Témoin des troubles civils de Lyon en 1834, Mme Valmore a pris part à tous ces malheurs avec le dévouement d’un poëte et d’une femme : Je me laisse entraîner où l’on entend des chaînes ; Je juge avec mes pleurs, j’absous avec mes peines ; J’élève mon cœur veuf au Dieu des malheureux ; C’est mon seul droit au ciel, et j’y frappe pour eux Elle frappa à d’autres portes encore ; et son humble voix, enhardie dès qu’il le fallut, rencontra des cœurs dignes de l’entendre quand elle parla d’amnistie.
J’ai regretté l’autre jour, je l’avoue, de ne pas être un peu de l’opposition, afin d’être plus en droit de dire ce que je pensais après avoir lu l’excellent et spirituel discours que M. le comte de Persigny a prononcé à Montbrison ; mais enfin de ce qu’on a l’honneur d’être, par goût et par choix, le serviteur et l’ami des gens, ce n’est pas une raison pour éviter de dire d’eux le bien que l’on pense.
Enfin le code de la féodalité donnant pour base à toutes les institutions, à tous les pouvoirs, les droits antérieurs consacrés par le temps, il n’était pas permis de dire la vérité sur le passé, quelque ancien qu’il pût être ; les autorités présentes en dépendaient : des erreurs de tous les genres arrêtaient les historiens sur tous les sujets, ou, ce qui était plus fâcheux encore, les historiens adoptaient sincèrement ces erreurs mêmes.
Le même terme exprime l’assassinat de César, et celui d’Henri IV ; et les grands hommes qui se sont crus le droit de faire plier une loi de la moralité devant leurs intentions sublimes, ont fait plus de mal par la latitude qu’ils ont donné à l’idée de la vertu, que les scélérats méprisés dont les actions ont exaltés l’horreur qu’inspire le crime.
Ils apprennent à marcher : contentons-nous de ce qu’ils marchent ; n’exigeons pas qu’ils aillent bien droit, et ne nous inquiétons point de quelques faux pas.
Il ne faut pas croire qu’on lui ressemble, parce qu’on déchire ses amis et connaissances ; sentez comme elle Molière et La Fontaine : on vous donnera ensuite le droit de relever les ridicules.
Aurélien Scholl, après s’être extasié sur le Dernier jour d’un condamné, qu’il n’a certainement pas relu pour la circonstance, estime que Victor Hugo a droit à des hommages spéciaux pour avoir écrit les Châtiments.
Je ne vois plus guère que le Tzar, le Grand Turc et le jeune Empereur illuminé d’Allemagne qui croient encore à leur droit divin.
Et de quel droit en aurais-je privé un charmant jeune homme de Lausanne qui vient de me confier qu’il a « appris à sentir » dans les vers de cet aède ?
Saint-Simon remarque, à cette occasion, que ces enfants, qui, dit-il, furent tirés du profond non-étre des doubles adultérins, furent enrichis de tous les droits des légitimes dans la société, décorés du surnom de la maison régnante, et de noms de provinces que les princes du sang même ne portaient pas97.
C’est à ceux qui connoissent les droits de la Muse comique, à décider s’il a outrepassé les bornes prescrites : nous nous contenterons de dire qu’il nous semble, au contraire ; n’avoir pas tiré un assez grand parti de son sujet.
Avec une âme juste et ferme, j’ai désiré que mon enfant eût un esprit droit, éclairé, étendu.
Ce que la fable nous débite de ses heros et de ses dieux s’est acquis le droit de passer pour verité dans les poëmes, et nous ne sommes plus parties capables de contredire ses narrations.
Quand on voit ces grands artistes, entre trois ou quatre expressions, se décider presque toujours pour la plus forte, n’a-t-on pas le droit de traduire ce fait en formule et de tirer un conseil de ce procédé ?
Ce que les anciens appelèrent l’isonomie, et la conquête successive du droit commun seront expliqués, surtout dans la Formule générale, objet du cinquième volume de la présente publication.
Toujours est-il que ce reproche que la critique est en droit d’adresser à Feugère, et qu’elle ne lui ménagera pas, implique la condamnation d’un livre qui pouvait, avec les connaissances multipliées de l’auteur, être une œuvre historique, importante et forte, et qui, dédoublée des doctrines qui sont l’âme orageuse de la littérature au xvie siècle, tombe à n’être plus qu’une critique de lexicographe et un maigre travail de grammairien !
Comme tous les écrivains actuels qui ont parlé avec enthousiasme de Voltaire (et ils sont nombreux), Houssaye n’a pas dit le mot suprême, l’éloge suprême, auquel strictement, pour ceux qui l’aiment, Voltaire a droit.
Descartes, ce Robinson de la pensée, qui fait le désert dans l’intelligence pour s’y retrouver, fut continué effroyablement, et jusqu’à l’absurdité, par un autre Robinson sans patrie, sans principes, — la patrie de l’esprit, — échoué à Paris chez les encyclopédistes, qui lui appliquèrent le droit d’aubaine et s’en firent une de ses écrits.
Je n’ai donc rien à dire, sur ce point, à l’infortuné Baschet ; mais je suis plus en droit, et je me sens plus en courage, de lui faire un autre reproche : c’est de n’avoir pas su, puisqu’il touchait à ce sujet scabreux du mariage de Louis XIII, quelle riche mine de comique il avait là sous la main !
Quelque disposé que l’on soit à bien penser de son siècle et de son pays, que voulez-vous pourtant qu’on augure de la vitalité intellectuelle de la France au xixe siècle en face de ces publications, dont les unes, comme ces nombreux traités de chimie, de physique, d’agriculture, d’hydraulique, de droit élémentaire, etc., etc., qui encombrent les catalogues de librairie, ne sont que de grossières spéculations faites sur l’ignorance qui veut se décrasser, et dont les autres… de quel nom les nommer, si ce n’est du leur, pour caractériser leur abjecte médiocrité ?
Si un poète a dit de l’auteur de ces Contes de fées chers à nos enfances : Perrault, tout plat qu’il est, pétille de génie, la femme de ces Récits de la Luçotte n’a droit qu’à la moitié du vers.
Cependant, si c’est un bonheur, en toutes choses, que de venir le premier, nous ne contesterons pas à l’Espagne son droit d’aînesse.
L’idéal, c’est que le paysan puisse manger de la viande et que mon cordonnier, ayant amassé trois mille francs de rente, puisse envoyer son fils à l’École de Droit… » Voilà quelques extraits des trente-trois premières pages ; il y en a trois cent cinquante de ce ton.
Il traduit probablement l’aspiration la plus profonde de l’âme française, qui va tout droit à ce qui est général et, par là, à ce qui est généreux.
La vanité de la famille a ses droits, il faut bien les satisfaire ; mais la vanité de l’orateur a aussi les siens, et ils ne sont pas oubliés.
Il avait conscience de son droit et aussi de sa valeur. […] Quelles que fussent leurs erreurs, ils n’en ont pas moins droit à notre reconnaissance. […] Sur le point de céder à son amour pour un peintre marié, Henri Fuseli, elle s’était défendue en usant du droit de s’enfuir. […] Il avait certainement droit à un relèvement de trente deniers. […] Le droit lui parut beaucoup plus loin des mathématiques que la théodicée.
Il a vu que les peintres et les littérateurs, et les musiciens, exerçaient, avec un droit égal, les modes divers d’une tâche commune. […] Ces besoins sont plus simples, moins nombreux chez les hommes inférieurs ; donc, pour ceux-là, des droits plus simples, moins nombreux. […] La vérité est même que, si les choses continuent d’aller du train dont elles vont, la critique seule bientôt aura le droit de parler. […] Non seulement la critique a le droit de parler, et de dire sur toute chose le dernier mot, mais il n’y a plus que sa voix que l’on aime d’entendre. […] Il disait que l’argent venait tout droit du diable, et que le devoir de tout bon chrétien était de le laisser au diable.
De là, tous les devoirs et tous les droits légaux. […] Le gouvernement à une pareille époque ne sera pas assurément un gouvernement libre, fondé sur la connaissance et le respect des droits de l’humanité. […] À la rigueur l’empirisme n’a le droit de prononcer qu’un système mérite plus d’attention qu’un autre, que lorsqu’il a examiné et approfondi l’un et l’autre système. […] En morale, le fait n’est point le droit : il ne l’engendre ni ne l’explique. […] Quand nous parlons de Dieu, nous avons droit d’en parler, parce que nous en parlons d’après lui même, d’après la raison qui nous le révèle et nous le représente.
Le commissionnaire du coin ferait un roman, que cela n’étonnerait personne ; il serait dans son droit. […] Mais s’il a le droit de brûler son exemplaire, il ne peut brûler l’édition. […] Elle conduit droit à la condamnation de l’originalité et des qualités rares. […] Les plus doux accusaient nos artistes de cupidité et leur déniaient le droit de passer la Manche. […] Il veut d’abord faire valoir ses droits de père.
