C’est de l’Histoire faite en artiste, un grand et rapide récit qui va de Byzas, le fondateur de Byzance, jusqu’à Mahmoud, le réformateur de l’Empire turc, enfin une espèce de biographie de Stamboul, majestueusement et colossalement individualisée sous le regard de l’historien, immense statue faite de pierres et d’hommes, comme les statues de Phidias étaient faites d’or et d’ivoire, qui a pour turban ses coupoles, et aux bras victorieux ou blessés de laquelle l’historien append, durant tout le cours de son histoire, les médaillons sanglants de ses maîtres et de ses vainqueurs !
Quatre espèces d’anachronismes.
Des Florentins en grand nombre, à chaque trouble survenu dans la république des Médicis, avaient émigré sur ce point et y avaient fondé une espèce de colonie qui continuait d’associer, comme dans la patrie première, l’instinct et le génie du négoce au noble goût des arts et des lettres. […] L’Académie de Fourvière, espèce de société de gens doctes et considérables, d’érudits et même d’artistes, dans le goût des académies d’Italie, et qui devançait la plupart des fondations de ce genre, date du commencement du xvie siècle. […] Elle s’introduit dans la race nageante des poissons, elle est dans l’espèce quadrupède du continent ; son aile s’agite parmi les oiseaux de proie, parmi les bêtes sauvages, chez les humains, chez les Dieux là-haut !
… Gustave qui, à certains moments de sa solitude enthousiaste, se rapproche aussi de Werther ; qui égale même cette voix éloquente et poétique, en cette espèce d’hymne où il s’écrie : « Je me promène dans ces montagnes parfumées par la lavande…, » Gustave s’en distingue encore à temps et demeure lui-même, rejetant l’idée de se frapper, pieux, innocent et pur jusque dans son égarement, rendant grâce jusque dans son désespoir. […] L’espèce de triomphe de Mme de Krüdner au camp de Vertus marqua le plus haut point et, pour ainsi dire, le sommet lumineux de son influence. […] Ayant obtenu, à un moment, la permission de se rendre à Saint-Pétersbourg, elle en fut bannie peu après pour s’être déclarée en faveur des Grecs, et elle mourut en 1824 en Crimée, où elle essayait de fonder une espèce d’établissement pénitentiaire.
Les psychologistes, ces espèces de chimistes de l’esprit, s’évertuent en vain à la décomposer, en la divisant en facultés diverses et distinctes. […] On était si accoutumé à ne le compter pour rien, et à confondre sa puérilité silencieuse avec une espèce d’idiotisme, qu’on ne se demandait même pas s’il avait un cœur. […] Ces espèces de limbes de l’amour mutuel, mais inexprimé, sont très fréquents dans les âmes timides et simples des villageois.
Ressuscitez donc alors ce peuple féroce, nourri par la louve dans les cavernes du Latium, suçant plus tard, au lieu de lait, le sang du genre humain, ne pouvant grandir qu’en dévorant tour à tour tous les peuples libres pour aliments de sa faim insatiable de domination ; souveraineté du brigandage, de l’iniquité, de la force, de la guerre, sur l’espèce humaine, et qui avait posé ainsi la question de sa grandeur exclusive en face des dieux et des hommes : « Que Rome périsse, ou que l’homme soit esclave partout ! […] la plus atroce tyrannie en masse qui ait jamais avili, possédé ou égorgé l’espèce humaine ! […] Or, les papes ayant eu jusqu’ici une espèce de cosouveraineté spirituelle avec les souverains temporels des États catholiques, et les limites de cette cosouveraineté ayant été fixées par les concordats, ces traités mixtes qui règlent l’immixtion du pontife dans les affaires ecclésiastiquement temporelles des princes ou des républiques de l’Europe, ces princes et ces républiques ont dû chercher dans les pontifes romains une responsabilité réelle pour contenir cette cosouveraineté des papes dans leurs États.
De là deux espèces de moteurs : les uns personnels, égoïstes, animaux ; les autres sympathiques, altruistes, humains. […] Quiconque a étudié les oiseaux sait bien qu’ils choisissent toujours pour leurs nids les meilleurs matériaux, qu’ils laisseront intacts ceux que leur espèce a l’habitude d’employer, s’ils en ont de plus doux à leur portée. […] Mais nous avons déjà vu qu’il y a diverses espèces de sensations formant deux groupes principaux : sensations des sens, sensations du système.
Il y a quelque chose à la fois de touchant, de mélancolique et de grave dans cette espèce d’avertissement donné à la jeunesse présomptueuse. […] Voyez un peu la belle espèce ! […] C’était une espèce de cale à oreilles, des plus mignonnes, et bordée d’un galon d’or large de trois doigts.
Ferrari, l’auteur des Révolutions d’Italie, est une espèce de Proudhon historique. […] Pour écrire et même pour bien peindre l’histoire, nul critique n’est en droit d’exiger de l’historien qu’il s’élève à une pareille hauteur ; mais quand il s’y élève, il est plus qu’un historien ; il monte jusqu’au poète, le poète qui n’est peut-être que l’expression la plus intense de toutes les espèces de génie et que vous avez au-dessus de toutes les spécialités de la pensée, même de celles qui paraissent le plus prosaïques et le plus abstraites, depuis Newton jusqu’à Burdach et depuis Kant jusqu’à Cuvier ! […] Selon lui, l’univers se partage et se partagera jusqu’à la fin des siècles, — en supposant que les siècles aient une fin, — en deux espèces d’États, toujours et incompatiblement hostiles, la monarchie et la république ; et ces États, sortis d’un hasard primitif, ne peuvent pas changer et se trouvent toujours vis-à-vis l’un de l’autre dans un rapport d’antagonisme qui est leur loi.
L’espèce d’éclair qui avait passé dans l’esprit de M. Feydeau, embrouillé dans les scepticismes et les ignorances religieuses de son siècle, quand il eut le courage de se faire, dans Fanny, bourreau d’adultère, cette espèce d’éclair s’est vite éteint et sans avoir rien allumé. […] Feydeau lui-même, car l’absence de talent suffisant pour être dangereux dans le livre qu’il publie aujourd’hui, lui constitue une espèce d’innocence… Il a bien assez de répondre des intentions et des idées de ce livre.
Il n’en reste pas moins que l’Espace-Temps de Minkowski et d’Einstein est une espèce dont la spatialisation commune du Temps dans un Espace à quatre dimensions est le genre. […] Dès maintenant on entrevoit que, si la conception courante d’un espace accompagné de temps spatialisé prend tout naturellement pour l’esprit la forme d’un milieu à quatre dimensions, et si ce milieu est fictif en ce qu’il symbolise simplement la convention de spatialiser le temps, il en sera ainsi des espèces dont ce milieu à quatre dimensions aura été le genre. En tout cas, espèce et genre auront sans doute le même degré de réalité, et l’Espace-Temps de la théorie de la Relativité ne sera probablement pas plus incompatible avec notre ancienne conception de la durée que ne l’était un Espace-et-Temps à quatre dimensions symbolisant à la fois l’espace usuel et le temps spatialisé.
Il y a des centaines de mille espèces de plantés connues et autant d’inconnues. […] Quant à la Chanson, c’est une espèce d’imitation des naïves […] * * * Figaro devient décidément une espèce de journal d’Anne Radcliffe. […] C’est un des livres les plus singuliers et les plus originaux de notre époque ; il sort de toutes les habitudes littéraires, il s’écarte de toute espèce de tradition. […] Ces raffinés du sport n’ont-ils pas introduit une espèce de patois anglais, un langage de jockey, de domestique ?
quoi, le culte à rendre à Dieu, c’est donc une espèce de flirt avec une chimère ? […] Que peut gagner l’espèce à ces progrès, d’ailleurs presque négatifs, d’un nombre restreint d’individus ? […] L’article était écrit déjà avec cette verve aimable, dépourvue de toute espèce de fiel, qui est une des plus charmantes caractéristiques de M. […] De là, sans doute, l’espèce d’indignation que lui causa la gaieté de M. […] Lemaître en arrive, lui aussi, à se constituer une espèce de foi sans Dieu, qui ne ressemble en rien à là foi du charbonnier, mais qui est une foi tout de même.
C’est un homme vain de cette espèce de vanité, et rien de plus. […] Les monuments de cette espèce coûtent ici des millions, et durent un temps infini. […] Elle ne tarda pas à avoir en propre un petit pécule, des nippes, des meubles, des effets de toute espèce : elle emprunta, elle prêta de l’argent. […] Les espèces d’or et d’argent, leur titre ou grain de fin. […] Comment et où se fait l’échange des espèces étrangères ?
On y trouvait une espèce de poésie, je n’ose pas dire factice, mais purement extérieure et puisée à des sources accessoires. […] Dans d’autres livres, l’amour enflamme l’héroïsme, mais c’est une espèce particulière d’héroïsme qui se plaît au milieu des obstacles et qui demande à conquérir ce qu’il aime par de longs combats. […] Mais il y a une espèce de sujets qui répond plus particulièrement aux nécessités de chaque siècle. […] De là des alarmes de toute espèce qui n’ont été que trop exploitées en Allemagne et ailleurs. […] Qui lui a inspiré, contre toute espèce de religion positive, cette antipathie qu’il n’avoue point, mais qui se découvre assez d’elle-même ?
Au reste, quand Hugo en vient à parler du vers et de sa technique, quand il demande qu’on lui restitue la vérité et l’harmonie, il a soin d’ajouter que le vers est une espèce de barrière qui défend le temple sacré contre l’invasion des barbares. […] À l’entendre, il s’appuie toujours sur le meilleur témoignage, sur le plus solide ; et ses lecteurs peuvent le croire sans aucune espèce de doute : ses imaginations sont authentiques et vraies. […] Mais qui nous en pourra dire exactement le nombre et l’espèce ? […] Si nous pénétrons dans son intérieur, nous y trouverons des métaux, des minéraux, des pierres, des bitumes, des sables, des terres, des eaux, et des matières de toute espèce, placées comme au hasard et sans aucune règle apparente. […] C’est vous qui, en portant les deux sexes à se rapprocher, présidez à la conservation des espèces ; c’est vous qui, par des nœuds secrets, attachez les Pères et les Mères à leurs Enfants, et les Enfants à leurs Pères et à leurs Mères ; c’est vous qui excitez l’industrie des animaux, et celle de l’homme même ; c’est vous, en un mot, qui êtes l’âme du monde sentant.
