Que de tableaux sont gâtés dans les Études de la nature par la borne de l’intelligence et par le défaut d’élévation d’âme de l’écrivain ! […] Ses tableaux, au contraire, attestent à chaque page cette élévation naturelle que l’écrivain retrouvait dès qu’il rentrait dans ses instincts contemplatifs et solitaires. […] L’auteur du Génie du christianisme, obligé de faire entrer dans le cadre de son apologie quelques tableaux pour l’imagination, a voulu dénoncer cette espèce de vice nouveau, et peindre les funestes conséquences de l’amour outré de la solitude. […] « Religion à part, dit M. de Chateaubriand (en un endroit où il parle de l’ivresse et de la folie), le bonheur est de s’ignorer et d’arriver à la mort sans avoir senti la vie. » Le plus souvent en effet, si l’on retranche cette parenthèse de religion qui est là comme pour la forme, on retrouve en M. de Chateaubriand tantôt une imagination sombre et sinistre comme celle d’Hamlet, et qui porte le doute, la désolation autour d’elle, tantôt une imagination épicurienne et toute grecque, qui se complaît aux plus voluptueux tableaux, et qui ira, en vieillissant, jusqu’à mêler les images de Taglioni avec les austérités de Rancé.
Quoi qu’il en soit de cette conjecture, qui, de ma part, n’implique pas un blâme, cette respectable personne que nous nous représentons toujours à genoux, en oraison, comme dans le beau tableau de Philippe de Champagne, avait des qualités de spiritualité, de tendresse, d’onction, d’indulgence, d’égalité et d’enjouement dont, à travers un premier air d’étrangeté, il transpire quelque chose dans ses lettres. […] Aussi avait-il une dévotion particulière au bon pasteur ; il en portait l’image sur son cachet ; il en commanda un tableau à Champagne pour son oratoire particulier, tableau dont il fit ensuite présent à Port-Royal.
— L’Apollonide, drame lyrique en trois parties et cinq tableaux (1888). — Derniers poèmes (1895). […] Je pourrais en détacher des tableaux pleins de suavité et d’éblouissement : Les Amours de Léda et du Cygne sur l’Eurotas, Le Jugement de Pâris sur l’Ida, Entre les trois déesses ; mais j’aime mieux, comme indication originale, donner la pièce intitulée : Midi. […] Au contraire, les poèmes Védiques et Brahmaniques qui eurent lieu peu après, entremêlés de superbes paysages des îles et de tableaux d’animaux : Les Éléphants, le Condor, et cette terrible eau-forte, les Chiens, révélèrent un poète épris du néant par dégoût de la vie moderne ; ce qui n’empêcha pas le maître de donner bientôt toute sa mesure dans ce colossal livre des Poèmes barbares, études d’une couleur inouïe sur le Bas-Empire et le moyen âge.
Nous les résoudrons par nos odes, par nos tableaux, par nos symphonies et par nos sculptures. […] La métamorphose des choses en beauté s’accomplit dans les odes d’Hésiode, dans les blocs de Michel-Ange, dans les tableaux de Raphaël, dans les traités de Spinoza, de Goethe4, de Fichte et de Carlyle. […] Et peut-être aurons-nous la joie de voir naître un jour la race de héros dont sans nul doute auparavant, nos statues auront incarné les traits pompeux, dont nos poèmes auront chanté les magnifiques destinées, dont nos tableaux auront contenu les proportions implacables et dont nos hautes symphonies auront développé la vivante rêverie.
C’était un très noble couvent, vaste et plein de souvenirs, avec une bibliothèque de seize mille volumes, et partout des tableaux de maîtres. […] C’est égal, la vaillance et la fierté de ces fillettes me ravissent À huit ans, Mlle de Montmorency « eut un entêtement très fort vis-à-vis de madame l’abbesse (c’était alors Mme de Richelieu), qui lui dit en colère : « Quand je vous vois comme cela, je vous tuerais. » Mlle de Montmorency répondit : « Ce ne serait pas la première fois que les Richelieu auraient été les bourreaux des Montmorency. » — Six ans après, cette enfant, mourant d’un bras gangrené, disait avec une tranquillité merveilleuse : « Voilà que je commence à mourir. » Ce qui rend plus intéressant encore, et même hautement dramatique, le tableau que la petite Hélène nous trace de l’Abbaye-au-Bois, c’est que, à l’heure même où elle écrit son journal, l’organisation sociale en vue de laquelle ces jeunes filles sont expressément élevées craque de toutes parts.
On peut même remarquer cette difference dans les ciels des tableaux du Titien et des tableaux de Rubens, ces deux peintres aïant representé la nature telle qu’elle se voit en Italie et dans les Païs-Bas où ils la copioient.
Henri Estienne et sa famille y occupent la place qui leur est due, et Didot a même poussé le soin du biographe jusqu’à joindre à la notice consacrée à ces célèbres imprimeurs un curieux tableau généalogique de leur race, originaire de Provence, lequel tableau s’ouvre, en 1270, à Pierre Estienne, premier du nom, seigneur de Lambesc, et se ferme, en 1806, à Paul II Étienne, directeur des presses mécaniques chez l’auteur de récrit que nous annonçons.
Si nous n’avons pas d’idées à nous en propre, il est prudent d’en sauver l’absence par la nouveauté des tableaux ! […] (Étude anglaise, tableau d’intérieur.)
Il a tracé, en quelques pages d’un style négligé, mais poignant, le tableau de ses souffrances. […] Hugo a gaspillées dans ce tableau. […] Tous les traits de ce tableau sont d’une irréprochable vérité. […] La famille Marceau, établie dans la même maison, au même étage, compose un tableau charmant. […] Il n’y a pas jusqu’à la vieille Marthe qui n’intéresse et n’ajoute à l’effet du tableau.
Et je pose jusqu’à la nuit, charmé par le tableau que j’ai sous les yeux. […] Mais n’a-t-il pas eu l’idée de me faire monter dans une chambre, et de vouloir me faire voir ses tableaux. […] La conversation a été nécessairement sur la Chine et le Japon, et ça été un tableau désolant fait par Cernuschi du Céleste Empire. […] C’est ainsi que dans le tableau de Jacquet, la robe de velours rouge venait d’une princesse russe, morte dans un misérable garni. […] Le troc accepté, il emportait la robe, et aussitôt en possession de la loque à la splendide couleur, il esquissait sur une vieille toile, en deux heures, son tableau.
Nous achetons les Débats, et nous trouvons dix-huit colonnes d’éreintement, dans lesquelles Janin nous accuse d’avoir fait un pamphlet contre notre ordre, un tableau poussant au mépris des lettres. […] Les témoins s’embrouillent de plus en plus, et je ne sais ce qui arrive, parce qu’il est six heures, et que l’avocat ne fait que commencer sa plaidoirie : un tableau effrayant de la démoralisation des villages par la balle du colporteur, par les obscénités que les fillettes lui achètent en se cotisant. […] On doit s’occuper à avoir une maîtresse qui respecte vos nerfs, à convenablement arranger son chez soi, à posséder des tableaux passables… et surtout à bien écrire. […] » * * * — Très intéressants : ces deux Watteau du musée de Dresde (nº 661-662), tableaux beaucoup moins noyés dans la tonalité vénitienne que les autres tableaux du maître, et d’où Pater a tiré toute sa palette, toute sa claire et un peu frigide palette, aux petits tons blancs, jaunes, vermillonnés : palette que j’étais tenté de lui croire personnelle. […] * * * — De tout tableau, qui procure une impression morale, on peut dire, en thèse générale, que c’est un mauvais tableau.
Mercredi 7 avril Je ne sais plus qui me contait, ces jours-ci, la fin de Servin, de ce peintre que j’ai connu du temps de Pouthier, et qui a peint quatre ou cinq tableaux, entre autres « Une Étable », qu’on pourrait prendre pour les tableaux d’un grand maître flamand. […] Puis, au bout de quelques secondes, le regard perçoit dans ces apparences de madrépores du premier moment, les ressauts et les rentrants, les saillies et les cavités de tout un monde de délicieuses petites académies, pour ainsi dire, remuantes, que la sculpture de Rodin a l’air d’emprunter à l’épique dégringolade du « Jugement dernier » de Michel-Ange, et même à de certaines ruées de multitudes, dans les tableaux de Delacroix, et cela avec un relief sans exemple, et que lui seul et Dalou ont osé. […] Mercredi 21 avril Un tableau donne-t-il jamais à un être organisé pour apprécier la peinture, une sensation intellectuelle, spirituelle, jamais ! […] Et un tableau, le plus spiritualiste des tableaux, par exemple la « Transfiguration » de Raphaël, par l’arrêté des lignes, la matérialité des couleurs, la réalité ouvrière de la fabrication, sera toujours une déception pour l’imagination du regardeur, si toutefois il en possède une. […] Et il nous fait un terrible tableau de cette petite ville, engorgée de troupes, où le bombardement tuait du monde à droite, à gauche, de tous côtés, et où les maisons s’emplissaient de mourants et de pillards.
Il prend à témoin de ces mille tracas dont il est assailli un autre Français exilé, Panjas : il a, à cette occasion, des sonnets qui sont de vrais tableaux de genre, et qui rappellent à leur manière les Satires de l’Arioste : Panjas, veux-tu savoir quels sont mes passe-temps ? […] Ce que je tiens à bien marquer en ce moment, c’est la quantité de jolis tableaux satiriques qui font suite, dans toute la seconde moitié des Regrets. […] Plus d’un de ces petits tableaux que Du Bellay retrace en cet endroit exigerait un commentaire, des explications historiques pour les allusions aux personnes et aux circonstances110. […] Si, dans l’Élégie intitulée Patriæ desiderium, il sut chanter en un latin agréable les souvenirs de l’Anjou, de son cher Liré et des rives de Loire, il fit mieux d’y revenir en français, et je ne sais pas de meilleure leçon de goût pour un jeune poète que de lui donner à lire la pièce latine, si élégante, de Du Bellay, en mettant à côté et en regard le même tableau qu’il a rendu en français dans ce petit chef-d’œuvre qu’on peut appeler le roi des sonnets. […] Ce serait presque un hors-d’œuvre, si bientôt le biographe ne nous montrait qu’il sait également développer les autres parties du tableau.
Voyager ainsi, c’est cueillir les fleurs de la terre ; mais, pour les offrir au monde, il faut les rassembler en gerbes, où chaque couleur, en contraste avec l’autre, présente un tableau brillant ou touchant aux yeux. […] LXV Mais cet écueil fut émaillé par lui de paysages pittoresques, de tableaux enchanteurs et variés, de portraits variés, de scènes pieuses, empruntées aux deux religions, d’invocations aux deux muses de la plus gracieuse et de la plus sublime éloquence, et des morceaux de prose poétique les plus achevés. […] Pendant qu’elle s’avançait près du chœur, je m’assis contre un large pilier du temple, et je laissai errer mes regards au bruit d’une psalmodie plaintive ; sur les murs de l’édifice, un tableau, signé de Lécluse, était suspendu au-dessus de ma tête contre le pilier qui était à ma gauche. Ce tableau d’assez poétique intention, mais d’exécution médiocre, représentait une vierge en tunique blanche qu’on vient chercher dans son sépulcre ; mais, à la place de la morte, on ne trouve qu’un lit de fleurs dont les gerbes fraîchement nées semblent répandre dans le cercueil merveilleux des parfums et des ivresses du ciel. Ce tableau me rappela la fille d’Ischia que j’avais tant aimée et qui était morte de son amour, quelque temps après mon départ de Naples.
Il a une maison à lui, dont il se rappelle à peine le chemin, une maison toute pleine de tableaux, de dessins qui se piquent aux murs, restant des six mois sans voir leur possesseur. […] Il nous montre ses Chardin et ses Prud’hon, — et nous qui avons fait le vœu de ne jamais acheter de tableaux, — nous revenons amoureux de deux tableaux, il est vrai que ce sont deux esquisses : l’esquisse des Tours de cartes de Chardin, une merveille de couleur gaie et papillotante qu’on ne rencontre pas d’ordinaire chez lui, et le portrait de Mlle Mayer par Prud’hon, le portrait que le peintre eut jusqu’à sa mort dans son alcôve, — un portrait où l’on dirait le sourire de la Joconde dans l’ovale ramassé d’une nymphe de Clodion. […] * * * — Dans les tableaux italiens, l’écartement des yeux dans les têtes, marque l’âge de la peinture. […] Ses dialogues des courtisanes semblent nos tableaux de mœurs.
