Zacharias Werner, Berthold, Kreisler, vous tous artistes de nos jours, au génie inquiet, à l’œil effaré, que l’air du siècle ronge ; inconsolables sous l’oppression terrestre, amoureux à la folie de ce qui n’est plus, aspirant sans savoir à ce qui n’est pas encore ; mystiques sans foi, génies sans œuvre, âmes sans organe ; comme il vous a connus, comme il vous a aimés !
En général, toute cette école de Lérins cherchait à concilier le plus d’intelligence et de liberté avec la grâce et la foi : Vincent de Lérins en est un des plus éloquents organes.
Il faut rendre à M. de Persigny cette justice qu’il a dans le cœur ce je ne sais quoi d’élevé qui répond bien à un tel sentiment, qui y sollicite et peut y rallier même des adversaires, qui va chercher en chacun ce qui est vibrant, et que le sentiment napoléonien historique et dynastique tel qu’il le conçoit dans son esprit et dans son culte, tel qu’on l’a entendu maintes fois l’exprimer avec une originalité saisissante (toute part faite à un auguste initiateur), est à la fois ami de la démocratie, sauveur et rajeunisseur des hautes classes, animateur de la classe moyenne industrielle en qui il tend à infuser une chaleur de foi politique inaccoutumée.
Aura-t-il assez de foi et de vertu pour l’oser ?
Ma foi, je veux n’en rien savoir.
L’histoire fait foi qu’il est arrivé à plusieurs de ces messieurs pour un si digne sujet, les avantures qui arriverent à notre Huddibras quand il couroit les champs pour rétablir un chacun dans ses libertez et proprietez, même les ours qu’on menoit par force danser aux foires.
Heureusement, saint Vincent de Paul, chassé, en 1793, par l’école de Jean-Jacques, revint, quatre ans après, avec les enfants, catéchisés et communiants, légitimés devant Dieu par la foi, l’humilité et la pratique des vertus chrétiennes.
ma foi !
L’unité de la foi en péril la retenait.
Il est intitulé : Profession de foi de Paul Bert. […] Ma foi, tant pis ! […] Or, la foi doit être précise. Une foi vague ne se conçoit même pas. […] Soyons des hommes de foi !
L’héritage seul met une mystique et une foi sous l’écorce peu avenante des Intérêts. […] Le socialisme se justifie par l’idée, comme le chrétien, selon Luther, se justifie par la foi. […] Le chrétien lui échappe par la foi en Christ, le socialiste lui échappe par la foi en la Révolution. Le socialisme se justifie par la foi en la Révolution sociale. […] Il s’agit de la défense du principe et du levain socialistes, de la foi qui agit comme idée.
Mais il y avait deux pays où l’ambition dans le sens d’autrefois, l’envie de s’agrandir, la foi nationale, l’orgueil de race duraient encore. […] Le manque de foi à la science est le défaut profond de la France ; notre infériorité militaire et politique n’a pas d’autre cause ; nous doutons trop de ce que peuvent la réflexion, la combinaison savante. […] La foi, comme toutes les choses exquises, est susceptible ; au moindre contact, elle crie à la violence. […] Il faut, pour exposer sa vie, la foi à quelque chose d’immatériel ; or cette foi disparaît de jour en jour. […] Entretenir une armée faisant un corps à part dans la nation et empêcher le développement de l’instruction primaire sont ainsi devenus dans un certain parti des articles de foi politique ; mais la France a pour voisine la Prusse, qui force indirectement la France, même conservatrice, à reculer sur ces deux principes.
J’admire son haut et tranquille dédain des agitations contemporaines ; comme lui, je pense que la foi des anciens jours, qui fait encore des martyrs et des prophètes, est bonne à garder et douce aux hommes à l’heure de la mort. […] — Ma foi, quelque chose comme le marbre ou la peinture que les artistes du siècle dernier apportaient, sous le nom de morceau de réception, à l’Académie qui venait de leur ouvrir ses portes. […] Zola sourit et me répondit qu’il s’attendait absolument à mon objection, mais qu’elle était loin de l’ébranler dans la satisfaction qu’il éprouvait d’avoir fait ce qu’il avait fait, et dans la foi qu’il avait de marcher droit à son but. […] Mme de Burne ne trompe pourtant pas son monde ; voici à cet égard, une petite profession de foi : Nous regardons tout à travers le sentiment. […] Je m’accuse d’un tort sérieux, mais au regard des miens et de moi-même : c’est d’avoir eu trop de foi dans la solidité des assises du régime impérial, et, par suite un trop médiocre souci de nos intérêts d’avenir.
La Réforme, en réduisant la perspective de l’esprit et sapant la foi, a appauvri et embrouillé ce rythme intérieur, que la Révolution et ses laudateurs et disciples libéraux ont complètement obscurci. […] C’est au fond ce que craignait l’Etat ploutocratique (car la foi est l’antidote de l’argent) ; d’où les persécutions que l’on sait. […] Montaigne, incrédule total, sourit de la science comme de la foi et encore mieux que de la foi, sourit de la logique comme de l’illogique. […] Puis, une fois qu’il est là, s’il faut lui inculquer une foi, la foi de ses ancêtres, s’il n’est pas préférable de lui en inculquer une autre, venue d’Allemagne, cela au nom de l’Etat. […] Il m’apparaît plutôt que le soleil pastorien . se refroidit, que la foi dans les microbes, et dans la cuisine antimicrobienne est moins vive, et, conséquemment, que les remèdes issus de cette foi et porteurs de cette foi, deviennent moins efficaces.
Un Essai sur les erreurs populaires des Anciens (Saggio sopra gli errori popolari degli Antichi), composé par Leopardi dans l’espace de deux mois, au commencement de 1815, nous présente déjà les résultats d’un esprit bien ferme, mais contenu encore dans les limites d’une foi sincère. […] Le jour où il voudra exprimer nettement sa pensée la plus chère, une profession de foi faite pour être montrée, nous verrons que c’est en français tout naturellement qu’il la consignera. […] Je vois très-souvent le bon ministre de Prusse, le chevalier Bunsen, qui était ami du pauvre Niebuhr ; il réunit toutes les semaines chez lui une société de savants, dont je n’ai pu encore profiter à cause de ma santé et de la distance où il demeure… » Mais voici un passage curieux dans lequel, à l’occasion d’un article sur lui qu’avait inséré un journal de Stuttgard, l’Hesperus 159, Léopardi, au beau milieu d’une lettre écrite en italien, s’exprime tout d’un coup en français, comme pour rendre plus nettement sa pensée et pour adresser sa profession de foi à plus de monde. […] — Quant au passage décisif et qui concerne sa profession de foi, il se rattache de près à la pièce lyrique qui peut sembler la plus belle du poëte, et qu’on dirait avoir été composée à la suite de cette lettre irritée : je veux parler de son chant intitulé l’Amour et la Mort, dans lequel le ton le plus mâle s’unit à la grâce la plus exquise.
Ferme dans sa foi religieuse complote, il maintient la neutralité la plus absolue, et rendant à tous les Dieux un honneur égal, il éprouve pour l’action qui se passe sous ses yeux une sorte d’horreur. […] Cependant, il conserve jusqu’à la fin la foi la plus naïve et la plus sérieuse en sa mission239, et lorsqu’un ecclésiastique ose en sa présence douter et médire des chevaliers errants, le visage enflammé de colère et tremblant des pieds à la tête, don Quichotte lui répond ainsi : « Est-ce, par hasard, une vaine occupation, est-ce un temps mal employé que celui que l’on consacre à courir le monde, non point pour en chercher les douceurs, mais bien les épines ? […] Hegel admire don Quichotte pour la foi naïve et sérieuse qu’il garde en lui-même et en sa mission jusqu’à la fin. […] Ce n’est pas sur ce qu’il y a de vraiment moral dans la vie du peuple athénien, sur là traie philosophie, la vraie foi aux Dieux, l’art solide, qu’Aristophane se montre comique, mais sur les excès de la démocratie, qui ont fait disparaître l’ancienne croyance et les anciennes mœurs, sur la sophistique, le genre larmoyant et les lamentations de lu tragédie, sur le verbiage léger, l’amour de la dispute, etc., cette réalité en contraster avec ce que devraient être l’État, la religion et l’art .
Votre force s’augmentera dans le présent de toute la foi que le pouvoir héréditaire inspirera au monde dans votre avenir. » M. de Talleyrand, pilote plus exercé aussi aux pronostics de l’opinion publique en France, croyait plus que Bonaparte lui-même à la prostration facile des hommes et des choses ; il savait combien la France politique est complaisante aux événements, et combien le lendemain d’un coup d’État ressemble peu à la veille. […] La diplomatie de Maret n’était que la foi d’un sectaire ; la diplomatie de Caulaincourt n’était que l’horreur de voir remonter les Bourbons sur le trône de France : l’un défiait toujours au nom de son maître à demi vaincu ; l’autre concédait tout, pourvu que le trône impérial restât debout sur les ruines de la France. […] Casimir Périer, il laissait voir sur son visage, pâle, ridé, et cependant toujours gracieux, de vieux diplomate, une auréole de satisfaction honnête et puissante, qui semblait dire : Cette diplomatie, tant calomniée par l’ignorance du vulgaire, a aussi sa foi ; car elle a aussi sa vertu. […] Elle était au prix d’une réhabilitation et d’une profession de foi qu’il avait rédigée de sa main prudente jusque dans le protocole de la mort ; mais ce protocole, il avait résolu de ne le livrer à l’autorité ecclésiastique que posthume.
