En écrivant au docte Bouhier, il a soin de choisir ses exemples dans Horace et chez les Anciens : il n’y a rien là, ce semble, que de naturel et d’un heureux à-propos125. […] Voici le portrait que trace de M. de Valincour Saint-Simon qui, d’ordinaire, ne flatte guère son monde : « C’était un homme d’infiniment d’esprit, et qui savait extraordinairement ; d’ailleurs, un répertoire d’anecdotes de Cour où il avait passé sa vie dans l’intrinsèque, et parmi la compagnie la plus illustre et la plus choisie ; solidement vertueux et modeste, toujours dans sa place, et jamais gâté par les confiances les plus importantes et les plus flatteuses : d’ailleurs très-difficile à se montrer, hors avec ses amis particuliers, et peu à peu, très-longtemps, devenu grand homme de bien.
Entre toutes les scènes si finement assorties et enchaînées, la principale, la plus saillante, celle du milieu, quand, un soir d’été, à Faverange, pendant une conversation de commerce des grains, Édouard aperçoit Mme de Nevers au balcon, le profil détaché sur le bleu du ciel, et dans la vapeur d’un jasmin avec laquelle elle se confond, cette scène de fleurs données, reprises, de pleurs étouffés et de chaste aveu, réalise un rêve adolescent qui se reproduit à chaque génération successive ; il n’y manque rien ; c’est bien dans ce cadre choisi que tout jeune homme invente et désire le premier aveu : sentiment, dessin, langue, il y a là une page adoptée d’avance par des milliers d’imaginations et de cœurs, une page qui, venue au temps de la Princesse de Clèves, en une littérature moins encombrée, aurait certitude d’être immortelle. […] Mais dit-on jamais tout dans des lettres, et surtout quand on écrit à une Mme Swetchine, n’est-ce pas le cas ou jamais de se composer un peu et de choisir ?
À Mende37, l’évêque, seigneur suzerain du Gévaudan depuis le onzième siècle, choisit les conseils, les juges ordinaires et d’appel, les commissaires et syndics du pays », dispose de toutes les places « municipales et judiciaires », et, prié de venir à l’assemblée des trois ordres de la province, « répond que sa place, ses possessions et son rang le mettant au-dessus de tous les particuliers de son diocèse, il ne peut être présidé par personne, qu’étant seigneur suzerain de toutes les terres et particulièrement des baronnies, il ne peut céder le pas à ses vassaux et arrière-vassaux », bref qu’il est roi ou peu s’en faut dans sa province. […] Souvent, ayant fondé l’église, il en est le patron, choisit le curé, prétend le conduire ; dans les campagnes, on le voit avancer ou reculer à sa fantaisie l’heure des messes paroissiales.
Au moins le poète du xiie siècle sait-il choisir, et retrancher, et abréger : au moins voit-il quelque chose par-delà les faits, il a aperçu la grandeur pathétique du premier péché et du premier crime, et il a tâché de rendre quelque chose des sentiments intimes des acteurs. […] Les sociétés littéraires qui devinrent si nombreuses à partir du xiie siècle, les puys, la choisirent à l’ordinaire pour patronne ; un genre même de poème lyrique, le serventois, lui fut consacré dans les concours.
Michel Sedaine (1719-1797) ; Œuvres choisies, 1813, 3 vol., in-18. […] Théâtre, 1763-1772, 10 vol. in-8 ; 1813, 3 vol. in-12 (théâtre choisi) : Mémoires et correspondance littéraires, Paris, 1808, 3 vol. in-8.
Le reste, c’est de la fripouille. » Je ramasse ces perles sans les choisir. […] Or, devinez, je vous prie, quelle mère il est allé lui choisir ?
Joubert eut sa période de Diderot dans laquelle il essaya tout ; plus tard il choisit. […] Chateaubriand prend pour matière le ciel, la terre et les enfers : Saint-Pierre semble choisir ce qu’il y a de plus pur et de plus riche dans la langue : Chateaubriand prend partout, même dans les littératures vicieuses, mais il opère une vraie transmutation, et son style ressemble à ce fameux métal qui, dans l’incendie de Corinthe, s’était formé du mélange de tous les autres métaux.
s’en aller précisément choisir pour patron celui à qui l’on prêtait l’établissement de l’Inquisition, la croisade des Albigeois ! […] Je laisse à cette grande renommée d’Érasme la gloire de la science et de l’esprit, mais je ne cesserai jamais de revendiquer sous ce nom le droit du bon sens fin et mitigé, de la raison qui regarde, qui observe, qui choisit, qui ne veut point paraître croire plus qu’elle ne croit ; en un mot, je ne cesserai jamais, en face des philosophies altières et devant la foi même armée du talent, de stipuler le droit, je ne dis pas des tièdes, mais des neutres.
Ginguené, et plus d’une fois il m’a fait passer d’heureux moments, lorsqu’il consentait, avec une petite société choisie, à accepter un souper dans ma famille. […] Entre ces deux inspirations, pour nous intéresser vraiment, il faudrait choisir.
Il court rapidement sur les temps barbares et stériles, et sur ceux de ses ancêtres dont on ne sait que les noms ou quelques traits insignifiants : « Il en est, dit-il, des histoires comme des rivières, qui ne deviennent importantes que de l’endroit où elles commencent à être navigables. » Il choisit le français de préférence à toute autre langue, parce que « c’est, dit-il, la langue la plus polie et la plus répandue en Europe, et qu’elle paraît en quelque façon fixée par les bons auteurs du siècle de Louis XIV ». […] Tout étranger qu’il est, il sait choisir ses expressions en esprit juste qui mesure ou plie la langue à sa pensée.
Il faut choisir quelque occupation géométrique qui demande beaucoup d’application, pour écarter autant que l’on peut des idées funestes qui se renouvellent sans cesse, et qu’il faut éloigner le plus possible. […] Dans une édition choisie des Œuvres de Frédéric qui se ferait à l’usage des bons esprits et des gens de goût, pour ne pas tomber dans le fatras dont le voisinage gâte toujours les meilleures choses, je voudrais n’admettre que ses histoires, deux ou trois de ses dissertations tout au plus, et ses correspondances : ce serait déjà bien assez des vers qui se trouvent mêlés à ses lettres, sans y ajouter les autres.
Ce que je préfère et ce que je choisis dans tout le volume de M. […] Octave Lacroix66, m’en fournit tout un frais bouquet où je n’aurais qu’à choisir.
On choisit exprès le moment où le roi d’Espagne était à l’armée et séparé de la reine, craignant que celle-ci par son désespoir ne fît obstacle à l’exécution. […] Geffroy, dans lesquelles elle sollicite et remue ciel et terre pour arriver à être choisie.
Les grandes et classiques parties de la littérature française ayant été explorées mainte fois et étant depuis longtemps, en quelque sorte, au pouvoir des maîtres, il s’est ingénieusement établi et posté sur la frontière ; il a choisi de ce côté sa province. […] François de Sales n’était encore que coadjuteur de l’évêque de Genève ; Henri IV ne négligea rien pour se l’attacher : « Il me fit des semonces d’arrêter en son royaume qui étaient capables de retenir, non un pauvre prêtre tel que j’étais, mais un bien grand prélat. » François de Sales fit alors, tant à Fontainebleau devant le roi que dans les principales chaires de Paris, des prédications nombreuses ; il fut choisi pour prononcer l’oraison funèbre du duc de Mercœur, qui mourut vers ce temps-là.
Je ne crois donc pas à la fin du monde après la destruction de ce qui est aujourd’hui, cependant je suis intrigué de savoir quelle pourra être la physionomie d’un monde, aux bibliothèques, aux musées pétrolés, et dont l’effort sera de choisir pour se gouverner, les incapacités les plus officiellement notoires. […] Là, Hugo a un morceau de la plus haute éloquence, qu’il termine par ces mots : « Oui, je le sais, le défaut c’est l’élection par les membres en faisant partie… Il y a dans l’homme une tendance à choisir son inférieur… Pour que l’institution fût complète, il faudrait que l’élection fût faite sur une liste présentée par l’Institut, débattue par le journalisme, nommée par le suffrage universel. » Sur cette thèse, qui semble un de ses habituels morceaux de bravoure, il est, je le répète, très éloquent, plein d’aperçus, de hautes paroles, d’éclairs.
Je demanderai donc à cet artiste, si vous aviez choisi pour modèle la plus belle femme que vous connussiez, et que vous eussiez rendu avec le plus grand scrupule tous les charmes de son visage, croiriez-vous avoir représenté la beauté. […] Votre ligne n’eût pas été la véritable ligne, la ligne de beauté, la ligne idéale, mais une ligne quelconque altérée, déformée, portraitique, individuelle ; et Phidias aurait dit de vous : (…) vous n’êtes qu’au 3e rang après la belle femme et la beauté : il y a, entre la vérité et son image, la belle femme individuelle qu’il a choisie pour modèle.
Cette date de soixante et dix ans qu’on donne pour époque à ce renouvellement prétendu des esprits est mal choisie. […] Il faut bien que les uns ou les autres, quoique guidez par la même logique, se méprennent sur l’évidence de leurs principes, qu’ils les choisissent impropres à leur sujet, ou bien enfin qu’ils en tirent mal les conséquences.