Les scènes se suivent sans que rien les enchaîne l’une à l’autre ; mais cette incohérence est naturelle ; c’est un tableau mouvant, où il n’y a ni passé, ni avenir. […] Les auteurs allemands peuvent employer, pour le développement des caractères, une quantité de circonstances accessoires qu’il serait impossible de mettre sur notre théâtre sans déroger à la dignité requise ; et cependant ces petites circonstances répandent dans le tableau présenté de la sorte beaucoup de vie et de vérité. […] Ce tableau, qu’il serait impossible de transporter sur la scène française, fait toujours éprouver aux spectateurs un frémissement universel ; ils se sentent frappés à la fois, et de la proscription qui poursuit, jusque dans les lieux les plus reculés, la libératrice d’un grand empire, et de la disposition des esprits, qui rend cette proscription plus inévitable et plus cruelle. […] Cette scène, dans laquelle Tersky, pour les amener à son but, leur rappelle tous les bienfaits qu’ils ont reçus de leur chef, bienfaits dont l’énumération seule forme un tableau piquant de l’état de cette armée, de son indiscipline, de son exigence et de l’esprit d’égalité qui se combinait alors avec l’esprit militaire ; cette scène, dis-je, est d’une originalité remarquable, et d’une grande vérité locale ; mais elle ne pouvait être rendue qu’avec des expressions que notre style tragique repousse. […] Quand je dis qu’ils peignent une vie entière, je ne veux pas dire qu’ils embrassent dans leurs pièces toute la vie de leurs héros ; mais ils n’en omettent aucun événement important, et la réunion de ce qui se passe sur la scène et de ce que le spectateur apprend par des récits ou par des allusions, forme un tableau complet, d’une scrupuleuse exactitude.
Voici le tableau : c’est la vallée d’Argelez, vue du prieuré de Saint-Savin. […] La terrasse sur laquelle nous nous trouvions était justement à mi-côte, c’est-à-dire dans la véritable perspective du tableau, en outre sous son vrai jour, car le soleil se levant à peine donnait un relief extraordinaire à tous les objets. […] Dans leurs deux tableaux, le politique comme le philosophe, en s’oubliant, s’élevaient chacun à la poésie, à l’art naturel et simple, à la pure source première du beau et du grand. […] Il serait difficile d’ailleurs, dans une œuvre qui ne vise pas aux tableaux et qui forme un tout vivant, de trouver de ces morceaux à citer si fréquents en d’autres histoires. […] 10 et 19 janvier 1826, 28 avril et 12 mai 1827 ; je n’en sépare pas un article corrélatif au sujet du Tableau historique de M.
L’espace même, surtout l’espace visuel, nous offre de vrais tableaux en apparence immobiles qui forment contraste avec la succession de nos changements internes. […] On ne commence pas par concevoir une sorte de temps spirituel et mental : le temps est d’abord une perspective d’images sensibles disposées par rapport à nous dans un ordre particulier, qui d’ailleurs n’est pas la juxtaposition spatiale ; la série temporelle n’en est pas moins composée d’une suite de tableaux dans l’espace. […] Un animal est couche immobile au milieu d’un paysage immobile : un son se fait entendre une fois, puis deux fois, puis trois fois : il y a là une série en contraste avec l’immuable tableau de l’espace : c’est comme l’incarnation du temps dans le son. […] De là à distinguer le premier tableau extérieur sans le son, puis le second tableau avec le son, puis le troisième tableau avec l’ennemi apparaissant, il n’y a pas loin. […] Chez l’animal ou l’enfant, et dans la plupart des circonstances, les tableaux de l’espace suffisent.
Le raisonnement que Simond nous rapporte de lui au sujet des tableaux attribués à Raphaël, dont les onze douzièmes sont nécessairement peu authentiques, est tout à fait dans le goût et le tour des raisonnements que Courier s’est plu à développer sous son nom dans la Conversation de Naples98. […] Si les femmes des tableaux de Rubens vieillissaient, elles ressembleraient à Mme d’Albany à l’âge où je l’ai rencontrée. […] Mme d’Albany, mourant en 1824, nomma Fabre son légataire universel, et Fabre, à son tour, étant revenu mourir dans sa ville natale, a légué à celle-ci, en 1837, tous ses trésors, tableaux, livres et manuscrits. […] Je ne suis pas de ceux qui veulent à tout prix des mensonges, ni qu’on leur crée des existences fabuleuses et plus belles qu’elles ne l’ont été de leur temps ; mais quand je rencontre quelque part, dans un passé encore voisin de nous et si aisé à vérifier, de ces vies paisibles, ornées, décorées de grâce et de courtoisie, et jalouses d’en répandre le reflet autour d’elles ; quand, au milieu de cet envahissement comme forcené d’ambition, d’activité et d’industrie qui nous pousse et nous déborde en tout genre, je découvre, en me retournant, une île enviable et fortunée, une oasis d’art, de littérature, d’affection et de poésie, je demande qu’on n’en diminue pas le tableau à mes yeux sans de bonnes et fortes raisons, et que ceux qui sont dignes d’apprécier ce cercle heureux et de le peindre nous le rendent, ainsi que la noble figure qui y préside, avec tout le charme qui s’y attachait réellement, et dans un miroir non terni, dans une glace pure, unie et fidèle.
De là, tout en me séchant, je me mis à regarder le tableau que j’avais sous les yeux. […] On sait, dans l’antique églogue, le joli tableau de cet enfant qui est tout occupé à cueillir des brins de jonc et à les tresser ensemble, pour en façonner une cage à mettre des cigales. […] Même à ses meilleurs moments, il s’est trop retranché des sources vives. — On ne saurait aussi, à propos de cette page, ne pas se souvenir de l’admirable tableau qui termine l’idylle de Théocrite, les Thalysies. […] Si enfin l’on y joint le charmant tableau de l’Euboïque de Dion Chrysostome et l’arrivée du naufragé dans la cabane du chasseur, on aura au complet tous les sujets de comparaison.
On les connaîtra plus tard et par leurs actions elles-mêmes, quand, en Touraine, ils assommeront à coup de sabots le maire et l’adjoint de leur choix, parce que, pour obéir à l’Assemblée nationale, ces deux pauvres gens ont dressé le tableau des impositions, ou quand, à Troyes, ils traîneront et déchireront dans les rues le magistrat vénérable qui les nourrit en ce moment même et qui vient de dresser son testament en leur faveur Prenez le cerveau encore si brut d’un de nos paysans contemporains, et retranchez-en toutes les idées qui, depuis quatre-vingts ans, y entrent par tant de voies, par l’école primaire instituée dans chaque village, par le retour des conscrits après sept ans de service, par la multiplication prodigieuse des livres, des journaux, des routes, des chemins de fer, des voyages et des communications de toute espèce730. […] Tableaux de la Révolution, par Schmidt, II, 7 (Rapport de l’agent Perrière, qui a habité l’Auvergne). […] Mercier, Tableau de Paris, XII, 83. […] Tableau de Paris, XII, 186.
Alors il y a équation constante du fond et de la forme, leur union est parfaite et n’apparaît pas artificielle : le poème ou le tableau doit être assimilé à une œuvre symbolique, bien qu’il ait été commencé selon le procédé ordinaire de l’allégorie. […] Alors la musique produit la symphonie à programme, les pièces à thèse encombrent les librairies tandis qu’en peinture sévissent les tableaux « littéraires »6. […] Il faut évidemment qu’un poème ou un tableau puissent être compris, fût-ce de quelques-uns seulement. […] Au contraire, le livre une fois lu, le tableau dûment examiné, le bas-relief compris, ne contiennent plus d’énigme ; ils ne nous laissent plus songer et sont désormais pour nous l’image connue d’une idée connue.
Il leur parla du christianisme, de Tacite, de cet historien, l’effroi des tyrans, dont il prononçait le nom sans peur, disait-il en souriant ; soutint que Tacite avait chargé un peu le sombre tableau de son temps, et qu’il n’était pas un peintre assez simple pour être tout à fait vrai. […] J’ai vu quelques bons esprits partager cette idée de Napoléon, que Tacite, dans ses tableaux, a peut-être un peu forcé les couleurs, et qu’il n’était pas assez simple pour être tout à fait vrai. […] Pourtant la vérité générale de pareils tableaux se prouve aussi, se déclare d’elle-même, et, en les voyant, on a droit de s’écrier comme devant un portrait dont on n’a jamais connu le modèle : Que c’est vrai ! […] Tel est en substance ce IXe volume, qui montre ce que sera l’historien dans la seconde partie du tableau, et en quel sens de généreuse impartialité il entend remplir jusqu’au bout sa tâche.
Et Bonald, triomphant cette fois de toute prévention contre un écrivain calviniste et ami d’une sage liberté, parlait en 179664 des « excellents tableaux politiques, et l’on pourrait dire prophétiques, de la Révolution française, que M. […] Vingt fois, en sortant, pour aller les décrire, de ces séances qui se prolongeaient si avant dans la nuit, et perdant dans les ténèbres et dans le silence des rues de Versailles ou de Paris les agitations que j’avais partagées, je me suis avoué que si quelque chose pouvait arrêter et faire rétrograder la Révolution, c’était un tableau de ces séances retracé sans précaution et sans ménagement, par une âme et par une plume connues pour être libres. […] Tous mes soins se portaient donc à présenter la vérité, mais sans la rendre effrayante ; de ce qui n’avait été qu’un tumulte, j’en faisais un tableau ; je cherchais et je saisissais, dans la confusion de ces bouleversements du sanctuaire des lois, les traits qui avaient un caractère et un intérêt pour l’imagination. […] Il n’est pas de pages plus vives et plus fortes que celles dans lesquelles Mallet étalait le bilan de l’Assemblée constituante, et l’état désemparé où elle laissait la France ; il n’en est pas de plus mémorables que le tableau qu’il traçait des torts et des fautes des partis en avril 1792, au moment où lui-même quittait le jeu qui n’était plus tenable, abandonnait la rédaction du Mercure après huit ans de travaux assidus, dont trois de combats acharnés, et se préparait à sortir de France.
Zola, avec tous les réalistes, forme ses tableaux de l’énumération d’une infinité de détails résumés parfois en un aspect d’ensemble. […] Que l’on compare ces descriptions à celles de la maison de la Goutte-d’Or et du boulevard extérieur, à midi, dans l’Assommoir ; du retour du Bois dans là Curée, et de ce rose cabinet de toilette où Mme Saccard laisse de sa mince nudité, à mille autres tableaux encore prodiguement épars dans l’œuvre du peintre le plus complet de la vie moderne un même procédé sera reconnu, de séparer en tout spectacle ses nombreux composants réels, de les énumérer en un détail merveilleusement visible, de les recombiner par une phrase compréhensive de l’ensemble. […] Les uns disent : il faut peindre noble ; les autres, il faut peindre en plein air, il faut peindre clair, il faut peindre d’après nature ; et voilà Claude Lantier qui se met à proférer des malédictions contre les artistes sans aveu, qui fabriquent leurs tableaux dans le « jour de cave » d’un atelier. […] Toute la première partie de l’Œuvre, cette histoire lentement développée de l’affection de Christine et de Claude, les magnifiques scènes où elle se résout à être le modèle de son amant, ou elle se livre à lui, revenu croulant sous les huées, leur idylle de Bennecourt, sont de grands et vrais tableaux où la vie frémit, où la sympathie jaillit du cœur du lecteur.
Mais cette abstraction consiste à négliger ce qu’il y a d’essentiel, le tableau aperçu par la dame, et qui se trouve reproduire telle quelle une scène très compliquée, éloignée d’elle. […] La supputation des probabilités, à laquelle on fait appel, nous montrerait que c’est impossible, parce qu’une scène où des personnes déterminées prennent des attitudes déterminées est chose unique en son genre, parce que les lignes d’un visage humain sont déjà uniques en leur genre, et que par conséquent chaque personnage — à plus forte raison la scène qui les réunit — est décomposable en une infinité d’éléments indépendants pour nous les uns des autres : de sorte qu’il faudrait un nombre de coïncidences infini pour que le hasard fît de la scène de fantaisie la reproduction d’une scène réelle 7 : en d’autres termes, il est mathématiquement impossible qu’un tableau sorti de l’imagination du peintre dessine, tel qu’il a eu lieu, un incident de la bataille. Or, la dame qui avait la vision d’un coin de bataille était dans la situation de ce peintre ; son imagination exécutait un tableau. Si le tableau était la reproduction d’une scène réelle, il fallait, de toute nécessité, qu’elle aperçût cette scène ou qu’elle fût en rapport avec une conscience qui l’apercevait.
Non que dans cette situation, la vie ait encore quelques charmes, mais parce qu’il faut rassembler dans un même moment tous les motifs de sa douleur pour lutter contre l’indivisible pensée de la mort ; parce que le malheur se répand sur l’étendue des jours, tandis que la terreur qu’inspire le suicide, se concentre en entier dans un instant, et que pour se tuer, il faudrait embrasser le tableau de ses infortunes comme le spectacle de sa fin, à l’aide de l’intensité d’un seul sentiment et d’une seule idée. […] Le bruit du vent, l’éclat des orages, le soir de l’été, les frimas de l’hiver ; ces mouvements, ces tableaux opposés produisent des impressions pareilles, et font naître dans l’âme cette douce mélancolie, vrai sentiment de l’homme, résultat de sa destinée, seule situation du cœur qui laisse à la méditation toute son action et toute sa force.
Charpentier fut si enchanté de la fortune de son livre, qu’il en donna promptement avis au comte de Bussy, dans une lettre où il lui disoit : « J’ai présentement d’illustres sectateurs, & je ne pouvois pas espérer un plus heureux succès de mon opinion, que d’avoir fait résoudre le roi d’effacer les inscriptions latines de tous les tableaux historiques de la grande gallerie de Versailles, & d’y en mettre de Françoises, comme il y en a présentement. » Il est certain que les idées de cet académicien, zélé pour notre langue, contribuèrent beaucoup à la faire employer pour les tableaux de la gallerie de Versailles ; mais il ne l’est pas moins aussi, que les inscriptions qu’il donna furent effacées.