Que celui qui a la foi en une durée future jouisse de son bonheur en silence, et qu’il ne se trace pas déjà des tableaux de cet avenir. […] Je les indignais en leur disant : « Je serai très satisfait, si, après cette vie, je suis encore favorisé d’une autre, mais je demande seulement à ne rencontrer là-haut aucun de ceux qui ici-bas ont eu la foi à la vie future, car je serais alors bien malheureux ! […] J’avais déjà, à cette époque, une foi absolue à l’influence réciproque, et je pensais pouvoir l’amener vers moi en le désirant fortement. […] J’étais dans un inexprimable bonheur, non seulement de la revoir, mais de n’avoir pas été déçu dans ma foi à une influence invisible. » XVI Quelques entretiens scientifiques sur les sciences naturelles.
Aussi c’est la foi à l’avenir de l’Allemagne qui me console vraiment. Cette foi, je l’ai aussi énergique que vous. […] Nous devons, suivant nos talents, nos penchants, notre situation, développer chez nous, fortifier, rendre plus générale la civilisation, former les esprits, et surtout dans les classes élevées, pour que notre nation, bien loin de rester en arrière, précède tous les autres peuples, pour que son âme ne languisse pas, mais reste toujours vive et active, pour que notre race ne tombe pas dans l’abattement et dans le découragement, et soit capable de toutes les grandes actions quand brillera le jour de la gloire. — Mais, pour le moment, il ne s’agit ni de l’avenir, ni de nos vœux, ni de nos espérances, ni de notre foi, ni des destinées réservées à notre patrie ; nous parlons du présent, et des circonstances au milieu desquelles paraît votre journal. […] Je veux seulement faire observer que, pendant cette heure de conversation, j’acquis la plus profonde conviction que c’est une erreur radicale de croire que Goethe n’a pas aimé sa patrie, n’a pas eu le cœur allemand, n’a pas eu foi en notre peuple, n’a pas ressenti l’honneur et la honte, le bonheur et l’infortune de l’Allemagne.
Adorant et superbe, mâle et probe, il déduit l’épouvantable fatigue du Pêcheur descendu dans les caves de sa conscience, l’inaltérable dégoût du Voyant spirituel mis en face des iniquités et des fautes accumulées dans ces redoutes et il affirme aussi, après le cri de foi dans la rédemption, le bonheur surhumain d’une vie nouvelle, l’indicible allégresse d’un cœur neuf éclairé, tel qu’un Thabor, par les divins rayons de la mystique Supéressence. […] La foi seule nous empêche de le penser. » En d’autres articles, le Public dans le temps et dans l’espace, le Public et la Popularité(1878), il considère, plus particulièrement, le public de l’œuvre dramatique. […] Art et Religion est le dernier ouvrage théorique de Richard Wagner, comme Parsifal est son dernier drame ; achevés à peu près à la même époque, les deux contiennent la dernière expression de son idée : Art et Religion explique la foi nouvelle que symbolise Parsifal : par eux est, complète, définitive, la Révélation wagnérienne. […] Le souvenir de son excellente attitude est certainement l’un des meilleurs que j’aie emportés de Bruxelles ; il raffermit ma foi dans un art que j’aime avec passion, et me donne la certitude que les temps sont proches où l’œuvre de Wagner triomphera en France, comme elle vient de triompher en Belgique.
— sous le rapport religieux : ne fallait-il pas que l’homme passât par cette religion des sens, pour arriver à celle de la raison, et de celle-ci à la religion de la foi ? […] Dirigeant les choses humaines dans le sens des décrets ineffables de sa grâce, il avait établi le christianisme en opposant la vertu des martyrs à la puissance romaine, les miracles et la doctrine des pères à la vaine sagesse des Grecs ; mais il fallait arrêter les nouveaux ennemis qui menaçaient de toutes parts la foi chrétienne et la civilisation, au nord les Goths ariens, au midi les Arabes mahométans, qui contestaient également à l’auteur de la religion son divin caractère. […] Vie pure et tranquille, plaisirs honnêtes et modérés, gloire et trésors acquis par le mérite, paix céleste de l’âme, (et ce qui est plus poignant à mon cœur) amour dont l’amour est le prix, douce réciprocité d’une foi sincère ! […] Les personnes qui ont le plus étudié Vico, MM. de A. et Jannelli n’y ajoutent aucune foi, et la lecture du livre suffit pour la réfuter.
L’ouvrage était censé se vendre à Amstelredam (Amsterdam), à l’enseigne des trois Vertus couronnées d’amaranthe (Foi, Espérance, Charité), chez deux imprimeurs désignés sous des noms grecs tels qu’aurait pu les forger Du Bartas ; voici ces noms bizarres : Aleithinosgraphe de Cléarétimélée, et Graphexechon de Pistariste ; comme qui dirait : Écrivain-véridique de la ville de Gloire-et-Vertu-Soin, et Secrétaire-émérite de la ville de Haute-Probité. […] Mais ce dernier le rappelle par lettres ; il lui remet en mémoire les vrais principes d’un homme de cœur ; il lui dit en le revoyant et en l’embrassant : « Mon ami, souvenez-vous de la principale partie d’un grand courage et d’un homme de bien, c’est de se rendre inviolable en sa foi et en sa parole, et que je ne manquerai jamais à la mienne. » Et il l’engage à aller à la cour de France pour y observer prudemment toutes choses et y découvrir le dessein des adversaires, sous air de se rallier à eux et de s’en rapprocher ; car Rosny a des frères ou des neveux qui sont alors des plus avant dans la faveur de Henri III.
Quoique cette manière de raisonner soit très blâmable, il est impossible qu’il n’en reste pas plusieurs impressions désavantageuses : 1º Que les premiers chrétiens étaient animés d’un esprit de fanatisme et d’enthousiasme autant que d’un esprit religieux. 2º Que l’on peut à peine avoir foi aux miracles, parce que l’Église dès lors jusqu’à présent n’a jamais renoncé au pouvoir d’en faire ; que les preuves sont égales pour tous les temps ; que le moment où le don des miracles a réellement cessé n’a fait aucune impression ; qu’enfin les chrétiens, en admettant les miracles du paganisme, détruisent et la foi qu’on aurait aux leurs et le caractère surnaturel des miracles. 3º Que, dès les premiers siècles, parmi les Pères de l’Église et ceux qui nous en ont transmis l’histoire, l’enthousiasme a donné lieu à des fraudes pieuses qui déguisent absolument la vérité. 4º Que les différentes sectes qui divisent le christianisme dès son commencement altérèrent les Écritures en publiant chacune de son côté des Évangiles divers. 5º Que bien des causes temporelles favorisèrent les progrès du christianisme qui furent bien plus lents qu’on ne pense. 6º Qu’il n’y eut réellement aucune persécution générale jusqu’au temps de Dioclétien ; que celle-ci même ne fit pas deux mille martyrs, et que le petit nombre de chrétiens qui avaient été persécutés auparavant l’avaient été pour des causes particulières.
Les trois ordres de la société, selon lui, « la société chrétienne au nom de sa foi, le monde aristocratique au nom de son honneur et de son orgueil, la classe bourgeoise au nom de ses intérêts, tous s’accordent dans un sentiment de répulsion et d’alarme à l’endroit de la littérature. » Recherchant les causes de cet abaissement général, de ce désaccord de la littérature avec la société, il en demande compte à la critique ; il partage celle-ci en trois catégories, et toutes les trois également impuissantes ou stériles, sous lesquelles il ne tient qu’à nous de mettre des noms : la critique dogmatique et immobile (Gustave Planche, probablement) ; la critique qui se joue en de fantasques arabesques (apparemment Janin, ou Gautier, ou Saint-Victor) ; et celle qui se réfugie dans le passé pour n’avoir pas à se déjuger et à se contredire dans le présent (c’est moi-même, je le crois). […] Mignet sur Charles-Quint, il dira : « Si l’on me demandait quel est, parmi les ouvrages de l’esprit, celui que je préfère à tous les autres, je répondrais hardiment : Un bon livre écrit en l’honneur d’un grand roi . » Singulière préférence à ériger ainsi en article de foi littéraire !
Il ne faudrait pas croire, sur la foi d’amis un peu trop complaisants, qu’il n’eût pas eu dans le principe de grandes visées, et un peu démesurées peut-être. […] Quand Dutens eut fini d’exposer ses motifs, le prince se tourna vers Mme de Boufflers en disant : « Ma foi !
