Georges Ohnet, Maël, Gréville, de Montépin, sur qui il est trop facile de dauber, et de dauber à faux, car il sied que votre concierge soit amusée, et Villiers de l’Isle-Adam n’y parviendrait guère.
Il nous est facile à nous autres, impuissants que nous sommes, d’appeler cela mensonge, et, fiers de notre timide honnêteté, de traiter avec dédain les héros qui ont accepté dans d’autres conditions la lutte de la vie.
Tous ceux qui travaillent à nous en rendre la lecture, non pas plus agréable, mais plus facile et plus courante, plus éclaircie jusque dans les moindres détails, sont sûrs de nous intéresser.
Situation bizarre, facile à comprendre, difficile a définir.
Guizot ont été à plusieurs reprises l’objet des études de la Revue, à mesure que les différents volumes paraissaient ; mais aujourd’hui que l’ouvrage peut être considéré comme complet, au moins dans sa partie philosophique39, il sera intéressant de l’étudier dans son ensemble, et il devient plus facile d’en apprécier la portée.
Chacun songeant donc également, et à se tirer de lui-même, et à faire désirer aux autres d’être à sa place, celui-ci aspire aux grandes richesses, celui-là aux grands honneurs ; un troisième espère trouver dans le sein de la méditation et de la retraite un bonheur plus facile et plus pur.
Il est aisé de voir qu’elle n’est que l’effet d’une communauté d’idées facile à constater.
Elle ressemblait un peu à cette reine Christine, avec qui elle vivait intimement à Rome : elle aussi subordonna tout à ses désirs et à ses passions ; elle franchit hardiment la dernière barrière qu’une société facile lui opposait encore.
On s’imagine que dans cette vie journalière, facile, dénouée, dont cette correspondance est l’histoire, il avait mis son masque sur la table et dit bravement à ses amis, pendant que le monde avait le dos tourné : « Tenez !
Madame Récamier, la modeste Madame Récamier, qui n’eut jamais rien de superbe, même dans sa beauté, forme le contraste le plus hardi, le plus étonnant et le plus facile à apercevoir avec les mœurs, les attitudes et les passions de son époque.
On s’imagina que, dans cette vie journalière, facile, dénouée, dont cette Correspondance est l’histoire, il avait mis son masque sur la table et dit bravement à ses amis, pendant que le monde avait le dos tourné : « Tenez, Maintenant, regardez-moi !
Avec les analyses et distinctions que nous venons de faire, avec les considérations que nous allons présenter sur le temps et sa mesure, il deviendra facile d’aborder l’interprétation de la théorie d’Einstein.
Lachelier réveilla la philosophie universitaire à un moment où elle s’endormait dans la doctrine, facile et aimable, de Victor Cousin 28.
Photius lui reproche de laisser trop apercevoir dans ses discours l’empreinte du travail, et d’avoir éteint, par un désir curieux de perfection, une partie de ces grâces faciles et brillantes que lui donnait la nature lorsqu’il parlait sur-le-champ.
Ce dernier passage doit nous faire entendre combien devaient être faciles ces longs voyages dans lesquels Pythagore alla, dit-on, consulter en Thrace les disciples d’Orphée, en Perse les mages, les Chaldéens à Babylone, les Gymnosophistes dans l’Inde, puis en revenant, les prêtres de l’Égypte, les disciples d’Atlas dans la Mauritanie, et les Druides dans la Gaule, pour rentrer enfin dans sa patrie, riche de toute la sagesse barbare 22.
Et certainement ce n’est pas facile. […] L’y mettre est plus facile et plus loyal. […] Ce n’était pas très facile. […] Suite de très jolis portraits, qui n’étaient pas faciles à faire, et de jolies scènes qui n’étaient pas faciles à établir, puisqu’en leur fond elles se répètent toutes et que pourtant il fallait qu’elles fussent très diverses dans la forme. […] Le regard du Saint-Père, après un mois de séjour à Rome dans le monde ecclésiastique, n’est pas très facile à supporter.
Il y a des philosophes qui désarment leurs adversaires avant de les attaquer et qui diminuent la force de l’argument contraire pour se donner une plus facile victoire. […] Il semble que cette sorte de vers doive être plus facile à manier que toute autre. […] Peut-être les personnes qui ont voyagé en Angleterre comprendront-elles mieux, par une comparaison facile, cette situation respective du poète français et de ses lecteurs. […] La facile et fine mélodie nous ravissait tous. […] parce qu’elle s’adaptait à la fine et facile sensation que procurait au corps cette atmosphère méridionale, ce ciel léger, cette brise douce.
Tout cela composait un personnage qui avait du relief, mais dont l’abord n’était pas facile et dont le contact était dangereux. […] Les littératures étrangères l’attiraient et sa connaissance de plusieurs langues lui en rendait l’accès facile. […] La vie ne lui avait pas été toujours facile et il en gardait une amertume qui s’exhalait en âpres diatribes et en paradoxes truculents. « Seules les guerres civiles sont intéressantes, disait-il, car on y a chance de connaître ceux que l’on tue. » Des propos comme celui-là, qu’Anatole France lui emprunta pour le placer dans son Jérôme Coignard, lui faisaient tort et trompaient sur son compte. […] Il y avait en Goncourt des égoïsmes de vieux garçon et des vanités de vieil homme de lettres, mais il était assez facile de le détourner de ces parties les moins attrayantes de lui-même en éveillant en lui le collectionneur avisé et l’amateur passionné.
Il me semblait que l’éditeur du Montaigne de la Collection dût avec empressement prendre à sa charge un volume de lecture facile qui complète et achève heureusement le premier. […] Quant à continuer de fermer les yeux sur l’auteur sacrifié qui les effacerait tous, si le mérite, non la Fortune, était la raison de la gloire, ce sommeil inactif est encore plus facile. […] Il n’y a rien qui impose plus au lecteur que l’étalage du savoir, et en général il n’y a rien qu’il soit plus facile d’usurper. […] C’est un de mes étonnements, qu’on ne comprenne pas mieux ce que la critique littéraire gagnerait à la fois d’agrément et d’autorité à cette allure indépendante et si facile à suivre. […] Au rôle ingrat de justicier préférons une indulgence philosophique et facile.
