. — Il suffit d’en admettre trois. — Théorie de Young et d’Helmholtz. — Confirmation expérimentale de la théorie. — Paralysie partielle de l’aptitude à éprouver les sensations de couleur. — Expériences qui portent au maximum la sensation du violet et du rouge. — Les trois sensations élémentaires sont celles du rouge, du violet et probablement du vert. […] Ce qui n’a pas lieu ; car au minimum inférieur du jaune on voit apparaître une nouvelle sensation distincte, celle du vert. — Il y a donc au moins trois sensations élémentaires, et, en étudiant la composition du spectre, on trouve qu’il suffit d’en admettre trois, l’une analogue à celle du rouge, l’autre analogue à celle du violet, la dernière analogue à celle du vert. […] Tout ce que nous pouvons admettre avec assurance, c’est que la sensation élémentaire du rouge, comme la sensation de l’ut le plus bas, est formée de sensations successives. […] Dans l’hypothèse anatomique ou physiologique, le fait admis est incertain ; car il n’est pas certain qu’il y ait dans chaque nerf trois fibres différentes ni qu’une fibre ait trois genres d’actions. Dans l’explication psychologique, le fait admis est positif ; car il est certain que les trois sensations du violet, du rouge et du vert existent. — Je fais donc les changements nécessaires à l’exposé d’Helmholtz.
Une princesse qui aime l’histoire, comme il sied à qui appartient de si près à la race historique la plus glorieuse, a désiré avoir chez elle un cours instructif, agréable, sérieux et familier, auquel une dizaine d’auditeurs seraient admis, et M. […] Ces époques, telles que la critique incomplète d’alors les admettait ou les suggérait, seront pour l’histoire ancienne au nombre de douze : Adam, Noé, Abraham, Moïse, la prise de Troie, Salomon, Romulus, Cyrus, Scipion, Jésus-Christ, Constantin et Charlemagne. […] Il est croyant (puisque j’ai touché ce mot) d’une façon bien remarquable, et que j’ose dire singulière chez un aussi grand esprit et chez un génie de cet ordre ; il l’est, ce me semble, sans avoir eu aucune peine pour cela, sans avoir jamais, à aucun temps, admis ni connu le doute. […] Les objections, les critiques sur l’authenticité de certains textes, sur leur altération et leur mélange, sur le degré d’inspiration qu’il y fallait raisonnablement chercher, sur ce qui est de Moïse, par exemple, et ce qui n’est certainement pas de Moïse, s’élevaient déjà autour de lui ; il n’en tenait compte ; il n’admettait un moment la discussion que pour la fermer presque aussitôt et d’autorité. […] Nous continuerons notre analyse, et nous reviendrons ensuite à la véritable histoire, à celle que Bossuet admettait sans doute, et qu’il traitait, quand il le voulait, de main de maître, mais qu’il rejetait au second plan.
2º L’Académie a eu tort, sans doute, de n’admettre dans son sein ni Balzac, ni Flaubert, ni Baudelaire. […] Mais il y a un esprit artiste, un esprit libre, un esprit profondément anti-académique que l’Académie française ne pourrait admettre sans se placer en contradiction entière avec elle-même. […] Peut-être admettrait-elle un Flaubert, mais il est à peu près sûr qu’elle éliminerait un Baudelaire. […] Ni Baudelaire, ni Flaubert, ni Barbey d’Aurevilly, ni Verlaine, pas plus aujourd’hui qu’hier n’auraient chance d’être admis par la douairière qui ne peut vraiment goûter l’indépendance irréductible de la pensée, l’originalité exceptionnelle du style, la verve immodérée et la libre allure morale dans les marges sociales. […] « Il y a un esprit artiste, un esprit libre que l’Académie ne saurait admettre sans se placer en contradiction avec elle-même » pense Eugène Montfort.
Pourtant, ce qu’on juge si facilement inadmissible quand il s’agit des faits sociaux, est couramment admis des autres règnes de la nature. […] Si, comme on nous l’accorde, cette synthèse sui generis qui constitue toute société dégage des phénomènes nouveaux, différents de ceux qui se passent dans les consciences solitaires, il faut bien admettre que ces faits spécifiques résident dans la société même qui les produit, et non dans ses parties, c’est-à-dire dans ses membres. […] D’ailleurs, ces contestations sont très souvent venues de ce que l’on se refusait à admettre, ou de ce que l’on n’admettait pas sans réserves, notre principe fondamental : la réalité objective des faits sociaux. […] On voit que, pour admettre cette proposition, il n’est pas nécessaire de soutenir que la vie sociale est faite d’autre chose que de représentations ; il suffit de poser que les représentations, individuelles ou collectives, ne peuvent être étudiées scientifiquement qu’à condition d’être étudiées objectivement.
» Quant à ceux que j’admets dès aujourd’hui dans mon escorte, ils sont trois tout juste. […] » D’autres se joindront à nous s’ils veulent, mais je ne saurai jamais admettre aucun de ces impuissants symbolistes qui m’ont déshonoré. » Échos 14 septembre 1891.
Certaines opérations purement intellectuelles, telles que la mémoire, dépendent des actions matérielles ; fait qui a été admis, quoique à regret, par les partisans d’un principe immatériel. » On en est donc venu à considérer l’union de l’esprit et du corps comme de plus en plus intime et à dire « que l’esprit et le corps agissent l’un sur l’autre ». […] Nous venons d’admettre que les forces mentales sont convertibles avec les forces physiques, mais ne peut-on pas admettre aussi que les forces mentales sont convertibles entre elles ?
Mais il y a des mauvais poèmes, des mauvais genres de poème qui ne sont pas symboliques et que l’évolution de la poésie ébranche, on a vu disparaître l’épitre, le conte, la satire ; M. de Banville n’admet plus, en somme, qu’une ode multiforme ; Baudelaire n’admet plus que la notation brève de multiples sensations concourant à former un livre de poèmes écrits dans les mêmes tonalités. […] On préféra croire que d’aller voir et l’on fut d’accord pour admettre, sans examen, que les parodies de Floupette étaient presque des calques. […] Ils admettent Hugo comme un très grand poète, mais non point comme les Parnassiens à l’état de miracle, et ils sont résolus à sortir des routes qu’il a tracées. […] Hugo et Lamartine vont plus vite et c’est eux les poètes d’une génération qui, par un singulier contraste, admet toute leur beauté verbale, et rejette leurs idées, comme le prouva juillet 1830. […] L’Académie admit Leconte de Lisle pour siéger où avait été Hugo mais où se tenaient naguère Autran et encore Laprade, Lamartinien sans envergure.
Shakespeare, dans Macbeth, admet du fatalisme ce qu’il en faut pour faire pardonner au criminel ; mais il ne se dispense pas, par ce fatalisme, de la gradation philosophique des sentiments de l’âme. […] Pour juger quels sont les effets de la tragédie anglaise qu’il nous conviendrait d’adapter à notre théâtre, un examen resterait à faire : ce serait de bien distinguer, dans les pièces de Shakespeare, ce qu’il a accordé au désir de plaire au peuple, les fautes réelles qu’il a commises, et les beautés hardies que n’admettent pas les sévères règles de la tragédie en France. […] Ils n’ont aucun rapport avec les sublimes effets que Shakespeare sait tirer des mots simples, des circonstances vulgaires placées avec art, et qu’à tort nous n’oserions pas admettre sur notre théâtre. […] Le théâtre de la France république admettra-t-il maintenant, comme le théâtre anglais, les héros peints avec leurs faiblesses, les vertus avec leurs inconséquences, les circonstances vulgaires à côté des situations les plus élevées ?
Quand une fois la puissance de la parole est admise dans les intérêts politiques, elle devient de la plus haute importance. […] Il n’existe pas un auteur de quelque talent qui n’ait fait admettre une tournure ou une expression nouvelle ; et le temps a consacré les hardiesses du génie. […] Un mot admis pour la première fois dans le style soutenu, s’il est bon, de nouveau qu’il était, devient bientôt familier à tous les écrivains ; ils se le rappellent naturellement comme inséparable de l’image ou de la pensée qu’il exprime. […] Enfin il ne faut point admettre un mot nouveau, à moins qu’il ne soit harmonieux.
Ce critérium admis, l’école romantique est jugée. […] Pour nous, nous admettons le laid, parce qu’il est vrai ; nous admettons le beau, parce qu’il est vrai aussi ; nous admettons le vulgaire comme l’extraordinaire, parce que tous deux sont vrais ; mais ce que nous n’admettons pas, et ce qui a tué le romantisme, c’est la manie exclusive du laid-horrrible et de l’extraordinaire-monstrueux. […] Ce critérium admis, l’école romantique est jugée. […] Pour nous, nous admettons le laid, parce qu’il est vrai ; nous admettons le beau, parce qu’il est vrai aussi ; nous admettons le vulgaire comme l’extraordinaire, parce que tous deux sont vrais : mais ce que nous n’admettons pas, et ce qui a tué le romantisme, c’est la manie exclusive du laid-horrible et de l’extraordinaire-monstrueux. […] Serres avant la fin de l’exposé ; elle ne seront admises chez M.
D’autres ont admis, sur la foi des récits, que les exhalaisons de curare sont vénéneuses. […] Elle n’admet pas d’autorité personnelle ; elle repousse d’une manière absolue les systèmes et les doctrines. […] Je repousse, tant qu’à moi, cette dernière opinion, parce que je n’admets pas que la vérité scientifique puisse ainsi se fractionner. […] Cependant nous sommes certains que ces altérations existent, car admettre le contraire serait admettre un effet sans cause. […] Il n’admet qu’une seule âme, l’âme immortelle, chargée en même temps du gouvernement corporel.
Taine paraît admettre une certaine influence directe des lieux sur les artistes qui les habitent. […] On peut imaginer qu’en un milieu guerrier et rude comme Sparte, il vienne à naître, par une de ces variations fortuites que la théorie de la sélection est forcée d’admettre, un enfant doué de sentiments pacifiques et délicats que l’éducation ne sera pas parvenue à étouffer. […] La Dame aux Camélias a passé pour une merveille de réalisme auprès du public théâtral du temps ; les ouvriers ne croient guère à la vérité de l’Assommoir, tandis qu’ils admettent facilement le maçon ou le forgeron idéal des romanciers populaires. […] Mais rien de moins juste que cette conclusion ; elle conduirait à admettre que l’on choisit, en général, plus librement, par une nécessité intérieure moins altérée de motifs pratiques, les carrières et les conditions que les plaisirs. […] Or, évidemment, des artistes d’un talent aussi contraire ne peuvent représenter le même milieu ; il faut donc admettre qu’ils représentent des milieux divers comme eux-mêmes, qu’il y a autant de milieux que d’artistes et qu’il naît autant des uns que des autres.
Pour Leibniz, qui admet la distinction et l’activité propre des substances, l’âme et le corps sont comme deux horloges dont les mouvements et les actes se produisent spontanément en vertu d’une harmonie préétablie, comme dans tout le reste de l’univers. […] Au siècle dernier, l’école de la sensation, qu’elle admette ou non la spiritualité de l’âme, tend, en vertu de son principe, à exagérer l’influence du physique sur le moral. […] Comment admettre que le cerveau est l’organe de la perception et de l’intelligence pour l’un et non pour l’autre ? […] On peut certainement admettre le parallélisme entre les deux ordres de faits cérébraux et psychiques qui a tant frappé M. […] Lhuys parle des perceptions et des idées qui s’anastomosent, on est tenté de se demander s’ils admettent réellement la distinction des deux ordres de faits et des deux genres d’observation.
Or, par cela même que l’on admet la possibilité de diviser l’unité en autant de parties que l’on voudra, on la tient pour étendue. […] Or, si l’on admet cette conception du nombre, on verra que toutes choses ne se comptent pas de la même manière, et qu’il y a deux espèces bien différentes de multiplicité. […] On érige parfois l’impénétrabilité en propriété fondamentale des corps, connue de la même manière et admise au même titre que la pesanteur ou la résistance par exemple. […] De toute manière, on ne saurait admettre définitivement deux formes de l’homogène, temps et espace, sans rechercher d’abord si l’une d’elles ne serait pas réductible à l’autre. […] Bref, il faudrait admettre deux espèces de multiplicité, deux sens possibles du mot distinguer, deux conceptions, l’une qualitative et l’autre quantitative, de la différence entre le même et l’autre.
Cette réforme, toutefois, qui consistait à substituer l’a à l’o dans tous les mots où l’o se prononçait a, ne passa point tout d’une voix de son vivant : elle n’était point admise encore dans la quatrième édition du Dictionnaire de l’Académie, qui parut en 1762. […] Mais ce ne fut que dans la cinquième édition, publiée de nos jours, en 1835, que l’innovation importante, déjà admise par la généralité des auteurs modernes, trouva grâce aux yeux de l’Académie, et que la réforme prêchée par Voltaire fut consacrée. […] Ne l’admettons pas dans le Dictionnaire, dira-t-on ; ne lui donnons point le droit de cité ; émouvoir suffit. — A quoi je réponds : Non, émouvoir ne suffit pas ; car il est des cas où j’emploierai émotionner et où j’en aurai besoin. […] Je sais que c’était le cauchemar de Royer-Collard, et qu’un jour qu’une discussion s’était élevée à l’Académie sur ce verbe baser, et que quelques-uns ne semblaient pas trop éloignés de l’admettre, il coupa court à la discussion en disant : « S’il entre, je sors. » Mais l’usage a triomphé de bien d’autres résistances, et les Caton de la langue peuvent eux-mêmes avoir tort, sinon endroit, du moins en fait. […] J’ai le plaisir d’annoncer que les discussions de l’Académie sur les mots nouveaux ont commencé : dans la séance de jeudi dernier, le premier des mots importants qui se présentait marqué d’un astérisque, Absolutisme, a été débattu et admis.