Nisard est atteint d’une espèce de chauvinisme transcendental. […] Tout cela constitue bien une espèce d’originalité. […] Il faudrait à cette espèce d’hommes dans le lieu, dans le cabinet ou l’atelier où ils vaquent à leur talent, une porte de sortie qui donnât, non sur le salon, mais sur l’écurie. […] Mais il a toutes les nuits des espèces d’attaques nerveuses et de somnambulisme qui font tout manquer. […] et quelle espèce de recueil aurait-il alors composé ?
Il semble que les grands intérêts se peuvent partager en deux espèces : les uns plus nobles, tels que l’acquisition ou la conservation d’un trône, un devoir indispensable, une vengeance, etc. ; les autres plus touchants, tels que l’amitié. […] Ils se sentent liés par la foi des serments ; ils se reprocheraient, en osant moins, une espèce de parjure ; et ils nous paraissent alors autant animés par la vertu que par la passion même ; ils deviennent des héros par son objet. […] Nos ouvrages dramatiques et nos bons romans sont pleins de traits de cette espèce ; et les Français ont en ce genre poussé très loin la science du cœur. […] Le concours de tous ces sentiments forme un caractère si passionné et si raisonnable tout ensemble, que, malgré la terreur dominante de la pièce, on sent encore une espèce de joie à la vue d’une héroïne en qui la passion et le devoir ne sont qu’un même sentiment. […] Tout art d’imitation est fondé sur un mensonge : ce mensonge est une espèce d’hypothèse établie et admise en vertu d’une convention tacite entre l’artiste et ses juges.
Le sol était défavorable, et les graines n’étaient pas de la bonne espèce. […] Car ce qu’il lui faut, c’est un bonheur d’espèce particulière, fin, léger, rapide, incessamment renouvelé et varié, où son intelligence, son amour-propre, toutes ses vives et sympathiques facultés trouvent leur pâture ; et cette qualité de bonheur, il n’y a que le monde et la conversation pour la fournir. […] S’ils y couchent, ils n’en sont pas moins négligés. « Je fus confié, dit le comte de Tilly, à des valets et à une espèce de précepteur qui leur ressemblait à beaucoup d’égards. » Pendant ce temps son père courait. « Je lui ai connu, ajoute le jeune homme, des maîtresses jusqu’à un âge avancé ; il les adorait toujours et les quittait sans cesse. » Le duc de Biron juge embarrassant de trouver un bon gouverneur à son fils : « c’est pourquoi, écrit celui-ci, il en confia l’emploi à un laquais de feu ma mère, qui savait lire et passablement écrire, et qu’on décora du titre de valet de chambre pour lui donner plus de considération. […] Tous les soirs, dans chaque salon, on servait des bonbons de cette espèce, deux ou trois avec la goutte d’acide, tous les autres non moins exquis, mais n’ayant que de la douceur et du parfum. — Tel est l’art du monde, art ingénieux et charmant qui pénètre dans tous les détails de la parole et de l’action pour les transformer en grâces, qui impose à l’homme, non la servilité et le mensonge, mais le respect et le souci des autres, et qui en échange extrait pour lui de la société humaine tout le plaisir qu’elle peut donner.
. — Par degrés, elles s’opposent aux sensations passagères et dépendantes, et semblent des données d’une espèce distincte et d’une importance supérieure. — Développement de cette théorie par Stuart Mill. […] Ainsi les sensations, qui pourtant sont le fondement originel du tout, finissent par être considérées comme une sorte d’accident dépendant de nous, et les possibilités sont regardées comme beaucoup plus réelles que les sensations actuelles, bien plus, comme les réalités mêmes dont celles-ci ne sont que les représentations, les apparences ou effets. — Une fois arrivés à cet état d’esprit, et à partir de ce moment pour tout le reste de notre vie, nous n’avons jamais conscience d’une sensation présente sans la rapporter instantanément à quelqu’un des groupes de possibilités dans lesquels est enregistrée une sensation de la même espèce, et, si nous ne savons pas encore à quel groupe la rapporter, nous sentons au moins la conviction irrésistible qu’elle doit appartenir à un groupe ou à un autre, en d’autres termes, que sa présence prouve l’existence, ici et actuellement, d’un grand nombre et d’une grande variété de possibilités de sensation sans lesquelles elle ne se serait pas produite. […] J’ai laissé ce livre sur ma table, et je le retrouve rangé sur un des rayons de la bibliothèque. — Dans tous ces cas, une ou plusieurs des possibilités de sensation qui constituaient l’objet disparaissent, sauf à être ou à n’être pas remplacées par d’autres de la même espèce. — Au fond, tous ces changements des corps ne sont conçus et concevables que par rapport aux sensations, puisqu’ils se réduisent tous, en dernière analyse, à l’extinction ou à la naissance d’une possibilité de sensation. […] Au lieu de concevoir le mouvement comme une série de sensations successives interposées entre les moments de départ et d’arrivée, il le conçoit alors comme une série d’états successifs interposés entre les moments de départ et d’arrivée ; par ce retranchement, l’espèce et la qualité des éléments qui composent la série sont omises ; il ne reste que leur nombre et leur ordre, et la notion s’applique non pas seulement aux corps sentants, mais à tous les corps.
Il était libre de toute espèce d’emploi et pouvait ne vivre que pour l’art seul. […] Quelques critiques allemands cherchent aujourd’hui par toutes espèces de subtilités à prouver qu’il en est autrement, mais la chose est indiscutable. […] Ici se séparent les deux penseurs : Schopenhauer conclut à l’Ascétisme : « La volonté se détourne du monde ; il éprouve une répulsion de l’espèce dont il est un produit ; il nie le vouloir et punit la tromperie du corps (la propagation de l’espèce) par la Chasteté. » Wagner semble s’être arrêté à la période du dévouement.
Mais c’est égal : le système le veut ainsi ; il faut que le monde s’y prête ; il faut que l’homme antérieur à notre ère n’ait été qu’une informe ébauche lui-même de son Créateur, une espèce de brute ou de sauvage, perfectionné indéfiniment et continûment jusqu’à la perfection où ils se plaisent à le contempler en eux ou en nous, et progressant après nous jusqu’à une espèce de divinisation indéfinie aussi, dont les étoiles doivent nous dire quelque chose. […] Un véritable grand homme fait trop rougir son espèce ; il faut vite le retrancher du monde pour que sa vertu n’humilie pas le genre humain. […] Certes, si les grands esprits, au lieu de s’arrêter à la surface, de se scandaliser de l’apparence ou de se décourager de la souffrance, avaient été plus logiques et plus courageux, ils n’auraient pas ri comme des fous dans leurs loges : ils auraient prié comme des sages ou combattu comme des héros ; ils ne se seraient pas faits les bouffons de leur espèce : ils se seraient faits ses consolateurs.
Il y a néanmoins cette différence : c’est que l’intérêt est impossible dans le plan du Dante, attendu que son poème n’est qu’un spectacle auquel il assiste sans y prendre part, une espèce de revue rapide des supplices de quelques ombres de ses ennemis. […] « Tout ce qu’on peut comprendre, c’est que le poème, exclusivement toscan, du Dante était une espèce de satire vengeresse du poète et de l’homme d’État contre les partis auxquels il avait voué sa haine. […] Selon lui, Dante serait une espèce d’Ovide supérieur ; ses poèmes seraient des espèces de métamorphoses chrétiennes, racontant, chantant, expliquant tous les dogmes surnaturels de la religion nouvelle qui avait remplacé le paganisme.
Niel s’est attaché dans sa collection à ne reproduire que ce qu’il y a de plus authentique et de tout à fait original, et il s’en est tenu à une seule espèce d’images, à celles qui sont dessinées aux crayons de diverses couleurs par les artistes du xvie siècle : « On désignait alors par le nom de crayons, dit-il, certains portraits sur papier exécutés à la sanguine, à la pierre noire et au crayon blanc ; teintés et touchés de manière à produire l’effet de la peinture elle-même. » Ces dessins fidèlement reproduits, et où la teinte rouge domine, sont dus primitivement la plupart à des artistes inconnus, mais qui semblent être de la pure lignée française. […] … Sully n’est pas dupe de cette espèce de consultation de Panurge, et il le fait sentir au roi : Mais quoi ?
Un des grands points du débat était les répétitions d’Homère qu’elle prétendait excuser, et que lui s’obstinait à blâmer, toujours dans la supposition qu’Homère était une espèce de poète de cabinet. […] Il se fait donc entre eux une espèce de compensation ; mais il faut être bien juste pour attraper le point de l’équilibre, et profiter de leur disposition : cela vous est réservé, mon révérend père.
Charron fait consciencieusement son devoir comme controversiste, comme prédicateur ; il amasse ses preuves, il fait servir sa philosophie comme une espèce de machine ou de tour pour battre en brèche la place ennemie : puis, quand il estime que la brèche est suffisante, il ordonne et fait avancer ses preuves directes ; mais tout cela sans feu, sans flamme ; on sent toujours l’homme qui a dit : « Au reste, il faut bien savoir distinguer et séparer nous-mêmes d’avec nos charges publiques : un chacun de nous joue deux rôles et deux personnages, l’un étranger et apparent, l’autre propre et essentiel. […] La plus calamiteuse et fragile de toutes les créatures, c’est l’homme, et quant et quant la plus orgueilleuse : elle se sent et se voit logée ici parmi la bourbe et le fient du monde, attachée et clouée à la pire, plus morte et croupie partie de l’univers, au dernier étage du logis et le plus éloigné de la voûte céleste, avec les animaux de la pire condition des trois (espèces) ; et se va plantant par imagination au-dessus du cercle de la lune, et ramenant le ciel sous ses pieds… Dans Charron Liv.
.) — Un peu plus tard il lui offre un cadeau digne de l’antique idylle : « J’ai deux petits sangliers privés et deux faons de biche ; mandez-moi si les voulez. » La belle Corisandre, on le voit par les écrits satiriques du temps, aimait cet attirail et cet entourage de singes, de chiens, de bouffons, d’animaux privés de toute espèce, et, au grand scandale des huguenots puritains, elle allait même dans cet équipage à la messe. […] Plaignez-moi, mon âme, et n’y portez point votre espèce de tourment : c’est celui que j’appréhende le plus.