Cela commence par un morceau de bravoure : Caractère des Athéniens et des Français, brillant et un peu facile. […] Voilà. — Pour Carthage, c’est plus facile : le parallèle avec l’Angleterre s’impose. […] Si c’est la vérité politique que nous cherchons, elle est facile à trouver. […] Il n’était pas très facile de les faire aimer, comme cela, tout de suite. […] (On a pourtant l’impression qu’il était facile à la Restauration, venant après le despotisme de l’Empire, de paraître donner assez de liberté.)
Mais si ces amis du peuple voulaient lui assurer une honnête aisance, rien ne serait plus facile. […] Dès lors, le dénouement est facile à prévoir. […] Oui, la Petite Marquise est un délice ; mais d’analyser ce délice, ce n’est pas tout à fait aussi facile que vous croyez. […] Ils ont eu quelques velléités de facile satire. […] Puis, il est ici victime d’une illusion assez facile à concevoir.
Biré pour ce qu’il est, nous lui offrons, en en rendant compte, un moyen de le refaire, la réponse est facile. […] Mais, ce qu’il faut savoir, c’est en quoi le romanesque a consisté pour lui, et rien n’est plus facile, puisqu’il a lui-même pris soin de nous l’apprendre. […] Le mariage est donc, à votre avis, une de ces transactions, une de ces affaires purement humaines où il suffit d’apporter le facile honneur, les qualités superficielles qui font un galant homme, comme vous dites ? […] Quelque évident, et facile à imiter qu’il soit, le procédé est cependant légitime. […] J’avais d’ailleurs parlé de son œuvre avec une entière liberté, comme aussi bien il est toujours facile de le faire quand on parle de ceux qui n’ont mis dans leur œuvre que le moins qu’ils pouvaient d’eux-mêmes.
Dois-je dire encore que je n’attribue point à la poésie les pensées dites poétiques, toute pensée me paraissant plus facile à exprimer en prose ? […] La musique n’est point comprise — certes — sans une éducation musicale ; pourquoi donc la Poésie devrait-elle être offerte, cuite à point, aux appétits faciles des passants ? […] En somme, cette doctrine est un effort précieux à construire le système complet des choses, mais a priori, arbitrairement, par le moyen d’un procédé facile et sans grande portée. […] Renan, fondée sur des certitudes positives, est d’une réalisation possible et facile : mais sera-t-elle réalisée ? […] Je sais que le mérite en revient en partie au genre : car il est facile de mettre en relief des personnages qu’on isole de leur milieu ordinaire, et dont on grossit librement les traits.
Rien n’égale la servilité de la Cour de cassation. » La chose est facile à comprendre, d’après ce que nous venons d’écrire. […] Sur ce point aussi, la défense du libéralisme, bien que facile, a été extrêmement faible. […] les représentaient à ce monde, facile à éblouir et à tromper, ainsi que des ennemis de classe et des ventres dorés égoïstes. […] Même pour un faux modeste tel que Claude Bernard, il est très facile de conclure que comprendre c’est surpasser. […] L’univers évolutif était facile à apprendre.
Il faudrait donc quelques mots précis faciles à retenir. […] Sully-Prudhomme combien il lui serait facile de supprimer des taches dont ses propres yeux sont offensés. […] Ses colères enfantines contre l’humanité, l’explication en est facile. […] Mensonges faciles et élémentaires, n’est-ce pas ? […] Le dénouement est facile à prévoir.
Si l’on ajoutait qu’avant de s’expliquer, l’amant a d’abord sauté à la gorge du mari, ce préliminaire aimable ne vous rendrait pas la situation plus facile à accepter. […] La proposition est simple et facile à entendre comme l’est toute négation. […] Initié à tous les plans d’Ehrenthal, qui ne connaît pas les siens, il lui sera facile de les déjouer, de saisir au moment propice la proie que guette son patron et d’être le Raton de ce Bertrand. […] Et quel trésor de jouissances pures et faciles la vie ne tient-elle pas en réserve pour les âmes qui ne se laissent envahir par aucun trouble, ni tourmenter par aucune irritation mesquine ! […] La vie ne sera point facile pour toi ; il faudra te priver de bien des douceurs ; mais nous ne vivons pas dans un temps où l’homme actif doive cueillir commodément ses gerbes et se reposer.
On lui a reproché de n’être point assez méthodique ; de peindre en amant de la nature, et de ne pas décrire en naturaliste: c’était lui reprocher de créer sa manière, et de rendre les voies de la science agréables et faciles. Il est douteux cependant qu’il eût obtenu ce succès en suivant la marche tracée, c’est-à-dire en composant des genres nouveaux, et en se retranchant dans les systèmes de classifications: toutes choses faciles à la mémoire, qu’il ne faut pas ignorer pour écrire, mais qu’il faut oublier quand on écrit. […] C’était en même temps l’époque où les lettres, longtemps oubliées, renaissaient ; on les retrouvait faciles, élégantes, épistolaires, un peu maniérées, en prose et en vers, comme elles étaient mortes.
C’est une grande et belle chose que de voir se déployer avec cette largeur un drame où l’art développe puissamment la nature ; un drame où l’action marche à la conclusion d’une allure ferme et facile, sans diffusion et sans étranglement ; un drame enfin où le poëte remplisse pleinement le but multiple de l’art, qui est d’ouvrir au spectateur un double horizon, d’illuminer à la fois l’intérieur et l’extérieur des hommes ; l’extérieur, par leurs discours et leurs actions ; l’intérieur, par les a parte et les monologues ; de croiser, en un mot, dans le même tableau, le drame de la vie et le drame de la conscience. […] La nuance qui les sépare sera facile à indiquer, si un homme d’esprit, auquel l’auteur de ce livre doit un remerciement personnel, nous permet de lui en emprunter la piquante distinction : l’autre poésie était descriptive, celle-ci serait pittoresque. […] Elle est ensuite d’un beaucoup plus facile accès ; la médiocrité y est à l’aise ; et, pour quelques ouvrages distingués comme ceux que ces derniers temps ont vus paraître, l’art serait bien vite encombré d’avortons et d’embryons.