De la philosophie Il ne faut point se lasser de le dire : la philosophie ne doit être considérée que comme la recherche de la vérité par le secours de la raison ; et sous ce rapport, le seul qu’indique le sens primitif de ce mot, la philosophie ne peut avoir pour antagonistes que ceux qui admettent ou des contradictions dans les idées ou des causes surnaturelles dans les faits. […] Les idées religieuses ne sont point contraires à la philosophie, puisqu’elles sont d’accord avec la raison ; le maintien des principes qui font la base de l’ordre social ne peut être contraire à la philosophie, puisque ces principes sont d’accord avec la raison ; mais les défenseurs des préjugés, c’est-à-dire, des droits injustes, des doctrines superstitieuses, des privilèges oppressifs, essaient de faire naître une opposition apparente entre la raison et la philosophie, afin de pouvoir soutenir qu’il existe des raisonnements qui interdisent le raisonnement, des vérités auxquelles il faut croire sans les approfondir, des principes qu’il faut admettre en se gardant de les analyser, enfin une sorte d’exercice de la pensée qui doit servir uniquement à convaincre de l’inutilité de la pensée. […] Il faut que ces calculs aient pour base l’uniformité constante de la masse, et non pas la diversité de chaque exemple : un à un, tout diffère dans l’ordre moral ; mais si vous admettez cent mille chances, si vous calculez d’après cent mille hommes pris au hasard, vous saurez, par une approximation juste, quelle est dans ce nombre la proportion des hommes éclairés, des hommes faibles, des scélérats et des esprits distingués. […] Le despotisme dispense de la science politique, comme la force dispense des lumières, comme l’autorité rend la persuasion superflue ; mais ces moyens ne peuvent être admis lorsqu’on discute les intérêts des hommes. […] L’esprit admet une à une chaque proposition, sans avoir essayé de les juger ; il crée ensuite des rapports factices dont l’apparente vérité lui plaît et l’exalte ; car l’imagination est saisie par ce qui est abstrait, tout aussi fortement que par les tableaux les plus animés.
L’indulgence du lecteur admettra facilement que de brèves allocutions, parties du cœur sans nul apprêt, à peu d’intervalle les unes des autres offrent des pensées qui se ressemblent. […] On n’admet plus qu’il soit permis de persécuter les gens pour leur faire changer de religion ; les persécuter pour leur faire changer de langue ou de patrie nous paraît tout aussi mal.
Admettons cette fois qu’il a sous la main une quantité de quadrilatères parfaits, que ses instruments de mesure sont parfaits, et qu’il les applique parfaitement. […] Au commencement de toute recherche nouvelle, les savants l’admettent ; et ils y sont bien obligés ; car, sans lui, ainsi qu’on l’a vu, ils ne pourraient induire123. […] Très probablement, l’ordre des idées claires par lesquelles on vient de démontrer le principe est aussi l’ordre des idées obscures grâce auxquelles nous l’admettons avant qu’il soit démontré. […] Les mathématiciens admettent aujourd’hui que la quantité réelle est un cas de la quantité imaginaire, cas particulier et singulier, où les éléments de la quantité imaginaire présentent certaines conditions qui manquent dans les autres cas. Ne pourrait-on pas admettre de même que l’existence réelle n’est qu’un cas de l’existence possible, cas particulier et singulier, où les éléments de l’existence possible présentent certaines conditions qui manquent dans les autres cas ?
Bailey est avec Reid ou n’en diffère que par des nuances : « Je diffère, dit-il274, de l’École Écossaise, en ce qu’elle admet une croyance irrésistible en un monde extérieur, et que moi j’admets une connaissance. » La critique qu’il fait de Berkeley ne me paraît pas entrer dans le vif de la question : celle de Kant est inexacte. […] Bailey a vivement combattu cette théorie pour admettre expressément une vision directe et immédiate.
La seule force vitale que nous pourrions admettre ne serait qu’une sorte de force législative, mais nullement exécutive. […] Ils craignent que la liberté morale puisse être compromise si l’on admet le déterminisme physiologique absolu. […] Quelques physiologistes ont répugné à le croire, mais il est des cas où l’expérience nous obligea l’admettre. […] Il est admis que c’est dans la radiation solaire. […] Nous n’admettons pas de force vitale exécutive ; nous nous sommes longuement expliqué à ce sujet.
On peut donc admettre, avec Bain et Spencer, que, pour se rappeler la couleur rouge, il faut éprouver, à un certain degré, quelque chose de l’état cérébral et mental que la couleur rouge produit. […] Ribot, n’admet guère que la troisième hypothèse. […] On peut donc très bien admettre, parmi les conditions matérielles du souvenir, des vibrations qui se perpétuent. […] Les physiologistes croient se dispenser d’admettre l’élément psychologique en attribuant comme propriété à la matière vivante l’irritabilité, mais cette irritabilité dont ils parlent tant est un mot vague qui désigne deux choses différentes, quoique inséparables : d’une part, la sensibilité intérieure, d’autre part, le mouvement extérieur. […] — Nous admettons, contre Th.
Mais il est clair que la théorie de la Relativité elle-même ne pourra s’empêcher d’admettre les deux simultanéités que nous venons de décrire : elle se bornera à en ajouter une troisième, celle qui dépend d’un réglage d’horloges. […] Car si l’on ne commençait pas par admettre une simultanéité de ce genre, absolue, et qui n’a rien à voir avec des réglages d’horloges, les horloges ne serviraient à rien. […] On admet donc implicitement la possibilité de réduire sans déformer. […] On pressent qu’une philosophie où la durée est tenue pour réelle et même pour agissante pourra fort bien admettre l’Espace-Temps de Minkowski et d’Einstein (où d’ailleurs la quatrième dimension dénommée temps n’est plus, comme dans nos exemples de tout à l’heure, une dimension entièrement assimilable aux autres). […] J’admets que le physicien trouve commode de les appeler encore du temps ; — on en verra tout à l’heure la raison.
Sans nier que quelque perception de la vitalité intense et harmonieuse suive ou même accompagne le sentiment agréable, nous ne saurions admettre que ce soit cette représentation même qui le produise et le constitue. […] Comme on le voit, Herbart fait reposer le plaisir et la douleur non sur le contenu des idées, mais sur leur relation mutuelle et leur forme ; or, comment admettre que nous soyons ainsi indifférents au contenu, par exemple à l’idée même de notre ami, et affectés par le seul rapport mutuel de nos représentations opposées ? […] Nous ne saurions admettre avec M. […] Maintenant, pourquoi ne pas admettre dans le plaisir même des différences de qualité qui ne soient pas indifférentes ? […] Un germe de beauté n’existe pas seulement, comme on l’admet d’ordinaire, dans les plaisirs de la vue et de l’ouïe ; il se retrouve jusque dans le toucher et le contact, dans la saveur, dans l’odeur.
Aujourd’hui un poète, même s’il n’admet pas le vers libre, consent non au vers sans césure (il n’y en a pas), mais au vers à césure variable. […] On admettrait cela volontiers, si la première partie du raisonnement ne semblait pas inexacte. […] Ils marchaient à côté | l’un de l’autre || des danses Penchés || et s’y versant | dans l’ombre goutte-à-goutte (Contemplations) qui admet jusqu’à deux ou trois accents indépendants de l’accent principal : Qui || des vents ou des coeurs | et le plus sûr || Les vents. […] Admettons-le, cependant, mais pourvu qu’il s’agisse des vers de M. […] Ce vers latin, ce vers des séquences, presque sans rime, a un nombre variable de syllabes, d’accents ; comme il diffère de l’idée que nous pouvons nous faire d’un vers latin, français, ou allemand213, il faut bien lui donner un nom nouveau et admettre qu’à la suite du vers mélodique et en même temps que le vers syllabique il y eut en latin un vers libre.
Guizot, par ce fait capital que le monde n’a pas toujours été tel qu’il est ; la vie a commencé sur la surface du globe ; les espèces animales ont aussi commencé ; l’homme a commencé également, Or, à moins d’admettre que la vie est le résultat des forces de la matière, et que l’homme, comme toute espèce animale, est le produit d’une lente élaboration des siècles, on est obligé d’avoir recours à la puissance surnaturelle du Créateur ; mais d’une part la doctrine de la génération spontanée, de l’autre la doctrine de la transformation des espèces, sont des hypothèses arbitraires, repoussées par la science. […] Quiconque admet la liberté humaine, peut et doit admettre au moins la liberté divine. […] S’il admet en outre, comme il le fait en général, la création immédiate de l’homme et des autres êtres vivants, il accepte par là même implicitement le surnaturel.
Il faut donc admettre qu’une cause particulière détermine le succès de ces livres, le succès des révolutions littéraires qu’ils ont provoquées. […] Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant.
La demande d’un tarif à fixer par l’État est contraire aux idées généralement admises aujourd’hui en bonne économie politique. […] Il semblerait plus raisonnable d’admettre ce que demandent en troisième lieu les pétitionnaires, qu’un tribunal civil ou commercial soit appelé à juger des contestations entre auteurs et directeurs.
En effet, à force d’admettre, dans tous les moyens qui ont été donnés à l’homme pour exprimer ou communiquer ses sentiments et ses pensées, à force, disons-nous, d’y admettre des choses de convention, nous avons délayé et perdu les types primitifs. […] Mais, quoi qu’il en soit, j’ai besoin de le redire, et je voudrais faire passer dans mes lecteurs la conviction intime où je suis que Dieu ayant fait l’homme pour vivre en société, la providence de Dieu ne cessera point de veiller sur les sociétés humaines ; quoi qu’il en soit, répéterons-nous, s’il est vrai que jusqu’à présent Dieu se soit servi de la parole pour diriger les destinées du genre humain, si la parole enfin a été jusqu’à présent une révélation toujours subsistante au sein de la société, et que ce moyen ait cessé de lui paraître utile ou nécessaire, il saura bien en faire sortir un autre de la force même des choses, en supposant que celui-là manquât d’une manière absolue, ce que je suis loin d’admettre, ainsi qu’on a pu le voir, ou en supposant qu’il soit devenu insuffisant, ce qu’on sera beaucoup plus porté à croire.
— Mais le psychologue empiriste, continue-t-on, parle lui-même de ce qui se passe dans sa propre conscience « comme de quelque chose de vrai en soi, et qu’il désire voir admis comme tel par tout le monde, y compris moi-même » ; il se place donc et me place avec lui au point de vue de l’absolu, au moment même où il prétend m’en exclure. — Non pas ; il se place au point de vue d’une relation possible et conditionnelle : s’il était à ma place, il sentirait ce que j’ai senti, et, si j’étais à sa place, si je faisais les observations et raisonnements qu’il fait, je penserais comme lui. […] Il est donc inutile, pour l’idée du parfait comme pour celle d’infini, d’admettre en nous une faculté particulière qui en serait l’origine. […] Une fois admis que la conscience ne s’explique pas par le dehors, il en résulte que ce qui est vraiment constitutif du fait même de conscience ne s’explique pas davantage par le dehors ; c’est là ce qu’on peut retenir du kantisme. […] Comment admettre que cette notion à formes changeantes soit absolument irréductible ? […] Il est plus logique d’admettre que le sujet pensant et voulant a un mode d’action qui se confond avec le mode d’action fondamental de l’objet pensé, et que les idées sont les réalités mêmes arrivées, dans le cerveau, à un état de conscience plus élevé.
Lui aussi admet l’harmonie naturelle, et qu’elle va se réaliser, pourvu seulement qu’on ne l’entrave pas par des règlements, des lois, de la contrainte. […] Nous devons donc non seulement nous y conformer, s’il est possible, mais supposer que les autres s’y conforment et leur demander d’admettre que nous nous y conformons aussi. […] Plus large chez quelques-uns, elle admet le libre jeu de plus de pensées et de plus de désirs. […] Quelle patrie pourrait admettre la trahison ? […] Admettons qu’il y en ait autant, et de la même qualité.
Je me suis imposé de vérifier dans l’original toutes les citations que j’ai admises, sans en excepter une seule. […] Si donc cet ouvrage n’est pas réellement de l’apôtre, il faut admettre une supercherie que l’auteur s’avouait à lui-même. […] En somme, j’admets comme authentiques les quatre évangiles canoniques. […] Plusieurs des allusions messianiques relevées par les évangélistes sont si subtiles, si détournées, qu’on ne peut croire que tout cela répondît à une doctrine généralement admise. […] J’admets volontiers que cet admirable récit de la Passion renferme une foule d’à peu près.