Santeul, tel qu’il faut se le représenter, non plus dans ses vers, mais en pratique et en action, dans cette espèce de comédie à un seul personnage qu’il représentait volontiers du matin au soir, c’est un La Fontaine de collège au gros sel, un Chapelle moins débauché et plus moral, bien qu’aimant aussi la bonne chère, un Piron honnête et aussi fertile en bons mots, un Roquelaure plus honnête également, mais à ripostes toujours plaisantes, une manière de Désaugiers en vers latins ; enfin c’est Santeul, chanoine très peu régulier de Saint-Victor, et unique en son espèce.
Ses premières œuvres, ses Odes (1550) sont remplies d’un feu de tête qui se ressent de la vie renfermée et de l’espèce de serre chaude où il s’était nourri. […] Et cependant il s’exerce en bien des genres qu’on pourrait dire noblement tempérés, dans l’épître, le poème moral, et il y a fait preuve de sens et de talent : ainsi dans une des pièces qui lui attirèrent le plus d’inimitiés, dans son Discours des misères de ce temps, adressé à la reine Catherine de Médicis à l’occasion des troubles et des premiers massacres de religion dont le signal fut donné en 1560, il disait, après avoir dépeint l’espèce de fureur soudaine qui s’était emparée des esprits : Mais vous, reine très sage, en voyant ce discord Pouvez, en commandant, les mettre tous d’accord Imitant le pasteur qui voyant les armées De ses mouches à miel, fièrement animées Pour soutenir leurs rois, au combat se ruer.
Sénecé a dit quelque part un mot précieux ; c’est dans une anecdote sur Racine ; donnons-la : Racine, dit-il, ayant fait une fortune considérable à la Cour pour un homme de lettres, prétendit usurper une espèce de tyrannie sur les autres gens de son caractère, et, regardant le bel esprit comme son patrimoine, s’établit autant qu’il put dans la possession de persuader à toute la France que l’on ne pouvait en avoir sans sa permission, qu’il n’accordait, à personne. […] Malgré cette espèce de réforme et de révolution apportée par Martial dans l’épigrarame, et qui y a fait dominer l’esprit, quelques modernes ont su lui conserver un grave, un généreux accent, et parfois y ressaisir un air de grandeur.
La plupart des premières et des plus anciennes, qui remontent jusqu’à 1818, sont écrites à de bonnes et pieuses demoiselles, Mlle de Lucinière, Mlle de Tremereuc, que Lamennais avait connues aux Feuillantines, dans une espèce de petit couvent dirigé par le respectable abbé Carron : il avait inspiré à ces dignes personnes une vive amitié, qu’il leur garda de son côté très-fidèlement, au milieu de toutes ses traverses et de ses vicissitudes. […] Ainsi, la Chambre des pairs s’oppose-t-elle à la loi du sacrilège, telle que la proposait le ministère et telle que la voudrait Lamennais, celui-ci écrit à M. de Coriolis (16 février 1825) : « Je trouve que la Chambre des pairs va chaque jour se surpassant elle-même ; on ne sait où elle s’arrêtera… Imaginez, monsieur le marquis, quatre cents… je ne sais que dire, le mot me manque pour désigner cette espèce d’êtres, — qui écoutent gravement des choses de cette force et délibèrent, etc., etc. » La Chambre des députés, vouée pourtant à l’esprit de réaction, mais qui ne va pas assez vite à son gré, n’est pas mieux traitée par lui.
Rigault, se méprenant ou feignant de se méprendre sur ma pensée, partait de là, au contraire, pour louer Casimir Delavigne de cette espèce de fusion équivoque en quoi consiste sa seconde manière : « Je ne puis me persuader, disait-il, qu’en portant si légèrement à ses lèvres la coupe du romantisme mitigée par son goût naturel, Casimir Delavigne se soit empoisonné. […] Comme il s’est montré fort sévère pour les fautes de goût d’un autre genre, il est permis de noter celle-ci, singulière dans son espèce.
La cause reste inconnue ; il ne faut la chercher ni dans l’exercice d’une glissoire, espèce de montagne russe, que le jeune roi avait fait établir exprès dans le parc de Versailles, et où il se livrait au plaisir d’entraîner et d’émouvoir Mlle de La Vallière : il dut bientôt y renoncer d’ailleurs, par défense du médecin. […] De même, lorsque Fagon fut devenu premier médecin, Fontenelle remarque« que toutes les maladies de Versailles lui passaient par les mains : on croyait faire sa cour de s’adresser au premier médecin, on s’en faisait même une espèce de loi ; mais, heureusement pour les courtisans, ce premier médecin était aussi un grand médecin. » Fagon, qui était depuis quelques années dans la confiance de Mme de Maintenon, supplanta d’Aquin en 1693.
Il put y avoir de, la sorte, entre les anciens histrions et les modernes jongleurs, ou farceurs, une espèce de filiation non interrompue, de carrefour en carrefour, de taverne en taverne : « Ces rudiments du drame n’ont pas d’histoire publique et n’en pouvaient avoir aucune, leurs archives consistant surtout dans les prohibitions de l’autorité ecclésiastique. » Laissons ces choses de bas lieu dans leur poussière et dans leur fange, et attachons-nous, à ce qui compte véritablement, à ce qui recommence. […] Un jésuite très instruit, le Père Cahour, qui se livre à d’utiles travaux de littérature, vulgarisant et développant à son point de vue les résultats des premiers investigateurs, s’est attaché à faire valoir les mérites et l’espèce de pathétique grave et majestueux de cette sorte de drame primitif moderne qui était une annexe de l’office divin les jours de grandes fêtes, qui fleurissait et se déroulait dans le sanctuaire et avait sa racine jusque sous l’autel.
La cérémonie du baptême accomplie, au sortir du Jourdain, Jésus s’agenouille tout nu devant le Paradis, espèce de balcon. […] Pilate apparaît richement habillé, avec Barraquin, son second, et ses quatre tyrans, espèces de valets de bourreau.
Mais le 31 mars, cette espèce d’émeute prit un caractère plus sombre, et voici exactement ce qui se passa, — j’ajoute que ce n’est pas de lui que je le tiens. […] J’accorde que, dans ce qui paraît si redoutable de loin, il y a beaucoup de fantômes qui s’évanouissent si l’on ose s’approcher et souffler dessus ; qu’il n’y a pas un si grand nombre de libertés possibles à donner ; qu’on les a déjà en partie ; qu’il ne s’agirait que d’être conséquent, d’étendre et de consacrer le droit ; sans doute, le principe qui consiste à inoculer le vaccin révolutionnaire pour éviter les révolutions, à donner d’avance et à la fois plus qu’elles ne pourraient conquérir, ce principe est d’une analogie séduisante ; mais ceci suppose déjà une médecine bien hardie, et le corps social n’est point partout le même ni capable de porter toute espèce de traitement.
S’emparant des doutes de la science, des incertitudes qui semblent la partager encore, se donnant pour auxiliaires les illustres naturalistes qui, soit par conviction, soit par prudence, ont biaisé ou qui même ont nié absolument la réalité et la possibilité de la transformation des espèces, M. […] Le sage et le critique qui a d’avance purgé son esprit de toutes les idoles et de tous les fantômes se dit à lui-même et ces choses-là et beaucoup d’autres, et il ne continue pas moins, chaque jour et à chaque instant, de servir à sa manière l’avancement de l’espèce, d’étudier, de chercher le vrai, le vrai seul, de s’y tenir sans le forcer, sans l’exagérer, sans y ajouter, et en laissant subsister, à côté des points acquis, tous les vides et toutes les lacunes qu’il n’a pu combler.
Il accorde tant à l’humanité en général et à je ne sais quelle apothéose de l’espèce ; dans le particulier, il a l’air de croire si aisément à l’esprit horatien de ses amis, qu’il pourrait croire par là-dessus à l’immortalité des beaux vers. […] Ambitieux et négligent à la fois, il a voulu y ajouter des cordes en tous sens ; au lieu d’une lyre, c’est-à-dire un instrument chéri, à soi, qu’on serre sur son cœur, qui palpite avec vous, qu’on élève au-dessus des flots au sein du naufrage, qu’on emporte de l’incendie comme un trésor, il a fait une espèce de machine-monstre qui n’est plus à lui, un corridor sans fin tendu de cordes disparates, à travers lequel passant, courant nonchalamment, et avec la baguette, avec le bras, avec le coude autant qu’avec les doigts, il peut tirer tous les sons imaginables, puissants, bronzés, cuivrés, mais sans plus d’harmonie entre eux, sans mélodie surtout.
L’Essai sur la Guerre sociale, dont nous avons à donner idée ici, n’est qu’une espèce d’introduction par laquelle il a cru nécessaire de préluder. […] Ils tentèrent de s’échapper par un souterrain ; mais, ne l’ayant pu, ils ne voulurent pas laisser à leurs ennemis la joie de les voir mourir. « A cette époque, dit l’historien, la fureur des combats de gladiateurs avait fait inventer une espèce de suicide à deux.
Cette dernière classe m’a paru fort élargie, je l’avoue, et dans des limites prodigieusement flottantes, puisqu’elle comprendrait, selon l’auteur, tant d’espèces diverses, depuis le grand politique jusqu’au journaliste spirituel, depuis le cardinal de Richelieu jusqu’à M. […] Arrivant à l’éloge même du récipiendaire, et en se plaisant à reconnaître tout l’éclat de ses succès, le directeur a cru devoir excuser ou du moins expliquer les retards que l’Académie mettait dans certains choix, et l’espèce de quarantaine que paraissaient subir au seuil certaines renommées.
J’irai et reviendrai à ma fantaisie, et on me laissera en repos. » — Un silence à entendre une fourmi marcher succéda à cette espèce de sortie. […] Jouons-la, puisque nous y sommes engagés ; mais, en vérité, il n’est point agréable de se mêler des plaisirs des grands. » La duchesse de Bourgogne était de cette race des grands dont l’espèce va se perdant de jour en jour, et qui sera bientôt une race disparue.