Lui-même va nous l’expliquer, non sans avoir fait au préalable sa profession de foi : « Ma première éducation, dit-il, mes premières études me ramenaient plutôt aux idées religieuses qu’elles ne m’en éloignaient. Dans le peu de temps que j’avais passé à l’Oratoire, je n’avais point acquis une foi robuste : la philosophie de Descartes était celle des Oratoriens ; sa méthode, que les théologiens n’admettent pas, m’avait extrêmement frappé ; je ne voyais pas pourquoi on l’employait dans tel raisonnement pour l’exclure dans un autre ; mais jetais loin de douter de tout.
La foi d’ailleurs ne paraît jamais avoir fait question dans son esprit durant ces années, même quand il adresse à son frère et à son guide des questions comme celle-ci : « Sur la Géologie : — Que penser de ces couches superposes et formées de coquillages qui s’éloignent d’autant plus des espèces connues qu’ils sont plus éloignés de la surface du sol ? […] Attache à ton cœur les ailes de la foi aussi bien que celles de l’amour, afin qu’il s’envole, non plus au désert comme la colombe, mais à ce lieu élevé où est bâtie la maison de notre Père… » Et dans le même temps il écrivait à l’abbé Jean, en retombant sur lui-même et en ayant tout à fait perdu de vue la sainte montagne : « … J’ai beaucoup souffert ces deux derniers jours.
Ernest lui-même qui est venu là, ma foi ! […] Les indifférents du monde en sont quittes pour s’écrier, d’un air de surprise, comme les lecteurs assez indifférents dont il s’agit : « Ma foi !
» Vingt-cinq ans avant la Révolution, il n’était pas rare d’en voir quinze ou vingt « tomber dans une ferme pour y coucher, intimider les fermiers, et en exiger tout ce qu’il leur plaisait » En 1764, le gouvernement prend contre eux des mesures qui témoignent de l’excès du mal760 : « Sont réputés vagabonds et gens sans aveu, et condamnés comme tels, ceux qui, depuis six mois révolus, n’auront exercé ni profession ni métier, et qui, n’ayant aucun état ni aucun bien pour subsister, ne pourront être avoués ni faire certifier de leurs bonnes vies et mœurs par personnes dignes de foi… L’intention de Sa Majesté n’est pas seulement qu’on arrête les vagabonds qui courent les campagnes, mais encore tous les mendiants, lesquels, n’ayant point de profession, peuvent être regardés comme suspects de vagabondage. » Pour les valides, trois ans de galères ; en cas de récidive, neuf ans ; à la seconde récidive, les galères à perpétuité. […] Au-dessous de seize ans, les enfants iront à l’hôpital. « Un mendiant qui s’est exposé à être arrêté par la maréchaussée, dit la circulaire, ne doit être relâché qu’avec la plus grande certitude qu’il ne mendiera plus ; on ne s’y déterminera donc que dans le cas où des personnes dignes de foi et solvables répondraient du mendiant, s’engageraient à lui donner de l’occupation ou à le nourrir, et indiqueraient les moyens qu’elles ont pour l’empêcher de mendier. » Tout cela fourni, il faut encore, par surcroît, l’autorisation spéciale de l’intendant.
Le propre de la nature est d’être variée à l’infini, sans cesse opposée à elle-même, à la foi sublime et naïve ; quand on cesse un instant de considérer les petits mouvements d’un insecte ou d’une plante, on voit autour de soi les paysages profonds, et sur sa tête le ciel immense. […] Renard l’a avisé, Qui tôt fut apensé De lui faire dommage Dit Renard : « Par ma foi.
Des missionnaires, appuyés de troupes et de geôliers, parcouraient les provinces, imposant la foi, convertissant les faibles, sévissant contre les obstinés. Les parties du royaume, où le protestantisme avait laissé le plus de racines, n’étaient qu’un vaste champ de bataille après la victoire, où des commissions ecclésiastiques ambulantes armées à la fois de la parole et du glaive, ramenaient tout par le zèle, par la séduction ou par la terreur, à l’unité de la foi.
Et il affiche comme une profession de foi, dès la première scène, ce programme d’économie amoureuse ! […] Mais, ce qu’il faut louer surtout, dans cette comédie de transformation, c’est l’honnêteté qui l’inspire, la pitié qui la remue, la foi qui ranime.
On avait manqué le port, et il fallait faire double traversée : « Ce n’est plus le voyage de l’Amérique, disait ingénieusement Barnave, c’est celui de l’Inde. » Mais il n’en concluait pourtant pas au découragement ni au désespoir, et il écrivait de Grenoble à l’un des Lameth (31 mars 1792) : « Des hommes qui ont excessivement voulu une révolution ne peuvent pas, au milieu du chemin, manquer de tête ou de courage. » Ce noble sentiment de dévouement et de foi à sa cause ne l’abandonna jamais, même au milieu des dégoûts et des ingratitudes ; il en a consacré l’expression dans une page généreuse qui résume tout son examen final de conscience en politique : (1792). […] Après tout, mourir à trente-deux ans, au comble d’une vie si remplie, au moment où la jeunesse rayonne encore, où l’expérience acquise n’a pas encore achevé de flétrir en nous l’espérance et la foi à la régénération de la société et aux futures destinées humaines, ce n’est peut-être pas un sort si lamentable.
Tout au fond de l’église, une espèce d’armoire, etc. » Quand Courier a parlé ainsi de la confession, il voulait faire un tableau ; il se souvenait des prêtres d’Italie, et il connaissait peu ceux de France ; il avait toujours présents Daphnis et Chloé, et (religion même à part) il oubliait moralement les vertus et le voile spirituel que la foi fait descendre à certaines heures, et qui s’interposent jusque dans les choses naturelles. […] Soldat pendant longtemps, aujourd’hui paysan, n’ayant vu que les camps et les champs… » Il dira un peu plus loin dans cette même défense : « Foi de paysan !
La foi, la foi, où la prendre ?
De là, dans toutes les religions et chez tous les peuples, la foi aux hommes divins. […] Ayez dans les bonnes intentions des czars orthodoxes juste assez de foi pour prendre les armes.
Une foi excessive en ces deux autorités, une admiration presque superstitieuse pour ces deux écrivains, voilà ce qui, dans la doctrine littéraire de M. […] Lorsque je vois Boileau s’échauffer contre les mauvais ouvrages, comme si c’étaient de mauvaises actions, louer et célébrer avec foi et passion et avec une admiration désintéressée Racine et Molière, lorsque j’entends sa voix mâle et émue demander au poëte l’honnêteté, la dignité, la fierté du cœur, je l’aime et je l’admire avec M.
Renan : l’optimisme béat, la foi dans l’humanité en masse qui fait bien tout ce qu’elle fait, et aussi en l’homme individuel dont M. […] La foi de ses premières années s’était éteinte sur les marches mêmes de l’autel, et quand il les eut descendues, la question fut pour lui de les démolir.
quand devint-elle autre chose que l’élan de la prière et de la foi ? […] Et cette forme de tercets rimés continue, sauf quelques interruptions, à reproduire en foule les images que la foi rendait vulgaires sans les rendre moins poétiques.
L’onction, la foi manquaient à ses paroles, quand il essayait de caractériser ces poésies aimables, peu s’en faut qu’il n’ait dit légères.
Mais revenons ; ce Joseph, qui se consumait ainsi sans foi, sans croyances, sans action ; cet individu malade qui suivait son petit sentier loin de la société et des hommes, avait commencé vers la fin de sa vie à renaître à une sympathie plus bienveillante, et à chercher les regards consolants de quelques amis poètes ; c’est ce qu’il fit de mieux et de plus profitable pour lui ; son cœur se dilata à leur côté ; son talent s’échauffa aux rayons du leur, et il dut à l’un d’eux surtout, au plus grand, au plus cher, le peu qu’il nous a laissé.
Le mysticisme magnifique et vague de Spiridion ou de Consuelo, le socialisme un peu incohérent, mais vraiment évangélique, du Péché de Monsieur Antoine ou du Meunier d’Angibaut, la foi au progrès, l’humanitairerie… tout cela plaît chez cette femme excellente, à l’imagination arcadienne, parce que chez elle, encore une fois, tout vient du cœur et en déborde à larges flots.
Maurice Le Blond Quant à la forme poétique dont il usa pour parfaire de beaux poèmes comme Apparition, les Fleurs ou ce fragment d’Hérodiade que jamais il n’eut l’audace et la foi d’achever, ce serait une grossière erreur de croire qu’elle lui appartient en propre.
La science n’existant qu’à la condition de la plus parfaite liberté, le patronage que lui doit l’État ne confère à l’État aucun droit de la contrôler ou de la réglementer, pas plus que la subvention accordée aux cultes ne donne droit à l’État de faire des articles de foi.
Dans ses poèmes il mettrait les conseils au temps présent, les esquisses rêveuses de l’avenir ; le reflet, tantôt éblouissant, tantôt sinistre, des événements contemporains ; les panthéons, les tombeaux, les ruines, les souvenirs ; la charité pour les pauvres, la tendresse pour les misérables ; les saisons, le soleil, les champs, la mer, les montagnes ; les coups d’œil furtifs dans le sanctuaire de l’âme où l’on aperçoit sur un autel mystérieux, comme par la porte entr’ouverte d’une chapelle, toutes ces belles urnes d’or, la foi, l’espérance, la poésie, l’amour ; enfin il y mettrait cette profonde peinture du moi qui est peut-être l’œuvre la plus large, la plus générale et la plus universelle qu’un penseur puisse faire.