La France a droit d’attendre de son zele & de ses lumieres un changement aussi heureux. […] La réponse est plaisante, & voilà comme dans Paris un particulier a droit jusque dans les jardins du roi même, d’y faire tout ce qui lui plaît. […] Ils piquent de temps en temps, lui dit-il, mais il en résulte qu’un auteur se corrige, & que le bon goût ne perd pas ses droits. […] L’homme le plus ordinaire a droit d’y prétendre, sur-tout s’il a quelque recommandation auprès des gens en place ; & qu’est-ce qui n’en a pas ? […] Autrement il abuseroit de sa place pour faire un personnage odieux, & chacun auroit droit de le dénoncer aux premiers juges de la littérature.
Le difficile est de constater cette éclosion et de décerner justement le droit d’aînesse à une idée ou à un brin d’herbe. […] , qui, tout en voulant marcher droit, ne sait aller que de travers, et qui commet mille petites infamies sans en avoir conscience. […] — Aussi bien est-ce à nous de marcher à leur tête dans le chemin droit et non pas de les suivre, répondit Ménard. […] À la fin Monpavon, impatienté, marcha droit à une porte, la seule qu’ils n’eussent pas encore ouverte. […] on n’a plus le droit d’être enrhumé, alors !
Dans la société nouvelle, nous apporterons, nous le peuple, l’amour de la justice et du droit, le travail, les vertus civiques. […] Je ne vois donc pas qu’on ait le droit de reprocher à M. […] Le côté droit continue à penser, le côté gauche n’a plus qu’un fonctionnement mécanique. » Et il lui dit, lui parlant à l’oreille gauche : « Comment vas-tu ? […] Desjardins est un assez joli garçon, le front dégarni, le nez droit, les lèvres minces, la barbe en fer à cheval. […] Weiss et Sarcey, droits comme des i, considèrent un buste sur une console.
M. de Lescure établit avec une précision qui semble irréfutable que réellement l’ex-abbé avait tous les droits à ce nom et à ce titre. […] Il y avait l’émigré par vanité, le monsieur Jourdain affamé de noblesse et qui avait quitté la France afin de manifester, par sa fuite, ses droits à la persécution. […] Si du moins, à servir ces causes perdues dans la littérature et dans la politique, elle avait conquis le droit de se reposer ? […] De quel droit affirmez-vous sur cet Inconnaissable, puisque vous n’en connaissez rien, qu’il est un au-delà de la même nature que l’en-deçà ? […] Drames et tragédies n’avaient-ils pas un droit égal à l’admiration ?
Que nous importent les poéticules au bénéfice exclusif de qui se revendique le droit de bégayer et de balbutier, d’êtres amorphes ? […] Un philosophe, un écrivain, ne disposant que du pouvoir de l’idée, a tout le droit de soutenir publiquement cette thèse. L’Etat, avec sa puissance matérielle, dont la seule présence a quelque chose de contraignant, malgré qu’il en ait, possède-t-il un tel droit ? […] Et l’on comprend que la facture étrangère, véhicule inévitable de la pensée étrangère, reprît, par places, ses droits ou ses faux droits, lorsqu’il s’agissait de mettre sur pied des symphonies, des opéras, des œuvres de musique de chambre capables de lutter de prestige avec les plus célèbres ouvrages du dehors. […] Je pourrais citer un professeur de droit qui devait pour sept mille francs de repas quand il fut reçu agrégé, et plusieurs médecins arrivés à de hautes places qui auraient dû abandonner la partie, si Baptiste n’avait pressenti à coup sûr leur génie clinique.
J’éprouve toujours, je l’avoue, devant ces indiscrétions de la postérité, un certain sentiment de gêne, et il me semble que l’admiration, sur ce point, outrepasse quelque peu ses droits. […] Il y a douze ans, au moment de sa mort, qu’on n’eût pas élevé à Leconte de Lisle le monument dont la vue m’a suggéré ces quelques réflexions, n’y aurait-il pas toujours droit aujourd’hui ? […] Enfin un pas lourd se fit entendre et M. de Goncourt parut, très droit, solide et robuste, en sa blanche vieillesse. […] Il va sans dire que ces emprunts n’excédaient jamais le droit qu’a tout écrivain de chercher derrière lui et autour de lui des appuis et des points de départ en des œuvres antérieures ou voisines. […] Il joignait à la clairvoyance et à la sûreté de goût beaucoup d’indulgence, de malice et d’ironie, car il entendait bien garder le droit d’être sérieux : sans dogmatisme et bienveillant sans adulation.
L’amour, qui fait quelquefois souffrir, n’a pourtant pas le droit de devenir la passion sauvage qui se rebelle aux lois de la société. […] La logique traditionnelle de notre esprit retrouvera ses droits, lui interdira de persister dans son égarement, et le ramènera vers l’ordre. […] L’esprit classique n’a pas tellement perdu ses droits, même sur notre romantisme, qu’il ne s’oppose aux excès et aux fureurs incohérentes du sentiment. […] Ils sont comme la garantie de son droit à l’existence ; un peuple dont les héros ont mené le monde vers les plus hauts sommets de la civilisation, a le droit de revivre. […] Mais nous réclamons, ici encore, les droits de la complexité.
À gauche, sont ceux que je nomme les Brésiliens ; à droite, au salon de lecture est le gentil Anglais qui, pour regarder, s’approche vingt fois du côté de la fenêtre, mais chaque fois je voyais son œil droit se détourner de l’affiche qu’il avait l’air de lire, et se fixer sur moi. […] 1° Ne parlez jamais de droits qu’on vous accorde ou de faveurs qu’on ne vous refuse pas, ce qui est plus exact… 2° Ne renvoyez jamais de guitare en mauvais état. […] Je me réserve pourtant le droit de vous écrire, lorsqu’il me passera des atrocités par la tête. […] Il ne doit pas croire à ses droits. […] Car nous jetons carrément à l’eau et ses droits et le parti bonapartiste ; lui n’a pas de parti, ce parti qui dit : qu’il soit ce qu’il veut, pourvu qu’il arrive.
Ils mirent en avant, dit-il encore, comme un principe d’économie politique, cette curieuse idée qu’il faut accorder aux gens le droit de s’occuper eux-mêmes de leurs affaires ! […] Sladen n’ait pu conclure un arrangement financier avec les possesseurs des droits d’auteur de Gordon. […] Et depuis ce jour-là, le monde en armes frappe droit à ma vie avec des colères et des alarmes. […] « Quand les pouvoirs gouvernants sont injustes, la nature reprend ses droits. […] Pater a droit à une place parmi les plus caractéristiques de ce siècle.
Et d’après ses discours, je me répondis : C’est le droit de chasser. » Il me semble qu’on commence à la connaître ; voilà son esprit qui se dessine, mais son cœur… Elle le mit à la raison autant qu’elle put, et, impétueux qu’elle le sentait, travailla de bien bonne heure à le contenir. […] Il pourrait s’intituler Cécile à meilleur droit que Caliste ; car Caliste n’y fait qu’épisode, Cécile en est véritablement l’héroïne, comme Mlle de La Prise dans le précédent224. […] Aux yeux de l’une ni de l’autre elle n’était parfaitement innocente, elle qui s’était crue en droit de juger, de censurer, de montrer presque du mépris… » Théobald lui-même (le jeune baron allemand, amoureux d’Émilie), quand il veut faire trop le sévère, le partisan absolu du devoir, est convaincu de faiblesse aussi et ramené à la tolérance : « — Monsieur votre fils, dit Constance à Mme d’Altendorf, est-il lui-même ce qu’il veut que soient les autres ? […] C’était déjà la mode de son temps d’entasser tous les mots imaginables et contradictoires pour peindre avec renchérissement les personnes et les choses ; elle ne se laissait pas payer de cette monnaie : « : J’ai toujours trouvé, disait-elle, que ces sortes de mérites et de merveilles n’existent que sur le papier, où les mots ne se battent jamais, quelque contradiction qu’il y ait entre eux. » — Je ne sais qui a dit : « Mme Sand peut faire encore bien du chemin avant d’arriver en fait d’idées sociales là où Mme de Charrière est allée droit sans phrase et du premier coup. » 233.
Ces charmilles droites sont des murailles et des tentures. […] Les princes et princesses du sang, ayant le droit « d’envoyer prendre du poisson à la recette les jours maigres, quand ils ne font pas à la cour de résidence suivie », ce seul article revient, en 1778, à 175 116 livres. […] J’ai décrit la situation des évêques : si opulents, possesseurs de pareils droits féodaux, héritiers et successeurs des anciens souverains de la contrée, outre cela, gens à la mode et habitués de Versailles, comment n’auraient-ils pas une cour ? […] Dans tous les changements d’habits, le côté gauche du roi est dévolu à la garde-robe, et le côté droit à la chambre.