Ce n’est pas pour rien qu’elle s’est choisi ce nom de Daniel Stern. […] VI Stern a choisi celle des Pays-Bas pour nous en faire l’histoire.
Joseph de Maistre et Saint-Bonnet ont pu choisir chacun la sienne. […] Mais si l’on entend par ce mot de marguillier, mal choisi pour tout le monde, ce que je ne veux pas comprendre, je dirai, moi, à son critique, qu’il est marguillier comme Platon — lequel, du reste, avait vendu de l’huile — était épicier.
Si la philosophie de l’âme est antique en Angleterre, si la littérature y a choisi pour objet l’histoire du cœur, la cause en est dans le caractère réfléchi et concentré de la nation. […] Au dernier instant, ayant pratiqué des digestions artificielles, il a observé qu’elles sont une fermentation chimique des aliments imprégnés par le suc gastrique ; au dernier instant, ayant observé des hallucinations et des représentations choisies, vous avez conclu qu’elles sont les apparences fausses d’un fait inconnu que vous constatez et que vous cherchez à définir.
Je reviendrai tout à l’heure. » Un de ses serviteurs l’appelait, pour qu’il put voir les victimes choisies ; car il se trouvait qu’il était occupé à sacrifier. […] Le soir, on choisit deux cents Rhodiens qui lançaient des balles de plomb avec leurs frondes, et deux fois plus loin que les Perses, et on leur donna de l’argent pour ce service. […] En véritable Athénien, il ne peut souffrir les termes bas et vulgaires : il veut que le discours soit riche et choisi. […] Mais le philosophe voulait peindre un esprit tout philosophique ; il a montré dans Théétète l’auditeur qu’il aurait choisi. […] C’est une femme qui parle ; il est naturel qu’elle ait bien choisi ; d’ailleurs elle faisait un roman.
L’auteur a choisi dans deux histoires réelles ; il a combiné, transposé, interverti à certains égards les situations et les rôles, mais pour mieux traduire les sentiments.
Godefroy, qui, parlant de la chambre de Malherbe où il y avait six chaises et de la tyrannie que le poëte-grammairien y exerçait, a bien osé comparer cela au salon de l’Abbaye quand M. de Chateaubriand y était : « Dans ce petit cercle d’intimes choisis, il (Malherbe) trônait en roi : il fallait l’écouter et ne prendre la parole que pour l’approuver absolument.
Le monde restreint, choisi par M.
Il vit sous l’œil de Dieu, il se sent choisi et sacré par Dieu.
L’auteur de ce recueil n’est pas de ceux qui reconnaissent à la critique le droit de questionner le poëte sur sa fantaisie, et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source.
Il fut admis à ces assemblées choisies, qui se tenoient au Temple.
L’Europe, par le plus heureux des contrastes, présentait au poète le peuple pasteur en Suisse, le peuple commerçant en Angleterre, et le peuple des arts en Italie : la France se trouvait à son tour à l’époque la plus favorable pour la poésie épique ; époque qu’il faut toujours choisir, comme Voltaire l’avait fait, à la fin d’un âge, et à la naissance d’un autre âge, entre les anciennes mœurs et les mœurs nouvelles.
C’est cette seconde manière, renforcée de métaphysique et de science, que choisissent M.
Homme de son temps et, il faut bien le dire, de sa fonction, Feugère n’a pas choisi par simple caprice d’intelligence cette vie d’Henri Estienne pour nous la raconter et cet ouvrage de la Conformité du langage français avec le grec 8 pour nous en donner une édition qu’on ne lui demandait pas.
ce sont des contes, — mais des contes de vérité humaine, et d’une réalité toujours touchante, et quelquefois saignante ; car une gouttelette de sang y rose parfois l’eau des larmes… IV Je ne sache rien de plus humain, et de plus humain dans la noblesse de la nature humaine, que ces histoires, qui sont pourtant de la réalité, mais de la réalité choisie, et, sous leur forme fruste, — contraste délicieux !
On ne choisit pas ceci, on ne laisse pas cela.
Mais, d’autre part, il quitte le milieu intellectuel qu’il s’est choisi, auquel il s’est adapté, où la liberté d’esprit est absolue (du moins il le croit), où les préoccupations sont purement abstraites (du moins s’il en est de matérielles, comme il en ressent l’importance, il les excuse), et cette atmosphère, inférieure selon lui, où il se plonge, est encore faite plus médiocre par cette besogne monotone d’examiner des jeunes gens, et par la nécessité de se mettre en relations avec des fonctionnaires de toute sorte.
Il ne s’agit pas de choisir entre deux maux, mais de discerner le moindre mal : M. […] Pierre Lasserre et qu’il définit à l’aide d’exemples soigneusement choisis. […] Henry Bordeaux a su pourtant faire agir et aimer ses personnages d’accord avec les beaux paysages méditerranéens qu’il a choisis. […] Il suivait, au travaux, ses livres, ses articles sur la tuberculose — choisie avec un sens très aigu de l’actualité — l’ont rendu bientôt célèbre. […] Et c’est justement le moment de cette crise mystique que choisit la famille Maugien pour la marier à un brutal pourvu de rentes, un viveur très vulgaire.
Ne choisissons pas dans les poëtes les plus anciens et les plus célèbres. […] Leibnitz a remarqué la sagacité politique qui avait fait choisir à ce prince l’Égypte pour centre de la guerre qu’il portait en Orient. […] Le livre qu’a choisi M. […] On ne tirera pas de cette époque un livre de plus à mettre dans la bibliothèque choisie du genre humain. […] Parmi ces variantes, nous ne choisirons le texte le plus ancien qu’autant qu’il pourra facilement être saisi par cet auditoire.
Daudet a choisie pour cadre à son dernier roman, et dont il a mêlé le mouvement de fabrication et d’affaires au développement de son intrigue. […] À ce double point de vue, nous choisirons entre tous ces romans deux épisodes qui se font suite, le Mariage de Juliette et Une Belle-Mère. […] On demandera pourquoi cette continuité du détail fatigue et pourquoi cette nécessité de choisir s’impose ? […] C’est madame Bovary, la mère, négociant le mariage de son fils : « Madame Dubuc ne manquait pas de partis à choisir. […] Nous avons essayé de tout résumer en quatre mots : les procédés de Flaubert convenaient admirablement au sujet qu’il avait choisi ce jour-là.
C’est-là ce qui s’appelle un sujet heureusement choisi : le tribunal décidera s’il est bien traité. […] D’un sujet bien choisi voulez-vous faire usage ? […] Le premier devoir du Poëte Epique est de bien choisir son sujet. […] Il eût mieux choisi ses fictions & ses épisodes. […] Bien choisir & bien rendre : voilà tout le secret des arts d’imitation.
L’œuvre que le succès exalte n’est pas choisie moins au hasard que l’hostie par les doigts du prêtre ; mais sa divinité n’en est pas moins certaine, du moment qu’elle a été choisie. […] Ceux qui devaient être dévorés, Dieu les avait choisis et marqués de toute éternité. […] Cela revient à dire qu’entre deux maux, fidèle au chemin de velours, le Jésuite conseille de choisir le moindre. […] On ne la laissait pas libre, ou bien rarement, de choisir son mari ; mais elle choisissait son amant, et à un âge où c’est un pur plaisir d’amour bien plus encore qu’une nécessité sexuelle. […] La plupart, engagées à choisir entre une œuvre moralisante, donc médiocre, et une œuvre belle, mais trop libre, n’ont pas voulu choisir.
Je puis vivre, combattre, aimer avec lui, et je n’aurais aucune aversion à le choisir pour mon compagnon, mon maître et mon seigneur. […] Il a oublié de choisir parmi les représentations diverses que son imagination s’est créées de la personne de don Quichotte. […] Pas du tout : il a choisi la plus pauvre de toutes les noblesses, la plus conforme à sa condition de simple hidalgo, celle de chevalier errant. […] Son meilleur ami est un gentilhomme de rang inférieur, Horatio, qu’il a choisi parce qu’il a reconnu en lui un esprit libre. […] Sans doute un miracle avait été nécessaire à un moment donné, et lui, indigne, avait été choisi pour être l’instrument de ce miracle ?
Et les sons retentissent à nos oreilles, puis s’évanouissent avec le mouvement net et élégant que le langage choisi d’un artiste a su leur communiquer. […] La salle que nous avions choisie était assez petite ; les commandes pour le dîner étaient fort restreintes, parce que nous ne comptions que sur la présence d’un petit nombre d’amis. […] « J’ai choisi le parti le plus prudent, naturellement, mais je vous avouerai qu’il m’a beaucoup coûté de quitter mes hommes. […] Parmi tous ces livres, il choisit le fruit de mes veilles et de mes rêves. […] J’eus donc le temps de réfléchir et de choisir à mon aise une place qui me permît de bien voir.