Si Dieu ne lui a pas permis d’exécuter son dessein, c’est qu’apparemment il n’est pas bon que certains doutes sur la foi soient éclaircis, afin qu’il reste matière à ces tentations et à ces épreuves, qui font les saints et les martyrs.
Je crains bien qu’une tête couverte de réseaux de perles et de diamants, ne laisse aucune place à l’épée186. » Ces paroles, adressées à des femmes qu’on conduisait tous les jours à l’échafaud, étincellent de courage et de foi.
Nous avons textuellement rapporté les paroles de Wallon, de cet ennemi dangereux… Dangereux, ma foi !
Il a privé Renan, pour tous les livres qu’il écrira désormais, de la foi qu’on doit à la parole du maître et de l’autorité de l’enseignement.
Sa foi religieuse aurait chancelé, parce qu’il distinguait que les explications messaniques des psaumes sont fausses.
La mancipation revint au moyen âge ; le vassal mettait ses mains entre celles du seigneur pour lui jurer foi et obéissance.
Bossuet n’aurait pu dire ici bien haut, comme de la princesse Palatine : « Sa foi ne fut pas moins simple que naïve. […] Un jour, à Moulins, au milieu d’une lecture de piété, « il se tira (c’est elle-même qui parle) comme un rideau de devant les yeux de mon esprit : tous les charmes de la vérité rassemblés sous un seul objet se présentèrent devant moi ; la foi, qui avoit demeuré comme morte et ensevelie sous mes passions, se renouvela ; je me trouvai comme une personne qui, après un long sommeil où elle a songé qu’elle étoit grande, heureuse, honorée et estimée de tout le monde, se réveille tout d’un coup, et se trouve chargée de chaînes, percée de plaies, abattue de langueur et renfermée dans une prison obscure. » Après dix mois de séjour à Moulins, elle fut rejointe par le duc de Longueville, qui l’emmena avec toutes sortes d’égards dans son gouvernement de Normandie. […] Elle écrivit au pape pour justifier les accusés et garantir leur foi ; elle écrivit au secrétaire d’État, le cardinal Azolin, pour l’intéresser à la conclusion.
Il pensait et parlait librement sur ces matières, mais il ne proscrivait ni n’insultait personne pour sa foi ou pour son incrédulité. Il respectait tout ce qui était sincère dans les croyances humaines ; il considérait la foi religieuse en artiste et non en apôtre ou en martyr. […] Sa foi se serait plus justement appelée polythéisme que panthéisme, c’est-à-dire qu’il reconnaissait et qu’il adorait la Divinité dans toutes ses œuvres sans la confondre avec ses œuvres : sorte de paganisme sans idolâtrie, qui adorait la puissance divine dans la puissance matérielle des éléments, mais qui dans l’élément adorait l’impulsion divine et non l’élément lui-même.
Affligé par la décadence générale des mœurs et de la foi, Parsifal a transporté le Gral dans les Indes ; c’est des Indes que viendra Lohengrin pour secourir Elsa ; c’est aux Indes qu’il retourne, selon les vieux poèmes, lorsque la question fatale a été prononcée. […] Celle-là remonte, pour sa part, aux plus anciens âges de l’humanité, toutes les civilisations eurent des poètes qui parlèrent de la question interdite, de ce doute qui tue le bonheur avec la foi. […] Il s’incline et prie ; mais sa prière n’est plus désespérée comme au second acte, au contraire, c’est avec une foi ardente et triste qu’il regarde la lance sacrée.
Ce n’est pas en quelques lignes que je puis formuler un jugement sur le grand maître allemand, et d’ailleurs, il y a longtemps que j’ai fait ma profession de foi à cet égard. […] Comme l’Eden-Théâtre ne peut pas chômer, on fera bien de faire contre fortune bon cœur, et, ma foi, de jouer Lohengrin. » M. […] Alors plus encore que maintenant on révérera la mémoire de quelques hommes qui s’émurent de notre longue misère, qui soupirèrent après une meilleure destinée, et qui mirent dans leurs œuvres, sciemment ou non, le frisson de l’amour et de la foi.
Alors, ma foi ! […] En matière de houilles, il a la foi du charbonnier, celle qui sauve… en ce monde, si ce n’est dans l’autre ! […] Alors, ma foi, Olympe se démasque, jette par dessus les moulins son incognito, et ne demande pas mieux que de redevenir bonne fille, comme devant.
La foi étant un compromis entre l’intelligence et la sensibilité, l’une des deux parties s’y est reconnue lésée, et aujourd’hui toutes les deux se défient excessivement l’une de l’autre. […] Ce sont tous mes instincts poussant des cris d’alarme ; En moi-même se livre un combat sans vainqueur Entre la foi sans preuve et la raison sans charme. […] C’est à cette condition seulement que des idées pures peuvent émouvoir, entraîner le lecteur, C’est par là que Lucrèce dompte les âmes rebelles : il embrasse dans sa croyance tous les principes et les détails de la doctrine de son maître Épicure ; il ne doute pas, il croit ; c’est plus qu’un disciple, c’est un fidèle, c’est un enthousiaste, et cela explique pourquoi sa pensée brûlante répand sa flamme dans les esprits ; même quand on résiste à la doctrine, quand on en a senti l’insuffisance, l’ardeur du poète est contagieuse, on est ému, non de la vérité qu’il exprime, mais de son émotion. — C’est cette foi aux doctrines naturalistes dont il est l’interprète qui manque à M.
Elle a foi en elle ; et, comme la foi qui n’agit pas est à peine une foi sincère, Jacquine agit. […] Elle a foi en Mme Sauvigny, mais sa foi ne s’étend aucunement jusqu’au beau Saintis. […] L’un a la foi, l’autre est sceptique ; et tous les deux marchent toujours. […] Au fond des défaillances de la foi chez un prêtre, cherchez la femme. […] Elles se résument en ceci : haine du christianisme, foi en la science.
On admira surtout le monologue qui commence par ces vers : Souverains protecteurs des lois de l’hyménée, Dieux garants de la foi que Jason m’a donnée, Vous qu’il prit à témoin d’une immortelle ardeur Quand par un faux serment il vainquit ma pudeur, Voyez de quel mépris vous traite son parjure, Et m’aidez à venger cette commune injure ! […] Et enfin, ce dialogue, dont le principal trait est devenu universellement célèbre : Médée L’âme doit se roidir, plus elle est menacée, Et contre la fortune aller tête baissée, La choquer hardiment et, sans craindre la mort, Se présenter de front à son plus rude effort : Cette lâche ennemie a peur des grands courages, Et sur ceux qu’elle abat redouble ses outrages… Nérine Votre pays vous hait, votre époux est sans foi : Dans un si grand revers, que vous reste-il ? […] Dans la pièce espagnole, l’expédition contre les Maures, si prompte et si rapide qu’elle soit, doit durer au moins plusieurs jours : on assiste au brillant départ du jeune Rodrigue, déjà illustré par son duel avec le comte de Gormas ; on voit et on entend son courtois entretien avec l’Infante, qui rêve au balcon de son palais d’été ; on a là d’agréables scènes, de jolis motifs, et même un mélange de comique, une pointe de grotesque, ce berger, qui, à la vue des Maures ravageant la plaine, s’enfuit dans la montagne, au plus haut des rochers, et qui, le combat terminé, ayant assisté à la victoire de Rodrigue et à ses grands coups d’épée sur les infidèles, s’écrie : « Par ma foi ! […] Lorsqu’elle voit enfin que le Roi ni personne n’ajoute foi à ses dires et ne fait droit à ses réclamations, alors cette charmante fille s’avise d’une autre invention : le Roi lui refusant justice, elle réclame le jugement de Dieu ; elle promet sa main à qui vaincra Rodrigue en combat singulier, et dit au Roi : À tous vos cavaliers je demande sa tête.
Ma foi, pensais-je, tâtons le terrain… quel terrain ! […] — Ma foi, si tu prends les choses à ce point de vue, tu aurais bien souffert quand il se serait agi des visites. […] Tout au contraire, je puis vous dire avec vérité, Monseigneur, que le jour où j’ai senti ma foi s’anéantir, le jour où j’ai perdu l’espoir en Dieu, j’ai versé les larmes les plus amères de ma vie. […] Les journaux en font foi. […] Littré ; les libres penseurs et les disciples de la foi l’ont accommodé chacun à la satisfaction de sa propre opinion, sans se préoccuper de savoir ce qu’il était réellement.