J’aurais pu ne recueillir des règnes de Claude et de Néron que les endroits où Sénèque est en action, et ne montrer que cette grande figure isolée ; mais il m’a semblé que, placé au centre du tableau, on sentirait plus fortement la difficulté et la dignité de son rôle : le gladiateur antique serait plus intéressant, s’il avait en face son antagoniste. […] le tableau des règnes d’un Claude et d’un Néron !
Je me sens plus de courage que vous : je penserai toujours de même sur le compte des Philosophes ; &, quoi qu'il m'arrive de votre part, je n'oublierai jamais, que depuis dix ans vous m'avez jugé digne de vos bontés, malgré la Ratomanie & le Tableau philosophique de l'Esprit de M. […] Madame, A près avoir eu l’honneur d’être choisi pour tracer le Tableau historique des actions de Votre Majesté Impériale, mon premier empressement doit être de le lui présenter. Ce Tableau offrira à la Postérité l’Abrégé d’une Vie non seulement très-intéressante, mais encore la plus digne d’être proposée pour modele à tous les Souverains. […] Monseigneur, C’est présenter à Votre Altesse Royale un hommage digne d’elle, que de lui offrir le Tableau historique des actions de deux Souverains, si dignes de l’admiration de l’Europe. […] de Charrin, Commissaire Ordonnateur des Guerres, Auteur du Tableau du Ministere de Colbert, Ouvrage où presque tous les principes de l’administration d’un grand Etat sont discutés & approfondis avec autant de sagacité que d’élégance & de précision.
Il y a encore des poètes, mais la poésie se meurt ; elle languit dans l’ingénieuse et stérile industrie du vers orné, ciselé et vide, ou dans l’exubérante fécondité de la description sans autre but et sans autre objet qu’elle-même, dans la mignardise de petits tableaux de genre où elle se tourmente à faire de la grâce, ou dans l’exaltation factice de passions imitées plutôt que ressenties. […] Un poète serait insensé qui voudrait refaire, dans les conditions spéciales et avec les ressources de son art, le tableau général que M. de Humboldt nous a tracé du cosmos, plus insensé encore s’il prétendait soit reproduire dans la langue des vers les expériences du laboratoire ou les lois de l’optique et de l’électricité, soit nous donner une exposition complète et précise des principes de l’astronomie. […] Lucrèce, à qui il faut bien toujours revenir (car c’est le maître dans ce grand art de la poésie scientifique), a lui aussi des morceaux d’une abstraction redoutable, comme quand il définit l’espace et le mouvement, quand il décrit la formation du monde par les atomes, ou qu’il analyse les simulacres qui expliquent la perception ; mais avec quel art il appelle à son aide d’éclatants épisodes, de grands tableaux, de longs récits comme tout le cinquième livre, où il raconte à sa manière la formation de la terre, l’éclosion de la vie, l’histoire des sociétés humaines ! […] Sully-Prudhomme le droit de nous révéler en vers les théories les plus récentes de la science positive et même ses hypothèses les plus contestables ; mais il y fallait plus de variété, plus de liberté, plus de mouvement, une forme plus sensible et plus concrète : il fallait mettre ces doctrines en tableaux au lieu de nous les offrir en raisonnements. […] Avec son imagination savante, quels riches tableaux il aurait pu tracer !
Le tableau des événements du monde qui se rapportent à la religion est tracé simplement et à grands traits. […] Tracer le tableau du règne de Louis XIV était une entreprise tout autrement difficile. […] et encore il était rare qu’on sût offrir le tableau fidèle, même de cette légère écorce. […] C’est un tableau spirituel de l’écorce superficielle dont les habitudes du monde revêtent les hommes. […] Tel est le tableau de l’Univers dans ses rapports directs avec l’homme.
Les mémoires, composés peu après la mort de Bossuet et tout d’une haleine, sont un récit large et animé, un tableau de la vie, des talents et des vertus du grand évêque. […] Quel tableau expressif, et qu’un peintre de sainteté en eût fait deux beaux pendants ! […] Il n’écrit pas pour écrire, il n’a nulle démangeaison d’être imprimé ; il n’écrit généralement que forcé par quelque motif d’utilité publique, pour instruire ou pour réfuter, et si le motif cesse, il supprime ou du moins il met dans le tiroir son écrit. « Il n’y avait de grand à ses yeux que la défense de l’Église et de la religion. » Tel il nous apparaît de plus en plus dans le tableau de l’abbé Le Dieu, et tel il sera jusqu’à sa mort.
Absorbées par cet intérêt, elles abjurent, plus que les guerrières du temps de la chevalerie, le caractère distinctif de leur sexe ; car il vaut mieux partager dans les combats les dangers de ce qu’on aime, que se traîner dans les luttes de l’amour propre, exiger du sentiment, des hommages pour la vanité, et puiser ainsi dans la source éternelle pour satisfaire le mouvement le plus éphémère, et le désir dont le but est le plus restreint : l’agitation que fait éprouver aux femmes une prétention plus naturelle, puisqu’elle tient de plus près à l’espoir d’être aimée ; l’agitation que fait éprouver aux femmes le besoin de plaire par les agréments de leur figure, offre aussi le tableau le plus frappant des tourments de la vanité. […] La peine se multiplie par la peine, et le but s’éloigne par l’action même du désir ; et dans ce tableau qui semblerait ne devoir rappeler que l’histoire d’un enfant, se trouvent les douleurs d’un homme, les mouvements qui conduisent au désespoir et font haïr la vie ; tant les intérêts s’accroissent par l’intensité de l’attention qu’on y attache ; tant la sensation qu’on éprouve, naît du caractère qui la reçoit bien plus que de l’objet qui la donne. Eh bien, à côté du tableau de ce bal, où les prétentions les plus frivoles ont mis la vanité dans tout son jour, c’est dans le plus grand événement qui ait agité l’espèce humaine, c’est dans la révolution de France qu’il faut en observer le développement complet : ce sentiment, si borné dans son but, si petit dans son mobile, qu’on pouvait hésiter à lui donner une place parmi les passions ; ce sentiment a été l’une des causes du plus grand choc qui ait ébranlé l’univers.
Son ame est dans l’équilibre, par ce qu’elle ne poursuit pas plus qu’elle ne peut obtenir ; elle sera heureuse par le sentiment qu’elle a de connoître, d’embrasser divers rapports, & de jouir d’une foule de tableaux. […] Il jouit tour à tour des systêmes élevés & profonds de la Métaphisique, des sublimes préceptes de la Morale, des immuables vérité de la Géométrie, des tableaux attachans de l’Histoire, du pinceau de Rubens, du cizeau de Bouchardon, du charme inexprimable de l’éloquence, & de celui de la Poësie le premier, le plus beau des Arts, qui frappant par excellence le cœur de l’homme, lui procure le plaisir d’être délicieusement ému, & embellit à ses yeux tous les objets de l’Univers. […] Je goûterai tes images tour à tour sublimes & gracieuses, & cette chaîne d’or qui tient l’Univers suspendu devant le maître des Dieux, & la ceinture de la mere des graces, & le sang immortel de Venus qui coule sous la lance du fougueux Diomede, & Junon qui sur le mont Ida enveloppé d’un nuage impénétrable aux rayons du Soleil, désarme dans ses bras le Dieu qui lance la foudre ; tout sera pour moi un tableau de la Nature, tout m’offrira sous d’aimables fictions l’emblême de la vérité.
Prends cette fille pour modèle, et porte ton tableau à Paphos. […] Le païen, au contraire, à chaque fois qu’il les retrouvait dans un poète, rentrait d’imagination dans un temple, revoyait le tableau, se rappelait la statue qui les avait fournies. […] Si notre religion n’était pas une triste et plate métaphysique ; si nos peintres et nos statuaires étaient des hommes à comparer aux peintres et aux statuaires anciens : j’entends les bons, car vraisemblablement ils en ont eu de mauvais et plus que nous, comme l’Italie est le lieu où l’on fait le plus de bonne et de mauvaise musique ; si nos prêtres n’étaient pas de stupides bigots ; si cet abominable christianisme ne s’était pas établi par le meurtre et par le sang ; si les joies de notre paradis ne se réduisaient pas à une impertinente vision béatifique de je ne sais quoi qu’on ne comprend ni n’entend ; si notre enfer offrait autre chose que des gouffres de feux, des démons hideux et gothiques, des hurlements et des grincements de dents ; si nos tableaux pouvaient être autre chose que des scènes d’atrocités, un écorché, un pendu, un rôti, un grillé, une dégoûtante boucherie ; si tous nos saints et nos saintes n’étaient pas voilés jusqu’au bout du nez ; si nos idées de pudeur et de modestie n’avaient proscrit la vue des bras, des cuisses, des tétons, des épaules, toute nudité ; si l’esprit de mortification n’avait flétri ces tétons, amolli ces cuisses, décharné ces bras, déchiré ces épaules ; si nos artistes n’étaient pas enchaînés et nos poètes contenus par les mots effrayants de sacrilège et de profanation ; si la Vierge Marie avait été la mère du plaisir ; ou bien, mère de Dieu, si c’eût été ses beaux yeux, ses beaux tétons, ses belles fesses qui eussent attiré l’Esprit Saint sur elle, et que cela fût écrit dans le livre de son histoire ; si l’ange Gabriel y était vanté par ses belles épaules ; si la Magdelaine avait eu quelque aventure galante avec le Christ ; si aux noces de Cana le Christ entre deux vins, un peu non-conformiste, eût parcouru la gorge d’une des filles de noces et les fesses de saint Jean, incertain s’il resterait fidèle ou non à l’apôtre au menton ombragé d’un duvet léger : vous verriez ce qu’il en serait de nos peintres, de nos poètes et de nos statuaires ; de quel ton nous parlerions de ces charmes qui joueraient un si grand et si merveilleux rôle dans l’histoire de notre religion et de notre Dieu, et de quel œil nous regarderions la beauté à laquelle nous devrions la naissance, l’incarnation du Sauveur, et la grâce de notre rédemption.
Il y eût trouvé un tableau curieux et sincère du mouvement littéraire dans la jeunesse littéraire de 1898, — à condition, bien entendu, de n’être pas dupe, et de savoir interpréter un document naïf. […] Un tableau du symbolisme ne se comprend pas sans un chapitre étudié sur la question du vers, ou plutôt sur les questions délicates de rythmique et de métrique qui se sont posées autour des formes poétiques nouvelles. […] Comparez de même avec le poète et sa femme les géorgiques chrétiennes : la trouvaille métrique du poète, et, dans un tableau d’idylle, l’emploi si heureux d’une forme que Chénier avait créée comme la corde inverse de la lyre, est l’invention d’un maître.
Oh définit un conte en l’appelant un tableau de genre. […] On peut signaler des cas plus rares et plus inattendus, des œuvres littéraires inspirées par un tableau ou une statue. […] Son œuvre apparaît comme un cabinet de gemmes, quand ce n’est pas comme une galerie de tableaux. […] S’ils ne reviennent que rarement au pinceau après l’avoir quitté, ils retournent avec prédilection aux tableaux des autres ; ils ont contribué autant que personne à mettre ou à remettre en vogue l’art du xviiie siècle français et celui du Japon. […] Ceci fait penser à un tableau de Fragonard, cela évoque ces fleurs éclatantes qui s’épanouissent sur la porcelaine de Chine.
J’aime plus que bien des tableaux de son entière tahitienne exposition de chez Durand-Ruel ces deux femmes abstruses accroupies ; et derrière, l’indifférence des Idoles camuses, rideau des danses entrevues. […] L’étude de nu de Gauguin, bien aussi, intéresse moins, car peu différente d’un précédent tableau. […] Des portraits : sur un plat lamé d’argent (le temps hiérarchique n’existe pas), collectionnées au tableau noir de son étal, les quatre têtes phosphoreuses de jeu de massacre. […] Stuck a emprunté l’idée de son tableau La Guerre à Arnold Bœcklin dans l’ Aventurier. […] Il n’est pas interdit de penser que ce tableau — ou un autre — pourrait être le fameux vitrail dont il est question dans l’Amour absolu.
On lui refusait un tableau commandé, et de la façon la plus désobligeante. […] Ce fut comme un recommencement des anciennes batailles : toutes les discussions qu’avaient provoquées les premiers tableaux des préraphaélites se trouvaient rouvertes et transportées dans le domaine de la poésie. […] En terminant le récit de ses souvenirs, Holman Hunt dit que souvent, pendant, qu’il travaille, il pense qu’il pourrait encore mettre au bas de ses tableaux les P. […] Et c’est avec ce sens, c’est peut-être à cause de ce sens que le tableau a eu en Angleterre une fortune unique, qu’il a été promené de ville en ville et reproduit avec un succès énorme par la gravure. […] Peut-être même ce contraste l’a-t-il servi : le fait est que son tableau de la Hollande est d’une exactitude de proportions et d’une sûreté de lignes qu’on ne retrouve qu’en partie dans ses autres voyages.
Plaçant les tableaux d’un Breughel ou d’un Jordaens entre le monde et lui, il les repeint, dirait-on, avec sa plume sur son papier. […] Devant nos yeux défilent les tableaux réalistes les plus osés. […] Dans l’ignoble taudis d’un brocanteur, Kobus Barent aperçoit des tableaux et gravures du Maître. […] Les petits tableaux des Enluminures me semblent plus clairs, plus allègres, plus coquets, d’un mysticisme plus accessible aux profanes. […] Ses poèmes sont des tableaux.