Que n’ont-ils eu des âmes plus profondes et moins soucieuses de stupéfier le bourgeois par de faciles audaces ! […] Et si l’on nous allègue qu’au nom de la liberté, quantité de bateleurs et de joueurs de grosse-caisse vont se révéler qui surenchériront les uns sur les autres, et inventeront les théories et les formes les plus étranges pour faire flamboyer leur génie, il sera facile de répondre que ces manifestations puériles et vaines resteront vaines parce qu’il n’est pas possible de faire illusion longtemps, aujourd’hui moins que jamais, sur la valeur réelle d’une œuvre d’art. […] Aujourd’hui, je voudrais aboutir à des conclusions encore plus précises et encore plus pratiques, et ce sera relativement plus facile, puisqu’en cherchant à expliquer la réalisation de l’œuvre d’art et particulièrement de l’œuvre poétique, on quitte les régions de la pure liberté intellectuelle où l’on n’est déterminé que par les lois mêmes de la pensée, les plus contingentes de toutes, pour entrer dans celles du concept clair de la discussion usuelle et de la tradition proprement dite.
Il devait entrer dans le panier, ce qui n’était pas facile à obtenir. […] Il me fut bien facile de grimper extérieurement sur le treillage ; mais la partie plate, qui formait toiture serait-elle capable de me porter, n’allait-elle pas s’effondrer sous moi ? […] Mais le moyen n’était pas facile à trouver et je roulai longtemps ce sinistre projet sans parvenir à le réaliser. […] Mais ça n’était pas facile. […] Baquet, ce facétieux hasard était la source de faciles et constantes plaisanteries.
Que nous voici loin du style coulant et facile de Tallemant des Réaux, à qui l’on doit toujours revenir quand on étudie cette partie de l’œuvre de M. de Régnier, en notant à ce propos comme il est particulier et satisfaisant de voir qu’un artiste aussi nettement mêlé au mouvement le plus neuf de son époque soit par ailleurs si étroitement uni à la période la plus classique de notre littérature28. […] Il est vrai qu’il est bien facile de pressentir après coup. […] Hermant, et que nous avions considérées peut-être avec plus de facile indulgence que lui — assurément avec moins de furieux mépris. […] De Flers et Caillavet On est parfaitement enclin à n’user d‘aucune rigueur à l’endroit de certains écrivains frivoles tant qu’ils se manifestent dans le cadre qui convient à leur facile fantaisie. […] Sans cesse, ces grincements de contraires présentent leur facile agencement — et leur drôlerie, qui pourrait être efficace s’il n’en était fait qu’un usage modéré, perd bien vite son attrait.
C’est ce qui fait que les animaux vigoureux sont plus faciles à empoisonner que les animaux languissants, et que, toutes choses égales d’ailleurs (taille de l’animal, dose du poison), les animaux à sang chaud meurent plus vite que les animaux à sang froid, et parmi les premiers les oiseaux plus vite que les mammifères. […] Il est maintenant facile de comprendre que l’extinction vitale des éléments nerveux qui font contracter les muscles doive amener la mort de l’organisme tout entier par la cessation successive de tous les mouvements. […] L’observation de l’influence de notre volonté sur les mouvements de nos membres suffirait pour nous prouver ce que je viens d’avancer ; mais rien n’est en outre plus facile à démontrer par des expériences directes faites sur des animaux vivants ou récemment morts. […] Les conditions physico-chimiques des phénomènes sont d’autant plus faciles à analyser et à préciser que le phénomène est plus simple ; mais au fond et dans tous les cas, ainsi que nous l’avons dit, la cause première du phénomène reste entièrement impénétrable. […] En analysant avec soin tous les phénomènes vitaux dont l’explication appartient aux forces physiques et chimiques, nous refoulerons le vitalisme dans un domaine plus circonscrit et dès lors plus facile à déterminer.
non pas avec des lignes et des couleurs, comme le peintre, chose facile et simple ; non pas avec des sons, comme le musicien ; mais avec des mots, avec des idées qui ne renferment ni sons, ni lignes, ni couleurs. […] LXIII Rebâtissons le Parthénon : cela est facile, il n’a perdu que sa frise et ses compartiments intérieurs.
Écoutons l’auteur avant d’écouter l’histoire. » Ce préambule, facile à comprendre, nous avait disposés à l’attention et à l’intérêt. […] L’accueil aisé, l’esprit liant, l’humeur facile des habitants du pays, me rendit le commerce du monde aimable ; et le goût que j’y pris alors m’a bien prouvé que si je n’aime pas à vivre parmi les hommes, c’est moins ma faute que la leur.
Il est si facile de voiler notre ignorance sous des expressions telles que « le plan de la création », « l’unité de type », etc., et de penser qu’on a donné une explication, quand on a seulement répété un fait ! […] Les systématistes auront seulement à décider, et ceci même ne sera pas toujours facile, si quelques-unes de ces formes sont suffisamment constantes et distinctes des autres formes pour être susceptibles de définitions, et si leurs différences définissables sont assez importantes pour mériter un nom spécifique.
Rien de semblable dans la confusion plus ou moins lente à s’établir, plus ou moins facile à dissiper, d’une expérience actuelle avec une expérience antérieure qui lui ressemble. […] Il ne nous est pas aussi facile de comprimer l’élan de notre vie psychologique tout entière que celui de notre parole ; mais, là où l’élan général faiblit, la situation traversée doit paraître aussi bizarre que le son d’un mot qui s’immobilise au cours du mouvement de la phrase.
Bien que très-curieux des choses du dehors, c’est à la partie individuelle et personnelle des événements historiques que s’attache Plutarque, et il est facile de voir que les choses extérieures l’intéressent surtout par l’impression qu’elles produisent sur l’âme de ses héros. […] « Jamais le caractère français n’éclata d’une manière plus touchante dans sa sensibilité facile, sa vivacité, son entraînement généreux.
Cependant la scène change ; dans cette existence d’un éclat croissant et d’une gloire jusque-là facile, les ombres vont s’introduire et se mêler par degrés et de plus en plus au tableau.