Nous aimions ces Bourbons à cause de leurs malheurs et de leurs services ; nous avions dans les veines un sang qui avait coulé pour eux ; on nous avait appris leur histoire comme un catéchisme de famille ; nous avions dans l’âme un vif instinct de liberté presque républicaine qui trouvait sa satisfaction dans la presse démuselée, dans la tribune éclatante dans l’opinion cosouveraine avec la royauté ; nous faisions des vœux d’honnête jeunesse pour que les incitations du parti militaire d’alors ne parvinssent jamais à semer la zizanie entre les Bourbons légitimes et la liberté, plus légitime encore par son droit que les Bourbons ne l’étaient par nos sentiments. […] VIII La guerre défensive, qui avait été le caractère des guerres de la République, est le triomphe de la Révolution, parce que le patriotisme et le libéralisme se confondent dans une telle guerre, et centuplent les forces en centuplant le sentiment du droit et de la légitimité de la gloire. […] S’il s’agit de droits, d’estime, de sollicitude, de pitié, de tendresse, de gloire même, on ne saurait trop leur en porter et leur en rendre ; mais, s’il s’agit de littérature, de philosophie et de poésie, ce n’est pas là qu’il faut en chercher les types et les modèles. […] La sandale retentissante sur la dalle, chaussée au pied droit, le gant de combat à la main, le plastron sur le sein, l’épée mouchetée au poing, le masque de fil de fer sur le visage, treillis à travers lequel brillait l’ardeur des joues colorées par le jeu du combat, tout ce costume obligé d’un prévôt de salle d’armes devait faire, de la belle Judith, une Clorinde de quinze ans, plus facile à admirer qu’à combattre.
Dans quelques épîtres, il y a d’assez jolis passages, et qui le peignent, sur l’ambition, sur la paresse : Qui sait, au printemps de son âge, Souffrir les maux avec courage A bien des droits sur les plaisirs. […] On ne veut pas sentir que tout dépend de l’exécution, et qu’il est insoutenable d’être chargé du plan sans avoir le droit de veiller à l’exécution et de la conduire.
Bernis a le mérite de sentir un peu tard tous ces néants et ces vides profonds ; mais, en les déplorant, il n’a rien à mettre pour les remplir ; il n’est pas de ceux à qui on reconnaît le droit de dire : C’est moi ! […] Choiseul, qui est militaire, aura droit d’avoir un avis sur les opérations de campagne : Vous avez du courage, lui écrit Bernis en le proclamant le meilleur de ses amis et le serviteur qui peut être le plus utile au roi (26 août), et les événements ne vous font pas tant d’impression qu’à moi.
Richelieu soutint résolûment qu’il fallait exiger des Anglais et des Hollandais le nombre de vaisseaux auxiliaires auxquels ils s’étaient obligés par les nouveaux traités, vingt de Hollande, sept ou huit d’Angleterre ; il prétendait de plus faire stipuler, pour être sûr que ces vaisseaux opéreraient efficacement et n’iraient pas à l’inverse du but, qu’on aurait droit d’y mettre à bord des capitaines français, avec des équipages français, soit en totalité, soit en grande partie. […] La conscience des vaincus pourtant, quand il y a en jeu des sentiments sincères et de vraies croyances, et aussi une portion de droit engagée, a ses forces secrètes, ses ressorts profonds, invincibles, et dont il ne faut parler qu’avec respect.
Ce fut un combat de lions, et où, après une lutte acharnée de plus de six heures au débouché ou à l’intérieur des bois et dans des trouées retranchées, après avoir épuisé de part et d’autre toutes sortes de chances diverses et d’opiniâtres alternatives, le vaincu ne cédant que pied à pied, l’ennemi ne conquit que le champ de bataille et le droit de coucher au milieu des morts. […] Encore une fois, laissons ces raisonnements à qui de droit.
Cela n’empêche point qu’à quelques jours de là, et sur la demande de l’abbé Bossuet, il ne compose ce mémoire dont nous avons parlé, et qui était destiné dans le principe à servir de matériaux et de notes pour une oraison funèbre ; mais il y met avec raison son amour-propre, et, voyant que les premiers cahiers réussissent auprès de ceux à qui il les lit, il redouble de soin et fait un ouvrage utile et plus agréable qu’on n’était en droit de l’attendre de lui. […] il faut à présent faire bien aller la cuisine et tout assaisonner de bon vin. » Il dit une messe en sortant d’une indisposition, et remarque que l’appétit lui est revenu. — Rien n’est parfait en ce monde ; Le Dieu commence à souffrir d’une tumeur au pied gauche ; puis son pied droit s’enfle.
Parce qu’il a été vers la fin un adversaire du gouvernement impérial, on aurait tort de le prendre pour un grand partisan du régime constitutionnel ou parlementaire ; selon lui, le seul bon gouvernement est celui sous lequel l’homme trouve le plus de moyens de perfectionner sa nature intellectuelle et morale et de remplir le mieux sa destination sur la terre : or, sûrement, ajoute-t-il, ce n’est pas celui où chacun est occupé sans cesse à défendre ce qu’il croit être ses droits ; où les hommes sont tous portés à s’observer comme des rivaux plutôt qu’à s’aimer et s’entr’aider en frères ; où chaque individu est dominé par l’orgueil ou la vanité de paraître, et cherche son bonheur dans l’opinion, dans la part d’influence qu’il exerce sur ses pareils. Rien n’est plus funeste au repos public comme au bonheur individuel que cette préoccupation universelle de droits, d’intérêts, d’affaires de gouvernements.
Il n’en fallait pas tant pour donner droit à Chapelain, si compétent en matière de latinité, de remettre Marolles à sa place et de l’écraser. […] Un jour ce même Jean Rou, qui nous introduit si bien dans l’intimité du grand homme, comme il l’appelle rondement (on est toujours le grand homme de quelqu’un), Jean Rou passait à quatre heures du matin, au mois de mai, proche le quai des Quatre-Nations, devant la porte de Marolles33 ; il voit son domestique déjà habillé, debout, droit comme un cierge sur le seuil, et qui l’invite à monter chez son maître, lequel est, assure-t-il, encore plus matineux que lui.
Voici le passage dans lequel il parle du mariage de Mlle Soymonof (c’était le nom de famille de Mme Swetchine), âgée pour lors de dix-sept ans, et du choix que son père fit pour elle du général Swetchine, protecteur encore plus qu’époux : « C’était un homme d’une taille élevée et d’un aspect imposant, d’un caractère ferme, droit, d’un esprit calme et plein d’aménité. […] Ses pieux amis ont le droit de l’en révérer davantage, et de se réjouir de pouvoir fixer cette heureuse date au 8 novembre 1815.
dès lors, l’alliance est faite, tout contrôle de détail sur les Scudéry, les Mme d’Hautefort, les Jacqueline Pascal, cesse de droit ; tout est accordé. […] De tout critique, surtout de celui qui affiche des doctrines plus ou moins classiques, on a droit de se demander : Quelles sont ses études premières ?
Elle est, à propos de cette révérence d’étiquette, qualifiée de marquise dans le Journal du duc de Luynes, et, en effet, elle aurait eu droit dès lors à ce titre autant qu’à celui de comtesse, qu’elle ne garda peut-être que pour éviter une confusion avec l’autre marquise du même nom, et aussi pour ne rien devoir de plus à son mari. […] Il fit observer qu’on excluait les protestants de tous les avantages dont jouissent les sujets d’un État ; qu’un protestant ne pouvait pas contracter de mariage valide ; que ses enfants étaient réputés illégitimes ; qu’il ne pouvait exercer aucun emploi ni dans l’épée, ni dans la robe, ni dans l’Église ; qu’il faut cependant que chaque homme ait une patrie, et que, s’il ne la trouve pas où il est né, il a droit d’en chercher une ailleurs : de là, la résolution qu’il avait formée dès l’âge de quinze ans, et qu’il avait exécutée quelques années après en passant en Angleterre.
La distinction, l’élévation d’esprit et de sentiments de Mme de Boufflers nous sont suffisamment attestées et prouvées par tout ce que nous avons vu de ses actions et de ses paroles : c’est une personne qui a tout droit d’occuper l’historien littéraire ; nous ne l’inventons en rien, nous la retrouvons. […] Outre le droit qu’elle a sur mon admiration et ma reconnaissance, elle en a un tout particulier sur cet agréable travail33, entrepris sous ses auspices : je lui en fais l’hommage avec mystère, parce que je ne puis le faire à découvert ; ceux qui ont éprouvé le doux transport qu’excite dans l’occasion le souvenir d’un bienfait signalé, ne désapprouveront pas que mon cœur cherche à se soulager lorsqu’il ne peut se satisfaire ; ils ne seront pas surpris de me voir ajouter que dans mes regrets d’être obligé de taire l’illustre Objet de sentiments si légitimes, si naturels, et qui ne demandent qu’à se produire, je me console quelquefois par l’espérance qu’on le devinera, sans que j’aie couru le risque de tomber dans le malheur de lui déplaire. » On me dira que c’est là une Épître dédicatoire ; mais cette Épître ne portant aucun nom, elle n’est évidemment pas pour la montre ; c’est la reconnaissance toute pure qui s’épanche, et tout ce que nous savons, c’est que l’humble auteur anonyme, du temps qu’il était moine, ayant été rencontré par Mme de Boufflers dans le jardin d’un couvent où elle était entrée par hasard, avait profité de l’occasion pour l’intéresser au récit de ses malheurs ; il lui avait dit tous les dégoûts qu’il avait à essuyer dans sa profession ; et elle, touchée de son sort, l’avait fait relever de ses vœux, avait pris soin de sa fortune et, avec la liberté, lui avait rendu le bonheur.