Tout d’un coup elle se donne, sans réserve, sans discussion, à la foi qui l’envahit ; elle n’était point lâche, nous dit-elle, et se fit un point d’honneur de cet abandon total. Elle subit jusqu’au bout « la maladie sacrée » ; la dévotion s’empara d’elle ; elle connut les larmes brûlantes de la piété, les exaltations de la foi, et parfois aussi elle en ressentit les défaillances et les langueurs. […] C’est la foi dans la liberté qui nous fait libres. […] Ce n’est pas le rôle de la science d’abattre à coups de colère et à l’aide des passions… Vous dites : « Il faut que la foi brûle et tue la science, ou que la science chasse et dissipe la foi ». […] Il faut distinguer la valeur des idées et la foi aux idées.
Quel avantage a-t-on qu’un homme vous caresse, Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse, Et vous fasse de vous un éloge éclatant, Lorsqu’au premier faquin il court en faire autant ? […] Ma foi, vous ferez bien de garder le silence. […] Mais aux ombres du crime on prête aisément foi, Et ce n’est pas assez de bien vivre pour soi. […] Ma foi, je suis toujours pour ce que j’en ai dit. […] On tient que mon mari veut dégager sa foi, Et vous donner sa fille.
Abélard contre saint Bernard (L’Artisan du livre, 1930), il se proclame aussi homme de foi et affirme la nécessaire existence de saint Bernard, « héros d’ordre et d’autorité », et d’Abélard, « héros de critique et d’indépendance ». […] Cette méthode, seule éducatrice et qui sera celle d’un Auguste Comte, eût doucement substitué la raison à la foi dans des têtes capables de ce changement, sans détruire chez les autres une juste soumission. […] C’est Rousseau, moins l’utopie, la langueur et la foi au paradis terrestre ; Rousseau, mais avec quel autre accent ! […] ce même personnage dans la même page rebondit de son cloaque jusqu’au ciel : il a « foi à la liberté, à la vérité, à la vertu » et « dans l’âme ce dévouement sans réserve à l’humanité, qui est la charité des philosophes ». […] versatilité mortelle à toute foi et au véritable amour !
Nous ne parlons pas de sa prédiction sur le triomphe des idées catholiques en France, car le sens logique de l’historien était ici illuminé par la foi du chrétien. […] Il était d’usage, lorsqu’un nouveau professeur montait en chaire que, dans son discours d’inauguration, il plaçât l’éloge de l’empereur : c’était une manière de prêter foi et hommage au chef de l’empire. […] C’est l’essence même du catholicisme, qui est en même temps foi, espérance et amour. […] Dans cette enquête contradictoire, M. de La Mennais avait été saisi d’un grand dédain pour le philosophisme du dix-huitième siècle, et d’une ferveur d’autant plus vive, qu’elle était fondée sur une foi éprouvée par l’étude. […] Sauf les vieux débris de l’incrédulité positive et du scepticisme raisonné, on en arrivait à douter du doute comme de la foi, et ce doute du dix-neuvième siècle avait quelque chose de douloureux et d’inquiet.
Il revient voir la charmante Solweig, qui lui engage sa foi. […] (Il faut dire que Borkman a eu le tort, auparavant, de traiter de « poétiques sornettes » les élucubrations de Foldal.) — « Si tu doutes de mon génie, dit Borkman, il vaut mieux que tu ne reviennes plus ici. — Aussi longtemps que tu as eu foi en moi, répond Foldal, j’ai eu foi en toi. » Mais c’est fini maintenant. […] Il n’était pas nécessaire, pour cela, que nous crussions nous-mêmes au spiritisme : c’était assez que l’auteur y crût ou parût y croire, et que sa foi nous intéressât. […] Il lui faudrait, pour résister, un courage proprement héroïque, soutenu d’une foi religieuse qui lui manque absolument. […] Mais il y faut, en même temps, de la foi et de la force ; assez de candeur pour ne pas craindre d’être banal, et assez de talent pour ne l’être pas.
Toute religion suppose une foi, des mystères, une tradition. […] La foi est une sottise. […] La foi est un effort de volonté ou une paresse. […] L’âge mûr ne cherche plus ; il a trouvé sa foi et son assurance. […] La vieillesse ne trouve point un nouveau culte, une foi nouvelle ; mais elle épure, élève et complète la foi ancienne.
Contempler, sur les ruines de la Foi et de l’Espoir, la ronde des idées et des formes, le souple jeu des apparences périssables, voilà le dernier mot de la sagesse. […] Tous les hommes qui ont élevé sur la terre un monument avaient foi dans leur œuvre. […] Ce fut l’un des premiers signes de cette sympathie bizarre qui incline un sceptique dont l’âme ignore l’ingénuité, vers les manifestations de la foi la plus naïve : perversité où aboutit souvent le dilettantisme. […] C’est qu’il a la foi. […] Un homme qui a la foi fournit un spectacle étonnant.
Le père de Burns, si pieux, inclinait vers les doctrines libérales et humaines, et diminuait la part de la foi pour augmenter celle de la raison. […] Tour à tour ils prêchent et tonnent, surtout le révérend Moodie, qui se démène et qui écume pour éclaircir les points de la foi : figure terrible ! […] Grand tapage à l’auberge ; les canettes tintent sur la table ; le whiskey coule et fournit des arguments aux buveurs qui commentent le sermon ; on écrase la raison charnelle, on exalte la foi gratuite : arguments et piétinements, voix des vendeurs et des buveurs, tout se mêle ; c’est une kermesse théologique. « Mais voilà que la propre trompette du Seigneur résonne tant que les collines en mugissent. […] Il était dangereux à un républicain de faire sa profession de foi politique au restaurant, devant son beefsteak et sa bouteille, et l’on voyait en Écosse, pour des offenses qui à Westminster eussent été qualifiées de délits simples1185, des hommes d’esprit cultivé et de manières polies envoyés à Botany-Bay avec le troupeau des criminels1186. » Cependant l’intolérance de la nation aggravait celle du gouvernement. […] On vient d’éprouver que, par-delà les conventions littéraires, il y a une poésie, et par contre-coup l’on est disposé à sentir que, par-delà les dogmes religieux, il peut y avoir une foi, et, par-delà les institutions sociales, une justice.
Boileau n’entre pas dans cette métaphysique des genres : ce n’était ni dans son plan, ni propice aux développements poétiques, ni nécessaire à une époque où l’on avait foi aux grands exemples de l’esprit humain dans les lettres, comme à la tradition en matière de foi. […] A tous ces jeux d’esprit, où s’évertuait alors tout ce qui tenait une plume, il oppose la raison, le vrai, comme à un siècle déréglé on se contente de rappeler la probité, l’honneur, la foi publique. […] Notre condition intellectuelle serait bien misérable si, en fait d’écrits, nous n’attachions pas tous le même sens aux mots raison et vrai, comme, en fait de conduite, aux mots probité, honneur, foi publique. […] L’Art poétique est quelque chose de plus que l’ouvrage d’un homme supérieur : c’est la déclaration de foi littéraire d’un grand siècle. […] Ce sont les satires littéraires et quelques satires morales, fruits de cet âge où l’on a un sentiment si vif des défauts et des vices des hommes, et la prétention de les corriger ; l’Art poétique, et les épîtres, qui marquent, l’un, l’âge de la pleine maturité et le désir d’établir ses principes et de confesser sa foi ; les autres, l’expérience, qui croît à mesure que les jours s’écoulent, et qui nous rend plus faciles sur les défauts d’autrui et plus attentifs aux nôtres.
Ils se sentent liés par la foi des serments ; ils se reprocheraient, en osant moins, une espèce de parjure ; et ils nous paraissent alors autant animés par la vertu que par la passion même ; ils deviennent des héros par son objet. […] Seigneur, je sais trop bien avec quelle constance Vous allez de la mort affronter la présence, Je sais que votre cœur se fait quelques plaisirs De me prouver sa foi dans ses derniers soupirs ; Mais, hélas ! […] Ajustez, pour couvrir un manquement de foi, Ce que je m’en vais lire… CÉLIMÈNE. […] Sa fureur contre vous se répand en injures : Votre bouche, dit-il, est pleine d’impostures ; Il soutient qu’Aride a son cœur, a sa foi, Qu’il l’aime… PHÈDRE. […] Consultez ces héros que le droit de la guerre Mena victorieux jusqu’au bout de la terre : Libres dans leur victoire, et maîtres de leur foi, L’intérêt de l’état fut leur unique loi ; Et d’un trône si saint la moitié n’est fondée Que sur la foi promise et rarement gardée.
Sa profession de foi sur la Révolution française est simple, elle est celle d’un croyant : il pense que la Providence s’en mêle soit directement, soit indirectement, et par conséquent il ne doute pas que cette Révolution n’atteigne à son terme, « puisqu’il ne convient pas que la Providence soit déçue et qu’elle recule » : En considérant la Révolution française dès son origine et au moment où a commencé son explosion, je ne trouve rien à quoi je puisse mieux la comparer qu’à une image abrégée du Jugement dernier, où les trompettes expriment les sons imposants qu’une voix supérieure leur fait prononcer, où toutes les puissances de la terre et des cieux sont ébranlées… Quand on la contemple, cette Révolution, dans son ensemble et dans la rapidité de son mouvement, et surtout quand on la rapproche de notre caractère national, qui est si éloigné de concevoir et peut-être de pouvoir suivre de pareils plans, on est tenté de la comparer à une sorte de féerie et à une opération magique ; ce qui a fait dire à quelqu’un qu’il n’y aurait que la même main cachée qui a dirigé la Révolution, qui pût en écrire l’histoire. […] Le rétablissement du culte en particulier, loin de l’irriter, l’attendrit, ce qui est un bon signe moral ; citons deux passages qui sont un correctif nécessaire à ce qu’on a dit, et qui font foi d’une impression salutaire : Vers la fin de 1802, j’assistai au mariage du jeune d’Arquelai.