L’explication que lui donna Montluc, si elle se trouvait dans une histoire ancienne, serait célèbre, et nous la saurions dès l’enfance : Alors, je lui répondis (au roi) que c’était une chose que j’avais trouvée facile ; et comme je le vis affectionné à la vouloir entendre, connaissant qu’il prenait plaisir d’en ouïr conter, je lui dis que je m’en étais allé un samedi au marché, et qu’en présence de tout le monde j’avais acheté un sac et une petite corde pour lier la bouche d’icelui, ensemble un fagot, ayant pris et chargé tout cela sur le col à la vue d’un chacun ; et comme je fus à ma chambre, je demandai du feu pour allumer le fagot, et après je pris le sac, et là j’y mis dedans toute mon ambition, toute mon avarice, mes haines particulières, ma paillardise, ma gourmandise, ma paresse, ma partialité, mon envie et mes particularités, et toutes mes humeurs de Gascogne, bref tout ce que je pus penser qui me pourrait nuire, à considérer tout ce qu’il me fallait faire pour son service ; puis après je liai fort la bouche du sac avec la corde, afin que rien n’en sortît, et mis tout cela dans le feu ; et alors je me trouvai net de toutes choses qui me pouvaient empêcher en tout ce qu’il fallait que je fisse pour le service de Sa Majesté.
Ce serait pourtant être ingrat, à ceux qui ont eu l’honneur de le rencontrer souvent dans ce cercle de son choix, de ne pas se rappeler et de ne pas dire à tous combien de fois ils l’y virent naturel, aimable, facile, éloquent, bonhomme même ; mais, dès que le public intervenait, dès que les passions du dehors entraient par la moindre fente, et que le plus léger souffle de contrariété se faisait sentir, tout changeait aussitôt ; le visage se pinçait, l’humeur s’altérait : la correspondance accuse trop ces variations et ces susceptibilités excessives.
M. de Luynes, tout homme pieux qu’il est et de morale sévère, est bien obligé de nous initier à tout ce manège et à cet imbroglio d’intrigues qu’il lui est plus facile de traduire à l’extérieur, jour par jour et successivement, qu’il ne l’est à nous de le résumer avec convenance.
Ce général, chargé d’envahir le comté de Nice et de défendre la frontière contre les Piémontais et les Autrichiens, avait fait d’emblée la partie facile de sa tâche, la conquête du comté ; mais il s’y était tenu, ne se sentant pas la force de rien tenter de considérable au-delà.
Et d’abord la victoire sur laquelle on comptait à Paris pour compléter Joubert n’était point si facile à remporter.
C’est un dernier moyen d’observation facile et commode.
Cela est d’autant plus facile aujourd’hui que les Mémoires du comte de Senfft ont récemment paru rédigés en français et publiés à Leipsick38.
Si c’est paresse qui vous fait taire, surmontez-la ; si c’est oubli, ne m’oubliez pas, je ne l’ai pas mérité. » Comme tout cela est doux, élégant, gracieux, facile, versé d’un cœur aimant, et coulant à petits flots harmonieux !
Duveyrier père, alors jeune avocat, patriote, un des ardents électeurs de 89, attendait avec impatience Mirabeau qui ne rentrait pas de l’Assemblée ; il était dans le cabinet de l’éloquent tribun qui, selon son habitude, avait ordonné qu’on lui tînt un bain tout préparé pour se délasser au retour : « Il arrive enfin, il entre dans un enthousiasme facile à se figurer : “Ah !
Négligent jusqu’à la fin et mal instruit des mouvements de l’ennemi, il remettait d’établir une communication facile de sa droite à son centre et de son centre à sa gauche, et quand on lui en parlait, il disait qu’il le ferait faire dans deux jours.
ou bien parviendrai-je à oublier près des boues de Paris, en jasant intimement, cette nature imposante et facile qui m’était nécessaire ?
Il est souvent un grand charme, et inexprimable, résultant d’une image discrète, d’un tour simple, d’un enchaînement facile, d’une cadence coupée à temps, avec un sentiment vrai sous tout cela : c’est l’atticisme de la poésie.
Je ne sais à quel ton au juste appartiennent, dans l’ordre des genres, tant de vers faciles, tendres, naturels et amoureux, mais qui sont le soupir et la plainte de tous les cœurs bien touchés : Voyez-moi plus souvent, et ne me donnez rien !
Léonard161 Dans mon goût bien connu pour les poëtes lointains et plus qu’à demi oubliés, pour les étoiles qui ont pâli, j’avais toujours eu l’idée de revenir en quelques pages sur un auteur aimable dont les tableaux riants ont occupé quelques matinées de notre enfance, et dont les vers faciles et sensibles se sont gravés une fois dans nos mémoires encore tendres.
Toutes les circonstances, au reste, eu préparaient la riche et facile floraison : tandis que le baron du Nord, entre les murs épais de sa maussade forteresse, menacé et menaçant, ne rêvait que la guerre, les nobles du Midi, en paix et pacifiques sous deux ou trois grands comtes, riches, hantant les villes, épris de fêtes, la joie dans l’âme et dans les yeux, l’esprit déjà sensible au jeu des idées, et l’oreille éprise de la grâce des rythmes se faisaient une littérature en harmonie avec les conditions physiques et sociales de leur vie.
Un seul doit nous arrêter : Désiré Nisard730, qui donna, en 1833, son violent manifeste contre la littérature facile, où il prenait à partie la brutalité convenue des romans, et le pittoresque plaqué des drames.
Mais il est vrai, en principe, que si la critique dramatique demeure puissante, parce qu’elle est financièrement indispensable aux directeurs de théâtres, et contente une foule d’intérêts matériels, dans le même sens que la publicité de bourse ou de négoce, — la critique littéraire se meurt parce qu’elle s’occupe de questions de pensée qui n’intéressent qu’une minorité, ou alors de livres à succès facile que la réclame payée lance sans avoir besoin de critique sérieuse.
Vielé-Griffin — mais n’y a-t-il pas lieu de s’étonner que la pensée de ce poète, tendue vers l’énergie, se complaise en un pays de vie facile où l’action ne suppose pas l’effort ?
Comme on ne l’a pas lu, mais comme on s’est familiarisé avec les plus discutables sinon les plus naïfs procédés de cet admirable mécanicien, vous pensez qu’on a induit de l’origine du poète cette facile assertion que les plus admirables de ses sonnets sont ceux des Tropiques.
Il peut être facile à qui lit des yeux, il n’est pas clair à qui pense.
Il m’est plus facile de remercier le maître d’avoir recréé en France la musique de chambre, en des œuvres d’une grande hauteur et d’une souveraine beauté, entre autres, le fameux quintette dont la renommée est déjà européenne, et une merveilleuse sonate, très récemment terminée.
On voudrait bien, à l’aide de ces grands mots délirants, simuler l’enthousiasme qu’on n’a plus, et l’on ne réussit à surprendre un moment que quelques âmes ouvertes et faciles qui croient encore à toutes les paroles.