Faute de préjugés on admet des fictions convenues : il ne s’agit pas de savoir si cette méthode est bonne, il suffit qu’elle soit inévitable ; on n’a pas de choix. […] D’un autre côté, par la même raison, serons-nous obligés d’admettre que les mœurs doivent aussi rester indépendantes de l’opinion. […] Comparons à présent Louis XVIII à Bonaparte : l’un efface toutes les traditions, crée un peuple dans un peuple, profane les tombeaux, et c’est profaner les tombeaux que dédaigner l’esprit des ancêtres ; l’autre unit les temps anciens aux temps qui vont éclore, professe sans idolâtrie le culte des ancêtres, admet les choses nouvelles, sans toutefois repousser dans l’opprobre les choses anciennes. […] Ceci n’est pas en contradiction avec ce qui a été dit plus haut ; car une telle suspension de la puissance conservatrice, de l’énergie vitale, pouvait en effet entraîner la destruction et la mort ; c’est même ce qui explique et excuse, au jugement des hommes qui se sont fait un devoir de l’impartialité, les opinions de ceux qui ont admis le 20 mars comme fait nouveau, et qui en ont déduit la nécessité de modifier nos institutions futures.
Je fus admis dans le petit cénacle ; nous formions une espèce de franc-maçonnerie qui avait même son langage et son écriture hiéroglyphique. […] Ceci se passait en 1811 ; l’année suivante, Jouffroy nous quitta pour entrer au lycée de Dijon, où il fit sa rhétorique et apprit assez de grec et de philosophie pour se faire admettre en 1813 à l’École normale.
Tout ce qui suit, d’une énergie croissante, a sa vérité funèbre ; le dialogue du ver et de la trépassée, l’apparition de Raphaël dont le masque se ranime et profère contre le siècle des cris d’anathème et de désespoir, ces scènes fantastiques s’admettent dans la situation et dans le monde où l’auteur nous transporte ; on résiste d’abord à l’horreur, mais bientôt on y cède, tant les coups sont redoublés et souvent puissants. […] Mais on admet moins aisément que Napoléon, qui est ensuite évoqué, conseille Tityre et Amaryllis, et regrette de n’avoir pas été berger en Corse.
Je suis donc obligé d’admettre nécessairement la révélation de la parole. […] Pour se dispenser d’adopter une révélation première du langage, on est obligé d’admettre une série de miracles qui se renouvellent tous les jours avec la même raison de douter pour l’incrédule. […] On trouverait cependant bientôt une grande difficulté à admettre cette hypothèse, quelque bien liée qu’elle soit en apparence. […] Je serais bien tenté de répéter que Dieu n’aurait pas voulu confier les destinées humaines à des chances contingentes : mais lorsqu’on est décidé à tout admettre, même le hasard, rien ne coûte. […] Les prêtres de l’Égypte ou de l’Inde furent, et je ne refuserai pas de l’admettre, pourvus de vastes et profondes intelligences ; mais enfin ils ne furent doués que d’intelligences humaines.
Un déterministe ne saurait sans doute admettre l’idée de châtiment, mais il admettra très bien celle de répression. […] Il est admis que l’Etat cherche à compenser les dommages causés par une catastrophe publique. […] Il n’admet pas tout, et il assigne aux phénomènes qu’il réserve des causes purement humaines. […] Le peuple de France l’admettra peut-être un jour ; mais il y a à craindre qu’il ne soit trop tard. […] Il faut également admettre sa morale pratique.
On condamne d’un mot et en bloc l’opinion de tous les maîtres de notre langue, de tous les juges de notre littérature, de tous les grands poètes et grands écrivains, depuis Ronsard jusqu’à Chénier, Chateaubriand, Sainte-Beuve et Flaubert, sans oublier Boileau, Racine et Gœthe, qui tous ont admis et conseillé hautement l’imitation d’Homère. […] Au surplus et à parler franc, les motifs mêmes qui empêchent nos adversaires d’admettre l’imitation d’Homère sont précisément ceux qui nous décideraient à la conseiller, « Le style homérique, dit-on, représentatif d’une manière de voir la vie, est en contradiction absolue avec nos tendances synesthésiques. » Mais c’est justement pour cela, c’est précisément parce qu’Homère a « une manière primitive de voir la vie » et d’écrire en sensations et non en métaphores ; c’est essentiellement parce que ses procédés semblent contredire nos habitudes et nos tendances, qu’il faut conseiller aux écrivains descriptifs d’aller se retremper à cette inépuisable source. […] Les « semeurs de doute » n’admettent pas l’hypothèse : « On ne devrait jamais raconter que ce qu’on a vu, de ses propres yeux, bien lucidement.
Lorsque, plus tard encore, la parole écrite a admis les explications de la parole traditionnelle, il a fallu maintenir la magistrature de la pensée avec des modifications nécessitées par le nouvel ordre de choses. […] Ainsi j’admets la liberté de la presse comme un moyen d’obvier aux nombreux inconvénients qui doivent résulter de l’établissement du nouvel ordre de choses dans lequel nous entrons. […] La nécessité d’admettre, tôt ou tard, la coopération du jury dans les jugements sur les délits de la presse amènera nécessairement aussi les modifications dont je parle ; car, dans ces sortes de délits, il est évident qu’on ne pourra renfermer la conscience d’un jury dans les limites du fait.
Pour avoir fait des encyclopédistes, et de toute la cuistrerie philosophique à la suite, les ennemis implacables qui se sont rués sur lui, comme la meute enragée des chiens de Diane sur Actéon, il y a dû avoir sous la plume de Fréron autre chose que ces placides citations faites par M. de Barthélemy… Admettons, si l’on veut, que cet esprit très haut eut le calme des choses très hautes, — des choses placées dans le voisinage du ciel, — admettons que ce sagittaire pour la Vérité contre l’erreur n’étendit jamais de poison sur la pointe de ses flèches, toujours est-il qu’il n’aurait pas produit de ces colères, de ces haines et de ces ressentiments personnels, s’il n’avait pas meurtri davantage les personnalités vaniteuses auxquelles il répondait en sa qualité de critique. […] Aussi pourrait-on dire de lui que de hauteur, de gravité, de tenue, de politesse même, — car cet homme insulté est toujours resté poli, — il avait la critique Louis-quatorzienne… Il n’admettait pas la critique sans maître, sans enseignement, sans tradition.
Les modernes syndicats admettent l’idée d’une discipline plus tyrannique et plus unitaire encore que celle des anciennes corporations. […] L’individualiste aristocrate admet que la société n’ayant d’autre but que de produire des hommes supérieurs, il est naturel et légitime qu’une armée d’esclaves et d’ouvriers sacrifie sa vie et son idéal de bien-être démocratique au confortable et au luxe des privilégiés. […] Si l’homme le plus libéral est celui qui admet la plus grande variété de jouissances, la plus grande diversité de vie, il est certain que l’économiste capitaliste est plus libéral que le socialiste. […] Le socialisme n’admettra que des valeurs plébéiennes, égalitaires. […] « Il faut arriver à ce que les valeurs moyennes admises par la presque totalité des hommes redeviennent toutes des parties intégrantes d’une même culture générale, il faut que le civilisé moderne, sans rien abandonner des merveilleux progrès techniques réalisés dans ce siècle, invente et développe en lui une culture spirituelle aussi exactement et nécessairement adaptée à sa civilisation matérielle que le furent jadis l’une à l’autre la culture spirituelle et matérielle de la Renaissance.
Cela entraine des conséquences graves : d’abord un dédain profond des classes subalternes, un parti pris d’écarter ce qui peut rappeler les vulgarités de la vie domestique ou populaire ; puis, entre les privilégiés admis sur un terrain de choix, un code très sévère de bienséances : peu parler de soi ; épargner l’amour-propre d’autrui ; flatter ou ménager les travers des gens en leur présence, ce qui n’interdit pas — au contraire — de les railler en leur absence ; beaucoup de tact et de circonspection ; adoucir les angles de son caractère ; mettre une sourdine aux émotions trop vives, aux convictions trop fortes ; laisser entendre ce qu’on ne peut pas dire tout haut ; s’habituer ainsi à une fine analyse des sentiments, à une psychologie déliée qui permet de reconnaître à un froncement de sourcils, à un regard, à une inflexion de voix les plus subtils mouvements du cœur. […] Il proscrit les mots anciens, sous prétexte qu’ils sont surannés ; il n’admet guère eu fait de néologismes que des mots étrangers ; car le bon ton consiste, comme chacun sait, à jargonner en anglais ou en italien ce qu’on pourrait tout aussi bien dire en français. […] Il est admis, en ce temps-là, qu’un prince ne marche pas, ne parle pas, ne meurt pas, comme un simple mortel. […] La nature n’est admise qu’en toilette, humanisée, civilisée, dénaturée. […] Il faut toujours chercher, pour chacun de ces petits milieux fermés, quel en a été le grand homme, le favori, le Dieu mortel ; si la préoccupation dominante y fut politique, littéraire, philosophique ; si la société qu’il admit fut triée sévèrement ou mêlée, nationale ou cosmopolite, parisienne ou provinciale, etc.
Il répète181, après Quintilien, qu’on ne saurait trop égayer les narrations, et il n’admet pas même qu’on discute ce précepte. […] Le triomphe du catholicisme est pour Bossuet le couronnement de l’histoire universelle, et tous les événements depuis le commencement du monde n’ont eu d’autre raison d’être que de le préparer ; il admet implicitement que tout ce qui change est par là même inférieur, et de là son grand argument contre les Églises protestantes. […] La tragédie est une grande dame, qui n’admet chez elle que des personnes de choix, un ton et des manières raffinés. […] L’exposé des principaux caractères qui distinguent l’époque peut trouver sa place après ce travail préliminaire : théories régnantes, usages ou règles acceptés, conceptions du monde couramment admises, transformations subies par la langue, qui est l’instrument commun à tous ceux qui parlent ou écrivent, peuvent terminer cette partie générale. […] Au temps de Boileau, par exemple, il est admis que l’élégie, l’ode, la comédie, la tragédie ont chacune leur existence individuelle et leurs règles spéciales.
Fuyons toutes les discussions qui tournent sans fin autour de ces entités en disant plus simplement qu’une idée est sociale lorsqu’elle est communément admise par les individus qui composent une société. Mais encore, à quels signes reconnaître une idée communément admise ? […] À moins d’admettre en elles que les institutions et les mœurs sont choses suspendues entre ciel et terre, qui se font et se défont toutes seules, il faut bien reconnaître qu’elles reposent, en un sens, sur l’entente des esprits à chacun desquels elles s’imposent. — et que par conséquent leur état est révélateur de l’état de l’esprit public. […] Tous n’admettent pas encore, par exemple, le suffrage. […] Le Droit quiritaire admettait, entre les classes d’hommes comme entre les espèces de propriétés, une foule de distinctions : distinction des agnats et des cognats, distinction des res mancipi et des nec mancipi, toutes s’effacent peu à peu devant le jus gentium, qui ne retient que l’élément commun des diverses coutumes locales.
Admettons cependant qu’Homère a été forcé de les choisir ainsi pour se faire mieux entendre du vulgaire, alors si farouche et si sauvage ; cependant le bonheur même de ces comparaisons, leur mérite incomparable, n’indique pas certainement un esprit adouci et humanisé par la philosophie. […] Ainsi Achille reçoit dans sa tente l’infortuné Priam, qui est venu seul pendant la nuit à travers le camp des Grecs, pour racheter le cadavre d’Hector ; il l’admet à sa table, et pour un mot que lui arrache le regret d’avoir perdu un si digne fils, Achille oublie les saintes lois de l’hospitalité, les droits d’une confiance généreuse, le respect dû à l’âge et au malheur ; et dans le transport d’une fureur aveugle, il menace le vieillard de lui arracher la vie.
Trompés par le langage et par l’habitude, nous admettons qu’il y a là une chose réelle, et, réfléchissant à faux, nous agrandissons à chaque pas notre erreur. — En premier lieu, l’être en question étant un pur néant, nous ne pouvons rien y trouver que le vide ; c’est pourquoi, par une illusion dont nous avons déjà vu des exemples163, nous en faisons une pure essence, inétendue, incorporelle, bref spirituelle164 […] « Le pouvoir, disent les spiritualistes165, s’identifie avec l’être qui possède… Ce quelque chose par quoi nous pouvons ne doit pas être considéré comme distinct de l’âme. » Les facultés et forces du moi sont donc le moi lui-même ou tout ou moins une portion du moi ; plusieurs spiritualistes admettent même, avec Leibniz, que le moi n’est autre chose qu’une force et qu’en général les notions de force et de substance s’équivalent. […] S’ils admettent des forces différentes, c’est que, dans l’état présent de nos connaissances, les couples auxquels se ramènent tels et tels groupes d’événements ne peuvent pas être ramenés l’un à l’autre ni à d’autres couples. […] Jusqu’ici, les plus fidèles sectateurs de l’expérience ont admis, au fond de tous les événements corporels, une substance primitive, la matière douée de force.