Lorsque l’abbé Legendre fit la connaissance de l’archevêque, le prélat était au plus fort de l’engagement dans la lutte soutenue par Louis XIV pour les droits de sa couronne et les libertés de l’Église gallicane contre la Cour de Rome ; on était au lendemain de l’Assemblée de 1682. […] Quoi qu’il en soit du mobile, il fut le principal auteur et acteur dans cette élévation d’un cran et cet anoblissement définitif de la Compagnie ; il obtint que l’Académie eût désormais ses séances dans une salle du Louvre et fût considérée comme un des ornements ou accessoires du trône ; il usa de tout son crédit pour la faire valoir en toute occasion et la maintenir dans l’intégrité de son privilège ; et un jour qu’allant complimenter le roi elle n’avait pas été reçue avec tous les honneurs rendus aux Cours supérieures, il s’en plaignit directement à Sa Majesté, en rappelant « que François Ier, lorsqu’on lui présentait pour la première fois un homme de Lettres, faisait trois pas au-devant de lui. » La querelle engagée entre l’Académie et Furetière intéressait au plus haut degré l’honneur de la Compagnie : « car c’est grand pitié, comme remarque très sensément Legendre, quand des personnes d’un même corps s’acharnent les uns contre les autres, et qu’au lieu de se respecter et de bien vivre ensemble comme doivent faire d’honnêtes gens, elles en viennent à se reprocher ce que l’honneur de la Compagnie et le leur en particulier aurait dû leur faire oublier. » Il s’agissait, au fond, de l’affaire importante de l’Académie, le Dictionnaire, et de savoir si un académicien avait le droit d’en faire un, tandis que l’Académie n’avait pas encore publié le sien.
non ; cette histoire des dernières années de la monarchie est sue depuis longtemps, et bien sue : il suffisait, pour l’embrasser et la saisir dans sa vraie suite et sa teneur, d’avoir l’esprit juste, appliqué, le cœur droit, de savoir choisir et démêler entre les divers témoignages et de ne se laisser entraîner à rien d’extrême, même en fait de pitié. […] Sur ce point délicat je me borne encore à dire, en écartant tout ce qui est indigne d’être entendu, que si, vers l’âge de trente ans, Marie-Antoinette en butte à toutes sortes d’intrigues et d’inimitiés, entourée d’amis qui la compromettaient fort et qui n’étaient pas tous désintéressés ni bien sincères, avait cherché et distingué dans son monde et dans son cercle intime un homme droit, sûr, dévoué, fidèle, un ami courageux, discret, incapable d’épouser d’autre intérêt que le sien, et si elle s’était appuyée sur son bras à certain jour, même avec abandon, il n’y aurait à cela rien de si étonnant ni de fait pour révolter ; et de ce qu’on admettrait, sur la foi des contemporains d’alors les mieux informés, cette sorte de tradition qui, à son égard, me paraît, si j’ose l’avouer, la plus probable, il ne s’ensuivrait pas qu’elle dût rien perdre dans l’estime de ceux qui connaissent le cœur humain et la vie, ni qu’elle fût moins digne de tout l’intérêt des honnêtes gens aux jours de l’épreuve et du malheur.
J’ai peur de votre admiration, parce qu’on dit que c’est chez vous une disposition généreuse de l’âme ; mais la raison reprend, dit-on, ses droits un peu plus tard. […] Vous usurpez un droit qu’il faut nous laisser, entendez-vous ?
Les philosophes grecs ne se sont point mis, comme les philosophes des pays monarchiques, en opposition avec les institutions de leur pays ; ils n’avaient pas l’idée de ces droits d’héritage qui fondent la plupart des pouvoirs chez les nations modernes depuis l’invasion des peuples du Nord. […] La splendeur de la puissance, le respect qu’elle inspire, la pitié qu’on ressent pour ceux qui la perdent quand on leur suppose un droit à la posséder, tous ces sentiments agissent sur l’âme, indépendamment du talent de l’auteur, et leur force s’affaiblirait extrêmement dans l’ordre politique que je suppose.
Il fut de ceux qui tinrent à devoir de rester à Paris pendant la Ligue, et avec une inflexible droiture il sut en ces temps difficiles ne manquer à aucune de ses obligations, servir le roi, même protestant, et l’Église, même rebelle, maintenir les droits du Parlement, travailler au salut du royaume et à la conservation de Paris. […] Si l’on rassemble la belle suite des harangues de Du Vair, son curieux traité de l’Éloquence Française, ses œuvres morales, et ses discours chrétiens, on se convaincra que ce remarquable orateur n’a pas encore reçu la place à laquelle il a droit.
L’histoire a corroboré la conclusion de notre raisonnement : en fait comme en droit, le théâtre d’art fut l’expression des sensations perçues par les artistes dans les milieux de vie publique et théâtrale. Oserons-nous maintenant demander si notre vie a droit à ces épithètes, alors qu’il n’y a pas d’exemple d’une conduite plus personnelle que celle de nos contemporains ?
V L’histoire a corroboré la conclusion de notre raisonnement : en fait comme en droit, le théâtre d’art fut l’expression des sensations perçues par les artistes dans les milieux de vie publique et théâtrale. Oserons-nous maintenant demander si notre vie a droit à ces épithètes, alors qu’il n’y a pas d’exemple d’une conduite plus personnelle que celle de nos contemporains ?
Homère, tel que Boileau, son admirateur, et Perrault, son dénigreur, s’accordent à se le représenter, est une sorte de poète de cabinet, calculant soigneusement ses effets et choisissant ses termes, un Virgile plus ancien, de qui l’on a le droit de réclamer la soumission aux règles et aux bienséances. […] Je ne dis pas certes que tous nos écrivains aient le droit de répéter fièrement avec Musset : Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre.
On déplora fort cette publication indiscrète ; on réprouva la conduite des éditeurs qui déshonoraient ainsi, disait-on, la mémoire d’une personne jusque-là considérée, et qui livraient son secret à tous sans en avoir le droit. […] Elle s’était fort attachée à d’Alembert, enfant illégitime comme elle, et qui, comme elle, avait négligé avec fierté de se mettre en quête pour des droits qu’il n’aurait pas dus à la tendresse.
Un de ceux qui l’accompagnaient et qui fut de ses secrétaires, un des écrivains les plus estimables de ce temps, Alain Chartier, a exprimé énergiquement cet état de détresse, pendant lequel il n’y avait plus pour un homme de bien et d’étude un seul lieu de paix ni de refuge dans tout le pays, hors derrière les murailles de quelques cités ; car « des champs, on n’en pouvait entendre parler sans effroi », et toute la campagne semblait devenue comme une mer où il ne règne d’autre droit que celui du fait, et « où chacun n’a de seigneurie qu’à proportion qu’il a de force ». […] Ce procès fut beaucoup plus régulier et plus légal (au point de vue du droit inquisitorial alors en vigueur) qu’on ne l’a cru et répété depuis, ce qui ne veut pas dire qu’il soit moins odieux et moins exécrable.
Ses amis, ceux qui ont le plus droit de le juger, l’ont comparé à Duclos pour le tour d’observateur moraliste. […] Bazin, et qui avait le droit de se compter dans le très petit nombre de ses amis, m’a écrit au sujet de l’article précédent, et, tout en trouvant que j’avais fidèlement esquissé la misanthropie flâneuse et légèrement acrimonieuse de M.
Dans son petit traité Du bonheur, il veut qu’avant de s’attacher aux objets extérieurs, on évalue ce qu’ils peuvent rapporter en plaisirs ou en peines, et qu’on ne laisse prendre des droits sur soi qu’aux objets dont, tout compte fait, on a plus à espérer qu’à craindre : « Il n’est question que de calculer, dit-il, et la Sagesse doit toujours avoir les jetons à la main. » Des jetons pour compter les points. […] Dans les extraits, il s’attache, avant tout, à éclaircir et à démêler ce qu’il expose : il avait pour principe que, dans les sciences, la certitude elle-même des résultats ne dispense point de la clarté, et que la raison commune a droit à tout instant d’intervenir et de demander compte, autant qu’il est possible, de ce que les méthodes particulières lui dérobent.