Du fond du sol sacré, par des fissures imperceptibles, l’affinité mystérieuse qui choisit au vaste chaos de l’univers avait conduit là ce qui brille, ce qui chatoie, ce qui demeure. […] Presque tous sont bien choisis, sans excès de caricature. […] Il pouvait incendier les maisons, égorger les hommes, choisir sa proie dans le troupeau des femmes. […] Paul Bourget, fort expert à choisir ses décors, ait encadré son drame dans cette magnificence de lumière, de luxe, de femmes et de fleurs ? […] Réduits à choisir entre l’amour et l’amitié, ils choisissent l’amitié.
Sardou a choisi Scribe pour son maître, il est responsable de ce choix ; et d’ailleurs il ne s’en défend pas. […] Il est plus facile après tout de choisir sa mort que de refaire sa vie. […] Et il doit inventer aussi des événements, les choisir tels qu’ils soient de nature à nous intéresser, les présenter sous une forme saisissante. […] Un auteur nous doit compte, non du système qu’il a choisi, mais de l’application qu’il en a faite. […] Ils choisissent de préférence les caractères les plus médiocres, mous et veules, sans force, sans résistance : ils ne nous montrent que des êtres neutres.
Si mes pauvres ouvrages sont condamnés à périr, la faute n’en est donc point au genre littéraire que j’ai choisi ; je n’en dois accuser que leur insuffisance, très probablement. […] Les recueils de morceaux choisis sont, à coup sûr, extrêmement précieux. […] Le théâtre de Voltaire et celui de Corneille ont leurs scènes choisies, leurs beautés séparables : le théâtre de Racine n’en a point. […] Je ne crois pas qu’il soit possible d’exagérer le rôle et l’influence de la paresse dans le triage que fait la postérité pour établir l’édition définitive des œuvres choisies de ses grands hommes. […] Sainte-Beuve explique par des dates maladroitement choisies l’infortune littéraire du pauvre Chênedollé, dont la réputation n’égale point le mérite.
Taine a choisi ses matériaux avec une partialité sereine dont je suis étonné. […] Pierre Loti a choisie pour conter ce qu’il lui souvient du matin de sa vie. […] Ils choisirent un titre de leur invention : La Semaine littéraire. […] Morceaux choisis, avec un portrait, par James M. […] Que choisirai-je ?
Si la foi et la vision sont des grâces accordées par la faveur à des âmes choisies, c’est que les facultés naturelles sont incapables de s’élever à des révélations égales. […] Il a choisi pour femme une ménagère dévote, soumise par religion, par délicatesse et par bêtise, qui lui laisse prendre ses épargnes et évite de lui demander un sou. […] Joseph en sortit plein d’angoisses, obsédé du besoin d’une religion, ne sachant laquelle choisir, et peu de temps après, s’étant retiré dans un petit bois, il eut une vision. […] Il choisit un emplacement, traça le plan des rues, laboura la terre, planta le froment, et revint au camp. […] Après avoir parcouru l’univers d’un regard, il choisit Majadévi, et descendit en elle comme un rayon lumineux de cinq couleurs, sans qu’elle eût eu commerce avec un homme.
D’ailleurs il m’importe de détruire les préventions qu’elles ont répandues : car si je fus entravé dès mes premiers pas par divers obstacles, je n’en fus jamais découragé, et je ne perdis en aucun temps le souvenir de la faveur protectrice du public impartial dont je me regardai comme le disciple, l’ayant choisi pour mon seul maître. […] La folie la plus absurde, pourvu qu’elle soit très gaie, leur sert fréquemment de support : elles admettent les caractères, mais elles les choisissent dans la basse bourgeoisie et parmi le menu peuple : elles en chargent le maintien et les attitudes, et poussent le rire jusqu’aux éclats. […] Ce n’est pas tout qu’un fait créé ou trouvé soit la base d’un ouvrage, si l’auteur ne le choisit selon la forme que doit avoir son drame. […] Il faut donc que le sujet choisi avec art porte sur des choses que le vulgaire n’ignore pas, et sur des personnages de nations, de mœurs, et de professions bien connues. […] Au contraire, le personnage du méchant fut mal choisi par Gresset, pour caractère principal, puisqu’il en fit l’unique support de sa comédie.
Nous pourrions remarquer et choisir plus d’un de ces articles de début ; mais aucun ne nous paraît plus caractéristique de cette première manière, déjà si ferme et si sûre, que celui qu’il écrivit sur la brochure de M. de Montlosier, ou, comme il l’appelle, sur ce long cauchemar de 300 pages, intitulé De la Monarchie française au 1er mars 1822. […] L’Angleterre fut si peu révolutionnaire à cette époque, que, respectant autant qu’il se pouvait le droit antique, elle choisit la famille la plus proche parente du prince déchu. » Tout ceci visait de près à la prophétie. […] Il n’a qu’à choisir entre ses aptitudes et ses verves, ou plutôt elles ne lui laissent pas le temps de choisir ; la fertilité de son esprit l’amuse lui-même.
On choisit le siècle et le pays comme l’on veut ; les unes sont gothiques, les autres grecques, les autres romaines. […] … Je ne vous aurais pas choisie peut-être ; cependant je me trouve heureux que ce soit vous qui daigniez prendre ce soin. […] Mais n’oubliez pas, pour vous la figurer aussi jolie qu’elle l’est, une certaine transparence dans le teint ; je ne sais quoi de satiné, de brillant, que lui donne souvent une légère transpiration ; c’est le contraire du mat, du terne ; c’est le satiné de la fleur rouge des pois odoriférants. » On commence de tous côtés à faire la cour à Cécile ; elle n’a qu’à choisir entre les amants : un cousin ministre, un Bernois de mérite… ; mais, décidément, le préféré de la jeune fille est un petit milord en passage, qui lui fait la cour assez tendrement, mais ne se déclare pas. […] Pourquoi ne réimprimerait-on pas dans le pays, sous le titre d’Œuvres choisies de Mme de Charrière, Caliste, les Lettres Neuchâteloises et les Trois Femmes ?
En 1628, la Faculté de médecine le choisit pour faire le discours latin d’apparat, proprement dit le paranymphe, qui était d’usage à la réception des licenciés ; c’était une grande solennité scholaire. […] Nouveau Recueil de Lettres choisies de Guy Patin, tome V, page 283. […] « Et lorsque Campanella eut dessein de se faire roi de la Haute-Calabre, il choisit très à propos pour compagnon de son entreprise un frère Denys Pontius, qui s’était acquis la réputation du plus éloquent et du plus persuasif homme qui fût de son temps… etc. » (Naudé, Coups d’État, chap. […] Lettres choisies de Guy Palin, tome I, page 35.
. — Derrière le carrosse et sur les flancs courent les gardes du corps, avec l’épée et la carabine, en culottes rouges, grandes bottes noires, habit bleu couturé de broderies blanches, tous gentilshommes vérifiés ; il y en a 1 200, choisis à la noblesse et à la taille ; parmi eux sont les gardes de la manche, plus intimes encore, qui, à l’église, aux cérémonies, en hoqueton blanc étoilé de papillotes d’argent et d’or, ayant en main leur pertuisane damasquinée, sont toujours debout et tournés vers le roi « pour avoir de toutes parts l’œil sur sa personne ». […] Hommes et femmes, on les a choisis un à un ; ce sont tous des gens du monde accomplis, ornés de toutes les grâces que peuvent donner la race, l’éducation, la fortune, le loisir et l’usage ; dans leur genre, ils sont parfaits. […] Des valets de garde-robe apportent le reste de l’habillement ; le grand maître de garde-robe passe au roi la veste et le justaucorps, lui attache le cordon bleu, lui agrafe l’épée ; puis un valet préposé aux cravates en apporte plusieurs dans une corbeille, et le maître de garde-robe met au roi celle que le roi choisit. Ensuite un valet préposé aux mouchoirs en apporte trois dans une soucoupe, et le grand maître de garde-robe offre la soucoupe au roi, qui choisit.
Il choisit une idée générale, la ruse, la sottise, la sévérité, et en fait un personnage. […] Tantôt c’est un vice choisi dans les catalogues de la philosophie morale, la sensualité acharnée après l’or ; cette double inclination perverse devient un personnage, sir Épicure Mammon ; devant l’alchimiste, devant le famulus, devant son ami, devant sa maîtresse, en public ou seul, toutes ses paroles expriment la convoitise du plaisir et de l’or, et n’expriment rien de plus121. […] Tibère choisit sous main les accusateurs de Latius et leur fait distribuer leurs rôles. […] » Sir Dauphine choisit deux fripons qu’il déguise, l’un en ecclésiastique, l’autre en légiste, qui se lancent à la tête des termes latins de droit civil et de droit canonique, qui expliquent à Morose les douze cas de nullité, qui font tinter à ses oreilles, coup sur coup, les mots les plus rébarbatifs de leur grimoire, qui se querellent, et qui font à eux deux autant de bruit qu’une paire de cloches dans un clocher.