Bien des esprits qui n’auraient pas eu l’idée de l’aller chercher pour son talent lyrique ont appris à le goûter sous cette forme facile et légère.
Cela, dira-t-on, m’est bien facile, puisque je n’y fais pas entrer la passion ni les engagements qui les déjouent.
Il avoit un génie heureux, le travail facile, la plaisanterie vive.
Il n’y a point de règle pour mesurer ou limiter les emprunts qu’une science peut faire à une autre : cela dépend du tact et du génie des écrivains ; mais il est facile de comprendre qu’un certain excès changerait le caractère d’une science.
Habitude vicieuse et pleine de périls au théâtre surtout : car le public — il faut bien le constater — n’aime guère l’abscons ni le mystérieux, et, peu enclin à chercher la signification secrète des mots, affectionne les idées simples et d’assimilation facile.
De tous les hommes qui ont jamais écrit, — Sterne, en Angleterre, comme La Fontaine, en France, — n’est-il pas le plus facile à reconnaître ?
Les origines lyriques de la première ère sont plus faciles à établir par des textes qu’en France.
La cause en est facile à trouver dans l’histoire morale et civile de la société romaine.
Je conviens que les tragédies de Mathieu ne sont pas faciles à lire, et assurément Voltaire ne les avait pas lues quand il a dit que Mathieu était un écrivain qui ne faisait pas mal des vers pour son temps. […] Ésope à la cour I 12 juillet 1807 Boursault, auteur de cette pièce, était un homme d’esprit, sans être homme de lettres ; n’ayant point fait d’études, il suivit son naturel, qui le guida quelquefois heureusement, surtout dans le genre le plus facile et qui demande le moins d’art : telle est la comédie épisodique, la seule où il ait réussi. […] Son dialogue surtout est naturel, facile et sage, semé de vers heureux et comiques ; on y rencontre même quelquefois des tirades brillantes.
J’invoque ici de célèbres témoignages : il est facile de les mettre au point d’une destinée. […] Les choses sont allées, ces dernières années, si loin, si mal, qu’il est facile de discerner ce dont il ne faut plus. […] Je ne crois pas aux œuvres faciles ; elles sont facilement oubliées. […] On dira que le cœur n’a pas d’expérience et, pour chaque nouvel amour, offre sa candeur facile à décevoir. […] Et, se taire, c’est trop facile, pour un garçon qui recherche les occasions d’une vie accidentée.
Les trois nouvelles, publiées en 95, et composées dix ans auparavant, Mirza, Adélaide et Théodore, Pauline, ont tout à fait la même couleur que Sophie, et leur prose facile les rend plus attachantes. […] — Mais d’abord on voit des écrivains éminents, très-sévères, très-accomplis et très-artistes dans leur prose, n’être pas plus avancés, grâce à ces fortes habitudes, pour atteindre à l’expression savante et facile en vers. […] La jeunesse d’abord, cette grande et facile consolatrice, s’enfuit. […] Ici une main dispensatrice rendait la scène facile et ouvrait une part large au drame et au roman, par une sage économie de moyens.
Si naturellement, en effet, qu’on fasse son devoir, on peut rencontrer en soi de la résistance ; il est utile de s’y attendre, et de ne pas prendre pour accordé qu’il soit facile de rester bon époux, bon citoyen, travailleur consciencieux, enfin honnête homme. […] Ceux qui parlent ainsi ont pour premier tort de s’en tenir aux banalités qui ont cours sur la femme, alors qu’il serait si facile d’observer. […] Qu’une bonne moitié de notre morale comprenne des devoirs dont le caractère obligatoire s’explique en dernière analyse par la pression de la société sur l’individu, on l’accordera sans trop de peine, parce que ces devoirs sont pratiqués couramment, parce qu’ils ont une formule nette et précise et qu’il nous est alors facile, en les saisissant par leur partie pleinement visible et en descendant jusqu’à la racine, de découvrir l’exigence sociale d’où ils sont sortis. […] De là vient que la première morale est relativement facile à formuler, mais non pas la seconde.
Voilà qui est facile à comprendre. […] Le livre de La Salle respire, malgré ses prétentions morales très affichées, l’amour de la vie facile. […] Mais, pour être moins convaincu, il n’en est que plus bruyant et plus présomptueux ; il semble croire que rien n’est plus facile que de corriger les hommes en s’y prenant bien, et il y emploie ce qui lui paraît le bon moyen, la prédication. […] Passez, au besoin, par les toits et par les mansardes, comme le Diable boiteux, ou, ce qui est plus facile, par l’escalier de service, comme Gil Blas. […] Je tâche de me faire une idée nette du Dieu Hom, ce qui n’est pas facile.
Elle est à la fois la plus difficile et la plus facile des critiques.
De la part de rivaux influents, la conspiration du silence était donc facile. […] La tâche était facile ; mais ce qui ne l’était pas autant, c’était de jeter quelque intérêt sur une discussion toute personnelle. […] En effet, il nous serait facile de démontrer par d’autres exemples que ces funestes travers étaient ceux de tous les médecins du temps. […] Molière, en sortant de table, dit tout bas à Descôteaux, célèbre joueur de flûte : « Nos beaux esprits ont beau se trémousser, ils n’effaceront pas le Bonhomme. » C’était le nom que son caractère facile et son esprit sans apprêt avaient fait donner à La Fontaine ; nom que la postérité, en sanctionnant le jugement de son ami, lui a religieusement conservé. […] Quant aux obligations qu’il avait, dit-on, contractées envers Le Médecin malgré lui, elles sont faciles à reconnaître, puisque ce ne fut qu’à la douzième représentation de cette farce qu’on la donna avec ce chef-d’œuvre, et cela cinq fois seulement.
L’intrigue est simple et facile, moins le dénouement qui est un peu péniblement amené et auquel on veut assez que Molière n’a attaché aucune importance. […] Cette impartialité assez facile ne me paraît pas au-dessus de son intelligence. […] Mais ce genre d’apologie a toujours ceci contre lui qu’il est un peu trop facile. […] Il a écrit Tartuffe non pas précisément en hostilité contre la religion de son temps, mais sans scrupules à cet égard, sans les scrupules qui, s’il les avait eus, l’auraient empêché d’écrire une pièce si facile à diriger, non seulement contre l’hypocrisie mais contre la religion en soi. […] Ici elle devient plus adroite parce que la tâche est plus facile.