Sa souplesse, dont on a trop parlé, avait ses limites, et il savait très-bien retirer sa main à M. de Villèle pour lui avoir manqué de foi, dans le même temps que le duc de Richelieu refusait la sienne au comte d’Artois pour la même cause. […] Il se garda bien de donner dans aucune de ces théories absolues, de ces professions de foi excessives, qui ne servent qu’un jour et qu’une heure, et qui embarrassent dans toute la suite de la vie publique.
Il y était allé une première foi en 1836 ; il y retourna en 1842-1843. […] Que si l’on tient à savoir au juste les paroles dites par l’empereur Nicolas à Horace Vernet au sujet de la mort du duc d’Orléans, je les donnerai en propres termes, d’après une note digne de foi que j’ai sous les yeux, et qui a été écrite sous la dictée d’Horace lui-même.
Elle a foi dans son vœu ; Elle ose la première à l’avenir en feu, Quand, chassant le vieux Siècle, un nouveau s’initie, Lire ce que l’éclair lance de prophétie. […] Quoique attaché par des affections antiques aux dynasties à jamais disparues, quoique lié de foi et d’amour à ce Christianisme que la ferveur des peuples semble délaisser et qu’on dirait frappé d’un mortel égarement aux mains de ses Pontifes, M. de Lamartine, pas plus que M. de La Mennais, ne désespère de l’avenir ; derrière les symptômes contraires qui le dérobent, il se le peint également tout embelli de couleurs chrétiennes et catholiques ; mais, pas plus que le prêtre illustre, il ne distingue cet avenir, ce règne évangélique, comme il l’appelle, du règne de la vraie liberté et des nobles lumières.
La foi catholique y aida. […] Si le rituel de la théogonie grecque est resté inséparable de toutes les formes de la galanterie ; s’il constituait, il y a peu de temps encore, ce qu’on appelle poésie et littérature ; si Vénus, Cupidon et les Grâces ont été fêtés dans nos chansons, qu’on juge de leur empire sur ceux dont, la veille encore, ils étaient le culte et la foi.
Quitter l’Espagne dès l’instant qu’il y avait mis pied, ne pas pousser plus loin cette glorieuse victoire du Cid, et renoncer de gaieté de cœur à tant de héros magnanimes qui lui tendaient les bras, mais tourner à côté et s’attaquer à une Rome castillane, sur la foi de Lucain et de Sénèque, ces Espagnols, bourgeois sous Néron, c’était pour Corneille ne pas profiter de tous ses avantages et mal interpréter la voix de son génie au moment où elle venait de parler si clairement. […] Pompée semble s’écarter un peu de la prudence d’un général d’armée, lorsque, sur la foi de Sertorius, il vient conférer avec lui jusqu’au sein d’une ville où celui-ci est le maître ; mais il était impossible de garder l’unité de lieu sans lui faire faire cette échappée.
Et c’est dans une école ecclésiastique qu’il a passé son enfance, ce qui est, je crois, un grand avantage, car souvent les exercices de piété y font l’âme plus douce et plus tendre ; la pureté a plus de chance de s’y conserver, au moins un temps, et (sauf le cas de quelques fous ou de quelques mauvais cœurs), quand plus tard la foi vous quitte, on demeure capable de la comprendre et de l’aimer chez les autres, on est plus équitable et plus intelligent. […] Le bon Hermas, vigneron de Corinthe, est resté païen, sa femme Kallista et sa fille Daphné sont chrétiennes, et c’est bien, en effet, par les femmes que la foi nouvelle devait le plus souvent pénétrer dans les foyers.
« Il y a aussi dans ce mot une part de langueur faite d’impuissance résignée, et peut-être du regret de n’avoir pu vivre aux époques robustes et grossières de foi ardente, à l’ombre des cathédrales. […] Et nous annoncions ainsi une édition prochaine des œuvres du maître, miraculeusement retrouvées : « D’aucuns messages épistolaires du Ponant et de l’Orient advenus en les Bureaux de la Décadente Écriture, interrogent — dubitatifs — la foi de notre du Plessys touchant l’authentique des Poèmes — combien trop rares !
Et il sait bien aussi que le vulgaire a besoin de foi, de lois et d’espérance, et qu’il doit être guidé. […] Nous n’aurions donc demandé à nos sens toutes les représentations, et, impatients d’élaborer notre formule de foi, nous ne nous serions épuisés pour la construction de notre édifice idéal, que pour y retrouver encore un résidu des tares physiques qui alourdirent notre marche et influencèrent nos jugements !
La récompense temporelle passait ainsi, dans ces âges de foi, pour quelque chose de grossier ; elle était considérée comme une diminution des titres supérieurs qu’on acquiert par la pratique du bien. […] Il a foi dans son œuvre, et jamais sa confiance n’a été déçue.
S’il n’explique pas ces inexplicables problèmes, il en dégage du moins une foi invincible dans l’équité finale qui régit les destinées de l’homme, et l’ordre du monde. […] Même pendant le sommeil, le souvenir amer des maux pleut autour de nos cœurs ; et, même malgré nous, la sagesse arrive, présent du Dieu assis sur les hauteurs vénérables. » De cette foi profonde jaillit la sève vertueuse qui circule partout chez Eschyle, sa flamme morale, son souffre sublime, son zèle de la justice, sa haine ardente de l’iniquité.
Guizot, me dit un témoin digne de foi, louer avec chaleur la manière dont Carrel s’était acquitté de sa tâche et les rapports qu’il avait reçus de lui à cette occasion. » Au retour de sa mission, Carrel apprit qu’il était nommé préfet du Cantal : il refusa à l’instant (29 août). […] Quant à lui, qui reste en dehors du gouvernement, il n’a qu’à poursuivre dans sa voie : Le National n’a point de profession de foi à faire ; son avenir est tracé par la conduite qu’il a tenue jusqu’à ce jour ; il est fier d’avoir si manifestement désiré ce qui existe, avant que personne même osât y songer.
Le public, sur la foi des récits de société, s’était attendu à tant de rire et de folie qu’il n’en trouva pas assez d’abord. […] Il y a des moments où il semble que la société tout entière réponde aux avis du docteur comme Figaro : « Ma foi !
tandis que vous parlez tout à votre aise, moi, je vais vous servir d’une manière précise, et je me charge de faire brèche par la chronologie. » Aujourd’hui un christianisme éclairé et élevé, véritablement conciliateur, n’a pas craint d’ouvrir le champ de la discussion sur tous ces points qui sont livrés à la controverse humaine ; la chronologie est libre, comme la physique, dans ses explications et ses conjectures : la foi appuie sur des arches désormais plus larges son canal sacré, Volney, ne se trouvant plus en face d’un adversaire armé, ne saurait trop que faire de son aigreur, et il serait tout étonné de n’avoir plus à s’en prendre qu’à des dates dans son acharnement en chronologie. […] Pourquoi choisir froidement, et comme sans en avoir l’air, l’expression la plus faite pour blesser la foi de tout un monde et pour contrister son espérance ?
Et rien ne pouvait calmer la désespérance du mourant, ni l’absolution qu’il avait reçue, ni les lettres scellées d’absolution, qui lui furent envoyées de l’évêché ; il n’avait foi qu’en la présence de l’évêque, et en l’absolution donnée par lui seul — et l’évêque n’arriva que lorsqu’il était mort. […] Jeudi 15 septembre Je tombe chez Burty, sur le vieux graveur Pollet, un japonisant frénétique, et qui est en train de dire : « Sur les 1 000 francs que j’ai pour vivre par mois, je paye 800 francs aux marchands de japonaiseries… c’est 200 qui me restent… mais j’ai des modèles qui me coûtent dans les 100 francs… donc 100 francs pour vivre… Ma foi, j’ai pris le parti de ne rien payer de mon vivant, je ne paye pas mon tailleur, je ne paye pas mon restaurateur… Il n’y a que mon cordonnier que je paye, parce que c’est un pauvre diable. » * * * — Visite de noces d’une jeune femme rieuse, chez une vieille tante de son mari, affligée d’une tympanite (maladie où l’on p… perpétuellement) et qui est menée par son beau-père, affreusement sourd : « Mais je ne comprends pas ce que la petite a à rire, comme cela, tout le temps… nous nous entretenons cependant de choses assez sérieuses », répète, à tout moment, le sourd intrigué.
La foi excommunie l’imagination. En fait de fables, la foi est mauvaise voisine et ne pourlèche que les siennes.