Dante le choisit pour guide dans l’autre monde, et jusqu’au seuil du paradis. […] C’est l’Andromaque d’Hector agenouillée sur une tombe vide, gardant un amour unique et la fidélité du coeur dans l’involontaire infidélité d’un corps d’esclave ; l’amoureuse amitié de Nisus et d’Euryale ; Pallas, ou la grâce de la jeunesse fauchée ; la blonde amazone Camille, la jeune aïeule des « travestis » héroïques, de Clorinde à Jeanne d’Arc… Et c’est, partout, l’ombre de la grande Louve, la majesté du peuple romain, régulateur et pacificateur du monde, le sentiment de sa mission, de sa « vocation » terrestre, crue et révérée comme un dogme religieux : Excudent alii… Tout cela ramassé, condensé en expressions choisies, d’une brièveté profondément significative, et qui se prolongent et qui retentissent dans le coeur et dans l’imagination. […] Quand il choisit Francisque Sarcey pour son oncle, ce ne fut point ironie pure. […] S’il fut de l’Académie, elles revendiquent le droit de lui choisir seules son successeur, car son fauteuil leur appartient.
Béranger, au commencement, s’est choisi un auditoire restreint, un auditoire borné, non seulement par les frontières de la nation que le chansonnier célèbre, mais par la condition sociale et par les opinions partielles de cette fraction du pays. […] XXII Or pourquoi la chanson avait-elle été choisie par Béranger pour devenir ainsi l’écho du sentiment des pensées, des haines, des amours, des conspirations du peuple et de l’armée ? C’est que la nature des choses avait choisi d’elle-même et avant lui ce mode de propagande des instincts du peuple et du soldat. […] XXIV Il ne faut donc nullement s’étonner qu’un esprit de la plus exquise délicatesse, tel qu’était Béranger, ait choisi la forme de la chanson pour se faire l’écho, mais l’écho héroïque de la nation.
Il semble de bonne heure se l’être choisi et promis pour successeur, dès qu’il aura pourvu aux difficultés les plus pressantes. […] Ainsi préparez-vous d’avance à choisir quelqu’un qui puisse dissoudre des engagements que nous ne pouvons plus remplir.
Bientôt le danger devient inévitable : on n’a qu’à choisir entre l’alternative d’être pris sur l’eau en se rendant aux galères du Soudan, ou d’être massacré par les Sarrasins en débarquant à terre. […] Joinville tremble, et il peut choisir, pour expliquer son tremblement, de la peur ou de la fièvre ; il peut dire comme Bailly : « Je tremble, mais c’est de froid. » Mot sublime !
En fille pieuse, elle obéit, mais elle ne put s’empêcher de dire : « Je suis donc l’agneau politique qui vais être sacrifié pour le pays. » L’agneau, quand on la connaît, peut paraître un terme singulièrement choisi pour une si forte victime ; mais la comparaison reste juste, tant le cœur chez elle était tendre et était bon. […] Elle s’était choisi trois jours par semaine pour ce salutaire usage : « Après une visite à mon fils, dit-elle (27 novembre 1717), j’ai été me mettre à table, et après dîner j’ai pris ma Bible et j’ai lu quatre chapitres du livre de Job, quatre psaumes et deux chapitres de saint Jean.
Cette édition de Cowper et cette biographie par Southey, et de plus l’édition donnée par le révérend Grimshawe (1850), fournissent les documents d’une étude complète, ou, pour mieux, dire, cette étude est déjà faite par Southey lui-même : mais la correspondance de Cowper, qui égale en mérite et en pensée ses œuvres poétiques, et qui est encore plus naturelle et surtout plus aisée, offre une lecture où chacun peut choisir sa matière de réflexion et ses coins d’agrément. […] Newton, homme révéré par un troupeau choisi.
— De même qu’en musique le sentiment dominant du musicien choisit dans la variété des sons ceux qui lui conviennent et donnent à tout l’ensemble un motif unique, de même il doit y avoir dans l’être intelligent et moral un sentiment ou une idée dominante qui soit le centre ou le motif principal ou unique de tous les sentiments ou actes de la vie. […] Je ne sais laquelle choisir dans ces pages où l’on aperçoit insensiblement la transition du philosophique au mystique, le passage de Marc Aurèle à Fénelon ; c’est la continuité même qui en fait le prix et le charme.
On a noté, d’après les Mémoires de Perrault, le moment où les séances de l’Académie devinrent publiques pour le beau monde, pour la fleur des courtisans, dans la salle du Louvre ; ce fut Fléchier qui inaugura le compliment ou discours de réception débité solennellement devant un cercle choisi (1673). […] Bien choisi, pris dans son cadre, touché avec goût et avec bienséance, l’éloge académique, le discours académique a son prix.
Je ne sais si Mmc Swetchine a positivement désiré qu’il fût tant parlé d’elle après elle ; mais, si elle l’a désiré un moment tout bas sans le dire, elle n’a pu mieux faire que de se choisir, comme elle l’a fait, M. de Falloux pour son exécuteur testamentaire et pour le dépositaire de ses papiers. […] Cousin et qui ne lui eussent pas été agréables, a incliné aussi, dans son dépouillement des lettres manuscrites concernant Mme Swetchine, à ne choisir que ce qui convenait à sa thèse.
C’était le moment où Rousseau était en passage à Paris, avant d’aller en Angleterre ; Horace Walpole fit, un soir, en rentrant de chez Mme Geoffrin, cette plaisanterie cruelle de la prétendue lettre d’invitation du roi de Prusse à Jean-Jacques, qui courut bientôt Paris et toute l’Europe, et où on lisait entr’autres ironies : « Si vous persistez à vous creuser l’esprit pour trouver de nouveaux malheurs, choisissez-les tels que vous voudrez ; je suis roi, je puis vous en procurer au gré de vos souhaits. » Walpole se raillait de Rousseau et le traitait en pur charlatan ; il se représentait aussi Mme de Boufflers comme ambitieuse elle-même d’être enlevée jusqu’au Temple de la Renommée en s’accrochant à la robe de l’Arménien philosophe. […] Il ne tenait plus de maison à proprement parler, et ne voyait qu’un petit nombre de personnes choisies qu’elle assemblait pour lui tenir compagnie et le distraire : c’étaient la maréchale de Luxembourg et sa petite fille la duchesse de Lauzun, la princesse de Poix et sa belle-mère la princesse de Beauvau, etc. ; en hommes, l’archevêque de Toulouse, Brienne ; M. de La Fayette (le nôtre), M. de Ségur, le chevalier de Boufflers, etc. ; je ne mentionne que ceux dont les noms signifient encore pour nous quelque chose.
M. de Harlay, en toutes ces démarches qui ont gravé à jamais son nom dans l’histoire de la Compagnie, était animé du noble désir de la servir, et aussi peut-être de la crainte que si l’Académie venait à se choisir, après le chancelier Séguier, un second protecteur au-dessous du trône, ce protecteur ne fût pas lui, encore si nouveau et l’un des derniers élus. […] Feuillet lui répondit qu’il n’en savait rien, mais que depuis peu il avait dit sur ce sujet à Monsieur (et l’on sait de quelle nature étaient les mœurs de ce prince) qu’il n’avait point besoin de confesseur en menant la vie qu’il mène à la Cour, et qu’il lui conseillait d’épargner les 6,000 livres qu’il donne à son confesseur qui ne sert qu’à le tromper, et qu’il valait bien mieux pour lui de les donner aux pauvres, afin de fléchir pour leurs prières la miséricorde de Dieu sur sa personne : après quoi, si Jésus-Christ lui donnait quelque sentiment de pénitence pour se convertir, il choisirait lui-même un homme de bien pour régler ses mœurs et la conduite de sa vie. — Ce discours, que la plupart des gens prendraient pour quelque chose de bien grave et de bien sérieux, parut à M. de Paris si agréable et si divertissant qu’il fut plus d’un bon demi-quart d’heure à en rire de tout son cœur. » 54.
non ; cette histoire des dernières années de la monarchie est sue depuis longtemps, et bien sue : il suffisait, pour l’embrasser et la saisir dans sa vraie suite et sa teneur, d’avoir l’esprit juste, appliqué, le cœur droit, de savoir choisir et démêler entre les divers témoignages et de ne se laisser entraîner à rien d’extrême, même en fait de pitié. […] On voit que son éducation à Vienne avait été classique en poésie et qu’on avait choisi les modèles, Esther, Athalie.
Elle écrivait d’Ormesson, le 7 juillet 1703, à Mme de Grignan ; — elle vient de parler de MM. de Boufflers et de Villars : « Mais, madame, je m’amuse à vous parler des maréchaux de France employés, et je ne vous dis rien de celui [Catinat] dont le loisir et la sagesse sont au-dessus de tout ce que l’on en peut dire ; il me paraît avoir bien de l’esprit, une modestie charmante ; il ne me parle jamais de lui, et c’est par là qu’il me fait souvenir du maréchal de Choiseul ; tout cela me fait trouver bien partagée à Ormesson : c’est un parfait philosophe, et philosophe chrétien ; enfin, si j’avais eu un voisin à choisir, ne pouvant m’approcher de Grignon, j’aurais choisi celui-là… » De son côté, Fénelon, en décembre 1708, énumérant toutes les qualités nécessaires à un général qui eût commandé une armée sous le duc de Bourgogne et qui, en même temps, lui eût servi de mentor, écrivait au duc de Chevreuse : « Il faudrait qu’au lieu de M. de Vendôme, qui n’est capable que de le déshonorer et de hasarder la France, on lui donnât un homme sage et ferme, qui commandât sous lui, qui méritât sa confiance, qui le soulageât, qui l’instruisît, qui lui fît honneur de tout ce qui réussirait, qui ne rejetât jamais sur lui aucun fâcheux événement, et qui rétablît la réputation de nos armes.