Ravet a très bien dit, ce qui n’était pas facile, le long récit du messager. […] Anatole Le Braz, si connu du public français par ses vers gracieux et sa prose poétique non moins séduisante, s’adresse aujourd’hui au public européen par un livre d’érudition solide et profonde, du reste très agréablement écrit et d’une lecture très facile et très plaisante. […] Sauf les parties, assez courtes, que j’ai réservées, il n’y a rien de plus facile à faire. […] Voilà une actrice qui sait accompagner, et, vous savez, ce n’est pas facile. […] Toutes ces objections seraient assez faciles à réfuter.
La cour est un grand salon permanent, où « l’accès est libre et facile des sujets au prince », où ils vivent avec lui « dans une société douce et honnête, nonobstant la distance presque infinie du rang et du pouvoir », où le monarque se pique d’être un parfait maître de maison75. […] C’est le bon villageois, doux, humble, reconnaissant, simple de cœur et droit d’esprit, facile à conduire, conçu d’après Rousseau et les idylles qui se jouent en ce moment même sur tous les théâtres de société86.
» Charles VI, prince plus pacifique qu’ambitieux, négocia à Mantoue une paix facile, par la médiation de Pétrarque, entre lui et les Visconti. […] « La maison est située de manière, écrit-il à son ami Socrate, à Vaucluse, qu’il est facile d’y échapper aux visites des importuns.
Aussi, quoique de mœurs faciles et molles en apparence, M. […] Eugénie, grande et forte, n’avait donc rien du joli qui plaît aux masses ; mais elle était belle de cette beauté si facile à reconnaître, et dont s’éprennent seulement les artistes.
Il m’eût été facile de marcher à pas de géant, ainsi que plus d’un de mes compagnons de l’Académie ecclésiastique et d’autres prélats mes confrères, si, à l’indulgence que me témoignait le Pape et à la réputation que me créait le grand concours de la Curie, j’avais cherché à joindre quelques-uns des bons offices de ceux qui s’offraient de me servir auprès du Souverain Pontife. […] « Il est facile de comprendre qu’à un semblable discours, prononcé avec cette grâce, cet air de majesté jointe à la plus pénétrante douceur, et cette amabilité qui étaient particulières à Pie VI, les expressions me manquèrent absolument pour lui répondre.
» à la musique, ainsi, il ajoutera l’auxiliaire du mot et du geste ; et, par le mot et le geste, il interprétera les significations trop hautement spirituelles ; et il satisfera au végétant, à l’Impur, au pervers, à l’accoutumé des faciles vies banales, et à l’ignorant qui est en nous ; sous le drame intérieur de l’âme, il fera un drame matériel ; il fera un drame ; mais ce drame, prétexte, concession, sera le secours à notre faiblesse ; c’est lui qui, repaissant la chair, laissera l’âme libre d’entendre son langage et d’admettre, librement, la poignance de ses motifs, et de subir le flux effroyable de cette vie idéale. […] La direction de la pensée et de l’action n’est-elle pas facile sous la garde des deux pouvoirs : la suite spirituelle des évêques, s’appuyant à la suite héréditaire des rois.
Un beau front, des yeux limpides d’enfant, quelque chose de bon, de souriant, de calme, fait par une vie de plein air méridional, du bon vin ; et l’enfantement facile de chants et de poésies troubadouresques. […] Et là-dessus, il se mettait à nous parler de son procédé de travail, de ce facile labeur de poète méridional, qui consiste dans la confection de quelques vers, fabriqués aux heures crépusculaires, à l’heure de l’endormement de la nature : le matin, dans les champs, selon Mistral, étant trop plein du bruyant éveil de l’animalité.
« Je suis perdu dans les religions de la Perse, écrit-il dans sa correspondance, je tâche de me faire une idée nette du dieu Hom, ce qui n’est pas facile. […] L’ascète est l’homme privé et assiégé de satisfactions charnelles ; les amorosités faciles de la reine de Saba le sollicitent ; la magie, de celle des brahmanes à celle des Alexandrins tentent sa soif de pouvoir ; il passe, n’adhérant définitivement à aucune, par toutes les religions et les hérésies ; la méthaphysique lui propose ses antinomies irrésolues, et il hésite de désespoir, à s’abîmer dans la luxure ou à s’anéantir dans la mort ; mais sa curiosité le fait encore balancer entre le mystère du sphinx et les fables de la chimère qui l’entraîne à travers les mythes et les ébauches de la création, à l’intuition de ces germes de vie qui la contiennent toute ; il l’adore pour se relever et se remettre par la prière dans le cycle des cultes, quand le soleil le rappelle de la spéculation nocturne à l’action diurne.
Pour qui veut ouvrir sur le xviie siècle une autre fenêtre que la lucarne de Tallemant des Réaux, il est facile d’expliquer nettement tout ce que Richelieu y a fait. […] Poète donc en prose et sans rythme, il n’en est pas moins poète et il a du poète les pusillanimités, les ivresses faciles et par-dessus tout, les vanités.
… Conséquence inévitable, qu’il était facile de prévoir ! […] Aussi ce qu’on sent dans ces premières Histoires, c’est encore plus l’effort que la force, l’acharnement de la volonté que le souffle facile de l’inspiration.
Ils ne disaient rien que de juste et que de convenable, rien qui ne fût d’un commerce doux, facile et gai… Je sentis même une chose qui m’était fort commode, c’est que leur bon esprit suppléait aux tournures obscures et maladroites du mien ; ce que je ne disais qu’imparfaitement, ils achevaient de le penser et de l’exprimer pour moi sans qu’ils y prissent garde, et puis ils m’en donnaient tout l’honneur.
Délicat comme était Fénelon, combien il lui aurait été facile d’être malin et satirique !
Le président avait raison d’écrire en cette occasion au secrétaire d’État M. de Villeroi : « Monsieur, les affaires ont des saisons, et sont quelquefois pleines de difficultés, puis tout à coup deviennent faciles. » Cependant l’affaire générale de la paix n’avançait pas et la saison évidemment n’en était pas venue.
Il serait facile ici de le mettre aux prises avec M. de Lamartine qui, tout en admirant Bossuet, est d’un avis contraire ; mais on me permettra plutôt de me détourner quelque temps des commentateurs et des peintres pour aller droit au maître.