Peut-être pensait-elle que cet amas de tableaux était l’œuvre de ces beaux gardiens, en uniforme ! […] C’est en s’éloignant de son tableau que le peintre en saisit mieux l’ensemble, en voit mieux saillir les défauts. […] Je signalerai la naissance de l’enfant et les circonstances qui accompagnent la première heure de la maternité, comme un tableau vraiment achevé. […] André Theuriet qui, sous le titre de l’Affaire Froideville, nous a peint un charmant tableau de genre pris sur le vif de l’intérieur de l’un de nos ministères. […] Belot ; c’est du drame, il est vrai, mais les tableaux nous paraissent un peu trop crus pour être ébauchés ici ; la vengeance est égale à l’affront, c’est tout ce que nous pouvons dire.
Pour le moment, elle se plaît à lui faire de la vie qu’elle mène en ce triste lieu une description reposée et presque attrayante : on l’y voit à merveille, dans cette cellule assez large à peine pour souffrir une chaise à côté du lit, devant la petite table où elle lit, écrit ou dessine, avec le portrait de son ami sous ses yeux ou sur son sein, pour tout ornement de son réduit ayant un bouquet de fleurs que Bosc lui fait envoyer chaque matin du Jardin des Plantes : c’est un joli coin de tableau, que j’appellerais flamand s’il n’était si net et si clair de tout point ; le clair-obscur n’est point le fait de Mme Roland. […] La femme qui la servait à la Conciergerie disait un jour à Riouffe : « Devant vous elle rassemble toutes ses forces, mais dans la chambre elle reste quelquefois trois heures appuyée sur sa fenêtre à pleurer. » N’oublions pas, quand il s’agit d’elle, cet arrière-fond du tableau. […] Rien ne peut rendre ce tableau : il faut l’avoir vu. […] Mme Roland, selon moi, si l’on veut bien laisser de côté en elle la Romaine et si on la sépare un moment des circonstances et des accidents extraordinaires qui ont compliqué sa destinée, nous a donné dans le récit de sa jeunesse, de sa propre éducation et de ce qu’elle enseignait à sa fille un tableau qui est comme l’image d’une quantité d’autres existences individuelles, et il faudrait retrancher peu de chose pour y trouver un modèle d’étude, de moralité, d’énergie bien dirigée, de santé de l’âme et de l’esprit mise à un excellent régime.
Quoi qu’il en soit, et pour ne parler ici que des autorités éminentes, on aimerait à savoir ce que pense, par exemple, l’historien de la Civilisation sur les chapitres parallèles qui traitent de la transformation romaine ; ce que l’historien du Paganisme en Occident trouve à redire peut-être dans le tableau reproduit de ces mêmes luttes des deux mondes païen et chrétien ; ce qu’oppose sans doute l’auteur des Récits mérovingiens à cette inégalité de rôle un peu brusque entre Frédégonde et Brunehaut, et comment enfin l’historien dès longtemps désigné de Grégoire VII apprécie la peinture de Rome féodale à la veille de ce pontife2. […] La légitime gloire du talent qui, le premier en France, nous a rendu le goût et déroulé le tableau de ces grandes époques barbares, qui les a refaites et gravées en traits profonds, sobres et précis, pour notre agrément et à notre usage, cette gloire durable de l’historien épique demeure hors de cause, et ce n’est point par nous ici que la vérité de tel ou tel détail se débattra. […] Le tableau de Rome féodale arrête le regard par l’intérêt extrême de la peinture. […] La révolution opérée dans les mœurs ne se fait encore sentir que par d’imperceptibles nuances ; toutefois elle apparaît évidente dans une autre partie du tableau : Gnathon l’esclave est en plein polythéisme ; Astyle, le jeune patron, s’amuse et se divertit encore aux gaietés païennes ; les amours naïves et sensuelles des deux bergers flottent entre les deux croyances ; mais Cléariste et Dionysophane, le vieux patricien et l’antique matrone, ont déjà la dignité, le calme, la grâce sévère de la famille chrétienne.
Ainsi quand on nous montre une partie d’un tableau, nous souhaitons de voir la partie que l’on nous cache à-proportion du plaisir que nous a fait celle que nous avons vûe. […] Ainsi les Peintres grouppent leurs figures ; ainsi ceux qui peignent les batailles mettent-ils sur le devant de leurs tableaux les choses que l’oeil doit distinguer, & la confusion dans le fond & le lointain. […] Mais s’il faut de l’ordre dans les choses, il faut aussi de la variété : sans cela l’ame languit ; car les choses semblables lui paroissent les mêmes ; & si une partie d’un tableau qu’on nous découvre, ressembloit à une autre que nous aurions vue, cet objet seroit nouveau sans le paroitre, & ne seroit aucun plaisir ; & comme les beautés des ouvrages de l’art semblables à celles de la nature, ne consistent que dans les plaisirs qu’elles nous font, il faut les rendre propres le plus que l’on peut à varier ces plaisirs ; il faut faire voir à l’ame des choses qu’elle n’a pas vûes ; il faut que le sentiment qu’on lui donne soit different de celui qu’elle vient d’avoir. […] C’est ainsi que la Peinture divise en grouppes de trois ou quatre figures, celles qu’elle représente dans un tableau ; elle imite la nature, une nombreuse troupe se divise toûjours en pelotons ; & c’est encore ainsi que la Peinture divise en grande masse ses clairs & ses obscurs.
Vous souvenez-vous du tableau à double effet, du pianiste qui s’assied sur son instrument, du monsieur qui éternue « Tiens, le prélude de Parsifal ! […] Le tableau des répétitions chorales : Répétitions partielles… 46 Répétitions d’ensemble… 6 Répétitions en scène au piano… 20 Répétitions avec orchestre… 5 Répétitions générales… 2 Elles avaient commencé le 27 janvier. […] Le programme était celui-ci : Parsifal, 2e tableau du 3e acte ; Tannhæuser, le pèlerinage à Rome ; Gœtterdæmmerung, scène finale, 2e scène du prologue ; Træume ; Rheingold, 1re scène. […] Les décors du Rheingold sont très satisfaisants au Neues Leipziger Stad-Theater, surtout celui du premier tableau.
On a reproché aux auteurs d’avoir donné un tableau du développement de la prostitution pendant les années révolutionnaires, et de n’avoir point imité la chasteté de plume de Tacite. — Les auteurs répondront que l’historien des Césars n’a pas écrit l’histoire de la société romaine, et que ceux-là qui veulent savoir les mœurs, aux temps des Néron et des Locuste, se résignent à garder dans leur bibliothèque Juvénal à côté de Tacite. […] Pour cette nouvelle histoire, il nous a fallu découvrir les nouvelles sources du Vrai, demander nos documents aux journaux, aux brochures, à tout ce monde de papier mort et méprisé jusqu’ici, aux autographes, aux gravures, aux dessins, aux tableaux, à tous les monuments intimes qu’une époque laisse derrière elle pour être sa confession et sa résurrection. […] J’ai trouvé aussi qu’en cette étude, on ne sentait pas la succession des temps, que les années ne jouaient pas en ces pages le rôle un peu lent qu’elles jouent dans les événements humains ; que les faits, quelquefois arrachés à leur chronologie et toujours groupés par tableaux, se précipitaient, sans donner à l’esprit du lecteur l’idée de ces règnes et de ces dominations de femmes. […] Charpentier, éditeur, 1878, 1 vol. grand in-8, illustré d’encadrements de pages et de reproductions de tableaux, dessins, gravures du temps.
Elle est l’histoire de l’homme, le tableau de ses rapports avec Dieu, avec les intelligences supérieures, avec ses semblables, dans le passé, dans le présent, dans l’avenir, dans le temps et hors du temps. […] Il en est de même pour la peinture d’une bataille, d’une tempête, d’une sédition populaire, d’une révolution politique, d’un bouleversement dans le globe, d’une vue quelconque de la nature, du tableau d’une nation, de celui d’un âge de l’esprit humain. […] Le christianisme, naissant au sein d’un peuple grossier, promettant à ses apôtres les fers et la mort ; annonçant à Rome et à Athènes, au sein des lumières, la morale d’un homme qui venait d’expirer sur la croix, renversant les idoles jusque dans les métropoles du culte idolâtre ; contredisant tous les orgueils de l’homme ; les chrétiens, mourant comme leur maître, et donnant leur mort même pour preuve de leur mission ; consentant ainsi à l’ignominie du supplice ou à la honte du mensonge : tel est le tableau que présente l’établissement du christianisme. Ce tableau est le plus digne de tous ceux qui peuvent s’offrir à l’épopée.
On en a donc parlé, mais légèrement, — trop légèrement, selon nous, avec cette superficialité qui ne voit dans le livre en question qu’une fantaisie tragico-burlesque, un tableau de Callot ou un fragment des sermons du petit père André, mis en vers. […] Enfin nous n’élèverons pas contre les tableaux inouïs de bouffonnerie grandiose de ce poète, qui comprend la gaîté et les plaisanteries du Démon, ce grand rieur, les objections mortes et faites jadis contre Milton, Michel-Ange et Shakespeare. […] Dès le début, le poète de L’Enfer, malgré la beauté de pose de ses strophes et leur roulement sombre, entremêle à l’ensemble pathétique et noir de ses tableaux des touches vulgaires en apparence, qu’on nous permette le mot : des clairs de vulgarité (Ébahis se frottent les yeux ! […] Cet esprit qui ne biaise jamais, ce poète de résolution, cet héroïque qui n’a peur de rien, — qui n’eut pas peur un jour, dans une nation rieuse, de mettre en vers flamboyants, sonores et magnifiques de mouvement, de nombre et d’harmonie, les tableaux grotesques du petit père André, sachant et très-sûr qu’où le poète met sa griffe la marque reste et reste seule sur le ridicule effacé, lui, le poète des Crâneries, qui en fera une tant qu’il aura le crâne au-dessus des épaules, me laisse indécis sur cette poésie dont il nous donne aujourd’hui un échantillon si étrange, sur la poésie qu’après celles des Colifichets il rêve peut-être, et dans laquelle il est bien capable de se jeter à corps perdu demain !
Cet amusant et doux caricaturiste n’envoie-t-il pas encore à nos expositions annuelles de petits tableaux d’un comique innocent que M. […] La plupart de ses tableaux ont été pris sur nature. […] Quand j’entre dans l’œuvre de Grandville , j’éprouve un certain malaise, comme dans un appartement où le désordre serait systématiquement organisé, où des corniches saugrenues s’appuieraient sur le plancher, où les tableaux se présenteraient déformés par des procédés d’opticien, où les objets se blesseraient obliquement par les angles, où les meubles se tiendraient les pieds en l’air, et où les tiroirs s’enfonceraient au lieu de sortir. […] Un jour, Trimolet fit un tableau ; c’était bien conçu et c’était une grande pensée ; dans une nuit sombre et mouillée, un de ces vieux hommes qui ont l’air d’une ruine ambulante et d’un paquet de guenilles vivantes s’est étendu au pied d’un mur décrépit.
Chénier n’a peut-être pas une pièce, pas un tableau, pas une scène qu’il n’ait pris aux anciens. […] Et on croyait avoir peint un tableau. […] Je yeux peindre un ensemble, un tableau total. […] Non, si les détails de votre tableau, moral ou physique, se rapportent exclusivement au type-femme. […] L’intensité du tableau était, non dans le nombre, mais dans la particularité des détails.
Rival parfois heureux de Millevoye dans les concours en vers, il parut triompher sans partage dans les concours d’éloquence ; sont Éloge de Corneille (1808), son Tableau du dix-huitième Siècle (1809), son Éloge de La Bruyère (1810) promettaient décidément à la France un écrivain de plus. […] Le Tableau du dix-huitième siècle n’est qu’une apologie écrite sous l’influence des doctrines que Victorin Fabre exprimait, discutait avec talent, mais ne rajeunissait pas.
Les affections morales, unies, dès la jeunesse, aux passions brûlantes, peuvent se prolonger par de nobles traces jusqu’à la fin de l’existence, et laisser voir encore le même tableau sous le crêpe funèbre du temps. […] Sans doute il faut frapper l’attention par le tableau présent et détaillé de l’objet pour lequel on veut émouvoir ; mais l’appel à la pitié n’est irrésistible que quand la mélancolie sait aussi bien généraliser que l’imagination a su peindre.
Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment Plus les hommes avancent en âge et plus leur raison se perfectionne, moins ils ont de foi pour tous les raisonnemens philosophiques, et plus ils ont de confiance dans le sentiment et dans la pratique. […] Si la conformité d’opinion n’est pas établie parmi eux aussi-tôt qu’il semble qu’elle devroit l’être, c’est que les hommes en opinant sur un poëme ou sur un tableau, ne se bornent pas toujours à dire ce qu’ils sentent et à rapporter quelle impression il fait sur eux.
Sans passion, comme Walter Scott, et comme lui de cette moralité naturelle qui parfume les écrits de tous les deux, il n’était point, assurément, par les facultés, l’égal de l’incomparable Écossais ; mais ils avaient tous deux la faculté de peindre avec des tableaux, des sujets et des procédés différents, et tous deux ils traduisirent la réalité avec une vigueur inouïe et un sentiment qui est à cette réalité qu’ils ont peinte, ce qu’aux objets est le soleil. […] Par là il s’approche de la poésie descriptive, tout en plaçant néanmoins, avec d’heureuses personnifications, ses tableaux à des niveaux très élevés de l’art.