Malouet lui écrivait en 1791 : « Nous qui raisonnons juste, nous ne rencontrons presque jamais avec précision aucun événement, parce que les actions des hommes ont fort peu de ressemblance aux bons raisonnements. » Cela est vrai pour tous les peuples et pour tous les hommes ; mais cela est encore plus vrai en France, car la nature française résume en elle avec plus de rapidité et de contraste les défauts et peut-être aussi les qualités de l’espèce. […] Ce n’était point par un coup de main, fût-il heureux, qu’on pourrait faire face et satisfaire à tant d’intérêts et de sentiments de nouvelle espèce et de formation récente : « Les coups de main sont pernicieux tant qu’on n’a point pourvu à leur lendemain » ; et un succès partiel n’entamerait point la République, « à moins qu’en même temps et avant tout on ne frappât juste sur les esprits et les intérêts, en saisissant le point de conciliation auquel on peut espérer d’amener les volontés et les efforts ».
La portion supérieure de son ouvrage est celle où il montre la décomposition de la société par les sophistes, espèce destructive si éloignée en tout de ces hommes à grand caractère et à grandes vues positives, qui ont fondé les sociétés et institué les peuples : « Le faux esprit philosophique est une lime sourde qui use tout. » Il distingue entre les diverses sortes de corruption publique : malgré sa bonté morale personnelle, il sait à quoi s’en tenir sur le fond de l’homme ; les passions étant les mêmes en tout temps, les mœurs aussi sont toujours à peu près les mêmes, ce ne sont que les manières qui diffèrent : mais la différence est grande, d’une corruption qui n’est que dans les mœurs, et à laquelle de sages lois peuvent remédier, d’avec cette corruption subtile qu’un faux esprit philosophique a naturalisée dans la morale publique et dans la législation. […] [NdA] Dans ce même discours, Portalis, tout religieux qu’il est, explique en partie par l’amour-propre le triomphe du christianisme dès son origine : « Les préceptes de l’Évangile, dit-il, notifièrent la vraie morale à l’univers ; ses dogmes firent éprouver aux peuples devenus chrétiens la satisfaction d’avoir été assez éclairés pour adopter une religion qui vengeait en quelque sorte la divinité et l’esprit humain de l’espèce d’humiliation attachée aux superstitions grossières des peuples idolâtres » — Rapprocher cette explication de celle que donne Volney dans son Voyage en Égypte et en Syrie à propos des religieux du mont Sinaï et du discours que lui tient l’un d’eux sur les mobiles de leur vocation. — Ici Portalis et Volney, en les serrant de très près, se touchent.
Comme la plus belle des facultés humaines est la volonté, il a pu montrer dans le gouvernement, et à un assez haut degré, une espèce de volonté qui, dans l’opposition, ne semblait que de l’esprit de harcèlement. […] Vous avez fait de moi une espèce de partisan politique et littéraire, faisant la guerre en conscience pour le compte de ses opinions qui se trouvent celles du grand nombre, sans prendre ni recevoir de mot d’ordre d’aucune autorité organisée ; ennemi du pouvoir, sans engagement avec l’opposition légale, ni même avec les affiliations populaires.
Cousin, l’espèce d’attaque et de défaveur dont sa philosophie a été l’objet, et l’on a besoin d’y ajouter quelques éclaircissements pour le faire comprendre. […] Dans un tel état politique de défense et de siège, il n’y avait plus de place pour l’espèce de philosophie intermédiaire de M.
Par cette seule vue d’un christianisme antérieur et disséminé à travers le monde, par cette espèce de voyage à la recherche des vérités catholiques flottantes par tout l’univers, l’enseignement de la théologie se serait trouvé singulièrement agrandi et élargi ; l’histoire des idées philosophiques s’y introduisait nécessairement. […] Dans le sépulcre voisin, tout ce qui fut un corps humain n’est déjà plus, excepté une seule partie, qu’une espèce de nappe de poussière, un peu chiffonnée et déployée comme un petit suaire blanchâtre, d’où sort une tête.
C’est avant tout l’inspiration, c’est-à-dire « certaines combinaisons mentales, que le sens intime, le moi ne saurait avouer comme nôtres, c’est-à-dire qui se sont faites à notre insu, sans que notre volonté y fût pour rien » ; c’est l’enthousiasme, le délire, suivant la doctrine de Platon ; c’est « plus de rapidité dans les conceptions, plus d’élan, de spontanéité dans l’imagination, plus d’originalité dans le tour de la pensée, dans les combinaisons de l’esprit, plus d’imprévu et de variété dans les associations d’idées, plus de vivacité dans les souvenirs, d’audace dans les élucubrations de l’imagination, et aussi plus d’énergie, d’entraînement dans les instincts, les affections, etc. » Empruntant à un poêle illustre sa définition du génie, on nous apprend que c’est « la vigueur de la fibre humaine aussi forte que le cœur de l’homme peut la supporter sans se rompre », Ajoutez à cela que, parmi les hommes de génie, dont l’auteur invoque l’exemple, ceux qu’il cite de préférence sont les illuminés, les enthousiastes, les révélateurs de toute espèce. […] Il y en a de deux espèces : 1° l’analogie ; 2° la biographie.
Toutes les querelles de cette espèce ont commencé par des gens oisifs qui étaient à leur aise. […] Enfin, ailleurs, Montesquieu proteste non seulement, comme tout à l’heure, contre le collectivisme, mais contre toute espèce de Socialisme. […] Quelle est donc l’espèce de philosophie qui fait dire des choses que le sens commun réprouve du fond de la Chine jusqu’au Canada ? […] C’est une espèce de théocratie, dans laquelle on ne doit point avoir d’autre pontife que le prince, ni d’autres prêtres que les magistrats. […] Le second est une espèce d’a fortiori.
Si celui qui entreprendra un si grand ouvrage ne se sent pas assez fort pour ne point avoir besoin de conseil, le mélange sera à craindre, et par ce mélange une espèce de dégradation dans l’ouvrage… La simplicité en doit être le seul ornement.
C’est un meurtre, oui, mais dont on peut douter s’il tue de la vie, et quelle espèce de vie : car les médecins ne savent pas à quel moment le germe de ce qui sera un homme devient en effet une créature humaine, et les théologiens ne savent pas à quel moment il reçoit une âme.
Et qui pourrait affirmer que l’espèce de trahison du roi envers cette même madame de Montausier, lorsqu’il trompa la reine et elle sur ses relations avec madame de Montespan, l’incurable maladie qui accabla madame de Montausier lorsqu’elle fut détrompée, et enfin sa mort, qui arriva pendant que l’Amphitryon de Molière amusait la cour et le public par le spectacle d’un mari malheureux ; qui oserait assurer, malgré les apparences, que ces faits n’eurent aucune influence sur l’esprit du roi ?
Une lettre de madame de Sévigné, du 6 novembre, raconte avec sa grâce ordinaire comment le roi, sous le nom d’un certain Langlée, espèce d’aventurier qui tenait un jeu à la cour, lui donna la plus belle robe dont on eut jamais eu l’idée : « M. de Langlée a donné à madame de Montespan une robe d’or sur or, rebrodé d’or, rebordé d’or, et par-dessus un or frisé, rebroché d’un or mêlé avec un certain or qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée : ce sont les fées qui ont fait cet ouvrage en secret.
C’est ce qui paroît sur-tout par ses Lettres Helviennes ou Provinciales philosophiques ; espece de correspondance littéraire & critique, entre un Chevalier bel-esprit, & une Baronne qui désire d’être initiée dans les mysteres de la Philosophie moderne.
Nous ne craignons d’être accusés de partialité, que par ceux qui sont plus zélés pour la Philosophie actuelle, que pour la raison & la saine Littérature, espece d’hommes qu’on peut diviser en deux classes : les uns ressemblent à ces peuples imbécilles qui croyoient leurs Oracles infaillibles, pour quelques prédictions justifiées par le hasard : les autres ressemblent aux Prêtres de ces mêmes idoles, qui profitoient de l’ignorance & de la crédulité publique, pour accréditer les mensonges les plus extravagans.
L’application qu’il donna à cette espece de travail, servit du moins à fortifier ses bons principes.
Il y a une base sensitive et motrice jusque sous les émotions morales et sociales, qui ont pour effet la conservation ou le développement de l’individu, et surtout de l’espèce.
C’étoit un frénétique d’une espèce nouvelle, débitant de sang-froid les médisances & les calomnies les plus atroces, un vrai fléau du genre humain.
Le droit romain est la source des vrais principes sur toutes les espèces de contrats qui sont du droit des gens ; c’est la raison et l’équité qui les a dictés, il n’y a point de nation policée qui ne doive les adopter.
Son imagination alterée lui fit faire des extravagances semblables à celles que Cervantes fait faire en une folie du même genre, mais d’une autre espece, à son dom Quichotte, après avoir supposé que la lecture des prouesses de la chevalerie errante eut tourné la tête à ce bon gentilhomme.
Ainsi deux ou trois années suffisent bien au public pour connoître si le poëme nouveau est bon ou s’il est médiocre, mais il lui faut peut-être un siecle pour en connoître tout le mérite, supposé qu’il soit un ouvrage du premier ordre dans son espece.
» Selon eux, parmi ces organes, il en est un d’espèce supérieure, l’État, siège de l’intelligence : en lui seul réside la raison, la connaissance des principes, le calcul et la précision des conséquences ; dans les autres, il n’y a que des poussées brutes, tout au plus, un instinct aveugle.
Puis c’est cette récréation, où comme il est défendu d’avoir une amie, une préférence, une espèce de tour de valse les fait tomber à terre, l’une à côté de l’autre, au hasard. […] Ainsi il attrape, ainsi il saisit, ainsi il happe au vol, sans rien digérer, vos idées, vos notions, votre science… Et je pensais, en riant dans ma barbe, à l’espèce de dévotion religieuse, avec laquelle un certain nombre de gens allaient lire cette étude… Tout de même, je crois que Sainte-Beuve fera bien de renoncer aux articles d’art ! […] Quand on leur mettait un âne dans le chemin, et qu’on les lâchait, en cinq minutes, l’âne était nettoyé, il n’en restait qu’une carcasse… Après on me fit passer dans un autre compartiment de chiens : ces derniers tout peureux, rampant à terre autour de vous, léchant vos bottes. “— C’est une autre espèce ? […] Puis il me peint un champ de bataille, en l’étonnante symétrie, en l’espèce d’arrangement ordonné des morts, couchés avec d’étroites petites ombres portées derrière eux… et la terre, sur tout ce champ de bataille, sans une motte en relief, mais aplatie, durcie, battue comme une aire de grange… et toutes ces têtes, même celles aux traits boursouflés, augustes de paix. […] « Enfin chez moi, s’écrie-t-il, ç’a été l’emmer…… de mon temps, qui m’a fait chercher une espèce de dépaysement.