Si Boileau avait voulu faire une épigramme, il n’aurait pas choisi autrement son texte ; mais, quand Boileau écrivit cette satire ou ce lieu commun sur la noblesse, il était jeune, il avait besoin d’appui et de protection en Cour : Dangeau s’offrait, brillant, fastueux, obligeant, bon prince, aimant les lettres, faisant de mauvais vers et goûtant les bons ; Boileau le prit sur l’étiquette et le caressa même par son faible ; il le traita tout net de grand seigneur et d’homme issu d’un sang fécond en demi-dieux : « Les plus satiriques et les plus misanthropes, a remarqué à ce propos Fontenelle, sont assez maîtres de leur bile pour se ménager adroitement des protecteurs. » Vingt ans plus tard, La Bruyère, qui n’avait pas, il est vrai, besoin de Dangeau, et qui avait pour lui la maison de Condé, n’était pas si facile ni si complaisant ; le portrait de Pamphile, de l’homme de cour qui se pique avant tout de l’être et qui se guinde, s’étale et se rengorge avec complaisance, est en grande partie celui de Dangeaua.
C’est ainsi qu’elle disait adorablement, en parlant de certaines dévotions rurales et familières auxquelles elle aimait à prendre part : Ces dévotions populaires me plaisent en ce qu'elles sont attrayantes dans leurs formes et offrent en cela de faciles moyens d’instruction.
Et Garat, « qui s’est fait député du Tiers, et qui va être de l’Académie : c’est un pauvre mérite que ce Garat » ; — et le Chamfort, quelle force bel et bien de rétracter une de ses atrocités sur une pauvre morte qui n’est plus là pour se défendre ; — et le Raynal, dont elle se prive très volontiers à la lecture : « Je ne connais que sa conversation, très fatigante, et ses prétentions, très satisfaites : mon âme est naturellement chrétienne, et tout ce qui me ferait perdre ce sentiment, si cela était possible, il m’est facile de m’en abstenir » ; — et Cérutti, qui avait alors son instant de lueur et jetait sa première et dernière étincelle : L’administrateur Cérutti vient d’achever sa rhétorique : il promettait beaucoup, il y a vingt ans ; il n’a pas fait un pas depuis ce temps-là.
Vers 1817, âgé de cinquante ans, délicat et maladif, mêlé malgré lui aux agitations de la politique alors si ardente, Maine de Biran s’en, isolait le plus qu’il pouvait ; homme de recueillement, il habitait en lui, n’était heureux que là, les jours où la pensée lui était plus facile.
Les vers de Guérin en effet sont naturels, faciles, abondants, mais inachevés.
Je regrette de trouver dans ce volume, notamment dans Mon Portrait (page 285), des fautes de transcription et, par suite, d’impression, qui m’en font craindre d’autres moins faciles à apercevoir en d’autres endroits.
Osons donc : oser, d’ailleurs, est peut-être plus facile, plus convenable avec M.
Les sciences, « unies par une philosophie commune, » y sont montrées « s’avançant de front, les pas que fait chacune d’elles servant à entraîner les autres. » Plus de danger sérieux désormais pour l’ensemble des connaissances humaines ainsi liées étroitement et toutes solidaires entre elles, plus de période rétrograde possible depuis la découverte de l’imprimerie : « Lorsqu’au milieu d’une nuit obscure, perdu dans un pays sauvage, un voyageur s’avance avec peine à travers mille dangers ; s’il se trouve enfin au sommet d’une haute montagne qui domine un vaste horizon, et que le soleil, en se levant, découvre à ses yeux une contrée fertile et un chemin facile pour le reste du voyage, transporté de joie, il reprend sa route, et bannit les vaines terreurs de la nuit.
Écoutez le sage Fleury, son sous-précepteur : « C’était, nous dit-il, un esprit du premier ordre : il avait la pénétration facile, la mémoire vaste et sure, le jugement droit et fin, le raisonnement juste et suivi, l’imagination vive et féconde (que de choses !).
Il y aurait un article facile à faire sur ces Mémoires de Catherine, et c’est celui que je ne ferai pas.
Cependant quelques morceaux lus dans les séances publiques des cinq Académies et fort goûtés du public avaient révélé en lui ce que tous ses amis savaient bien qu’il était, un esprit riche, orné, facile, un écrivain élégant, un orateur aisé, agréable ; aussi quand Raoul-Rochette manqua, l’Académie des Beaux-Arts, après avoir pensé d’abord à M.
Et puis, quand je rentre dans mes quartiers non lettrés et tout populaires, quand je m’y replonge dans la foule comme cela me plaît surtout les soirs de fête, j’y vois ce que n’offrent pas à beaucoup près, dit-on, toutes les autres grandes villes, une population facile, sociable et encore polie ; et s’il m’arrive d’avoir à fendre un groupe un peu trop épais, j’entends parfois sortir ces mots d’une lèvre en gaieté : Respect à l’âge !
a exercé et exerce encore cette sorte de magistrature au Journal des Débats ; qui y a défendu les traditions de l’École de David contre toutes les tentatives d’innovation et tous les assauts du romantisme ; qui est un ennemi déclaré du gothique qui est très-consciencieux, assez bienveillant pour les personnes, sans quartier sur les principes ; qui a beaucoup causé de toutes choses autres encore que beaux-arts ; qui a eu de bonne heure l’habitude d’écrire les conversations des gens d’esprit qui venaient chez lui ou qu’il rencontrait dans le monde ; qui a des masses de ces procès-verbaux et de ces minutes d’entretiens qui seront, un jour plus intéressants pour nos neveux que les plus élégants rapports académiques, et où les pauvres d’idées en quête d’érudition facile iront puiser comme dans les papiers de Conrart. — M.
Elle se défend d’elle-même, parce qu’elle se fait accepter de tout lecteur, parce qu’elle est facile, agréable, et qu’elle court, qu’elle entre aisément, parce qu’elle dit ce qu’elle veut dire ni plus ni moins, qu’elle vous livre tout uniment, quoique souvent avec bien de la vivacité, le fait ou la pensée, et qu’elle ne laisse chemin faisant aucun point vague ; aucun recoin obscur.