* * * — Je crois que nous finirons par mourir avec l’idée que personne n’a lu un livre ni vu un tableau. […] Ce soir, un inoubliable tableau à l’hôpital des Pellegrini. […] je ne connais pas de tableau défigurant le christianisme par une plus grosse image matérielle, et je ne connais pas de toile l’ayant représenté dans une prose plus commune, dans un beau plus vulgaire. […] Le reste, une œuvre de tapissier, sans un morceau du passé, sans un meuble, une statue, un tableau, qui sauve une maison du tout neuf, et y met l’intérêt et l’amusant de l’historique. […] Il préférera toujours acheter un tableau, une statue, quelque chose que l’on revend, et où on retrouve sa mise.
Les communautés plaident sans cesse contre les réfractaires, et, pour que nul ne puisse prétexter son ignorance, elles dressent d’avance, pour dix et quinze ans, le tableau des futurs collecteurs. […] Encore un mot pour achever le tableau. […] Collection des Économistes, II, 832 (Tableau économique par Beaudau). […] Procès de la communauté de Mollon (Bordelais) et tableau de ses collecteurs. […] (Tableau des directions de Châteauroux et d’Issoudun.)
Il y a quelques traits de vérité ; mais l’ensemble du tableau est faux, outré, comme tout tableau qui n’est vu que sous un seul jour, comme toute peinture où l’imagination n’emploie que les couleurs de la prévention et de la haine. Oui, le tableau est faux pour M. de Lamartine. […] La contemplation des tableaux des grands peintres ou des statues des grands sculpteurs, qui gravent, en immortelles attitudes, leur pensée dans l’œil de leurs admirateurs, avait convaincu la jeune fille que l’effet de la beauté vivante ne serait pas moins impressionnant que celui de la beauté morte, et que la chair était au moins l’égale de la pierre, ou du bronze, ou du marbre. […] N’est-ce pas parce que la mort est le fond de tout tableau terrestre, et que la couronne blanche sur ses cheveux noirs me rappela la couronne blanche sur un linceul ?
Ce sont les épisodes et les tableaux qui font l’intérêt du livre : il faut y voir comme une suite d’estampes, où sont rendues, avec de saisissantes oppositions de blanc et de noir, des scènes tour à tour amusantes, fantastiques ou terribles. […] En somme, psychologie nulle, drame insignifiant, tableaux curieux, art original et puissant, vision presque hallucinatoire du vieux Paris et de son immense cathédrale, voilà ce que V. […] Comme dans Notre-Dame de Paris, les tableaux d’ensemble sont supérieurs à la description des individus : si les amours de Marius et Cosette sont de la plus fade et banale élégie, l’insurrection fournit une large narration épique. […] Elle n’en efface pas le contour et la couleur ; elle n’en fait pas une vision hallucinatoire ; elle n’y fourre point de symboles ; elle n’en donne pas une traduction précise et encadrée comme un tableau. […] Le curé de Tours, César Birotteau, des parties d’Ursule Mirouet, de la Vieille Fille, certains morceaux des Paysans, de Un grand homme de province à Paris, etc., sont de curieuses scènes de mœurs locales ou professionnelles : même dans cette extravagante Femme de Trente Ans, ou dans ces fastidieux Employés, il y a quelques tableaux d’une réalité intense.
Vous diriez des tableaux de l’école française éteints par le voisinage de peintures vénitiennes. […] Il leur apprend, par le détail approfondi et le tableau expressif des fautes qui minaient le gouvernement aristocratique à Rome, qu’il faut ne pas s’entêter ni s’opiniâtrer ; savoir ne garder du passé que ce qui en est vivant, et rompre avec ce qui en est caduc ; apercevoir de loin à l’horizon les intérêts nouveaux, et, le moment venu, leur faire leur juste part ; se convaincre enfin qu’au milieu des idées qui changent, des mœurs qui se renouvellent, des souffrances et des espérances qui travaillent les sociétés humaines, un gouvernement est tenu de ne pas vieillir. […] Elle s’occupe plus de la chronique des lettres que de leur histoire, et elle fait plus de portraits que de tableaux. […] Si son objet est élevé, si elle ne fait tort ni à l’esprit humain, qu’elle étudie dans son imposante unité, ni au génie de la France, qu’elle veut montrer toujours semblable à lui-même, ni à notre langue, qu’elle défend contre les caprices de la mode, il faut avouer qu’elle se prive des grâces que donnent aux trois premières sortes de critique la diversité, la liberté, l’histoire mêlée aux lettres, la beauté des tableaux, la vie des portraits, les rapprochements de la littérature comparée. […] Tableau de la littérature au dix-huitième siècle, par Villemain.
Pendant qu’il travaille, penché sur la planche de cuivre, qui lui met un reflet rouge sur la figure, il me confesse ses goûts de bibeloterie, son amour des bois sculptés du xviiie siècle, et il m’avoue que pour le tableau qu’il finit dans le moment, tableau vendu seulement 2 000 francs, il vient d’acheter un cadre, aux armes de France, de 1 500 francs. […] À une allusion sur la vente de ces jours, il laisse échapper un petit mouvement nerveux, et d’une voix rêche, dit que les amateurs sont des brocanteurs en chambre, dissimulant mal son effroi des ventes, où le haut chiffre où sont cotés ses tableaux aujourd’hui, peut faiblir demain. […] ces messieurs et ces dames se fichent pas mal des tableaux et des sculptures ! […] Intriguée par ce que pouvait écrire, à toute minute, sur un tableau, le garçon, elle s’adresse à son voisin, un mauvais plaisant qui lui répond : « Ma sœur, c’est chaque fois, qu’on satisfait un petit besoin ! […] Et ce mépris, à certains moments, de la valeur de l’objet, me faisait raconter par lui que, chez son maître Guichard, il avait eu entre les mains, de petits personnages, découpés dans un vrai tableau de Watteau, avec un trou dans la tête, où passait une ficelle, et qui devaient avoir servi de marionnettes, dans un théâtre d’enfants.
J’en ramène l’Apollonide de Leconte de Lisle, « drame lyrique en trois parties et cinq tableaux ». […] Renaissance : Gismonda, drame en quatre actes, cinq tableaux, de M. […] Bilan de ce tableau : une délibération et un récit. […] Du tableau de mœurs passons au drame. […] Ambigu : Deux Patries, drame en cinq tableaux, de M.
C’est que ces quatre premiers livres, à propos de lavis, sont en effet d’une lecture charmante, à la Sterne, avec plus de bonhomie, entrecoupés de digressions perpétuelles qui sont l’objet véritable et qui font encore moins théorie que tableau. […] C’est la description de cette crise, dans toutes ses péripéties, que l’auteur a retracée avec un naturel parfait et comme minute par minute : joli tableau malicieux qui semble pointillé par la plume de Charles Lamb, ou sorti du pinceau d’un maître flamand. […] Je lui laisse pour amusette mes tableaux, mes livres, en lui interdisant toutefois es préfaces, bien qu’il m’en conseille à chaque fois ; mais il est de plus sérieuses choses que j’ai mises à l’abri de ses atteintes. […] L’auteur de Jules pratique à la Jean-Jacques et à moins de frais la nature et la foule ; il y recueille, chemin faisant, une quantité de petits tableaux, qu’il nous rend au vif et qui ont la transparence d’un Teniers ou d’un Ostade. […] Est-il besoin, pour la confirmer, de dire que le fond de ce naturel tableau procède de souvenirs qui appartiennent à la première enfance de l’auteur ?
Instruire en charmant, enseigner la politique et la morale par des tableaux où l’épopée, le drame, l’éloquence, ont la plus large part, ce fut la tâche accomplie avec tant d’éclat par les écrivains dont les livres nous ont été conservés. […] Mais, si intéressant et si instructif que soit ce tableau, Thucydide ne songe point dans la suite de son livre à rapprocher des faits et des institutions politiques ces circonstances de race, de position géographique, de constitution économique, qu’il a résumées dans les premières pages. […] Ici plus de récits pour l’imagination et la curiosité, comme chez Hérodote ; plus de tableaux et de harangues ayant pour but l’explication toute politique des événements, comme chez Thucydide. […] Dans ce tableau des événements tracé à si grands traits, où il veut montrer comment l’homme s’agite tandis que Dieu le mène, selon le mot d’un autre théologien, il n’explique rien d’une façon instructive en voulant tout rapporter à un dessein de la Providence. […] L’histoire narrative elle-même l’emploie dans ses récits et ses tableaux.
Nous retrouvons ici le peintre, et dans des tableaux tout neufs que nul avant lui n’avait traités. […] À un certain endroit un pont, d’une seule arche se présente, jeté sur le gave, à quatre-vingt-dix pieds environ au-dessus du torrent : « Ce pont lui-même, antique et dégradé, revêtu de lierre qui pend de sa voûte en rustiques festons, a pris en quelque sorte l’uniforme de la nature, et a cessé d’être dans ce sauvage tableau un objet étranger. » L’uniforme de la nature est un de ces traits maniérés ou affectés qui se rencontrent quelquefois chez Ramond, mais qui ne sauraient compromettre le juste effet des ensembles. […] Tableau doux et champêtre dont la simple nature a fait les frais, il doit réunir comme elle la vénérable empreinte de l’antiquité aux charmes d’une immortelle jeunesse, et se renouveler au retour de chaque année comme la feuille des arbres et comme l’herbe des prés… Cette rencontre était un heureux hasard pour la troupe dont je faisais partie, et de pareils objets lui présentaient un bien nouveau spectacle ; mais nul ne leur pouvait trouver comme moi ce charme dû à la comparaison et au souvenir, et depuis longtemps ami des troupeaux, seul je les abordais en ami, jouissant de leur curiosité, de leurs craintes et de leur farouche étonnement.
Et ici, dans le sombre tableau qu’il trace des défauts et des vices de la littérature actuelle, l’auteur fait ce qui est trop ordinaire aux natures impétueuses et sans nuances, il se retourne contre lui-même, et entre en réaction contre les siens. […] Mais ce n’est pas là, pour l’art, une veine aussi neuve et aussi profonde que M. du Camp le suppose, et de tout temps, surtout chez nous au xviiie siècle, il y a eu des poètes descriptifs jaloux de prendre à la science ou même à l’industrie ce qui prête au tableau, aux couleurs, et de renouveler ainsi leur matière. […] » et où il y a bien de l’entrain, de naturels et engageants tableaux.
Il est de ceux qui aiment à croire à un grand avenir, à une ère décidément nouvelle, et qui mettent l’âge d’or en avant : s’il y a quelque système en ceci et quelque illusion (et il en paraît convenir vers la fin), il anime ses tableaux du moins par un enthousiasme sincère et par des traits d’une imagination grandiose ; mais ce qui est mieux, il y met des tons de cordialité franche et de mâles effusions de tendresse. […] Il y a de la verve, un mouvement impétueux ; les navires qui partent pour traverser l’Atlantique marchent bien ; les chercheurs d’or, les émigrants sont bien lancés ; le tableau de l’agitation humaine et de cette poursuite fiévreuse, qui est celle de la misère autant que de la cupidité, se dessine nettement. […] Émile de Labretonnière, membre de l’Académie de La Rochelle, dont la pièce a obtenu la première de ces mentions, a composé, sous le titre de Petit Souper, tableau de chevalet, une scène nocturne qui se passe à la Maison d’or, en carnaval, et où il introduit des originaux et des masques à demi philosophes qui parlent très spirituellement de nos vices et de nos travers.
. — Ces noces de Cana seraient tout un tableau flamand, s’il y avait de la couleur. […] Un érudit allemand, Bœttiger, nous a fait le tableau de la Matinée d’une Dame romaine à sa toilette. […] Ils sont les premiers à reconnaître ; « Que l’imagination des auteurs, quand ils traitaient des sujets religieux dont les points fondamentaux étaient fixés par l’Ancien ou le Nouveau Testament, ne pouvait se donner carrière que dans quelques scènes épisodiques et dans le dialogue naïf, familier, souvent trivial, des personnages secondaires, tels que les bergers, les soldats, les démons ; que l’exactitude des tableaux, le langage plus ou moins vrai qu’on prêtait aux personnages, l’effet comique qui résultait des facéties de quelques-uns, constituaient le principal mérite de l’ouvrage aux yeux du public, et en faisaient tout le succès ; que toute espèce d’idée d’unité était absente de ces compositions et étrangère à la pensée des auteurs ; qu’on ne songeait nullement alors à disposer les faits de façon à les faire valoir par le contraste, à concentrer l’intérêt sur certaines scènes, à tenir en suspens l’esprit du spectateur et à l’amener de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, jusqu’au dénouement.
Lorsque, il y a cent ans environ, tout le public lettré, à l’annonce de la traduction des Géorgiques par l’abbé Delille, se prononçait si vivement en faveur des traductions en vers des poètes anciens, qui eut dit qu’à un siècle de là le point de vue serait retourné et renversé, que l’on nierait l’avantage qu’il peut y avoir à posséder chez soi les tableaux anciens dans des copies harmonieuses, élégantes, suffisamment ressemblantes et fidèles, et qu’on ne priserait plus guère, en fait de traductions, qu’un calqué rude, sec, inélégant, heurté ? […] C’est un de ces mots qui, une fois entendus, ne s’oublient pas et qui font tableau à jamais dans la mémoire. […] Marie-Joseph Chénier, dans son Tableau de la Littérature, avait donné les vrais jugements dans les termes mesurés.