Depuis nous continuons à être sur le ton de l’amitié et de la cordialité ; à dire vrai, je crois qu’elle n’est, pas plus sincère d’un côté que de l’autre ; plus je les vois, et plus je suis convaincue que si j’avais à choisir un mari entre les trois, je préférerais encore celui que le Ciel m’a donné. […] J’étais si aise, vous voyant adonnée à la musique ; je vous ai si souvent tourmentée pour savoir vos lectures, pour cette raison ; depuis plus d’un an, il n’est plus question ni de lecture, ni de musique, et je n’entends parler que des courses de chevaux, des chasses de même, et toujours sans le roi, et avec bien de la jeunesse non choisie : ce qui m’inquiète beaucoup, vous aimant si tendrement.
Il s’était fait d’abord connaître dans le monde littéraire par des écrits d’une compilation utile et agréable ; mais ce ne fut que lorsqu’il eut choisi le vaste sujet de l’Histoire du commerce qu’il crut véritablement avoir rencontré sa veine et embrassé sa vocation. […] La plus bruyante fut à elle seule la voix de l’abbé Raynal, qui, de même que votre ami, a choisi ce lieu comme asile de liberté et de travail historique.
Depuis trois années le champ de la poésie est libre d’écoles ; celles qui s’étaient formées plus ou moins naturellement sous la Restauration ayant pris fin, il ne s’en est pas reformé d’autres, et l’on ne voit pas que, dans ces trois ans, le champ soit devenu moins fertile, ni qu’au milieu de tant de distractions puissantes les belles et douces œuvres aient moins sûrement cheminé vers leur public choisi, bien qu’avec moins d’éclat peut-être et de bruit alentour. […] Mais comme élégies passionnées, comme éclats de cœur et élancements d’amante, les premiers volumes de Mme Valmore ne nous laissent que l’embarras de choisir et de citer.
Ce hasard et cette fougue dans les impulsions, cette absence de direction et de conviction dans les idées, jointe au besoin de produire sans cesse, amènent de singulières alternatives de disette et de concurrence, des revirements bizarres dans les entreprises, un mélange d’indifférence pour les sujets à choisir et d’acharnement inouï à les épuiser. […] Les engouements, les banalités, les injustices dont est bientôt témoin le talent arrivé, et qui sont inévitables dans toute foule, même choisie, lui inoculent l’ironie et le découragent.
Ici une courge que la bonne Fée aurait choisie pour en faire un carrosse à Cendrillon, là des sacs de pommes et de poires qui embaumaient la chambre d’une douce odeur de fruits mûrs, ou des poulets montrant leur rouge crête par les barreaux de leur prison d’osier. […] Si j’avais à choisir entre les pièces pour achever l’idée du portrait, au lieu des joujoux gothiques déjà indiqués, au lieu des tulipes hollandaises et des miniatures sur émail de Japon qui ne font faute, je tirerais de préférence, du sixième livre intitulé les Silves, les trois pages de nature et de sentiment, Ma Chaumière, Sur les Rochers de Chévremorte, et Encore un Printemps.
Les préceptes de l’art tragique ne mettent pas aux sujets que l’on peut choisir autant d’entraves que les difficultés mêmes attachées à l’exigence de la poésie. […] Le travail de l’esprit se fait toujours apercevoir, avec quelque habileté qu’il soit ménagé ; et l’on n’est plus entraîné par ce talent, pour ainsi dire involontaire, qui reçoit une émotion au lieu de la chercher, qui s’abandonne à ses impressions au lieu de choisir ses moyens d’effet.
Dans le cas choisi comme dans mille autres semblables, nous ne pouvons-nous refuser à constater un progrès et une décadence. […] Puisqu’il est ainsi forcé de choisir et partant de juger, nous sommes ramenés à chercher d’après quels principes il doit se prononcer.
Mais le couple qu’il a choisi est trop grotesque pour servir d’exemple ; il n’excite qu’un rire méprisant, et le dégoût efface toute autre impression. […] Il faut avouer que Séraphita choisit étrangement son Séraphitus.
S’il fallait nommer à distance, parmi les membres de cette grande Assemblée, l’orateur qui la représenterait le plus fidèlement depuis le premier jusqu’au dernier jour, dans sa continuité et sa tenue d’esprit, dans sa capacité, dans son éclat, dans ses fautes, dans son intégrité aussi et dans l’œuvre de sa majorité saine, ce ne serait ni Mirabeau, trop grand, trop corrompu, enlevé trop tôt, qu’on devrait choisir, ni Maury, le Mirabeau de la minorité, ni La Fayette, trop peu éloquent, ni d’autres ; ce serait, pour l’ensemble de qualités qui expriment le mieux la physionomie de l’Assemblée constituante, ce jeune député du Dauphiné, Barnave. […] La popularité de Barnave n’était encore qu’à demi entamée, quand il fut choisi avec La Tour-Maubourg et Pétion, en qualité de commissaire de l’Assemblée, pour ramener à Paris Louis XVI fugitif, qu’on venait d’arrêter à Varennes.
Il se retrouve homme de lettres sur ce point : entre deux ridicules, selon lui, et deux inconvénients, il choisit le moindre, et, pour le coup, il dirait volontiers comme cet autre de ma connaissance : « J’ai, pour un homme de lettres, le malheur d’appartenir à une nation qui n’est jamais plus fière que quand elle a un pompon sur la tête, et qu’elle obéit au mot d’ordre d’un caporal. » Son bourgeois de Paris nous est présenté par lui comme ayant éprouvé aux affaires du mois de juin (1832) un double accident : « il a gagné une extinction de voix et la croix d’honneur, deux malheurs dans la vie d’un homme raisonnable, qui craint également la médecine et le ridicule ». […] L’époque qu’il avait choisie était la moins propice aux grandes phrases et à ce qu’on nomme éloquence.
. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. […] Il semble souvent, en effet, qu’il ne manque chez lui qu’un rayon pour tout éclairer, et l’on dirait volontiers de l’athéisme de Diderot comme il disait de ces deux vues de Vernet, où le moment choisi de la chute du jour avait rembruni et obscurci tous les objets : « À demain, lorsque le soleil sera levé. » Avec tout cela, cependant, on ne fera jamais de Diderot un croyant sans le savoir, ni une manière de déiste selon le sens et l’esprit du mot ; une telle discussion serait ici, d’ailleurs, trop délicate et trop épineuse pour que je l’aborde de près ou de loin.
Ce sont des lettres dans le genre de Voiture, adressées à diverses personnes, sur des sujets choisis à dessein, et qui prêtent au sentiment ou à la raillerie. […] Demandez-lui des lettres de consolation, ou sur une absence, il les entreprendra ; prenez-les toutes faites et entrez dans son magasin, il y a à choisir.
Mme de Sénecé, que le cardinal avait jusque-là maltraitée et qui faisait la haute, est choisie par lui pour garder ses nièces lorsqu’elles arrivent d’Italie, et la voilà tournée en un jour : Tel paraît vaillant contre le favori qui, au moindre adoucissement de sa part, devient poltron ; et d’ordinaire cette hauteur se termine à une véritable bassesse que la rage d’en avoir été méprisé lui a fait colorer de générosité, de vertu et d’amour du bien public. […] Mais je m’aperçois que j’ai choisi le sujet de Mme de Motteville pour me distraire un moment, moi et, s’il se peut, mes lecteurs, du spectacle pénible de nos dissensions présentes, et je ne veux pas y retomber par les allusions qu’elle me fournirait trop aisément.
Il fut choisi pour orateur, et s’en acquitta avec honneur et applaudissement. […] Elle choisit pour cette exécution Thémines, dont Henri IV lui avait dit « qu’il était homme à ne reconnaître jamais que le caractère de la royauté », et à n’obéir qu’à elle : qualité qui devenait si rare !
Necker n’a pas laissé moins de quinze volumes d’Œuvres ; je ne conseille pas à tous d’en aborder la lecture ; c’est au critique de prendre ce soin, et, en lisant bien, de choisir ce qui peut définir l’homme, soit au moral, soit dans sa forme et son esprit littéraire ; car M. […] Necker avec moins de distinction et de délicatesse : Je choisirai toujours les femmes pour exemple, dit-il, parce qu’elles sont plus particulièrement destinées à la garde des vanités, et que les hommes semblent eux-mêmes l’avoir voulu ainsi.
Il n’aurait pas osé parler ainsi deux ans plus tard, après 1793 ; car il était certes un des privilégiés du sort ; mais, en 1794, il se croyait une victime choisie entre tous, et il gémissait. […] Et en effet, les hommes ont chacun leur nature, et plus cette nature est fortement appropriée à de certaines circonstances, moins elle est applicable à toutes indistinctement… Que l’on me place au milieu d’hommes encore susceptibles de raison et de sensibilité, je ferai, je le crois, quelque impression sur eux, et peut-être je mériterai d’être choisi pour un de leurs guides ; mais, s’il faut les tromper, s’il faut les corrompre, ou bien s’il faut les environner de chaînes, s’il faut imposer sur leurs têtes un joug d’airain, je ne suis plus l’homme d’un tel ministère ; il faut alors chercher un Mazarin, trouver un Richelieu.