Aussi les philosophes qui ont admis ce qu’il leur a plu d’appeler l’état de nature ont-ils été obligés, pour être conséquents, de nier que nous dussions obéissance et respect à nos parents. […] Bossuet, dans sa Politique sacrée, admet le consentement des peuples. […] Sans doute le droit divin ne consiste point à admettre l’action de la Providence sur les sociétés humaines, comme sur l’ordre général de l’univers ; car l’une est une action pour ainsi dire physique, et l’autre une action toute morale : mais la parité est la même. […] Peut-être même sous ce point de vue était-il nécessaire que le droit divin fût nié par une société, parce que la résistance de quelques hommes isolés, pour admettre ce dogme fondamental, n’aurait pas assez prouvé la liberté.
Question de nature peut-être, et, à coup sûr, de métier aussi… Mais qu’on n’admette pas certains tempéraments à l’inflexibilité de ces règles ; qu’on n’accorde pas, à des questions de césure ou d’hiatus, certaines licences que, d’ailleurs, les Grands de la Pléiade, Ronsard, du Bellay, Baïf, Jodelle, Ponthus de Thyard et d’autres, moins illustres, mais honorablement connus pourtant, avaient érigées pour ainsi dire en règle, voilà ce qui me passe. […] D’Henri de Régnier, ils n’admettent que ses vers réguliers, alors que les pages des Roseaux de la Flûte, d’Aréthuse, de Tel qu’en songe, de la Corbeille des heures et des poèmes comme le Sang de Marsyas et Pan, parmi bien d’autres de la Cité des Eaux, contiennent des strophes dans lesquelles le défaut de rythme classique ne diminue pas un instant l’harmonie et l’inspiration. […] On admettra ceux-là seuls dont la rencontre demeure douce à l’oreille. […] Qu’on rime pour l’oreille et non pour les yeux ; qu’on ait le droit d’appareiller un singulier avec un pluriel, si du moins ils rendent tous deux le même son, car on ne voit pas pourquoi enfant et triomphants ne seraient pas des rimes admissibles, lorsque enfants et faons sont des rimes certainement admises ; qu’on se moque de la césure et de l’hémistiche, mais non de l’accent tonique ; qu’on se permette certains hiatus lorsqu’ils sont une liaison plutôt qu’un heurt ; qu’on supprime enfin les difficultés inutiles de la poétique, comme on le fait ailleurs pour celles de l’orthographe, mais de même qu’on doit respecter les lois primordiales de la syntaxe française, qu’on respecte aussi les lois organiques du vers français.
Cuvier ne fit que commenter Platon en même temps que la Bible lorsqu’il admettait des embranchements ayant leurs types absolument distincts, des espèces irréductibles à quelque ancêtre commun, créations successives d’un Dieu modelant les êtres sur ses idées. […] Schopenhauer l’admet, mais il n’en tire point les conséquences légitimes pour l’explication des idées et de leur force.
Il faut admettre comme un fait que l’être se sent exister et se sent changer, se sent faire effort et réagir, sent qu’il jouit, qu’il souffre, et conserve dans la souffrance même la représentation de la jouissance antérieure. Tout cela admis, le reste n’est plus que complication des données primitives. […] Nous ne saurions l’admettre. […] Nous ne saurions donc admettre, avec M. […] Si mes idées et mes désirs agissent non seulement sur mon propre monde, mais encore sur le monde d’autrui, j’admets alors que mon idée n’est pas seulement un songe, pas même un songe bien lié, mais qu’elle a une action réelle, qu’elle est effective et conséquemment objective.
Gærtner admet aussi l’universalité de la même loi ; de plus, il conteste les résultats des dix expériences de Kœlreuter et nie que ce dernier ait obtenu une fécondité parfaite. […] J’étais d’abord peu disposé à admettre cette idée, par la raison qu’en général les hybrides, une fois nés, se portent bien et vivent longtemps, comme nous le voyons pour la mule. […] Avec les quelques réserves que je vais faire, j’admets pleinement que telle est en effet la règle très générale. […] Le principal signe de distinction qu’on puisse indiquer, c’est que les métis sont plus variables que les hybrides, mais Gærtner admet que les hybrides entre espèces depuis longtemps cultivées sont souvent très variables pendant les premières générations ; et j’en ai vu moi-même de frappants exemples. Gærtner admet de plus que les hybrides entre espèces proche-alliées sont plus variables que ceux qui proviennent d’espèces très tranchées ; ce qui montre avec toute évidence que la différence dans le degré de variabilité des uns et des autres tend à diminuer et à disparaître graduellement.
La pensée n’est pas, comme beaucoup l’admettent encore par tradition, un événement qui se passe dans un monde suprasensible, éthéré, insaisissable. […] Les mouvements du corps qui, suivant la locution admise, expriment l’attention, sont d’une importance capitale. […] Nous admettons cette seconde thèse, sans hésiter. […] L’auteur déclare d’ailleurs que, « sur le fondement physiologique de cette faculté de contrôle, on ne peut admettre que des vues théoriques ». […] Il faut ou bien renoncer à toute explication ou bien admettre une action d’arrêt exercée sur les éléments moteurs de ces états de conscience.
Comme il est difficile d’admettre que des yeux, même inutiles, puissent être d’une façon quelconque nuisibles à des animaux qui vivent dans l’obscurité, je ne puis attribuer leur perte qu’au défaut d’exercice. […] Il nous est permis d’admettre que nos animaux domestiques ont été originairement choisis par des peuples sans aucune civilisation, parce qu’ils pouvaient leur être de quelque utilité immédiate, et qu’ils se reproduisaient volontiers en réclusion. […] Lorsqu’on admet que chaque espèce du genre Cheval a été séparément créée, il faut admettre aussi que chacune d’entre elles a été créée avec une tendance à varier, soit à l’état de nature, soit à l’état domestique, de manière à présenter souvent les rayures qu’on observe chez d’autres espèces du genre ; et qu’elles ont toutes été douées d’une forte tendance à produire, en cas de croisements avec des espèces habitant des contrées très éloignées, des hybrides qui ressemblent par leurs rayures, non pas à leurs propres parents, mais aux autres espèces du genre. Or, admettre une pareille manière de voir, c’est, ce me semble, rejeter une cause réelle très simple, très naturelle et appuyée sur des faits, pour une cause sans réalité ou du moins entièrement hypothétique. […] L’invariabilité des caractères génériques relativement à la variabilité des caractères spécifiques, telle que la plupart des naturalistes l’admettent, n’est en réalité qu’un cercle vicieux.
— Chacun admettra que les instincts sont d’aussi grande importance au bien de chaque espèce, sous ses conditions de vie particulières, que peuvent l’être les organes corporels. […] Si l’on songe à la malléabilité d’une mince couche de cire, on admettra qu’il n’est pas même nécessaire qu’elles travaillent exactement des deux côtés avec la même vitesse. […] Il en est de même en mille autres cas ; mais il faut admettre que la plupart du temps nous ne pouvons pas même conjecturer si c’est l’instinct ou la structure qui a commencé à varier légèrement, ni par quels degrés successifs beaucoup d’instincts se sont peu à peu développés, surtout lorsqu’ils sont en relation avec des organes, tels que les glandes mammaires, par exemple, sur la première origine desquels nous ne savons absolument rien. […] On retrouve des instincts presque identiques chez des êtres, si éloignés dans l’échelle organique, qu’il est impossible de supposer qu’une telle ressemblance soit l’héritage d’un parent commun ; et il faut dès lors se résigner à admettre qu’ils ont été acquis chacun par une série de procédés sélectifs parfaitement indépendants. […] On m’accusera d’avoir une foi excessive en la valeur du principe de sélection naturelle ; mais je me refuse à admettre qu’aucun de ces faits, si merveilleux et si bien établis qu’ils soient, renverse en aucune façon ma théorie, ainsi du reste qu’on va le voir.
On comprend alors pourquoi l’émotion esthétique nous paraît admettre des degrés d’intensité, et aussi des degrés d’élévation. […] Nous ne ferons d’ailleurs aucune difficulté pour admettre l’existence probable d’une loi de ce genre. […] Mais par cela seul que l’on considère ΔS comme une quantité et S comme une somme, on admet le postulat fondamental de l’opération entière. […] Car il faudra alors expliquer pourquoi une sensation est dite plus intense qu’une autre sensation, et comment on peut appeler plus grandes ou plus petites des choses qui — on vient de le reconnaître — n’admettent point entre elles des relations de contenant à contenu. […] Dans le cas particulier où l’on admet sans restriction de la loi de Weber ΔS/E=const., l’intégration donne S=C.log(E/Q), Q étant une constante.
Concluons de toute manière, en ce qui concerne l’universalité du Temps réel, que la théorie de la Relativité n’ébranle pas l’idée admise et tendrait plutôt à la consolider. […] Einstein l’admet nécessairement, puisque c’est par elle qu’il note l’heure d’un événement. […] Donc, impossible au théoricien de la Relativité de ne pas admettre la simultanéité intuitive 31. […] Si donc nous nous plaçons dans l’hypothèse d’une relativité unilatérale, nous devrons admettre que les simultanéités de S se disloquent dans son duplicata S′ par le seul effet du mouvement qui fait sortir S′de S. […] La traduction qu’il va nous donner de l’idée nouvelle en langage ancien nous fera mieux comprendre en quoi nous pouvons conserver, en quoi nous devons modifier, ce que nous avions précédemment admis.
C’est admettre implicitement que les idées peuvent agir sur les sentiments qui sont des idées inférieures et moins claires. […] On peut admettre, pour faire la part de la sociabilité, que l’incohérence sentimentale qui caractérise la sensibilité humaine est en partie créée ou tout au moins favorisée par l’état de discorde et d’incohérence des institutions sociales, par ce que les sociologues appellent le manque d’intégration sociale. Et dans la mesure où elle dépend de ces causes et conditions sociales, on peut admettre aussi que cette désharmonie peut être diminuée par une organisation sociale meilleure, par une intégration plus parfaite, par une éducation mieux comprise.
Elle admet une certaine diversité et relativité morale en raison de la diversité des « types sociaux ». […] Bayet déclare en effet qu’en principe, dans tous les cas où il y a conflit entre l’intérêt du groupe et l’intérêt de l’individu, le premier peut être préféré comme étant l’intérêt de tous, même à certains égards de ceux qu’il lèse110. — Une fois ce principe admis, la vie intérieure elle-même, en tant qu’elle a des conséquences pour la vie sociale, risque fort de tomber tout entière sous les prises de la réglementation sociale ; et d’ailleurs, du moment que toute la conduite extérieure de l’individu est sujette à cette réglementation, n’est-ce pas une concession toute platonique, que celle qui consiste à lui laisser la liberté du for intérieur. […] Bayet l’admet comme un droit évident de l’individu.
Il va plus loin, & prétend que, quand même il seroit possible de noter la déclamation comme la musique, on ne devroit pas admettre le systême de l’abbé Dubos ; parce que ce systême nuiroit plus qu’il n’aideroit aux acteurs ; qu’il étoufferoit le talent des meilleurs, & rendroit les médiocres détestables. […] On lui répondit que la déclamation tragique, quoique chargée, ne détruisoit point l’illusion nécessaire au spectacle ; que l’imagination des spectateurs se prêtoit à ce langage comme à la mesure, à la rime & au chant de nos opéra ; que cette supposition, une fois admise, est une source de plaisir, pourvu que l’auteur ne la pousse pas trop loin, & qu’en conservant « la sublimité du ton de la tragédie, il suive, autant qu’il est possible, la nature, & ne fasse que l’élever sans la guinder, l’aggrandir sans l’enfler, l’ennoblir sans la détruire ». […] On ne chicane Riccoboni sur aucune des choses sensées qu’il dit par rapport à la différente manière de débiter un sermon, un panégyrique, une oraison funèbre ; mais on n’approuve point son idée de vouloir qu’il en fut des prédicateurs, comme des artistes & des ouvriers, qu’on admet à l’essai, & auxquels on n’accorde l’exercice public de leur profession qu’après avoir fait preuve de talent.
On la confondra avec le péché, comme le fait Heinroth, ou avec l’erreur, comme le fait Leuret ; mais je réponds que si l’âme est susceptible de deux sortes de désordres aussi différents l’un de l’autre que le péché et l’erreur, je ne vois pas pourquoi elle n’en admettrait pas un troisième, à savoir la folie, J’accorde qu’il n’est pas facile de définir et de distinguer la folie de ce qui l’avoisine ; mais M. […] On ne peut admettre une pareille conséquence, et il faut reconnaître qu’il y a des liaisons immédiates entre les faits moraux. […] En vérité, je ne vois pas ce qui peut empêcher d’admettre que le trouble initial qui détermine la folie est tantôt dans le corps et tantôt dans l’âme, que les modifications organiques qui l’accompagnent sont tantôt la cause, tantôt l’effet.
Pelletan, facile peut-être à Bossuet, à Cuvier, à tout grand cerveau généralisateur qui admettrait une révélation, nierait, en détail et en bloc, tout ce M. Pelletan admet comme vrai. […] La Chute admise, le Progrès ne serait plus ï Les enfants verraient cela… Seulement, pour rendre son soufflet à l’histoire, il fallait rester dans la philosophie, nous donner, d’après la nature de l’homme et l’étude de ses instincts et de Ses facultés, la preuve philosophique de l’impossibilité radicale, humaine, de la chuté.