Le premier contact avec l’Italie fut en vérité pour nos Français une espèce de révélation. […] Elle n’avait pas rejeté ce qu’elle trouvait de trop « germanique » dans sa constitution, sous les espèces du système féodal, pour y réintégrer, sous les espèces du protestantisme, quelque chose d’aussi « germanique » pour le moins. […] Mais, d’un autre côté, toute cette antiquité qui flottait avant lui dans une espèce de brouillard mythologique ou légendaire, c’est vraiment dans ses Vies parallèles que les grandes figures en ont pris comme un air de réalité et de vie. […] On ne croit plus que l’objet de chacun soit le libre développement des puissances que la nature peut avoir mises en lui ; et on ne croit pas davantage, avec l’auteur des Essais, que, comme des noix dans un sac, ainsi les hommes finissent toujours par « s’appiler » et se tasser dans une espèce d’inertie coutumière qui ressemble à de l’ordre. […] xli]. — C’est par là que Montaigne se distingue de Rabelais. — Sa curiosité a quelque chose d’aigu, et en un certain sens de presque pessimiste. — C’est aussi ce qui fait justement la valeur singulière des Essais : — ils sont une confession ; — l’effort d’un homme pour faire de la connaissance de soi-même la base de la connaissance de l’espèce ; — et une tentative pour tirer de cette connaissance une règle de conduite. — Que les Essais sont un livre triste.
Ces espèces, soit de revenants, soit d’enkystés dans un monde nouveau — et souvent les deux ensemble — avaient besoin de connaître celui-ci. […] Le Stendhal n’aura pas plus d’avenir que n’en aurait eu le nouveau Beyle, malgré l’admiration de la plèbe romantique qui est l’espèce la plus crédule et la plus bête de toutes les cliques littéraires et dramatiques. […] Il a prétendu, lui aussi, à l’écriture artiste : espèce d’imitation, article de bazar. […] Et Dr Moreau’s Island est une espèce de critique féroce de l’Ancien et du Nouveau Testament. […] Ou plutôt le début est d’un grand roman, la fin est négligée, sacrifiée, par une espèce d’insouciance.
Je me porte beaucoup mieux que je ne me suis jamais porté : j’ai une espèce de cheval qui me porte aussi très-bien, quoi qu’il soit vieux et usé. […] Je viens d’essuyer une espèce de tempête sur le Windermere, un lac, le plus grand de tous ceux de ce pays-ci, à deux milles de ce village. […] Il y a tant de tristesse et d’humeur et de jérémiades, que vous en aurez un surfeit, et peut-être renoncerez-vous à un correspondant de mon espèce. […] Il y a une espèce de plaisir à prévoir l’instant d’une séparation qui nous est pénible. […] Cette espèce de distraction me prend quelquefois.
En somme, sous des espèces inférieures, dans un étroit espace, ce sont toujours deux sortes de questions philosophiques, comme les questions de la théologie et de l’humanité dont il s’agit ici. […] Les jurys des académies, les concours de toute espèce, ont démontré plus d’une fois leur impuissance à créer des hommes et des œuvres. […] L’art était encore à peu près exclusivement, il y a deux siècles, une espèce de réflecteur de fer-blanc, destiné à renvoyer par le monde les rayons de ce roi-soleil qu’on appelait Louis XIV. […] Quand un anatomiste regarde un squelette, ce squelette lui représente non seulement un individu, mais, par analogie, il aperçoit derrière ce squelette et au-delà toute l’espèce humaine. […] Mais est-il bien sûr qu’au lieu de prétendre résumer ainsi toute une espèce dans un type qui est alors de fabrique, on ne serait pas plus dans le vrai en procédant inversement, c’est-à-dire en faisant irradier la vie, non plus de l’espèce au type, mais du type à l’espèce ?
De là vient aussi à Lamartine son christianisme et l’espèce particulière de ce christianisme. […] L’œuvre de Leconte de Lisle marque une espèce de séparation dans l’histoire de notre poésie au xixe siècle. […] Et, notez-le, si Victor Hugo était resté à Paris, il ne pouvait pas devenir cette espèce d’idole. […] Je vous ai montré l’autre fois que, au point de vue des idées et au point de vue de la sensibilité, on pouvait lui préférer d’autres écrivains ; mais Victor Hugo a justement les qualités qui font le poète épique, il a l’art de raconter, il a l’art de décrire ; il a cette espèce de sensibilité, en commun, et vous savez que le poète épique est non pas l’interprète de sa propre sensibilité, mais l’interprète de la sensibilité commune à toute une époque. […] Cette espèce d’opposition, entre ce qu’il y avait de honteux dans certains de ces recueils et ce qu’il y avait d’édifiant dans d’autres recueils, a beaucoup frappé l’attention, et on a essayé de nous donner Verlaine pour une espèce de François Villon, revenu en plein xixe siècle.
Cela est d’autant plus frappant que l’excellent Hérondas n’a guère l’air d’un détracteur de l’espèce humaine, et que son indifférence est pour le moins égale à celle de notre Alain Lesage. — Lisez le Maître d’école (mime III). […] Les mots de cette espèce sont surtout nombreux dans le Malade imaginaire, la dernière pièce de Molière. […] Une puissance cachée, qui n’est autre que la Providence, veille également sur le roi d’Ithaque et sur le comte de Monte-Cristo : ici, sous les traits de l’abbé Faria, et, là, sous les espèces de Pallas-Athènè. […] A la minute où j’écris, Intérieur me paraît une espèce de chef-d’œuvre. […] Il ne sait même où trouver les cinq mille francs qu’il a promis jadis, quand il était un simple brave homme, pour la fondation d’une crèche… C’est à ce moment qu’entre le Tentateur, sous les espèces du marquis de Storn.
L’Antigone de Rotrou est une espèce de drame romantique. […] Alexandre m’apparaît comme une espèce de glorieux carrousel en vers. […] L’espèce même (outre les moyens) de son ambition fut bien féminine. […] Ceci est un fait extraordinaire, et peut-être unique de son espèce dans toute l’histoire de la littérature. […] De la terrible histoire il fait une espèce de petit roman bourgeois.
L’espèce d’exhortation qui s’adresse à l’âme par l’entremise des sens, outre sa permanence, est plus à la portée du commun des hommes. […] Est-il rien de plus louable, de plus utile que cette espèce d’inquisition291 ? […] Avec quelles espèces allez-vous vous mettre aux prises ? […] Quand il arrive à un censeur de cette espèce de défendre un Suilius, c’est peut-être sa cause qu’il plaide. […] On sera tenté de me prendre pour une espèce d’original ; mais qu’est-ce que cela fait ?
Désespérant d’avoir aucune espèce d’autorité, il se résigna à n’avoir aucune espèce d’initiative. […] Désespérant d’avoir aucune espèce d’autorité, il se résigna à n’avoir aucune espèce d’initiative. […] Ses amis connaissent le mot qu’il dit un soir à des gens de cette espèce » qui le regardaient de travers : « Eh bien, quoi ? […] Il n’est pas étonnant qu’un tel homme se soit affranchi de toute espèce de contrainte mondaine. […] Ce maître de la critique n’était sensible à aucune espèce de critique.
Mais Gobineau n’oublie pas que cette victime de la tyrannie et de la papauté fut une espèce d’iconoclaste et de vandale, un des plus cruels ennemis de la culture et de la beauté. […] La vérité historique ne lui laissait pas le choix en l’espèce, et nous avons vu que dans la Renaissance il pratique la soumission à l’objet. […] Jamais il n’a rien dit qui autorisât les attaques de ses ennemis, par lesquels il était accusé d’être un ignorant ou un imposteur et une espèce de romancier. […] Faguet n’a de sévérités que pour Voltaire : en l’espèce, Boileau est le premier coupable. […] Il nous offre des espèces de visions synthétiques et il exprime lyriquement ses impressions d’ensemble.
Par cette espèce de juste milieu, l’abbé ex-ministre ne blessait ni Louis XVIII, ni sa conscience, ni l’Académie.
Les mots qu’on croit l’être marquent généralement les nuances, les degrés dont une idée, un sentiment sont susceptibles : ils sont entre eux comme les individus d’une espèce, infiniment divers dans l’unité du type.
Remarquez que cette espèce d’épicuréisme abstentionniste est également l’idéal du bourgeois le plus épais et du dilettante le plus raffiné.
Il en distingue deux espèces qu’il appelle automatiques et volontaires ; les premiers dépendent des sensations ; les seconds, des idées.
Quand une nation se repose après une révolution ou après de grandes dissensions, le parti victorieux s’applique encore quelque temps après la victoire à exercer une espèce de vengeance morale sur les opinions qui régnaient avant le combat ; il réprouve tout le système des anciennes idées, des anciens principes en morale, en littérature, en philosophie, même dans les arts.
Nous avons remarqué qu’à l’exception de Pascal, de Bossuet, de Massillon, de La Fontaine, les écrivains du siècle de Louis XIV, faute d’avoir assez vécu dans la retraite, ont ignoré cette espèce de sentiment mélancolique, dont on fait aujourd’hui un si étrange abus.
Des opinions d’une espèce différente, mais toujours d’un caractère religieux, inspiraient l’humanité : elles sont si naïves, qu’elles embarrassent l’écrivain.
Quelle foule d’intérêts, de motifs puissants de toutes les espèces exhortent, soutiennent, sollicitent, déterminent l’homme vertueux !
» Mais elle a beau se figurer que cet orgueil est de la grande espèce : il y a, dans sa superbe, beaucoup de snobisme, beaucoup de cabotinage, et pas mal de névrose. […] Cet esprit lourd, puissant et comme empêtré de matière, cette espèce de taureau est un mystique ; il croit au spiritisme et à tous les genres de surnaturel. […] Et Cygneroi, très sincèrement, s’écrie : « Entre nous, tu sais comment on appelle les femmes de cette espèce-là ! […] Les trois espèces de comique que j’ai relevées dans cette bouffonnerie fameuse sont donc, comme vous avez pu voir, très habilement dosées. […] Alors il file chaque soir à la brasserie, où il retrouve des échauffés de son espèce.