La Révolution a commencé par la Déclaration des droits de l’homme, et elle ne finira que par la Déclaration des droits de Dieu.
Maître ès arts à dix-neuf ans, il alla ensuite à Bourges pour y étudier le droit ; il y devint précepteur et bientôt professeur des langues grecque et latine à l’université de la ville. […] par l’aimable saint François de Sales, si on se l’imagine un seul moment jeune, non encore saint, helléniste et amoureux : Et sur le commencement du printemps, que la neige se fondoit, la terre se découvroit et l’herbe dessous poignoit ; les autres pasteurs menèrent leurs bètes aux champs : mais devant tous Daphnis et Chloé, comme ceux qui servoient à un bien plus grand pasteur ; et incontinent s’en coururent droit à la caverne des Nymphes, et de là au pin sous lequel étoit l’image de Pan, et puis dessous le chène où ils s’assirent en regardant paitre leurs troupeaux… puis allèrent chercher des fleurs, pour faire des chapeaux aux images (le bon Amyot, par piété, n’a osé dire : pour faire des couronnes aux dieux), mais elles ne faisoient encore que commencer à poindre par la douceur du petit béat de Zéphyre qui ouvroit la terre, et la chaleur du soleil qui les échauffoit. » Si vous croyez que ce petit béat de Zéphyre soit dans le grec, vous vous trompez fort ; c’est Amyot qui lui prête ainsi de cette gentillesse et de cette grâce d’ange, en revanche sans doute de ce qu’il n’a osé tout à côté appeler Pan et les Nymphes sauvages des dieux.
Louis XIV, peu instruit dans les lettres, et dont la première éducation avait été fort négligée, avait reçu cette instruction bien supérieure qu’un esprit juste et droit et qu’un cœur élevé puisent dans les événements où l’on est de bonne heure en jeu. […] Ce sentiment est celui qui domine à la lecture, et qui triomphe de toutes les critiques et de toutes les restrictions qu’un esprit juste est en droit d’y apporter.
il les craint comme des privilèges, comme des droits féodaux non encore éteints et toujours prêts à renaître. […] C’est ainsi qu’ayant lu les Mémoires de Madame, mère du Régent, il dira (1822) : « On voit bien là ce que c’est que la Cour ; il n’y est question que d’empoisonnement, de débauche de toute espèce, de prostitution : ils vivaient vraiment pêle-mêle. » Ce n’est certes pas moi qui défendrai la Cour, mais on a droit de dire à Courier : Élargissez votre vue, voyez l’homme indépendamment des classes, reconnaissez-le partout le même, sous les formes polies ou grossières.
si jamais des rois et de la tyrannie Mon front républicain subit le joug impie, La tombe me rendra mes droits, ma liberté… Si l’on se reporte au ton de l’époque et à l’âge de l’auteur, on n’attachera pas à ces cocardes d’un jour plus d’importance qu’il ne faut. […] Michaud l’éditeur ; et c’est ce qui donne à chacun le droit de dire que l’article est peu fraternel.
L’auteur, encore tout ému de sa chute et de l’ingratitude de l’Assemblée, ne prévoyant pas que, dans les malheurs qui s’apprêtent à fondre sur toutes les têtes, cette retraite prématurée deviendra pour lui un salut et un bienfait, l’auteur se laisse aller à toutes ses pensées ; il nous livre son âme au vif, toute saignante et gémissante ; il la montre dans sa sensibilité, dans ses étonnements, dans ses douleurs de tout genre, dans ses passions naturelles, honnêtes, droites, humaines et un peu débonnaires. […] Necker, à ce moment, ne trouve aucune image au-dessus de sa situation personnelle ; au milieu de tous ces reproches d’ingratitude qu’il exhale, il lui semble encore qu’il use de clémence : « Comme le Prophète, après être venu sur la montagne pour maudire, je ne voulais y rester que pour bénir. » Un si grand tumulte de cœur, dans une situation qui était véritablement amère et cruelle, dépasse pourtant ce qu’on a droit d’attendre d’un homme d’État ferme, et qui a mesuré d’avance les chemins par où il faut passer : c’est qu’aussi M.
Arnault est assez piquant lorsqu’il parle de Monsieur, et il nous le définit bien dans sa nature et sa portée d’esprit littéraire ; pourtant il abuse un peu du droit que lui donne la proscription dont l’honora plus tard son ancien maître, lorsqu’il dit d’un ton cavalier : « Monsieur, à tout prendre, était un garçon d’esprit, mais il le prouvait moins par des mots qui lui fussent propres que par l’emploi qu’il faisait des mots d’autrui. » Est-ce de ma part une excessive délicatesse ? […] Je pourrais raconter là-dessus des anecdotes intéressantes qui prouveraient combien Arnault, cet homme d’esprit un peu caustique, était droit et bon.
Cette maison, lourd cube blanc à angles droits, choisie par ceux qui l’habitaient sur la désignation du hasard, parfois intentionnelle peut-être, avait la forme d’un tombeau. […] La seule objection qu’on puisse lui faire, c’est que Shakspeare se prononce plus aisément que Shakespeare, que l’élision de l’e muet est peut-être utile, et que dans leur intérêt même, et pour accroître leur facilité de circulation, la postérité a sur les noms propres un droit d’euphonie.
Cours de droit naturel, 29e leçon, p. 118. […] Cours de droit naturel, 2e leçon, p. 50.
La littérature dramatique a été prise au dépourvu ; on lui demande presque le contraire de ce qu’on était accoutumé à désirer d’elle depuis longtemps ; on lui demande des émotions vives, profondes et passionnées, mais pures s’il est possible, et, dans tous les cas, salutaires et fortifiantes ; on lui demande, au milieu de toutes les libertés d’inspiration auxquelles le talent a droit et qui lui sont reconnues, de songer à sa propre influence sur les mœurs publiques et sur les âmes, de se souvenir un peu, en un mot, et sans devenir pour cela trop sévère, de tout ce qui est à guérir parmi nous et à réparer.
— Aujourd’hui que les questions et les passions politiques trop flagrantes sont apaisées, qu’il y a lieu à des débats plus théoriques et de principes, que le sac de l’archevêché est oublié, et que le clergé, en reparaissant, n’a plus peur de se faire lapider dans les rues, il ose extrêmement : il ose d’autant plus qu’une portion notable s’est ralliée à la dynastie de Juillet, et qu’en réclamant ce qu’il croit son droit, il le demande de plus presque au nom des services rendus.
La priorité de publication constitue un droit. » C’est là une réponse insuffisante.
Rien n’est plus difficile d’ailleurs que de faire un choix dans des œuvres posthumes ; et, en l’absence de l’auteur, nous ne nous sommes pas cru le droit de substituer notre goût à celui du public, d’élaguer la matière à notre gré.
Ses taches nombreuses disparaissent sans doute et pour ainsi dire s’effacent parmi tant de mouvement et d’éclat ; mais qu’il eût été moins incorrect et négligé, loin de distraire du récit, il l’eût mieux fait ressortir encore : la pensée de l’écrivain, qui quelquefois s’affaiblit dans ses formes indécises, eût été plus sûre, gravée de la sorte, d’arriver pleinement intelligible et franche à cet avenir auquel elle a droit de s’adresser.
M. de Lamartine appartient par ses convictions à ce centre droit, honnête et modéré, qui veut la liberté avec prudence et sous la sauvegarde de la dynastie : M.
En 89, tout était à détruire, clergé d’État, noblesse à privilèges, monarchie prodigue et dévorante, parlements usurpateurs et stationnaires ; le tiers état, accablé d’humiliations et de charges, se ressaisissait de ses droits ; une philosophie hostile battait en brèche la religion ; une politique absolue, éprise de certaines formes, tendait à se réaliser dans les lois.
« Si la France ne le comptait pas parmi ses citoyens, si M. de La Fayette était anglais ou américain, on ne manquerait pas de raisonnements et de raisonneurs pour établir que jamais un caractère si persévérant et si droit n’aurait pu s’élever et grandir en France, pays de la mobilité, terre toujours remuée et toujours ébranlée.
Ce n’est plus vis-à-vis du sort, mais de sa conscience qu’on se place, et, renonçant à toute influence sur le destin et sur les hommes, on se complait d’autant plus dans l’action du pouvoir qu’on s’est réservé, dans l’empire de soi-même, et l’on fait chaque jour avec bonheur quelque changement ou quelque découverte, dans la seule propriété sur laquelle on se croit des droits et de l’influence.