Il est évident qu’un tel homme n’admet ni ancêtres, ni prédécesseurs ; mais il n’est pas moins évident non plus que si la parenté n’est pas reconnue par la volonté, elle subsiste dans la pensée, car, si elle n’y était pas, croyez-le bien, les philosophes modernes, plus ou moins issus de Descartes, auraient laissé bien tranquille dans sa niche de Saint, le grand Anselme de Cantorbéry, et ne lui auraient pas fait cette gloire posthume qu’ils se sont mis à lui faire, moins pour lui encore que pour eux ! […] C’est que saint Anselme, par cela même qu’il se détournait de la théologie vers la métaphysique, posait au xie siècle, dans l’innocence et la sécurité de sa foi, les problèmes que la métaphysique agite, depuis qu’elle existe, sans les résoudre ; et que les posant nécessairement comme les métaphysiciens les posent, il était justiciable des métaphysiciens et qu’ils ont eu parfaitement le droit de dire, comme ils l’ont dit, dans quelle mesure ils admettaient sa pensée et dans quelle mesure ils ne l’admettaient pas.
Moi-même j’avais, j’en conviens, le caractère trop mal fait peut-être et trop rétif pour pouvoir me ranger et me fixer à demeure dans un journal qui avait le ton et les usages d’une famille ; car, une fois admis et agréé, c’était quasi un mariage que l’on contractait. […] Je ne saurais l’admettre, et en reconnaissant à ce beau xviie siècle la supériorité du goût, je persiste à croire que le xviiie , avec et nonobstant ses erreurs, était plus éclairé. […] Je ne saurais admettre avec M. […] Il ne décourage pas, il ne dénigre pas ; il n’applique aux passions ni le blâme ni le ridicule, ni un mode d’explication qui a sa vérité, je l’admets, mais qui dans l’action déjoue, déconcerte et stérilise.
Ou tenir le roman pour un art, à qui admet l’art des peintres ? […] Il admit la réalité du monde, mais il l’admit comme une réalité de fiction. […] Renan admet également. […] Renan en admet une troisième. […] Il admettait encore que, par une fantaisie de dilettante, M.
Dans l’assemblée dont nous parlions tout à l’heure on voyait deux choses à la fois : certains dogmes de la société ancienne, à moitié admis, à moitié rejetés par ceux qui les professaient encore, ou qui voulaient encore les professer ; certains dogmes de la société nouvelle, qu’on avait le dessein d’admettre sans conviction, et par la seule nécessité des circonstances.
Est-ce dans un temps où il suffit de vivre pour être entraîné par le mouvement universel, où jusqu’au sein même de la tombe le repos peut être troublé, les morts jugés de nouveau, et leurs urnes populaires tour à tour admises ou rejetées dans le temple où les factions croyaient donner l’immortalité ? […] Il faudrait examiner les institutions dans leur essence même, et convenir qu’il n’existe plus qu’une grande question qui divise encore les penseurs ; savoir, si dans la combinaison des gouvernements mixtes, il faut, ou non, admettre l’hérédité. […] Mais les uns croient que la garantie de la liberté, le maintien de l’ordre, ne peut subsister qu’à l’aide d’une puissance héréditaire, et conservatrice ; les autres, reconnaissent de même la vérité du principe, que l’ordre seul, c’est-à-dire l’obéissance à la justice, assure la liberté : mais ils pensent que ce résultat peut s’obtenir sans un genre d’institutions que la nécessité seule peut faire admettre, et qui doivent être rejetées par la raison, si la raison prouve, qu’elles ne servent pas mieux que les idées naturelles, au bonheur de la société. […] Les grands écrivains, deux siècles après, ont admis et fait admettre le genre simple ; et le discours du sauvage qui s’écriait : dirons-nous aux ossements de nos pères, levez-vous et marchez à notre suite ?
Bienveillant par nature, exempt de toute envie, il ne put jamais admettre ce qu’il considérait comme des infractions extrêmes à ce point de vue primitif auquel lui-même n’était plus que médiocrement fidèle ; il croyait surtout que l’ancienne langue, celle de Racine, par exemple, suffit ; il reconnaissait pourtant qu’on lui avait rendu service en faisant accepter au théâtre certaines libertés de style qu’il se fût moins permises auparavant et dont la trace se retrouve évidente chez lui, à dater de Louis XI. […] Eugène Lintilhac Le Paria (1829), dont les chœurs sont fort beaux et annoncent la poésie des Poèmes antiques d’Alfred de Vigny ; Marino Faliero (30 mai 1829), dont les audaces sont antérieures à celles d’Hernani, et en sont toutes voisines, puisque le poète s’y affranchit de l’unité de lieu et admet le mélange du comique dans le dialogue… ; Louis XI, d’un effet si sûr à la scène ; les Enfants d’Édouard, si adroitement découpés dans Shakespeare… [Précis historique et critique de la littérature française (1895).]
« Notre langue, peu accentuée, prétendait-il16, ne saurait admettre le vers blanc, et ni Voltaire, vice-roi de Prusse en son temps, ni Louis Bonaparte, roi de Hollande au sien, ne me sont des autorités suffisantes pour hésiter, ne fût-ce qu’un instant, à ne me point départir de ce principe absolu. […] Ainsi Ronsard, dans son Abrégé, bannit les hiatus désagréables à l’oreille ; dans ses poèmes, il admet volontiers « tu as », « qui ouvre », « si elle », etc., qui n’ont rien que d’harmonieux.
Tout le monde admet aujourd’hui qu’il convient de recueillir les documents sur des fiches. […] Faut-il l’admettre après examen des documents, ou le rejeter comme impossible par la question préalable ? […] Pourtant nous n’hésitons plus à rejeter le diable et à admettre Pisistrate. […] Le « fait social », tel que l’admettent plusieurs sociologues, est une construction philosophique, non un fait historique. […] Il répugne d’admettre que de grands effets puissent avoir de petites causes, que le nez de Cléopâtre ait pu agir sur l’Empire romain.
On a souvent cité le joli mot de Boissonade qui, publiant son édition d’Homère (1823) et ne consentant point à a admettre les raisons de Wolf, mais ne se sentant point non plus de force à les combattre, se retranchait derrière Aristophane et disait avec je ne sais quel personnage de la comédie : « Non, tu ne me persuaderas pas, même quand tu m’aurais persuadé. » Il tirait ainsi son épingle du jeu. […] Grote convient tout à fait avec Wolf que les poëmes d’Homère n’ont été ni pu être écrits pendant un long laps de temps qui ne peut guère avoir été moindre que de deux ou trois siècles ; mais cette absence d’écriture n’est point une objection suffisante pour ne pas admettre de longs et très-longs poëmes : là est toute la question. […] Il y eut donc un temps, on peut le concevoir, où la récitation, se trouvant être le seul mode de publication, était merveilleuse de durée, d’étendue et de fidélité, et il n’est pas invraisemblable d’admettre qu’il a pu exister, dès ce temps-là, de longs poëmes qui se sont transmis et conservés. […] Grote que tout s’expliquerait si l’on admettait qu’un Homère ou Homéride, s’emparant des rhapsodies antérieures d’une Iliade en fragments, et d’une Achilléide embryonnaire ou élémentaire, a refondu, remanié, agrandi les deux sujets, les a mis en rapport entre eux et a opéré un travail ardent, poétique, inspiré, d’où est sortie l’œuvre telle à peu près que nous l’avons, sauf toujours trois ou quatre chants qui sont par trop gênants ou sensiblement inutiles, et dont on fait bon marché : tout le reste appartient à une pensée suffisamment une et dominante.
Le génie métaphysique de Saint-Bonnet (car son talent va jusque-là) n’a pas eu peur du génie historique et politique de de Maistre sur un sujet, — catholique en ceci encore qu’il admet et que même il appelle toutes les compétences de l’esprit. […] Et quand tout devait les rapprocher, dans les conclusions et dans la doctrine, sur un sujet qui n’admet ni faux-fuyants, ni nuances, ni ingénieuses manières de se différencier en quoique ce soit, tout en voulant rester semblables en quelque chose ils ont évité la ressemblance, la redite, l’identité des points de vue, tout ce qui fait que les contes répétés deux fois sont ennuyeux, même quand ils sont des vérités, et ils ont fait tous les deux des livres puissants, qui se complètent l’un par l’autre et qui restent nantis d’une incomparable originalité. […] Ensuite, c’est que même sa métaphysique sort à brûle-pourpoint d’une théodicée, et qu’elle n’est, en dernière analyse, qu’une théologie, dans une époque qui n’admet plus Dieu et où le naturalisme le plus grossier est toute la réalité, en philosophie, et tout l’idéal, en littérature ! […] À une époque où les dernières Philosophies sont des outrages insensés à l’intelligence humaine, si cette intelligence humaine n’était pas profondément et abjectement dégradée, — et dégradée au point d’admettre ces Philosophies ou au moins de les discuter, — Saint-Bonnet a grande chance, avec son livre de la Douleur autant qu’avec ses autres livres, de rester sans aucune influence sur le monde et de continuer autant que jamais, dans l’indifférence universelle, cette belle Harmonie de Lamartine : Le Génie dans l’obscurité.
Admettons que toutes les questions que nous avons signalées soient résolues, que l’on sache avec précision que la pensée correspond à un mouvement du cerveau, et de quel genre est ce mouvement, admettons même que l’on puisse suivre dans le dernier détail la correspondance des mouvements et des pensées : que saurons-nous de plus, si ce n’est qu’il y a là deux ordres de phénomènes constamment associés, qui même pourront être considérés comme réciproquement causes ou conditions les uns des autres, mais qui sont, absolument incomparables et irréductibles ? […] De quelque manière que l’on explique la pensée, soit que l’on admette, soit que l’on rejette ce que l’on a appelé les idées innées, on est forcé de reconnaître qu’une très grande partie de nos idées viennent de l’expérience externe.
On se demande en effet si l’acte pouvait ou ne pouvait pas être prévu, étant donné l’ensemble de ses conditions ; et soit qu’on l’affirme, soit qu’on le nie, on admet que cet ensemble de conditions pouvait se concevoir comme donné à l’avance : ce qui revient, ainsi que nous l’avons montré, à traiter la durée comme une chose homogène et les intensités comme des grandeurs. […] Par là il fut conduit à croire que les mêmes états sont susceptibles de se reproduire dans les profondeurs de la conscience, comme les mêmes phénomènes physiques dans l’espace ; c’est du moins ce qu’il admit implicitement quand il attribua au rapport de causalité le même sens et le même rôle dans le monde interne que dans le monde extérieur. […] Avec lui nous avons admis que l’espace homogènes est une forme de notre sensibilité ; et nous entendons simplement par là que d’autres intelligences, celles des animaux par exemple, tout en apercevant des objets, ne les distinguent pas aussi nettement, ni les uns des autres, ni d’elles-mêmes.
Nous ne rougirions plus alors de voir subsister parmi nous ces rivalités malignes, ces basses jalousies, ces cabales iniques, qui avilissent les talens & révoltent l’honnêteté ; on verroit s’anéantir l’esprit particulier, qui n’admet que ce qu’il approuve, qui n’approuve que ce qui le flatte ; chaque Littérateur trouveroit des amis dans les compagnons de sa carriere, & le Génie indigent n’auroit pas besoin de chercher des protecteurs, en rampant. On proscriroit sur-tout ces Bureaux d’esprit où l’on anathématise les meilleurs Ouvrages, quoiqu’on ne puisse s’en dissimuler le mérite ; où l’on encense la médiocrité, parce qu’elle est en état de protéger ou de nuire ; où l’on n’admet tant d’adorateurs stupides, que pour en faire des écho, dont la voix ira d’oreille en oreille déifier tous les Membres du tyrannique Sénat, & promulguer ses intrépides Arrêts ; nous aurions la douce joie de voir couler le lait & le miel à côté de l’Hipocrene, de pouvoir cueillir les fruits du sacré Vallon, sans redouter ceux de la Discorde, de dormir sur le Parnasse sans craindre de réveils fâcheux ; nous verrions renaître en un mot l’âge d’or de la Poésie, & le Monde savant retraceroit le modele de cette République, dont M.
Un ouvrage littéraire n’est admis au périlleux honneur de devenir classique que s’il est consacré par de longues années d’admiration. […] L’Oratoire commence par l’admettre dans les classes inférieures ; Port-Royal renonce à l’étrange coutume de faire apprendre à lire en latin et introduit des compositions françaises. […] Elle ne daignera jamais admettre Molière, ce moqueur ; elle ne subira Boileau que sur un ordre formel de Louis XIV ; elle recevra de mauvaise grâce La Bruyère ; c’est presque à contre-cœur qu’elle se laissera envahir par les maîtres de la génération nouvelle. […] Voltaire, repoussé plusieurs fois, multipliera les tours d’adresse pour se faire admettre et il n’entrera que grâce à un certificat de bon catholique arraché à la complaisance d’un père jésuite. […] L’ambition d’entrer à l’Académie, en inclinant les têtes les plus fières, n’a donc pas toujours favorisé la franchise, et l’on comprend que des caractères peu flexibles se soient mal accommodés des concessions qu’il aurait fallu consentir pour y être admis.