« C’est une espèce de maxime que les peines sont arbitraires dans ce royaume, dit Servan en 1766. […] Mill lui-même ne peut avoir aucune espèce d’intérêt pour M. […] Nous, d’aujourd’hui, nous sommes d’une autre espèce. […] Brunetière les genres littéraires sont des espèces dans le règne littéraire, comme il y a des espèces dans le règne végétal et, dans le règne animal, et, comme les espèces en histoire naturelle, les genres littéraires subissent une loi d’évolution. […] L’École Normale fut pour lui une patrie et une espèce de religion.
Maeterlinck est une espèce de combinaison platonicienne et qui ne doit absolument rien à des systèmes plus récents. […] Il est napoléonien ; et il l’est avec une espèce de radieux enchantement. […] Sa croyance, confuse, est analogue à celle de l’antiquité : elle attribue aux morts inanimés une espèce de vie étrange. […] La mort lui a bouleversé son univers et elle devra ordonner sous les espèces de la mort l’univers de la vie. […] Il n’y a aucune espèce d’analogie entre ces petites chansons et une épopée, aucune.
Une littérature, par exemple, et une religion ne sont-elles pas, comme des espèces qui commencent, qui grandissent, qui se développent par une concurrence et d’après une sélection, tout comme les espèces animales ? […] Ce sont des espèces de fiefs moraux dont la tenure oblige. » En d’autres termes, Balzac veut qu’une noblesse soit vraiment une aristocratie. […] Nous allons tracer un programme qui les prépare à toutes les espèces de vies. […] Avec cela elle avait, des génies à la Gœthe, cette espèce d’immoralité créatrice qui semble une obéissance à des lois plus hautes que les lois ainsi violées. […] Ce sera bien une espèce de lyrisme, mais mortel à la raison.
Pour cela les infidélités et les sophismes ne leur coûtent rien ; ils n’exposeront pour le fait entier que quelques circonstances qui, séparées de celles qu’ils dissimulent, changent absolument l’espece. […] Pradon lui a donné le caractere de la vertu, la simplicité ; et tout médiocre qu’est cet auteur, tout méprisé même qu’il est par bien des endroits, son héros a réussi comme une espece de nouveauté. […] Et cependant tous nos héros de théatre sont atteints de cette espece d’égarement. […] La critique a encore attaqué mon dénoûment, comme une espece de contradiction. […] C’est une espece de nouveauté dans mon ouvrage, et l’endroit qui y mérite le plus d’éclaircissement : puisque vous vous y êtes mépris, beaucoup d’autres ne sauroient manquer de s’y méprendre.
Dans cette espèce d’épithalame adressé au père et au roi au moment du mariage de son fils Charles-Emmanuel avec Clotilde de France et pour fêter leur voyage en Savoie, le jeune substitut épanche en prose poétique sa fidélité exaltée envers son souverain. […] Dans cette espèce même de mercuriale dont nous parlions tout à l’heure, nous pourrions citer, sur l’indépendance et le stoïcisme imposés au magistrat, des paroles significatives qui dénoteraient toute autre chose que le partisan du bon plaisir royal186. […] Et suit un éloge de la monarchie en une de ces images qui vont devenir familières à l’écrivain et qui saisissent la pensée comme les yeux : « La monarchie est réellement, s’il est permis de s’exprimer ainsi, une aristocratie tournante qui élève successivement toutes les familles de l’État ; tous les honneurs, tous les emplois sont placés au bout d’une espèce de lice où tout le monde a droit de courir ; c’est assez pour que personne n’ait droit de se plaindre. […] C’est à la philosophie à éclairer l’espèce humaine et à bannir de dessus la terre les longues erreurs qui l’ont dominée. […] Il est même arrivé que, lui aussi, lui si isolé de son vivant et si dédaigneux de la vogue, il a eu en France une espèce d’école, et qu’on s’est mis à le célébrer, à le contrefaire par lieu-commun.
C’est une espèce de lampe. […] Au côté droit, il y avait deux gazelles (c’est une espèce de biches, de poil tout blanc, avec des cornes droites comme une flèche et fort longues) ; et, au côté gauche, étaient deux grands éléphants couverts de housses de brocart d’or, et chargés d’anneaux aux dents et de chaînes et d’anneaux d’argent aux pieds, et un rhinocéros. […] Cela est vrai, la chose passerait pour une espèce d’infamie ; et de plus, ils disent qu’en voyant les habits d’une dame, on peut juger dessus de sa taille et de sa façon, et faire avec cela des sortiléges sur sa personne. […] Tous les musulmans croient que les moindres circonstances de la vie de chaque homme sont écrites de toute éternité dans un livre déposé au ciel, où, suivant le texte même d’Al-Bédaouy, célèbre commentateur, « elles sont décrétées et écrites sur une table conservée avant leur existence. » Il est inutile d’accumuler les citations pour prouver que les musulmans nient toute espèce de libre arbitre ; leur fatalisme absolu et sans bornes est connu de tous ceux qui connaissent l’existence de la religion musulmane. […] C’est ordinairement un eunuque blanc qui les remplit, et qui partage conséquemment l’espèce de culte que les flatteurs et les ambitieux rendent à son maître.
L’espèce d’engourdissement mental introduit par l’hypnotiseur développe bientôt toutes ses conséquences, à la fois psychiques et physiques. […] Les actes accomplis par les hypnotisés constituent une espèce originale de réflexes psychiques qu’il ne faut pas confondre avec les réflexes ordinaires. […] Ce sont là encore des espèces d’actions ou de paroles réflexes, en ce sens qu’il y a réponse immédiate et fatale à une excitation extérieure ; mais, comme il subsiste une conscience spontanée et rapide, quoique trop peu intense pour rester dans le souvenir, ce sont des réflexes mentaux et non pas purement physiologiques. […] Une hystérique qui perd complètement le souvenir de toute espèce d’images verbales, ou qui perd les images kinesthésiques répondant aux mouvements d’un membre, ne peut plus parler ou ne peut plus remuer ce membre. […] Selon les observations d’Engelmann, les rhizopodes retirent en arrière leurs pseudopodes lorsqu’ils touchent des corps étrangers, même si ces corps étrangers sont les pseudopodes d’autres individus de leur propre espèce ; au contraire, le contact mutuel de leurs propres pseudopodes ne provoque aucune contraction.
Puisque jadis, en des temps étrangement confus, l’Église avait triomphé de cette espèce d’éruption de l’instinct et de cette révolte de la nature, qui fut sans doute l’un des caractères essentiels de la Renaissance, et qu’elle avait même arraché l’empire de l’art au paganisme du xve siècle ; — puisque, cent cinquante ou deux cents ans plus tard, elle avait pu contrebalancer la redoutable influence du cartésianisme en l’absorbant, et même en s’en aidant pour développer ce qu’il y a de substance rationnelle dans son propre enseignement ; — et puisque, enfin, au début du siècle où nous sommes, elle n’avait pas refusé de traiter avec la Révolution, et qu’elle l’avait pu, sans rien abandonner de ses droits ni surtout céder de son dogme ; — pourquoi, dans un temps comme le nôtre, s’il y a dans sa tradition quelque vertu sociale, et qu’aucune considération de l’ordre temporel n’en gêne plus le libre développement, pourquoi n’essaierait-elle pas de se présenter aux peuples sous ce nouvel aspect d’elle-même, et pourquoi n’y réussirait-elle pas ? […] Si les bonnes volontés conjurées et continuées de plusieurs générations d’hommes ne suffiront certainement pas pour mettre ces trois ou quatre points hors de doute, ce serait une espèce de crime, et, en tout cas, la plus impardonnable sottise que d’essayer de diviser ces bonnes volontés contre elles-mêmes, ou de les dissocier, pour des raisons d’exégèse et de géologie. […] Mais ce n’est pas moins Scherer qui a raison contre les libres-penseurs de l’espèce de M. […] Au contraire ce sont les « savants » qui ont proclamé « la sainteté de la guerre » avec leur fausse interprétation de la concurrence vitale, et si quelqu’un en a fait, de nos jours mêmes, l’école de toutes les vertus, c’était encore une autre espèce de savant, puisque c’est le maréchal de Moltke. […] Charles Richet, avec beaucoup de savants, ne trouve à placer, lui, que dans le progrès de l’espèce.
Que diraient-ils devant l’Homme à la houx, une Famille de paysans, la Baratteuse, cette laide femme à mâchoire carrée, tout d’une venue, frôlée par une espèce de chat inconnu de l’histoire naturelle ? […] C’est qu’en effet, François Millet a fait du paysan soit l’homme préhistorique, descendant de l’espèce simienne, suivant Darwin, soit un être appartenant à une race dégénérée par les durs travaux, les privations et les moteurs bestiales. […] Zola nous décrit, sans vergogne et sans pusillanimité, tout ce qui a prise sur notre misérable espèce. […] Après avoir analysé minutieusement et exclusivement ce qu’il y a de cupide, de mesquin, d’égoïste et de corrompu dans notre pauvre espèce, ils en signalent les fonctions organiques dans ce qu’elles ont de plus bas et de plus répugnant. […] Seulement, si par notre constitution organique, nous sommes reliés aux espèces les plus inférieures, nous nous en distinguons par des qualités nobles, des aspirations élevées et des facultés transcendantes.
On a vu là une autre espèce de duel en champ clos entre un glorieux moderne et l’ancien trouvère. […] Tout à côté, un autre prince poète, le bon roi René, nous présente, dans l’exubérance et l’anachronisme déjà sensible de certains de ses goûts, une espèce de caricature amusante et toute débonnaire du moyen âge finissant. […] C’est bien de François Ier, de l’avènement du jeune roi vainqueur à Marignan, que date chez nous la vraie Renaissance, cette espèce d’aurore soudaine qui se leva sur les esprits et les intelligences, sur le goût public.
Comme dans toutes les régions intertropicales, il n’y a guère qu’une seule et même saison durant le cours entier de l’année, et on n’y observe ni hiver ni été ; on y voit les phénomènes de la vie animale et végétale se reproduire régulièrement, à peu près vers la même époque, ou pour toutes les espèces, ou pour tous les individus d’une espèce donnée, comme il arrive dans les zones tempérées. […] Dans les forêts de l’équateur, la scène est la même, ou peu s’en faut, tous les jours de l’année, ce qui rend d’autant plus intéressante l’étude du cycle quotidien : chaque jour voit apparaître des bourgeons, des fleurs et des fruits ou tomber des feuilles dans une espèce ou dans l’autre.