Voici une large période qui n’est au fond qu’une antithèse : Cent mille hommes criblés d’obus et de mitraille, Cent mille hommes couchés dans un champ de bataille, Tombés pour leur pays par leur mort agrandi, Comme on tombe à Fleurus, comme on tombe à Lodi, Cent mille ardents soldats, héros et non victimes, Morts dans un tourbillon d’événements sublimes, D’où prend son vol la fière et blanche Liberté, Sont un malheur moins grand pour la société, Sont pour l’humanité, qui sur le vrai se fonde, Une calamité moins haute et moins profonde, Un coup moins lamentable et moins infortuné Qu’un innocent, un seul innocent, condamné, Dont le sang ruisselant sous un infâme glaive, Fume entre les pavés de la place de Grève, Qu’un juste assassiné dans la forêt des lois, Et dont l’âme a le droit d’aller dire à Dieu : “Vois !
Comme Bouddha, ils se résignent à revêtir diverses figures ; ils font le sacrifice de celle qu’ils auraient pu avoir, de celle à laquelle ils avaient droit.
Quarante années d’héroïque labeur, de pureté et d’intégrité absolues, lui donnaient peut-être le droit d’éviter un certain ton dogmatique en parlant des vérités morales.
Et pour traduire le frémissement intime du rêve, au lieu de la vulgaire élocution banale, il se réserva le droit de refondre, en un alliage neuf, inouï, absolu, les vieux vocables discrédités.
Je me hâte d’ajouter que Dubois-Desaulle était un honnête garçon qui ne s’était rendu coupable d’aucun délit de droit commun et que ses opinions libertaires seules (l’épidémie à la mode) avaient conduit aux compagnies de discipline.
Le fait d’avoir passé une fois sous les yeux de la maîtresse de la maison, conférait aux nouveaux venus le droit d’amener, à leur tour, des convives au prochain festin.
Toute littérature, toute poésie, toute science qui ne se propose que d’amuser ou d’intéresser est par ce fait même frivole et vaine, ou, pour mieux dire, n’a plus aucun droit à s’appeler littérature, poésie, science.
c’était la confrontation De ce que nous étions avec ce que nous sommes ; Les bêtes s’y mêlaient, de droit divin, aux hommes, Comme dans un enfer ou dans un paradis ; Les crimes y rampaient, de leur ombre grandis ; Et même les laideurs n’étaient pas malséantes À la tragique horreur de ces fresques géantes.
Cet écrivain, naturellement audacieux & républicain, échauffé par l’esprit du temps & la fureur des guerres civiles, composa son livre sur le Droit des rois & des magistrats.
Cet avocat, né avec un sens droit, un esprit clair & juste, avec une passion forte pour la vérité, sentit qu’elle étoit continuellement étouffée par un étalage ridicule de paroles inutiles & pompeuses.
« Si enfin un artiste obéit au mobile qu’on peut appeler le besoin naturel du travail, peut-être mérite-t-il plus que jamais l’indulgence : il n’obéit alors ni à l’ambition ni à la misère, mais il obéit à son cœur ; on pourrait croire qu’il obéit à Dieu… « Bien que j’aie médit de la critique, je suis loin de lui contester ses droits, qu’elle a raison de maintenir, et qu’elle a même solidement établis.
Les lois fondamentales changent, le droit a ses époques ; plaisante justice qu’une rivière ou une montagne borne ; vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Certes, le penseur le plus hardi de ce siècle, l’écrivain le plus déterminé à généraliser les idées pour bouleverser le monde, n’a rien dit d’aussi fort contre la justice des gouvernements et les préjugés des nations.
Le mauvais goût, quand il est incorrigible, est une fausseté de jugement, un biais naturel dans les idées ; or, comme l’esprit agit sur le cœur, il est difficile que les voies du second soient droites, quand celles du premier ne le sont pas.
Ce bras droit qu’il tient étendu en l’air est vraiment hors de la toile ; l’autre bras ainsi que la main sont bleuâtres, ce qui suppose, contre la vérité, de la durée dans une position contrainte.
Vous mettez tout le monde en droit de leur faire leur procès, même sans rendre aucune raison de son jugement, au lieu que les autres sçavans ne sont jugez que par leurs pairs, qui sont encore tenus de les convaincre dans les formes avant que d’être reçus à prononcer leur condamnation.
Les athéniens n’ont-ils pas été en droit d’avoir égard à la morale de leurs poëtes comiques en leur distribuant le prix ?
Ce dernier a, d’ailleurs, toute sorte de droits à la sympathie.
Un esprit droit entendrait ce qu’on veut lui dire.
Il n’a pas fait qu’un livre sur un livre, comme tout critique en a le droit ou se l’arroge.
« Au soir de Wagram, a le droit de dire un Bonaparte, j’étais si fatigué que je suis tombé de sommeil, que j’ai dormi couché tout de mon long dans un sillon : j’étais la semence d’une admirable moisson de dévouement, de belle volonté et d’un lyrisme jusqu’alors inconnu. » Taine parfois justifie la timidité, le repliement sur soi-même et, sous le nom d’« acceptation », certaine servilité.
Ainsi s’aiguisait en cette passe étroite un esprit que nous allons voir sortir de là ferme, mordant, incisif, très-sensible aux désaccords, allant droit au réel et le détachant nettement en vives découpures. […] Il serait agréable, à coup sûr, mais trop minutieux et trop long, de relever dans les articles non recueillis de Mme Guizot la quantité de droites et fines observations dont elle a marqué chaque auteur. […] Ce n’est plus à un moraliste de la fin du dix-huitième siècle que nous aurons affaire, c’est à un écrivain de l’ère nouvelle et laborieuse, à une mère attentive et enseignante, qui sait les épreuves et qui prépare des hommes ; à un philosophe vertueux occupé de faire sentir en chaque ordre l’accord du droit et du devoir, de l’examen et de la foi, de la règle et de la liberté.
M. de La Rochefoucauld aurait eu quelque droit de revendiquer cette pensée comme très-voisine d’une des siennes : « Ce qui fait, a-t-il dit, que les amants et les maîtresses ne s’ennuient point d’être ensemble, c’est qu’ils parlent toujours d’eux-mêmes. » Je me pose une question : Si M. de La Rochefoucauld avait lu cette confession de Mme de Longueville, en aurait-il été touché ? […] De ce qu’on cite Mme de Longueville dans des moments de pénitence, et de ce que l’on ne possède guère Mme de La Fayette que dans des écrits littéraires et romanesques, a-t-on le droit de juger de la qualité de leurs esprits par la différence des sujets ? […] Cousin revient avec éloquence, avec passion, sur cette même gracieuse querelle ; il l’étend même cette fois davantage et traite M. de La Rochefoucauld de telle sorte qu’il nous donnerait bien envie de relever le gant, si nous en avions le droit et si déjà nous n’en avions trop dit.
Il s’approprie l’espace, par la place qu’il y occupe et dont on ne peut le priver qu’en le tuant ; il s’approprie le temps, par la durée plus ou moins prolongée qu’il lui emprunte ; il s’approprie la lumière, par le regard, qui fait entrer tout ce qui est visible dans son âme à travers ses yeux ; il s’approprie les bruits, les sons, les paroles, les significations des paroles, par l’oreille ; il s’approprie l’air nécessaire à sa poitrine, par la respiration ; il s’approprie les fruits et les aliments de la terre indispensables à sa conservation, par la main et par la bouche ; et, quelle que soit l’étendue de ses possessions ou de ses domaines, il ne peut s’approprier réellement et corporellement en effet que la partie de ces éléments ou de ces aliments nécessaires à ses cinq sens : le surplus, sous une forme ou sous une autre, retourne aux autres hommes, qui ont le même droit de vivre que lui. […] Et, du jour où il a eu un fils, il a senti tripler en lui l’instinct sacré de l’appropriation, car, ce qu’il s’appropriait pour deux, il a fallu songer à se l’approprier pour trois ; et, quand la famille a multiplié encore par la fécondité de sa compagne, il a senti multiplier d’autant l’instinct, et, disons plus juste, le droit de son appropriation. […] De là est née, non d’une usurpation ou d’un caprice, mais de là est née d’une nécessité et d’un droit, l’hérédité de la propriété, aussi logique que l’hérédité du sang dans les mêmes veines.
Un des plus fiers enfants de cette famille cornélienne, don Sanche, s’asseoit dans le conseil de la reine de Castille, du droit de son courage, et malgré l’étiquette qui l’interdit à un soldat de fortune. […] Ce droit du poète sur les sujets est une théorie du théâtre espagnol ; je la trouve excellente pour des pièces qui ne prétendent pas plus à la gloire d’être relues qu’à celle d’être redemandées. […] Autant vaudrait dire que la nature humaine est du droit du poète.