Soumet, sur le ton solennel d’un prône ou d’un ordre du jour : « Les lettres sont aujourd’hui comme la politique et la religion ; elles ont leur profession de foi, et c’est en ne méconnaissant plus l’obligation qui leur est imposée que nos écrivains pourront se réunir, comme les prêtres d’un même culte, autour des autels de la vérité ; ils auront aussi leur sainte alliance ; ils n’useront pas à s’attaquer mutuellement des forces destinées à un plus noble usage ; ils voudront que leurs ouvrages soient jugés comme des actions, avant de l’être comme des écrits ; ils ne reculeront jamais devant les conséquences, devant les dangers d’une parole courageuse, et ils se rappelleront que le dieu qui rendait les oracles du temple de Delphes, avait été représenté sortant d’un combat. » Une fois qu’on en venait à un combat dans les formes avec les idées dominantes, on était certain de ne pas vaincre.
Cet héritage de la tradition n’a pas seulement enrichi les croyants et les dociles ; tous y ont participé, et pendant un long temps ceux mêmes qui se sont le plus écartés de l’unité de foi n’ont jamais renié les principes essentiels de la philosophie chrétienne.
* * * Or, ce qui importe, c’est l’édification d’une croyance, d’une foi nouvelle ?
Je vois que c’est le peuple le plus rapace et le plus égoïste du monde ; celui où le partage des biens est le plus effroyablement inégal, et dont l’état social est le plus éloigné de l’esprit de l’Évangile, de cet Évangile qu’il professe si haut ; celui chez qui l’abîme est le plus profond entre la foi et les actes ; le peuple protestant par excellence, c’est-à-dire le plus entêté de ce mensonge de mettre de la raison dans les choses qui n’en comportent pas… Nous sommes, certes, un peuple bien malade ; mais, tout compte fait, nous avons infiniment moins d’hypocrisie dans notre catholicisme ou dans notre incroyance, dans nos mœurs, dans nos institutions, même dans notre cabotinage ou dans nos folies révolutionnaires.
Il imagine de se faire passer pour hôtelier, et d’attirer dans sa maison le capitaine, en le flattant et en feignant d’ajouter foi à ses fanfaronnades.
La nouveauté de certaines recherches en fait foi.
Certes, on peut tout attendre de ces générations nouvelles qu’appelle un si magnifique avenir, que vivifie une pensée si haute, que soutient une foi si légitime en elles-mêmes.
Les noms d’athée, d’impie, de faux frere, d’homme sans foi, sans mœurs, sans probité, sans principes, étoient le refrein ordinaire de ses discours & de ses écrits.
La statuë de Jupiter olympien fit ajoûter foi plus facilement à la fable qui lui faisoit disposer du tonnerre.
Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment Plus les hommes avancent en âge et plus leur raison se perfectionne, moins ils ont de foi pour tous les raisonnemens philosophiques, et plus ils ont de confiance dans le sentiment et dans la pratique.
En un mot, tous les écrits des anciens font foi, que la musique passoit de leur temps pour un art necessaire aux personnes polies, et qu’on regardoit alors comme des gens sans éducation, et comme on regarde aujourd’hui ceux qui ne sçavent point lire, les personnes qui ne sçavoient pas la musique.
Nous venons encore de citer un passage de Diomede, qui fait foi qu’on accompagnoit les cantiques ou les monologues.
Il donne ainsi satisfaction aux deux sentiments contraires qui peuvent être regardés comme les moteurs par excellence du développement intellectuel : le sentiment de l’obscur et la foi en l’efficacité de l’esprit humain.
En amour comme en religion, avec les femmes comme avec Dieu, ce prince était le plus grand donneur de paroles pour ne pas les tenir qui ait jamais existé, alors que la fierté de la parole donnée existait encore, et que l’outrage n’avait pas vieilli de l’ancien mot de foi mentie.
Il est désillusionné, dénigrant, sans foi et sans espérance, souvent spirituel, mais sans le bouillonnement de la verve et la longueur de l’haleine exigés pour que l’esprit ne s’évapore pas dans un mot.
Lamartine et Victor Hugo étaient, quand ils chantaient l’Empereur, des royalistes ardents, presque romanesquement dévoués au gouvernement qui avait remplacé l’Empire, et Béranger lui-même, qu’on a voulu dernièrement nous donner comme impérialiste et qui n’est que républicain, Béranger n’eut jamais non plus l’amour de l’Empereur ni la foi aux choses de l’Empire.
Desprez, profite de l’occasion pour lancer une profession de foi littéraire d’un admirable belgisme et donner, du fond de son petit musée secret de Bruxelles, une leçon à la loi française, leçon sévère, je vous prie de le croire. […] Quand il commença de briller au-dessus de la tourbe des littérateurs embrigadés, quand, avec sa parole ardente, qui donne la foi, il se mit à prêcher l’évangile de la doctrine nouvelle, une immense clameur d’indignation s’éleva autour de lui. […] Aujourd’hui, Manet est mort, dans la foi de son art, glorifié par ceux-là mêmes qui l’avaient jadis méprisé. […] Avec sa doctrine de l’éclectisme qui lui permet de ne rien nier et de ne rien affirmer, il ignore les douleurs créatrices du doute, comme les sublimes embrasements de la foi. […] Sur la foi de quelques chroniqueurs immensément distingués, moi aussi, je suis parti en guerre contre M.
Il y sacrifia tout, comme un prêtre à sa foi. […] … Et quelle forte saveur — à la Plutarque, ma foi ! […] Il s’appelait… ma foi, je ne sais plus… Et il me disait : « Ah ! […] … Alors, après avoir esquissé à travers l’espace primordial un geste qui semble dire : « Ma foi, tant pis ! […] … Ma foi, je ne lie sais plus bien.
L’archevêque de Paris, Harlai de Chanvalon, prélat galant, homme de peu de foi, mais de grandes manières, y joue, toujours selon la victime, un rôle tortueux, malpropre, vilain, qui ne répond pas plus à ce que nous savons de lui qu’à ce que l’on connaît en général de la psychologie des débauchés. […] S’il accourt, s’il combat, s’il s’acharne, c’est que l’on compromet quelque part la réunion ; et qu’à ses yeux compromettre la réunion, c’est compromettre la tradition ; et que compromettre la tradition, c’est compromettre l’accord de la raison et de la foi, puisque c’est ou diminuer notre liberté de penser en surchargeant notre foi d’un nouveau mystère, ou diminuer l’obligation de croire en livrant un mystère ancien à notre liberté de penser. […] Et dans ce que j’appellerai la profession de foi d’Arnolphe, comme dans la déclaration de principes du bonhomme Chrysale, j’estime que, une fois ôtée l’exagération comique, il a mis beaucoup plus qu’on ne croit de sa propre pensée. […] Ce malheureux Fréron, que l’on se représente, sur la foi de Voltaire, comme le défenseur soudoyé du parti de la cour, du parlement, du clergé contre le parti des encyclopédistes, savez-vous bien qu’il n’intrigua pas beaucoup moins de vingt ans avant d’y réussir ? […] En effet, le crime de la femme adultère, c’est la violation de la foi conjugale, mais la foi conjugale ne s’échange entre l’homme et la femme que pour assurer la perpétuité de la famille.
Couture font bien, si elles ne sont pas bien ; beaucoup de bras en l’air, quelques yeux tournés indiquent suffisamment, et selon la règle, la foi chez ses personnages. […] Soulas trouve qu’ils n’ont ni conviction, ni foi, comme la société moderne ; ceci me paraît déjà moins net. […] Bien plus, l’art qui nous a précédés n’a point le droit d’être si hautain ; ces artistes, ces écrivains n’avaient pas de foi, qui, depuis Raphaël et le Tasse, se sont tués pour des niaiseries ou ont célébré le découragement, le doute, la mort. Nous autres, nous avons une foi et une voie, nous marchons vers la Justice et la Vérité, que nous ayons ou non des nez rouges comme le prétendent d’élégants et blancs adversaires. […] Maxime Du Camp, homme de foi, fait les Mémoires d’un suicidé et des histoires d’Arabes, voilà comme il sert sa foi !
Ce n’est ni l’accent ému et pieux de David, ni l’accent révélateur d’Orphée, ni l’accent héroïque d’Alcée, ni l’accent majestueux de Pindare ; il n’avait de foi bien profonde ni dans la divinité, ni dans la vertu, ni dans la patrie, ni dans la liberté. Il en parle quelquefois admirablement, mais sans conviction ; on sent que ce n’est pas sa foi, mais son thème ; c’est un musicien accompli, qui exécute bien la note élevée, mais qui ne l’invente pas ; à ce titre il était incapable de composer des hymnes pour les temples ou des chants populaires pour les légions. […] Le voici : Est-ce un de ces poètes confident du cœur, consolateur de l’âme, conseiller des mauvais jours, que les hommes de tous les âges peuvent emporter avec eux dans l’exil, dans l’amour, dans le recueillement de la solitude, dans la douleur des éternelles séparations, dans l’intimité religieuse de leur conversation à voix basse avec le ciel, pour oublier la patrie, pour nourrir les chastes tendresses, pour s’envelopper du mystère des pensées infinies, pour donner des larmes sympathiques à leurs yeux, pour prêter des prières à leurs invocations secrètes, pour verser en eux dans des vers sacrés la foi et l’espérance des réunions éternelles ?
