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646. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Des fleurs sauvages, des simples et qui suivent la nature. […] Il n’est pas incapable d’une sorte de sensibilité à fleur de peau ou à fleur d’âme qui a bien son agrément. […] Elle lui offre des fleurs, la fleur de ses lèvres, la fleur de ses seins. […] Elle marche sur les fleurs dont le sol est jonché. Elle marche sur la chair et dans l’haleine des fleurs.

647. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

Les déesses et les anges marchent à fleur de terre.

648. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

Pourtant il n’est pas si malaisé d’entendre ce qu’il n’a été permis que d’indiquer ; et même dans cette manière, que je nomme ma première, et qui a un faux air de panégyrique, la louange (prenez-y garde) n’est souvent que superficielle, la critique se retrouverait dessous, une critique à fleur d’eau : enfoncez tant soit peu, et déjà vous y touchez.

649. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Alphonse (1840-1897) »

À l’origine, le poète prédomina un peu, puisque, dans l’aube rose de l’adolescence, il est naturel que l’imagination surtout fermente, flambe, fleurisse, feu et fleurs !

650. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

Pierre Quillard Le Sourire d’Hellas : Un hymne homérique, le huitième, bref comme une épigramme, honore Aphrodite : « … Sur son désirable visage toujours elle sourit et elle porte la désirable fleur ».

651. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

. — Fleurs de cyclamens (1899). — La Vie rustique (1899). — Nos oiseaux (1899). — Villa Frangeville (1899).

652. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 527-532

Dans ses Plaidoyers, qui forment la partie principale de ses Œuvres, on trouve tantôt une éloquence mâle & vigoureuse, qui rejette les vains ornemens ; tantôt une éloquence touchante & persuasive, où les fleurs sont répandues avec choix, selon que les matieres en sont susceptibles.

653. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Pelisson, n'abandonne pas le jugement pour courir après le Bel-Esprit, & ne cherche point de fleurs quand c'est la saison des fruits.

654. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël » pp. 387-392

Je me contenterai d’en alleguer trois exemples, les arbres des Païs-Bas, les animaux d’Angleterre et de quelques autres païs : enfin les fruits, les fleurs, et les arbres des Indes, tant orientales qu’occidentales.

655. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Dehors il faisait un de ces temps clairs de la fonte des neiges, où les nuages s’en vont, où le toit en face, les petites lucarnes miroitantes, la pointe des arbres, enfin tout vous paraît brillant, où l’on se croit redevenu plus jeune parce qu’une séve nouvelle court dans vos membres, et que vous revoyez des choses cachées depuis cinq mois : le pot de fleurs de la voisine, le chat qui se remet en route sur les gouttières, les moineaux criards qui recommencent leurs batailles. […] Je te reviens avec le printemps, avec le beau soleil… — Écoute, Kobus, les abeilles bourdonnent autour des premières fleurs, les premières feuilles murmurent, la première alouette gazouille dans le ciel bleu, la première caille court dans les sillons. — Et je reviens t’embrasser ! […] Le long des fenêtres s’étendait une longue table de hêtre, les jambes en X, avec un banc de chaque côté ; derrière la porte, à gauche, se dressait le fourneau de fonte en pyramide, et sur la table se trouvaient cinq ou six petits gobelets et la cruche de grès à fleurs bleues ; de vieilles images de saintes, enluminées de vermillon et encadrées de noir, complétaient l’ameublement de cette pièce. […] Or il advint qu’un de ces chevaux, le grand grand-père de tous les ânes, se trouvant un jour dans l’herbe jusqu’au ventre, se dit à lui-même : « Cette herbe est trop grossière pour moi ; ce qu’il me faut, c’est de la fine fleur, tellement délicate qu’un autre cheval n’en ait encore goûté de pareille. » Il sortit de ce pâturage, à la recherche de sa fine fleur. […] Puis il fit le tour du marais, entra dans un pays aride, toujours à la recherche de sa fine fleur ; mais il ne trouva même plus de mousse.

656. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Aucun souffle ne ternit cette fleur délicate, qui répand les parfums du ciel. […] Le sort, qui lui avait été si contraire jusque-là, lui réservait la plus belle des fleurs de la vie pour la respirer et l’enivrer avant de mourir. […] Il s’y joint des lianes de divers feuillages, qui, s’enlaçant d’un arbre à l’autre, forment ici des arcades de fleurs, là de longues courtines de verdure. […] Dans la saison où ils donnent leurs fleurs, vous les diriez à demi couverts de neige. […] Vous avez eu, à la fleur de la jeunesse, la prudence d’un sage, en ne vous écartant pas du sentiment de la nature.

657. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Les sites en fleurs et luxuriants de ses livres ondulent désormais parmi l’imagination des poètes. […] Et c’étaient moins ses frissons à fleur de peau, le zig-zag de ses gestes, l’inflexion de sa parole, la lueur de son sourire, c’étaient moins son aspect éphémère superficiel que les lourdes causes originelles, que les profonds atavismes qui provoquent précisément chez nous les penchants ou les vertus, les larmes ou les rires. […] Pourquoi donc négliger des fonctions qui tiennent tant de place dans notre existence, pourquoi dissimuler sous des gazes épaisses, la voluptueuse floraison des gorges qui rougissent à fleur de peau, comme des roses aquatiques doucement épanouies à la surface des eaux paisibles ? […] Cette multitude des morts qui reposent là, qui revivent et renaissent dans le vif feu des fruits, dans le suc des fleurs et le fécond terreau du sol, c’est la foule des ancêtres anonymes qui ont, en des temps antérieurs, élaboré lentement les formes actuelles des nouvelles races. […] Dans la Faute de l’abbé Mouret, où son style charrie de véritables moissons de fleurs, où se déchaînent des marées d’aromates, il nous a dit l’innocence des noces éternelles, la jeune terre amoureuse enseignant à l’homme la loi d’amour, la revanche de Pan sur Jésus.

658. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

— Sainte Marie des Fleurs, roman. […] Revue Lorraine, Nancy, 1898, in-12. — Variations sur un thème d’Automne (h. c.), 1899. — Les Joies humaines, poésies, Mercure de France, 1899, in-18. — De Messidor à Prairial (en coll. avec René d’Avril), Nancy, Grosjean et Maupin, 1889, in-18. — La Gerbe des Fleurs Noires, poésies, Nancy, 1901. — La conscience du Soir, 1903, (h. c.). […] Œuvres. — Berthe de Provence, drame en vers (1898), in-16, Clerget. — Fleurs rouges, vers (1899), in-16, Clerget […] Les œuvres. — Fleurs de Neige, poésies, Nancy, Crépin-Leblond, 1893 (sous le pseudonyme d’Hericlas Rügen). — L’Art parjure, poésies, Munich, 1894. — Joies Grises, poésies, Paris, Ollendorff, 1894. — Georges Rodenbach, essai de critique, Nancy, Crépin-Leblond, 1894. — Le Sang des Crépuscules, poésies, Paris, Soc. […] Œuvres. — Triptyque de Châtelaine, poésies 1892, Roger à Annonay pet. in-8º. — Triptyque à la Marguerite, poésies, Roger, Annonay, 1894, in-8º. — Filles fleurs, poésies, Soc. du Mercure de France. — 1895, in-18. — Squelettes fleuris, poésies, Mercure de France, 1897, in-18. — La Jalousie du Vizir, conte, Mercure de France, 1899, pet. in-18. — L’Escarpolette, poésies, M. de F., 1890, pet.

659. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Il a même dessiné ces deux fleurs, et il a joint leur « pourtrait » à celui de la montagne elle-même. […] Il est cependant probable que La Sale, ici comme ailleurs, a été exact ; et d’autre part, comment ces fleurs indigènes ont-elles disparu de leur habitat ? […] Un jour, le paysan s’aperçut qu’un rossignol déchirait les fleurs du rosier ; il lui tendit un filet et le prit. […] Il verdoie simplement dans la version la plus répandue, mais dans plusieurs chansons suisses et dans la chanson néerlandaise il porte des fleurs. […] « Flétrissez-vous, fleurs ! 

660. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Ajoutez-y tous ceux de Paris, tous ceux qui, à dix lieues à la ronde, à Sceaux, à Gennevilliers, à Brunoy, à l’Isle-Adam, au Raincy, à Saint-Ouen, à Colombes, à Saint-Germain, à Marly, à Bellevue, en cent endroits, forment une couronne de fleurs architecturales d’où s’élancent chaque matin autant de guêpes dorées pour briller et butiner à Versailles, centre de toute abondance et de tout éclat. […] De la voûte sculptée et peuplée d’amours folâtres, descendent, par des guirlandes de fleurs et de feuillage, les lustres flamboyants dont les hautes glaces multiplient la splendeur ; la lumière rejaillit à flots sur les dorures, sur les diamants, sur les têtes spirituelles et gaies, sur les fins corsages, sur les énormes robes enguirlandées et chatoyantes. Les paniers des dames rangées en cercle ou étagées sur les banquettes « forment un riche espalier couvert de perles, d’or, d’argent, de pierreries, de paillons, de fleurs, de fruits avec leurs fleurs, groseilles, cerises, fraises artificielles » ; c’est un gigantesque bouquet vivant dont l’œil a peine à soutenir l’éclat  Point d’habits noirs comme aujourd’hui pour faire disparate. […] Pour le remplir, il a fallu d’abord qu’une grande aristocratie, transplantée en serre chaude et désormais stérile de fruits, ne portât plus que des fleurs, ensuite que, dans l’alambic royal, toute sa sève épurée se concentrât en quelques gouttes d’arôme.

661. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

non, il n’est point ici-bas de mortelle « Qui se puisse avouer plus heureuse que moi ; « Mais à certains moments, et sans savoir pourquoi, « Il me prend des accès de soupirs et de larmes ; « Et plus autour de moi la vie épand ses charmes, « Et plus le monde est beau, plus le feuillage vert, « Plus le ciel bleu, l’air pur, le pré de fleurs couvert, « Plus mon époux aimant comme au premier bel âge, « Plus mes enfants joyeux et courant sous l’ombrage, « Plus la brise légère et n’osant soupirer, « Plus aussi je me sens ce besoin de pleurer. » C’est que, même au-delà des bonheurs qu’on envie, Il reste à désirer dans la plus belle vie ; C’est qu’ailleurs et plus loin notre but est marqué ; Qu’à le chercher plus bas on l’a toujours manqué ; C’est qu’ombrage, verdure et fleurs, tout cela tombe, Renaît, meurt pour renaître enfin sur une tombe ; C’est qu’après bien des jours, bien des ans révolus, Ce ciel restera bleu quand nous ne serons plus ; Que ces enfants, objets de si chères tendresses, En vivant oublieront vos pleurs et vos caresses ; Que toute joie est sombre à qui veut la sonder, Et qu’aux plus clairs endroits, et pour trop regarder Le lac d’argent, paisible, au cours insaisissable, On découvre sous l’eau de la boue et du sable. […] t’écriais-tu, ces admirations, « Ces tributs accablants qu’on décerne au génie, « Ces fleurs qu’on fait pleuvoir quand la lutte est finie, « Tous ces yeux rayonnants éclos d’un seul regard, Ces échos de sa voix, tout cela vient trop tard ! […] Vous publiâtes vos Pensées d’Août, vos fleurs mûres ; votre poème de Monsieur Jean, maître d’École. […] s’écrie Lycidas ; qui eût répandu les fleurs dont la prairie est semée, et montré l’ombre verte sous laquelle murmurent les fontaines ?

662. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Le promeneur qui ne cherche que son loisir ne voit dans une prairie qu’une surface agréable par sa verdure ou par ses fleurs ; l’œil du botaniste y aperçoit du premier coup un nombre infini de petites plantes et de graminées différentes qu’il distingue et qu’il voit séparément. […] Si l’enfant attrape le papillon posé sur la fleur, c’est que pour un moment il a rassemblé sur un seul point toute son attention, et il ne va pas au même instant regarder en l’air pour voir se former un joli nuage. […] Je suis un ami des plantes, j’aime la rose comme la fleur la plus parfaite que voie notre ciel allemand, mais je ne suis pas assez fou pour vouloir que mon jardin me la donne maintenant, à la fin d’avril. […] Par exemple, c’est une jeune fille dont les pieds sont si légers et si délicats, qu’elle pouvait se balancer sur une fleur sans la briser. […] C’est là ce que j’appelle la toute-présence de Dieu ; au fond de tous les êtres il a déposé une parcelle de son amour infini ; et déjà dans les animaux se montre en bouton ce qui, dans l’homme noble, s’épanouit en fleur splendide.

663. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Nous y cherchons les moyens, non de nous sanctifier, mais de nous pacifier ; non un cordial, mais un calmant, un népenthès ; non la rose rouge de l’amour divin, mais la fleur pâle du lotus, qui est la fleur d’oubli. […] Il continua, au témoignage de La Fontaine, « d’aimer extrêmement les jardins, les fleurs, les ombrages », et c’est lui qui retient ses amis pour assister aux féeries du soleil couchant. […] Il « adorait » les parfums, les fruits et les fleurs. […] Sa dernière Elvire, fleur pâlotte et douce, nimbée, à travers les losanges d’une maigre tonnelle, par les derniers rayons du soleil couchant sur la Marne, n’a point paru sans poésie.

664. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Le convoi s’avance à travers une haie de troupes et une muraille de peuple ; pas un pavé qui ne porte un homme attendri, pas une fenêtre qui ne regarde passer en pleurant le char, pas un toit qui ne vocifère son cri d’adieu ou son acclamation d’amour, pas un pan du ciel d’où ne tombe sur le suaire une pluie de couronnes d’immortelles, fleurs funèbres qui n’ont pour rosée que des larmes, et qui n’ont de parfum que dans le souvenir et dans l’éternité ! […] Le front large et bossué, l’œil bleu et à fleur de front, le nez gros et arqué, les pommettes relevées, les joues lourdes, les lèvres épaisses, le menton à fossette, le visage rond plutôt qu’ovale ; le cou bref, mais relié par de beaux muscles à la naissance de la poitrine ; les épaules massives, la taille carrée, les jambes courtes ; la stature pesante en apparence, mais souple au fond, tant il y avait de ressort physique et moral pour l’alléger ; mais ce front était si pensif, ces yeux si transparents et si pénétrants à la fois, le nez si aspirant le souffle de l’enthousiasme par ses narines émues, les joues si modelées de creux et de saillies par la pensée ou par les sentiments qui y palpitaient sans cesse, la bouche si fine et si affectueuse, le sourire bon, l’ironie douce et la tendresse compatissante s’y confondaient tellement pour plaisanter et pour aimer sur les mêmes lèvres ; le menton si téméraire, si sarcastique, si défiant et si gracieux tout ensemble en se relevant contre la sottise ; de si belles ombres tombées de ses cheveux, et de si belles lumières écoulées de ses yeux flottaient sur cette physionomie pendant qu’elle s’animait de sa parole ; l’accent de cette parole elle-même, tantôt grave et vibrante comme le temps, tantôt sereine et impassible comme la postérité, tantôt mélancolique et cassée comme la vieillesse, tantôt badine et à double note comme le vent léger de la vie qui se joue le soir sur les cordes insouciantes de l’âme ! […] Des fleurs pour orner mes cheveux. […] Voyez ces fleurs, c’est un présage. […] Ces fleurs, pour effacer Glycère, Tu les cueillis sur son tombeau !

665. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

il faut abréger et je dis : la traduction de François Hugo, dont ces premiers volumes sont la fleur et mieux que la promesse, à supposer qu’il l’achève avec le soin de ces six volumes, sera évidemment une œuvre capitale, qui honorerait tout homme, quel qu’il fût, et avec laquelle la Critique et la littérature seront obligées de compter. […] C’est la jeunesse avec ses folies, ses vertus, ses impétuosités ; le printemps avec ses parfums, ses fleurs et leur promptitude à mourir (transiency, dit délicieusement la langue anglaise). […] Eux, qu’est-ce que cela leur fait qu’on protège de la main et du respect cette petite fleur de leur tombeau qu’on appelle la gloire ? […] — l’amour maternel de Constance ; dans Coriolan, ce fut l’amour d’une autre nature de mère avec l’amour filial de Coriolan, cet amour filial plus fort que l’orgueil du Romain ; et dans le Roi Lear, ce fut la plus grande douleur paternelle, le parricide de l’ingratitude, et l’amour filial encore, mais celui-là le plus sincèrement pur qui ait jamais épanoui sa fleur céleste dans un sein de vierge. […] Et si ce n’est pas vrai, si l’Anglais, l’Anglais ineffaçable et indestructible, qui vivait peut-être avec la ténacité de ses préjugés, de ses haines et de sa race, sous la fleur du génie cosmopolite de Shakespeare ; si l’Anglais fit faire à ce génie, contre Jeanne d’Arc, ce que plus tard les plus grands esprits de l’Angleterre firent pendant des années contre l’Empereur Napoléon, bravo !

666. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Elle posa ensuite le livre sur la table sans rien dire, et reprit sa tapisserie ; mais des larmes coulaient furtivement sur ses fleurs, et elle laissa discuter sans rien entendre. […] Les voûtes étaient ornées de peintures à fresque représentant des fleurs, des oiseaux et des papillons. […] Il a captivé les esprits les plus sérieux et jeté des fleurs à pleines mains sur de grandes et nobles existences austères et tourmentées. […] De là, prenant, à travers les prés et les champs, un sentier qui serpentait sous les pommiers en fleur, je gagnais à pied l’humble demeure du poète. […] Un jour qu’il marchandait quelques plantes au marché aux Fleurs, pour son jardin d’Aulnay, un porteur lui demanda quarante ou cinquante francs pour les conduire dans sa charrette.

667. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Le vulgaire et le savant admirent également une belle fleur ; mais ils n’y admirent pas les mêmes choses. […] Ce n’est pas précisément la fleur qu’il admire, c’est la vie, c’est la force universelle qui s’épanouit en elle sous une de ses formes. […] On fait la science des littératures comme ferait de la botanique un fleuriste amateur qui se contenterait de caresser et d’admirer les pétales de chaque fleur. La belle et grande critique, au contraire, ne craint pas d’arracher la fleur pour étudier ses racines, compter ses étamines, analyser ses tissus.

668. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

ôtez-en les mots de hameaux, de brébis, de fleurs, de bois, de fontaines ; & substituez-y ceux de Versailles, de Paris, d’Opéra, de Thuillerïes, de bal, &c. : ce ne seront plus des Eglogues, mais des entretiens de cour & des discours de ruelle.” […] Ses Idilles sur les fleurs, sur les oiseaux, sur les moutons, offrent de rians tableaux de la campagne, une morale touchante, un badinage qui cache des idées très-philosophiques, une versification aisée & des tours heureux dans les expressions. […] On le lit encore aujourd hui ; & ses peintures naïves sont des fleurs qui ne sont pas tout-à-fait fanées. […] Jamais il ne chercha les fleurs dont il sema ses ouvrages ; elles se présenterent à lui, & il ne se donnoit pas même la peine de les arranger.

669. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Pourquoi, par exemple, la couleur d’une fleur serait-elle plus sujette à varier dans certaines espèces d’un genre, si les autres, qu’on suppose avoir été créées séparément, ont des fleurs de couleurs diverses, que sitoutes les espèces du genre n’ont que des fleurs de même couleur ? […] L’identité du plan de construction de l’aile et de la jambe de la Chauve-Souris qui servent cependant à de si différents usages, des mâchoires et des pattes d’un Crabe, des pétales, des étamines et du pistil d’une fleur, est pareillement intelligible au point de vue de la modification graduelle d’organes qui ont autrefois été semblables chez les ancêtres primitifs de Chaque classe.

670. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Celui-ci, au moment de l’expédition, était jeune, dans la fleur de l’espérance et de la confiance première ; et lorsque plus tard, parvenu à l’âge le plus avancé, il retraçait ses souvenirs chéris, il était dans son beau châtel de Joinville, entouré des objets de ses affections et de tout ce qui pouvait lui rendre le sourire. […] La poésie, comme l’histoire, à voir les choses simplement, elle était plutôt à cette heure du côté des croisés que des Byzantins, malgré toutes leurs divinités et leurs Aréthuses, — la poésie, et j’entends par là la véritable, à la fois le souffle, l’inspiration, la fleur et déjà l’art de l’expression, et aussi l’artifice du rythme.

671. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Brizeux, dans son dernier recueil, s’applique à tirer des simples histoires de la vie privée leur fleur de morale et de poésie. […] Je ne voudrais point, par exemple, qu’en célébrant avec reconnaissance cette bonne servante qui l’a soigné enfant en rappelant les promenades où elle l’emmenait, il allât jusqu’à dire : Et le froid Luxembourg où le long des parterres J’arrachais, malgré toi, les fleurs à pleine main, Pendant que tu causais avec des militaires Vers qui tu te penchais en disant : « À demain ! 

672. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

La littérature ainsi comprise et cultivée, se peut appeler la fleur et le parfum de l’âme. […] Le sujet proposé, et où l’or se présentait comme réalité ou comme emblème, a été considéré sous ses divers aspects ; la Californie et ses mines à fleur de terre n’ont été pour la plupart que le prétexte.

673. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Votre domaine à vous est aussi l’intimité des sentiments ; mais, croyez-moi, vous avez à vos ordres le génie de la musique, des fleurs, des longues rêveries et de l’élégance. […] Si j’osais me permettre aujourd’hui une espèce de jugement sur une société à jamais regrettable, dont j’ai été, et dont l’auteur des Mémoires veut bien m’assurer que j’aurais pu être encore davantage, je dirais qu’en admettant qu’il y eût péril et inconvénient par quelque endroit dans ce monde gracieux, ce n’était pas du côté du goût ; il s’y maintenait pur, dans sa simplicité et sa finesse ; il s’y nourrissait de la fleur des choses : s’il y avait un danger à craindre, c’était le trop de complaisance et de charité ; la vérité en souffrait.

674. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Ballanche, mais le poète, obéissant à sa naturedans cette imitation même, avait jeté là, spontanément, la fleur de son âme. […] il est poète, quoiqu’il n’ait pas la sainte fureur, ni cet aiguillon de désir et d’ennui, qui a été notre fureur à nous, le besoin inassouvi de sentir ; bienqu’il n’ait pas eu la rage de courir tout d’abord à toutesles fleurs et de mordre à tous les fruits ; — il l’est, bien qu’il ne fouille pas avec acharnement dans son propre cœur pour y aiguiser la vie, et qu’il ne s’ouvre pas les flancs (comme on l’a dit du pélican), pour y nourrir de son sang ses petits, les enfants de ses rêves ; — il l’est, bien qu’il n’ait jamais été emporté à corps perdu sur le cheval de Mazeppa, et qu’il n’ait jamais crié, au moment où le coursier sans frein changeait de route : « J’irai peut-être trop loin dans ce sens-là comme dans l’autre, mais n’importe, j’irai toujours. » — Il l’est, poète, bien qu’il n’ait jamais su passer comme vous, en un instant, ô Chantre aimable de Rolla et de Namouna, de la passion délirante à l’ironie moqueuse et légère ; il est, dis-je, poète à sa manière, parce qu’il est élevé, recueilli, ami de la solitude et de la nature, parce qu’il écoute l’écho des bois, la voix des monts agitateurs de feuilles, et qu’il l’interprète avec dignité, avec largeur et harmonie, bien qu’à la façon des oracles.

675. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Que de fleurs dans les champs, dans les airs quels murmures ! […] Avant qu’il fût deux mois, De mes tremblantes mains j’en ensevelis trois ; Je les vois, mais non plus dans la fleur de la vie ; Non plus avec ces traits dont j’avais trop d’orgueil, Au baiser paternel offrant leurs jeunes têtes ; Mais telles que la mort, hélas !

676. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Vauvenargues, voulant exprimer le charme qu’a pour le talent un premier succès et un début heureux dans la jeunesse, a dit avec bien de la grâce : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » De même pour le critique qui étudie un talent, il n’est rien de tel que de le surprendre dans son premier feu, dans son premier jet, de le respirer à son heure matinale, dans sa fleur d’âme et de jeunesse. […] On connaît ses origines bretonnes, sa famille, sa race ; on le suit dans les divers groupes littéraires qu’il a traversés dès sa jeunesse, dans ce monde du xviiie  siècle qu’il n’a fait que côtoyer et reconnaître en 89, et plus tard dans son cercle intime de 1802, où il s’est épanoui avec toute sa fleur.

677. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

On n’a plus du tout la fleur ; on n’est pas encore respecté et consacré. […] Une des plus jolies idylles de Léonard est celle des Deux Ruisseaux, bien connue sans doute, mais qui mérite d’être citée encore, éclairée comme elle l’est ici par la connaissance que nous avons de son secret douloureux : Daphnis privé de son amante Conta cette fable touchante A ceux qui blâmaient ses douleurs : Deux Ruisseaux confondaient leur onde, Et sur un pré semé de fleurs Coulaient dans une paix profonde.

678. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Comme nous disons : « 1857, l’année de Bovary, des Fleurs du Mal, des Poésies barbares, de Fanny », on dira seulement, mais c’est quelque chose : « 1893, l’année des Trophées », et dans un tiers de siècle, j’espère, les nouveaux me permettront de mentir un peu sur ce 1893 et sur cette apparition des Trophées, avec la grâce délicate que les jeunes gens ont tant raison de garder au bon chroniqueur devenu mûr et qui se souvient tout haut. […] Mais le grand article, l’étude de revue, est-ce compris dans l’enterrement de première classe, avec les fleurs de Vaillant-Rozeau et les chanteurs de Saint-Gervais ?

679. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Ainsi tel écrivain emploiera toutes ses ressources à rendre sensible la mer ou la montagne dans ce qu’elles ont de plus grandiose ; tel autre mettra tout son art à reproduire les fins détails d’une fleur ou d’un visage féminin, la grâce d’un arbrisseau, d’une petite rivière, d’une clairière ensoleillée, d’une maisonnette tapissée de plantes grimpantes. […] Baudelaire, en composant ses Fleurs du mal, a rempli son livre de parfums étranges, artificiels, raffinés, capiteux ; et les réalistes de tous les temps, attirés vers ce qu’il y a de plus grossier et de plus animal dans l’homme, par conséquent vers les sensations réputées les moins nobles, parce qu’elles intéressent moins l’intelligence, ont été particulièrement préoccupés des saveurs et des odeurs.

680. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

La fleur entre leurs mains, l’insecte sous leurs pieds, La source desséchée où vacillait l’image De leurs traits oubliés. […] Ainsi l’idée féodale a été durant des siècles comme la sève d’un grand arbre qui est allé grandissant, poussant des feuilles, des fleurs et des fruits, couvrant de son ombre un vaste espace ; mais un jour est venu où l’afflux du suc nourricier a cessé de suffire à une croissance nouvelle, puis s’est retiré peu à peu des racines et des branches les plus éloignées du tronc, s’est enfin, sous l’action hostile de l’âge et des forces extérieures, ralenti et réduit à rien.

681. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Avec les trois œuvres qui l’ont précédé, jointes aux romans antérieurs des deux frères, il semble que l’on peut maintenant définir, en ses traits essentiels, la physionomie morale de l’auteur de Chérie, le mécanisme cérébral que ses écrits révèlent et dissimulent, comme un tapis de fleurs la terre. […] Personne ne pouvait mieux rendre les légers et coquets caprices d’une âme de fillette, la demi-pâmoison d’une femme amoureuse, la longue douceur de la passion satisfaite : En la paix du grand hôtel, au millieu de la mort odorante de fleurs, dont la chute molle des feuilles, sur le marbre des consoles, scandait l’insensible écoulement du temps, tandis que tous deux étaient accotés l’un à l’autre la chair de leurs mains fondue ensemble, des heures remplies des bienheureux riens de l’adoration passaient dans un far-niente de félicité, où parler leur semblait un effort.

682. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Que de fleurs, que d’ornemens, que d’onction dans saint Bernard ! […] On court puérilement après les fleurs & après l’esprit.

683. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

De toutes ces richesses mélodiques, je dois me borner à détacher deux strophes de Philippe Desportes et deux stances de Lamartine : Si je ne loge en ces maisons dorées Au front superbe, aux voûtes peinturées D’azur, d’émail et de mille couleurs, Mon œil se paît des trésors de la plaine Riche d’œillets, de lis, de marjolaine Et du beau teint des printanières fleurs. […] Voici maintenant les stances de Lamartine, témoignage d’une soirée de recueillement devant un paysage napolitain : Vois, la mousse a pour nous tapissé la vallée ; Le pampre s’y recourbe en replis tortueux Et l’haleine de l’onde à l’oranger mêlée De ses fleurs qu’elle effeuille embaume mes cheveux.

684. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

L’œuvre du premier est issue de la superstition et du mensonge ; c’est une fleur de décadence. L’œuvre du second est sortie de la nature et de la réalité, c’est une fleur de plénitude.

685. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

S’il est au bord de la mer, Charles nous parlera sans doute de brise, de vagues et de rochers, il y verra dans ma extase des images et comme des symboles de son amour, il interprétera éloquemment toutes ses sensations au profit du sentiment unique qui l’anime ; mats il ne retracera ni la plage même sur laquelle il est assis, ni la grève qui est en face ; il ne localise jamais : ou bien encore, ce seront des forêts et leurs ombrages, des prairies et des fleurs ; mais nulle part le rocher de Meillerie, nulle part le bosquet de Clarens.

686. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

On sait que celle de Madame, enlevée à la fleur de son âge, & morte entre ses bras, arracha des sanglots à ses Auditeurs, qui l’obligerent de s’arrêter lui-même après ces paroles foudroyantes : « O nuit desastreuse !

687. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

C’est la différence d’un herbier desséché à un champ en fleurs.

688. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 11, des ouvrages convenables aux gens de génie et de ceux qui contrefont la maniere des autres » pp. 122-127

Vander Meulen auroit peint un cheval aussi-bien que Le Brun, et Baptiste auroit fait un pannier de fleurs mieux que Le Poussin.

689. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Il a été écrivain d’instinct, naïvement, comme « de l’eau est de l’eau », dirait Diderot encore ; — il a été écrivain d’imagination et de sentiment comme on doit l’être quand on veut élargir sa renommée et donner au talent qu’on a l’air et l’espace, sans lesquels il n’est jamais qu’une fleur rare, dans un vase précieux, étiolée !

690. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Votre beau fauteuil Louis XV est vide et laisse voir toutes les fleurs de sa tapisserie. […] Ils y embrasseront la plus heureuse partie d’une vie, la fleur de quinze années d’études, de rêves et d’amour. […] Mon acacia, que la brise agite doucement, répand jusque sur ma table la neige parfumée de ses fleurs. […] Ils sont la fleur et le parfum. […] Il est plein de métaphores empruntées à la vie rustique ; il est tout fleuri des fleurs des champs et des bois.

691. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Elles coulaient, ces larmes divines, sur des joues où le lis semble mêlé d’une teinte légère d’incarnat ; elles coulaient sur cette peau délicate et tendre, comme ferait un clair ruisseau dans une prairie émaillée de fleurs blanches et roses. […] Laurent, aussi soigneux de sa popularité que de son génie, usa de la liberté du carnaval pour composer des poésies dansantes dont les belles filles des campagnes de Florence venaient le remercier avec des guirlandes de fleurs en main devant son palais. […] « Le temps destructeur t’avait couvert de ses ombres affreuses ; la triste vieillesse s’était appesantie sur toi, et voici que tu reparais à nos yeux avec un visage aimable et riant, le front ceint de fleurs odorantes !

692. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Ainsi l’œil distingue une masse complexe que nous appelons fleur ; mais il ne distingue rien de ce dont la fleur est composée. […] Demandez-lui s’il considère ses perceptions comme des copies des objets, s’il croit que la fleur qui est devant lui, peut exister indépendamment de lui et de tout être humain, et exister avec les mêmes attributs de forme, odeur, goût, etc. : sa réponse sera affirmative.

693. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

. — Un oiseau qui chante par intermittences et de petites notes d’harmonie claire tombant, comme goutte à goutte, de son bec ; l’herbe pleine de fleurs et de bourdons au dos doré, et de papillons blancs et de papillons bruns ; — les hautes tiges hochant la tête sous la brise qui les courbe ; — des rayons de soleil allongés et couchés en travers du dessous de bois ; — un lierre qui enserre un chêne, pareil aux ficelles de Lilliput autour de Gulliver, et entre ses feuilles du ciel blanc, que l’on voit comme à travers des piqûres d’épingles ; — cinq coups de cloche, apportant au-dessus du fourré, l’heure des hommes et la laissant tomber sur la terre verte de mousse ; — dans la feuillée bavarde, des cris d’oiseaux, des moucherons volant et sifflant tout autour de moi ; — le bois plein d’une âme murmurante et bourdonnante ; — le ciel mollement éclairé d’un soleil dormant… Et tout cela m’ennuie comme une description. […] Un corps de fillette étudié d’un bout à l’autre dans la beauté de la jeune fille plus en bouton qu’en fleur, à l’heure des promesses physiques qui éclosent, à l’heure où la forme de la femme dans son accomplissement, garde encore un peu des élancements et des maigreurs adorables de la jeune fille. […] — Quelle fleur aimez-vous ?

694. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Plus loin, aux herbivores, devant l’hippopotame ouvrant, à fleur d’eau, cette chose rose et immense et informe, cette bouche ressemblant à un lotus gigantesque fait de muqueuses, c’est Vigneron le lutteur. […] Dimanche 9 mai Nous dînons à Bellevue, chez les Charles Edmond, dans une petite maison, toute pleine de mousseline, d’un frais et joli luxe de tapissier et de femme : un petit nid avec un jardin grand comme une corbeille, où il n’y a de la place que pour des fleurs. […] Une côte caillouteuse montant dans le ciel implacablement bleu, toute grise et toute violette : d’un gris de perle dans la lumière, d’un violet de fleur de bruyère dans l’ombre.

695. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Il va, et ses heureuses brebis le suivent là où il les nourrit de roses immortelles et d’une fleur qui s’épanouit plus abondante, plus elle est cueillie ; il les conduit à la montagne du bien suprême ; il les baigne dans la source de l’immortelle joie ; il leur donne la pleine moisson, le pasteur et le pâturage, le seul parfait bonheur. […] O vrayment marastre nature, Puisqu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous m’en croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur, la vieillesse Fera ternir vostre beauté.

696. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Les fleurs et les femmes ! […] En plein midi joyeuse, une fleur au corset, illumination du jour, elle passait ; elle allait, la charmante, et riait, la superbe. […] il savourait ces fleurs et cette femme ; ô bois ! ô prés, nature où tout s’absorbe en un, le parfum de la fleur est votre petite âme, et l’âme de la femme est votre grand parfum. » (Où est Dorat ?) […] la versification, si c’est cela que vous entendez par poésie, et non cette fleur de l’âme qui s’épanouit en gerbe dans notre esprit de la vingtième année, oh !

697. (1894) Critique de combat

Vous me demandez l’intrigue qui s’engage entre ces fines fleurs d’aristocratie ? […] Il écrit par exemple d’un officier quittant le service : « Il vit le temple de Mars se fermer pour lui et se voua désormais au culte des Muses. » Il se montre lui-même en bonne fortune « cueillant cette fleur dont la Genèse a fait une pomme et dont poétiquement on a fait une rose. » Trop de fleurs de rhétorique ! […] L’auteur y a réuni en gerbe quantité de fleurs poétiques qu’il avait cueillies sur la route de sa vingtième à sa quarantième année. […] C’est l’odeur grisante de la fleur de vigne, du foin coupé, de la framboise mûre, de la reine des prés et de l’églantine. […] Non, ce serait lui jouer un mauvais tour que de l’ensevelir sous les fleurs.

698. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Il aime les fleurs, les champs, la campagne, les petits oiseaux ; ses yeux se mouillent aux refrains de romance, et la musique des régiments lui rend l’âme patriotique. […] Je ne parle, bien entendu, pas d’imitation, mais de parenté de sentiments, comme d’un peu du parfum qui s’échappe d’une fleur qu’on ne voit pas. […] Et notez aussi, au corselet de la fleur, ces traces gluantes qu’y a laissées la limace ! […] Courir comme un fou pour chercher — même au bout du monde — une fleur qu’elle préfère aux autres ! […] Ce goût lui vient de ce que les abeilles vont chercher leur butin sur les fleurs de l’arbousier.

699. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Dans une dernière pièce, intitulée les Bluets, il compare ses vers à cette simple fleur, qui suffit à la bergère : De même il en advient pour tes vers, ô poète !

700. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

C’était aussi le temps où, ces jouets de l’âme, Tes romans s’effeuillaient sur des genoux de femme, Et laissaient à leurs sens, ivres du titre seul, L’indélébile odeur de la fleur du Tilleul !

701. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

. — Des fleurs de bonne volonté (dans la Revue indépendante) [1888]. — Vers inédits (dans la Revue indépendante) [1888].

702. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Il répond à Costar : « Je veux des fleurs cueillies per devia rura et un peu plus naturelles, Et flores terræ quos ferunt solutæ.

703. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

On aura beau placer l’amante de Tithon sur un char, et la couvrir de fleurs et de rosée ; rien ne peut empêcher qu’elle ne paraisse disproportionnée, en promenant sa faible lumière dans ces cieux infinis que le christianisme a déroulés : qu’elle laisse donc le soin d’éclairer le monde à celui qui l’a fait.

704. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Lettre a monseigneur le duc de**. » pp. -

La Littérature est un champ immense, où le Chardon croît à côté de la Rose ; il est bon de pouvoir démêler les fleurs à travers les épines qui les étouffent.

705. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Je suis aussi bien fâché que ces morceaux de peinture qui ont la fraîcheur et l’éclat des fleurs soient condamnés à se faner aussi vite qu’elles.

706. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Et, de même, quand Hugo ayant d’abord dit : « De son sceptre tombaient le joug, la loi, la règle », se ravise : « Son sceptre était un arbre ayant pour fleur la règle », il trouve ce qu’un autre que lui n’aurait pas trouvé.

707. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Le roman actuel, si mal nommé Mémoires de Hollande 24, parce que l’action s’y passe en 1630, n’a rien de cette fleur d’âme qui est tout madame de la Fayette.

708. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Amants violents et hardis, ils portent la main sur elle, s’enivrent de sa lumière, se roulent dans ses fleurs et se relèvent le corps imprégné de ses parfums. […] Voilà les racines barbares de la civilisation anglaise ; avec le temps, elles produiront des fleurs magnifiques. […] C’est ainsi qu’on voit naître parfois une fleur sur le flanc d’un rocher stérile, ou une herbe d’espèce inconnue pousser subitement à travers les fentes d’un vieux mur. […] Aucune influence planétaire ne viendra nous atteindre, excepté celle qui gouverne et chérit les plus douces fleurs. […] Qu’est-ce que la douceur du miel comparée à toi, qui es plus douce que toutes les fleurs d’où il se tire ? 

709. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Ces fleurs et ces fruits sont la seule nourriture des habitants de cette planète. […] Un jour il fit mettre à mort une de ses femmes coupable de lui avoir présenté une fleur. […] Surmontés d’urnes gracieuses et d’amours en fleurs, ils ornaient les jardins anglais et les parcs à la mode. […] Nous avons beau découvrir le néant de la vie : une fleur suffira parfois à nous le combler. […] Loulou, c’est la fleur et le fruit de nos inquiétudes et de nos folies.

710. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Dimanche 3 mai En mon grenier, ce matin, je regardais dans une bouteille de bronze, à la forme élancée, au long col, à la patine sombre, et dont toute l’ornementation est faite, d’une mouche posée sur le noir métal, je regardais, sans en pouvoir détacher mes yeux, une dragonne, cette fleur turgide et déchiquetée, aux stries rouges dans son étoilement jaune impérial, une fleur qui a l’air d’un rinceau de décor, d’une astragale en train de fleurir. […] Voyez-les, ces filles d’Arles, au teint de rose-thé, coiffées de cet enroulement d’un ruban noir, au fond de tulle grand comme une fleur, et cette coiffure de rien, posée au haut de la tête, sur des cheveux aux bandeaux, comme soufflés et légèrement ondulants, et qu’on dirait prêts à se dénouer sur les tempes. […] Ce chrysanthème japonais est une fleur, qui n’a rien du chrysanthème bourgeois, aux pétales raides et géométriques de la reine-marguerite. […] Puis leurs couleurs ne sont pas tout à fait des couleurs de fleurs ordinaires, de fleurs du bon Dieu ; ce sont des tons brisés, des tons rompus, des tons passés, des tons artistiques de tentures et de meubles, des coloriages d’intérieurs de civilisations décadentes.

711. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Mais, puisque nous y voilà, et que personne ne paraît, amusons-nous à cueillir des fleurs et à chanter : il sera temps ensuite de s’en retourner, et vous ne reviendrez pas sans présents, si vous voulez m’en croire. » Et elle leur raconta à demi la promesse à laquelle elle s’est engagée : l’étranger doit venir pour recevoir d’elle un charme propice, mais elle peut lui en donner un qui soit contraire, recevoir les présents, et ainsi tout sera concilié. […] Mot à mot : celle-là est la fleur ; c’est-à-dire la fleur des eaux, la plus excellente des eaux. […] Et tandis que l’Essaim des abeilles ensemble Pèse d’un poids léger et blesse sans douleur, De la pure rosée incertaine et qui tremble Deux gouttes seulement s’échappent de la fleur Ce sont tes pleurs d’hier, tes larmes adorées, Quand sur ce front pudique, interdit au baiser, Mes lèvres (ô pardonne !)

712. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Elle devait, comme un dogue chargé de la police, ne dormir que d’une oreille et se reposer en veillant. » V « Le jour de la fête de sa fille Eugénie, les amis de Grandet se réunissaient pour lui apporter des vœux et des fleurs, et aussi pour se mettre sur les rangs afin de prendre date pour leurs enfants comme candidats à la main de sa fille. » VI À ce moment on sonne à la porte, c’est un de ses neveux, beau jeune homme de Paris, son neveu, fils de son frère Victor Grandet, qui vient, sur le conseil de son père, passer quelques jours avec lui. […] « Dans la vie chaste et monotone des jeunes filles, il vient une heure délicieuse où le soleil pur épanche ses rayons dans l’âme, où la fleur exprime ses pensées, où les palpitations du cœur communiquent au cerveau leur chaude fécondance, et fondent les idées en un vague désir ; jour d’innocente mélancolie et de suaves joyeusetés. […] Quand le soleil atteignit un pan de mur, d’où tombaient des cheveux de Vénus aux feuilles épaisses à couleurs changeantes comme la gorge des pigeons, de célestes rayons d’espérance illuminèrent l’avenir pour Eugénie, qui désormais se plut à regarder ce pan de mur, ses fleurs pâles, ses clochettes bleues et ces herbes fanées, auxquelles se mêla un souvenir gracieux comme ceux de l’enfance. […] Cette physionomie calme, colorée, bordée de lueur comme une jolie fleur éclose, reposait l’âme, communiquait le charme de la conscience qui s’y reflétait, et commandait le regard.

713. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

On me montrait la fleur, l’arbre, le gazon ; et non seulement je m’en amusais comme font les autres enfants, mais je m’attachais à eux. […] Mon père, dont j’étais le seul enfant, servait complaisamment mes goûts ; il aimait à me procurer des œufs, des fleurs, des oiseaux. […] Pendant les longues excursions de notre naturaliste, des dangers d’une autre espèce vinrent aussi le menacer ; le récit suivant ne serait pas déplacé dans un des romans de Cooper : Après avoir parcouru le haut Mississipi, dit-il, je fus obligé de traverser une de ces immenses prairies, steppes de verdure qui ressemblent à des océans de fleurs et de gazon. […] Chaussé de bons mocassins2, suivi d’un chien fidèle, armé de mon fusil et chargé de mon havre-sac, je cheminais lentement, ravi de l’éclat des fleurs, admirant les jeux des daims et des faons qui venaient danser devant moi.

714. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Tallemant des Réaux, qui reste dans la mémoire comme un conteur rabelaisien d’anecdotes crues et drolatiques, a porté dans les ruelles le nom d’Astibel, un héros de roman galant, et il a fourni sa fleur à la guirlande de Julie. […] Il faut d’abord qu’un régime soit fortement enraciné, et cela depuis une certaine durée, pour qu’on puisse juger avec équité les fleurs et les fruits qu’il peut porter. […] Une communion fraternelle, non seulement avec les déshérités, mais avec les animaux, nos frères inférieurs, avec les arbres et les fleurs, avec tous les êtres qui, comme nous, respirent, sentent et vivent. […] — Que d’espérances fauchées alors en leur fleur !

715. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Est-ce pour cela que les orateurs de la chaire, venant de la Compagnie de Jésus, ont été accusés, non sans raison, par leurs ennemis les jansénistes d’énerver la parole de Dieu en l’enguirlandant de fleurs inutiles ? […] La tradition ne veut-elle pas aussi qu’il soit couvert de fleurs par un aîné qui peut être un rival jaloux ou un adversaire déclaré ? Il est vrai que les fleurs dont on l’enguirlande ne sont pas toujours exemptes d’épines ; que l’épigramme relève fréquemment, comme un grain de poivre, la douceur et la fadeur des discours de réception ; que le suprême de l’art consiste même, en pareil cas, à savoir, comme disait Régnier, « sucrer sa moutarde ». […] Au moyen âge, quantité de villes en possédaient une ; Toulouse avait déjà « ses jeux floraux », dont Ronsard et Victor Hugo n’ont point dédaigné de cueillir les fleurs symboliques ; Clermont, Rouen avaient leurs « puys » et le grand Corneille, avant de tenter fortune à Paris, brigua les couronnes de sa cité natale.

716. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

. — « Cette chose m’agrée, dit Beaumanoir ; allons à la bataille, ainsi qu’elle est jurée. » Il revient à Bombourg, qui lui représente encore que c’est folie à lui d’exposer ainsi à la mort la fleur de la duché ; car, une fois morts, on ne trouvera jamais à les remplacer. — « Gardez-vous de croire, répond Beaumanoir, que j’aie amené ici toute la chevalerie de Bretagne, car ni Laval, ni Rochefort, ni Rohan et bien d’autres n’y sont ; mais il est bien vrai que j’ai avec moi une part de cette chevalerie et la fleur des écuyers… » Bombourg reprend la bravade et l’invective.

717. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

C’est toujours le même âge de quarante-cinq à quarante-huit ans, mais avec une fleur retrouvée de jeunesse. […] La rue de l’Empereur (ainsi nommée de l’empereur Charles-Quint), dans laquelle est située la maison natale, était toute pavoisée et ornée de guirlandes de fleurs et de verdure en long et en travers, de sorte que les façades des maisons en étaient très élégamment décorées, et que l’on circulait sous une espèce de berceau réellement très joli.

718. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Par un de ces accidents de chaleur qui ont lieu quelquefois jusqu’au milieu des glaces et des neiges les plus élevées, tout d’un coup les voyageurs sont surpris d’arriver à un endroit entièrement découvert de neiges : Rien de plus délicieux dans la nature que le gazon que nous foulions ; à peine abandonné par les neiges, il était déjà émaillé d’une innombrable quantité de fleurs dont les couleurs étaient d’une vivacité que les fleurs de la plaine n’atteignent jamais, et qui répandaient l’odeur la plus suave.

719. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il n’y a de vieilli en moi que les vices et les passions, et leurs organes : mon âme est dans sa vigueur et se réjouit de ce qu’elle a peu à faire avec le corps ; elle a déposé une grande partie de son fardeau ; elle se sent légère, et me fait mainte chicane sur la vieillesse ; à l’en croire, c’est sa belle saison à elle, c’est sa fleur… » Telles sont les spirituelles consolations d’un stoïcien qui essaye de se donner le change ; mais encore une fois, ce n’est point le cas de Bonstetten ; car il était alerte et dispos de corps comme d’esprit. C’est aux approches de la soixantaine qu’il se mit décidément à rajeunir ; il atteignait à soixante-dix ans sa fleur, il s’y maintenait durant une douzaine d’années, et jusqu’à quatre-vingt-deux ans et même au-delà il fut dans tout son vif.

720. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Je n’ai point suivi le maître dans les plans et programmes de lectures sérieuses et graduées qu’il propose, à mesure que l’éducation avance : peu de grammaire, pas de rhétorique formelle ni dogmatique, et la logique ajournée ; mais la jurisprudence positive, historique, l’histoire elle-même, la lecture directe des auteurs, c’est ce qu’il conseille, indiquant chacun de ces auteurs alors en usage, le désignant au passage d’un trait juste, et sur les sujets et pour les époques les plus éloignées de cette « ingénue Antiquité » qu’il préfère, montrant qu’il sait comprendre tout ce qu’il regarde, même l’âge de fer et le Moyen-Age, et qu’il est un guide non trompeur, évitant partout sans doute l’accablement et la sécheresse, mais de trop de goût pour aller mettre des fleurs là où il n’en vient pas. […] Le vieux poète joue aux fables avec le jeune enfant ; il lui en récite, il lui en emprunte, il en compose sur des sujets de son choix (le Chat et la Souris), et il se déclare d’avance battu et vaincu : « Il faut, lui dit-il en tête de son douzième livre qui lui est tout dédié, il faut, Monseigneur, que je me contente de travailler sous vos ordres ; l’envie de vous plaire me tiendra lieu d’une imagination que les ans ont affaiblie ; quand vous souhaiterez quelque fable, je la trouverai dans ce fonds-là. » Et aussi, en récompense, quand La Fontaine meurt, on trouve parmi les thèmes ou les versions du jeune prince un très joli morceau sur cette mort (in Fontani mortem), un centon tout formé de la fleur des réminiscences et des plus élégantes expressions antiques.

721. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Raoul-Rochette ne fit point ainsi : il était bien de sa personne, et le sachant ; beau diseur ; il a de la pompe, de la dignité, du grandiose, et aussi des fleurs. […] Le seul défaut (et je le lui ai dit à lui-même) que me paraissaient avoir ces premières et tout d’abord agréables notices d’Halévy, c’était d’offrir un peu trop de fleurs, un peu trop de luxe dans l’élégance : il n’avait à se corriger que de cela.

722. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Et c’est aussi ce qui rend plus merveilleux de voir que les ouvrages de Périclès aient été faits pour un si long temps et si vite : car, en ce qui est de la beauté, chacun était dès lors et tout d’abord comme antique, et, pour la fleur, aujourd’hui encore ils sont aussi frais et paraissent aussi jeunes que jamais : tellement il y fleurit je ne sais quel éclat de nouveauté qui en préserve la vue des atteintes du temps, ces ouvrages ayant en eux-mêmes un souffle d’éternelle fraîcheur et une âme secrète qui ne vieillit pas ! « C’était Phidias qui les lui dirigeait tous et qui en était l’inspecteur universel… » C’est cette fleur, cet éclat de jeunesse dont le Parthénon à demi ruiné jouit encore aujourd’hui, qui manque aux monuments de Rome : ils portent la marque du Peuple-roi, c’est beaucoup ; mais ils sont et semblent antiques.

723. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

La difficulté pouvait sembler grande d’écrire tout un volume à propos d’un de ces jeunes hommes dont la courte vie, tranchée en sa fleur, peut se résumer dans le mot de Virgile : Tu Marcellus eris ! […] Soyez l’exemple du bonheur qui suit la vertu, et pardonnez cette tirade à la tendresse qui me l’a arrachée. » Tous enfin s’accordaient à célébrer en lui le don le plus rare, qui a été départi à si peu, et peut-être à moins d’hommes encore que de femmes, la raison précoce, le fruit dans la fleur, un esprit mûr dès le premier duvet : Sotto biondi capei canuta mento.

724. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Et il a les deux sortes d’esprit : celui qui est comme la fleur du bon sens et celui qui est comme la fleur de l’imagination ; celui qui consiste à saisir des rapports inattendus entre les idées, et celui qui réside dans l’imprévu abondant des images.

725. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Elle s’était fixée durant les années mêmes qui sont pour toute jeunesse celles de la légèreté, de la joie et de la première fleur, durant ces trois ans et quatre mois de captivité au Temple où elle vit mourir, l’un après l’autre, son père, sa mère, sa tante et son frère. […] Il ne faut pas cesser de le répéter pour comprendre Mme la duchesse d’Angoulême, tout ce qui s’appelle fleur et joie première, cet aspect enjoué et enchanté sous lequel, en entrant dans la vie, on voit si naturellement toutes choses, fut supprimé, flétri de bonne heure pour elle.

726. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Aussi en a-t-il marqué l’imagination et le cœur de son héroïne, tout en la sauvant de la tache de l’adultère, de cette tache dernière qui fait se rejoindre toutes les autres et n’en fait plus qu’une seule de toutes, — et ceci, disons-le pour ceux qui creusent les choses et ne font pas de la critique à fleur de peau, ceci est réellement d’un Maître dans l’art des nouveautés et des inventions. […] C’est comme une fleur de ridicule bien épanouie et que l’auteur a glissée entre les grandes figures sérieuses de son livre, pour nous dérider, et on la respire en riant, cette violette… Quelle trouvaille de comédie !

727. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

c) Citons comme exemple du troisième type (3 + 6 + 3) les vers suivants : La saison | des renoncules d’or, | la saison Qui transfor | me en scintillant écrin | le gazon, Reparaît ; les yeux baignés d’amour, elle éveille La fourmi dans ses greniers blottie, et l’abeille Attendant, sous l’abri tiède et clos, le moment Où la fleur, dont le bouton hâtif pointe à peine, Va s’unir, alourdie et pâmée, à l’amant. […] Au verger, plein de lys et d’ombelles, au verger où poussent dans l’herbe humide les agarics, les bolets roses, les panais aux thyrses longs, les fenouils, l’angélique, l’anis, la ciguë couronnée de fleurs blanches.

728. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

. — L’artiste initié au secret divin de l’art entend la voix de la nature qui raconte ses mystères infinis par les arbres, par les plantes, par les fleurs, par les eaux et par les montagnes.

729. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Quel langage hors de nature que celui de cette bergère, occupée à se parer de fleurs, & qui les approche de sa joue, afin de faire comparaison avec elles pour la couleur, & de les couvrir de honte, en l’emportant sur leur éclat* !

730. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

À Athènes, les chants de Callistrate célébraient tous les jours les deux héros qui avaient délivré la ville de la tyrannie des Pisistratides ; ces chants étaient dans la bouche de tous les citoyens, et à la fin des repas, dans ces moments où l’on couvrait la table de fleurs, où les jeunes esclaves distribuaient des couronnes sur toutes les têtes, et où les vins délicieux de l’Archipel animaient déjà les convives, chacun prenant dans sa main des branches de myrte, faisait une libation aux Muses, et chantait l’hymne d’Armodius et d’Aristogiton.

731. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

Ces malheureux étaient vils, et ceux pour qui ils se donnaient la peine de l’être, ignoraient jusqu’à leur nom ; fleurs obscures bassesses restaient dans la même poussière qu’eux, et, malgré leurs efforts, ils ne pouvaient réussir même à se déshonorer.

732. (1864) Le roman contemporain

Elles se reconnaissent dans ces personnages à la volonté tiraillée en sens contraire, qui, selon le mot du poète, voient et approuvent le bien et font le mal, et sont tourmentés par des regrets qui s’élèvent rarement jusqu’au repentir ; dans ces imaginations désenchantées de leurs rêves, qu’elles suivent de l’œil comme on suit la fleur morte qu’emporte le courant du ruisseau. […] Sa jeunesse était dans sa fleur au moment de la révolution de 1830, et le Témoin de la vie de M.  […] Dumas fils rende avec vérité, c’est celui de ces femmes dépravées, semblables aux femmes étrangères dont il est parlé dans l’Écriture et qui dévorent la jeunesse et flétrissent le printemps dans sa fleur. […] Il aime à flétrir toutes les fleurs de l’âme. […] Victor Hugo peint monseigneur Myriel comme ayant un goût très vif pour la culture des fleurs.

733. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Et Montesquiou m’entretient de son prochain volume de vers, qui sera tout entier consacré aux fleurs, et d’un pieux monument poétique, qu’il veut consacrer à Desbordes-Valmore. […] Jeudi 2 février Mme Ganderax, à laquelle quelqu’un demandait, si elle permettait à la loute, sa petite fille, de la tutoyer, répondait spirituellement : « Si j’habitais, rue de Varenne, un grand hôtel, entre cour et jardin, je lui imposerais le vous… mais je n’habite qu’un petit appartement ; vous comprenez alors que le tu… » Lundi 6 février Aujourd’hui Carrière est venu faire une esquisse de ma personne, sur mon canapé de Beauvais, et ayant pour fond une des portières à fleurs, que je viens d’acheter. […] Ce matin, Geoffroy et Carrière entrent dans mon cabinet, un énorme bouquet de fleurs des champs à la main, venant fêter mes 71 ans. […] Devant les tableaux, des meubles de toute sorte, des bahuts moyenageux des cabinets de marqueterie, une infinité d’objets d’art rastaquouères, des figurines du Chili, des instruments de musique de sauvages, de grands paniers de fleurs, où les feuilles et les fleurs sont faites de plumes d’oiseaux.

734. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Damis avait choisi Dorine pour sa commère, ce qui vous explique l’esprit, la verve et en même temps le bon goût de la jeune catéchumène… Donc l’enfant grandit sous les chênes touffus, au bord des ruisseaux, à l’ombre des bocages en fleurs ; fleurs de chiffons, chênes en bois peint, ruisseaux tracés sur la toile. Il y a, voyez-vous, du printemps, du soleil et des fleurs pour tous les enfants de ce monde ! […] Le drame est là, caché sous les fleurs. […] — une fleur ! […] Il habitait une belle maison à lui, qui donnait sur la montagne de Montmartre et qu’entourait un vaste jardin rempli d’oiseaux et de fleurs.

735. (1902) Le critique mort jeune

C’est ainsi qu’au milieu des soixante versets des Litanies de la rose et après ces strophes lyriques : « Rose au front pourpre, colère des femmes dédaignées, rose au front pourpre, dis-nous le secret de ton orgueil, fleur hypocrite, fleur du silence. Rose au front d’ivoire jaune, amante de toi-même, rose au front d’ivoire jaune, dis-nous le secret de tes nuits virginales, fleur hypocrite, fleur du silence… » On rencontre soudain ce trait de satire, qui va tout droit à sa destination : « Rose hortensia, ô banales délices des âmes distinguées, rose néo-chrétienne, ô rose hortensia, tu nous dégoûtes de Jésus, fleur hypocrite, fleur du silence… » Peut-être commence-t-on à discerner en quoi M.  […] Elle n’est pas encore dans la belle prison lumineuse ; elle cueille les dernières fleurs de sa liberté ; elle est sûre du bonheur de demain, et la certitude ne l’enserre pas dans ses bras divins mais inflexibles. […] Je songerai à cela plus tard, si la fleur que je vais mettre à ma ceinture venait à se faner un jour, un jour d’été, un jour de sécheresse et d’amertume ! […] Dans cette malédiction nous voyons spontanément, comme au premier jour où elle enivra l’esprit de l’homme vaincu par une force supérieure, s’épanouir la fleur de l’idée de justice.

736. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

(Littér.) qui est en fleur, arbre fleuri, rosier fleuri ; on ne dit point des fleurs qu’elles fleurissent, on le dit des plantes & des arbres. […] Quelques fleurs ne sont pas condamnables ; mais le style fleuri doit être proscrit dans un sujet solide. […] Le second est plus dénué de ces fleurs ; il n’est que doux. […] Mais enfin on s’accorda à les fixer au nombre de trois, & à les nommer Aglaé, Thalie, Euphrosine, c’est-à-dire brillant, fleur, gaieté. […] On les peignoit dansantes, & se tenant par la main ; on n’entroit dans leurs temples que couronné de fleurs.

737. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Car nul effroi, dans ce jardin des doux rêves, où pourtant une croix se dresse, mais elle est tressée en fleurs. […] Un jour37 il l’avouera : les arbres du jardin et la croix en fleurs auront disparu, la femme jaillira de ses voiles et, se multipliant, laissera le rêve du poëte s’éblouir d’un palais de splendides corps féminins […] Il la trouve dans cet instinct qui, plus qu’à nul autre, lui livre le sens des choses de la nature, surtout des fleurs : « Ce serait assez de la jonquille ou du jasmin pour me faire dire que, tels que nous sommes, nous pourrions séjourner dans un monde meilleur. » On dit que cet Obermann, comme tous ses contemporains, a lu Rousseau, qu’il lui a pris et ce dégoût de la société et cet amour de la nature : mais on oublie que ce dégoût et cet amour sont l’un et l’autre fondés sur une très intense vie intérieure, si intense qu’elle ne cède peut-être, en sa date, qu’à l’effrayante et perpétuelle méditation de Balzac. […] Il faut le voir, non pas dans le médiocre portrait65 des Fleurs du mal, mais plutôt dans le Baudelaire vieilli que nous montre une photographie des dernières années. […] Ils vont dans les champs et n’en rapportent ni fruits ni fleurs.

738. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

La façade de bois, fouillée industrieusement, comme par un taret artiste, était d’un gris plus noirâtre, et les fleurs polychromes s’étaient fanées. […] Deviens ta propre fleur. […] C’était une petite chose très jolie, très touchante, une très aimable fleur d’art, le Miracle de saint Nicolas, son œuvre maîtresse. […] Et les fleurs magiques bourdonnent, le besoin de fixer couvre tout. […] Tous trois sont fortement Baudelairiens, et ils continuent l’œuvre de l’auteur des Fleurs du Mal ; par Baudelaire, ils ont subi l’empreinte de Poe.

739. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

D’ailleurs, toute la partie naturiste de l’œuvre de Rollinat est absolument conçue en dehors de l’inspiration du grand poète des Fleurs du mal , qui ne vit pas la nature et rêva d’artificiels jardins où croîtraient des flores métalliques.

740. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

Ils étonnent comme un marbre antique couvert de feuillages et dont la pureté est plus belle que celle des feuilles et des fleurs.

741. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Enfin il est facile de concevoir comment les imitations que la peinture et la poësie nous présentent, sont capables de nous émouvoir, quand on fait reflexion qu’une coquille, une fleur, une médaille où le tems n’a laissé que des phantômes de lettres et de figures, excitent des passions ardentes et inquietes : le desir de les voir et l’envie de les posseder.

742. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

Malheureusement, il fallait, pour réaliser l’idée de La Harpe, être un géant de critique et d’érudition, et cette plante-là ne pousse guères dans le pot, à fleurs de rhétorique, d’un Athénée… Je ne veux pas dire du mal de La Harpe.

743. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Rome, 30 septembre 1821. » VI Le duc d’Orléans, plus tard Louis-Philippe, lui écrit peu de temps après : « Éminence, « Le prince de Talleyrand, qui garde de vous le plus tendre souvenir, me disait dernièrement que votre seul plaisir était la culture des fleurs, et votre noble amie la duchesse de Devonshire a bien voulu me confirmer le fait. […] J’espère que cette caisse ne déplaira pas trop à Votre Éminence, et qu’en respirant le parfum de ces fleurs, qui se développeront peut-être encore davantage sous l’heureux climat et dans la chaude atmosphère de Rome, vous daignerez songer quelquefois à un homme qui sera toujours reconnaissant des services rendus. […] Venez toujours ; je ne vous fais point inviter comme diplomate, mais comme ami. » XVII Indépendamment de ces deux visites de chaque jour chez la duchesse, le peu d’instants qu’il pouvait dérober aux affaires étaient consacrés à la culture d’un petit jardin d’Alcinoüs qu’il avait acheté sur la rive du Tibre, auprès des ruines de Pont-Riltoa ; il y cultivait, comme un chartreux, quelques fruits et quelques fleurs : ainsi la culture de ses devoirs assidus auprès du Pape, la culture de l’amitié auprès d’une femme respectée et aimée, et la culture des orangers et des œillets de Rome arrosés des eaux du Tibre, étaient les seuls délassements de cet homme de la nature et de la religion.

744. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Il en est venu à ses fins ; il s’est couvert de fleurs et de fruits, il a reproduit et disséminé son espèce ; il va mourir avec le tronc pourri dont il a causé la mort, il va tomber avec le support qui se dérobe sous lui. » XVIII « Le sipo matador n’est, après tout, qu’un emblème parlant de la lutte forcée des formes végétales dans ces forêts épaisses où l’individu est aux prises avec l’individu, l’espèce avec l’espèce, dans le seul but de se frayer une voie vers l’air et la lumière, afin de déployer ses feuilles et de mûrir ses organes de reproduction. […] Les fleurs sont en petit nombre. […] Par une conséquence naturelle, les insectes qui vivent sur les fleurs sont tout aussi rares.

745. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Les Francs, — les Barbares d’outre-Loire, comme on disait il y a huit cents ans à Toulouse, — aidés d’ailleurs par quelques barbares d’outre-Rhin, envahirent et ravagèrent le pays d’oc, massacrèrent la fleur de ses fils, égorgèrent ou brûlèrent ses femmes, lui imposèrent leur parler et leurs lois, bref lui firent connaître toutes sortes de choses que nous avons pu apprécier d’assez près il y a quelque temps ; une précoce et puissante civilisation fut ainsi anéantie jusque dans son épanouissement suprême : sa langue, cette langue d’oc si miraculeusement belle que ses purs servants n’ont presque jamais osé la compromettre en vulgaire prose. […] Fernand de Rességuier avait exprimé son étonnement que Toulouse n’eût jamais eu, en dépit des encouragements et des fleurs distribués par son Académie, un seul grand poète français. […] Voilà pourquoi les Provençaux, voilà pourquoi les Méridionaux qui, dans leur langue, au moyen âge, avaient conquis en poésie toutes les fleurs du Gai-Savoir, sont, depuis quatre ou cinq cents ans, Us pâles seconds de la poésie française.

746. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Arrière les lutins et les fées dansant dans les clairières, les dryades palpitant sous l’écorce des chênes, … et les nymphes lascives Ondoyant au soleil parmi les fleurs des eaux ! […] La fleur même, pour nous, depuis qu’il en recueille L’âme sous l’alambic, ne sent plus aussi bon. […] De là cet apitoiement sur un cheval qu’on torture, sur un crapaud qui agonise, sur la fleur qui périt fauchée et se sépare avec douleur de la terre nourricière, sur les choses qui souffrent et pleurent, parce qu’elles ont une âme.

747. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Manuel, inspecteur général, outre « les fleurs d’intimité », « les fruits d’immortalité ». […] Pour qu’il daigne regarder une fleur, il faut qu’elle soit Pâle éperdument de chères pâleurs et une jeune fille ne le troublera que par une « pâleur divine » sœur de la pâleur des lys. À vrai dire les nuances les moins vives lui sont encore trop brutales : … Sans me prendre au charme des couleurs C’est grâce à leurs parfums que j’ai chéri les fleurs.

748. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Les fleurs dont M. Zola l’a couverte, ces charretées de fleurs qu’il étiquette et qu’il décrit comme un jardinier faisant l’inventaire et le prospectus de sa serre, n’en peuvent cacher ni l’insolence, ni l’ignobilité, ni l’abominable portée. Et, d’ailleurs, ni les fleurs peintes, ni les phrases de son églogue, dans lesquelles il s’efforce de se montrer poétique, ne font un poète de M. 

749. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Elle a changé par un développement naturel et irrésistible, comme une fleur qui devient fruit, comme un fruit qui devient graine. […] Pauvre et charmante âme, qui périt comme une fleur frêle d’un pays chaud transplantée dans la neige : la température du monde se trouva trop rude pour elle, et la règle morale, qui eût dû l’abriter, la déchira de ses aiguillons. […] C’est ma sensation qui est poétique, c’est elle que je dois respecter, comme la fleur la plus précieuse de la beauté. […] Puis les gentianes bigarrées et les hautes tulipes, —  et les narcisses, les plus belles d’entre toutes les fleurs, —  qui contemplent leurs yeux dans les enfoncements du fleuve, —  jusqu’à ce qu’ils meurent de leur propre beauté trop aimée. […] Et les sentiers sinueux de gazon et de mousse — qui menaient dans le jardin en long et en travers, —  quelques-uns ouverts à la fois au soleil et à la brise, —  d’autres perdus parmi des berceaux d’arbres en fleur.

750. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Des peuples ne naîtront pas au bruissement de sa voix ; des héros ne seront pas ensemencés par sa parole ; les fleurs de ses métaphores ne sont que factices et cristallisées, infécondes et monstrueuses ; nul grain divin n’en mûrira. […] Les premiers de ses poèmes, comme Apparition, les Fleurs, demeurent d’une impeccabilité surprenante de plastique. […] Il s’est penché sur le corps en fleur de la bien-aimée, avec le même sentiment d’extase qu’un chrétien qui s’agenouille devant l’hostie. […] Il en est de même de l’Humanité, que les auteurs, si supérieurs qu’ils soient, doivent toujours traiter en jolie femme avec des fleurs et même des coquetteries. […] Ils penseront avec toute leur chair, avec tout leur sang, avec tous leurs nerfs, et les seules fleurs de rhétorique que ces poètes nous offriront seront les roses renées des précieuses blessures de leur cœur.

751. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

C’est ce que fait augurer la fleur de lys qui forme son aiguille. […] Le Génie, qui préside à ces productions légeres, préparait à ses favoris des guirlandes & des couronnes de fleurs. […] Les Orateurs du dernier siecle essayaient de couvrir cette aridité à l’aide de quelques fleurs étrangeres. […] Les fleurs avaient aussi leurs Peintres. […] Il seme des fleurs sur les passages les plus arides, & jamais la clarté du précepte n’en est obscurcie.

752. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Dans les plus grandes sécheresses, la terre y est toujours couverte d’un gazon vert émaillé de fleurs. […] « Elle était assise, dit-il, au milieu des dames, comme une belle rose dans un jardin entourée de fleurs plus petites et moins éclatantes qu’elle : rien de plus modeste que sa contenance ; elle avait quitté toutes ses parures, ses perles, ses guirlandes, les couleurs gaies de ses vêtements ; bien qu’elle ne fût pas triste, je ne reconnus pas son enjouement habituel ; elle était sérieuse et semblait rêver ; je ne l’entendis pas chanter, ni même causer avec ce charme qui enlevait les cœurs ; elle avait l’air d’une personne qui redoute un malheur qu’on ne discerne pas encore. […] « Les ondes me parlent d’amour, et le zéphyr, et les ombres des feuilles, et les oiseaux mélodieux, et les habitants des eaux, et l’herbe et les fleurs de la rive, sont d’accord ensemble pour me convier à aimer encore. […] Toi, fleuve dont les eaux se troublent de mes pleurs, Bêtes des bois, oiseaux volants parmi ces fleurs, Poissons qu’entre ces bords l’onde en son cours promène.

753. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Le contraste de ce capuchon de laine brune, de cette tête de l’ascétisme chrétien, à côté de ces cheveux semés de fleurs et de ce visage de beauté mourante après tant d’éclat, faisait monter le sourire aux lèvres ou les larmes aux yeux. […] X Nous passâmes une nuit délicieuse, sous les couvertures de nos mules, étendus sur le foin embaumé par les fleurs du thé de montagnes, au bruissement des feuilles de sapin et des châtaigniers, qui faisaient chanter, sur des modes différents, les brises de la nuit. […] Admirez la profonde réflexion du peintre, qui pouvait être tenté par un beau chêne aux bras tortueux ou par quelques fraîches fleurs de lotus endormies sur le lit des eaux. […] D’ailleurs mes sentiments pour elle sont nobles et purs, et, quand ils auront plus de calme, ils me feront trouver un bien dans ce qui m’a tant agité… » Il cherchait ce bien et cet apaisement dans la religion et dans la prière ; la Bible de sa mère était sans cesse dans ses mains ; il y trouvait des souvenirs ; il n’y puisa pas assez la résignation et la force ; il ne trouva pas non plus en lui-même la mâle et tendre impassibilité de Michel-Ange, qui, voyant dans son cercueil, couvert de fleurs, passer le visage adoré de Vittoria Colonna, s’écria : Que ne l’ai-je du moins baisée au front !

754. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Quel amour pourra satisfaire celui qui a entrevu la Béatrice, quelles fleurs lui paraîtront assez larges errant dans les jardins de Cymodocé, et quelles richesses suffisantes, à qui d’un bond de pensée s’ouvre les trésors des mages14 ? […] Empêchés par leur sang, leurs nerfs et leur moelle de s’adapter au milieu social qui les enserre, ils y subsistent péniblement et douloureusement, comme de souffreteuses fleurs pâlies dans l’ombre, sous l’essor rival de denses cimes d’arbres. […] Mais il n’est pas d’exemple plus concluant de ces analogies que ce lied chantant de l’Intermède tout imprégné de l’ironique tendresse de Heine : Je veux sur un rythme léger, Comme un parfum de fleurs nouvelles, Dire les fleurs de l’oranger, Et ton soin plus parfumé, qu’elles.

755. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

L’homme vit un jour sur la terre Entre la mort et la douleur ; Rassasié de sa misère, Il tombe enfin comme la fleur. […] Au moins par la rosée Des fleurs la racine arrosée Peut-elle un moment refleurir ; Mais l’homme, hélas ! […] Il surgit comme la fleur de l’herbe et il est foulé aux pieds ; il fuit comme l’eau, il glisse comme l’ombre. […] « Il éclot comme une fleur et il est foulé comme elle au pied ; il s’évanouit comme l’ombre, et il n’y a rien en lui de permanent !

756. (1926) L’esprit contre la raison

On cherche à faire passer pour d’innocentes fleurs de sagesse les produits de l’égoïsme. […] La mort elle-même, il lui fallait tout un maquillage de symboles pour farder son mystère, et ses mains d’où ne partait nul faisceau d’ectoplasme mais qui, par de petits gestes ossifiés, tremblotants, disposaient en bouquets faisandés les fleurs qu’elles avaient volées aux pourritures humaines. […] Durs, nus, révolutionnaires, ils ont fait craquer les cadres, envoyé au diable les murs, les poivrières des faux remparts ; même leur mémoire échappe à l’emprise de tel ou tel parti et il n’y a qu’un éclat de rire pour accueillir le titre choisi par un écrivain bien-pensant pour une étude sur l’auteur des Fleurs du mal qu’il baptise, sérieux comme Artaban, Notre Baudelaire ao. […] Ailes des paupières, nos regards volent et le vent en l’honneur duquel Picasso de chaque pierre triste a fait jaillir les Arlequins et leurs sœurs cyclopéennes et tout un monde endormi dans les secrets des guitares, l’immobilité du bois en trompe l’œil, les lettres d’un titre de journal, le vent en l’honneur duquel Chirico a construit des villes immuables et Max Ernst ses forêts, pour quelles résurrections emporte-t-il nos mains, ces fleurs sans joie.

757. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

En général, les hommes gagnent à cette reproduction par le trait, tandis qu’avec les femmes il faut quelque effort d’imagination pour y ressaisir leur délicatesse et leur fleur de beauté. […] On ne sait pas bien la date de sa naissance, ni par conséquent l’âge qu’elle avait lorsqu’elle mourut si subitement à la fleur encore de la jeunesse et dans tout l’éclat de sa beauté.

758. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Ce n’était pas des fleurs étudiées, recherchées, affectées ; non : les fleurs naissaient sous ses pas sans qu’il les cherchât, presque sans qu’il les aperçut ; elles étaient si simples, si naturelles, qu’elles semblaient lui échapper contre son gré et n’entrer pour rien dans son action.

759. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Quand son enfant fut né et aux moments où il poussait des cris, il suffisait pour l’apaiser, dit-on, que sa mère lui mît entre ses petites mains une fleur, et elle ne s’en étonnait pas. […] Les élèves, portant des fleurs sur leurs chapeaux, rentraient en ville, et, précédés des instruments rustiques, accompagnaient leur professeur jusqu’à son jardin.

760. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Au sortir des écoles, il se trouva être de la fleur de cette jeunesse d’alors qui allait occuper le jeu pendant une quinzaine d’années jusqu’à la Fronde et au-delà, jusqu’à l’avènement de Louis XIV. […] La date de la fleur de Maucroix, son beau moment parisien, est vers 1647 et un peu auparavant ; à ses débuts, il se rattachait à la littérature poétique de Godeau, de Maynard, surtout de Racan.

761. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Nous nous en allons vers notre vraie patrie, vers la maison de notre père : mais, à l’entrée, il y a un passage où deux ne sauraient marcher de front, et où l’on cesse un moment de se voir : c’est là tout. » A Mme de Senfft encore, au moment où il agitait de publier les Paroles d’un Croyant (19 février 1834) : « Vous allez entrer dans le printemps, plus hâtif qu’en France dans le pays que vous habitez (Florence) : j’espère qu’il aura sur votre santé une influence heureuse : abandonnez-vous à ce qu’a de si doux cette saison de renaissance ; faites-vous fleur avec les fleurs.

762. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Au moment où je le vis, c’était comme une explosion de fleurs, comme le bouquet d’un feu d’artifice végétal ; une fraîcheur splendide et vigoureuse, — presque bruyante, si ce mot peut s’appliquer à des couleurs, — à faire paraître blafard le teint de la rose la plus vermeille ! Ses belles fleurs jaillissaient avec toute l’ardeur du désir vers la pure lumière du ciel ; ses nobles feuilles, taillées tout exprès par la nature pour couronner la gloire, lavées par la bruine des jets d’eau, étincelaient comme des émeraudes au soleil.

763. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Et ce sont eux qui prétendent peser nos fleurs !  […] C’est par les yeux, c’est par les arts encore, c’est par les débris des monuments qui ont gardé je ne sais quoi de leur fleur première et de leur éclat de nouveauté, que les Anciens, les Grecs, se sauvent le plus aisément aujourd’hui.

764. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Terre édénique où la faune et la flore sont uniquement bienfaisantes, où il n’y a ni poisons ni serpents, où les hommes ne travaillent ni ne peinent, où les petites filles rieuses passent leur vie à se couronner de fleurs et à jouer, toutes nues, dans les clairs bassins où tombent les citrons et les oranges. […] Aziyadé ; le Mariage de Loti ; le Roman d’un spahi ; Fleurs d’ennui ; Mon frère Yves ; Pêcheur d’Islande.

765. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Les fleurs de l’Esprit des lois s’excusent comme les enjolivements de l’Histoire naturelle des animaux ; c’était l’appât nécessaire pour attirer à leurs beautés fécondes la foule qui ne regarde qu’où il y a du spectacle, et n’écoute que ce qui fait du bruit. […] Ce sont des terrasses soutenues par des murs, des escaliers pour monter et descendre noblement, plus de pierres que de gazon et de fleurs, un jardin où le maçon a eu plus à faire que l’horticulteur.

766. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Marguerite, à cette fleur de sa jeunesse, était, selon tous les témoignages, d’une ravissante beauté. […] À travers cela, Marguerite, dans sa fleur alors épanouie de vingt-quatre ans, allait gagnant les cœurs, séduisant les gouverneurs de citadelles et ménageant d’utiles perfidies.

767. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

L’arbre aux fleurs merveilleuses et capiteuses était-il victime de quelque mystérieux ver rongeur, pour se dessécher ainsi ? […] L’air, la couleur, l’eau, le roc, la fleur, la montagne, aspirés par son regard jusqu’à son être intime, allument en lui un enthousiasme qui déborde en accents d’un panthéisme grandiose. « Creusons sous son réalisme, et qu’y trouvons nous ?

768. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

C’est de la littérature allemande dans toute sa fleur que nous vinrent plus tard les grands courants dont s’inspira le Romantisme. […] Edgar Poe ne se soucie guère, comme Hoffmann, de semer de fleurs les sentiers bizarres dans lesquels sa fantaisie va nous égarer. […] l’été sans fleurs nouvelles, La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,           La maison sans enfants ! […] Emportés par l’impatience de leur âge, et voyant d’avance un petit paradis terrestre prêt à sortir de leurs mains, ils arrachent çà et là des fleurs et de la verdure et fixent légèrement les extrémités des tiges dans la terre ; tout a d’abord une superbe apparence, le petit jardinier marche avec fierté au milieu de ses brillants carreaux de fleurs ; mais, hélas ! son triomphe ne dure guères ; les plantes sans racines laissent tomber leurs feuilles et leurs fleurs déjà fanées, et il ne reste plus que des rameaux desséchés.

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