Admettre l’art parce qu’il peut moraliser les individus ou les masses, c’est admettre les roses parce qu’on en tire un remède utile aux yeux ; c’est confondre deux séries de notions que l’exercice régulier de l’intelligence place sur des plans différents. […] Les sauvages admettent très malaisément la mort naturelle. […] Le principe admis, les comparaisons abondèrent. […] Je suis donc limité, ou modifié, — et j’admets encore à priori cette limitation, sans toutefois préjuger si elle m’est imposée ou si je me l’impose moi-même par une loi de mon organisme psychique ; j’admets l’objet ou monde extérieur ; j’admets que, inexistant et projeté hors de moi par moi, il soit néanmoins la cause hypothétique de ma conscience, — bien que lui-même causé par ma conscience ; j’admets cela, car Homunculus, créé dans ma cornue, surgit et me tient tête ; — et il parle ! […] Or, si j’admets mon affirmation, je dois admettre la sienne, mais deux absolus sont contradictoires ; ils se nient en s’affirmant ; ils s’affirment en se niant.
Ce n’est pas que nous n’ayons admis sur notre scène Othello, Hamlet et Marie Stuart ; mais Ducis et M. […] S’ils admettent quelquefois des chœurs, ce ne sera pas pour entendre des récits, pour ralentir l’action, ou en remplir les vides par de vaines complaintes. […] Si l’épopée admet des apparitions, c’est qu’elle raconte et ne représente point : les conditions d’un spectacle sont incomparablement plus rigoureuses que celles d’un récit. […] Il a fallu aux classiques comme aux romantiques une longue expérience pour reconnaître que l’amour, dès qu’on l’admet sur la scène, doit l’envahir toute entière, et subordonner tous les intérêts aux siens ; qu’il ne souffre autour de lui l’ambition et la politique que pour les employer à le servir. […] Enfin le style du premier admettra tour à tour l’emphase de la poésie et les familiarités de la prose ; celui du second, soumis à des lois austères, restera toujours poétique, sans jamais cesser d’être l’expression la plus naturelle et par conséquent la plus élégante des pensées et des sentiments de chaque personnage.
La difficulté d’admettre sa négative. […] Les degrés variables de probabilité dépendront de la possibilité d’admettre une négative198. […] Sans doute, mais comme la philosophie ne peut se contenter de phrases, elle remarque de plus que là où le réalisme et l’idéalisme n’admettent qu’un facteur, le dualisme en introduit deux ; par suite elle le rejette en vertu de la règle : Entia non sunt multiplicanda prœter neccssitatem 221. […] De même, quoique le non-moi ne puisse exister en rapport avec l’esprit, autrement que dans l’idée des deux (perception), ce n’est point une preuve qu’il ne peut exister en rapport avec d’autres êtres sous des conditions toutes différentes222. » Nous admettons donc, avec les idéalistes, que notre connaissance est subjective ; mais nous croyons à l’existence d’un monde externe tout à fait indépendant du sujet percevant. […] Ou sait que Stuart Mill a vivement critiqué l’omission de la psychologie dans la classification des sciences telle qu’elle est admise par l’école positive.
Oui, plus ne nous importe que Wagner, comme Beethoven, comme Goethe, comme Mozart, comme Weber, ait prêché la guerre contre nous, l’ennemi ; mais encore nous importe cette chose, non admise par Weber, ni par Mozart, ni par Goethe, ni par Beethoven, ni par les généraux allemands vainqueurs et respectueux de nos soldais, admise par Wagner, l’insulte au vaincu. […] Admettons que nous ne savons pas lire et que cela s’y trouve. […] Il admet, et accepte, toutes les révélations. […] La religion de Wagner admet, également, toutes les croyances et tous les cultes. […] Mais cet Art que Wagner admet et qu’il nous a donné, ce n’est point l’Art véritable, désintéressé de toute tendance à l’utilité.
Par malheur, il n’en est point absolument ainsi ; ce qu’on recueille dans de gros volumes n’est pas sauvé par là même, et ce qui reste dans des feuilles éparses n’est pas tellement perdu que cela ne pèse encore après vous pour surcharger au besoin votre démarche littéraire, et, plus tard, voire mémoire (si mémoire il y a), de mille réminiscences traînantes et confuses… Il convient donc de ne répondre littérairement que de ce qu’on a admis, et, sans avoir à désavouer le reste, de le rejeter au fond. […] Mais comme ils ne sont plus signés, pas même de simples initiales, nous n’avons dû admettre que ceux qu’il avait désignés d’avance ou auxquels il renvoie dans des œuvres postérieures.
Il était admis que l’apparition de « deux témoins fidèles », vêtus d’habits de pénitence, serait le préambule du grand drame qui allait se dérouler, à la stupéfaction de l’univers 568. […] Pour fonder la mission de celui-ci sur un témoignage admis de tous, on raconta que Jean, dès la première vue de Jésus, le proclama Messie ; qu’il se reconnut son inférieur, indigne de délier les cordons de ses souliers ; qu’il se refusa d’abord à le baptiser et soutint que c’était lui qui devait l’être par Jésus 575.
Les personnes qui veulent bien lire ce qu’il écrit savent depuis longtemps que, s’il admet quelquefois, en de certains cas, le vague et le demi-jour dans la pensée, il les admet plus rarement dans l’expression.
D’ailleurs je n’admets pas du tout avec M. […] Bossuet n’avait pas besoin d’être tout cela pour devenir et rester le plus grand orateur sacré et même un Père de l’Église, comme l’appelait La Bruyère : il avait plutôt besoin de n’être rien de cela et de n’admettre aucun doute, de ne tolérer aucune inquiétude d’opinion, aucune recherche de vérité nouvelle : il entrait en impatience dès qu’on remuait autour de lui, et tout son raisonnement, aussitôt, toute sa doctrine se levait en masse et en bon ordre comme une armée rangée en bataille. […] Les mondains spirituels et malins lui pardonnent peu cependant de s’être laissé duper par Louis XIV et Mme de Montespan, ou plutôt par la passion du cœur, et pour avoir vu les deux amants bien et dûment confessés, absous et admis à la réconciliation pendant un jubilé, de les avoir crus si solidement convertis qu’ils pussent ensuite se revoir à la Cour sans danger, devant témoins.
Renan avait reçu notamment une très vile impression des idées et des vues de Herder ; cette espèce de christianisme ou de fonds religieux supérieur, qui admet toutes les recherches, toutes les conséquences de la critique et de l’examen, et qui, avec cela, laisse subsister le respect, même l’enthousiasme ; qui le conserve et le sauve en le transférant en quelque sorte du dogme à l’histoire, à la production complexe et vivante, le rasséréna et le tranquillisa beaucoup ; il sentait que, s’il eût vécu en Allemagne, il eût pu trouver des stations propices à une étude indépendante et respectueuse, sans devoir rompre absolument avec des choses ou des noms vénérables, et à l’aide d’une sorte de confusion heureuse de la poésie avec la religion du passé. […] Or, c’est non seulement ce que l’État en France n’a jamais admis, c’est aussi ce que notre esprit public semble ne pas comporter. […] En général, le procédé de critique qu’il applique en toute branche d’étude, et qu’il a élevé jusqu’à l’art, est celui-ci : Il s’attache à tirer la formule, l’idée, l’image abrégée de chaque pays, de chaque race, de chaque groupe historique, de chaque individu marquant, pour l’admettre à son rang, à son point, dans cette représentation idéale que porte avec elle l’élite successive de l’humanité.
Les uns l’ont condamnée absolument ; d’autres l’ont admise, mais avec des modifications. […] Quant à ceux qui l’admettent, mais avec des modifications, ils ont soutenu encore des disputes très-vives. […] On voyoit, sous la figure de cette dernière déesse, des visages, qui, malgré toute la flatterie de l’art, n’auroient pas été admis aux moindres emplois à la cour d’Amathonte : des hommes même avoient ce ridicule.
— Oui ; vous n’admettez pas que la raison soit une faculté distincte ; vous attaquez les idées innées ; vous dites qu’une science parfaite n’est qu’une langue bien faite. […] Ces passages et beaucoup d’autres semblables, tirés de Condillac lui-même, le consolèrent un peu : « Car enfin, se disait-il, il est clair que mes philosophes admettent toutes ces sages et honnêtes doctrines, non par pudeur, complaisance ou bonté de cœur, mais par démonstration. […] Il ne veut point admettre une simple capacité passive parmi les facultés ou puissances efficaces, et ne reconnaît de facultés que celles qui correspondent aux différentes classes d’actions.
. — En troisième lieu, nous le distinguons dans beaucoup de cas, et pour cela il suffit que les caractères de l’objet réel ne coïncident pas tous et parfaitement avec les siens ; partant, nous sommes forcés d’admettre qu’il existe, lors même que la coïncidence parfaite de tous ses caractères et de tous les caractères de l’objet réel empêche l’expérience ultérieure de constater entre lui et l’objet réel aucune différence. — Quel est cet objet réel ? […] Comment admettre que des corps, c’est-à-dire des substances indépendantes de nous, permanentes et que nous concevons comme les causes de nos sensations, ne soient, au fond et en soi, que des possibilités et des nécessités de sensation ? […] C’est un fait admis que nous sommes capables de toutes les conceptions que la généralisation peut former en partant des lois observées de nos sensations. […] Mais, comme la loi qui prédit cet événement sous telles conditions est générale et, partant, permanente, l’une et l’autre apparaissent comme permanentes et se trouvent ainsi érigées en substances, ce qui les oppose aux événements passagers et les classe à part. — À présent, sous le nom de forces, les possibilités permanentes se ramènent sans difficulté à ce que nous nommons matière et corps ; nous ne répugnons pas à admettre que le monde dans lequel nous sommes plongés soit un système de forces ; du moins telle est la conception des plus profonds physiciens. […] Seulement nous sommes tenus de limiter cette analogie autant que l’exigent les autres indices ; c’est d’ailleurs ce que nous faisons pour nous figurer l’animal lui-même, lorsque, ayant admis en lui des sentiments et des idées comme les nôtres, nous diminuons cette analogie à mesure que l’expérience accrue nous prescrit des réductions.
Jusqu’à preuve authentique du contraire, nous aurons peine à admettre que les idées dilatent, si lentement que ce soit, un cerveau, comme le gaz un ballon. […] Peut-être faut-il admettre, avec M. […] Claus, les très grands genres d’Aristote ; au-dessous, il admet des grands genres (γένη μέγαλα). […] Il admettra, par exemple, qu’en Libye, « où il ne pleut point, les animaux se rencontrent dans le petit nombre d’endroits où il y a de l’eau. […] Aristote admet cependant que la nature n’a peut-être pas toujours fait pour le mieux.
Ce qu’on admet moins généralement, c’est la nécessité de restreindre le nombre des ouvrages exposés. […] J’admets, pour adopter la comparaison de M. […] la loi n’admet point ce cas de révision après la mort de l’un des condamnés. […] Il faut pousser bien loin l’amour de l’uniformité qui distingue notre race latine pour admettre une pareille raison. […] C’est une succursale de la cassette particulière, à laquelle le public sera admis à porter son offrande.
Il ne croit plus aux qualités occultes, il n’ira pas jusqu’à admettre la circulation du sang : Je ne crois point de qualités occultes en médecine, écrit-il à M. […] Il fait (et assez sincèrement, on le doit admettre) la part de la religion, et celle de la science. […] Pour apprécier certaines réformes admises et préconisées par Gui Patin, il convient de se reporter à l’état des choses et au mode de traitement usité à son époque. […] Belin, avec qui il était dans les meilleurs termes, il lui a parlé contre les qualités occultes admises par Fernel.
Benjamin Constant, quoi qu’il en dît, savait très bien où placer cet enthousiasme que, d’ailleurs, dès ce temps-là, il n’avait plus du tout et qu’il n’avait même jamais eu ; mais il possédait des lumières, de l’activité, des talents à produire, il avait des préférences libérales (je ne le conteste pas) ; il jugea que ce gouvernement du Directoire était bon à appuyer ; il s’y rallia publiquement ; il le défendit par des brochures, par des discours dans des cercles politiques, avant et après le 18 fructidor : preuve que Benjamin Constant, n’en déplaise à son commentateur, admettait très bien qu’il y a des moments et des cas où, à la rigueur, les principes absolus doivent fléchir devant la nécessité et le salut de l’État. […] Mais, sans demander la censure en 1797, il admettait et tolérait bien davantage, puisqu’il amnistiait et absolvait les mesures de fructidor contre ces mêmes journalistes, et que dans un discours au Cercle constitutionnel, quelques mois après, il s’écriait, en les désignant du geste et en se retournant vers eux, alors absents et pour la plupart proscrits ou déportés : « Pensaient-ils donc que notre aveuglement serait tel que nous ne démêlerions pas la cause de tant de maux ; que notre impatience se dirigerait contre le Gouvernement dont la marche entravée pouvait être quelquefois irrégulière, et se détournerait des hommes qui nécessitaient cette irrégularité ? […] Mon intention, en tout ceci, n’est pas d’opposer Benjamin Constant à lui-même ; j’admets qu’il a suivi en général, à travers ses ondulations, une ligne assez conséquente aux principes et aux sentiments qu’il apporta dès le premier jour dans la vie publique. […] De même Benjamin Constant, après cet engagement public et formel, contracté gratuitement et de gaieté de cœur pour plaire à une coquette, enfreint et violé par lui (très raisonnablement d’ailleurs) à un mois d’intervalle, n’en resta pas moins un homme éclairé, un publiciste éloquent, et, je l’admets tout à fait, un citoyen animé de l’amour du bien public, mais il avait porté un coup mortel à sa considération.