Après le règne de Louis XIV, on s’avise que de grands écrivains font autant pour la gloire d’un peuple que de grands capitaines ou de grands diplomates ; on s’aperçoit que les Corneille, les Molière, les Racine ont opéré des conquêtes plus durables que celles du grand roi, et si Voltaire peut traiter presque d’égal à égal avec des têtes couronnées, en sa qualité de roi de l’opinion publique, s’il a des correspondants et des flatteurs parmi les souverains d’Europe, il doit en partie ce prestige au souvenir de ses illustres devanciers, à l’admiration qu’ils ont inspirée, à la haute idée qu’ils ont donnée des droits sacrés du génie. […] Le droit de propriété sur les œuvres littéraires commence à être reconnu. […] Le même Dumas s’engageait à fournir au Siècle 100.000 lignes par an, payées 1 fr. 50 chacune, et encore se réservait-il le droit, dont il usait et abusait, de composer une ligne de deux mots, d’un seul, et souvent d’une seule syllabe comme Oh !
Si lorsqu’on montera le Siegfried, la Gœtterdæmmrung, le Rheingold, autant d’événements dramatiques marqués par le Destin supérieur aux dieux (thème 21, en la mineur : mi fa sol fa, mi, ré do, mi ré do, si), les grimaces recommencent chaque fois, nous aurons le droit d’objecter : — « Pardon ! […] Un des premiers rôles de l’opéra Henry VIII exprimait la tristesse en portant en avant le bras gauche et le pied droit ; les mouvements de violence et de résolution étaient réservés au bras droit et au pied gauche.
C’est un signe des temps nullement négligeable, que certaines investigations, jadis abandonnées aux exploiteurs de scandale ou réservées à quelques spécialistes dissimulés, soient aujourd’hui pratiquées au nom d’un prétendu droit de tout dire, par des artistes supérieurement doués d’ailleurs. […] Des lettrés, enfin, se réclamant de leur sincérité et de leur ingénuité de nature, affirment que tout être humain a le droit de dire ce qu’il a vu, de décrire tous les milieux qui ont façonné son moi et toutes les influences qu’il a subies, — eût-il assisté aux pires débauches, eût-il vécu dans une atmosphère irrespirable de pourriture, eût-il enduré des contacts inavouables. — Si l’un d’eux est un écrivain de génie, il peut lui arriver alors de créer des livres dont l’émouvante et exécrable ardeur énerve et révolte. […] Dans la nation actuelle, issue de la Révolution, l’individu a tous les droits que le passé conférait seulement au groupe familial.
Dimanche 5 mars Aujourd’hui Tourguéneff est entré chez Flaubert, en disant : « Je n’ai jamais si bien vu qu’hier, combien les races sont différentes : ça m’a fait rêver toute la nuit… Nous sommes cependant, n’est-ce pas, nous, des gens du même métier, des gens de plume… Eh bien, hier, dans Madame Caverlet, quand le jeune homme a dit à l’amant de sa mère qui allait embrasser sa sœur : « Je vous défends d’embrasser cette jeune fille. » Eh bien, j’ai éprouvé un mouvement de répulsion, et il y aurait eu cinq cents Russes dans la salle, qu’ils auraient éprouvé le même sentiment… et Flaubert, et les gens qui étaient dans la loge, ne l’ont pas éprouvé ce moment de répulsion… J’ai beaucoup réfléchi dans la nuit… Oui, vous êtes bien des latins, il y a chez vous du romain et de sa religion du droit, en un mot, vous êtes des hommes de la loi… Nous, nous ne sommes pas ainsi… Comment dire cela ? […] À ce propos il affirmait que les soieries de Lyon, étant frappées d’un droit de 60 pour 100, chaque expéditeur, à l’intérieur de sa caisse, clouait un billet de 500 francs, et ne payait que 6 pour cent. […] Toute la fin de mon livre aura été écrite, avec la pensée, le pressentiment, que tant d’efforts, de recherches, de travail de style, auront pour récompense l’amende et la prison, et peut-être la privation des droits civiques — que je serais enfin déshonoré par des magistrats français, absolument comme si j’avais été surpris dans une pissotière.
Peut-être avaient-ils droit de le haïr ? […] Et droits sur leurs chevaux cabrés qu’un rut enlève, Tes grands conquérants noirs, au profil surhumain, Qui déployant leur geste avec l’éclair d’un glaive Engouffrent dans la nuit leurs cavaliers d’airain ! […] Victime du snobisme, elle n’obtiendra pas les hommages auxquels elle a droit, car beaucoup craindront — à la louer autant qu’il convient — d’être, eux aussi, taxés de snobisme.
C’est aussi toute la part qu’on soit en droit d’exiger de sa coopération au grand œuvre de l’Humanité. […] Il arriva qu’en haine de l’étiquette on supprimait l’Ordre lui-même : on ne sut pas conquérir le droit de sentir sans destituer l’esprit du droit de penser. […] Né de la tristesse dont souffrait la Pensée, restée si longtemps immobile, confinée en elle-même, il s’émut et rendit au Sentiment ses droits : c’est son vrai mérite et sa réelle action. […] Par je ne sais quel prodige dont les causes échappent, autour de lui se rangèrent les poëtes, comme autour moins d’un chef que d’une idole, desquels la postérité pense qu’ils avaient au moins autant que lui le droit de commander. […] L’écrivain a tous les droits pourvu que sa langue particulière soit soumise au génie général de la langue et au génie aussi des langues mortes qui l’ont faite74.
Ce fut pendant son séjour à Strasbourg, où il arriva au mois d’avril 1770, pour poursuivre ses études de droit, que Goethe subit sa première et complète transformation. […] Et comment notre siècle peut-il s’arroger le droit de juger la nature ? […] Lui arriva-t-il d’entrer en campagne par pur amour de la justice, pour soutenir les droits lésés des faibles ? […] Aussi se réconcilient-ils à la fin : l’harmonie se rétablit entre eux, comme elle s’était rétablie en Goethe au moment où il prit la résolution de quitter Weimar pour rendre au poète ses droits. […] Son génie lui donnait peut-être quelque droit à l’obtenir.
J’aimais à me rappeler ce droit qu’avait le noble polonais d’annuler de son seul veto les décisions de toute une assemblée ; et c’était de ce droit qui me paraissait avoir fait usage, contre les décisions du reste des hommes, le Polonais Copernic. […] Du moins j’ai pu admirer sa haute taille, la noblesse de sa démarche, et ce port de tête droit et assuré qui faisait tomber sur le collet de sa redingote ses beaux cheveux d’argent. […] Balfour, la raison n’a aucun droit à tenir dans la vie de l’esprit le rôle qu’elle prétend y tenir, mais il est faux que son rôle y soit vraiment essentiel. […] Parmi les diverses espèces de dégénérés que nous sommes, aucune ne me paraît avoir plus de droit à l’attention de M. […] C’est un vent de folie et de cruauté qui souffle sur la foule, qui la pousse droit devant elle, hurlante et frémissante.
Mais il revendique ensuite le droit, sinon de l’ôter, au moins de l’écarter. […] Le peu qui restait des belles de ce temps-là dans les vallées du Mâconnais en savaient bien que dire, naguère encore. » Il passe ses hivers à Mâcon ou à Lyon, sous prétexte d’y faire son droit, et y mène, autant qu’il peut, joyeuse vie. […] « Pour lui-même, il en a le droit, et on peut nommer cela, si l’on veut, « la perfection héroïque » (le mot est de M. Émile Ollivier) ; mais Laurence, a-t-il donc le droit de la sacrifier aussi « Ô poète imprudent ! […] Si Jocelyn a le droit de s’immoler lui-même, a-t-il le droit d’abandonner cette jeune fille ?
Il lui demande alors de faire son droit : demande à laquelle le père acquiesce, à la condition toutefois que ce ne sera pas à Paris, parce qu’il y ferait les cent coups. Il fait donc son droit à Caen, où étant devenu l’amant d’une femme, son père exige qu’il fasse un choix entre lui et la femme. […] Vendredi 31 juillet Nous allons chercher Koning et Belot, qui viennent s’entretenir avec Daudet, de la pièce que Belot tire de son roman de Sapho, pour le théâtre du Gymnase… Ici une parenthèse, Daudet ayant fait le roman, ayant fait le scénario, et comprenant qu’il devait à peu près faire la pièce, lui avait écrit que dans ces conditions, et maintenant qu’il avait une notoriété qui lui permettait de se passer de lui, il trouvait exagéré qu’il touchât la moitié des droits, et qu’il devrait se contenter d’un tiers. […] Voyez-les, ces filles d’Arles, aux longs regards, avec leur corsage bombé de gaze blanche, qu’enserre dans quatre plis de chaque côté, un petit châle noir d’enfant, et avec leur jupe tombant droit devant, comme la soutane d’un prêtre, et derrière, en faisant le gros tuyautage d’un jupon de paysanne : un costume tout noir et blanc, et où le blanc tient du nuage, — enfin un costume qui a quelque chose de monastique et d’aphrodisiaque, et qui fait ressembler ces femmes à des nonnains d’amour. […] Cette Hading est vraiment très séduisante avec sa luxuriance de cheveux, semblables aux cheveux mordorés des courtisanes vénitiennes, avec sa blancheur de peau toute particulière, et qui me rappelle la blancheur de la gorge de la maîtresse du Titien, dans son fameux portrait, avec ses regards coulants dans le coin des yeux, avec l’ombre fauve de la cernure de ses yeux et du tour de sa bouche, avec son petit front et son nez droit.
