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605. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Il était autrefois aussi blanc que du pain de riche, et son toit bleu ou rouge ne portait pas de joubarbe. […] Je regrette les ailes blanches que le vent soulevait, les châteaux ajourés des Normandes, casques de la douce guerre, les capuchons rouges des Béarnaises, les mouchoirs multicolores noués sur la nuque des Provençales, les coquilles enroulées, les bandeaux transparents qui laissaient deviner la blancheur de leur front, et ces fleurs merveilleuses, marguerites, cyclamens, digitales, pensées, qu’avaient imitées nos grand-mères inconnues quand elles inventaient la coiffe de leur bourg natal, poème féminin, l’un des plus exquis et des plus profonds qui soient sortis du génie anonyme de la foule.

606. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Si votre livre au temps porte une confidence, Vous n’en redoutez pas l’amère pénitence ; Votre vers pur n’a pas comme un tocsin tremblant ; Votre muse est sans tache, et votre voile est blanc ; Et vous avez au faible une douceur charmante !

607. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre III. De la sécheresse des impressions. — Du vague dans les idées et le langage. — Hyperboles et lieux communs. — Diffusion et bavardage »

Eût-on quelque velléité de sentir autrement, fût-on convaincu même que la vérité des faits y oblige, la phrase est là, si tentante, si facile à prendre ; il est si commode de la ramasser ; on a si peu le loisir, si peu l’habitude de sentir sa propre pensée et d’en chercher l’exacte formule, qu’on se laisse aller ; et l’on dit blanc quand on eût pensé noir si l’on n’avait pas lu son journal.

608. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

Bleues, blanches ou rouges — c’est-à-dire petites, moyennes ou grandes — elles sont singulièrement énergiques et vivaces.

609. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

[La Revue blanche (1896).]

610. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

[Revue blanche (15 avril 1893).]

611. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maeterlinck, Maurice (1862-1949) »

[Revue blanche (novembre 1891).]

612. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Que ce soit la mer merveilleuse, tout enguirlandée de varechs et de madrépores, comme une galaxie d’étoiles roses ; que ce soit le fleuve, où tant de fois il admira rouler le Bateau Ivre ; que ce soit le lac plat, ou Autre décor, une eau de songe et jamais grise ; que ce soit la source bruissante en cascatelles d’écume, ou la fontaine de girandes lumineuses, ses yeux avides de cliquetis et de clarté s’amusent puérilement des perles blanches et des cristallines paroles grêles des gouttes d’eau.

613. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

[Revue blanche (15 avril 1893).]

614. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

[Revue blanche (25 avril 1892).]

615. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Ils parcoururent le pays avec leur nouveau bouffe qui réussit à merveille et eut accès partout à la faveur de ses pointes : ce à quoi contribuèrent aussi son physique de caricature et sa tenue de campagnard, à savoir la camisole et le pantalon de toile blanche.

616. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Que ce soit là le panache blanc qui vous guide.

617. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre II : Termes abstraits »

Le nombre est la négation de l’infini, comme le noir est la négation du blanc.

618. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

« Depuis près de deux ans, dit-elle, cette belle amitié (de mesdames de Montespan et Scarron) s’est changée en une véritable aversion, une aigreur, une antipathie comme du blanc au noir.

619. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

Et puis, pourquoi n’en serait-il pas d’une littérature dans son ensemble, et en particulier de l’œuvre d’un poëte, comme de ces belles vieilles villes d’Espagne, par exemple, où vous trouvez tout : fraîches promenades d’orangers le long d’une rivière ; larges places ouvertes au grand soleil pour les fêtes ; rues étroites, tortueuses, quelquefois obscures, où se lient les unes aux autres mille maisons de toute forme, de tout âge, hautes, basses, noires, blanches, peintes, sculptées ; labyrinthes d’édifices dressés côte à côte, pêle-mêle, palais, hospices, couvents, casernes, tous divers, tous portant leur destination écrite dans leur architecture ; marchés pleins de peuple et de bruit ; cimetières où les vivants se taisent comme les morts ; ici, le théâtre avec ses clinquants, sa fanfare et ses oripeaux ; là-bas, le vieux gibet permanent, dont la pierre est vermoulue, dont le fer est rouillé, avec quelque squelette qui craque au vent ; au centre, la grande cathédrale gothique avec ses hautes flèches tailladées en scies, sa large tour du bourdon, ses cinq portails brodés de bas-reliefs, sa frise à jour comme une collerette, ses solides arcs-boutants si frêles à l’œil ; et puis, ses cavités profondes, sa forêt de piliers a chapiteaux bizarres, ses chapelles ardentes, ses myriades de saints et de châsses, ses colonnettes en gerbes, ses rosaces, ses ogives, ses lancettes qui se touchent à l’abside et en font comme une cage de vitraux, son maître-autel aux mille cierges ; merveilleux édifice, imposant par sa masse, curieux par ses détails, beau à deux lieues et beau à deux pas ; — et enfin, à l’autre bout de la ville, cachée dans les sycomores et les palmiers, la mosquée orientale, aux dômes de cuivre et d’étain, aux portes peintes, aux parois vernissées, avec son jour d’en haut, ses grêles arcades, ses cassolettes qui fument jour et nuit, ses versets du Koran sur chaque porte, ses sanctuaires éblouissants, et la mosaïque de son pavé et la mosaïque de ses murailles ; épanouie au soleil comme une large fleur pleine de parfums ?

620. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 27, que les sujets ne sont pas épuisez pour les poëtes, qu’on peut encore trouver de nouveaux caracteres dans la comedie » pp. 227-236

Ceux qui voïent des negres pour la premiere fois croïent que tous les visages des negres sont presque semblables, mais à force de les voir, ils trouvent les visages des negres aussi differens entre eux que le sont les visages des hommes blancs.

621. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

Lui, qu’il serait infâme de mettre aux mains de l’enfance, que toute femme laissera tomber des siennes, et dont le vieillard à cheveux blancs rougira d’avoir eu le goût… autrefois, n’en a pas moins mis sur l’esprit du temps qui a suivi le sien une empreinte qu’une moitié de siècle, avec deux Bonaparte et un Joseph de Maistre, n’a pas pu encore effacer !

622. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

Quand Marie de Médicis le fit coucher pour la première fois avec Anne d’Autriche, mais veilla, bien inutilement, du reste, à ce que ce ne fût là qu’une messe blanche de mariage que célébraient les jeunes époux, Baschet entre dans la ruelle, s’assied presque sur la couverture, note, note et renote, et ne se doute pas de l’indécence de son récit… Candide à force d’importance.

623. (1932) Les idées politiques de la France

Le comte de Chambord aussi choisissait, qui voulait bien être roi de France, mais de la France du drapeau blanc. […] Pareillement, il y a une critique et un refus de la Révolution qui font apparaître automatiquement au-dessus d’un parti une sorte de disque blanc, lequel signifie la réaction. […] Hugo n’en est pas moins un bleu (bleu marine tandis que Lamartine serait bleu ciel), et, entre les blancs et les rouges, le parti radical reste le parti des bleus. […] La Révolution n’a rien à faire de colonies, ni aux colonies, où sous le blanc, et quoi qu’il en ait, reparaît toujours plus ou moins le traiteur de nègres. […] Je crois que c’est d’un socialiste que vient la définition injurieuse du radical, lequel, comme le radis simple, serait rouge au dehors, blanc au dedans, et se placerait dans l’assiette au beurre.

624. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Je volerai sur le haut de la tour que tu habites… Les cygnes sont moins blancs que les filles des Gaules. […] Il était tantôt blanc, tantôt sale et tacheté, selon qu’il avait entraîné de la terre ou de la cendre. […] On voyait au ciel quelques nuages blancs, d’autres cuivrés. […] Lumière blanche immobile dans les appartements. […] C’est par un ciel blanc, sans nuage, mais sans soleil.

625. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Une petite ville très blanche, au creux d’une vallée et tout entourée de collines. […] Ses cheveux blancs sont plus blancs, et plus blanche sa barbe blanche ; et plus gris ses yeux d’eau sur le sable, comme l’écorce du bouleau par la pluie d’avril, ou comme les prunelles de la lionne caressante. […] Le vent ne mêlera plus les écheveaux de ta barbe blanche, comme la barbe de Jupiter pendue à la fourche des branches. […] Et l’on voit, sur ce fond, se dessiner la blanche figure du Christ ressuscité, les bras ouverts. […] Elle coud ce poème dans un morceau de soie blanche qu’elle portera désormais comme un scapulaire sur la poitrine.

626. (1911) Nos directions

Ce n’est plus l’heure où l’eau des lacs a la couleur de la fleur du pommier, Blanc avec un peu de rose et la figure de l’enfant s’ouvre comme une rose rouge. […] que n’a-t-il chanté davantage en secret, entre les feuillets blancs, doucement bruissants du « livre » ! […] Allitéré ou non, le vers blanc reste le vers blanc, à la frontière de la prose rythmée. […] Il n’est pas un de nos aînés vers-libristes, je parle de ceux qui ont réalisé, qui ait consenti systématiquement à un pareil sacrifice : chez eux le vers blanc reste exceptionnel, en vue d’un effet très précis. […] Henry Bataille était aussi poète, auteur notamment du recueil La Chambre blanche (1895).

627. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Il se revêt d’une tunique blanche, prend le sceptre lourd comme un marteau, qui sied à sa royauté métallique, et s’avance vers la déesse, appuyé sur deux belles filles d’or qu’il a fabriquées. « Semblables à des vierges vivantes », elles marchent à ses côtés en cadence, et soutiennent sa marche inégale. […] Quelques-unes de ses épithètes, « le Blanc », « le Brillant », — λευϰος, — gardent trace de ses couleurs primitives. […] D’autres peintures de vases archaïques le représentent avec deux ailes, l’une blanche et l’autre brune ; son pétase est moitié blanc, moitié noir ; son visage est également mi-parti, clair à droite et foncé à gauche.

628. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Quoi de plus singulier que la relation qui existe chez les Chats blancs entre la couleur bleue des yeux et la surdité ; entre la couleur de l’écaillé des Tortues femelles et leur sexe ; entre les pieds emplumés des Pigeons et la membrane qui, en ce cas seulement, relie leurs doigts externes ; entre la quantité plus ou moins grande du duvet des Pigeonneaux nouvellement éclos et la couleur future de leur plumage ; et, encore, entre les poils et les dents du Chien glabre de Turquie, bien qu’ici probablement la loi d’homologie joue son rôle ? […] Les Pigeons peuvent nous fournir encore un autre exemple : c’est la réapparition, si fréquente dans toutes les races, d’oiseaux d’un bleu ardoisé, avec un croupion blanc, deux barres noires sur les ailes, une barre noire sur la queue, et les plumes caudales extérieures bordées de blanc vers le côté externe de leur base. […] On a cité un Âne blanc qui n’était point albinos et qui n’avait ni raie dorsale ni raie scapulaire.

629. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Mais Dieu le sauve à l’aide du bon Sarrasin qui parvient à le mener jusqu’au château de la galère, où se trouvaient les personnes de distinction et les chevaliers de l’armée musulmaneac : Quand je vins parmi eux, ils m’ôtèrent mon haubert, et, pour la pitié qu’ils eurent de moi, ils me jetèrent sur le corps une mienne couverture d’écarlate fourrée de menu vair que madame ma mère m’avait donnée97 ; un autre m’apporta une ceinture blanche, et je me ceignis sur ma couverture, à laquelle j’avais fait un trou pour la revêtir ; et un autre m’apporta un chaperon que je me mis en ma têtead. […] Je le vis aucunes fois en été que, pour rendre justice à ses gens, il venait au jardin de Paris, vêtu d’une cotte (d’une robe) de camelot, d’un surtout de tiretaine sans manches, avec un manteau de cendal noir autour du cou, très bien peigné et sans coiffe, et un chapel de plume de paon blanc sur sa tête ; et il faisait étendre des tapis pour nous asseoir autour de lui.

630. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Écrivant à M. de Torcy et lui exprimant la situation dans toute sa nudité : « Je parle à un ministre, ajoutait-il, car aux autres je me fais tout blanc de mon épée et de mes farines. » Il était bien obligé de répandre des bruits faux et d’imaginer, ne fut-ce qu’à l’usage de l’ennemi, des arrivées de fonds ou de subsistances qui n’existaient pas : Je me vis donc réduit à payer de hardiesse, je dirais presque d’effronterie, avec cinquante mille hommes de moins que les ennemis, une petite artillerie de campagne mal traînée, mal approvisionnée, contre deux cents bouches à feu bien servies, et la frayeur perpétuelle de manquer de pain chaque jour. […] Le mot que Villars avait redit si souvent à sa cour durant ces dernières campagnes se trouva justifié : « Il ne faut qu’un moment pour changer la face des affaires peut-être du noir au blanc. » Villars, libre enfin de se livrer à l’activité qui était dans sa nature, assiégea et reprit en moins de quatre mois, sous les yeux d’Eugène réduit à l’inaction, Douai, Le Quesnoy, Bouchain, les places que l’ennemi avait conquises sur nous en trois campagnes.

631. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Le prélat était en habits longs violets, soutane et simarre avec des parements, boutons et boutonnières d’écarlate cramoisi : il ne me parut pas à sa ceinture ni glands ni franges d’or, et il y avait A son chapeau un simple cordon de soie verte ; des gants blancs aux mains, et point de canne ni de manteau. […] Le prélat mangea très peu, et seulement des nourritures douces et de peu de suc, le soir, par exemple, quelques cuillerées d’œufs au lait ; il ne but aussi que deux ou trois coups d’un petit vin blanc faible en couleur, et par conséquent sans force : on ne peut voir une plus grande sobriété et retenue.

632. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

L’église était resplendissante de dorures et divisée en quatre parties : le sanctuaire, surmonté d’une couronne soutenue par des colonnes de marbre de vingt-cinq à trente pieds de hauteur ; le chœur des chantres, garni de stalles en bois de chêne d’une rare beauté, avec des panneaux incrustés en bois de diverses couleurs, et des tableaux représentant la vie de saint Bruno ; le transept contenant d’un côté l’autel de la Vierge, de l’autre celui de saint Bruno, avec la statue en marbre blanc de ce bienheureux ; la nef, dans laquelle le public était admis une fois l’an, séparée du reste par une haute et magnifique grille, toute chargée de dorures. […] Un autre chartreux, de Thionville, dom Ignace Jaunez (oncle de Mme Hoche), lequel, en sa qualité de sacristain, avait le droit d’entrer dans les pavillons, venait me chercher dans ma chambre vers onze heures ou minuit ; je vois encore ce spectre blanc, aux yeux caves, avec la tète encapuchonnée, avançant sous mes yeux sa lanterne sourde, et prononçant Ave Maria, à quoi, me levant pour le suivre, je répondais Amen.

633. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Elle était toujours assise à la même place, dans un fauteuil, vêtue d’une robe de soie noire taillée sans grand souci de la mode régnante ; elle portait un fichu blanc à larges plis ; ses cheveux blancs étaient bouclés de chaque côté et ornés d’un gros nœud.

634. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Dans les profondeurs des feuillages, sur la limite du jardin, dans les cerisiers blancs, dans les troènes en fleur, dans les lilas chargés de bouquets et d’arômes, toute la nuit, — pendant ces longues nuits où je dormais peu, où la lune éclairait, où la pluie quelquefois tombait, paisible, chaude et sans bruit, comme des pleurs de joie, — pour mes délices et pour mon tourment, toute la nuit les rossignols chantaient. […] De loin, j’entendis les grelots des chevaux, et je vis approcher, encadrée dans le rideau vert des charmilles, la chaise de poste, toute blanche de poussière, qui les amena par le jardin jusque devant le perron.

635. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Il est temps que la beauté du langage vienne faire oublier ce qu’il y a d’un peu singulier, et même d’un peu comique, dans la situation du vieillard : « Tout cassé que je suis, je cours toute la ville… » Dès que don Diègue et Rodrigue se sont rencontrés, Corneille retrouve ses accents et traduit admirablement son modèle, lequel, à cet endroit, est des plus beaux : « Touche ces cheveux blancs à qui tu rends l’honneur ; Viens baiser cette joue, et reconnais la place Où fut jadis l’affront que ton courage efface. » — Admirable ! […] il lui verse son souffle, lui rend son manteau tout parfumé d’une odeur divine, et disparaît sur les rochers pour reparaître bientôt en tunique blanche au sein d’un nuage ; ce lépreux, c’est Lazare en personne, et qui lui promet, en récompense de son bienfait agréé de Dieu, victoire désormais sur tous et invincibilité, même après sa mort.

636. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Il y soigne sa santé, il y traite ses amis Rapin, Bourdaloue, Bouhonrs ; il y joue aux quilles ; il y cause, après boire, nouvelles de cour, Académie, abbé Cotin, Charpentier ou Perrault, comme Nicole causait théologie sous les admirables ombrages de Port-Royal ; il écrit à Racine de vouloir bien le rappeler au souvenir du roi et de madame de Maintenon ; il lui annonce qu’il compose une ode, qu’il y hasarde des choses fort neuves, jusqu’à parler de la plume blanche que le roi a sur son chapeau ; les jours de verve, il rêve et récite aux échos de ses bois cette terrible Ode sur la prise de Namùr. […] « Il me semble que la perruque est assez heureusement frondée dans ces vers. » Cela rappelle cette autre hardiesse avec laquelle dans l’Ode à Namur, Boileau parle de la plume blanche que le roi a sur son chapeau 7.

637. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Et moi, barbe blanche, Un pied sur la planche   Du vieux pont, J’écoute, et personne A mon cor qui sonne   Ne répond. […] Nous avons les pêchers tout rosés sur la côte, et les pruniers, les cerisiers, les pommiers, « tout blancs, tout rosés, tout embaumés, où le rossignol chante ; la verdure des premiers blés, qui cache l’alouette tombée des nues, et la solitude de nos Combes qui verdissent et gazouillent.

638. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Te souvient-il que notre mère, Au foyer de notre chaumière, Nous pressait sur son cœur joyeux, Ma chère ; Et nous baisions ses blancs cheveux Tous deux ? […] Du haut de ma fenêtre, je vis dans l’abîme de la rue le convoi d’une jeune mère ; on la portait, le visage découvert, entre deux files de pèlerins blancs ; son nouveau-né, mort aussi et couronné de fleurs, était couché à ses pieds. » XLII Chateaubriand fit une imprudence qui choqua l’ambassadeur et tout le corps diplomatique de Rome.

639. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

L’un, Mœnétios, frappé de « la foudre blanche », gisait englouti dans l’Érèbe ; l’autre, Atlas, le dieu-montagne, ployait, à l’occident, sous la voûte du ciel ; Zeus l’avait condamné à porter la Sphère étoilée. […] Pallas-Athéné la revêtit d’une tunique blanche ; elle ajusta sur son front un voile transparent, et la ceignit d’une guirlande de roses printanières.

640. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

On comprend l’ennui de cette pécore, mariée, sous le régime paternel, à un homme dont les cheveux sont presque aussi blancs que la plume qu’il porte à l’oreille. […] Pareille à une Némésis conjugale, Thérèse, drapée dans sa robe blanche, assiste, avec une indignation silencieuse, à ce va-tout de l’adultère besogneux.

641. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mon visage, qui, grâce à la petite vérole dont je suis un peu marquée, est la partie la moins blanche de ma personne, ne l’est pourtant pas encore trop mal pour une brune. […] Ma bouche est petite et suffisamment bordée ; mes dents sont saines, blanches et bien rangées ; mon menton est bien fait, et mon cou bien pris, quoique un peu court.

642. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Joignez-y sa tenue martiale et ce costume qui lui est particulier, le frac sans broderie, le chapeau à plumes blanches, un pantalon blanc toujours et de fortes bottes à l’écuyère.

643. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Je quitte ce discours pour vous dire que nous n’avons point trouvé dans mes hardes une tunique et une dalmatique de taffetas blanc qui accompagnaient les ornements de damas blanc que vous m’avez fait faire : c’est ce qui fait que je crois que cela a été oublié… Nombre de lettres à Mme de Bourges traitent ainsi de son ménage et de ses affaires domestiques, dont il plaisante assez agréablement.

644. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Nous vivons dans un temps où l’on voit des orateurs louer la magnanimité des ours blancs et l’attendrissement des panthères. […] Entrer en passion pour le bon, pour le vrai, pour le juste ; souffrir dans les souffrants ; tous les coups frappés par tous les bourreaux sur la chair humaine, les sentir sur son âme ; être flagellé dans le Christ et fustigé dans le nègre ; s’affermir et se lamenter ; escalader, titan, cette cime farouche où Pierre et César font fraterniser leurs glaives, gladium gladio copulemus ; entasser dans cette escalade l’Ossa de l’idéal sur le Pélion du réel ; faire une vaste répartition d’espérance ; profiter de l’ubiquité du livre pour être partout à la fois avec une pensée de consolation ; pousser pêle-mêle hommes, femmes, enfants, blancs, noirs, peuples, bourreaux, tyrans, victimes, imposteurs, ignorants, prolétaires, serfs, esclaves, maîtres, vers l’avenir, précipice aux uns, délivrance aux autres ; aller, éveiller, hâter, marcher, courir, penser, vouloir, à la bonne heure, voilà qui est bien.

645. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

L’indigène éprouve une sorte de défiance instinctive qui le fait répugner tout d’abord à livrer ses traditions à la curiosité des Blancs. […] Le riz blanc.

646. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Quant aux figures grotesques que nous a laissées l’antiquité, les masques, les figurines de bronze, les Hercules tout en muscles, les petits Priapes à la langue recourbée en l’air, aux oreilles pointues, tout en cervelet et en phallus, — quant à ces phallus prodigieux sur lesquels les blanches filles de Romulus montent innocemment à cheval, ces monstrueux appareils de la génération armée de sonnettes et d’ailes, je crois que toutes ces choses sont pleines de sérieux. […] La tête se détachait du cou, une grosse tête blanche et rouge, et roulait avec bruit devant le trou du souffleur, montrant le disque saignant du cou, la vertèbre scindée, et tous les détails d’une viande de boucherie récemment taillée pour l’étalage.

647. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Une haine seule, une haine profonde, invétérée, une passion instinctive, débris vivace de toutes les autres passions politiques, remuait au cœur du peuple : c’était la haine des Bourbons, du drapeau blanc ramené par l’étranger, des jésuites.

648. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Si nous ne pouvons communier dans les vers et les proses des Revues blanches ou rouges, communions dans Hugo ou dans Racine, ou dans Shakespeare, ou dans Homère, ou dans Valmiki.

649. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Nous préférons clore cette déjà longue notice par quelques scrupuleuses indications bibliographiques, rappelant la collaboration de Gustave Kahn à la Jeune Belgique, au Décadent, à la Basoche, à la Gazette anecdotique, au Paris littéraire, à la Vie moderne, au Réveil de Gand, à la Société nouvelle, à la Revue encyclopédique, au Monde moderne, à la Revue de Paris, à la Nouvelle Revue, au Livre d’Art, à l’Épreuve, au Supplément du Pan, au Mercure de France, au Journal, à l’Événement, aux Droits de l’Homme, à la Presse, à l’Almanach des poètes (Mercure de France, 1896-1897), aux Hommes d’aujourd’hui, et à la Revue blanche où, indépendamment de différentes études consacrées à Rodenbach, Anatole France, Émile Zola, Arthur Rimbaud, etc., il signe depuis plusieurs années la chronique des poèmes.

650. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

[Revue blanche (25 février 1893).]

651. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Napias, et les braves petites sœurs trottaient, sous les ailes de leur grande cornette blanche.

652. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

A récemment joint à sa boutique de blanc, un magasin d’accessoires de théâtre et de costumes historiques pour modèles, à l’enseigne de palmes vertes.

653. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Jean Carrère s’écrie : « Peut-être que demain l’âme hellène, venue à nous par les flots qui baignent Marseille, réveillant au passage les mânes assoupis des vieux consuls d’Arles, et définitivement épanouie dans la maison blanche de Maillane, aux pieds du Parnasse resplendissant des Alpilles, va remplir de nouveau l’Europe rajeunie pour la plus grande joie du monde et le relèvement des nobles esprits » (Revue Encyclopédique, 31 juillet 1897).

654. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

Demandez-le, dit le même philosophe, au génie d’un chacun, qui peut seul vous en rendre compte : chaque particulier a le sien qui ne ressemble pas à celui des autres ; il en est même qui sont aussi differens que le blanc et le noir.

655. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Ils vous diront d’un blanc manteau, qu’il est plus blanc que neige sur gelée  ; et d’une châtelaine, qu’elle eut plus blanc col et poitrine que fleur de lis ni fleur d’épine  ; mais ce sont là des traits et non pas un tableau.

656. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Les vers blancs sans rime dans lesquels il écrit ses tragédies sont une prose cadencée, qui ne donne pas même à l’oreille le plaisir de la difficulté vaincue et de la complète harmonie des mots. C’est une prose concassée en fragments égaux, âpres, durs, secs, dont la brièveté, fruit de la réflexion, est le seul caractère, et qui exclut presque tout développement des sentiments et du drame ; sorte d’algèbre en vers blancs, qu’un géomètre littéraire écrirait, non pour faire sentir, mais pour faire comprendre en peu de signes sa pensée ; le contraire de l’éloquence, qui ne vous entraîne qu’en s’épanchant, et du drame, qui ne vous saisit, comme la nature, que par ses développements. […] Myrrha a fait pleurer sur son amour néfaste, mais Myrrha tout entière n’était qu’une scène, un dialogue entre la passion et l’impossible dont le coup de poignard est le seul dénouement, une métaphysique en conversation, une frénésie en vers blancs.

657. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Aujourd’hui sous le prétexte d’un portrait, il présente une symphonie de couleurs bleues et blanches. […] Quelques filles un peu folles, volontiers dévêtues, et des croques-morts falots ; et les blanches ondulations d’une neige, et des figures enfantines, qui vaguement se jouent, en des attitudes malignes. […] Un étroit cercle d’or, plus semblable encore à une auréole qu’à une diadème, entoure sa tête blonde ; ses longues tresses retombent sous un voile léger le long des plis du satin blanc, sur lequel des passementeries d’argent découpent le pittoresque corsage des robes de cette époque.

658. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Ce naturaliste, en ce cas témoin aussi hostile que soigneux observateur, a constaté que les variétés jaunes et blanches de la même espèce, étant croisées ensemble, produisent moins de graines que ces mêmes variétés, fécondées avec le pollen des variétés de même couleur. Il affirme de plus que lorsque des variétés jaunes et blanches d’une même espèce sont croisées avec les variétés jaunes et blanches d’espèces distinctes, les croisements entre fleurs de même couleur produisent plus de graines qu’entre des fleurs de couleur différente.

659. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

La mer bleue se borde d’écume blanche : c’est pour lui Thétis aux pieds d’argent16. […] Sa Naissance de Jean-Baptiste est un petit « tableau de genre » : car, sur ce mur tendu de rideaux qui font une alcôve où repose l’accouchée douillettement enfouie dans son oreiller et sous des courtines blanches bien tirées, qu’est-ce qui s’empare de notre attention ? […] Un feutre noir blanc de vieillesse. […] Mais quelques vers blancs échappés à sa plume nous autorisent à nous demander si, pour mettre ces pièces en vers, ce fut le temps ou la volonté qui lui manqua. […] Les biscuits sont jaunes, le bocal est vert, la serviette blanche, le vin rouge ; et ce jaune, ce vert, ce blanc, ce rouge mis en opposition récréent l’œil par l’accord le plus parfait123 ».

660. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Mais, quoique Jean ait du bien et « de la conduite », le vieux ne veut pas entendre parler de lui parce que, comme j’ai dit, Jean mange du pain blanc et qu’il a ses idées sur la culture. […] Cela est si bien une poésie de jeunes filles, une poésie de catéchisme de persévérance, une poésie de voiles de tulle, de bannières, de couronnes de roses blanches et de rubans bleus ! […] Elles se ressemblent d’ailleurs ; les cheveux, les yeux pareils ; Mette un peu plus petite seulement et la peau plus blanche. […] Il est beau et bien drapé d’une flanelle molle et blanche, — la même sans doute qui sert à faire les suits pour bains de mer et les costumes de lawn-tennis. […] Il y a ceci, qu’il a les mains noires, à cause du métier, et qu’elle a les mains blanches.

661. (1894) Critique de combat

Ce titre voyant flamboie en lettres rouges au milieu d’une couverture blanche. […] Ces culottes blanches des toreros : des pantalons de pensionnaires. […] La grande cornette, qui voltige comme un papillon blanc sur le front des religieuses, n’est point pour vous effaroucher. […] Mais demain cela pourrait être avantageux. » Ce dilemme leur causera des nuits blanches. […] Si quelqu’un me demandait, en me montrant un mulâtre : — Est-il blanc ?

662. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

À Philadelphie, vis-à-vis la maison habitée jadis par Franklin, un nègre et un blanc eurent un jour une dispute fort vive sur la vérité du coloris du Titien. […] J’aurais eu un toupet carré, à cinq pointes dessinées sur le front ; j’aurais été poudré à frimas, avec de la poudre blanche par-dessus de la poudre grise ; deux rangs de boucles eussent de chaque côté relevé ma coiffure ; et par derrière ils eussent fait place à une belle bourse de taffetas noir. […] Quelque froid qu’il fît, par le vent de bise et la gelée, j’eusse traversé les Tuileries en bas de soie blancs avec des souliers de peau de chèvre. […] » Ici il s’interrompt pour observer avec sa longue vue une frégate à pavillon blanc qui s’éloigne. […] Au quatrième acte, on le voit au Champ-de-Mars avec ses frères en habit de satin blanc et son acte additionnel.

663. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Blanches, sur leurs longues tiges vertes et rougissant, comme honteuses de la volupté qui s’émanait de leurs corolles, capiteuses elles s’offraient au milieu d’un groupe de bromélias bigarrés qui semblaient épris des nouvelles venues35. […] Parfois seulement comme une lueur reposante : Deux grands camélias, l’un blanc, l’autre écarlate, Neige et sang, largement s’ouvrent dans tes cheveux, Sur cette mer nocturne aux roulements nerveux Leur lumière jumelle ainsi qu’un phare éclate. […] À travers de tièdes forêts Je vois les meutes de mes songes, Et vers les cerfs blancs des mensonges Les jaunes flèches des regrets. […] Petits poèmes suaves, d’une musique délicieusement fraîche, clairs et naïfs, tels certains tableaux de primitifs, vous semblez composés pour des vierges, vous êtes des poèmes blancs ! […] Je me jette moi-même au ban de l’Univers ; Je veux qu’on me crache à la face ; Qu’on me coupe ces mains qui ont tué ; Qu’on m’arrache ce manteau blanc prostitué ; Qu’on appelle, qu’on ameute la populace.

664. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Mais cela jurait ; c’était une tache blanche au milieu de cette peinture trop poussée de ton et d’effet. […] Figure-toi une délicieuse décoration d’opéra, tout de marbre blanc, et des peintures de couleurs les plus vives d’un goût charmant, des eaux coulant de fontaines ombragées d’orangers, de myrtes, etc. ; enfin un rêve des Mille et une Nuits.

665. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

« Allons, chère amie, il faut finir ; mais ce ne sera pas sans vous embrasser tous et sans faire des amitiés à tous nos vieux et bons amis blanc, gris, noir, blond, vieux et jeunes mariés, débarrassés, embarrassés, garçons, etc. » Figaro n’a pas plus d’entrain. […] Le Pacha est petit, la barbe blanche, le visage brun, la peau tannée, l’œil vif, les mouvements prompts, l’air spirituel et très-malin, la parole brève, et riant très franchement lorsqu’il a lâché un petit sarcasme ; plaisir qu’il s’est donné toutes les fois que la conversation tournait à la politique, et surtout lorsque le consul19 insistait pour le départ de la flotte : « Je ne reconnais pas les Français, qui savent si bien faire la guerre, et qui ne parlent plus que de la paix.

666. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Vêtu avec magnificence, monté sur un cheval blanc richement caparaçonné, sa mine chétive et blême contrastait singulièrement avec celle de son jeune oncle, don Juan d’Autriche, qui était à sa gauche dans le cortège, et qui montrait à la foule, dans toute sa fleur de bonne grâce et d’audace, le futur vainqueur de Lépante. […] A ce qu’on dit, il a le teint blanc et les traits réguliers, mais il est d’une pâleur excessive.

667. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

C’est dans les premières années qui suivirent 1830 qu’on put reconnaître l’effet des travestissements de Gavarni dans les réunions masquées ; c’est au bal des Variétés que s’est produit d’abord, dans toute sa nouveauté et sa fureur, le débardeur svelte, alerte, découplé, déluré, en chemisette bouffante de satin blanc : tous les beaux d’alors, la jeunesse à la mode, en arboraient la livrée. […] De projets de bonheur la calèche était pleine ; Nul ne sait quels regards venaient s’y caresser, Ni de quelle main blanche on ôtait la mitaine Pour cueillir un premier baiser ; Ni quelles voix ont fait de ces aveux qu’inspire L’ombrage parfumé des arbres défendus.

668. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

M. Louis Blanc qui, vivant à Londres, se trouvait à la source pour contrôler les rapports français par ceux de la marine anglaise, et qui a pour habitude d’user de tous ses moyens d’information en historien consciencieux, a raconté ce grand combat naval et l’a discuté dans le tome XI de son Histoire de la Révolution française : il a fait justice du récit qui se lit dans le recueil de Victoires et Conquêtes et qui, plein d’emphase sur tout le reste, est empreint d’une malveillance outrageuse à l’égard du délégué de la Convention. M. Louis Blanc a également relevé l’invraisemblance et le peu d’authenticité d’un propos attribué à l’amiral Villaret-Joyeuse sur son collègue, et qu’il aurait tenu à un capitaine anglais.

669. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Elle était vêtue avec une sorte de recherche : elle avait une anglaise de mousseline blanche, garnie de blonde et rattachée avec une ceinture de velours noir. […] » De son côté, Riouffe, qui était présent également, a dit en quelques traits rapides, mais heureusement touchés : « Le jour où elle fut condamnée, elle s’était habillée en blanc et avec soin : ses longs cheveux noirs tombaient épars jusqu’à sa ceinture… Elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme.

670. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

D’ailleurs elle a de beaux yeux et est fort bien faite ; elle est blanche, a de beaux cheveux ; beaucoup de désir de plaire, remplie d’attentions ; de l’esprit, de la vivacité ; sentant parfaitement tout son bonheur ; souhaitant passionnément de réussir dans cette Cour-ci ; une très bonne santé, point délicate de corps ni d’esprit ; encore un peu enfant ; une extrême envie de bien apprendre le français ; demandant qu’on la reprenne sur les mauvais mots qu’elle pourra dire… » Après l’avoir vue de ses yeux, il adoucit quelques traits et y ajoute en bien : « Un beau teint, assez blanche, de beaux yeux bleu foncé, un assez vilain nez, des dents qui seront belles quand on y aura travaillé, la taille très jolie ; elle se tient un peu en avant en marchant ; un peu plus grande que Madame (Madame Henriette).

671. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

On a tant abusé du public, tant mis de papier blanc sous des volumes enflés et surfaits, tant réimprimé du vieux pour du neuf, tant vanté sur tous les tons l’insipide et le plat, que le public est devenu à la lettre comme un cadavre. […] Il y a des auteurs qui n’écrivent plus leurs romans de feuilletons qu’en dialogue, parce qu’à chaque phrase, et quelquefois à chaque mot, il y a du blanc, et que l’on gagne une ligne.

672. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin, bien que très-bibliothécaire aussi, n’est pas de cette classe, et son lièvre plus rare a, si j’ose dire, la patte plus blanche. […] La mine a joué jusque dans des quartiers du marbre blanc de Racine.

673. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

J’aime le papier blanc plus que jamais, et je ne veux plus me donner la peine d’exprimer avec soin que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain. […] Feuilletez ceux que je vous nomme, et vous me direz si vous ne découvrez pas visiblement, dans leurs mots et dans leurs pensées, des esprits verts, quoique ridés, des voix sonores et cassées, l’autorité des cheveux blancs, enfin des têtes de vieillards.

674. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Lancé par lui, en 1814, pour précipiter dans la boue celui qui venait de tomber du trône, il racontait, dans cette invective, que Bonaparte était allé voir le pape à Fontainebleau, et qu’il l’avait injurié et outragé de sa bouche et de ses mains en le traînant par ses cheveux blancs sur le plancher du palais. […] C’étaient ensuite mille autres questions sur l’état de mon cœur : elles me demandaient si j’avais vu une biche blanche dans mes songes, et si les arbres de la vallée secrète m’avaient conseillé d’aimer. » Cependant Atala apparaît pour la première fois à Chactas : « Une nuit que les Muscogulges avaient placé leur camp sur le bord d’une forêt, j’étais assis auprès du feu de la guerre avec le chasseur commis à ma garde.

675. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Nous choisissions de préférence ces petits cafés blancs à banquettes rouges, comme il en existait encore à cette époque aux environs de la rue de Flandre, à l’enseigne de Béranger, quand ce n’était pas le café du Commerce ou le café du Cercle. […] « Ainsi »…, concluait le Messie révélé, après cette énumération prestigieuse : Ainsi, les empennés vermeils Habitent l’arche des sommeils           Exempts de lucres, Et la neige blanche, les ors, Impollus dorent de trésors           Tous ces volucres.

676. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

M. Albert Blanc, docteur en droit de l’université de Turin, a donné, depuis lors, la Correspondance diplomatique de M. de Maistre (1858), et a tiré le plus qu’il a pu le noble écrivain du côté de la cause nationale du Piémont, en le montrant tout à fait opposé et antipathique à l’Autriche. […] M. Albert Blanc n’a pas découvert un nouveau Joseph de Maistre, comme il a l’air de le croire, et comme les ambitieuses formules qu’il met en œuvre le donneraient à penser.

677. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Parlant du père de son bon camarade Durant, laboureur d’un village voisin, et qui se plaisait à le recevoir les jours où les deux amis allaient en promenade : « Comme il nous recevait, s’écrie-t-il, ce bon vieillard en cheveux blancs ! […] Marmontel prête ces mêmes grâces à la fille d’un muletier d’Aurillac qui lui a offert l’hospitalité pendant quelques jours : il lui trouve un bras pétri de lis , « et le peu que l’on voit de son cou est blanc comme l’ivoire ».

678. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Pendant qu’on discutait là-dessus, M. de Talleyrand fit si bien, qu’on apprit tout à coup que le vieux maréchal Jourdan, en sa qualité d’ancien républicain, avait pris le premier à Rouen et fait prendre à son corps d’armée la cocarde blanche, ce qui tranchait de fait la question. […] Dans ce lent voyage de Cherbourg, il maintint jusqu’à la fin l’ordre et un certain décorum militaire dans l’escorte royale : lui qui gardait encore sa cocarde tricolore le 12 avril 1814 à l’entrée de Monsieur dans Paris, il était le dernier maintenant à garder sur la terre de France cette cocarde blanche menacée.

679. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

L’africain adore la blanche. […] La jeune mamelle près de la barbe blanche, il n’est point de spectacle plus sacré.

680. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Néère, ne va point te confier aux flots, De peur d’être déesse, et que les matelots N’invoquent, au milieu de la tourmente amère, La blanche Galatée et la blanche Néère.

681. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

La draperie ou grande aube blanche, qui tombe en plis paralelles et droits, est très belle. […] Qu’il règne dans cette composition un calme qui plaît ; que cette main droite est bien dessinée, bien de chair, du ton de couleur le plus vrai et sort du tableau ; et que sans cette chappe qui est lourde ; sans ce linge qui n’imite pas le linge, sous lequel le vent s’enfourneroit inutilement pour le séparer du corps, qui n’a aucuns tons transparents, qui n’est pas souflé, comme il devroit l’être et qu’on prendroit facilement pour une étoffe blanche épaisse ; sans ce vêtement qui sent un peu le manequin, celui qui s’en tient au technique et qui ne s’interroge pas sur le reste, peut être content… belle tête, belle pâte, beau dessein… bureau soutenu par un chérubin de bronze bien imité et de bon goût.

682. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Ce morceau est plus soigné que les autres, en dépit d’un œil blanc rougeâtre et cuivreux, la touche en est moelleuse et spirituelle ; il y règne un transparent un suave de couleur qui dépite contre un artiste qui se néglige. […] Ce chien est un morceau d’éponge fine trempée dans du blanc grisâtre.

683. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

On pleure sur la page blanche que laissent les ducs de Bourgogne derrière eux… Mais les époques qui promettaient beaucoup et qui n’ont pas tenu leurs promesses, ces époques de commencements splendides et d’avortements inattendus, ne laissent pas, elles, de blancs dans le livre des siècles.

684. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Arlequin caméléon est devenu Pierrot, — un Pierrot qui déjà n’est plus blanc et serait peut-être allé au rouge, s’il n’était pas mort. […] La barbe est blanche, mais l’esprit est vert.

685. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Le ciel parisien, fidèle à son habitude ironique dans les grands fléaux et les grands remue-ménages politiques, le ciel est splendide ; il est blanc, incandescent d’ardeur. […] Un monsieur très-docte, habit noir et cravate blanche, un philanthrope, un redresseur de torts, est assis extatiquement entre deux forçats d’une figure épouvantable, stupides comme des crétins, féroces comme des bouledogues, usés comme des loques.

686. (1924) Critiques et romanciers

Bien que gobes, les mains suffisent d’abord à la conduire par les sentiers blancs. […] bien, remarque Barnavaux, « quand on montre un blanc aux indigènes, il faut que ce soit un grand blanc, un chef, avec des galons, la croix de la Légion d’Honneur, et qu’il ait une grande barbe, autant que possible, la barbe étant ce qu’ils respectent le plus au monde, parce qu’ils n’en ont pas ». […] Ni le Bambara ni le Peuhl n’admettront que la négresse soit blanche. […] Ils n’admettront pas que le blanc ne soit pas blanc. Barnavaux raconte qu’à Saint-Louis du Sénégal on a dressé sur la grand-place une statue en bronze de Faidherbe et que les soldats sénégalais la comprennent ainsi : le colonel Faidherbe était un noir, et qui a fait la guerre, aux blancs ; il a cassé les blancs et, vous le voyez, l’épée à la main, il menace la maison du gouverneur.

687. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

La république proclamée par la France en Europe, ce sera la couronne de nos cheveux blancs.

688. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Sir Walter Scott sait gré au jeune vainqueur du respect et de la pitié que lui inspira le guerrier à cheveux blancs, mais ce n’est pas sans ajouter quelque épigramme contre le coup de théâtre du manteau.

689. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Au bord de quelque golfe d’Italie, à l’entrée de quelque villa dont la blancheur contraste avec les bosquets de citronniers qui l’entourent, on entend le son d’une harpe, et une voix, voix si douce que l’amour s’y devine : Le portique au soleil est ouvert : une enfant Au front pur, aux yeux bleus, y guide en triomphant Un lévrier folâtre aussi blanc que la neige, Dont le regard aimant la flatte et la protège ; De la plage voisine ils prennent le sentier Qui serpente à travers le myrte et l’églantier ; Une barque non loin, vide et légère encore, Ouvre déjà sa voile aux brises de l’aurore, Et berçant sur leurs bancs les oisifs matelots, Semble attendre son maître, et bondit sur les flots..

690. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Dans la Femme de quarante ans, par exemple, il est peu nécessaire, pour nous égayer, de comparer une grosse dame, en robe blanche et en cachemire vert, qui exhale force odeurs, à une espèce de botte d’asperges au musc.

691. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

J’entendais dans le lointain des aboiements épouvantables, et je vis dévaler du haut de la colline fauve, à grandes enjambées, des formes blanches… J’eus peur, pourquoi ne le dirais-je pas ?

692. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

[Revue blanche (novembre 1893).]

693. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Figés en des poses d’extase, Les cheveux longs et les yeux blancs Immobiles comme en des rangs Que le regard d’un chef écrase.

694. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Sur de miroitantes étendues, cet homme fit poudroyer, pour nous, les riches teintes des sites maritimes, l’eau sinueuse, la forêt, les saintes architectures, les prairies et de blanches collines.

695. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

D’ailleurs, quelles que soient les fautes, quels que soient même les crimes, c’est le cas plus que jamais de prononcer le nom de Bourbon avec précaution, gravité et respect, maintenant que le vieillard qui a été le roi n’a plus sur la tête que des cheveux blancs.

696. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Les hommes que les cheveux blancs avertissent et devant qui le temps s’abrège ont des œuvres à terminer, sortes de testament de leur esprit.

697. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

— Or j’ai fait desceller pour toi la tombe ancienne Où dorment les aïeux, où ma place m’attend, Et descendre moi-même au fond, pieusement, Ton cercueil de bois blanc sur les bières de chêne, Et j’ai pleuré…………………………… Puis, un jour, par hasard j’ai connu ton histoire, Pastoure qui chantais dans les seigles d’été, J’ai compris ton amour maternel, ta bonté, L’énigme de tes yeux qui hantait ma mémoire, Servante dont les doigts noueux étaient câlins… Je me sens aujourd’hui, sacrilège, ô servante, Dors, l’orgueil d’un poème est indigne de toi… Ô pays, le printemps va fleurir tes sous-bois : Les tourdelles déjà grapillent dans le lierre ; Plateaux et vous, blés noir, qu’un aïeul cultiva Terre dont j’ai compris la pauvreté hautaine C’est peut-être, en mon cœur, elle, qui réveilla L’atavisme endormi de ma race lointaine, L’orgueil des champs, l’orgueil des fruits, l’orgueil du sol Et dans le dernier fils des aïeux cévenols !

698. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

C’est celui d’une femme le matin, dans sa chambre à coucher ; un petit tablier de taffetas noir sur une robe de satin blanc.

699. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Considérez les passants dans la rue ; en trois heures vous verrez tous les traits sensibles de ce tempérament : les cheveux blonds, et, chez les enfants, la filasse presque blanche ; les yeux pâles, souvent bleus comme une faïence, les favoris rouges, la haute taille, les mouvements d’automate, et avec cela d’autres traits plus frappants encore, ceux que la forte nourriture et la vie militante ont ajoutés à ce tempérament. Ici l’énorme soldat des gardes, au teint rose, majestueux, cambré, qui se prélasse une petite canne à la main, étalant son torse et montrant sa raie claire entre ses cheveux pommadés ; là, le gros homme sur-nourri, courtaud, rougeaud, semblable à un animal de boucherie, à l’air inquiétant, ahuri, et pourtant inerte ; un peu plus loin, le gentilhomme de campagne, haut de six pieds, gros et grand corps de Germain qui sort de sa forêt, avec un mufle et un nez de dogue, des favoris disproportionnés et sauvages, des yeux roulants, la face apoplectique ; ce sont là les excès de la séve et de l’alimentation brutales ; ajoutez-y, même chez les femmes, la devanture blanche de dents carnivores, et les grands pieds d’échassiers, solidement chaussés, excellents pour marcher dans la boue. […] Jusque dans ses dehors, sauf un rabat passager, et la perpétuelle cravate blanche, il vous ressemble ; au premier aspect vous le prendriez pour un professeur, un magistrat ou un notaire, et les discours qu’il prononce sont d’accord avec sa personne.

700. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

cria l’enfant, ma pièce blanche ! […] Le pli de sa jupe relevée laissait voir sa cuisse blanche, potelée et ferme. […] Ses cheveux, gris encore au moment de son arrivée à Arras, était maintenant tout à fait blancs.

701. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Ses cheveux étaient d’un blond cendré : elle était très mignonne, très timide et très blanche ; une voix nette, juste et flûtée, mais qui n’osait se développer. […] Les vieilles femmes de la cité d’Aoste se ressouviennent fort bien d’en avoir vu sortir, pendant les nuits sombres, une grande femme blanche, tenant une lampe à la main. […] Je voyais son voile s’élever de temps en temps, et ses mains blanches se diriger vers le ciel.

702. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Il y a, dans les archives de la Comédie-Française, un manuscrit inédit de quatre cents pages, relié en parchemin et noué d’une bande de cuir blanc. […] Mes mains sont de la couleur des vôtres ; mais j’ai honte d’avoir conservé mon cœur si blanc. — J’entends frapper à la porte du sud. — Retirons-nous dans notre chambre : un peu d’eau va nous laver de cette action ; voyez donc combien cela est aisé. […] — Vous me mettez de nouveau hors de moi-même, lorsque je songe maintenant que vous pouvez contempler de pareils objets et conserver le même incarnat sur vos joues, tandis que les miennes sont blanches de frayeur.

703. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

La croix de ma mère, les cheveux blancs de mon père, la voix du sang, devinrent dans la suite des ficelles dramatiques. […] Des convoitises ardentes, chauffées à blanc par la vue du succès et comprimées par les réalités de leurs positions, torturaient les plus médiocres des fils de la bourgeoisie, subitement émancipée ; pour endormir leurs appétits irrités que rien ne parvenait à rassasier, ils s’enivraient d’idéal, ainsi que d’un opium, ils s’embarquaient pour le pays des chimères, pour le monde du mensonge et de la poésie. […] Mais Chactas surgit et soudain la Française se réveille : elle se sent en présence d’un enjôleur ; elle répond à ses propositions de promenades sentimentales dans les bois : « Mon jeune ami, vous avez appris le langage des blancs, et il est bien aisé de tromper une jeune Indienne. » On devine dans cette réponse, sous le badigeon anglais et indien, la délurée grisette parisienne, qui sait que la chair est faible et le doux parler fort à l’ombre des bois de Romainville.

704. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

S’il n’y a pas de génie littéraire dans la famille, on choisit un gradué d’Oxford, homme consciencieux, homme docte, qui traite le défunt comme un auteur grec, entasse une infinité de documents, les surcharge d’une infinité de commentaires, couronne le tout d’une infinité de dissertations, et vient dix ans après, un jour de Noël, avec une cravate blanche et un sourire serein, offrir à la famille assemblée trois in-quarto de huit cents pages, dont le style léger endormirait un Allemand de Berlin. […] Les pierres pour lui prennent une voix, les murs blancs s’allongent comme de grands fantômes, les puits noirs bâillent hideusement et mystérieusement dans les ténèbres ; des légions d’êtres étranges tourbillonnent en frissonnant dans la campagne fantastique ; la nature vide se peuple, la matière inerte s’agite. […] S’il décrit une maison, il la dessinera avec une netteté de géomètre ; il en mettra toutes les couleurs en relief, il découvrira une physionomie et une pensée dans les contrevents et dans les gouttières, il fera de la maison une sorte d’être humain, grimaçant et énergique, qui saisira le regard et qu’on n’oubliera plus ; mais il ne verra pas la noblesse des longues lignes monumentales, la calme majesté des grandes ombres largement découpées par les crépis blancs, la joie de la lumière qui les couvre, et devient palpable dans les noirs enfoncements où elle plonge, comme pour se reposer et s’endormir. […] À l’instant, son tablier blanc était relevé par dessus sa tête, comme la blouse d’un enfant méchant, et l’on voyait sa faible petite canne lutter et s’agiter inutilement dans sa main ; ses jambes subissaient une agitation terrible, et Toby lui-même tout courbé, faisant face tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, était si bien souffleté et battu, et rossé, et houspillé, et tiraillé, et bousculé, et soulevé de terre, que c’était presque positivement un miracle s’il n’était pas enlevé en chair et en os en haut de l’air, comme l’est parfois une colonie de grenouilles, ou d’escargots, ou d’autres créatures portatives, pour tomber en pluie, au grand étonnement des indigènes, dans quelque coin reculé du monde où l’espèce des commissionnaires est inconnue1341.

705. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Au reste, tout ce métal sonne creux, n’est pas de bonne trempe : je ne sais qui disait que cela lui faisait l’effet d’un beau fusil à deux coups, mais en fer blanc.

706. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Par exemple, la critique de cette expression du poëte « une blanche aux yeux noirs. » Pour moi, je ne vois pas en quoi pèche l’expression, ni par où elle serait moins admissible qu’une brune aux yeux bleus, qui est très-reçue.

707. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Pour elles, la page blanche de l’esprit n’aura reçu tout d’abord que des notions justes, et l’introduction à la connaissance du beau se passera de ratures.

708. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Le juste et vertueux Booz trouvant Ruth endormie à ses pieds ; Anacréon montrant sa barbe argentée à la jeune Ionienne aussi blanche et aussi souple qu’un lis ; don Ruy Gomez de Sylva proposant à dona Sol son amour vrai, profond, paternel, amical : voilà les types uniques des vieillards qui peuvent aimer sans ridicule.

709. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Voici, par exemple, une petite pièce qui a un bouquet d’anthologie chrétienne, autant qu’en un genre tout contraire une petite épigramme de l’anthologie grecque peut sentir son Hymette et son Musée : Le pèlerin Regardant une étoile au ciel épanouie, Un jeune homme marchait ; son léger manteau bleu Diminuait toujours : ce manteau, c’est la vie, Le voyageur c’est l’âme, et l’étoile c’est Dieu, Mais les essais de vers blancs, qui terminent le volume, ne sont pas heureux ; mais on n’échappe jamais tout à fait, dans cette langue française adoptive, à des accents du premier terroir.

710. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Dans un récent article de la Revue blanche, M. 

711. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Convenons toutesfois qu’il ne scait pas rendre la finesse de la peau des femmes ; que pour toute cette variété de teintes que nous y voyons, il n’y a que du blanc, du rouge et du gris.

712. (1927) André Gide pp. 8-126

André Walter, dont le journal en deux cahiers — cahier blanc et cahier noir — était livré au public, avait eu le chagrin d’aimer vainement sa cousine Emmanuèle, qui ne s’en était même point aperçue et qui avait épousé un M.  […] Dans le « cahier blanc ». […] Cet Amédée est un pauvre homme faible et grotesque, un candide fantoche, et même un pur-simple comme Parsifal, ayant promis avant ses fiançailles à son meilleur ami, amoureux comme lui de la future Mme Fleurissoire, qu’il se contenterait d’un mariage blanc. […] « D’ordinaire, dit Taine, leur cristallin quoique opaque laisse déjà passer un peu de lumière ; l’aveugle de Cheselden distinguait au moins trois couleurs : le blanc, le noir et l’écarlate3 ». […] A un « bon » confrère qui s’était approprié ces malices cousues de fil blanc, j’ai une fois répondu en énumérant des noms d’écrivains et d’artistes notoirement attachés aux opinions de droite, dont j’avais fait l’éloge.

713. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ce calme désespoir sans faiblesse, sans battement de cœur, dirait-on, fait songer à quelque blanche et énorme banquise où l’antique bouleversement furieux des flots se serait immobilisé en glaçons tout baignés de clarté polaire. […] Il suit, sous les tonnelles, la fuite des robes blanches ; ce qu’il voudrait surtout, c’est « Un cœur fait pour le sien… Un cœur naïf de jeune fille ». […] Et lorsqu’on redescend d’elle, on se souvient d’avoir vu, plus haut que les glaciers et les neiges, des seuils de porphyre, des vestibules d’albâtre incrustés de blanches pierreries et des colonnades de jade pâle, et au loin, si loin, parmi des fumées d’encens qui montent d’encensoirs faits en forme de lys ou d’étoiles blanches, une prodigieuse divinité tour à tour voilée et dévoilée, couronnée d’impérissable triomphe. […] Car jamais l’auteur du Cygne ne fut plus hautement clair qu’en ce livre radieux et blanc. […] Puis ce fut ce pauvre corps grêle, sur le lit blanc, avec des jacinthes et des roses blanches ; la mère en pleurs, le père qui ne voulait pas pleurer.

714. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Mince et droite dans sa robe d’un vert presque noir, avec une torsade de perles dans ses cheveux sombres, elle tient entre ses doigts longs et blancs un œillet rouge. […] Il l’évoque de nouveau, irrésistible, « quand elle passait, enveloppée d’un châle blanc, toute mignonne avec la finesse de son allure, et comme éclairée dans sa pâleur par l’éclat de ses yeux ». […] Flaubert était retiré à la campagne près de Rouen, chez sa mère, dans cette maison blanche de Croisset, ancienne habitation de plaisance d’une confrérie religieuse. […] D’autres étaient blanches comme les joues d’une morte. […] Le noir, l’obscur de la nuit, et pendant que, anxieuse, elle s’obstine à fixer les ténèbres, le ciel longtemps fermé soulève le bord de sa paupière, une large lueur éclate, et tout un morceau d’horizon jaillit sur le blanc de l’éclair.

715. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Il montrait les belles nymphes, « roses vivantes des bois, aux brodequins d’argent, aux robes de fleurs488 », « et le soir, encapuchonné de gris, qui, semblable à un triste pèlerin sous sa robe monastique, se lève derrière les roues fuyantes du soleil, —  les îles à la ceinture de vagues, qui, comme de riches diamants bigarrés, parsèment la poitrine nue de l’abîme, —  les brûlants séraphins aux éblouissantes rangées dressant vers le ciel leurs angéliques trompettes tonnantes489. » Il amoncelait en buissons touffus les fleurs éparses chez les autres poëtes490, « la primevère hâtive qui meurt délaissée, l’hyacinthe aigretée, le pâle jasmin, la pensée bigarrée de jais, l’œillet blanc, l’ardente violette, la rose musquée, le chèvrefeuille à la gracieuse parure, avec le coucou alangui qui penche sa tête pensive, et toutes les fleurs qui portent une broderie mélancolique491. » Il les appelait autour du tombeau de son ami, et disait « à l’amarante d’y verser toute sa beauté, aux narcisses de remplir leurs coupes de pleurs. » Il parlait aux « creuses vallées où de doux chuchotements habitent dans les ombrages, dans les vents folâtres, dans les sources jaillissantes, et dont Sirius brûlant épargne le frais giron. » Il leur disait « d’empourprer tout le sol de fleurs printanières, de jeter sur cette tombe tous les émaux de leurs yeux rayonnants qui sur le gazon vert boivent les rosées parfumées. » Tout jeune encore et au sortir de Cambridge, il se portait vers le magnifique et le grandiose ; il avait besoin du grand vers roulant, de la strophe ample et sonnante, des périodes immenses de quatorze et de vingt-quatre vers. […] Là-bas, le fils de Circé l’enchanteresse, le sensuel Comus danse et secoue des torches parmi les clameurs des hommes changés en brutes ; c’est l’heure[NM] « où les lacs et les mers avec leurs troupeaux écailleux mènent autour de la lune leurs rondes ondoyantes, pendant que sur les sables et les pentes brunies sautillent les prestes fées et les nains pétulants. » Elle s’effraye, elle s’agenouille ; et dans les formes nuageuses qui ondulent là-haut sous la clarté pâle, elle aperçoit l’Espérance aux blanches mains, la Foi aux regards purs et la Chasteté, gardiennes mystérieuses et célestes qui veillent sur sa vie et sur son honneur. Ô soyez les bienvenues, Foi aux regards purs, Espérance aux blanches mains, —  ange, qui voles au-dessus de ma tête, ceint de tes ailes d’or, —  et toi, Chasteté sainte, forme sans tache, —  je vous vois clairement, et maintenant je crois — que lui, le Bien suprême, qui ne souffre les êtres mauvais — que pour faire d’eux les serviles ministres de sa vengeance, —  enverrait un ange lumineux, s’il le fallait — pour garder ma vie et mon honneur contre tout assaut. —  Me trompé-je ? […] De loin en loin un sonnet patriotique ou religieux vient rompre ce long silence ; tantôt pour louer les chefs puritains, Cromwell, Vane, Fairfax, tantôt pour honorer la mort d’une pieuse amie, ou la vie « d’une vertueuse jeune dame » ; une fois pour demander à Dieu « la vengeance de ses saints égorgés », des malheureux protestants du Piémont, « dont les os gisent épars sur les froids versants des Alpes » ; une autre fois sur sa seconde femme, morte au bout d’un an de mariage, « sa sainte » bien-aimée, qui lui est apparue en songe « comme Alceste ramenée du tombeau, avec un long vêtement blanc, pur comme son âme » : loyales amitiés, douleurs acceptées ou domptées, aspirations généreuses ou stoïques, que les revers ne firent qu’épurer. […] Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche et comme la neige, et ses yeux étaient comme une flamme de feu.

716. (1886) Le naturalisme

Les spectateurs attendaient une circonlocution, une périphrase alambiquée quelconque, quelque blanc tissu ou autre chose qui n’offensât point leurs oreilles de gens de goût. […] Par leurs vêtements, leur langage et leur conduite, ils sont semblables au premier venu, et celui qui rencontrerait dans la rue Nuñez de Arce ou Campoamor sans les connaître, dirait qu’il a vu deux messieurs de bonne mine, l’un tout blanc, l’autre un peu pâle, qui n’ont rien de saillant. […] Tirant le Blanc, cet autre premier livre de la littérature chevaleresque, fut traduit de l’anglais en portugais et en catalan. […] Il écrivit sans relâche, sans terme, passant les nuits blanches, produisant parfois un roman en dix heures, et tout cela en vain, sans réussir à se délivrer de ses obligations urgentes et angoisseuses, sans pouvoir disposer d’un liard. […] Que l’auteur s’abstienne de peindre la passion amoureuse et il a carte blanche pour portraicturer toutes les autres !

717. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Personne ne conteste qu’un blanc soit supérieur à un boschiman ou à un papou. […] Il ajoute, à la vérité, que ce sentiment premier serait insuffisant si les blancs ne le fertilisaient par l’apport de l’élément intellectuel. […] N’objectez pas que les dieux helléniques sont blancs et que la Vénus de Praxitèle n’a pas des formes hottentotes. […] L’abus du vers blanc dans la prose me paraît une erreur. […] Dans le « cahier blanc », Emmanuèle ressemble un peu à Charlotte, avec moins de petits frères.

718. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Ernest Hello, le comte Roselly de Lorgues, Raymond Brucker, Blanc de Saint-Bonnet, etc., etc. […] Mais, cherchez-les, ces merles blancs. […] Les Dumas père et fils ne se sont pas contentés de nous prouver l’égalité du noir et du blanc ; ils ont daigné nous démontrer la supériorité absolue du noir sur le blanc. […] et qui est le merle blanc de tous les rêveurs ! […] Il est vrai qu’en récompense de tant de ferveur on leur a donné un tablier de peau blanche, une paire de gants blancs de sapeur, comme emblème de leur innocence (!!!)

719. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Voilà son logis, blanc avec des volets verts, — et pur de tout concierge. […] Tout auprès, un tableau, peint avec du noir et du blanc, représente un groupe de moines violâtres, les plus étranges qu’on puisse imaginer… Sont-ce des moines ? […] c’est égal, dit doucement Champfleury, émergeant tout à coup de la cravate blanche, tu n’auras pas ma voix. » Vous pensez le scandale ! […] c’est la première ville de ces contrées, c’est la blanche Colone ! […] Les landes de Lessay, silencieuses, mystérieuses, hantées (hantées est le mot) par les pâtres-bohémiens, enveloppés dans leurs limousines à grandes raies rousses et blanches, et qui jettent des sorts, quel décor pour ce drame d’un fantastique si lugubre !

720. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Nous assistons à une scène conjugale : Rien ne la contentait, rien n’était comme il faut : On se levait trop tard, on se couchait trop tôt ; Puis du blanc, puis du noir, puis encore autre chose Les valets enrageaient, l’époux était à bout. […] » Au lendemain, vêtu d’une sequenie blanche, charge sur son dos les deux précieuses coignées, se transporte à Chinon, ville insigne, ville noble, ville antique, voire première du monde, selon le jugement et assertion des plus doctes Massorets. En Chinon, il change sa coignée d’argent en beaux testons et autre monnaie blanche ; sa coignée d’or en beaux saluts, beaux moutons à grande laine, belles riddes, beaux royaux, beaux écus au soleil.

721. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Enfin sur toutes choses, deux opinions d’une autorité presque égale, dont l’une dit blanc, l’autre dit noir, et les notions de tout, confuses, incertaines, et dans cette anarchie de croyances, plus une seule vérité debout, et qui ne soit entamée par le doute. […] Elle nous a fait la description d’un salon d’une certaine vieille dame toquée, où il y avait des mannequins de messieurs en habit noir, et en cravate blanche, qu’on devait épousseter et brosser tous les matins : mannequins un peu effrayants, et qui faisaient sauver à toutes jambes, une bonne, le premier jour de son entrée. […] Elle a des scènes de coquetterie délicieuses, avec le gai rire de sa bouche aux dents blanches, avec le tendre rire de ses doux yeux de chevreuil.

722. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Sully-Prudhomme est incomparable dans les pièces courtes, exquises par contre, et, si l’expression d’une pensée fait leur mesure, la pensée n’y est pas d’une délicatesse moins rare que la forme qui l’enchâsse ; parfois même sa subtilité devient telle qu’elle en arrive à n’être sensible qu’à la façon d’un souffle, et visible seulement comme le « fard léger » de l’« aile fraîche des papillons blancs » auquel le poète se plaît à comparer ses vers. […] Mais tandis que la nuit lugubre étreint les cieux, Debout, se détachant de ces brumes mortelles, Les voici devant moi, blancs et silencieux. […] Parmi ses rêves d’amour, en voici un : Et dans les bois voisins, inondés de rayons, Précédés du gros chien, nous nous promènerions, Moi, vêtu de coutil, elle, en toilette blanche, Et j’envelopperais sa taille, et sous sa manche Ma main caresserait la rondeur de son bras.

723. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Tels sont encore, dans La Petite Dorrit, le vieux Flintwinch, qui promène si bizarrement son torticolis de pendu réchappé par l’atmosphère ténébreuse de la maison Clennam, ou cet aventurier presque de race, Rigaud, dont les mains blanches et sales sont étrangement soupçonnées d’avoir étranglé une femme dans un endroit écarté, près de Marseille. […] Mais cette manifestation excessive même fait valoir merveilleusement le ridicule, la fantaisie, l’étrange et risible bizarrerie des personnages comiques qui traversent les livres de Dickens avec de si amusants visages et de si drôles de bonnes âmes, vieux messieurs pléthoriques et coléreux, grandes dames prétentieusement pincées, aigres vieilles filles, maris intimidés, prestigieux bohèmes, et ces inénarrables ivrognes, flambant d’alcool, la langue pendante, les yeux blancs sur leurs bajoues violettes, et lui conservent imperturbablement leur décorum de gentlemen après les pires ribotes. […] Merdle qui la veille de sa faillite, est allé s’ouvrir les veines dans une baignoire de bains publics où son corps blanc et moite est étalé au milieu des caillots.

724. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Il doue Mme Bovary de toute la séduction d’une âme acérée dans un corps souple, élancé et blanc. […] Chacun de ses doigts était pour lui plus qu’une chose, presqu’une personne… Il l’appelait Marie, adorant ce nom là fait exprès, disait-il, pour être soupiré dans l’extase et qui semblait contenir des nuages d’encens, des penchées de roses. » D’aussi, belles pages marquent encore la sensualité contenue de ces deux êtres mûrs pour l’amour, et exacerbant leurs nerfs malades ; la promesse de son corps accordée et ce sacrifice empêché par la maladie de son fils tandis que dehors l’émeute se déchaîne  puis la séparation des deux amants, jusqu’à cette scène effroyablement aigüe où Frédéric, se trouvant un soir chez elle pâle et en larmes, est emmené par sa maîtresse, tandis que les rires délirants de Mme Arnoux sonnent dans l’escalier, et en trouent l’ombre ; la ruine de cette femme, cette chose intime et presque obscène, la vente de ses effets : enfin cette suprême et dure entrevue, où éclairée tout à coup par la lampe, elle montre à son amant vieilli, et travaillé de concupiscences, la froideur pure sur ses doux yeux noirs, de ses cheveux désormais blancs, dont, déroulés, elle taille une mèche, « brutalement à la racine »… Par ce type de femme de la grâce la plus haute, Flaubert se compensait de toutes les brutes que son souci de la vérité le forçait à peindre. […] Il vécut ainsi douloureusement au déclin de sa vie, ce grand homme, haut de taille, portant sur ses lourdes épaules, une grosse face rubiconde, bénigne et naïve, que coupait une moustache blanche de vieux troupier, que dominait le vaste ovale d’un front rouge, sur des yeux bleus, « dont la pupille, dit M. de Maupassant, toute petite, semblait un grain noir toujours mobile. » Et cet homme à la carrure de cuirassier, qui semblait fait, avec sa mine bonasse de reître, pour courir les aventures, enlever les bataillons à la charge, se tanner le cuir sous des soleils incendiés ou de glaciales bruines, passa sa vie  dominé par on ne sait quelle infime modification vasculaire de son encéphale  comme un mince artisan, fabriquant, dans l’ombre de la chambre, des objets infiniment délicats.

725. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Au milieu, une femme vue de dos, à moitié nue, bien blanche, avec des cheveux bruns crespelés, jase aussi en souriant avec son partenaire ; elle a l’air plus sensuel, et tient encore un miroir où elle vient de se regarder ; — enfin, dans le coin à droite, un homme vigoureux et élégant — une tête ravissante, le front un peu bas, les lèvres un peu fortes — pose en souriant son verre sur le gazon, pendant que sa compagne verse quelque élixir merveilleux dans le verre d’un long et mince jeune homme debout devant elle. Derrière eux, sur le second plan, un autre groupe étendu tout de son long sur l’herbe : — ils s’embrassent. — Sur le milieu du second, une femme nue et debout, tord ses cheveux d’où dégouttent les derniers pleurs de l’eau salutaire et fécondante ; une autre, nue à moitié couchée, semble comme une chrysalide, encore enveloppée dans la dernière vapeur de sa métamorphose. — Ces deux femmes, d’une forme délicate, sont vaporeusement, outrageusement blanches ; elles commencent pour ainsi dire à reparaître. — Celle qui est debout a l’avantage de séparer et de diviser symétriquement le tableau. […] Planet a fait ce que font tous les coloristes de premier ordre, à savoir, de la couleur avec un petit nombre de tons — du rouge, du blanc, du brun, et c’est délicat et caressant pour les yeux.

726. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Quatre chevaliers envoyés pour reconnaître l’ordre et le plan des Anglais le viennent redire au roi Jean, qui, « monté sur un grand blanc coursier », exhalait son ardeur et n’épargnait pas les paroles pour piquer les siens : « Entre vous, disait-il, quand vous êtes à Paris, à Chartres, à Rouen ou à Orléans, vous menacez les Anglais et vous vous souhaitez le bassinet en la tête devant eux : or, y êtes-vous ; je vous les montre… » Et ses barons lui répondaient par des cris de joie et d’espérance. […] Quand on l’aurait présenté comme le narrateur le plus varié et le plus piquant des entreprises d’armes et de toutes les chevaleries d’alors, il y aurait à se garder encore de le trop circonscrire et de lui refuser l’intelligence du reste ; car, s’il entend par excellence le fait des chevaliers et gentilshommes, il a montré dans ses récits des affaires et des troubles de Flandre qu’il n’entendait pas moins bien le tribun du peuple, le factieux de la bourgeoisie et de la commune, le chef des chaperons blancs, c’est-à-dire des bonnets rouges de ce temps-là.

727. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Conséquemment, lorsque les Indiens commencent à se trouver un peu trop près de leurs frères les blancs, le président des États-Unis leur envoie un messager, lequel leur représente que, dans leur intérêt bien entendu, il serait bon de reculer un tant soit peu vers l’Ouest. […] Elle abandonne pour toujours le sol sur lequel, depuis raille ans peut-être, ont vécu ses pères, pour aller s’établir dans un désert où les blancs ne la laisseront pas dix ans en paix.

728. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Blessé, se sentant mourir, il envoie un ami la chercher : si elle veut venir, l’ami dressera une voile blanche sur son vaisseau ; sinon, il le garnira de voiles noires. […] Le poète n’omet rien : qu’« il ne luisait lune ni étoile », et qu’« en la maison n’avait lampe ni chandelle allumée », que Lancelot entre au verger par une brèche de mur, vient sous la fenêtre de la reine, et là se tient « si bien qu’il ne tousse ni éternue », que la reine vient en « molt blanche chemise », sans cotte ni robe dessus, mais un court manteau sur ses épaules ; qu’ils se saluent, etc.

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