Il serait difficile de trouver une conception plus fausse et plus facilement admise que celle de la séparation des deux éléments qui contribuent à tout événement historique, — les chefs et la masseeh, — et de la prépondérance du second sur le premier. […] Tardeel, il faut admettre un principe d’invention, les découvertes, et un principe d’imitation, la statistique, qui se résout en fin de compte en une constatation de la mesure de la ressemblance entre les goûts et les besoins des inventeurs et ceux des imitateurs. De même encore, en psychologie générale, il faut admettre un principe d’individuation, qui crée à mesure les types humains et, entre autres, les types des artistes et des héros, — et un principe de répétition qui agrège et soulève l’humanité à ces protagonistes, principe qui se ramène, nous l’avons vu, à une constatation ressentie de ressemblance entre les exemplaires et les adhérents. […] Car s’il est vrai que les images, les sentiments, les sensations que ces œuvres suggèrent, sont faits pour surgir dans l’esprit d’hommes dont la vertu ou le crime importent à leurs semblables, s’il est vrai que ces images et ces sentiments influent sur la nature et la force de leur âme, il ne saurait être admis que, socialement, toute œuvre d’art paraisse innocente, soit pour la cité, soit plus profondément, pour le bien mémo de la race.
On voit dans quelle logomachie on tomberait, si l’on adoptait sans réserve l’échelle précédente ; mais rien ne nous force d’admettre une telle échelle, ni même le principe sur lequel elle repose. […] Si j’admets qu’il y a quelque vérité en dehors de moi, et que ma pensée est capable d’y atteindre, y a-t-il là rien qui soit incompatible en quoi que ce soit avec le droit de penser librement ? […] N’est-ce pas admettre le droit de l’erreur et reconnaître que la vérité n’est souvent accessible aux hommes qu’en se mêlant à certaines illusions ? […] Que l’on nous explique cette liberté de fait conquise par ces sortes de sciences, si l’on admet que cette liberté de penser est en soi une chose mauvaise.
Si la vie, en développant ces jeunes êtres atrophiés, ne les détourne pas de l’excitation solitaire de leurs cerveaux, si elle ne parvient pas à submerger leurs délicatesses de mauvais aloi sous un torrent de brutalités, s’ils n’arrivent pas enfin à comprendre que pour créer il faut étreindre, et soulever la matière vivante, vibrer en elle et la faire vibrer en soi, et qu’en cette double action résident la vie et la beauté, s’ils continuent à n’être dans le monde, qui les méprise, que des spécialistes et des vendeurs de pommade, à quel titre pourrions-nous les admettre, si, malgré la plus exquise délicatesse de l’amoureux le plus exquis de lui-même, nous continuons à préférer franchement aux plaisirs solitaires, les joies solidaires ? […] Encore faut-il, cette distinction admise, ne pas confondre la pensée du garçon encore vierge avec celle de l’adolescent qui a pénétré le mystère du sexe. […] Il me faut encore faire une distinction du même ordre afin de pouvoir admettre cette autre objection de M. […] J’admets cette chasteté bienfaisante, pour une période subordonnée à la vigueur mentale de l’individu qui peut la pratiquer impunément, et tous les travailleurs intellectuels connaissent, par expérience personnelle, ces besoins momentanés de solitude et de claustration.
Pourrais-je ne pas admettre cette vérité ? […] Je n’admets nullement cette fameuse définition du chant : une déclamation notée. […] Mais en philosophie il ne suffit pas d’admettre un fait, il faut avoir le droit de l’admettre. […] Cette loi n’admet ni délai, ni accommodement, ni excuse. […] Le Dieu qu’elle peut admettre s’aime lui-même et n’aime que lui.
Ils sont trop connus, trop généralement admis pour supporter une construction philosophique. […] Ce point de vue n’est pas facile à admettre pour plusieurs raisons, purement physiques. […] Ceci admis, et il est essentiel de l’admettre, à quoi répond l’art, à quoi la science ? […] Admettons la cloison étanche. […] Meyer étaient admises : oriant, cliant, patiant.
Deux choses seront admises sans contestation : la première, c’est que la parole intérieure, à mesure qu’elle se produit en nous, est écoutée ; en d’autres termes, que nous y faisons attention ; — la seconde, c’est que l’attention porte sur la parole intérieure comme image sonore, nullement sur l’image tactile. […] Quelque séduisante que soit cette hypothèse, elle doit être abandonnée aussitôt qu’émise, car la création d’une écriture, même idéographique, suppose un développement intellectuel bien supérieur à celui que l’on est en droit d’admettre pour les périodes primitives de la parole. […] Nous avons admis plus haut que l’habitude jointe à l’attention peut créer parmi les hommes, des différences individuelles en ce qui concerne l’image tactile ; or les habitudes ne sont pas seulement individuelles, elles peuvent être aussi collectives ; il nous semble que les peuples diffèrent à cet égard comme les individus, et que le tactum buccal est mieux conservé chez certains d’entre eux que chez les autres. […] 3° Elle admet une plus riche variété de sons spécifiques [§ 5]. […] […]Comprendrait-on le pouvoir expressif ou plutôt suggestif de la musique, si l’on n’admettait pas que nous répétons intérieurement les sons entendus, de manière à nous replacer dans l’état psychologique d’où ils sont sortis, état original, qu’on ne saurait exprimer, mais que les mouvements adoptés par l’ensemble de notre corps nous suggèrent ?
J’admets les formes les plus bizarres, les plus maniérées, les plus tourmentées, quand le fond en vaut la peine. […] On n’admet pas que la vie habituelle puisse fournir un drame complet. […] D’abord, il faudrait admettre que la chose fût encore possible. […] Chacun semble à peu près l’admettre. […] Admettre que l’art doit rester libre et personnel, c’est-à-dire primesautier, c’est admettre aussi que l’artiste, comme je l’établissais en commençant, n’a à rechercher ses ressources et ses règles qu’en lui-même, et à procéder, en restant toujours de son époque, comme si rien n’avait été fait avant lui.
Nous faisions beaucoup de vers latins ; mais on n’admettait pas que, depuis le poème de la Religion de Racine le fils, il y eût aucune poésie française. […] Ils n’admettent que leur Paris ; je les trouve bornés au fond… Non, on ne peut plus comprendre combien ces vieux nobles de campagne étaient respectés, quoiqu’ils fussent pauvres. » Elle s’arrêta quelque temps, puis reprit III « Te souviens-tu de la petite commune de Trédarzec, dont on voyait le clocher de la tourelle de notre maison ? […] Qu’il admît seulement son existence, elle eût été heureuse. […] « Comme un violent cours d’eau qui, rencontrant un obstacle infranchissable, renonce à son cours direct et se détourne, la pauvre fille, n’ayant aucun moyen de dire son amour à celui qu’elle aimait, se rabattait sur des riens : obtenir un instant son attention, ne pas être pour lui la première venue, être admise, à lui rendre de petits services, pouvoir s’imaginer qu’elle lui était utile, cela lui suffisait. « Mon Dieu, qui sait ? […] Il ne la reprenait pas, ne se cachait pas d’elle ; il ne sortait pas du parti inébranlable qu’il avait pris de n’admettre son existence que comme une abstraction.
M. de Carbonnières (c’était le nom aussi sous lequel on le connaissait alors) fut encore admis peu après, par la même protection, dans le corps des gendarmes dits du prince de Soubise. […] Il est difficile pourtant d’admettre que Ramond n’ait pas été lui-même fasciné dans les premiers temps, qu’il n’ait pas payé tribut par une courte fièvre de jeunesse à la maladie épidémique du siècle et du lieu. […] On commence à voir de quelle manière ce paysage se diversifie d’avec les précédents, et comment ces continuelles courses de montagnes ne se ressemblent point toutefois et admettent les accidents, les variétés les plus sensibles.
Jean, qui était connu dans la maison, fut admis sans difficulté ; mais Pierre fut arrêté à l’entrée, et Jean fut obligé de prier la portière de le laisser passer. […] Nul n’est admis à dire qu’il a horreur du sang, quand il le fait verser par ses valets. […] En matière criminelle, on n’admettait que des témoins oculaires.
La pensée, qui n’admet plus aucun dogme, aucune révélation, soumet le monde à son investigation passionnée. […] Elle est par sa nature, essentiellement sur-vitale, si j’ose m’exprimer ainsi, parce qu’elle admet, à l’inverse du christianisme, que la vie ne peut pas ne pas être un bienfait. […] Comment pourrait-on admettre que l’art qui prend son inspiration en-deçà des siècles ne soit pas nécessairement artificiel ?
Admettons que, pour la comprendre, une certaine capacité cérébrale minima soit indispensable : on imagine mal qu’une société faite d’hommes à qui leur cerveau ne permet pas de distinguer le tien du mien ou de compter jusqu’à dix s’élève à l’égalitarisme. […] Dès lors, n’est-il pas vraisemblable que le désir affirmer cette croyance soit pour quelque chose dans la facilité avec laquelle nous admettons, d’une manière générale, la maîtrise des systèmes sur les faits ? […] Admettons que la méditation consciente transfigure et « dénature » les matériaux qui lui sont apportés par le milieu : il n’en est pas moins vrai que, en poussant aussi loin que possible l’explication sociologique de ses inventions mêmes et en montrant, par exemple, comment certaines conditions sociales devaient, suivant les lois générales de la formation des idées, amener les esprits des philosophes jusqu’à l’égalitarisme, nous gagnons sur l’inconnu ; et que par suite, toutes circonstances égales, notre hypothèse, offrant un essai d’explication là où l’autre n’offre que l’adoration d’un mystère, devait être préférée.
Mais admettons même que l’animal ait l’idée de la mort. […] Or la poussée vitale est là, qui n’accepte pas d’attendre, qui n’admet pas l’obstacle. […] Les plus nombreux sont ceux qui témoignent, selon l’auteur, d’une obstination du primitif à ne rien admettre de fortuit. […] Celle-ci est essentiellement égoïste, celle-là admet et souvent même exige le désintéressement. […] Elle existe en principe, mais elle admet cri fait des variations sur le thème une fois posé.
Cependant deux grands naturalistes, Milne Edwards et Agassiz, ont fortement appuyé sur ce principe que les caractères embryologiques sont les plus importants de tous pour la classification des animaux ; et l’on a généralement admis cette opinion comme vraie. […] Et comme on admet que les affinités de la Viscache avec les Marsupiaux ne sont pas seulement le résultat d’adaptations récentes, mais sont au contraire bien réelles, d’après ma théorie, elles seraient dues à un héritage commun. […] Car il suffit d’admettre qu’un grand nombre de formes anciennes qui rattachaient les premiers progéniteurs de la classe des oiseaux aux premiers progéniteurs des autres vertébrés, se soient complétement éteintes. […] Une fois ces deux principes admis comme suffisamment prouvés, ils suffiront, je crois, à expliquer tous les faits principaux de l’embryologie dont j’ai parlé précédemment. […] Lorsque les doigts d’un homme ont été amputés, des ongles imparfaits se forment quelquefois sur les moignons : il me serait aussi aisé de croire que ces vestiges d’ongles apparaissent, non pas en vertu de lois de croissance inconnues, mais afin d’excréter la matière cornée qui les forme, que d’admettre que les ongles rudimentaires des nageoires du Lamantin ont été formés pour une telle fin.
En le définissant par sa relation à l’élan vital, nous avons implicitement admis que le vrai mysticisme était rare. […] Admettons pourtant que l’action directe du christianisme, en tant que dogme, ait été à peu près nulle dans l’Inde. […] Je l’admets un instant, encore qu’une affirmation de ce genre, et les raisonnements qu’on y joint, me paraissent impliquer une illusion fondamentale. […] On hésiterait à l’admettre, s’il ne s’agissait que des médiocres habitants du coin d’univers qui s’appelle la Terre. […] Comment admettre que ceci n’ait d’autre raison d’être que cela ?
Nous avons vu que Spencer admet une association spontanée de chaque état de conscience avec la classe, l’ordre, le genre, la variété des états de conscience antérieurs et semblables ; cette association est un acte de pensée qui ne peut jamais manquer dans un être doué de cerveau ; elle enveloppe la reconnaissance même de chaque état de conscience : c’est grâce à elle que les changements intérieurs, au lieu d’être une pure succession de changements sans lien, deviennent une combinaison de changements organisés et conscients de leurs rapports. […] Nous pouvons donc admettre que l’aperception proprement dite est la réaction intellectuelle du sujet par rapport aux objets, réaction qui, en établissant un lien des objets au sujet et à ses divers modes de sentir ou d’agir, relie par cela même les objets entre eux.