Il nous est aujourd’hui facile, aidés par de tels devanciers, par des maîtres qui nous ont élaboré la matière et qui nous épargnent les tâtonnements, de voir juste en un clin d’œil, de nous établir tout d’abord au vrai point de vue pour apprécier ces monuments d’une littérature et d’un art que nous concevons désormais en eux-mêmes et sous leur forme accomplie, sans leur demander autre chose que ce qu’ils sont.
Masséna eut ordre de se porter sur Naples et courut à un triomphe facile.
Quelques-uns de ces petits tableaux ont fort réussi : je ne saurais oublier, entre autres, la Bibliothèque en vacances, gaie et légère satire littéraire où nous sommes tous : je la sépare expressément des chapitres qui suivent, et où l’auteur s’est donné le plaisir trop facile de railler des hommes utiles et des savants respectables.
La satisfaction dut être grande pour Jomini ; il était dès sa première campagne au comble de ses vœux : lui, l’homme de la science, le théoricien enthousiaste du grand art, il se voyait du premier coup initié dans le secret et l’exécution d’une des plus belles manœuvres que le génie militaire pût concevoir ; il lui était donné d’y assister, d’en toucher pour sa part et d’en faire mouvoir quelques-uns des principaux ressorts ; mais le rôle n’était pas facile et impliquait à chaque instant bien des délicatesses.
Que les faciles et soudains mouvements de cette âme se ralentissent et se perdent ; que ce jeu de physionomie devienne calculé et de pure convenance ; qu’on sourie, qu’on éclate, qu’on grimace, qu’on fasse la folle à tout propos, et voilà la Muse devenue une femme à la mode, sotte, minaudière, insupportable ; c’est à peu près ce qui arriva de l’art au xviiie siècle.
Il est arrivé à ne distinguer que difficilement les poids avec lesquels il fait de la gymnastique, à ne reconnaître qu’avec un effort les gros des moyens, les moyens des petits. » « L’attention, cette prise de possession intelligentielle de ce qui se passe autour de nous, cette opération si simple, si facile, si alerte, si inconsciente de la santé des facultés cérébrales, l’attention, il n’en est plus le maître.
La religion leur fut moins utile qu’aux peuples du Nord, parce qu’ils étaient beaucoup plus corrompus, et qu’il est plus facile de civiliser un peuple ignorant, que de relever de sa dégradation un peuple dépravé.
Une forte, fine psychologie, vécue et sentie, non livresque et scénique, d’où l’émotion sortait d’elle-même sans violences et sans ficelles, voilà le mérite éminent des trois œuvres principales976 qu’il a écrites, où par surcroît il a mis toutes les grâces de son esprit et sa forme exquise de style : Révoltée, d’abord, où des parties supérieures semblaient réaliser soudain le théâtre qu’on cherchait, expression intense et simple de la vie intérieure : le Député Leveau (1891), étude vraie encore, peut-être plus facile et plus grosse ; le Mariage blanc (1891), hypothèse psychologique d’une infinie délicatesse et d’une profondeur morale qui ont été méconnues.
L’œuvre, lui serait presque facile (il n’ignore ni le platonisme de la Grèce, ni le soufisme de la Perse, ni le brahmanisme de l’Inde, ni le bouddhisme du Thibet) ; et elle serait au plus haut degré intéressante et même actuelle.
Au milieu des intrigues où s’agite le parti du prince de Condé, La Rochefoucauld n’est à l’aise que dans le combat, l’épée à la main, quand il n’y va que de sa vie, qu’il lui était plus facile de sacrifier que de fixer.
Un Brummel répugne à ce moyen facile de conquérir.
On écrivait très peu ; les docteurs juifs de ce temps ne faisaient pas de livres : tout se passait en conversations et en leçons publiques, auxquelles on cherchait à donner un tour facile à retenir 268.
Il y a de l’excès, de la charge assurément dans tout l’ensemble ; mais c’est une charge qu’il est facile de ramener au vrai, et dans le sens juste de l’humaine nature.
Les Grecs qui, par un singulier bonheur et un allégement facile de l’esprit, n’eurent d’autres classiques qu’eux-mêmes, étaient d’abord les seuls classiques des Romains qui prirent peine et s’ingénièrent à les imiter.
Il a le sentiment prompt, facile, l’expression nette et simple, parfois émue.
Elle mêlait dans toute sa conversation une douceur qu’on ne trouvait point dans toutes les autres personnes royales : ce n’est pas qu’elle eût moins de majesté, mais elle en savait user d’une manière plus facile et plus touchante, de sorte qu’avec tant de qualités toutes divines, elle ne laissait pas d’être la plus humaine du monde.
En le quittant, je ne pus m’empêcher de lui paraître vivement touché de ses peines : « Vous y ajoutez, me dit-il, le regret de ne vous avoir fait aucun bien, lorsque cela m’eût été si facile. » Peu de temps après, il obtint la permission d’être transporté à Paris.
Franklin n’est pas géomètre, il est purement physicien ; ses travaux en ce genre ont un caractère de simplicité, d’analyse fine et curieuse, d’expérience facile et décisive, de raisonnement clair et à la portée de tous, de démonstration lumineuse, graduelle et convaincante : il va aussi loin qu’on le peut avec l’instrument du langage vulgaire et sans l’emploi du calcul et des formules.
. — L’objet matériel animé d’une vie mystérieuse, qui est peut-être l’invention la plus originale des romantiques et d’où est venue toute la poésie symbolique, est devenu chez Zola, souvent, du moins, une véritable caricature lourde, grossière et puérile et la « solennité de l’escalier » d’une maison de la rue de Choiseul a défrayé avec raison la verve facile des petits journaux satiriques. — La simplification de l’homme, réduit à une passion unique et dépouillé de sa richesse sentimentale et de sa variété sensationnelle, est devenue, chez Zola, une simplification plus indigente encore et plus brutale ; chaque homme n’étant plus chez lui qu’un instinct et l’homme descendant, en son œuvre, on a dit jusqu’à la brute et il faut dire beaucoup plus bas, tant s’en fallant que l’animal soit une brute et que chaque animal n’ait qu’un instinct.
L’assurance, où on les voit, d’être semblables à ce qu’ils imaginent, achève de les rendre ridicules et fait d’eux, en même temps, des dupes faciles entre les mains de qui sait flatter leur manie.
Mais il faudrait savoir animer les choses mortes ; et le nombre de ceux qui savent conserver la vie aux choses qui l’ont reçue, est facile à compter.