Il s’est appliqué sur-tout à remarquer les commencemens de certains usages, les principes de nos libertés, les vraies sources & les divers fondemens de notre droit public ; l’origine des grandes dignités ; l’institution des Parlemens ; l’établissement des Universités ; la fondation des Ordres Religieux ou Militaires ; enfin tout ce que les arts & les sciences nous fournissent de découvertes utiles à la société. […] Ses prééminences, ses droits sur Rome & sur l’Italie, tant de Rois, tant de Souverains qu’il a créés, tant de dignités qu’il a conférées dans d’autres Etats, ses assemblées presque continuelles de tant de Princes, tout cela forme une scène auguste, même dans les siécles les moins policés. […] Mais on l’a fait à l’Abrégé chronologique de l’histoire & du droit public de l’Allemagne, par M. […] Faits militaires, traités politiques, loix civiles, réglemens ecclésiastiques ; édits, déclarations, ordonnances, rien n’est oublié de tout ce qui peut rappeller des époques dans tous les genres, les vraies sources, les divers fondemens du droit public. […] On y voit trois maisons d’Anjou, dont l’une posséde le Royaume de Naples, l’autre a eu des droits sur le Trône, & la troisiéme y est assise aujourd’hui.
Toutes les voitures qui portaient cette huile étaient exemptées de tout droit jusqu’à leur arrivée dans la basilique. […] Mais le roi Dagobert reprit vite le droit chemin de ses anciennes vertus. […] Sans doute, même ainsi remaniés, ces vers ne décèlent pas encore le droit génie lamartinien. […] Cependant, grâce à la qualité de son talent, Pouvillon lutte avec succès, et à la fin, il se hâte vers le droit chemin. […] Elles passent, droites, les traits figés, la poitrine en saillie, le pied sûr.
Afin d’exprimer plus fidèlement leurs sentiments si droits, si forts, si simples, il s’est fait écolier chez eux : il a écouté, retenu, reproduit, par endroits, le parler « mathurin ». […] Les meilleurs éloges à faire de ces éditions, c’est qu’elles vont à leur but : elles épargnent aux lecteurs novices les tâtonnements, les erreurs et les déceptions ; elles les mènent droit aux beautés de valeur, à l’émotion vraie, à la parole salutaire. […] Mais je m’arrogerai le droit d’indiquer tout d’abord comment cette partie tient à l’ensemble. […] Giraud, qui sait les droits tout aussi bien que les devoirs de la critique, n’a-t-il pas exprimé, sur la méthode de recherche de Taine et sur la valeur documentaire de ses écrits, quelques-unes des réserves les plus nécessaires ? […] Il ne s’est cru tenu à l’absolue justice et n’a usé très librement de tout son droit de discussion qu’envers l’écrivain supérieur et de haut renom, pour qui d’autres auraient sans doute réservé leurs aimables égards et leurs ménagements pleins de prudence.
Le disciple est grand d’ordinaire, droit, raide ; il se tait, sourit, rougit. — Si vous vous brouillez avec le maître, garez-vous du disciple ! […] Sachez, monsieur, que je prétends nommer quelqu’un. » XXX (Ma candidature académique.) — Lettre à M… du 7 mars 1844 : J’ai droit d’en vouloir à M. […] il n’y mettait nulle délicatesse, et quand on se permettait de lui faire observer qu’il n’était pas tout à fait dans son droit, il avait sa réponse toute prête, et il la fit un jour le plus effrontément du monde au nez d’un plaignant : « Mon droit, lui dit-il, c’est ma passion. » — Et plus gaiement (car il y mettait aussi de la gaieté), un jour, à quelqu’un qui voulait écrire sur un sujet dont il s’était occupé, et qui lui en faisait demander par un tiers son agrément, il répondit avec son merveilleux sans-gêne : « Il le peut ; maintenant ça m’est égal ; j’aime ailleurs ! […] Quelqu’un qui le connaissait mieux que personne disait de lui : « Sa raison a des gaîtés contre lesquelles il ne se tient pas assez en garde. » Et en effet, à ces heures-là, il était, on ne sait trop pourquoi, de ces deux ou trois personnes qui, dans une époque, se donnent licence de tout dire et à qui personne ne se croit le droit de répliquer. […] CLV Mme Sand peut faire encore bien du chemin avant d’arriver en fait d’idées sociales là où Mme de Charrière est allée droit sans phrase et du premier coup.
Elle se donne des « choses en soi » dont elle prétend que nous ne pouvons rien connaître : de quel droit en affirme-telle alors l’existence, même comme « problématique » ? […] C’est en ce sens, et dans cette mesure, qu’il faut tenir la science pour conventionnelle, mais la conventionalité est de fait, pour ainsi dire, et non pas de droit. […] Certes, l’intelligence admire a bon droit, ici, l’ordre croissant dans la complexité croissante : l’un et l’autre ont pour elle une réalité positive, étant de même sens qu’elle. […] Mais d’autre part le désordre, qui nous paraît être moins que de l’ordre, serait, semble-t-il, de droit. […] La complication pourra donc aller à l’infini dans tous les sens : mais c’est la complication du système nerveux qui conditionne les autres en droit, sinon toujours en fait.
Vous sentez combien tout cela est ennuyeux et inutile : ainsi, j’attends sans impatience que la bonne compagnie reprenne ses anciens droits ; car je me trouverais fort déplacé au milieu de tous ces petits Machiavels modernes. […] Sa Sainteté même, ses ministres, et par conséquent toute la gent subalterne, croient devoir à la France ce que son ministre demande ; et à son ministre, ce que la France a droit de demander.
Aussi je le dis hautement, quelques souffrances que nous éprouvions de la part de nos père et mère, songeons que sans eux nous n’aurions pas le pouvoir de les subir et de les souffrir, et alors nous verrons s’anéantir pour nous le droit de nous en plaindre ; songeons enfin que sans eux nous n’aurions pas le bonheur d’être admis à discerner le juste de l’injuste ; et, si nous avons occasion d’exercer à leur égard ce discernement, demeurons toujours dans le respect envers eux pour ce beau présent que nous avons reçu par leur organe et qui nous a rendus leurs juges. […] — Et c’est sur cette base-là, ajoute-t-il, qu’a été élevé ensuite tout mon édifice. » Ce fut à la campagne, à la maison d’Athée qui lui venait de sa mère, qu’il éprouva une autre vive impression de lecture ; il vient de parler des jeux de son enfance : J’y ai joui aussi bien vivement, nous dit-il, dans mon adolescence, en lisant un jour dans une prairie à l’âge de dix-huit ans les Principes du droit naturel de Burlamaqui.
Les grands objets s’annonçaient à lui d’une manière de plus en plus imposante et douce, et proportionnée à son état présent : « J’ai mille preuves réitérées que la Providence ne s’occupe, pour ainsi dire, qu’à me ménager. » Il était d’ailleurs tellement inapplicable et impropre aux choses positives, que dans le second trimestre de l’an IV, ayant été porté sur la liste du jury pour le tribunal criminel de son département, il crut devoir se récuser par toutes sortes de raisons qui, si elles étaient admises, paralyseraient la société : Je ne cachai point mon opinion ; je dis tout haut que, ne me croyant pas le droit de condamner un homme, je ne me croyais pas plus en droit de le trouver coupable, et que sûrement, tout en obéissant à la loi qui me convoquait, je me proposais de ne trouver jamais les informations et les preuves assez claires pour oser disposer ainsi des jours de mon semblable.
Royer-Collard, dans deux mémorables discours contre le droit que voulait s’arroger la Chambre, professa une théorie qu’il modifia et parut contredire plus tard dans le cours de sa carrière publique : il refusait alors, en effet, à la Chambre élective un droit inhérent à elle et lui appartenant, qui est dans l’essence du régime parlementaire et qu’il semble, quelques années plus tard, lui avoir expressément accordé.
Tout peut se dire ; toutes les opinions sincères ont le droit de sortir et de s’exprimer ; il y a, certes, lieu pour des critiques doctes et fins de disserter longuement et de faire mainte distinction à propos d’Horace Vernet ; mais le ton de Gustave Planche parlant d’un homme de ce talent et de cette renommée, d’un homme de ce passé et de cet avenir, qui était à la veille de se développer de plus en plus, et qui allait nous traduire aux yeux notre guerre d’Afrique, nous montrer notre jeune armée en action, à l’œuvre, dans sa physionomie toute moderne et expressive, ce ton est d’une insolence et d’une fatuité vraiment ineffables : « À ne peser que les cendres de sa gloire, s’écrie-t-il, nous les trouvons légères, et nous les jetons au vent ! […] Une petite brise nous conduit droit dans notre route, et l’espoir nous revient.