La Critique pourrait donc admettre, même en l’admirant, l’idée commune, comme dans César Birotteau, par exemple, où elle est relevée par des détails tels qu’au lieu d’être une infériorité, elle devient un mérite de plus. D’un autre côté, la Critique pourrait admettre encore que si Alexandre Dumas fils n’avait pas cette puissance de détails qu’ont les grands inventeurs dans l’ordre du roman comme Balzac, il était bien capable — lui qui passe pour l’esprit le plus dramatique de notre temps quand il s’agit de mettre en œuvre une idée quelconque, lui qui fait de l’arrangement d’un drame une espèce de création, lui, enfin, l’orthopédiste dramatique qui redresse les enfants mal venus, mal bâtis, bossus ou bancroches, et qui dernièrement a failli faire de ce talent-là une industrie, — de tailler quelque chose de grand, de profond et de nouveau, dans l’idée commune de son roman que lui ont soufflée ses habitudes de théâtre, et de se rattraper de son impuissance radicale de romancier sur son habileté de grand poète dramatique, puisqu’on dit qu’il l’est ?
À vrai dire, c’est là ce qui est le plus communément admis, par les philosophes aussi bien que par les savants. […] La conception de l’aphasie qui était alors classique, universellement admise et tenue pour intangible, est fort battue en brèche depuis quelques années, surtout pour des raisons d’ordre anatomique, mais en partie aussi pour des raisons psychologiques du même genre que celles que nous exposions dès cette époque 2.
Une telle religion ne pouvait pas admettre la polygamie. […] Par là le nouveau venu était admis au foyer et associé à la religion. […] Aucun étranger ne pouvait être admis aux cérémonies religieuses. […] Elle n’admettait pas que l’autorité sacerdotale fût partagée. […] On n’admettait pas qu’il dût y avoir rien de commun entre deux cités.
Haller allait plus loin, et admettait en outre une humeur exhalée par la terminaison des vaisseaux artériels de la muqueuse buccale. […] La présence de l’albumine dans la salive mixte a été tour à tour admise et contestée par les auteurs. […] Lehmann, qui admet cette dernière opinion, croit que les carbonates prennent naissance après l’excrétion de la salive, et par son contact avec l’air atmosphérique. […] Ici la physiologie a prouvé que l’anatomie était insuffisante, et qu’elle avait fait admettre des erreurs physiologiques. […] Les conduits biliaires étaient considérablement dilatés ; le conduit cholédoque était assez large pour admettre facilement le petit doigt.
Admettons pourtant que le transformisme soit convaincu d’erreur. […] Mieux se dégage la géométrie qu’il contient, moins il peut admettre que quelque chose se crée, ne fût-ce que de la forme. […] Admettons pourtant cette conception du processus évolutif pour les animaux : comment l’étendra-t-on au monde des plantes ? […] Ceci posé, admettons que le soma puisse influencer le germen, comme on le croit quand on tient les caractères acquis pour transmissibles. […] Quoi qu’il en soit, les néo-darwiniens sont en voie d’admettre que les périodes de mutation sont déterminées.
De plus, nous admettons encore qu’il y a un rapport nécessaire entre les actes et leur cause ; mais quelle est cette cause ? […] Toutes les théories sont admises, et la théorie qui l’emporte est celle qui explique le plus de choses. […] D’ailleurs, admettons un instant qu’il soit le peuple, examinons comment il se comporte, tâchons de savoir où il va. […] Ce caractère conquérant de la science, il l’admettait jusque dans le domaine des sciences de l’humanité. […] Admettons qu’il n’y ait personnes de coupable, ni le mari, ni la femme, ni le père.
Relativement à ces contradictions si fréquentes en médecine et en physiologie, il y a un premier principe dont il ne faut jamais se départir, c’est qu’on ne saurait admettre que, dans des conditions identiques, des phénomènes puissent se passer différemment ; ce serait absurde, cela équivaudrait à admettre des effets sans cause. […] Mais peu à peu, la formation du sucre dans l’intestin par la digestion normale des féculents était non seulement établie et généralement admise, mais M. […] Cette expérience suffirait à elle seule pour faire admettre, comme conclusion naturelle et nécessaire des faits, que le sucre se produit dans le foie. […] Il lui répugne, dit-il, d’admettre que l’économie animale se donne la peine de fabriquer une substance pour la détruire aussitôt. […] On admet que le sucre se détruit à mesure qu’il se forme ; par conséquent, on admet qu’une digestion fournit au moins 5 grammes de sucre qui se condensent dans le foie, et l’on ne cherche pas s’il y a 5 grammes de sucre dans un repas que l’on fait faire à l’animal.
Évidemment, les tenants du mystère et de la beauté intangible ne pouvaient admettre sans protester cette catastrophe. […] André Chénier est cependant admis à correction, mais ses autels sont beaucoup moins honorés que ceux de Malherbe. […] Au point de vue de la métaphysique, on pourrait l’admettre — en métaphysique, on admet tout. […] Elle n’admet ni atténuations ni compromis. […] Bien plus, ils n’admettent même pas que l’affamé vole sans violence.
Il doit se créer sa propre esthétique, — et nous devrons admettre autant d’esthétiques qu’il y a d’esprits originaux et les juger d’après ce qu’elles sont et non d’après ce qu’elles ne sont pas. Admettons donc que le symbolisme, c’est, même excessive, même intempestive, même prétentieuse, l’expression de l’individualisme dans l’art. […] Les hommes seront-ils un jour des hommes, des êtres libres et si fiers qu’ils n’admettront d’autres jugements que les jugements de Dieu ? […] La puissance des mots, il l’admettait jusqu’à la superstition. […] Admise l’idée du nu, le costume peut se modifier, tendre vers la robe flottante et lâche, les mœurs s’adoucir et un peu de rayonnement charnel éclairer la tristesse de nos hypocrisies.
Il admet pourtant, non pas dans la Législation primitive mais dans les Recherches philosophiques, que l’idée qui attend et demande son expression « ne se montre pas encore pleinement à l’esprit », mais se montre déjà ; il admet que parfois « on se souvient vaguement, faute d’un mot » que les esprits distraits et lents conçoivent souvent leurs pensées imparfaitement durant un certain temps avant d’en trouver l’expression, qu’un écolier intelligent « devine à peu près le sens d’un passage » avant de le bien comprendre. […] Bonald admet donc dans les Recherches philosophiques ce qu’il rejetait dans son premier ouvrage, et pourtant il répète encore, il maintient toujours les formules que démentent ses nouvelles observations ; et, quelques années plus tard, répondant aux critiques de Damiron6, il lui demande ironiquement s’il y a « des moitiés de pensées », oubliant qu’il avait lui-même admis, en plus d’un endroit des Recherches philosophiques, l’existence de pensées imparfaites, incomplètes, et pourtant sensibles à la conscience. […] Elle explique sans doute pourquoi dans le Sophiste, aux alentours du passage cité, Platon admet, non par métaphore, semble-t-il, mais à parler rigoureusement, que le discours peut être vrai ou faux, comme le jugement. […] Bossuet les connaît bien : l’extase est pour lui une série de petites perceptions, trop fines pour être nommées, trop spirituelles pour admettre une expression sensible. […] Jean-Philibert Damiron (1794-1862), philosophe français, admis à l’Ecole Normale en 1813, et ayant suivi les cours de Cousin, il garde une grande estime pour le futur chef de l’école éclectique.
Nous admettons de plus que, du côté physique, si une idée est seule et non contredite, elle se réalisera en mouvements conformes ; la présence d’une idée, toute contradiction mise à part, entraîne donc et l’affirmation de la présence de l’objet et les mouvements corrélatifs. […] Bergson admet un sentiment de la durée pure, ce que Guyau appelait le « cours du temps », par opposition à son « lit ». […] Spencer a tort de croire que Kant ait entendu par la forme pure du temps la notion abstraite du temps telle « que l’adulte la possède » ; Kant, d’ailleurs, n’admet pas que le temps soit « un concept discursif ou, comme on dit, général » ; mais, d’autre part, M. […] Admettons que vous ayez l’intuition du temps homogène, continu, infini : voulez-vous me dire comment vous saurez que le plaisir de manger est venu après la souffrance de la faim et non auparavant ? […] Qu’on se figure en Dieu une intuition de l’éternel, c’est là une représentation tout hypothétique et, à vrai dire, dont nous n’avons aucune représentation ; mais enfin, étant admis un Être éternel, on peut lui supposer l’intuition de l’éternité.
Quelques rares privilégiés de la société, de l’aristocratie, de la politique et de la littérature, y étaient admis. […] Toutes les grandes dames de Paris, tous les poètes, tous les orateurs, tous les étrangers, tous les journalistes sollicitaient ; leurs noms passaient au crible d’un scrutin épuratoire des amis de la maison avant d’être admis. […] J’avais fréquenté plusieurs de ces salons avant de quitter la France pour les cours de l’Europe : il y avait le salon aristocratique de la duchesse de La Trémouille, salon un peu âpre et revêche d’ancienne cour de Versailles, où l’esprit et le talent n’étaient admis qu’à condition de fronder la Charte de Louis XVIII et d’invectiver ses ministres. […] J’avais été très fier d’y être admis malgré mon obscurité, et j’y portais un véritable culte à ces prestiges de la beauté, du nom, de la fortune, de la vertu, dans une même famille. […] Ne fût-ce que par reconnaissance d’être admis à ces lectures, par culte des soleils couchants, ou par commisération pour ce grand indigent et pour cette tendre quêteuse, tout le monde fut fidèle au mot d’ordre, et l’écho du lendemain ne laissa rien percer des chuchotements de la veille.
Détrôné pour cause de papauté, est un axiome de droit public qui n’a pas encore été admis sur la terre. Qu’on n’admette pas le mélange sacrilège du spirituel et du temporel, c’est libre à chacun ; mais qu’on ne reconnaisse pas le gouvernement temporel de la papauté parce que le pape exerce comme pape des fonctions ecclésiastiques à Rome ou ailleurs, c’est confondre les deux puissances et passer soi-même d’un ordre d’idées dans un autre. […] « Tous consentirent d’autant plus volontiers qu’ils admettaient unanimement le mérite personnel de Chiaramonti, et qu’ils reconnaissaient que les difficultés soulevées contre lui étaient seulement extrinsèques. […] Ils n’eurent donc pas besoin, pour admettre Chiaramonti, de l’argument dont leur chef se servit néanmoins, afin d’appuyer son discours auprès de chacun d’eux. […] On ouvrit alors le conclave, et le peuple se vit admis au baisement des pieds.
J’hésite à le dire, car, pour prévenir les objections que l’on peut ici m’adresser, il faudrait de longues explications et de nombreuses restrictions : la science profane, dans un système quelconque de révélation franchement admis, ne peut être qu’une dispute 29. […] Sans doute, ce n’est pas ainsi que l’envisagent les supernaturalistes modernes, lesquels, forcés par la science, qu’ils n’osent froisser assez hardiment, d’admettre un ordre stable de la nature, supposent seulement que l’action libre de Dieu peut parfois le changer et conçoivent ainsi le miracle comme une dérogation à des lois établies. […] Et ne dites pas que c’est là le scepticisme ; c’est la critique, c’est-à-dire la discussion ultérieure et transcendante de ce qui avait d’abord été admis sans un examen suffisant, pour en tirer une vérité plus pure et plus avancée. […] Cela est si vrai que les esprits à demi critiques ne se résignent à admettre le miracle que dans l’Antiquité. […] Il semble qu’on admette tacitement que l’humanité primitive vivait sous d’autres lois que les nôtres.
Mais, même si l’on n’accepte pas la première thèse, il semble bien qu’il faille en retenir quelque chose, et admettre que l’attention ne va pas sans une certaine projection excentrique d’images qui descendent vers la perception. […] Force nous est donc bien d’admettre que le tout s’offre comme un schéma, et que l’invention consiste précisément à convertir le schéma en image. […] Parler ainsi serait admettre qu’on peut percevoir exactement le mouvement de la valse quand on ne sait pas valser. […] S’il est présent partout où nous éprouvons le sentiment de l’effort intellectuel, s’il est absent lorsque ce sentiment fait défaut, peut-on admettre qu’il ne soit pour rien dans le sentiment lui-même ? […] Il suffirait d’admettre que le jeu de sensations répond au jeu de représentations et lui fait écho, pour ainsi dire, dans un autre ton.
» sitôt qu’on lui dira : « C’est ta faute. » Rien dans ma position ne m’est plus facile à admettre que cela. […] J’admets des contradictoires, au moins provisoirement. […] … J’ai été tellement effrayé de cette perspective, que je fus quelque temps décidé à m’agréger à la classe des sciences ; mais ce serait alors plus que jamais qu’il faudrait me spécialiser ; car enfin, dans leur littérature, ils admettent bien encore une sorte d’universalité. […] Il a eu cependant de grandes difficultés pour s’y faire admettre et ne s’en est tiré qu’en produisant un certificat d’études domestiques, malgré la répugnance que lui inspirait ce moyen obreptice.