Il lui choisit des maîtres vertueux & habiles ; il montre comment il faut lui enseigner les principes des langues, des sciences & des beaux arts. […] Les exemples sont en général bien choisis & bien éclaircis, mais il s’en trouve quelques-uns d’un très-mauvais goût.”
Hello, l’auteur d’un livre sur le Style et d’une traduction du livre des Visions de sainte Angèle de Foligno, ainsi que des œuvres choisies de Rusbrock, n’est pas aussi connu qu’il devrait l’être. […] Il a voulu, dit-il, montrer à un siècle turbulent ceux qu’il appelle les Pacifiques ; et pour dire ces choses tranquilles et immortelles, il a choisi le temps où le monde passe en faisant son fracas… « L’Église — ajoute-t-il — a pour caractère son invincible calme.
Je ne puis entrer ici dans le détail d’une démonstration que j’ai tentée autrefois : qu’il me suffise de rappeler que tout devient obscur, et même incompréhensible, si l’on considère les centres cérébraux comme des organes capables de transformer en états conscients des ébranlements matériels, que tout s’éclaircit au contraire si l’on voit simplement dans ces centres (et dans les dispositifs sensoriels auxquels ils sont liés) des instruments de sélection chargés de choisir, dans le champ immense de nos perceptions virtuelles, celles qui devront s’actualiser. […] Encore ne tenons-nous pas compte de la coïncidence dans le temps, c’est-à-dire du fait que les deux scènes dont le contenu est identique ont choisi, pour apparaître, le même moment.
Et puis cet examen des brouillons, de ce qui est censé de la main de la reine et des surcharges attribuées à Vermond, ne saurait se faire utilement que dans des conditions différentes, non point par portions congrues, non point par parcelles choisies, mais tout à fait cartes sur table et par-devant de vrais experts contradictoirement entendus.
Préface d’une édition de Nouvelles choisies de Mérimée, chez Jouaust.
Vérité choisie, comme l’est toujours la vérité exprimée par l’œuvre d’art.
Émile Hennequin, dans une étude que pour sa vertu suasive j’espère vous voir lire, a démontré que l’originalité de Zola parmi les écrivains réalistes était ses surprenantes qualités poétiques, grâce auxquelles malgré l’apparente apathie d’un tempérament également et indifféremment apte à tout décrire, à tout évoquer, il ne s’appliquait qu’à la transcription des êtres et des choses de force : il est artiste, parce qu’il choisit non ses milieux ou ses personnages, mais chez ceux-ci un groupe préféré de leurs propriétés : seules l’intéressent les puissances actives, saines ou délétères, robustesse humaine ou perversion féminine.
Dans le petit Bottin des Lettres et des Arts (1886), la princesse Ratazzi est classée parmi « les vieilles lunes » et Léonide Leblanc se voyait décerner cet entrefilet au vinaigre : « Étoile pâlissante de l’Odéon, reçoit dans son hôtel, outre la famille d’Orléans, quelques jeunes poètes dont elle emploie la verve à autographier, avec dédicaces, des tambourins, choisis par elle, dans les grands magasins du Louvre. » Il est vrai que les poètes se dénigraient même entre eux.
Jean voulut s’enquérir de la vérité de ce bruit, et comme il communiquait librement avec ses disciples, il en choisit deux pour aller vers Jésus en Galilée 550.
Voici donc le plan d’une analyse d’esthopsychologie complète, pour laquelle nous avons choisi l’un des génies littéraires les plus complexes et les plus vastes de notre temps : Victor Hugo.
Ainsi les ouvrages de ces hommes célèbres portent, en bien et en mal, l’empreinte de ce qu’ils ont choisi et de ce qu’ils ont rejeté eux-mêmes de la religion.
Tout l’art de Marcel se réduisait à la science d’un certain nombre d’évolutions de société ; il n’en savait pas assez pour former même un médiocre acteur ; et le plus insipide modèle qu’un artiste eût pu choisir, c’eût été son élève.
La nature a donc choisi les uns pour leur distribuer l’aptitude à bien faire certaines choses impossibles à d’autres, et ces derniers ont pour des choses differentes une facilité qu’elle a refusée aux premiers.
Ils ne sauraient être en trop grand nombre, s’ils sont agréables ; car, les goûts étant différents, on a à choisir. » Nisard lui reproche ces concessions : « Raison spécieuse, dit-il, et qui n’est pas d’un maître de l’art.
Étant donnés un caractère fait pour l’étude et la méditation, et aucune fortune, quelle carrière choisir ?
Esclave de la Providence, qui le fait naître ici ou là, sans qu’il ait choisi ou accepté ni le temps, ni le lieu, ni la saison, ni la condition, ni la famille où il surgit à l’existence ; esclave de la mère qui l’accueille ou le repousse de son sein ; esclave du père qui brutalement a le droit de vie ou de mort sur ses enfants ; esclave de la famille qui s’élargit ou qui se ferme pour lui ; esclave de frères ou de sœurs nés avant lui, qui en font leur serviteur et leur bête de somme pour se décharger sur lui du travail nourricier de tous ; esclave de l’État qui lui inflige la condition dans laquelle il doit se ranger ; esclave des lois établies qui lui prescrivent l’obéissance non délibérée aux prescriptions sociales ; esclave du travail qui doit nourrir lui et ses frères ; esclave de la mort, si le salut de la société lui demande sa vie sur les champs de bataille ; esclave dans son corps, esclave dans son esprit, esclave dans son âme par la supériorité de force de tous contre un seul, par l’éducation qui lui impose ses idées, par la religion qui lui enseigne ses croyances ; esclave de la volonté générale qui lui inflige ses punitions, ses expiations, même la mort. […] Voilà notre civilisation : la vôtre broute, la nôtre aime ; choisissez ! […] L’âge patriarcal, souveraineté paternelle absolue, mais providentielle, du père, première image de la souveraineté paternelle de Dieu, père universel de toute race, admet partout le droit d’aînesse dans l’hérédité, ou le droit absolu de tester en faveur du favori, du benjamin du père ; le père se continue dans celui que Dieu lui a envoyé le premier, ou dans celui qu’il a choisi pour son bien-aimé parmi ses frères.
Ils ont eu raison même absolument, en dehors de tout dogme, du seul point de vue de la conscience, lorsqu’ils ont rétabli la lutte incessante, obstinée contre l’instinct et l’intérêt, l’inquiétude de tous les instants, comme les conditions de la moralité, et qu’aux décisions des directeurs complaisants ils ont opposé leur rigorisme, l’obligation, dans tous les cas douteux, de choisir le parti le plus dur, et de décider contre l’égoïsme, par la seule raison qu’il est l’égoïsme. […] Tout est subordonné à la démonstration que l’écrivain veut faire : il n’applique son rare génie qu’à choisir les meilleurs moyens de l’opérer. […] Il choisit ses mots avec un sens si juste de leur propriété, de leur efficacité, qu’après 250 ans il n’y a pas une page pour ainsi dire de son œuvre, dont l’énergie se soit dissipée, ou dont la couleur se soit altérée.
Plus loin, au fond d’une allée de grands arbres, près du petit cimetière de la compagnie, se voit une imitation intérieure de la Santa-Casa de Lorette, que la piété sulpicienne a choisie pour son lieu de prédilection et décorée de ces peintures emblématiques qui lui sont chères. […] Le regret de ma vie est d’avoir choisi pour mes études un genre de recherches qui ne s’imposera jamais et restera toujours à l’état d’intéressantes considérations sur une réalité à jamais disparue. […] » Comme il arrive souvent, ce qu’il y a de meilleur en ce livre, ce sont les notes, c’est-à-dire une foule d’extraits et de morceaux choisis, tirés des écrivains célèbres des deux derniers siècles, surtout de Rousseau.
mais, en attendant, il était bon de chercher et de choisir dans l’œuvre de Wagner des pages aptes à être comprises isolément et aptes à donner du système une idée un peu complète. […] Ils ont compris, seulement, que ces deux tendances exigeaient deux arts différents, et qu’ils devaient choisir, sans compromission, l’un ou l’autre de ces deux arts. […] Dans cette quiétude, des élans exaltés vibrent cependant, et l’on y discerne une extase contenue, un secret ravissement ; Ils s’arrêtent devant une statue de la Madone, et Tannhaeuser en les écoutant se jette à genoux Aussi épouvanté du prodige de miséricorde qui vient de le sauver, que stupéfait de voir son vœu audacieux si soudainement exaucé, et sa délivrance si inopinément accomplie, il répète les paroles des pèlerins : « je suis oppressé par mon péché, je succombe sous son poids, je ne veux donc plus connaître ni la paix, ni le repos, je ne choisis désormais pour moi que peines et fatigues !