Si nous supposons deux peintres maîtres de leur art, usant de la même technique — car il ne s’agit pas ici de la « manière » — et placés devant le même site ou devant le même groupe de personnages, ils en restitueront également les proportions et dans leurs tableaux les rapports des tons lumineux, les « valeurs » seront identiques ; mais les deux œuvres différeront par les qualités du trait et par le coloris. […] Il est aussi deux peintures ; l’une s’appuie immédiatement à la Vie en ses multiples apparences, — c’est le tableau de chevalet, par exemple ; — l’autre, architecturale et décorative, (et la plus hautement esthétique, il faut oser l’écrire), semble ne donner de la Vie qu’un reflet en une synthèse épurée. […] Supposons qu’une fantaisie du goût eût, pendant des années, contenu le ballet dans l’immobilité du « tableau vivant », par exemple.
Latreille le portaient, vers le même temps, à l’étude des insectes, particulièrement des araignées (les Aranéides), dont il étudia les mœurs, disposa les genres et donna les tableaux. […] Walckenaer n’eût aucun souci de ce qu’on appelle proprement style ; il lui arrivait quelquefois de s’en préoccuper, et il y a de lui telle page où il a visé évidemment au tableau. […] Peut-être, Amélie, ce tableau fidèle d’une amitié d’enfance si vraie et si naïve, et accompagnée d’un si charmant abandon, vous fait-il aujourd’hui rougir : alors il ne faudrait plus tant vous enorgueillir de ce rare assemblage de belles qualités que l’on admire en vous, puisqu’il en est une dont vous avez à regretter la perte.
Je n’oserais pas contester ce tableau si saisissant et si spécieux, et qui paraît vrai dans sa généralité ; mais d’une part Gall voyait tout avec son imagination, et d’un autre côté, quand on a quelque expérience de ces questions, on sait qu’il est bien rare que les faits s’y présentent avec cette parfaite simplicité. […] Or, sur ce tableau, où figurent un certain nombre d’hommes supérieurs ou très-distingués, Cuvier et Byron sont seuls au premier rang. […] Ce tableau, à la vérité, contient un très grand nombre de cerveaux malades, dont, défalcation faite, il reste seulement, suivant M.
On dira qu’un peintre, médiocre dans ses tableaux, peut exceller dans les copies ; mais il n’a besoin pour cela que d’une imitation servile ; le traducteur copie avec des couleurs qui lui sont propres. […] C’est à peu près comme si un graveur habile, qui copie le tableau d’un grand maître, s’interdisait quelques touches fines et légères pour en relever les beautés, ou pour en masquer les défauts. […] Tel est, par exemple, à mon avis, ce passage de la vie d’Agricola, où Tacite oppose la rougeur du visage de Domitien à la pâleur des malheureux qu’il faisait exécuter en sa présence, et où il remarque que cette rougeur étant naturelle, préservait le visage du tyran de l’impression de la honte ; circonstance petite et frivole, qui ne me paraît digne ni du génie de l’historien, ni du tableau odieux et touchant que présente le spectacle de tant d’innocentes victimes, et du tyran qui les voit expirer.
Demogeot, professeur suppléant d’éloquence française à la Faculté des lettres, vient de publier un utile et intéressant volume, le Tableau de la Littérature française au xviie siècle avant Corneille et Descartes 119. […] André Chénier a remarqué la beauté du tableau, et ce mouvement du dernier vers qui rappelle et rend à merveille l’assurgere des Latins : Utque viro Phœbi chorus assurexerit omnis. […] Il eût fait un tableau court, pathétique et chaud de la barbarie où nous étions jusqu’au règne de François Ier. […] André Chénier, qui admire ce tableau de la paix, plein et achevé, renvoie à cet autre tableau qu’en a tracé Tibulle, d’une couleur moins forte, également vrai et parfait dans son genre : Interea Pax arva colat. […] Les amateurs de tableaux en mettent toujours dans leur cabinet ; il faut qu’un connaisseur en livres en mette dans sa bibliothèque. » Malherbe serait un de ces bustes les plus caractérisés et les plus vivants de vieillards poëtes, un des jeunes et des moins cassés parmi ces antiques.
tableaux jetés en passant dans une comparaison ou dans un détail technique qui éblouit l’œil sans le distraire, comme l’écume marque sur la vague qui emporte le vaisseau le sillage du navire sans arrêter le navigateur ! […] Le huitième chant se termine par une de ces comparaisons larges, splendides, saisissantes, qui jettent sur les tableaux d’Homère un vernis éclatant. […] Rien n’est comparable à ce tableau en relief dans toutes les œuvres didactiques de l’antiquité et des siècles modernes. […] Le combat résume toutes les péripéties, toutes les harangues, tous les coups de lance et de javelot dont Homère a fait tant de fois le tableau dans les vingt chants de ce poème de la guerre. […] Et cependant, même dans cette épopée qui est presque exclusivement consacrée au récit des combats et à la glorification des héros, que manque-t-il au tableau presque universel de toute la nature animée ou inanimée ?
Ce tableau ne prouve point l’inutilité des ressources de l’étude ; mais il est impossible à l’homme passionné d’en jouir, s’il ne se prépare point par de longues réflexions à retrouver son indépendance ; il ne peut, alors qu’il est encore esclave, goûter des plaisirs dont la liberté de l’âme donne seule la puissance d’approcher. Je relis sans cesse quelques pages d’un livre intitulé : La Chaumière indienne ; je ne sais rien de plus profond en moralité sensible que le tableau de la situation du Paria, de cet homme, d’une race maudite, abandonné de l’univers entier, errant la nuit dans les tombeaux, faisant horreur à ses semblables sans l’avoir mérité par aucune faute ; enfin, le rebut de ce monde, où l’a jeté le don de la vie.
Michel Van Loo est vraiment un artiste : il entend la grande machine ; témoins quelques tableaux de famille où les figures sont grandes comme nature et louables par toutes les parties de la peinture. […] Michel apprend ce désastre, et le premier mot qui lui vient à la bouche, c’est, j’ai perdu un bon ami. cela vaut bien un bon tableau.
Les objets qui l’environnent et qui le frappent, c’est l’architecture qu’il a créée, les métaux qu’il a tirés du sein de la terre, les richesses qu’il a cherchées au-delà de l’océan, les différentes parties du monde unies par la navigation, enfin tout ce qu’a de brillant le tableau de la société, des lois et des arts ; mais dans les campagnes, l’homme disparaît, et la divinité seule se montre. […] Notre seul mérite aujourd’hui est d’avoir mis quelque pureté de style dans un genre d’ouvrage le plus susceptible de beautés fortes, et qui semblerait devoir être grand et sublime, comme le tableau de la nature.
Restait donc à nous dérouler une série de tableaux grouillants et colorés, et c’est où M. […] C’est une suite de tableaux dont chacun prouve un point de la thèse. […] Gustave Guiches ; La Samaritaine, « évangile en trois tableaux », de M. […] Et je sens que je pourrais aimer tout à fait ce tableau-là, s’il était en mon pouvoir d’oublier le premier tableau et de ne pas crier de douleur en me le rappelant. […] Il faut avouer que le Hoche du dernier tableau de M.
En Amérique il n’a pas voyagé dans les pays qui font le sujet de ses tableaux. […] Les tableaux du baptême, des fiançailles, de l’extrême-onction, c’est du Greuze. […] Et il a introduit l’aqueduc dans son roman parce que l’aqueduc s’y logeait bien, lui fournissait un tableau. […] Elle marque une pause dans une mesure rythmique et divise un tableau. […] Brunetière jugea-t-il que la critique présentait le tableau le plus démonstratif de cette fameuse évolution ?
les mêmes dessins sur les mêmes fonds, les mêmes tableaux dans les mêmes cadres ; et ceci, c’est la marque d’une invention qui tarit. […] Le tableau est complet. […] Tout ce qu’il peut faire, c’est de suspendre des tableaux comme dans une galerie : le grand art sera donc de suspendre des tableaux dans une galerie. […] Il s’agit maintenant de composer et de fixer les tableaux. […] ou bien encore cet incomparable tableau de la distribution des prix au comice agricole d’Yonville-l’Abbaye ?
Et toujours c’est le geste, le tableau qui est décrit. […] Grâce à ce système d’études intelligentes, les tableaux sont perdus ; mais on sait comment ils étaient faits. […] Bouilhet, et le tableau aura pour titre : la Tragédie humaine ou le Dernier Combat de coqs. […] Il a des phrases d’une splendeur merveilleuse, des tableaux d’une harmonie splendide, des effets de style imitatif parfaitement réussis. […] Et tous ces tableaux, sauf quelques différences dans l’exécution matérielle, paraîtront le même.
La Louise de Voss n’offrait qu’une suite de tableaux champêtres d’où il ne ressortait aucune leçon générale. […] Nous n’avons montré à nos lecteurs qu’une moitié du tableau que M. […] Ce qui domine tout, c’est le tableau de la longue agonie de Henri Heine, et un tel tableau n’a besoin que d’être vrai pour être d’une éloquence saisissante. […] Si de ce douloureux tableau du divorce d’un pasteur avec son église, M. […] Sa vie, dans le cercle étroit qui la borne, s’arrange naturellement comme une idylle ou un tableau épique.
» Samedi 26 mars Ce soir, passé la soirée sur la scène de l’Odéon, à voir jouer Germinie Lacerteux, tantôt assis sur la cheminée de la chambre de Mlle de Varandeuil, tantôt sur le lit d’hôpital de Germinie, tout en causant avec Guenon, qui me fait remarquer sur un morceau de papier blanc, collé sur un portant, la désignation des tableaux de la pièce en la dénomination des machinistes, et où les trois tableaux, où Mlle de Varandeuil joue le rôle principal, portent le titre : La vieille. […] Au Grenier, on cause aujourd’hui dynamite, on cause moyens de destruction et moyens de défense des êtres et des objets matériels, et j’apprends une chose assez ignorée, c’est que le Musée d’Anvers, ville, dont la destination est d’être bombardée, a des murs pouvant rentrer sous terre, avec les tableaux qui y sont accrochés. […] Il y a des moments, où je me demande, si le grand art n’est pas inférieur à l’art industriel, quand celui-ci est arrivé à son summum de la perfection, et si, par exemple, un tableau de coloriste n’est pas inférieur à un flambé hors ligne, et si, si… mais, je ne veux pas pousser la comparaison plus loin, pour que mon ombre ne soit pas lapidée par les critiques d’art de la Revue des Deux Mondes, du xxe siècle. […] La scène est aussitôt répétée entre Sizos et Colombey, dans le cabinet de Koning, tandis que Villeray va porter les changements du dernier tableau à Duflos, très enrhumé, qui ne se lèvera de son lit, que pour la représentation. […] Enfin au dernier tableau, les acteurs sont couverts d’applaudissements, et surtout Duflos, qui joue d’une manière tout à fait supérieure sa scène de la folie, qui joue toute la pièce, au dire de Havet, comme il n’a jamais joué dans aucune pièce.
Il y a quelques années Nieuwerkerke me parlait d’une série de tableaux érotiques, qui avaient eu pour but d’allumer, lors de son mariage, les sens du roi Louis XV, tableaux que j’avais déjà trouvés signalés dans Soulavie. […] Incontestablement cette vie de Jésus en plus de cent tableaux, cette représentation où se mêle à une habile retrouvaille de la réalité des milieux, des localités, des races, des costumes, le mysticisme du peintre, produit à la longue, par le nombre et la lente succession de ces études, un grand apitoiement, et même fait monter en vous une tristesse, au souvenir de ce juste, une tristesse attendrie qu’aucun livre ne vous apporte. […] Puis il tire d’une commode, des cahiers, où il nous montre de nombreuses pages contenant l’historique de ces évocations, et nous montre enfin un tableau, représentant une femme aux mains lumineuses, qu’il dit être venue l’embrasser, et dont il a senti sur sa joue, ses lèvres, des lèvres pareilles à des lèvres de feu. […] Corot va voir Dupré, et lui fait les compliments les plus louangeurs sur les tableaux, exposés sur les quatre murs de son atelier. Éloge que Dupré coupe au milieu, par cette phrase : « Je dois vous déclarer que les trois tableaux que vous avez le plus loués, ne sont pas de moi… ils sont d’un jeune homme chez lequel il faut que je vous mène. » Le jeune homme était Rousseau, et Corot sortant du pauvre atelier de Rousseau, disait à Dupré : « Derrière cette petite porte, il y a notre maître à tous les deux !
