vivants, l’implacabilité qui est le caractère de toute justice qui doit frapper et courageusement frappe… Excepté ce coup de feu et de jeunesse, justifié par les guerres du temps, contre une masse, d’ailleurs, contre toute une littérature dans laquelle le nom d’un seul écrivain fut prononcé, et au milieu de quelle revanche d’éloges !

659. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Traînés au soleil de la honte, Une justice auguste et prompte Avec leur âme les confronte Éperdus, transis, effarés, Car tous les vices, tous les crimes, Les mouvements les plus intimes, Les actes les plus anonymes, Sont au grand livre enregistrés. […] Il doit répondre au charme par la justice ; il doit payer l’enchantement qu’on lui cause par la vérité.

660. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

il a maudit l’homme du premier Empire : tout péché lui est à l’instant remis ; toute justice est rendue au poëte : il sera nommé, il est mûr.

661. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Hugo dans ses premières odes politiques : et, s’il n’y avait pas là de quoi faire un chantre populaire, si le siècle ne se pouvait prendre d’amour pour qui lui lançait des anathèmes, et si, en un mot, le Lamennais de la poésie ne devait pas prétendre à devenir le Béranger de la France, peut-être au moins il avait dans sa franchise et son talent des titres à l’impartialité et à la justice.

662. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Vaugelas et Fénelon, dans le siècle suivant, lui ont bien rendu cette justice.

663. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Et c’est justice de ne pas accorder toute la gloire à ceux qui recueillent la moisson, et d’en réserver quelque petite part à ceux qui ont préparé et semé le champ.

664. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Ce qu’on appelle indulgence n’est, le plus souvent, que justice.

665. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

C’était justice.

666. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

À LA CITÉ DE CARCASSONNE De la tour de Justice à la tour du Trésaut, Le soir apaise enfin l’horizon solitaire ; D’implacables destins ont désolé ces terres, Mais leur fière beauté garde encor des vassaux.

667. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Le roseau, dans sa réponse, rend d’abord justice à la bonté du cœur que le chêne a montrée.

668. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Dans un temps où les princes de la terre avaient sur les peuples des droits dont les limites étaient inconnues, était-ce donc un si grand malheur que les rois eussent au-dessus d’eux une puissance mystérieuse qui venait les épouvanter et leur annoncer, les oracles de la justice éternelle, une puissance qui venait leur dire : Ce sceptre que vous tenez de Dieu, Dieu peut vous l’enlever ; ce glaive que vous portez à votre côté peut être réduit en poussière par le glaive de la parole ?

669. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

C’est un génie à part, lequel nous dispense de tous les autres, et même parfois de justice et de sens commun.

670. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

« Je suis de ceux, — nous dit Véron, — je suis de ceux qui peuvent sans adulation rendre cette justice éclatante à l’élu de huit millions de suffrages ! 

671. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Je le dis hardiment : j’invoque par mon fils justice pour moi.” » 97.

672. (1932) Les idées politiques de la France

Théoricien du royalisme, Maurras n’a pas eu tort d’attacher, avec une insistance curieuse, grande importance à ce cri du vieux républicain Ranc : « Vive la France, mais la France de la Révolution, de la justice et du droit !  […] Et pourtant le radicalisme ne s’explique pas sans un oxygène proudhono-alanien : la Justice dans la Révolution et dans l’Église, les Éléments d’une doctrine radicale sont les deux livres qu’il faudrait faire lire à un étranger pour lui éclairer le mot du Barrès de 1923. […] Or il s’agit bien, et Lamennais ne s’y était pas trompé, non seulement d’une révolution dans l’Église, non seulement d’un accord entre l’Église et la Révolution (parfaitement normal puisque ce fut le cas du Concordat), mais d’une alliance entre l’Église et la Révolution, d’une fusion entre la justice selon la Révolution et la justice selon l’Église. […] La Révolution croit à la justice sur la terre, et son fleuve individualiste va de ce fait se jeter dans la mer socialiste. L’Église ne croit qu’à la justice d’en haut, et ne tient sur la terre la vie sociale pour bonne qu’en tant qu’elle contribue à la seule fin terrestre valable, le salut de l’âme individuelle.

673. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Et c’eût été justice. […] La justice, cette chose de Dieu de qui les juges humains sont dès lors l’émanation distributive. […] Le magistrat, grassouillet, zézayant, toge et toque assumées « suait en son lit de justice ». […] Connaissez-vous le Palais de Justice de Bruxelles ? […] Mais que de haltes au cours de cette lente justice.

674. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Dans le récit de ce premier procès au nom de la duché-pairie contre M. de Luxembourg, il y a un moment où l’avocat de celui-ci ayant osé révoquer en doute la loyauté royaliste des adversaires, Saint-Simon, qui assistait à l’audience, assis dans une lanterne ou tribune entre les ducs de La Rochefoucauld et d’Estrées, s’élance au dehors, criant à l’imposture et demandant justice de ce coquin : « M. de La Rochefoucauld, dit-il, me retint à mi-corps et me fit taire. […] Mais je ne parle que de portraits et il y a bien autre chose chez lui, il y a le drame et la scène, les groupes et les entrelacements sans fin des personnages, il y a l’action ; et c’est ainsi qu’il est arrivé à ces grandes fresques historiques parmi lesquelles il est impossible de ne pas signaler les deux plus capitales, celle de la mort de Monseigneur et du bouleversement d’intérêts et d’espérances qui s’opère à vue d’œil cette nuit-là dans tout ce peuple de princes et de courtisans, et cette autre scène non moins merveilleuse du lit de justice au Parlement sous la Régence pour la dégradation des bâtards, le plus beau jour de la vie de Saint-Simon et où il savoure à longs traits sa vengeance. […] Les différents endroits où il parle de lui sont d’admirables pages d’histoire ; le marquis n’a pas parlé de son père en des termes plus expressifs et mieux caractérisés que ne le fait Saint-Simon, qui n’y a pas mis d’ailleurs les ombres trop fortes : tant il est vrai que le talent de celui-ci le porte, nonobstant l’affection, à la vérité et à une sorte de justice quand il est en face d’un mérite réel et sévère, digne des pinceaux de l’histoire.

675. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

En effet, c’est ainsi que les choses se passent ; tous les jours des centaines de gens riches quittent Londres pour passer un jour à la campagne ; c’est qu’ils ont convocation pour les affaires de leur commune ou de leur Église ; il sont justices, overseers, présidents de toutes sortes de Sociétés, et gratuitement. […] Beaucoup d’entre eux font des lectures ; leurs sœurs ou leurs filles tiennent des écoles de dimanche ; en somme, ils donnent à leurs frais aux ignorants et aux pauvres la justice, l’administration, la civilisation. […] Ce que l’on sait de lui, c’est qu’il est parfaitement juste, et une confiance pareille suffit pour représenter tous les événements de la vie comme un acheminement vers le règne de la justice.

676. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Les harangues du Parlement, prononcées à l’époque de la Fronde, celles par exemple de l’avocat général Talon, ont la marche et le style des plaidoyers ; on sent que ceux qui parlent ont pour principale et ordinaire fonction l’administration de la justice. […] Quand les heureux, les grands, les habiles l’écoutent, il prêche sur l’ambition, sur l’impénitence finale, sur l’honneur du monde, sur la justice : il expose la haute philosophie de la religion ou discute les objections raffinées des esprits forts. […] Mais son tempérament de juriste a besoin de justice : le dogme de la Providence corrige l’immoralité de la réalité, et rend à chacun selon son mérite.

677. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Quelle élégie que ce rugissement de lion blessé, aux prises avec les angoisses de la vie, de la mort et du doute, et interrogeant Dieu lui-même pour le forcer à justifier sa justice devant sa créature ! […] L’ingratitude n’est jamais justice, et sans justice où serait la philosophie de la vie ?

678. (1914) Boulevard et coulisses

L’un pansait les blessures, l’autre intervenait quand le cercle avait des démêlés avec la justice. […] On lui a tellement répété qu’elle était la source du droit et de la justice et que ses décisions étaient sans appel ! […] Ne la livrez pas au désordre et à la tempête. » Vous direz aux autres : « N’empêchez pas l’humanité de faire le beau rêve du progrès et de la justice. » Aux uns : « Laissez-nous respirer » ; aux autres : « Laissez-nous espérer. » Et vous êtes, vous, messieurs, merveilleusement aptes à jouer ce rôle.

679. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Considérant que « sa position de repris de justice » pourrait compromettre la dignité de la bureaucratie française, il écrivit au ministre pour lui offrir sa démission. […] Cet uniforme, je l’ai porté sous le gouvernement républicain, quand, dans une circonstance mémorable, j’ai rendu la justice au nom du peuple français. […] C’est d’eux qu’il apprit à respecter la vérité, à chercher la justice, à travailler pour le triomphe du droit. […] La justice est rendue par des magistrats dont Portalis et Treilhard dictent encore les décisions. […] Elle n’est pas la justice.

680. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Ou bien est-ce pour y établir un système de justice et de compensation entre les différents êtres qui l’y ont précédé ? […] Il a des instincts de justice ; il est crédule parce qu’il est foncièrement loyal. […] Avec une idée plus hardie de la justice éternelle et des fins providentielles de l’humanité, il eût résolu plus clairement la question. […] La Russie se fera justice elle-même. […] Konrad, dans sa soif de trouver au ciel la justice et la bonté qui se sont éclipsées pour lui de la terre, ne recule pas devant le blasphème.

681. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il aimait naturellement les belles choses, la bonté et la justice, la science et la liberté. […] Je suis perpétuellement occupé à donner des ordres, à prescrire des devoirs, à écouter des parties, à administrer la justice, à distribuer des récompenses et des punitions. […] Un chef-d’œuvre en même temps qu’un document d’histoire est sir Roger de Coverley, le gentilhomme de campagne, loyal serviteur de la Constitution et de l’Église, justice of the peace, patron de l’ecclésiastique, et dont le domaine montre en abrégé la structure du pays anglais. […] I am perpetually taken up in giving out orders, in prescribing duties, in hearing parties, in administering justice, and in distributing rewards and punishments… I look upon my family as a patriarchal sovereignty in which I am myself both king and priest… When I see my little troop before me, I rejoice in the additions I have made to my species, to my country, to my religion, in having produced such a number of reasonable creatures, citizens, and christians.

682. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Immolé pour la justice et la civilisation, ses accents répondront toujours à quelque fibre immortelle.

683. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

J’espère que le jour de justice pour le charmant et si sensé poète reviendra.

684. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

La justice des hommes se promettait par avance une de ces satisfactions d’amour-propre qu’au dire des comptes rendus elle éprouve chaque fois qu’il lui est donné de présider à une cérémonie de cet ordre, et le tout-Paris des dernières, friand de tout bruit de coulisse  et notamment de celui que fait le sinistre couperet en glissant dans sa rainure  retenait déjà ses places, etc… » Ne croyez pas, je vous en supplie, que ces lignes soient l’indice d’un mauvais cœur.

685. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Voltaire a dit avec justice de Balzac, que la langue française lui avait de grandes obligations : « Homme éloquent, dit-il, qui donna le premier du nombre et de l’harmonie à la prose. » Chapelain était un mauvais poète, mais il était homme d’honneur et de probité ; il possédait une érudition profonde et judicieuse ; il eut, le premier, l’idée du Dictionnaire de l’Académie française.

686. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Tout le monde sait combien le repentir expia ces écarts de son imagination, quand on eut dissipé sa sécurité : Vrai dans tous ses Ecrits, vrai dans tous ses Discours, Vrai dans sa pénitence à la fin de ses jours, Du Maître qui s’approche il prévient la justice, Et l’Auteur de Joconde est armé du cilice*.

687. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

La justice que le public rend aux ouvrages qui se publient par la voïe de l’impression, peut bien se faire attendre durant quelques mois, mais ceux qui paroissent sur le theatre ont plûtôt rempli leur destinée.

688. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

— Vous en êtes un plus grand encore, fit le visiteur toujours grave, comme la justice.

689. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Au fond, cette injure en marbre n’était qu’une justice.

690. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Paul Meurice n’est pas dépourvu de talent, — et je dirai tout à l’heure le talent qu’il a, — mais entre son adoration génuflexoire pour Hugo et sa collaboration avec madame Sand, son talent est assez mal placé pour produire un grand effet et pour qu’on lui rende une justice entière.

691. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Ô Dieu qui verses tous les dons, Dieu à qui les orages et la foudre obéissent, écarte de l’homme cette erreur insensée ; daigne éclairer son âme ; attire-la jusqu’à cette raison éternelle qui te sert de guide et d’appui dans le gouvernement du monde, afin qu’honorés nous-mêmes, nous puissions t’honorer à ton tour, célébrant tes ouvrages par une hymne non interrompue, comme il convient à l’être faible et mortel ; car, ni l’habitant de la terre, ni l’habitant des cieux n’a rien de plus grand que de célébrer dans la justice, la raison sublime qui préside à la nature. » Il est difficile sans doute de parler de Dieu avec plus de grandeur.

692. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

» Cependant l’usage de louer les empereurs après leur mort subsistait toujours ; jamais cette institution ne dut paraître plus noble, que lorsque l’éloge funèbre d’Antonin fut prononcé dans la tribune par Marc-Aurèle : c’était la vertu qui louait la vertu ; c’était le maître du monde qui faisait à l’univers le serment d’être humain et juste, en célébrant la justice et l’humanité sur la tombe d’un grand homme.

693. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Le monde réparé, la terre réconciliée avec le ciel, un pacificateur entre Dieu et l’homme, un nouvel ordre de justice, une vie à venir et de grandes espérances, ou de grandes craintes au-delà des temps, tel était le tableau que cette éloquence présentait aux hommes.

694. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il est alors dans l’Assemblée sur la même ligne que Royer-Collard, avec lequel il noue alliance au nom de la justice, que tous deux défendent et dont ils voudraient inaugurer le règne à la place des audaces de toute sorte, des coups d’État en sens contraires et des proscriptions sans cesse menaçantes. […] Mais ce qui lui importe, c’est de recueillir des votes indépendants, c’est de savoir ce qu’entendent dans cette grande circonstance, sous quelle condition viennent de souscrire tous ces hommes qui ont une opinion, une conscience, et dont la voix semble l’interprète naturel de la vérité et de la justice. […] Il fut appelé au pouvoir dans des jours de discorde, et il répondit dignement à sa haute mission ; d’une main ferme il contint les factions au-dedans, il vainquit les ennemis au-dehors, il dicta la paix, il commença la justice, il consola le malheur. […] Ce que lui et son ami Royer-Collard avaient tenté avant fructidor pour la réintégration de la justice dans les lois, ils le tentèrent après 1815 pour le maintien et l’accroissement de la liberté dans les institutions ; mais Camille, encore une fois, ne fut point de cette première Chambre, comme le supposait Mme de Staël, et Royer-Collard était déjà sur la brèche et en pleine lutte, que Camille attendait encore son moment. […] Sous le Directoire, au conseil des Cinq-Cents, il avait voulu civiliser, humaniser la Révolution et tirer de cette Constitution de l’an III la véritable liberté, la véritable égalité et la justice.

695. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Vous leur porterez pieusement votre argent et vos services ; la coutume, vous paraîtra justice, et vous accepterez cette doctrine d’oie, qu’une oie a pour devoir d’être un rôti. […] Pour qu’un raisonnement soit littéraire, il faut qu’il ne s’adresse point à tel intérêt ou à telle faction, mais à l’esprit pur, qu’il soit fondé sur des vérités universelles, qu’il s’appuie sur la justice absolue, qu’il puisse toucher toutes les raisons humaines ; autrement, étant local, il n’est qu’utile : il n’y a de beau que ce qui est général. […] On représente encore comme un grand avantage pour le public que, si nous écartons tout d’un coup l’institution de l’Évangile, toute religion sera naturellement bannie pour toujours, et par suite avec elle tous les fâcheux préjugés de l’éducation qui, sous les noms de vertu, conscience, honneur, justice et autres semblables, ne servent qu’à troubler la paix de l’esprit humain979. […] It is likewise proposed as a great advantage to the publick that if we once discard the system of the Gospel, all religion will of course be banished for ever, and consequently along with it, those grievous prejudices of education, which under the names of virtue, conscience, honour, justice, and the like, are so apt to disturb the peace of human minds, and the notions thereof are so hard to be eradicated by right reason, or free-thinking. […] But in justice to this prince’s great clemency and the care he has of his subjects’ lives (wherein it were much to be wished that the monarchs of Europe would imitate him) it must be mentioned for his honour that strict orders are given to have the infected parts of the floor well washed after every such execution… I myself heard him give directions that one of his pages should be whipped, whose turn it was to give notice about washing the floor after an execution, but who maliciously had omitted it ; by which neglect, a young lord of great hopes coming to an audience, was unfortunately poisoned, although the prince at that time had no design against his life.

696. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Tout est contre elle : il est son maître ; il est justice of the peace, à l’abri de toute intervention, sorte de Dieu pour elle, avec tout l’ascendant et l’autorité d’un prince féodal. […] » La croyance en Dieu, la croyance du cœur, non pas la phrase du catéchisme, mais l’émotion intime, l’habitude de se représenter la justice toujours vivante et partout présente, voilà le sang nouveau que la Réforme a fait entrer dans les veines du vieux monde, et qui seul s’est trouvé capable de le rajeunir et de le ranimer. […] En trois ans, il a tout mangé ; mais le courage lui reste, il achève ses études de légiste, écrit deux in-folio sur les droits de la couronne, devient justice, détruit des bandes de voleurs, et gagne dans la plus insipide besogne du monde « le plus sale argent de la terre. » Les dégoûts ne l’atteignent pas, la lassitude non plus ; il est trop solidement bâti pour avoir des nerfs de femme. […] Western est un squire de campagne, bonhomme au demeurant, mais ivrogne, toujours à cheval, inépuisable en jurons, prompt aux gros mots, aux coups de poing, sorte de charretier alourdi, endurci et enfiévré par la brutalité de la race, par la sauvagerie de la campagne, par les exercices violents, par l’abus de la grosse mangeaille et des boissons fortes, tout imbu d’orgueil et de préjugés anglais et rustiques, n’ayant jamais été discipliné par la contrainte du monde, puisqu’il vit aux champs, ni par celle de l’éducation, puisqu’il sait à peine lire, ni par celle de la réflexion, puisqu’il ne peut pas mettre deux idées ensemble, ni par celle de l’autorité, puisqu’il est riche et justice, et livré, comme une girouette qui siffle et grince, à tous les coups de vent de toutes les passions. […] Et pourtant j’ai un aussi bon domaine que vous, et je suis justice aussi bien que vous-même. » Rien ne tient en lui ni ne dure ; il est tout de prime-saut ; il ne vit que pour le moment.

697. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Les premiers orateurs de l’Angleterre se sont honorés, en implorant pour lui la clémence et la justice de l’empereur. […] Quant à la partie politique, elle est empruntée d’un livre intitulé political Justice, par l’Anglais Godwin. […] « Joli, sous un palmier, à l’entrée de sa tente, rend la justice à ses pasteurs. […] Aux deux coins de cet échafaud les deux Justices sont en présence, la Justice humaine et la Justice divine ; l’une, implacable et appuyée sur un glaive, est accompagnée du Désespoir ; l’autre, tenant un voile trempé de pleurs, se montre entre la Pitié et l’Espérance. […] M. de La Harpe a trop raison de relever un tel blasphème, et d’en faire justice.

698. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Qu’importe à Jacques si sa conscience n’est faite que des idées transmises par une lente hérédité de justice ? […] La cour d’appel confirme un jugement inique, condamnez les présidents de première instance et de la Cour ainsi que les conseillers à rembourser les dommages qu’ils ont causés et vous aurez enfin la justice. […] Son génie, qui est la transformation d’un ami, lui explique la civilisation du monde martien ; c’est le rêve d’une âme délicate et éprise de justice. […] C’est avec un rare esprit de justice, sans engouement ni parti pris, ce qui est la marque du respect dû aux maîtres, que M.  […] Le temps passe et justice se fait.

699. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Ce serait à tort que les philosophes modernes se glorifieraient du mépris qu’il ont jeté sur ces fameux assassins : il y a près de deux mille ans que Sénèque en avait fait justice. […] C’est par ma bouche que la force déclare ce qu’il convient d’accorder, et la justice ce qu’il convient de refuser. […] « C’est la clémence qui distingue le monarque du tyran… » Ne serait-ce pas plutôt la justice, source du respect et de l’amour des peuples ? […] A parler rigoureusement, il n’y a qu’un devoir : c’est d’être heureux : il n’y a qu’une vertu : c’est la justice. […] Sage est celui qui médite sans cesse sur l’épitaphe que le doigt de la justice mettra sur son tombeau.

700. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

sa colère passée, il retrouva dans son âme un profond ressentiment pour toutes les libertés compromises, un violent amour de tout ce qui était la vérité et la justice ; cette colère d’une heure avait donné à l’opposition un auxiliaire de tous les jours. […] Cet âge de seigneurie était surtout l’âge de l’histoire honnêtement racontée, et des commentaires définitifs, quand l’homme qui parle à ses contemporains les peut prendre en témoignage de la loyauté et de la justice de sa parole. […] conseiller du roi en sa qualité de commissaire aux saisies réelles, c’est-à-dire qu’il était chargé de l’administration des biens que retenait dame Justice. […] Ces lâches époques sont châtiées par leur lâcheté même : elles suffiraient à déshonorer les plus beaux caractères ; elles brisent les oppositions les plus généreuses ; elles vous tiennent incessamment dans l’état où vous plongerait un mauvais rêve sorti de l’abîme ; elles réduisent à néant les trois genres de justice qui ne font qu’une seule et même justice : elles refusent à Dieu ce qui lui revient dans nos respects, aux hommes ce que leur doivent nos sympathies, aux morts elles refusent un tombeau ! […] Monteil s’est rendu à lui-même cette justice, que pas une heure de sa vie n’a été perdue.

701. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Les complaisances envers les attentats de cette nature sont des torts envers la sainteté de l’histoire ; excuser n’est pas absoudre, mais c’est atténuer l’indignation, la seule justice du cœur humain qui reste pour compensation de leur sang aux victimes. […] Distinguons cependant : lorsqu’elle avait voulu l’abolition du régime féodal, l’égalité devant la loi, l’uniformité de la justice, de l’administration et de l’impôt, l’intervention régulière de la nation dans le gouvernement de l’État, elle ne s’était point trompée ; elle n’avait aucun démenti à se donner, et elle ne s’en est donné aucun. […] Thiers le juge sévèrement, mais avec justice ; c’est un des portraits les plus vrais et le plus vigoureusement historique de son tableau.

702. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Malgré la sévérité de ce jugement, vous allez voir que je rends une grande justice à Horace et à votre La Fontaine, bien que je place votre La Fontaine à une immense distance d’Horace : l’un est un homme, l’autre n’est qu’un enfant ; l’un est poète comme Pindare, Alcée et Anacréon ; l’autre ne l’est qu’un peu plus qu’Ésope. […] La veille de la bataille, ces deux chefs de l’émigration romaine se firent l’un à l’autre le serment de ne pas survivre à la défaite, si le sort des armes faisait défaut à la justice de leur cause. […] S’il avait étudié plus profondément la nature des choses, il aurait compris pourquoi le succès est presque toujours ici-bas du côté des mauvaises causes : c’est que le nombre fait le succès, et que, le plus grand nombre des hommes étant ignorant ou pervers, il est toujours facile aux méchants de trouver des complices et d’écraser la justice, la vérité ou la vertu sous le nombre.

703. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« Si je vous fléchissais par mes prières, et si je vous engageais ainsi à violer votre serment de rendre la justice selon vos consciences, et non selon vos sensations, c’est alors que je vous enseignerais l’impiété, et qu’en voulant me justifier, je prouverais moi-même que je ne crois pas aux dieux : mais j’y crois plus que mes accusateurs !  […] « Qu’il espère donc bien de son âme, celui qui, pendant sa vie, a rejeté les plaisirs et les biens du corps comme lui étant étrangers et portant au mal : celui qui a aimé les plaisirs de la sagesse, qui a orné son âme, non d’une parure étrangère, mais de celle qui lui est propre, comme la tempérance, la justice, la force, la liberté, la vérité ; celui-là doit attendre avec sécurité l’heure de son départ pour le meilleur monde. […] La vérité, la liberté, la justice, la charité, la tempérance, la mortification des sens, le dévouement à ses semblables, le désir de la mort pour revivre plus saint ; le sacrifice de soi-même, jusqu’au sang, à Dieu ; la joie dans le supplice volontaire, la foi dans la résurrection, voilà les victoires de l’âme.

704. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Or, du moment où les papes ont un gouvernement, ils ont des ministres ; et si au nombre de ces ministres ils ont le bonheur de trouver un homme supérieur, modéré, dévoué jusqu’à l’exil et jusqu’à la mort, comme Sully était censé l’être à Henri IV ; si ce rare phénix, né dans la prospérité, éprouvé par les vicissitudes du pouvoir et du temps, continue pendant vingt-cinq ans, au milieu des fortunes les plus diverses, en butte aux persécutions les plus acerbes et les plus odieuses, à partager dans le ministre, sans cause, les adversités de son maître ; si le souverain sensible et reconnaissant a payé de son amitié constante l’affection, sublime de son ministre, et si ce gouvernement de l’amitié a donné au monde le touchant exemple du sentiment dans les affaires, et montré aux peuples que la vertu privée complète la vertu publique dans le maître comme dans le serviteur ; pourquoi des écrivains honnêtes ne rendraient-ils pas justice et hommage à ce phénomène si rare dans l’histoire des gouvernements, et ne proclameraient-ils pas dans Pie VII et dans Consalvi le gouvernement de l’amitié ? […] C’est à peine si je pus balbutier : “qu’ayant recueilli les paroles si clémentes qu’il avait prononcées sur mon compte après la promotion, paroles qui m’assuraient que je n’avais point démérité de sa justice et qu’il n’était pas mécontent de moi dans la charge de Saint-Michel, j’étais fort tranquille, et que je l’aurais été longtemps encore et toujours ; que je n’avais d’autre désir que celui de ne pas lui déplaire et de ne point faillir à mes devoirs dans tous les emplois auxquels il daignerait m’appeler”. […] « Il n’y eut qu’un seul cardinal de ce parti qui, tout en rendant justice au mérite personnel de Chiaramonti, montra plus de résistance que tout autre à passer sur les obstacles extérieurs.

705. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Grâce à la justice tardive des heures qui amortissent les rancunes, les étonnements et les mauvais vouloirs, et emportent lentement chaque obstacle dans la tombe, nous ne sommes plus au temps où le nom de M.  […] Si l’on pouvait, à différentes époques et à diverses reprises, faire une exhibition de la même œuvre, nous pourrions garantir la justice du public envers cet artiste. […] Dubufe est bien loin de sir Thomas Lawrence, au moins n’est-ce pas sans une certaine justice qu’il a hérité de sa gracieuse popularité. — Nous trouvons, quant à nous, que le Bourgeois a bien raison de chérir l’homme qui lui a créé de si jolies femmes, presque toujours bien ajustées.

706. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

… Dieu ne manque jamais de punir ces brutaux épicuriens, et l’on ne saurait manquer d’attendre de lui telle justice. […] À partir de ce jour, il déclara qu’il aimait mieux le repos, l’étude, ou visiter ses malades, que d’aller en justice.

707. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

On saisit bien la nuance et le degré du tort où Villars put être à l’égard de M. de Magnac ; il le nomme, il lui rend aussi, justice : mais il ne va pas sur son compte au-devant de l’entière et éclatante vérité : seulement, si on la lui demande, il la dira. […] Dans tous les cas et toute justice rendue à M. de Magnac, c’était bien Villars qui avait remporté la victoire et tout fait pour la remporter.

708. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Il le força, comme il avait fait pour Muller, de croire à son avenir et de compter sur la justice des contemporains. […] Il rendait pleine justice à sa merveilleuse intelligence ; « J’ai l’avantage de trouver à Coppet une critique impartiale ; c’est aussi un art de tirer parti de la critique ; souvent je persiste dans mon opinion ; mais Mme de Staël est si libre de préjugés, si claire, que je vois mes tableaux dans son âme comme dans un miroir. » Le Voyage dans le Latium, publié à la fin de 1804, eut du succès, et décida de la rentrée de Bonstetten dans la littérature française.

709. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Le temps, Messieurs, a fait justice de ces légers travers comme de ces railleries, et n’a laissé subsister dans l’œuvre de M. de Montyon, dans ce bienfait perpétuel, largement renouvelé et confirmé par lui après 1816, que les bons effets d’une fondation si louable. […] Non, cela est impossible : la loi est juste, et la justice, en cette question, s’est introduite et s’est étendue, grâce surtout à la considération de la femme, de la veuve.

710. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Il se croyait plus résolu intérieurement qu’il ne l’était : il eût suffi jusqu’au dernier moment sans doute d’un retour de justice pour l’arrêter et faire rebrousser le cours de ses pensées. […] Aussi ses compatriotes lui ont-ils, à la fin, rendu toute justice.

711. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Il sentit que, dans l’âge futur régénéré, l’union de l’ordre de justice et de vérité avec l’ordre matériel n’aurait plus lieu que par un mode libre et nouveau, convenable à la virilité des peuples ; il avait hâte d’ailleurs de voir tomber ces liens  adultères qui, enchaînant un timide ou cupide clergé à un pouvoir enivré de lui-même, retardaient l’éducation spirituelle si arriérée et le ravivement du christianisme. Mais ayant en face de lui un pouvoir temporel qui se disait à tout propos très-chrétien, et un parti libéral, révolutionnaire, à qui il supposait au contraire des intentions très-antichrétiennes, il n’eut d’autre marche à suivre que d’opposer d’un côté aux champions de la souveraineté du peuple quand même la souveraineté de l’ordre d’esprit et de justice, et, d’un autre côté, de parler aux défenseurs soi-disant chrétiens de l’obéissance passive le langage catholique sur l’admissibilité des pouvoirs et la suprématie d’une seule loi.

712. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

On doit cette justice à M. […] Nous dirons, pour ceux qui l’ignorent, que ce qu’on appelle le premier Paris dans les journaux politiques est l’article du commencement non signé, et dans lequel, quand le journal est au pouvoir, l’écrivain anonyme parle tout naturellement au nom de la pensée d’Etat. — Ce ne serait que justice d’ajouter, pourtant, que, parmi ceux qui ont écrit ou qui écrivent le premier Paris aux Débats, une exception est à faire, depuis déjà longtemps, pour un publiciste modeste des plus consommés et des plus sensés dans sa cause : n’est-ce pas nommer M. de Sacy ?

713. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Prémunis par là contre bien des agitations insensées, sachons nous tenir à un calme grave, à une habitude réfléchie et naturelle, qui nous fasse tout goûter selon la mesure, nous permette une justice clairvoyante, dégagée des préoccupations superbes, et, en sauvant nos productions sincères des changeantes saillies du jour et des jargons bigarrés qui passent, nous établisse dans la situation intime la meilleure pour y épancher le plus de ces vérités réelles, de ces beautés simples, de ces sentiments humains bien ménagés, dont, sous des formes plus ou moins neuves et durables, les âges futurs verront se confirmer à chaque épreuve l’éternelle jeunesse. […] Et quant à la ressemblance avec l’Arcadie et le pays de Céladon, que l’écrivain anglais signale avec quelque malice, lui, il ne s’en effarouche aucunement, car il est persuadé, dit-il, « que dans l’Arcadie et dans le pays de Forez, avec des principes de justice et de charité, tels que la fiction les y représente, et des mœurs aussi pures qu’on les suppose aux habitants, il ne leur manquoit que les idées de religion plus justes pour en faire des gens très-agréables au Ciel100. » Après six années d’exil environ, Prévost eut la permission de rentrer en France sous l’habit ecclésiastique séculier.

714. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

L’exercice continuel de la toute-puissance des armes finit par inspirer du mépris pour les progrès lents de la persuasion L’enthousiasme qu’inspirent des généraux vainqueurs, est tout à fait indépendant de la justice de la cause qu’ils soutiennent. […] La philosophie peut quelquefois considérer les souffrances passées comme des leçons utiles, comme des moyens réparateurs dans la main du temps ; mais cette idée n’autorise point à s’écarter soi-même, en aucune circonstance, des lois positives de la justice.

715. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Tout ce qui concerne la province et la campagne, la bourgeoisie et la boutique377, l’armée et le soldat, le clergé et les couvents, la justice et la police, le négoce et le ménage, reste vague ou devient faux ; pour y démêler quelque chose, il me faut recourir à ce merveilleux Voltaire qui, lorsqu’il a mis bas le grand habit classique, a ses coudées franches et dit tout. Sur les organes les plus vitaux de la société, sur les règles et les pratiques qui vont provoquer une révolution, sur les droits féodaux et la justice seigneuriale, sur le recrutement et l’intérieur des monastères, sur les douanes de province, les corporations et les maîtrises, sur la dîme et la corvée378, la littérature ne m’apprend presque rien.

716. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Les enfants qui ont actuellement dix ans se trouveront alors des hommes préparés pour l’État, affectionnés à leur pays, soumis, non par crainte, mais par raison, à l’autorité, secourables envers leurs concitoyens, accoutumés à reconnaître et à respecter la justice. » — Au mois de janvier 1789434, Necker, à qui M. de Bouillé montrait le danger imminent et les entreprises immanquables du Tiers, « répondait froidement et en levant les yeux au ciel qu’il fallait bien compter sur les vertus morales des hommes »  Au fond, quand on voulait se représenter la fondation d’une société humaine, on imaginait vaguement une scène demi-bucolique, demi-théâtrale, à peu près semblable à celle qu’on voyait sur le frontispice des livres illustrés de morale et de politique. […] Sans pouvoir obliger personne à les croire, il faut bannir de l’État quiconque ne les croit pas ; il faut le bannir non comme impie, mais comme insociable, comme incapable d’aimer sincèrement les lois, la justice, et d’immoler au besoin sa vie à son devoir »  Prenez garde que cette profession de foi n’est point une cérémonie vaine : une inquisition nouvelle en va surveiller la sincérité. « Si quelqu’un, après avoir reconnu publiquement ces mêmes dogmes, se conduit comme ne les croyant pas, qu’il soit puni de mort ; il a commis le plus grand des crimes : il a menti devant les lois. » — Je le disais bien, nous sommes au couvent.

717. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

En effet, mon cher Laurent, quoique vous ayez donné des preuves d’un mérite et d’une vertu qui semblent à peine appartenir à la nature humaine ; quoiqu’il n’y ait point d’entreprise, si importante qu’elle soit, dont on ne puisse espérer de voir triompher cette prudence et ce courage que vous avez développés dès vos plus jeunes années ; et quoique les mouvements de l’ambition, et l’abondance de ces dons de la fortune qui ont si souvent corrompu des hommes dont les talents, l’expérience et les vertus donnaient les plus hautes espérances, n’aient jamais pu vous faire sortir des bornes de la justice et de la modération, vous pouvez néanmoins, pour vous-même et pour cet État dont les rênes vont bientôt vous être confiées, ou plutôt dont la prospérité repose déjà en grande partie sur vos soins, tirer de grands avantages de vos méditations solitaires ou des entretiens de vos amis sur l’origine et la nature de l’esprit humain : car il n’y a point d’homme qui soit en état de conduire avec succès les affaires publiques, s’il n’a commencé par se faire des habitudes vertueuses, et par enrichir son esprit des connaissances propres à lui faire distinguer avec certitude pour quel but il a été appelé à la vie, ce qu’il doit aux autres et ce qu’il se doit à lui-même. » Alors commença entre Laurent et Alberti une conversation dans laquelle ce dernier s’attache à montrer que, comme la raison est le caractère distinctif de l’homme, l’unique moyen pour lui d’atteindre à la perfection de sa nature, c’est de cultiver son esprit, en faisant entièrement abstraction des intérêts et des affaires purement mondaines. […] Rien ne semblait autoriser cette haine des Pazzi contre Laurent et Julien, si ce n’est quelques vieux démêlés de justice entre les deux familles, unies en apparence cependant par des bienfaits et des alliances.

718. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

la critique des abus fondamentaux de la société du xviie  siècle : abus dans la noblesse, qui s’achète, et qui n’est plus qu’un moyen de ne pas payer l’impôt quand on est riche ; abus dans la religion, tournée en spectacle mondain ; abus dans la famille, où la vanité et l’intérêt ruinent l’institution du mariage, où les filles sont inhumainement sacrifiées à l’orgueil social, et cloîtrées sans vocation ; abus dans la justice, lente, coûteuse, injuste, etc. […] Au fond, il se croit victime et martyr pour la vérité : il a confessé qu’on avait pu se tromper sur sa pensée ; il n’a pas reconnu que sa pensée se fût trompée ; ses lettres postérieures, son testament affirment que sa doctrine était vraie, et que ses ennemis avaient opprimé en lui l’innocence, la justice et la raison.

719. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Dans bien des cas, il a pour lui le bon sens et la justice ; mais il est d’autres cas où il pourrait distinguer entre l’action blâmable ou ridicule et les mobiles encore plus intéressants qu’intéressés. […] Les hommes assemblés sont pris d’un grand besoin de justice et de moralité, précisément parce qu’ils sont assemblés et qu’un homme, en public, aime à ne manifester que les plus honorables de ses sentiments.

720. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Un motif convient, pour se priver ainsi : défiance, où poind un instinct de claire justice. […]   Tandis que le regard intuitif se plaît à discerner la justice, dans une contradiction enjoignant parmi l’ébat, à maîtriser, des gloires en leur recul — que l’interprète, par gageure, ni même en virtuose, mais charitablement, aille comme matériaux pour rendre l’illusion, choisir les mots, les aptes mots, de l’école, du logis et du marché.

721. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Mais de même que, parmi les vérités simples et philosophiques, bon nombre lui ont été inconnues, dont la forme des sociétés ne lui fournissait même pas la matière ; de même, dans l’ordre des vérités de devoir, elle a été bornée à cette sagesse d’instinct qui dirige les actions de l’homme pour le pays et pour le temps où il vit, et qui satisfait, par la même conduite, à la justice des dieux et à celle des hommes. […] « Il a beau faire, s’écrie-t-il, jamais il ne le persuadera à personne ; et tout le monde sait combien je sais presser un argument, et combien est précise la brièveté avec laquelle j’écris74. » A la fin d’un chapitre de l’Institution, il dit : « Or, je pense bien avoir fait ce que je voulois, quant à ce point. » Combien n’est-il pas redoutable, celui qui, ayant dans les mains le pouvoir de vie et de mort, mesure la justice de sa cause à la rigueur de ses raisonnements !

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