Quand le roi, quand Monsieur serraient Madame mourante de si tendres et de si vains embrassements, nul cri aigu, nul sanglot rauque ne venait rompre la belle harmonie de cette douleur suprême ; les yeux un peu rougis, avec des plaintes modérées et des gestes décents, ils pleuraient, pendant que les courtisans, « autour d’eux rangés », imitaient par leurs attitudes choisies les meilleures peintures de Lebrun. […] Ce père, homme hautain, vivait, depuis l’avènement de Louis XIV, retiré dans son gouvernement de Blaye, à la façon des anciens barons, si absolu dans son petit État que le roi lui envoyait la liste des demandeurs de places avec liberté entière d’y choisir ou de prendre en dehors, et de renvoyer ou d’avancer qui bon lui semblait. […] Nulle part on n’a vu une telle force, une telle abondance de raisons si hardies, si frappantes, si bien accompagnées de détails précis et de preuves ; tous les intérêts, toutes les passions appelées au secours, l’ambition, l’honneur, le respect de l’opinion publique, le soin de ses amis, l’intérêt de l’État, la crainte ; toutes les objections renversées, tous les expédients trouvés, appliqués, ajustés ; une inondation d’évidence et d’éloquence qui terrasse la résistance, qui noie les doutes, qui verse à flots dans le cœur la lumière et la croyance ; par-dessus tout une impétuosité généreuse, un emportement d’amitié qui fait tout « mollir et ployer sous le faix de la véhémence » ; une licence d’expressions qui, en face d’un prince du sang, se déchaîne jusqu’aux insultes, « personne ne pouvant plus souffrir dans un petit-fils de France de trente-cinq ans ce que le magistrat et la police eussent châtié il y a longtemps dans tout autre » ; étant certain « que le dénûment et la saleté de sa vie le feraient tomber plus bas que ces seigneurs péris sous les ruines de leur obscurité débordée ; que c’était à lui, dont les deux mains touchaient à ces deux si différents états, d’en choisir un pour toute sa vie, puisque après avoir perdu tant d’années et nouvellement depuis l’affaire d’Espagne, meule nouvelle qui l’avait nouvellement suraccablé, un dernier affaissement aurait scellé la pierre du sépulcre où il se serait enfermé tout vivant, duquel après nul secours humain, ni sien ni de personne, ne le pourrait tirer. » Le duc d’Orléans fut emporté par ce torrent et céda.
Ou bien Marc Amanieux, trop modeste, ne s’est-il pas assez émancipé du maître qu’il s’est choisi ? […] Elle sait choisir le détail qui saisit, le trait qui enfonce. […] Je choisirai seulement deux exemples. […] Ce serait long et fastidieux ; il suffira d’en choisir quelques-unes comme échantillons. […] Il faut choisir.
Si j’avais eu à choisir l’ouvrage où il me fût permis d’accoler dans une préface mon nom près du sien, il est bien probable que ce n’est pas un recueil d’études sur la littérature allemande auquel je me serais arrêté de préférence. […] Il fallait choisir un sujet plus rapproché de nos habitudes journalières, et des personnages qui, par état, parus-sent encore moins susceptibles de revêtir l’intérêt poétique. […] Il y aurait eu de la folie alors à choisir ses personnages trop loin du trône. […] Le dégoût de la vie le saisit ; il ne se couche plus sans avoir un poignard à côté de son lit, résolu d’en faire usage, incertain seulement de l’heure qu’il choisira. […] Quand ceux qu’elle a choisis pour ses guides spirituels lui deviennent, par leur étroit esprit de domination, des pierres d’achoppement !
Quelqu’un de bonne foi peut-il croire que de jeunes hommes affamés d’idéal et épris de gloire choisirent de propos délibéré une appellation qui eût affirmé leur ridicule et leur médiocrité ? […] Grâce à la tombe refermée, nous avons le droit et même le devoir de choisir entre nos souvenirs. […] Le moment était mal choisi pour lier connaissance avec lui, et d’ailleurs mon extrême jeunesse eût été un obstacle à une familiarité un peu intime. […] Et par la pensée qui généralise ou spécifie, qui développe ou résume, qui choisit et coordonne, l’œuvre de la nature ou de la société, transformée, devient l’œuvre d’un homme. […] Je l’ai choisie un peu au hasard ; elle n’est ni la pire, ni la moins mauvaise.
Berlioz de choisir assez mal son temps pour faire une fugue en Allemagne, il faudra que le journal le plus justement accrédité de Paris fausse compagnie au chef-d’œuvre ressuscité ? […] Il lui était donné de choisir le seul candidat qui la représente au dehors, un poète qu’elle a patronné, couronné et opposé à la nouvelle école : Eh bien ! […] Les noms viennent en foule au bout de ma plume ; je me contenterai d’en choisir un, qui est la personnification du travail, de la persévérance, et, il faut le dire, à son honneur, de la probité littéraire. […] le critique a choisi pour placer Roger au-dessus de tous, le jour où ce chanteur était inférieur à lui-même. […] Comme le moment paraît heureusement choisi pour cette confidence !
Aussi le critique se trouve comme noyé dans cette abondance ; il doit choisir pour saisir l’ensemble, et se réduire à quelques-uns pour les embrasser tous. […] Tous les mots du personnage sont choisis et pesés pour être odieux ou ridicules. […] On a besoin aussi de se rappeler que ce talent, fondé sur la réflexion intense et concentré dans les préoccupations morales, a dû transformer la peinture des mœurs en satire systématique et militante, exaspérer la satire jusqu’à l’animosité calculée et implacable, noircir la nature humaine, et s’acharner, avec une haine choisie, redoublée et naturelle, contre le vice principal de son pays et de son temps. […] Quelque constitution qu’il choisisse, un peuple est toujours à demi malheureux ; quelque génie qu’il ait, un écrivain est toujours à demi impuissant. […] Cette parfaite imitation ne se borne pas à quelques scènes choisies ; elle embrasse tout le volume.
Je choisirai pour exemple les jolies scènes du Village. […] Puissance de la tradition ou puissance du personnalisme : Démétrius aurait dû choisir. […] Citons quelques vers ; ne choisissons pas, prenons-les à la première page, sûr de rencontrer assez de beautés pour justifier nos éloges. […] Caro, et je ne pourrais assurément mieux choisir. […] C’est par Molière qu’il commence, et il ne pouvait mieux choisir.
De ce nombre était le célèbre orateur Crassus, qui voulut bien présider lui-même à l’éducation du jeune Cicéron et de son frère Quintus, leur choisit des maîtres et dirigea leurs études. […] Il s’était marié, et avait choisi sa femme dans une des plus anciennes familles de Chéronée : elle s’appelait Timoxène. […] Il faut l’avouer cependant, le sujet si heureusement choisi par Longus corrige, pour ainsi dire, l’artifice trop visible de son langage. […] Le nom de l’auteur était défavorable : le sujet qu’il avait choisi attirait peu l’attention. […] D’ailleurs, il ne faut pas s’y tromper, les premières notions du sujet choisi par Milton étaient, de son temps, une des idées les plus communes et les plus familières à tous les esprits.
Ce roi, une fois sacré, choisit vingt, quarante ou cent joyeux gaillards comme lui-même, qui font le service autour de Sa Majesté Souveraine… Ils ont leurs chevaux de bois, leurs dragons et autres bouffonneries, avec leurs joueurs de flûte paillards et leurs bruyants tambours pour mettre en train la danse du diable. […] En effet, comme Pétrarque le plus ancien des humanistes et le premier des écrivains parfaits, c’est un style nouveau que Surrey apporte, le style viril, indice d’une grande transformation de l’esprit ; car cette façon d’écrire est l’effet d’une réflexion supérieure, qui, dominant l’impulsion primitive, calcule et choisit en vue d’un but. […] Il choisit les termes élégants ou nobles, n’admet point de mots oiseux ni de phrases redondantes. […] Elle l’éleva comme sa fille ; elle la choisit pour être la plus fidèle des amantes, et après de longues épreuves la donna au bon chevalier sire Scudamour. […] Ils viennent en sautant comme des chevreaux folâtres, « aussi gais que les oiseaux du joyeux printemps. » La belle Hellénore, qu’ils ont choisie pour reine de mai, accourt aussi toute rieuse et couronnée de lauriers et de fleurs.
Son poème s’imprime ; il a d’avance choisi les amis qui doivent en dire du bien dans les journaux ; il les consulte sur l’impression, il les cultive tous les matins. […] Entre Narcisse et Alcide, s’il y a à choisir : Vous rougirez, mais vous prendrez Alcide ! […] On avait soin de choisir selon les personnes. […] Exemple : ce pauvre F…, venu entre le libéralisme, le romantisme et l’humanitarisme, n’a jamais pu choisir ni se dépêtrer : il a eu et il a encore ses trois petites véroles en une, permanentes et confluentes. […] ne pas choisir le nom opposé à la qualité !