Elle existait, cette religion, qui avait rangé sous son empire tous les peuples civilisés, formé leurs mœurs, inspiré leurs chants, fourni le sujet de leurs poésies, de leurs tableaux, de leurs statues, empreint sa trace dans tous leurs souvenirs nationaux, marqué de son signe leurs drapeaux tour à tour vaincus ou victorieux ! […] Nous ne louerons jamais assez le peintre, le marin, le stratège, le diplomate, qui a tracé ce magnifique tableau d’histoire. […] Thiers le juge sévèrement, mais avec justice ; c’est un des portraits les plus vrais et le plus vigoureusement historique de son tableau. […] Pour ceux qui ont, comme moi, connu l’empereur François II, véritable figure de deuil le lendemain d’une défaite, et le front de marbre de Napoléon, rayonnant d’une supériorité sans défiance et sans orgueil, le tableau a plus de physionomie encore que pour les lecteurs qui viendront après nous. […] Thiers, et achevons dans le prochain entretien la lecture d’un livre où l’on blâme quelquefois, mais où l’on marche toujours sans lassitude d’admiration en admiration pour le tableau et pour le peintre, et, bien que le livre soit long, l’admiration est toujours courte.
Horace et La Fontaine sont de charmants tableaux de cabinet par le dessin, la touche, la couleur, mais ce sont des tableaux licencieux en face desquels on ne doit conduire ni sa femme, ni sa sœur, ni son fils. […] Lui, propriétaire d’un très petit domaine, il ne voulut pas m’envoyer à l’école de Flavius, où des enfants, nés d’honorables centurions, se rendaient, cassette et tableau suspendus au bras gauche, payant à huit ides chaque année le modique salaire des leçons. […] Rien n’est plus attachant que le tableau de ces séjours rustiques des hommes ou des poètes célèbres dans le patrimoine de leurs pères : Virgile à Mantoue, Horace à Ustica, le Tasse à Sorrente, Pétrarque à Vaucluse, Machiavel à Montepulciano, Montesquieu à Labrède, Boileau à Auteuil, Rousseau aux Charmettes ou à Montmorency, Pope à Twitenham ; on y possède l’homme naturel dans la nudité de tout rôle théâtral ; plus le costume est dépouillé, plus l’homme éclate. […] Virgile, fils d’un potier de Mantoue et né parmi les pasteurs et les laboureurs des collines du lac de Garde, composait des souvenirs de son enfance des tableaux vivants dans son âme, tableaux qui vivront autant que la nature ; sa supériorité didactique ne vient pas seulement du poète, elle vient du sujet.
Pickwick, dans Le Magasin d’antiquités, Dickens aborde le chapitre des comédiens errants ; dans Olivier Twist, il décrit le monde des voleurs et des filles de Londres ; dans les Temps difficiles, ce sont des ouvriers et une troupe d’écuyers ambulants ; chacun de ces tableaux de mœurs est assurément peint avec les couleurs les plus fausses et les plus faibles, et quand Dickens veut parler du grand monde, c’est encore en homme qui s’est plu à s’en faire une idée directement contraire à la réalité ; l’école de M. […] Ses émotions lui sont ainsi constamment soufflées ; on le pousse du coude pour lui faire sentir la solennité d’une occasion, ou solliciter son rire aux endroits comiques, et il n’est pas de personnage, de tableau, de scène, de dialogue dont on ne sache, aux premières phrases, ce que l’auteur en pense et ce qu’il veut en faire penser. […] La cour où est introduit David Copperfield au début de ses études de droit, la salle triste où siègent immobiles des juges raides et chuchotants, est un lieu d’un calme languissant, et tous les traits du tableau servent à développer cette impression de somnolent repos. […] Dans les livres antérieurs, les tableaux sont plus nettement poussés au grotesque ou au noir et, de la sorte, certains intérieurs poudreux et obscurs où le fantastique se mêle facilement au réel, la maison sinistre et taciturne d’un vieil usurier dans Nicolas Nickleby, le sombre et sordide bureau d’Antoine Chuzzlewitt, saillent avec une étrange vigueur. […] Pas un mot qui ne soit plus à l’adresse du lecteur que des personnes en présence, et il en est de même de tous ces tableaux du grand monde, ces extraordinaires dîners de cérémonie où de vieux roquentins élimés ou d’énormes apoplectiques échangent avec leurs voisines en turban des propos si prétentieusement vides.
Prenons du moins ce tableau comme il est, pareil aux tableaux des plus anciens maîtres en peinture : il y manque le dessin ; il y manque la couleur, la perspective ; il y manque tout ce que vous voudrez : — il n’y manque pas l’expression, d’autant plus sensible qu’elle y est toute seule et plus naïve. […] » Il y a là un tableau à faire, il y a un tableau tout fait, et le vieux trouvère, cette fois, a été peintre. […] Celui qui réussit, c’est Racan, qui développe et déploie l’épigramme ancienne, et en fait tout un tableau étendu, équivalent ou supérieur, avec une touche aisée d’originalité et comme une large teinte de soleil couchant répandue sur l’ensemble.
« Mais Énée aux champs de Laurente Attendait mes derniers tableaux, Quand près de moi la mort errante Vint glacer ma main expirante Et fit échapper mes pinceaux. […] Il cherche les tableaux sublimes plus que les raisonnements victorieux ; il sent et ne dispute pas ; il veut unir tous les cœurs par le charme des mêmes émotions, et non séparer les esprits par des controverses interminables : en un mot, on dirait que le premier livre offert en hommage à la Religion renaissante fut inspiré par cet esprit de paix qui vient de rapprocher toutes les consciences. » En parlant ainsi, il caractérisait l’ouvrage tel qu’il l’avait autrefois conseillé à son ami, mais non pas tel tout à fait que celui-ci l’avait exécuté en bien des points : l’esprit de douceur et de paix n’y respirait pas avant tout, et il y avait plus d’éclat que d’onction. […] Dieu nous donna, dans ce petit tableau, une idée des grâces dont il a paré la nature. […] Vers l’orient, au fond de la perspective, le soleil commençait à paraître entre les sommets brisés des Apalaches, qui se dessinaient comme des caractères d’azur dans les hauteurs dorées du ciel ; à l’occident, le Meschacebé roulait ses ondes dans un silence magnifique, et formait la bordure du tableau avec une inconcevable grandeur. […] La tempête sur les flots, le calme dans ta retraite ; des hommes brisés sur des écueils, au pied de l’asile que rien ne peut troubler ; l’infini de l’autre côté du mur d’une cellule ; les fanaux agités des vaisseaux, le phare immobile du couvent ; l’incertitude des destinées du navigateur, la vestale connaissant dans un seul jour tous les jours futurs de sa vie ; d’une autre part, une âme telle que la tienne, ô Amélie, orageuse comme l’océan ; un naufrage plus affreux que celui du marinier : tout ce tableau est encore profondément gravé dans ma mémoire.
Le Royaume de Coquetterie est un tableau de mœurs débordées, mais quel tableau ! […] Ce tableau ne serait que ridicule, si l’auteur s’était borné à la prétention d’en faire une facétie littéraire. Mais il veut que ce soit un tableau historique ; il le fait à l’occasion de l’hôtel Rambouillet et comme tableau de ses usages.
Je les traitai dans ma chambre, où par-dessus la tapisserie se voyaient curieusement les tableaux d’Érasme, des deux Scaliger père et fils, de Casaubon, Muret, Montaigne, Charron, Grotius, Heinsius, Saumaise, Fernel, feu M. de Thou (l’ami de Cinq-Mars et le décapité), et notre bon ami M. […] J’ai fait mettre sur le manteau de la cheminée un beau tableau d’un crucifix qu’un peintre que j’avais fait tailler (de la pierre) me donna l’an 1627. […] Il continue : Outre les ornements qui sont à ma cheminée, il y a au milieu de ma bibliothèque une grande poutre qui passe par le milieu de la largeur, de bout en bout, sur laquelle il y a douze tableaux d’hommes illustres d’un côté, et autant de l’autre, y ayant assez le lumière par les croisées opposées ; si bien que je suis, Dieu merci, en belle et bonne compagnie avec belle clarté. […] Un corps bien rédigé des lettres de Gui Patin n’offrirait pas seulement un tableau de l’histoire de la médecine durant cinquante ans : on y verrait un coin très étendu des mœurs et de la littérature avant Louis XIV.
Il n’avait pas publié à cette époque son tableau de la Révolution française ; il n’était connu que par son prix récent à l’Institut et par les témoignages enthousiastes de quelques amis. […] M ignet fut le premier qui fit une histoire complète abrégée, un tableau d’ensemble vivant et rapide, un résumé frappant, théorique, commode. […] Il l’a hautement prouvé et par ce livre de la Révolution, et par l’admirable tableau qu’il a donné des événements de Hollande et de la mort des frères de Witt dans le Recueil sur Louis XIV. […] M.Mignet, on l’a vu, distingue dans l’histoire deux portions, l’une plus fixe et comme infaillible, qui tient aux lois des choses, et l’autre plus mobile, plus ondoyante, qui tient aux hommes : or on peut observer que souvent il exprime bien fortement la première et lui subordonne trop strictement la seconde ; et cette inégalité n’a pas lieu seulement (comme il serait naturel de l’admettre) dans la conception et l’ordonnance générale du tableau, mais elle se poursuit dans le détail, elle se traduit et se prononce dans la marche du style et jusque dans la forme de la phrase.
Il n’y a de vivant au dix-huitième siècle que les petites esquisses brochées en passant et comme en contrebande par Voltaire, le baron de Thundertentrunck, mylord Whatthen, les figurines de ses contes, et cinq ou six portraits du second plan, Turcaret, Gil Blas, Marianne, Manon Lescaut, le neveu de Rameau, Figaro, deux ou trois pochades de Crébillon fils et de Collé, œuvres où la familiarité a laissé rentrer la sève, que l’on peut comparer à celles des petits-maîtres de la peinture, Watteau, Fragonard, Saint-Aubin, Moreau, Lancret, Pater, Baudouin, et qui, reçues difficilement ou par surprise dans le salon officiel, subsisteront encore, lorsque les grands tableaux sérieux auront moisi sous l’ennui qu’ils exhalaient. […] Quand j’ai lu la série des romanciers anglais, Defoe, Richardson, Fielding, Smollett, Sterne et Goldsmith, jusqu’à Miss Burney et Miss Austen, je connais l’Angleterre du dix-huitième siècle ; j’ai vu des clergymen, des gentilshommes de campagne, des fermiers, des aubergistes, des marins, des gens de toute condition, haute et basse ; je sais le détail des fortunes et des carrières, ce qu’on gagne, ce qu’on dépense, comment l’on voyage, ce qu’on mange et ce qu’on boit ; j’ai en mains une file de biographies circonstanciées et précises, un tableau complet, à mille scènes, de la société tout entière, le plus ample amas de renseignements pour me guider quand je voudrai faire l’histoire de ce monde évanoui. […] Condorcet, Esquisse d’un tableau historique de l’esprit humain, neuvième époque. […] Voir le Tableau historique présenté à l’Institut par M.
Il refait tous les tableaux sur le patron mélodramatique du Père de famille. […] Cependant le tableau est composé, et le peintre s’y met le premier, au beau milieu de la toile, en s’efforçant de s’y faire voir plus grand que nature parmi les objets diminués. […] Scènes et tableaux tout à la fois ; car le paysage encadre si naturellement les figures, qu’on ne les sépare pas dans le souvenir. […] Sans doute, beaucoup de ces pages qui ont ébloui nos pères sont aujourd’hui ternies, comme certains tableaux où, pour avoir trop cherché l’effet de la fresque, l’artiste a manqué les tons solides de la peinture à l’huile.
En un mot, au style près, qui, soit par la longueur des phrases ou par l’usage de certaines expressions, fait quelquefois perdre à la narration une partie de ses graces, on ne peut s’empêcher d’admirer la fécondité de l’auteur, & son art à faire des tableaux agréables. […] On ne sauroit trop louer la belle ordonnance de ce Poëme, ce grand intérêt qui y va toujours croissant, cet art singulier d’amener les événemens, & de présenter successivement au lecteur les tableaux les plus terribles de la guerre, & les peintures les plus riantes de l’amour. […] Un portrait grotesque est suivi d’un tableau sublime. […] Malgré cela, il faut convenir qu’on y trouve des élans de génie supérieur en quelque sorte aux forces humaines ; on y rencontre plusieurs tableaux admirables tels que la description de la mort ; l’épitaphe d’un homme qui quitte le monde, satan sortant de ses prisons au jour du jugement.
On y aura un tableau vivant et animé, non des faits d’une nation policée, puissante, belliqueuse, qui se borne à former des politiques, des héros, des conquérants, mais des actions d’un peuple savant, qui tendent à former des sages, des doctes, de bons citoyens, de fidèles sujets. Il n’y avait qu’un point sur lequel dom Rivet se faisait illusion : le tableau qu’il avait conçu, et qui a été en bonne partie exécuté, qui forme toute une suite si bien établie, existe, mais il ne vit pas. […] Le Moyen Âge en France eut ses tableaux gracieux, d’une tendresse un peu enfantine, comme dans le roman d’Aucassin et Nicolette : en prose et dans un ordre plus sérieux, les récits du sire de Joinville éveillent le même sentiment de fraîcheur et d’enfance.
Oui, il serait à souhaiter qu’on en eût une pareille de tous les règnes, au moins de tous les grands règnes ; car ces mémoires « représentent avec la plus désirable précision, Saint-Simon le reconnaît un peu plus loin, le tableau extérieur de la Cour, de tout ce qui la compose, les occupations, les amusements, le partage de la vie du roi, le gros de celle de tout le monde ». […] Tandis qu’un peintre comme Saint-Simon commande l’opinion du lecteur par ses tableaux et ne laisse pas toujours de liberté au jugement, un narrateur plat, mais véridique et sans projet comme Dangeau, permet à cette impression du lecteur de naître, de se fortifier et de parler quelquefois aussi énergiquement toute seule qu’elle le ferait à la suite d’un plus éloquent. […] On se demande d’abord comment il a l’idée de noter de pareilles choses, des minuties telles que celles qu’il enregistre : Monseigneur prit médecine et me donna deux petits tableaux de sa propre main, etc. — Le roi alla tirer dans son parc ; Mme la Dauphine se fit saigner et garda le lit tout le jour.