Mais tout ce qu’on peut dire, c’est que les souffrances de l’un et de l’autre ne sont pas de la même espèce. […] 53 Son amour est d’espèce sombre et farouche comme ses autres sentiments. […] D’où une troisième espèce d’impression contradictoire : les criminels ne sont nullement odieux, et peu s’en faut qu’ils ne soient sympathiques et ne semblent plus à plaindre que leurs victimes.
On n’en continuera pas moins, j’en ai peur, à le prendre pour un vulgaire « bon vivant » ou pour une espèce de vieil humaniste enclin aux amours ancillaires et à le confondre presque avec ceux qui, dans les provinces reculées, le traduisent encore en vers, sans y rien comprendre… Alfred de Vigny ou l’orgueil sauveur Non, il ne faut pas regretter ces publications, de plus en plus fréquentes, de la correspondance intime des écrivains illustres. […] Cinq ou six fois du moins, Vigny a su inventer, pour les idées les plus profondes et les plus tristes, les plus beaux symboles et les mythes les plus émouvants, et fondre de telle sorte la pensée et l’image que les objets sensibles sont, chez lui, tout imprégnés d’âme, que la forme précise et rare y est suggestive de rêves infinis, et que ses vers, signifiant toujours au-delà de ce qu’ils expriment, retentissent en nous longuement et délicieusement, y parachèvent leur sens et s’y égrènent en échos lents à mourir… Et c’est, comme vous savez, une poésie de cette espèce, plus libre seulement et plus fluide, mais pareillement évocatrice, que poursuivent les derniers venus de nos joueurs de flûte. […] Cela les rend dupes, j’imagine, d’une espèce d’illusion de la conscience.
Aussi de Pure dit-il dans ce même roman, publié en 1656, que le mot de précieuse « est un mot du temps, un mot à la mode, qui a cours aujourd’hui, comme autrefois celui de prude ou de feuillantine, et qui s’applique à certaines personnes du beau sexe qui ont su se tirer du prix commun, et ont acquis une espèce et un rang tout particulier. […] Somaise dit plus simplement, qu’il y a deux espèces de précieuses : les précieuses galantes ou du second ordre, et les véritables précieuses. […] Depuis la Fronde, cette princesse avait vécu dans une espèce d’exil.
Le point de départ étant nécessairement le même dans l’éducation de l’individu que dans celle de l’espèce, les diverses phases principales de la première doivent représenter les époques fondamentales de la seconde. […] Quant à leur importance pour le bonheur de l’espèce humaine, toutes sont certainement équivalentes, lorsqu’on les envisage d’une manière approfondie. […] Complétant la vaste opération intellectuelle commencée par Bacon, par Descartes et par Galilée, construisons directement le système d’idées générales que cette philosophie est désormais destinée à faire indéfiniment prévaloir dans l’espèce humaine, et la crise révolutionnaire qui tourmente les peuples civilisés sera essentiellement terminée.
Depuis que la nature est observée nous ne voyons pas qu’aucune espèce ait franchi la barrière qui a été fixée dès l’origine ; car, dès l’origine, Dieu avait vu que cela était bien, comme s’exprime le plus ancien historien, Moïse. Lorsque l’homme a voulu exercer sa puissance à faire de nouvelles espèces, soit dans les plantes, soit dans les animaux, il n’a pu parvenir qu’à créer un individu ; et cet individu isolé n’a point eu en lui ce qu’il fallait pour se perpétuer. […] Si les métaphysiciens qui ont attribué à l’homme l’invention du langage avaient, je ne dis pas étudié, mais seulement jeté les yeux sur le peu de renseignements historiques qui existent, sur le très petit nombre de faits qui ont été rassemblés, ils auraient appris que leurs théories étaient contraires à tout ce que nous savons de certain ; ils auraient appris que toutes les doctrines de l’antiquité leur sont opposées ; ils auraient appris que plus l’on remonte haut, c’est-à-dire plus l’on s’approche du berceau au moins présumé de l’espèce humaine, plus l’on trouve les langues parfaites et fécondes.
Cette tradition nous présente la division originaire du genre humain en deux espèces, celle des géants et celle des hommes d’une stature naturelle, celle des Gentils et celle des Hébreux. […] Le premier nous montre le penchant naturel du vulgaire à imaginer des fables et à les imaginer avec convenance. — Le second nous fait voir que les premiers hommes qui représentaient l’enfance de l’humanité, étant incapables d’abstraire et de généraliser, furent contraints de créer les caractères poétiques, pour y ramener, comme à autant de modèles, toutes les espèces particulières qui auraient avec eux quelque ressemblance. […] Les muets émettent des sons confus avec une espèce de chant.
Que l’on rencontre beaucoup de gens, n’importe de quelle espèce ils soient. […] Il y en a un sur le choix des semences aux environs des parcs ; le prince suppose toujours qu’ils ne sont point enclos de murailles et que la vue s’étend à l’entour par des éclaircies bien ménagées : il soigne alors les nuances diverses des semences dans les plaines, et veut assortir « le petit vert du lin, le mêlé, le tacheté du sarrasin, le petit jaune du blé, le gros vert de l’orge, et bien d’autres espèces que, dit-il, il ne connaît pas encore », toutes ensemble faisant le fond du tableau et qui deviennent le plaisir des yeux.
Cependant La Fare, qui n’avait rien fait pour profiter de l’espèce d’inclination que le roi lui avait d’abord témoignée, s’était attiré l’aversion de Louvois, ministre tout-puissant. […] Le début des Mémoires de La Fare est une espèce de prologue à la Salluste par le tour, sinon par le fond du raisonnement.
Maurepas fut le type le plus parfait, au xviiie siècle, de cette espèce de frivolité et de ce méchant esprit dans un homme en place. […] Besenval, qui n’était pas des mieux avec lui, nous l’a montré au naturel dans deux ou trois circonstances. « Extrêmement gai, d’une imagination où tout se peignait du côté plaisant, insouciant sur tout, hors sur son crédit et sur l’espèce de gens à mettre en place, qu’il n’aurait voulu que de sa façon et dans sa dépendance ; toute affaire lui offrait matière à plaisanterie, et tout individu à sarcasme. » Il se moquait de ceux qui travaillaient pour lui et avec qui il traitait, et ne cessait de leur chercher des ridicules.
Je pourrais insister sur d’autres parties de ce Mémoire si digne de son auteur ; j’aimerais à y remarquer une justice rendue en passant à ce modeste et utile officier, Martinet, tué au siège de Doesbourg, à qui Louis XIV accorde, au moment où il le perd, un tribut d’estime et de regret ; je pourrais relever aussi un certain air de satisfaction et de gloire répandu sur l’ensemble et qui couronne la récapitulation, l’espèce d’examen de conscience par où le roi termine le récit de cette magnifique année 1672. […] Boileau (et je ne parle pas ici du poète louant en public, mais de l’homme de sens s’épanchant dans la familiarité), Boileau était d’un tout autre avis ; il entrait, nous assure-t-on, dans une espèce d’enthousiasme lorsqu’il parlait de Louis XIV, et l’on a recueilli de ses lèvres ces propres paroles, qui renferment un si bel éloge sous forme littéraire : « C’est, disait-il, un prince qui ne parle jamais sans avoir pensé ; il construit admirablement tout ce qu’il dit ; ses moindres reparties sentent le souverain ; et quand il est dans son domestique, il semble recevoir la loi plutôt que la donner. » Ce dernier trait se rapporte à la facilité de vivre du roi dans son intérieur et à son égalité d’humeur avec tout ce qui l’entourait.
Il a mis sous le nom et le masque de cette espèce de monstre, de ce personnage « à demi Quasimodo, à demi Diogène » (comme le définit M. de Saint-Victor), toute sa misanthropie et son amertume, son noir, ce qui reste de l’ancien Michel quand toutes les aurores sont éteintes, quand tous les soleils sont couchés. […] Sur un fond de ciel gris, au milieu d’un paysage nu et plat qui est assez celui de la plaine des environs de Paris, se détache l’horrible vieillard, espèce de chiffonnier au moral de toutes les guenilles et de toutes les désillusions humaines.
La figure du maréchal de Catinat, même en la dégageant de l’espèce de légende philosophique dont on l’avait un peu obscurcie, en ne se gardant pas moins de l’admiration routinière qui arrondit les traits et ôte à la physionomie son accent, est et restera une des plus belles, des plus pures et des plus originales du xviie siècle. […] On ne se laisse point payer de mots, ni même d’espèces ; on a des restes d’honneur ; on ne veut voir qu’abus de la force dans cette première et si prompte inexécution du traité ; on ne peut croire à un pareil oubli de générosité chez Louis XIV, un si puissant roi !
Grote envisage sous cet aspect les poëmes homériques, l’Iliade et l’Odyssée, et il arrive à des conclusions qui, par leur modération et leur plausibilité, m’ont beaucoup plu et m’ont paru apporter une certaine paix, une médiation conciliante, dans l’espèce de trouble et de partage où ont dû nous laisser en France les dernières guerres homériques engagées depuis plus de cinquante ans entre les savants d’outre-Rhin. […] On en resta chez nous durant vingt-cinq ans sur cette espèce d’horreur religieuse.
Il est dans le vrai encore et dans la ligne de la science lorsque, rappelant combien les conditions de la vie ont varié sur cette terre depuis la première apparition des êtres organisés et des espèces vivantes, il ajoute qu’il n’y a pas lieu de les circonscrire, de les limiter à une seule sphère, et que cette différence de conditions et de formes qui a éclaté successivement (comme la géologie l’atteste) sur notre globe terrestre, peut varier et se diversifier à plus forte raison de globe à globe, de planète à planète. […] Non content de conjecturer qu’il y a des êtres vivants dans les planètes, il veut savoir que ce sont des hommes, des espèces d’humanités ; il veut en venir à deviner, à pénétrer le mode de penser et de sentir, sur quelques points essentiels, de ces humanités si diverses et sans doute fort disparates.
Il lui a attribué un caractère de sérénité tout humaine, une espèce de beauté ronde, une santé presque junonienne. […] Il est des épithètes rares de plus d’une espèce.