On peut ajouter aux réflexions ci-dessus, que, pour produire l’intérêt nécessaire à la tragédie, les moyens les plus propres sont, premièrement, de choisir un héros dont le sort puisse nous attendrir et nous toucher. Pour cela, il ne faut pas choisir un homme vicieux et scélérat tout à fait ; ses prospérités nous causeraient de l’indignation, et ses malheurs n’exciteraient en nous aucune compassion. Il faut donc le choisir bon, ayant de la vertu, mais sujet aux faiblesses attachées à la nature humaine, et soumis au pouvoir et à la tyrannie des passions, comme les autres hommes. […] S’il choisit le premier parti, l’intérêt qu’on prend à ces épisodes, ne sert qu’à mieux faire sentir la froideur de l’action principale, et il a mal rempli son titre. […] Il était donc naturel de choisir, pour le ressort de la tragédie, la pitié et la terreur.
Guttinguer, avait donné autrefois une fleur de Pensées choisies, tirées surtout des derniers ouvrages du philosophe : c’est une manière commode, mais un peu trompeuse, d’attirer vers Saint-Martin, qui de près est bien plus compliqué que ne l’annonçait ce choix aimable. […] Lorsqu’en 1791 l’Assemblée nationale dressa une liste de noms, parmi lesquels on devait choisir un gouverneur au Prince royal, Saint-Martin fut fort étonné de se voir porté sur cette liste ; il y était à côté de Sieyès, de Condorcet, de Bernardin de Saint-Pierre, de Berquin : véritable image de l’amalgame et de la confusion d’idées du siècle.
» Il avait raison en un sens, il choisissait bien ses exemples ; mais il avait tort en ce qu’il confondait tous les âges et qu’il ne se figurait pas qu’il avait pu y avoir une belle jeunesse première, une saison d’efflorescence vigoureuse dans la mieux douée des races, se servant de la plus variée et de la plus euphonique des langues, et que sous des conditions uniques il en était sorti toute une poésie et un art primitif, plus voisin de la nature, et qui ne s’est vu qu’une fois : Homère, disait-il avec une sorte de naïveté contente de soi et de son temps et très commune alors, Homère aurait peut-être atteint à la perfection, s’il fût né dans le siècle d’Auguste ou dans le nôtre ; mais né dans des temps où l’art ne s’était point encore montré, n’étant guidé par aucunes règles, éclairé par aucun exemple, on lui doit tenir grand compte de son poème, tout monstrueux qu’il est. […] Le fait est, pour choisir un exemple qui parle à tous, que souvent les mots sont ou ont l’air plus à l’aise chez Racine que chez Montesquieu.
Après avoir fait un bon souper du reste de notre mouton d’El-Arich, après nous être bien couchés sur nos tartelettes de lit, après nous être laissé aller au plus délicieux sommeil, tout à coup nous nous réveillons flottants et soulevés par l’eau ; un orage affreux venait d’éclater, et, dans quelques minutes, le lieu charmant que nous avions choisi, maigre quelques charognes qui en faisaient l’ornement, se transforma en une espèce de naumachie, de laquelle nous sommes sortis de nos personnes, mais laissant tous nos effets prenant une leçon de natation. […] Ces lettres de Russie, jointes à celles d’Orient et à quelques-unes d’Afrique, mériteraient de trouver un éditeur ami, homme de goût et de discrétion, ne s’arrêtant qu’aux vraies bienséances, qui choisirait, ne retrancherait que le nécessaire, qui surtout ne changerait rien et restituerait à peine quelques mots pour la correction.
Comment (et il se l’est demandé plus tard avec bien de l’énergie sous le masque de son d’Albert), comment, nourri dans le milieu domestique le plus calme et le plus chaste, dans une atmosphère pure et saine, allait-il deviner et choisir en tout de préférence le point gâté, faisandé, le ragoût épicé qui relève et qui est surtout fait pour plaire aux palais blasés ? […] Il publiait en 1830, le 28 juillet (le moment était bien choisi !)
La première Restauration trouva Malouet dans la retraite qu’il s’était choisie en Touraine. […] « Monsieur Decrès, j’ai jugé à propos d’accorder la retraite au conseiller d’État Malouet ; vous en recevrez le décret et vous le lui notifierez ; vous lui insinuerez également que mon intention est que, sous quinze jours, il ait choisi son domicile à quarante lieues de Paris.
Mais, comme à Hercule, la vertu d’une part et le plaisir de l’autre ne vinrent pas en personne s’offrir à lui pour l’éprouver ; entre la grande et haute comédie et un genre sans brodequins et moins littéraire, il n’eut pas à choisir : ce dernier seul se présenta. […] Il en choisit tantôt l’un, tantôt l’autre, et dès lors il ne pense plus qu’à celui-là.
Il ne faisait en cela que choisir encore dans les diverses parts et, pour ainsi dire, les diverses muses de l’héritage paternel. […] Quelques inconvénients achètent tant d’avantages ; du moment qu’on ne choisit plus une seule route rapide et déjà ouverte, mais qu’on veut occuper l’ensemble du pays et se conformer à l’entière réalité du sujet, on a des intervalles pénibles et qui ne se peuvent supprimer.
C’est d’ailleurs le caractère et la qualité de certains esprits que, tout en atteignant à la réputation méritée, ils ne tombent pas dans les grands chemins et sous les jugements courants de la foule ; ils échappent ainsi au lieu-commun de la louange ; ils demeurent des sujets choisis. […] Il pensa que rien qu’avec des récits contemporains bien choisis, habilement présentés et enchâssés, on pouvait non-seulement rendre aux faits toute leur vie et leur jeu animé, mais aussi en exprimer la signification relative16.
Quand on pense avec tant de délicatesse, on a raison de choisir pour s’exprimer la langue de Sévigné et de La Fayette. » Voici quelques-unes de ces pensées, qui sont en effet délicates et fines ; l’esprit du monde s’y combine avec un souffle de rêve et de Poésie. […] Plus la terre s’enfuit sous nos pas, plus je méprise, plus je hais ce que les hommes ambitionnent, et plus j’ai de pouvoir sur leur cœur. » La voilà telle qu’elle était dès l’origine : régner sur les cœurs, en se déclarant une misérable créature ; voir à sa porte servantes et duchesses, comme elle dit, et empereur ; se croire en toute humilité l’organe divin, l’instrument choisi, à la fois vil et préféré, que lui faut-il de plus ?
Le lendemain, on la conduisit au tribunal, accompagnée de vingt-quatre accusés de tout âge et de tout sexe, choisis pour inspirer au peuple le souvenir et le ressentiment de la cour. […] L’Histoire des Girondins fut le miroir du peuple, en lui montrant sa propre image dans sa laideur et dans sa beauté ; c’était le forcer à choisir entre l’horreur qu’il inspire sous les démagogues, et l’estime de lui-même qui le dignifie sous les hommes d’État de l’honnêteté et de la magnanimité.
C’est le naïf Candide et la tendre Cunégonde, flanqués du docteur Pangloss et du philosophe Martin, qui viennent jeter à bas l’optimisme et la Providence : une série de petits faits, secs, nets, coupants, choisis et présentés avec une terrible sûreté de coup d’œil, anéantissent insensiblement dans l’esprit du lecteur la croyance qui console du mal. […] Mais il a eu pourtant l’intelligence la plus alerte, la plus curieuse : une intelligence toujours en éveil, débrouillarde, lucide, merveilleux filtre d’idées ; personne n’a possédé plus que cet homme-là le don de réduire un gros système à une courte phrase, et de choisir le petit échantillon sur lequel on peut juger d’une vaste doctrine.
« Ceci, dit-il, est moins un caractère particulier qu’un recueil de faits de distraction ; ils ne sauraient être en trop grand nombre s’ils sont agréables ; car, les goûts étant différents, on a à choisir. » Raison spécieuse, et qui n’est pas d’un maître de l’art. […] Suivez-le, fût-ce du plus loin, et surtout ne me donnez pas « à choisir » ; car vous risquez fort que je n’en veuille pas prendre la peine et que, pour n’avoir pas à faire de choix, je ne rejette le tout.
L’ensemble des éléments ainsi choisis arbitrairement parmi tous ceux de C formera ce que j’appellerai la ou les coupures. […] Ainsi si nous choisissons les coupures d’une certaine manière, d’ailleurs arbitraire, il pourra se faire ou bien que le continu reste d’un seul tenant ou qu’il ne reste pas d’un seul tenant ; dans cette dernière hypothèse nous dirons alors qu’il est divisé par les coupures.
On ne veut plus que des mots nobles, choisis, des mots de « bel usage ». […] Et que de rimailleurs ont gaspillé un temps qui aurait pu être mieux employé, soit à célébrer un petit chien chéri de sa maîtresse, soit à faire pleuvoir un déluge de versiculets musqués sur des Chloris, des Philis ou telle autre victime qu’ils s’étaient choisie !
Voici des fabliaux moqueurs qui choisissent pour victimes les curés et les nonnes et qui parlent de l’autre monde en termes fort peu révérencieux. […] Je choisis seulement deux époques, l’une où l’Église est à la fois soutenue par le pouvoir civil et acceptée, comme maîtresse par la majorité de la nation ; ce sera la fin du dix-septième siècle ; l’autre où l’Église a encore pour elle l’autorité séculière, mais où elle sent son ascendant sur les âmes contesté et menacé par la plupart des écrivains ; ce sera le milieu du dix-huitième siècle.