Le troisième tableau nous montre Salammbô la nuit sur sa terrasse, faisant ses adorations aux étoiles et à la lune, — cette lune à laquelle elle est vouée et dont elle subit les phases inégales. […] Il y a un certain effet, incontestablement, dans cette sortie de Mâtho, splendide et comme miraculeuse ; mais c’est bien de l’extraordinaire et du théâtral, on l’avouera, pour un tableau qui vise à la réalité. […] Mais les Latins se désolaient de ne pas recueillir leurs cendres dans des urnes ; les Nomades regrettaient la chaleur des sables où les corps se momifient, et les Celtes, trois pierres brutes, sous un ciel pluvieux, au fond d’un golfe plein d’îlots… » C’est une scène de funérailles très-bien étudiée, scrupuleusement rendue : l’auteur a ainsi voulu qu’il y eût dans son livre un tableau de toutes les scènes que l’archéologie peut fournir.
Zeller, avec son bon et droit esprit, a résolu le problème assez délicat d’être court, substantiel toutefois et complet, de ne se perdre ni dans le détail ni non plus dans les généralités, de resserrer les faits, d’en composer un tissu intéressant, et de choisir chaque fois un ordre d’événements et d’actions personnifié dans une ou deux principales figures, un ensemble qui eût un sens et qui fût un tableau. […] « J’embrasserai comme dans un tableau raccourci l’image entière du peuple romain », disait Florus au début de son Abrégé de l’histoire romaine. […] Les dates y sont empruntées d’Usserius, et assurément elles n’ont pas toute l’exactitude possible ; mais c’est un chef-d’œuvre dont la première partie offre un tableau chronologique des événements mémorables depuis la Création jusqu’à Charlemagne.
voilà une tache dans le tableau. […] Ces tableaux de genre à la Lantara, à la Saint-Aubin, gagnent à vieillir. […] Quelques-uns de ces petits tableaux ont fort réussi : je ne saurais oublier, entre autres, la Bibliothèque en vacances, gaie et légère satire littéraire où nous sommes tous : je la sépare expressément des chapitres qui suivent, et où l’auteur s’est donné le plaisir trop facile de railler des hommes utiles et des savants respectables.
Tu as et tu vas avoir de bons tableaux et tu pourras faire de bonnes études ! […] Son exactitude est minutieuse, ses tableaux cliniques ne seraient pas déplacés au concours d’internat… on doit lui savoir gré de la surabondance même de ses données techniques, en pensant que leur recherche faillit un jour lui coûter la vie. […] Comme Shakespeare, Wagner n’avait certainement pas aperçu les éléments d’exacte beauté qu’enfermaient ses tableaux.
D’abord ce n’est pas du bonheur dont j’ai cru offrir le tableau : les alchimistes seuls, s’ils s’occupaient de la morale, pourraient en conserver l’espoir ; j’ai voulu m’occuper des moyens d’éviter les grandes douleurs. […] Quand le tableau des douleurs est vivement retracé, quelles leçons peuvent ajouter à la force du besoin qu’on a de cesser de souffrir ? […] J’ai essayé si ce qu’il y a de poignant dans la douleur personnelle, ne s’émoussait pas un peu, quand nous nous placions nous-mêmes comme une part du vaste tableau des destinées, où chaque homme est perdu dans son siècle, le siècle dans le temps, et le temps dans l’incompréhensible.
. — J’ai le pouvoir de me rappeler un tableau, les Noces de Cana par Véronèse ; cela signifie qu’à l’âge où je suis, et avec la mémoire que j’ai, la résolution de me rappeler le tableau est constamment suivie, au bout d’un certain temps, par la renaissance intérieure, plus ou moins nette et complète, des figures et des architectures qui composent le tableau. — J’ai la faculté de percevoir un objet extérieur, cette table, par exemple ; cela signifie que dans l’état de santé où je suis, sans amaurose ni paralysie tactile ou musculaire, si la table est éclairée, si elle est à portée de ma main et de mes yeux, si je tourne les yeux vers elle, ou si j’y porte la main, ces deux actions seront constamment suivies par la perception de la table. — Les forces, facultés ou pouvoirs qui appartiennent à la trame ne sont donc rien que la propriété qu’a tel événement de la trame d’être constamment suivi, sous diverses conditions, externes ou internes, par tel événement interne ou externe.
Quel autre que cet incorrigible poète de petit Chose serait capable d’écrire des histoires aussi chimériques, aussi peu arrivées que les Aventures d’un Papillon et d’une Bête à bon Dieu, le Roman du Chaperon rouge, les Rossignols du cimetière et les Ames du Paradis, mystère en deux tableaux ? […] C’est au point qu’on pourrait diviser tous ses récits ou tableaux, depuis ses Lettres de mon moulin jusqu’à son premier grand roman, en cinq ou six groupes qui porteraient les noms des pays ou des milieux qu’il a le mieux connus et où il a fait ses plus longs séjours : Nîmes et la Provence, l’Algérie et la Corse, Paris enfin, Paris bohème, Paris populaire, Paris mondain, Paris interlope, Paris pendant le siège. […] Alphonse Daudet et Sully-Prudhomme, l’un dans ses petits tableaux d’historien pittoresque, l’autre dans ses méditations de poète philosophe.
En récompense, voici un charmant et naïf tableau d’une autre disgrâce un peu antérieure, de celle du comte d’Argenson, ancien ministre de la Guerre sous Louis XV, et renvoyé en 1757 pour avoir pris parti contre Mme de Pompadour au moment de l’assassinat de Damiens ; la page qu’on va lire de Marmontel est un renseignement précieux pour la peinture de la maladie morale que nous étudions : Dans l’un de ces heureux voyages que je faisais à Saumur, dit-il en ses Mémoires, je profitai du voisinage de la terre des Ormes pour y aller voir le comte d’Argenson, l’ancien ministre de la Guerre, que le roi y avait exilé. […] Ce salon était tapissé de tableaux qui représentaient les batailles où le roi s’était trouvé en personne avec lui. […] Tous les traits sont à remarquer dans ce vif et véridique tableau, notamment celui-ci qui est pris sur nature, lorsque d’Argenson se reproche de n’avoir pas assez fait pour Marmontel, quand il était puissant.
L’auteur du Bébé est de cette école de sentiment et de peinture, avec les facultés de son ordre et le cadre du tableau de genre qu’il s’est choisi. […] Le cadre où cette femme respire est un tableau, — un tableau très plein, très agité, très fourmillant, — et c’est même cela qui est la grande étude du livre.
Par exemple, il s’est fort réjoui d’avoir découvert les noms des religieuses, compagnes de Mlle de Bourbon au couvent des Carmélites ; il a cru introduire le public dans l’intérieur d’un couvent, en lui apprenant l’âge, la condition, la date de la mort et de rentrée de toutes les abbesses et de toutes les prieures, en transcrivant des biographies inédites composées au couvent, lesquelles, en leur qualité de biographies pieuses, ne renferment que des éloges vagues et des anecdotes édifiantes ; toutes choses qui ressemblent à l’histoire comme une boîte de couleurs ressemble à un tableau. […] Cette opposition perpétuelle du texte vrai et du texte mutilé est la meilleure leçon de style ; on y voit clairement et sans phrases ce que c’est que le génie : c’est comme si l’on comparait le tableau d’un grand maître avec le carton de ce tableau.
Il y a dans ces Mémoires une abondance, une variété de silhouettes, de croquis, de charges, de portraits en pied, de vastes tableaux, qui font vivre devant nous, comme réels et tangibles, les contemporains du grand roi, ses courtisans, sa famille et lui-même. […] Tantôt il ramasse toute une scène en quelques traits, par un dessin large, hardiment simplifié ; tantôt il développe d’immenses tableaux, comme ceux de la mort de Monseigneur, et du lit de justice qui dégrade les enfants légitimés de Louis XIV.
Perrichon (1860) ; tantôt derrière les gestes, les attitudes, les propos des plus grotesques bonshommes, on aperçoit nettement les mouvements des pantins réels que la caricature amplifie comme dans Célimare le bien-aimé (1863), et tantôt — ce qui est le mieux — la charge s’amortit, s’affine en un joli tableau de mœurs, comme dans cette soirée sous la lampe, en province, qui fait le premier acte de la Cagnotte (1864). […] Poirier (1854), qui met aux prises deux types si vrais de bourgeois enrichi et de noble ruiné ; dans les Lionnes pauvres (1858), où l’honnête Pommeau et sa femme forment un couple digne de Balzac, et nous offrent le tableau des ravages que l’universel appétit de richesse et de luxe peut faire dans un modeste ménage ; dans Maître Guérin (1864), enfin, qui, malgré son sublime colonel, est peut-être l’œuvre la plus forte de l’auteur par le dessin des caractères : ce faux bonhomme de notaire, qui tourne la loi et qui cite Horace, gourmand et polisson après les affaires faites, cette excellente Mme Guérin, vulgaire, effacée, humble, finissant par juger le mari devant qui elle s’est courbée pendant quarante ans, cet inventeur à demi fou et férocement égoïste, qui sacrifie sa fille à sa chimère, ces trois figures sont posées avec une étonnante sûreté ; Guérin surtout est peut-être le caractère le plus original, le plus creusé que la comédie française nous ait présenté depuis Molière : Turcaret même est dépassé.
Les jeunes auteurs de ces esquisses, peintres ou sculpteurs, sont obligés de conformer leurs tableaux ou bas-reliefs aux esquisses sur lesquelles ils ont été admis. […] Ce n’est pas lui, messieurs, qui l’emporte, c’est moi… puis il mit le tableau de son fils sous son bras et s’en alla.
C’était un moraliste, seulement c’était un moraliste qui, pour entretenir son indignation et sa verve, se permettait très bien le tableau… Qui sait ? le tableau hardi, violent, brûlant, rachèterait la morale, en vengerait !
Et voilà le tableau dans lequel M. […] Sainte-Beuve avec son Tableau de la poésie française au xvie siècle. […] La contemplation du poète, est comme le tableau du peintre : elle fait penser. […] Voici, pour tenir compte de toutes les opinions, le tableau piquant qu’un romancier satyrique, M. […] Elle fut enlevée par la scène des tableaux, et le fameux monologue l’acheva.
Guérin Je ne sais ce que c’est que les petits tableaux de Mr Guerin.
Drouais Si vous êtes curieux de visages de plâtre, vous verrez à votre retour les tableaux de Drouais.
Je suis contraint, aujourd’hui, de remplacer la nature par l’exposition de tableaux au Champ-de-Mars. […] On se bouscule devant les tableaux à effet. […] Cette suite de figurines m’affecte un peu de la même manière que les tableaux de Carrière. […] Cependant il y a une ombre au tableau d’un artiste aussi choyé des Muses. […] Un de ces tableaux montrait la meule en pleine gloire.
Dans le cadre des châteaux de Bretagne et de Normandie, il a fait tenir des tableaux d’existences patriarcales. […] Ils se contentent de remarquer que tout tableau qui procure une impression morale est un mauvais tableau, et ils généralisent cette remarque pour l’étendre à la littérature. […] Dans leurs tableaux, il n’y a jamais de centre ; ils ne voient que des séries de détails. […] Les plus belles pages de Germinal sont certainement celles qui sont consacrées nu tableau de l’insurrection. […] Il se pourrait qu’il eût raison. — Ce qui importe plus encore que le portrait des individus, c’est le tableau de la société.
Challe Je n’ai pas mémoire d’avoir vu ni un Saint Hippolite dans la prison, ni un Domine non sum dignus, ni une Lucrece présentant le poignard à Brutus, ni les autres tableaux de Challe.
Le Poëte Anglois n’y perd rien de la vivacité de son coloris, & y gagne beaucoup par l’élégance & la douceur qu’elle a su répandre sur ses tableaux.
Son Ouvrage qui a pour titre Mœurs & Coutumes des Romains, offre un tableau général des usages les plus curieux & les plus singuliers de l’ancienne Rome.
Peut-être y a-t-il de belles choses et parmi les tableaux dont je ne vous ai point parlé, et parmi les sculptures dont je ne vous parle pas ; c’est qu’ils ont été muets et qu’ils ne m’ont rien dit.
C’est une suite de tableaux, je dirai d’impressions d’après nature, traduites en vers pleins de vie et de lumière, œuvre attrayante de peintre et de poète à la fois.
Tapisserie Finissons par le Portrait du Roi exécuté en tapisserie à la manufacture des Gobelins, sur le tableau de Michel Vanloo.
Le paralytique, estampe charbonnée, caractères manqués, rien de l’effet du tableau ; ponsif noir, étalé sur un morceau de fer blanc.
Charles Morice Le Mystère de Madeleine rappelle ces tableaux naïfs à dessein, où le peintre se plaisait à confondre la date du jour et celle d’autrefois pour mieux animer les saints et les anges en les regardant de plus près.