Toutes les têtes exaltées, les imaginations ardentes, les intrigants de toute espèce, les hommes à projets et à espérances, y affluaient et cherchaient à pénétrer, les uns jusqu’à l’empereur Alexandre, les autres au moins jusqu’à M. de Talleyrand. […] La voici telle qu’un témoin délicat et sûr l’a recueillie de sa bouche et l’a écrite aussitôt : « En 1814, M. de Talleyrand était à la tête d’une espèce de conspiration, dont le but d’abord fut de faire passer l’empire à Napoléon II, sous la régence de Marie-Louise ; puis, le but se transformant, il se prit à travailler au retour des Bourbons.
Nous voilà donc, embrassant par l’esprit et par l’étude, toute la série des âges qui ont précédé, nous faisant miroir le plus étendu et le plus varié qu’il est possible, reproduisant chaque chose à sa manière et à la nôtre ; une époque alexandrine et trajane au complet ; une espèce de musée de Versailles où tout a place, depuis les groupes mythologiques d’Apollon et de Latone jusqu’au bon maréchal de Champagne et à Boucicault ; une renaissance, encore un coup, par tous les points et sur tous les bords. […] Pendant qu’il parle ainsi sans discontinuer, d’une voix claire, les yeux baissés, une espèce de sourire vague à sa bouche (assez gracieux dans son dédain) annonce cette profonde et douce satisfaction, cette intime et parfaite certitude qu’il a de lui-même.
On a beaucoup flétri les excès de la Régence ; mais, avant la régence de Philippe d’Orléans, il y en eut une autre, non moins dissolue, non moins licencieuse, et plus atroce encore par la cruauté qui s’y mêlait ; espèce de transition hideuse entre les débordements de Henri III et ceux de Louis XV. […] Avant de s’ajuster exactement aux différentes espèces d’idées, le langage est jeté à l’entour avec une ampleur qui lui donne l’aisance et une grâce singulière.
Marie-Joseph Chénier a écrit sur Mme de Souza, avec la précision élégante qui le caractérise, quelques lignes d’éloges applicables particulièrement à Eugène : « Ces jolis romans, dit-il, n’offrent pas, il est vrai, le développement des grandes passions ; on n’y doit pas chercher non plus l’étude approfondie des travers de l’espèce humaine ; on est sûr au moins d’y trouver partout des aperçus très-fins sur la société, des tableaux vrais et bien terminés, un style orné avec mesure, la correction d’un bon livre et l’aisance d’une conversation fleurie…, l’esprit qui ne dit rien de vulgaire, et le goût qui ne dit rien de trop. » Mais indépendamment de ces louanges générales, qui appartiennent à toute une classe de maîtres, il faut dire d’Eugène de Rothelin qu’il peint le côté d’un siècle, un côté brillant, chaste, poétique, qu’on n’était guère habitué à y reconnaître. […] L’aimable M. d’Entrague, toujours grondé par Mme de Nançay, toujours flatté par Blanche, et qui se trouve servir chaque projet de celle-ci sans le vouloir jamais, est un personnage qu’on aime et qu’on a connu, quoique l’espèce ne s’en voie plus guère.
La scène se passe vers le même temps que pour Eugène de Rothelin ; les personnages sont également simples, purs, d’une compagnie parfaitement élégante, et du plus gracieux type d’amants qu’on ait formé ; mais ici ce n’est plus, comme dans la charmante production de Mme de Souza, un idéal de conduite et de bonheur, et, ainsi que je crois l’avoir dit, une espèce de petit Jehan de Saintré ou de Galaor du dix-huitième siècle : il y a souffrance, désaccord ; le sentiment d’inégalité sociale est introduit. […] On lui en voulait en certains cercles fanatiques pour l’éclat de son salon, pour ses opinions libérales, pour l’espèce de gens, disait-on, qu’elle voyait : ses amis recevaient quelquefois d’odieuses lettres anonymes.
C’est dans ces pièces philosophiques et dans la sentimentale féerie d’Arlequin poli par l’amour (1720) que l’on sent combien Marivaux à sa façon est vraiment poète : il y a en lui une poésie d’une espèce rare, une poésie fantaisiste, ingénieuse, alambiquée, brillante, qui rappelle avec moins de puissance et plus de délicatesse la Tempête ou Comme il vous plaira de Shakespeare. […] Mais surtout, sous peine de n’être qu’une tragédie plus grossière à l’usage du peuple489 (ce que fut le mélodrame), pour être une espèce fixe et viable, le drame devait être un genre réaliste, d’un réalisme extérieur et sensible.
Etudiez l’espèce de plaisir que vous avez pu prendre quelquefois à ces réunions ; rappelez-vous les bras, les épaules nues, les jeux de l’éventail, les corsages plaqués, la toilette qui exagère toutes les parties expressives du corps féminin : vous reconnaîtrez que ce n’est guère par les grâces de la conversation, volontiers insignifiante, que vous avez été séduit, mais que l’attrait du sexe était pour beaucoup dans votre plaisir. […] Mais en même temps elles manquent de l’espèce de courage qu’exigent les chutes complètes.
Pourtant la souffrance d’un artiste inégal à son rêve, la souffrance d’une femme intelligente et tendre qui sent que son compagnon lui devient étranger, que quelque chose le lui prend, ce divorce lent de deux êtres qui s’aimaient et qui n’ont rien, du reste, à se reprocher l’un à l’autre…, ce sont là des douleurs d’une espèce rare et délicate, des nuances de sentiments dont la notation eût été des plus intéressantes. […] L’effort de la production devient une espèce de lutte à main plate, le combat de Jacob avec l’Ange dans une foire de banlieue.
L’opposition des deux espèces d’âmes : les âmes grégaires et les âmes individualistes n’est pas une opposition sociale, mais physiologique. […] Toutes ces idéologies sont unitaires : elles ont pour but de faire croire à l’unité intellectuelle, morale, politique, juridique, de l’espèce humaine ; à l’unité d’intérêts, de droits et de valeur morale des individus humains.
L’autre espèce d’altération et de corruption qu’on peut noter en lui est plus grave, en ce qu’elle tient au sens moral : il ne semble pas se douter qu’il existe certaines choses qu’il est interdit d’exprimer, qu’il est certaines expressions ignobles, dégoûtantes, cyniques, dont l’honnête homme se passe et qu’il ignore. […] Qu’on se rappelle cette nuit qu’il passe à la belle étoile au bord du Rhône ou de la Saône, dans un chemin creux près de Lyon : Je me couchai voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse ; le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres ; un rossignol était précisément au-dessus de moi, je m’endormis à son chant ; mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage.
— Assez, lui dit Frédéric, qui reprend ici l’avantage du bon sens et du bon goût au moral : Je ne suis, je vous assure, ni une espèce ni un candidat de grand homme ; je ne suis qu’un simple individu qui n’est connu que d’une petite partie du continent, et dont le nom, selon toutes les apparences, ne servira jamais qu’à décorer quelque arbre de généalogie, pour tomber ensuite dans l’obscurité et dans l’oubli. […] « Il n’est pas donné à tout le monde, lui disait-il, de faire rire l’esprit. » On ne saurait mieux rendre cette espèce d’attrait, de don lumineux et jaillissant particulier à Voltaire.
Dans les idées du temps, c’était une espèce d’honneur qu’un tel choix. […] Il n’y eut pas un seul moment d’abandon de cœur dans toute la vie de Mme de Maintenon ; là est le secret de l’espèce de froideur qu’elle inspire.
Vers la fin de l’Empire, il me semble voir en Courier un misanthrope studieux et délicat, un mécontent plein de grâce et parfois de bonne humeur, une espèce de Gray plus robuste et plus hardi, mais également distingué, fin et difficile43. […] Allait-il mieux comprendre l’époque nouvelle qui succédait, et l’espèce de transaction qu’il eût convenu dès l’abord d’y ménager et d’y favoriser ?
Du moment que Frédéric monte sur le trône, ces riens prennent de l’importance et du caractère : ainsi, dès les premiers jours du règne, à la fin d’un billet insignifiant : « Adieu, lui écrit Frédéric ; je vais écrire au roi de France, composer un solo, faire des vers à Voltaire, changer les règlements de l’armée, et faire encore cent autres choses de cette espèce. » Dans un court voyage au pays de Liège, Frédéric voit pour la première fois Voltaire qui vient le saluer au château de Meurs sur la Meuse ; le roi, avant d’arriver en Belgique, avait fait une pointe sur Strasbourg où le maréchal de Broglie l’avait reçu, l’avait reconnu à travers son incognito, et lui avait fait les honneurs de la place. […] C’est, en honneur, tout ce que la nature a droit de demander d’un bon citoyen… Jordan, tout en convenant que ce serait plus sage d’en agir ainsi, continue de s’affliger des maux qui frappent l’espèce en général, par la raison, dit-il, que « la société ne fait qu’un corps », et que tous les membres sont solidaires.
Mercredi 14 janvier Aujourd’hui, je reste toute la journée triste de la visite d’un cousin dans le malheur, qui a le teint des gens qui ne mangent qu’incomplètement, et qui est par là-dessus entouré de je ne sais quoi de piteux des gens, sans chance — et cela avec une espèce de satisfaction de son sort, qui m’agace. […] Mercredi 31 mars Je ne sais qui disait hier, que les hommes de lettres ayant une originalité sont rencoignés et renforcés dans leur originalité par la critique, qui fait d’eux des espèces de types exagérés, sur lesquels ils sont condamnés à se modeler aveuglément, tout le reste de leur vie — et il citait Mérimée.
Dans Hammat et Mandiaye il est présenté comme ayant le dos en forme de lame de rasoir et avec un seul de chacun des membres que l’espèce humaine possède en double. […] Parfois même il fait payer à l’espèce humaine sans discernement le tort qu’un homme lui aura fait subir (v.
Selon la méthode de Taine, qui indigne du Méril, mais qui l’indigne si doux, le talent lui-même n’est plus qu’un champignon d’une espèce particulière, qui pousse tout à coup quand l’humus se trouve contenir du phosphore, qu’aucun nuage ne neutralise l’action du soleil et que l’air ambiant est suffisamment saturé d’oxygène. […] Ceux qui ne veulent pas, comme Édelestand du Méril, de cette critique personnelle, ressemblent beaucoup à des criminalistes sensibles qui, commençant par réclamer l’abolition de la torture, demandent aujourd’hui celle de l’échafaud, et qui, si on les laissait aller, supprimeraient la justice elle-même, en supprimant toute espèce de pénalité !