Pour faire l’histoire d’une religion, il est nécessaire, premièrement, d’y avoir cru (sans cela, on ne saurait comprendre par quoi elle a charmé et satisfait la conscience humaine) ; en second lieu, de n’y plus croire d’une manière absolue ; car la foi absolue est incompatible avec l’histoire sincère. Mais l’amour va sans la foi. […] Outre les synoptiques, les Actes, les Épîtres de saint Paul, l’Apocalypse en font foi.
Homais l’aurait appelé un homme de foi. […] Ceux qui s’en scandalisent, ceux qui nous exhortent à croire, sans nous dire quoi, — sinon, précisément, ce que Renan a cru, — oublient trop que la foi du philosophe même spiritualiste et la foi du fidèle d’une religion révélée ne sont point de même nature, et que, si elle n’est une croyance imposée par une Eglise au nom d’un Dieu qui a été censé se manifester aux hommes, la foi ne saurait être autre chose qu’une aspiration passionnée et constante. […] Les pauvres, c’est-à-dire ceux qui ont le plus besoin de la foi pour supporter la vie, en sont exclus. […] Même quand sa foi est profonde et son zèle pur, l’homme de Dieu subit la futilité de son auditoire. […] » Et, ma foi !
Voilà bien la foi, la foi jusqu’au-delà. […] Je bifferais, si je pouvais, un ou deux de ces appels à une foi qui ne vient pas. […] Si jamais Loti est ramené à la foi, ce sera par l’effroi de la mort. […] Mais la foi à l’au-delà corrige tout, et le cri de colère s’achève eu un cri d’amour. […] Paul Guigou, l’auteur de la belle préface de ses Reliques, raconte que sa foi s’éteignit « au souffle de la science moderne ».
L’éminent écrivain a fouillé les cendres des générations disparues ; il a interrogé de pauvres religieuses, ruines logées dans un débris, derniers restes de cette communauté célèbre, qui, dans les siècles de foi, enlevait au monde les âmes qu’il effrayait, ou lui reprenait celles qu’il avait meurtries. […] Seulement — et c’est là que commencent les points discutables — au lieu de faire de cette polémique victorieuse un motif pour proclamer le vide et le néant de toute doctrine philosophique qui ne s’appuie pas sur la Révélation et la Foi, il a pactisé, pour ainsi dire, avec ces ennemis qu’il venait de vaincre. […] mais un Sursum corda terrestre, personnel, dégagé de tout lien avec cette foi qui seule a le privilège de faire des déceptions et des mécomptes un moyen de relever et de fortifier les âmes au lieu de les décourager. […] Voilà un siècle qui démolit toutes les croyances, qui fait de l’incrédulité un dogme, du doute un apostolat, de la raillerie un symbole, de l’irréligion une foi. […] Un éloquent orateur a appelé Rome la seconde patrie de tout le monde : sainte et sublime patrie où nous devrions tous être naturalisés par la foi !
Cela rappelle le début de la profession de foi du Vicaire savoyard de J. […] Ajoutons que, pour son temps, Cicéron est personnellement plus philosophe : car Bossuet répète la philosophie sacrée du christianisme, et sa force n’est que sa foi. […] On pouvait penser et professer tout ce qu’on voulait comme foi individuelle ou comme philosophie théologique générale. […] « Vous n’y ajoutez pas foi ?
« — Ma foi ! […] « — Ma foi ! […] Animé d’une ardente foi, je priais Dieu de renouveler en ma faveur les miracles fascinateurs que je lisais dans le Martyrologe. […] Pour beaucoup d’êtres malheureux, demain est un mot vide de sens, et j’étais alors au nombre de ceux qui n’ont aucune foi dans le lendemain ; quand j’avais quelques heures à moi, j’y faisais tenir toute une vie de voluptés.
Il adjurait encore ce même dieu par les noms de Jupiter Éphestien et de Jupiter Hétéréen : sous le premier, comme protecteur des foyers, parce qu’il avait permis que le meurtrier de son fils vécût dans sa maison et y jouît des droits de l’hospitalité ; sous le second, comme garant de la foi entre les compagnons d’armes, parce que le compagnon et le gardien de son fils était devenu son plus cruel ennemi. […] Il fit donc venir Cyrus et lui dit : « Enfant, sur la foi d’un vain songe, j’en ai mal usé avec toi ; ta bonne fortune t’a sauvé : sois joyeux. […] Mais aussi, si vous êtes vainqueur des ennemis que vous avez en présence et ensuite de tous les Spartiates, qui jusqu’ici sont demeurés chez eux, il n’est alors aucune autre nation qui ose prendre les armes contre vous, dès que vous vous serez mesuré avec la ville la plus célèbre, avec la plus puissante royauté de la Grèce, et avec les plus braves des hommes. » Xerxès ne voulut ajouter aucune foi à ce discours, et interrogeant de nouveau Démarate, lui demanda : « comment une si petite poignée d’hommes s’y prendraient pour combattre contre toute son armée ? […] L’histoire est la foi des peuples : il n’y en avait plus que dans les sanctuaires ou dans les colléges des prêtres : aussi c’était là qu’il cherchait ses traditions pour les discuter.
D’une doctrine qui n’est que doctrine sortira difficilement l’enthousiasme ardent, l’illumination, la foi qui soulève les montagnes. […] Par là s’explique le rôle qu’il se sent appelé à jouer d’abord, celui d’un intensificateur de la foi religieuse. […] Il s’agissait ensuite de savoir si le mysticisme n’était qu’une plus grande ardeur de la foi, forme imaginative que peut prendre dans des âmes passionnées la religion traditionnelle, ou si, tout en s’assimilant le plus qu’il peut de cette religion, tout en lui demandant une confirmation, tout en lui empruntant son langage, il n’avait pas un contenu original, puisé directement à la source même de la religion, indépendant de ce que la religion doit à la tradition, à la théologie, aux Églises. Dans le premier cas, il resterait nécessairement à l’écart de la philosophie, car celle-ci laisse de côté la révélation qui a une date, les institutions qui l’ont transmise, la foi qui l’accepte — elle doit s’en tenir à l’expérience et au raisonnement.
Il est philosophe, il est moraliste ; il a en lui les lumières et la foi en tous les progrès ; la barbarie, sous quelque forme qu’elle ose reparaître, l’indigne et fait bouillonner son sang.
Il oubliait leur foi religieuse.
Sa foi se bornait à un petit nombre de convictions négatives lentement amassées et sur lesquelles il asseyait un désespoir calme.
La religion de l’art s’est installée sur les débris de la Foi.
Suit-on, durant quelques siècles le développement du vers français de douze syllabes ; on remarque facilement que chez les poètes de la Pléiade il est souple, libre, aisé, qu’il se permet beaucoup d’enjambements et de rejets en même temps qu’il est richement rime ; qu’à partir de Malherbe et de Boileau, surtout au xviiie siècle, une césure presque immuable le divise en deux parties égales, tandis que la rime devient souvent pauvre et banale ; que les romantiques, en disloquant, comme ils disaient, « ce grand niais d’alexandrin », rendent à la rime une plénitude de sonorité dont elle avait perdu l’habitude ; que Musset semble, il est vrai, faire exception en lançant aux partisans de la consonne d’appui cette moqueuse profession de foi : C’est un bon clou de plus qu’on met à la pensée ; mais qu’aussi ses vers, sauf dans ses poésies de jeunesse où il s’abandonne à sa fantaisie gamine, sont restés, bien plus que ceux de Victor Hugo ou de Sainte-Beuve, fidèles à la coupe classique.
Puis les Écoles se querellent entre elles : on voit pousser comme chiendent les Manifestes et les Professions de Foi, les Préfaces augurales et les Déclarations au nom de l’Art.
Pour moi, j’aimerais mieux ce haillon loin que près. » Le 4 septembre, elle raconte à sa fille cette anecdote : « Un homme de la cour disait l’autre jour à madame de Ludres : Madame, vous êtes, ma foi, plus belle que jamais. — Tout de bon, dit-elle ; j’en suis bien aise, c’est un ridicule de moins. « J’ai trouvé cela plaisant. » Le 6 septembre, elle écrivait de Vichy : « Madame disait l’autre jour à madame de Ludres, en badinant avec un compas : Il faut que je crève ces yeux-là, qui font tant de mal. — Crevez-les, madame, puisqu’ils n’ont pas fait tout ce que je voulais. » On voit dans les mémoires de Madame, que madame de Ludres finit par se retirer dans un couvent à Nancy, où elle vécut jusqu’à un âge fort avancé.
Il a essayé de donner aux peuples les paroles de foi qu’ils demandent, qu’ils attendent, qu’ils espèrent, qu’ils sollicitent sans cesse.