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677. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Et encore, dans une des lettres suivantes : La duchesse de Choiseul n’est pas très jolie, mais elle a de beaux yeux ; c’est un petit modèle en cire, à qui l’on n’a point permis pendant quelque temps de parler, l’en jugeant incapable, et qui a de la timidité et de la modestie : la Cour ne l’a pas guérie de cette modestie ; la timidité est rachetée par le son de voix le plus touchant, et se fait oublier dans le tour élégant et l’exquise propriété de l’expression. […] Ignorez-vous que la charité, suivant saint Paul, couvre la multitude des péchés ?

678. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Ce jour-là les études ont tort, ce jour-là et les jours suivants ; et pendant bien du temps encore, l’image de cette aimable et gentille petite créature viendra passer et repasser devant les yeux paternels, et se placer entre lui et son Athénée, qu’il a rouvert. — Que sera-ce quand il perdra par la suite une autre de ses filles, sa bien-aimée Philippe, âgée de dix-huit ans et demi ? […] Le célèbre Duplessis eut le désavantage sur tous les points, et il refusa, le lendemain et les jours suivants, de recommencer l’épreuve, soit qu’il fût réellement trop malade pour cela, soit qu’il saignât du nez, comme on dit.

679. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Ils furent grands, mais ils coûtèrent cher aux alliés, tant pour les dépenses exorbitantes que leur occasionnèrent les sièges, que par la perte, suivant leur propre aveu, de plus de quarante mille hommes, tués ou enlevés par les maladies qui désolèrent leur armée. » L’audacieux Villars savait donc se comporter, quand il le fallait, comme un général très-prudent. […] C’est avant de partir pour l’armée, à la campagne suivante de 1712, que Villars recueillit de la bouche de Louis XIV les magnanimes paroles qui ont été souvent répétées.

680. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Elle est dans la forme et presque dans le rythme des odes d’Horace lorsqu’il célèbre Auguste au retour de quelque victoire : elle a pour sujet et pour thème le retour de Cromwell de son expédition d’Irlande en cette mémorable année 1649, qui fut le 93 de l’Angleterre ; elle prédit les exploits de l’année suivante et nous montre Cromwell empressé d’accomplir son destin, bien qu’encore soumis aux lois. […] C’est plutôt le grand poète de l’âge suivant, c’est le classique dans toute sa correction et sa concise élégance, c’est Pope qui n’a pas à se louer de M. 

681. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Louis XIV, satisfait des services de Catinat comme major général dans l’armée de Flandre pendant la campagne de 1676, l’employa encore en cette qualité l’année suivante, sous ses ordres, aux sièges de Valenciennes, Cambrai et Saint-Omer ; il l’avait fait brigadier dès le mois de février 1677. […] Croyant à la prochaine livraison de Casal, Louvois fit partir secrètement Catinat sur la fin de décembre 1678 ou dès les premiers jours de janvier suivant.

682. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Revenu sur la scène, maréchal de France en 1734, il servit bien en Italie l’année suivante et réussit contre les Impériaux, de concert avec des alliés ombrageux et par une combinaison de qualités tant militaires que diplomatiques : ce mélange de talents était son fort. […] Elles sont cependant les mieux établies, parce qu’elles ont toujours cheminé par la souplesse, l’assiduité, la complaisance, l’utilité aux plaisirs et la dévotion, suivant l’âge de nos rois.

683. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

On assiste pourtant à d’honorables tentatives et au travail secret qui décida le voyage de Metz, l’année suivante, et qui prépara, comme suprême triomphe, la présence de Louis XV à Fontenoy. […] Les exemples que j’en pourrais donner seraient trop fastidieux. — Au printemps suivant (mai 1744), à grand renfort de Mme de Châteauroux, du duc de Richelieu et du maréchal de Noailles, ligués et conspirant pour sa gloire, Louis XV se décide enfin ; il visite ses frontières du nord et se met à la tête de l’armée.

684. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Nous devons rappeler toutefois qu’à cette date de 1779 l’abbé de Vermond ne fit qu’une fausse sortie : il y eut un prompt retour ; la reine répara envers lui le passé et se fit un honneur de le mieux traiter au vu de tous95 ; on le retrouve à la Cour de Versailles sur un pied de crédit et même de faveur dans les années suivantes, très-mêlé sous main, dit-on, à l’action et aux influences des Brienne et des Breteuil. […] Il le faut tel qu’il l’a pour rester sans ambition à une grande et tumultueuse Cour ; vos bontés seules l’attachent. » — Et le 31 août suivant, en post-scriptum : « Ce que vous avez fait pour l’abbé de Vermond me fait un plaisir infini et vous fait honneur. » A quoi Marie-Antoinette répond le 19 septembre : « L’abbé est bien sensible à la bonté de ma chère maman.

685. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ainsi, à l’occasion du séjour de M. de Talleyrand à Varsovie en 1807, parlant de M. de Gagern, ministre du duc de Nassau, que des intérêts de plus d’une sorte avaient retenu à Varsovie quelque temps de plus que les autres diplomates allemands, le comte de Senfft en fait le portrait suivant : « Il avait été l’un des signataires de l’acte de la Confédération rhénane, et se trouvait mêlé à toutes les intrigues d’alors. […] C’est alors, ou dans les journées suivantes, que le fameux Maubreuil, lui aussi, se présenta.

686. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

« L’âge même de Galba était un texte de dérision et d’impopularité pour ceux qui étaient accoutumés à la jeunesse de Néron, et qui, suivant le préjugé du vulgaire, ne jugeaient de leur maître qu’à la beauté et à la grâce du corps. […] Sa tête, mutilée et attachée à une pique par les vivandiers et les valets d’armée devant le tombeau de Patrobius, affranchi de Néron, puni par Galba, fut recueillie le jour suivant et réunie aux cendres de son corps déjà brûlé. » Quelle tragédie !

687. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Si nous nous sommes bien fait entendre, on doit distinguer nettement le trope qui, suivant nous, est devenu l’élément d’un style commun aujourd’hui, style qui ne développe jamais l’idée morale en termes abstraits, mais prend toujours un emblème de cette idée, et pour elle donne un symbole, en un mot procède par allégorie, dans le sens restreint que nous avons donné à ce mot. […] Si cet article n’était pas déjà trop étendu, nous essaierions d’exposer quelques conséquences qui, suivant nous, se déduisent assez naturellement des idées que nous venons d’émettre.

688. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Le mensonge de groupe se distingue du mensonge individuel par les caractères suivants : 1º par sa généralité ; il est commun à tous les membres du groupe ; sensiblement le même pour tous, alors que le mensonge individuel varie avec les intérêts différents des individus ; — 2º par son caractère de contrainte. […] Suivant M. 

689. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Cette belle scène en amène une autre, à l’acte suivant. […] Il y a soirée, à l’acte suivant, chez madame Pfeiffer, et nous retombons dans les tripotages de la sacristie et de la parlote.

690. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Il s’appliqua, suivant la nature de son esprit observateur, à tout deviner, à tout démêler dans cet événement extraordinaire, et il en fit, à son retour à Paris, des récits qui charmèrent la société. […] Voltaire fit plus, il inséra l’épître tout entière au mot Dispute de son Dictionnaire philosophique, en y mettant cette apostille : « Lisez les vers suivants sur les Disputes ; voilà comme on en faisait dans le bon temps. » Et en effet, cette épître, qui a été reproduite dans toutes les Leçons de littérature et que nous savions par cœur dans notre enfance, ressemble par le ton aux meilleures de Boileau, auxquelles elle est supérieure par la pensée.

691. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

En 1818, Mme Gay publia le premier volume d’un roman intitulé : Les Malheurs d’un amant heureux, et dont elle donna les deux volumes suivants en 1823. […] Les volumes suivants, dans lesquels le maître du valet de chambre narrateur est devenu aide de camp du général en chef de l’armée d’Italie, nous rendent, à travers un romanesque surabondant, quelques échos sentis de cette époque d’enthousiasme et d’ivresse, « où l’on ne voulait pour prix de ses dangers que du plaisir et de la gloire ».

692. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Courier se défendait fort de l’être : Si j’entends bien ce mot, qui, je vous l’avoue, m’est nouveau, vous dites un helléniste comme on dit un dentiste, un droguiste, un ébéniste ; et, suivant cette analogie, un helléniste serait un homme qui étale du grec, qui en vit, qui en vend au public, aux libraires, au gouvernement. […] Les mécontents et les déclassés d’un régime, quand ils sont aussi riches de fond que Courier, et aussi armés de talent, se trouvent tout préparés du premier jour pour le régime suivant… 39.

693. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Ces rigueurs des âges suivants, ainsi adoucies et tempérées comme elles le sont par les mœurs générales, eussent été les bienfaits des siècles passés : il y a des points gagnés au civil qui ne se perdent plus. […] Génin a publié un volume de Lettres de Marguerite en 1841, et l’année suivante un nouveau volume de Lettres d’elle, adressées particulièrement à François Ier.

694. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

La génération suivante fut submergée de musique, et plus tentée de polyphonie et de détours multiples. […] Mais s’ils avaient cherché à analyser le vers classique, avant de se précipiter sur n’importe quel moyen de le varier, ils eussent vu que dans le distique : Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel, Je viens selon l’usage antique et solennel le premier vers se compose de deux vers de six pieds dont le premier est un vers blanc Oui, je viens dans son temple et dont l’autre adorer l’Éternel serait également blanc, si, par habitude, on n’était sûr de trouver la rime au vers suivant, c’est-à-dire au quatrième des vers de six pieds groupés en un distique.

695. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ce type, cette vérité existait, suivant lui, dans l’entendement de Dieu, et les (…), les formes, ce que notre philosophe appelle la chose individuelle, étaient autant d’émanations de ces premiers types, de ces vérités existantes dans l’entendement de Dieu. […] Je le pense, du moins en suivant la route qu’ils tiennent ; en n’étudiant que la nature, en ne la recherchant, en ne la trouvant belle que d’après des copies antiques, quelque sublimes qu’elles soient et quelque fidelle que puisse être l’image qu’ils en ont.

696. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Il ne seroit pas moins témeraire de décider la question sur ce que nos tableaux ne font point ces effets prodigieux que les tableaux des anciens peintres ont fait quelquefois : suivant les apparences, les récits des écrivains qui nous racontent ces effets sont exagerez, et nous ne sçavons pas même ce qu’il en faudroit rabattre pour les réduire à l’exacte verité. […] Cette figure représente l’esclave, qui suivant le récit de Tite-Live, entendit par hazard le projet que faisoient les fils de Brutus pour rétablir dans Rome les tarquins, et qui sauva la république naissante en révelant leur conjuration au consul.

697. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Il en font des analyses, suivant la méthode des geometres, méthode si propre à découvrir les fautes échappées aux censeurs précedens. […] Voilà, suivant mon opinion, la solution du problême proposé si souvent.

698. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

. — Les Critiques et Portraits littéraires relèvent donc essentiellement désormais du domaine de la bibliophilie, et la note suivante de M. 

699. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Cet article et les suivants, extraits de la Revue des Deux Mondes, à la date des 1er novembre 1838 et 15 février 1839, sont la continuation des bulletins littéraires, déjà reproduits en partie à la fin du tome II des Portraits contemporains (Pensées et Fragments, pages 524 et 530).

700. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

De même qu’un article sur la mort de Béranger, recueilli depuis dans le tome X des Causeries du Lundi l’article suivant parut en premier-Paris et sans signature dans le Moniteur universel.

701. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Le siècle de Louis XIV, le plus remarquable de tous en littérature, est très inférieur, sous le rapport de la philosophie, au siècle suivant.

702. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

D’avance et à son insu, chaque génération porte en elle-même son avenir et son histoire ; à celle-ci, bien avant l’issue, on eût pu annoncer ses destinées, et, si les détails tombaient sous nos prévisions aussi bien que l’ensemble, on pourrait croire à la fiction suivante que Laharpe converti inventa à la fin du Directoire, en arrangeant ses souvenirs.

703. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Et il y eut, au siècle suivant, les snobs de la philosophie, ceux de l’anglomanie, ceux de la sensibilité et de l’amour de la nature, les snobs de Rousseau et de Bernardin de Saint-Pierre.

704. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

Métaphores d’une originalité profonde, images se suivant, se culbutant, pour après s’éteindre sur des phrases en lesquelles ont passé des torrents d’harmonie.

705. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

De plus, un vrai souci du rythme et de la rime éclatait partout dans le compact volume qui avait mis immédiatement hors de page l’auteur et ses livres suivants.

706. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Dès l’année suivante, il rassembla une nouvelle troupe qui s’appela les Comici Fedeli, les Comédiens Fidèles.

707. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Ces derniers étant les plus nombreux communiquent aux deux autres leurs vulgaires propriétés, suivant une loi dynamique vraie pour toute association.

708. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Mais sa muse, en François, parlant Grec & Latin, Vit dans l’âge suivant, par un retour grotesque, Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.

709. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 27, que les sujets ne sont pas épuisez pour les poëtes, qu’on peut encore trouver de nouveaux caracteres dans la comedie » pp. 227-236

C’est ainsi que Corneille et Racine ont découvert les sujets convenables à leurs talens, et qu’ils les ont traitez, chacun suivant son caractere.

710. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes » pp. 14-24

Voilà pourquoi leur esprit semble les abandonner quelquefois, et quelquefois les tirer par l’oreille, suivant la phrase d’Horace, pour les obliger d’écrire ou de peindre.

711. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Conclusion En résumé, les caractères de cette méthode sont les suivants.

712. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

Les seconds, de toute leur vie, ne liront que leur journal, en en choisissant un où l’on ne fera jamais de critique littéraire ; de quoi il ne faut pas les blâmer, car on est bien plus sot en contrariant sa nature qu’en la suivant Voilà les trois catégories.

713. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

« Le style, dit-il, c’est la partie vivante de nous-mêmes qui consent à former la chair impalpable des idées ; suivant la qualité de cette atmosphère de notre âme, à quoi s’emprunte le mystère de l’expression par la parole, varie la qualité de cette expression même.

714. (1915) La philosophie française « II »

Si on laisse de côté, dans la seconde moitié du XIXe siècle, une période de vingt ou trente ans pendant laquelle un petit nombre de penseurs, subissant une influence étrangère, se départirent parfois de la clarté traditionnelle, on peut dire que la philosophie française s’est toujours réglée sur le principe suivant : il n’y a pas d’idée philosophique, si profonde ou si subtile soit-elle, qui ne puisse et ne doive s’exprimer dans la langue de tout le monde.

715. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Cette mort, suivant un autre récit, n’était pas pourtant imprévue.

716. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Ce doit être, en ce cas, un puissant génie que l’auteur des lignes suivantes. […] Je n’ai pas du tout pénétré dans l’Arcane, et je dois confesser que, suivant une expression chère à l’école, la critique de M.  […] Il était de Bordeaux, et, possédant quelques revenus, il habitait à Paris, étudiant, suivant les Concerts  habitué surtout des Concerts Lamoureux… Il avait alors vingt-trois ans. […] »… J’acceptai, en en demandant quelques autres en les numéros suivants. […] Mais l’on peut se demander si avant les années 85-86 et suivantes, son plan était le même ?

717. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Voyez l’article suivant. […] Voyez l’article suivant. […] Voyez l’article suivant. […] Il sentira un dégoût involontaire au vers suivant : Ou qu’un beau desespoir alors le secourût. […] Voyez l’article suivant.

718. (1886) Le roman russe pp. -351

Au siècle suivant, nouvelle invasion, venue de l’Occident cette fois ; les Polonais détiennent la moitié de la Russie et commandent à Moscou. […] À l’ombre de ces plantes exotiques, le peuple abandonné à lui-même végétait, se développait suivant les lois obscures de sa nature orientale. […] Chéraskof rime la Rossiade, une épopée suivant les recettes classiques. […] Je tiens les détails suivants de la famille qui servait d’intermédiaire entre l’Empereur et l’écrivain. […] « Occidental », cela signifie, suivant le camp où l’on se place, un fils de lumière ou un traître maudit.

719. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Prenez un corps sollicité par deux forces dont les directions font un angle ; il se meut suivant la diagonale ; chaque partie, chaque moment, chaque position, chaque élément de son mouvement est l’effet combiné des deux forces sollicitantes. […] Celles-ci sont autant d’anneaux qui font une ou plusieurs chaînes ; chaque anneau y est suspendu au précédent et soutient le suivant ; mais les points d’appui qui portent le tout sont deux, trois, quatre propositions expresses ou tacites, placées au sommet. […] Attachons-nous à ceux qui sont le plus fructueux et qui servent à construire des sciences entières. — En tête de l’arithmétique, de l’algèbre et de la géométrie, on inscrit les deux axiomes suivants : si, à deux grandeurs égales entre elles, on ajoute deux grandeurs égales entre elles, les sommes sont encore égales ; si, de deux grandeurs égales entre elles, on ôte deux grandeurs égales entre elles, les restes sont encore égaux. — Certainement nous pouvons former ces deux propositions par l’induction ordinaire, et, très probablement, c’est de cette manière qu’elles s’établissent d’abord dans notre esprit. […] Il en serait des êtres comme des nombres, comme des fractions périodiques par exemple, qui, selon le hasard des deux facteurs primitifs, tantôt s’étalent, tantôt ne s’étalent pas en périodes régulières, et qui engendrent leurs chiffres successifs tantôt en suivant une loi, tantôt sans suivre aucune loi. […] A′B′ est une position quelconque de la droite ascendante AB, et les données sont les suivantes : AB = A′B′, AA′ = BB′, l’angle A est droit.

720. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Cette coupure, qu’il convient de rappeler et de présenter avec exactitude, est la suivante. […] J’en dirai autant du passage suivant. […] La fable de cette dernière pièce est la suivante. […] C’est à en rêver, et plus d’un en a dû avoir un cauchemar la nuit suivante. […] D’où il suit, follement et logiquement, qu’à l’acte suivant Germaine et Jean sont mariés.

721. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Vinet, qui les envisage comme écrivains intermédiaires entre ce siècle et le suivant, ne se soit occupé d’eux que dans soft cours sur les moralistes du dix-huitième siècle. Ils ont supprimé, au contraire, des pages relatives aux poètes du dix-septième siècle, considérés comme moralistes, suivant le plan exposé dans l’Introduction, M.  […] Au seizième siècle, l’élément gaulois, prêt à disparaître, s’en donnait avant d’en finir ; le joyeux cynisme de ce temps-là précédait l’hypocrisie de la période suivante. […]   La sagesse, suivant Charron, est « prud’hommie avec habilité, probité bien advisee ». […] La seule divergence de ses mœurs suivant les pays et les climats prouverait le contraire.

722. (1911) Études pp. 9-261

On sent une volupté de la couleur à s’arranger ainsi à l’intérieur des objets, à se disposer suivant leur forme. […] Au lieu de se développer suivant une courbe calculée, elle se compose du tumulte même des images. […] Les livres de la première période, au lieu de se laisser conduire au fil de quelque histoire, se divisent intérieurement et s’agencent suivant les mouvements de l’âme. […] Mais ils ne sont pas non plus interchangeables ; chacun marque sur le suivant un progrès, il l’augmente, il insiste, il est plus pressant, il va plus loin, il serre de plus près le drame, il le précipite. […] La suivante était beaucoup plus belle, plus pleine de fleurs et de bruissements261.

723. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

La nuit suivante, mon père m’apparut en songe ; il me disait avec des larmes pleines de tendresse : Au nom de Dieu, mon fils, entre dans la musique du pape ! […] Un jour, nous trouvant assemblés, nous convînmes de nous réunir le dimanche suivant dans la maison de Michel-Ange, pour y célébrer un grand festin. […] Je vis alors que cet ange m’avait dit la vérité ; et ayant jeté les yeux sur des morceaux de brique que j’aiguisai en les frottant l’un contre l’autre, et avec un peu de rouille que je tirai des ferrures de ma porte avec les dents, et dont je fis une espèce d’encre, j’écrivis sur le bord d’une des pages de ma Bible, au moment où la lumière m’apparut, le dialogue suivant entre mon corps et mon âme : Le Corps. […] Mais le courrier suivant leur apprit la nomination de Jean de Médicis à la place de son frère.

724. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

M. de Mareste est un homme qui rit souvent, mais chez qui le rire bienveillant ne va jamais jusqu’au cœur et laisse des larmes pour toutes les blessures, un homme qui, comme l’ami de Cicéron, se serait retiré au fond de la Grèce pendant les guerres civiles de Rome, pour éviter de haïr personne ; magister elegantium, un Saint-Évremond français suivant Hortense Mancini à Londres, afin d’aimer le beau jusque dans sa vieillesse ! […] C’est à un souvenir de ce moment que se rapporte la pièce de vers suivante, dans laquelle on a tâché de rassembler quelques impressions déjà anciennes, et de reproduire, quoique bien faiblement, quelques mots échappés au poète, en les entourant de traits qui peuvent le peindre. — À lui, au sein des mers brillantes où ils ne lui parviendront pas, nous les lui envoyons, ces vers, comme un vœu d’ami dans le voyage. » Un jour, c’était au temps des oisives années, Aux dernières saisons, de poésie ornées Et d’art, avant l’orage où tout s’est dispersé, Et dont le vaste flot, quoique rapetissé, Avec les rois déchus, les trônes à la nage. […] Il fallut quelque protection nouvelle et présente, telle que celle de Varus (on l’entrevoit), pour mettre le poète à l’abri de la vengeance, et pour tenir la main à ce que le bienfait d’Octave eût son exécution ; à moins qu’on n’admette que ce ne fut que l’année suivante, et après la guerre de Pérouse, Octave devenant de plus en plus maître, que Virgile reconquit décidément sa chère maison et son héritage. […] « Ayant renoncé, non pas de cœur, à son pays de Mantoue, Virgile, comblé des faveurs d’Auguste, passa les années suivantes et le reste de sa vie, tantôt à Rome, plus souvent à Naples et dans la Campanie Heureuse, occupé à la composition des Géorgiques, et, plus tard, de l’Énéide ; délicat de santé, ayant besoin de recueillement pour ses longs travaux ; peu homme du monde, mais homme de solitude, d’intimité, d’amitié, de tendresse ; cultivant le loisir obscur et enchanté, au sein duquel il se consumait sans cesse à perfectionner et à accomplir ses œuvres de gloire, à édifier son temple de marbre, comme il l’a dit allégoriquement.

725. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

L’enfant, apercevant une ressemblance entre la seconde épingle et la première, résout spontanément et appétitivement la proportion suivante : la première épingle touchée est à la première piqûre comme la seconde épingle touchée est à x ; il donne à x sa valeur, qui est une seconde piqûre. […] Les écossais et les éclectiques, suivant leur habitude, répondent à la question par la question, en invoquant comme axiome la stabilité et l’universalité des lois de la nature, qui, au lieu d’être le principe de l’induction, n’est qu’une conséquence de l’induction même. […] Les hommes, toutes choses égales d’ailleurs, continueront de mourir : Ce système logique est analogue au système mécanique suivant qui se réalise dans le cerveau : Premier terme : Forces se dirigeant en un sens ; Deuxième terme : Absence de forces capables de détourner vers un autre sens ; Troisième terme : Mouvement du cerveau continué dans de même sens. Quant au processus psychique, il est le suivant : Premier terme : Appétition faisant effort en un certain sens ; Deuxième terme : Absence de forces capables d’empêcher l’acte de l’appétition.

726. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

LE but de la Poésie chez tous les peuples a été de plaire & de plaire en remuant les passions ; ainsi c’est tantôt le langage des Dieux & tantôt celui des Démons, suivant les effets qu’elle produit. […] Suivant eux tout respire, tout agit dans ses Poëmes ; c’est le Peintre de la nature. […] Enfin il a étendu ou resserré les pensées du Poëte, suivant le besoin des transitions, & les contraintes de la rime. […] in-4°. sous le titre de Poésies d’Horace, disposées suivant l’ordre chronologique, avec des Remarques & des Dissertations.

727. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Les peintres sçavoient arranger les figures d’un tableau, mais c’étoit sans sçavoir les disposer suivant les regles de la composition pittoresque aujourd’hui si connuës. […] Toute cette sculpture qu’on distingue d’avec l’autre en approchant de l’arc, est fort au-dessous du bon gotique, quoique suivant les apparences, le sculpteur le plus habile de la capitale de l’empire y ait mis la main. […] Il semble que cet esprit s’en retire après avoir rendu deux ou trois generations plus parfaites que les generations précedentes et que les generations suivantes. […] Il a pû voir Lucrece qui mourut l’an de Rome six cens quatre vingt dix-neuf, et le jour même que Virgile prit la robe virile, suivant que Donat le remarque dans la vie de Virgile.

728. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

L’étude suivante n’a pour but que la recherche des responsabilités à établir dans cet énorme attentat aux prodigieuses conséquences. […] Je n’ai qu’à transcrire les documents suivants :‌ Dépêche de Pontchartrain à M. de Mesnars, en date du 2 avril 1686 : « Monsieur, les nommés Cochard, père et fils, s’estant convertis, il n’y a qu’à renvoyer les ordres qui avoient esté adressez au lieutenant général de Meaux pour les faire arrester parce qu’ils n’avoient esté expédiez qu’à cause de leur religion, à la prière de M. l’évesque de Meaux. […] Ce fait odieux est attesté par la dépêche suivante, datée de Fontainebleau, 29 octobre 1685. […] Écoutez plutôt : « L’autorité royale est absolue… Les princes sont des espèces de dieux, suivant le langage de l’Écriture, et participent eu quelque façon à l’indépendance divine… Au caractère royal est inhérente une sainteté qui ne peut être effacée par aucun crime, même chez les princes infidèles… » Bossuet en déifiant le prince, quelqu’il soit et de quelque manière qu’il ait été établi, en le marquant d’un caractère de sainteté qu’aucun forfait ne peut effacer, n’est plus qu’un adorateur du fait brutal, de la force pure, et il rétrograde ainsi par-delà le moyen âge et jusqu’aux Césars byzantins… »‌ Je ferai la même observation que pour l’alinéa précédent.

729. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Dieu seul peut y mettre ordre. » À Paris, l’exaspération du public était arrivée à son comble dans cet été de 1758, et ce déchaînement dura jusqu’à ce que quelques succès de M. de Broglie, l’année suivante, vinssent rompre l’uniformité des revers : On me menace par des lettres anonymes, écrivait Bernis, d’être bientôt déchiré par le peuple, et, quoique je ne craigne guère de pareilles menaces, il est certain que les malheurs prochains qu’on peut prévoir pourraient aisément les réaliser. […] Je vous remercie des nouvelles marques d’amitié et d’intérêt que vous voulez bien me donner… Dans les lettres suivantes adressées à Choiseul, Bernis le remercie de certaines formes qu’il a apportées en annonçant sa disgrâce à la cour de Rome ; il lui parle ensuite de quelques affaires particulières qu’il a à cœur, et pour lesquelles M. de Choiseul se montre empressé à l’obliger.

730. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Le volume suivant contiendra les mémoires historiques sur Louis XII, François Ier, et le Mémoire sur la société polie qui, dans la pensée de l’auteur, n’en était que la continuation et le couronnement. […] Que le chancelier, d’un trait de plume, rende aujourd’hui, suivant le vœu des gens sensés, ces Treize Coutumes uniformes, à quoi serviront demain ces fruits d’une vieillesse agitée, pénible, plus qu’elle n’est heureuse ?

731. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Les combats qui amenèrent l’affaiblissement de l’armée et, par suite, la prise et la captivité de saint Louis, furent ceux du mardi gras (8 février 1250), du mercredi des Cendres et du vendredi suivant. […] Le dimanche suivant (26 juin), tous, ou presque tous, sont d’avis qu’il n’y a pas à hésiter, et que le roi ne peut demeurer plus longtemps sans manquer à son honneur et à celui de son royaume.

732. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Durant les six années suivantes (1774-1780), l’esprit de Cowper et ses facultés effrayées vont se recueillir et se relever peu à peu, jusqu’à ce qu’il arrive insensiblement à les posséder dans toute leur force et dans toute leur grâce, et à trouver pour la première fois (phénomène singulier !) […] Alors je pensai qu’il était grand temps de changer cette occupation pour une autre, de peur, dans mes productions suivantes, de compromettre l’honneur que je m’étais si heureusement acquis.

733. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Voilà donc le livre lancé, et dédié par une adresse piquante à Balzac lui-même, qui ne pouvait guère se plaindre des malices fourrées et du contre-coup qu’il en recevait, se les étant lui-même attirés par son insistance. « Cette pièce, a dit Sorel, fut d’abord estimée fort galante et fort subtile. » Elle eut du succès ; il s’en fit l’année suivante une seconde édition. […] Mais l’intention de Costar se démasqua de plus en plus dans les écrits suivants qu’il publia dans cette querelle après la mort de Balzac.

734. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Quelque chose de ce sentiment austère et contristé se réfléchit dans la page suivante, où M. de Rohan, après avoir raconté la reddition de La Rochelle le 28 octobre (1628), ajoute du ton de fermeté et de fierté qui lui est propre : La mère du duc de Rohan et sa sœur4 ne voulurent point être nommées particulièrement dans la capitulation, afin que l’on n’attribuât cette reddition à leur persuasion et pour leur respect, croyant néanmoins qu’elles en jouiraient comme tous les autres ; mais comme l’interprétation des capitulations se fait par le victorieux, aussi le conseil du roi jugea qu’elles n’y étaient point comprises, puisqu’elles n’y étaient point nommées : rigueur hors d’exemple, qu’une personne de cette qualité, en l’âge de soixante-dix ans (et plus), sortant d’un siège où elle et sa fille avaient vécu trois mois durant de chair de cheval et de quatre ou cinq onces de pain par jour, soient retenues captives sans exercice de leur religion, et si étroitement qu’elles n’avaient qu’un domestique pour les servir, ce qui, néanmoins, ne leur ôta ni le courage ni le zèle accoutumé au bien de leur parti ; et la mère manda au duc de Rohan, son fils, qu’il n’ajoutât aucune foi à ses lettres, pource que l’on pourrait les lui faire écrire par force, et que la considération de sa misérable condition ne le fît relâcher au préjudice de son parti, quelque mal qu’on lui fît souffrir. […]  » Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.

735. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Frédéric appelle à lui Maupertuis et lui écrit la lettre suivante, qu’on a de sa main : À Königsberg, ce 14 de juillet 1740. […] La comparaison qu’on vient de faire de la première lettre authentique et de cette même lettre embellie, pourrait se reproduire à chacune des suivantes.

736. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

« H. de Saujon de Boufflers. » Lorsque Rousseau, après la publication de l’Émile, se vit obligé de s’enfuir précipitamment de Montmorency et de sortir du royaume, Mme de Roufilers partagea toutes ses transes ; elle était présente au départ et aux derniers embrassements ; les jours suivants elle n’était occupée que de lui, et de lui ménager, par ses nombreux amis à l’étranger, un asile sûr et à son choix, soit en Allemagne, soit en Angleterre. […] Elle voyagea l’année suivante en Hollande et prit la résolution de mettre son fils (car elle avait un fils de son mari) à l’Université de Leyde, pour y suivre ses études et les y faire meilleures qu’en France ; cette résolution fit beaucoup jaser et prêta à la critique.

737. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Cela se voit mieux encore à l’acte suivant, l’acte IV. […] On retourne sans nécessité chez Chimène, qui s’entretient avec sa suivante ; elle revient en arrière sur ce qui a été dit, et elle fait semblant, ou elle se fait sincèrement l’illusion d’être plus combattue en son cœur qu’elle ne l’est.

738. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Jomini écrivit à l’instant à l’Empereur une lettre dont on n’a pas le texte, mais dont le sens était « qu’ayant pris la carrière des armes dans l’espoir qu’un jour il mériterait la bienveillance du plus grand capitaine du siècle, et qu’ayant eu l’honneur de lui être attaché pendant plus d’un an, il ne pouvait continuer à servir dans la position que l’on venait de lui faire, et qu’il demandait à se retirer dans ses foyers. » — Je continue avec le récit du colonel Lecomte : « Le dimanche suivant, Jomini se rendit à Fontainebleau pour assister à la réception d’usage et à la messe, espérant avoir une solution. […] Dès le 29 juin 1810, le prince Berthier prévenait le ministre Clarke que « par décision de la veille l’Empereur avait accordé à M. l’adjudant-commandant (Berthier a effacé de sa main le titre de colonel) baron de Jomini un congé de six mois pour soigner sa santé dans ses foyers. » C’est de là, de la ville d’Aarau, que Jomini adressait à cet ami, le baron Monnier, les lettres suivantes où ses fluctuations et son orage intérieurs apparaissent à nu : « Aarau, 15 octobre 1810.

739. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

M. de Musset a cavalièrement raison contre eux tous dans la stance suivante : J’aime surtout les vers, cette langue immortelle. […] Bien des talents d’une moindre étendue sont plus sphériques en quelque sorte, et, suivant moi, plus parfaits que le sien.

740. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Aussitôt après sa sortie des Jésuites (1735), Gresset, accueilli dans le monde, et particulièrement à l’hôtel de Chaulnes par suite de ses relations de province, prodigua, pendant les années suivantes, une foule de vers légers, agréables en naissant, dans le genre de Chaulieu et d’Hamilton ; mais, si Hamilton est un inimitable modèle, ce n’est point par ses vers assurément. […] et que cela donnait beau jeu à Voltaire de s’écrier dans le Pauvre Diable, qui est justement de l’année suivante : ………….

741. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Qu’il nous suffise de dire que la fermeté amicale de Mlle de Liron tient en échec Ernest ce jour-là et le suivant ; que le mot vous n’êtes qu’un enfant, à propos jeté à l’amour-propre du jeune cousin, achève de le décider ; que M. de Thiézac, qui arrive en litière avec son projet de contrat de mariage et un brevet de nomination pour Ernest, est accueilli fort convenablement, et que celui-ci annonce bien haut, avec l’orgueil d’une résolution soudaine, qu’il part le lendemain de grand matin pour Paris. […] On ne lit toute cette fin que les yeux noyés de larmes aveuglantes, suivant une belle expression que j’y trouve.

742. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Taine, Émile Hennequin) considèrent l’artiste comme un produit naturel de son milieu, pondant nécessairement ses chefs-d’œuvre, suivant les lois d’une obstétrique spéciale que découvre l’histoire et que formule l’esthétique, branche de la sociologie. […] Ce fut un théâtre national que celui où des artistes comme Eschyle, Sophocle, Aristophane, montraient, suivant le tour pathétique ou ironique de leur sensibilité, les hauts faits des spectateurs et de leurs ancêtres, aussi les faiblesses d’une démocratie trop vite enthousiaste.

743. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Taine, Émile Hennequin) considèrent l’artiste comme un produit naturel de son milieu, pondant nécessairement ses chefs-d’œuvre, suivant les lois d’une obstétrique spéciale que découvre l’histoire et que formule l’esthétique, branche de la sociologie. […] Ce fut un théâtre national que celui où des artistes comme Eschyle, Sophocle, Aristophane, montraient, suivant le tour pathétique ou ironique de leur sensibilité, les hauts faits des spectateurs et de leurs ancêtres, aussi les faiblesses d’une démocratie trop vite enthousiaste.

744. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Donner telle quelle son impression fugitive, changer d’avis suivant la disposition du moment, s’abandonner doucement au caprice de ses préférences personnelles, fuir toute apparence de dogmatisme : voilà ce qu’ont pratiqué et enseigné des critiques ondoyants qui se sont crus modestes. […] Entre ces différentes supériorités il est permis d’hésiter, et chacun, suivant son tempérament, préférera l’une ou l’autre.

745. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Un jour qu’il s’était vu trop harcelé et chicané par les deux amies sur la rareté et la brièveté de ses réponses, Rousseau, poussé à bout, écrivit la lettre suivante à Mme de La Tour : À Montmorency, le 11 janvier 1762. […] Elle aspira à se faire une place et à laisser une empreinte dans son cœur, sans y parvenir ; mais que du moins son nom reste attaché à la renommée de celui qui si souvent la repoussa, et à qui elle se dévoua sans murmure ; qu’il lui soit donné (seule consolation qu’elle eût choisie) de vivre à jamais, comme une suivante, dans sa gloire !

746. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Ce serait une peinture à faire que celle des journaux politiques de la Restauration, et surtout des trois principaux : le Journal des débats, organe du royalisme selon Chateaubriand, et suivant celui-ci en toutes ses métamorphoses ; Le Constitutionnel d’alors, centre du libéralisme pur ; et La Quotidienne. […] Ajoutez que, suivant lui, « le flâneur est bien logé, dans un beau quartier, à proximité des boulevards ; qu’il a réuni dans son logis tout ce qui compose le confortable.

747. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Et lorsqu’au mois de septembre suivant, le jour de sa rentrée, le Parlement, pour modérer les scènes tumultueuses qui accompagnaient son ovation, rendit arrêt contre les attroupements, pétards, fusées, etc.  […] Je n’ai fait qu’effleurer cette publication des Mémoires de Mallet du Pan, dans laquelle se dessine de plus en plus durant les sept années suivantes cet énergique écrivain, champion dévoué à la cause de la société et de la civilisation européenne avec un fonds d’amour de la liberté.

748. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Linné a calculé que, si une plante annuelle produit seulement deux graines, et il n’est point de plante qui soit si peu féconde, si ces deux graines, venant à germer et à croître, en produisent chacune deux autres l’année suivante, et ainsi de suite, en vingt années seulement l’espèce possédera un million d’individus. […] Stafford ; et ainsi de suite, l’effet produit croîtrait toujours en s’agrandissant suivant des cercles de plus en plus enchevêtrés.

749. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Il y a donc, suivant le Sage, une certaine contradiction secrète entre son caractère de sage et le caractère primordial du rire. […] Et, enfin, on peut aussi établir une classification de comiques suivant les climats et les diverses aptitudes nationales.

750. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Je soupçonne qu’il y a eu ici un effet de « clairvoyance » ou de « télépathie », que vous avez senti de loin l’intérêt que je prenais à vos investigations, et que vous m’avez aperçu, à quatre cents kilomètres de distance, lisant attentivement vos comptes rendus, suivant vos travaux avec une ardente curiosité. […] Mais lorsque, suivant de haut en bas les manifestations de l’esprit, traversant la vie et la matière vivante, elle fût arrivée, de degré en degré, à la matière inerte, la science se serait arrêtée brusquement, surprise et désorientée.

751. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Feuillet de Conches, je ne puis mieux faire que d’exprimer publiquement le regret que je lui ai témoigné à lui-même : « J’ai regret, lui ai-je dit en terminant et en brisant des relations qui m’avaient été agréables, qu’une Collection aussi considérable, aussi précieuse que la vôtre, un si riche Recueil, contienne un début et une mise en train de drame, qui demeurent à bon droit suspects. » Il sera question encore de Marie-Antoinette dans les volumes suivants, à l’occasion des publications de M. d’Arneth.

752. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

On s’étonnera, à la fin, de cette persévérance à ternir une belle réputation, dont les titres, incontestés jusqu’ici, sont l’élévation du sentiment, le culte fervent de l’art, une haute probité critique, une pureté de goût littéraire que les ménagements d’une bienveillance instinctive ne peuvent altérer, et surtout ce désintéressement, cette indépendance qui s’effarouchent, à tort selon nous, des distinctions les plus méritées* [* Voir à ce sujet, dans Souvenirs et Indiscrétions, pages 198 et 203, ce qui se rapporte à cette année même et aux années suivantes dans une Note confidentielle de M. 

753. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

J’examinerai dans un des chapitres suivants par quelles raisons les Français pouvaient seuls atteindre à cette perfection de goût, de grâce, de finesse et d’observation du cœur humain, qui nous a valu les chefs-d’œuvre de Molière.

754. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Les années, avec tout ce qu’elles amènent avec elles, se succèdent tranquillement suivant l’intention de la nature, et l’homme participe au calme de l’ordre universel.

755. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Avec de telles ressources, on devient presque le contemporain des hommes dont on fait l’histoire, et plus d’une fois, aux Archives, en suivant sur le papier jauni leurs vieilles écritures, j’étais tenté de leur parler tout haut.

756. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Ses deux premiers volumes paraissent en 1749 : préparer les volumes suivants, sera l’unique affaire des trente-neuf années qui lui restent à vivre.

757. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

mais alors, comme disait Banville, mettez-vous égoutier ou croupier de cercle, suivant vos moyens ; distribuez les prospectus au coin des rues….

758. (1890) L’avenir de la science « VII »

Tout travail scientifique conduit suivant une saine méthode conserve une incontestable valeur, quelle que soit l’étendue des vues de l’auteur.

759. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Dans le monde, on en par la diversement suivant les habitudes de chaque société.

760. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Jules Verne mérite ce reproche d’avoir abusé des mots anglais dans ses merveilleux récits ; un seul de ses tomes me fournit les mots suivants : anchor-boat, steam-ship, main-mast, mizzenne-mast, fore-gigger, engine-screw, patent-log, skipper, sans compter dining-room et smoking-room, qui sont de la langue générale.

761. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Suivant son inspiration, sans autre but que de penser et de faire penser, avec un cœur plein d’effusion, avec un regard rempli de paix, il irait voir en ami, à son heure, le printemps dans la prairie, le prince dans son Louvre, le proscrit dans sa prison.

762. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Il servit , en cette occasion, suivant la remarque de Baile, dans l’infanterie & dans la cavalerie  ; c’est-à-dire, qu’il composa des pièces satyriques tant en vers qu’en prose.

763. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Eh bien, tout juste de la même forme et de la même force, le tableau précédent et les deux suivants ; c’est la chapelle des gueux de Ste Reine, et ce l’est si bien qu’il n’y manque que les charnières que j’y aurais peintes furtivement, si j’avais été un des polissons de l’école.

764. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

De la difference des génies, naît la diversité des inclinations des hommes, que la nature a pris la précaution de porter aux emplois, pour lesquels elles les destine, avec plus ou moins d’impétuosité, suivant qu’ils doivent avoir plus ou moins d’obstacles à surmonter, pour se rendre capables de remplir cette vocation.

765. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Très-peu sont des fils de peintre, qui, suivant l’usage ordinaire, auroient été élevez dans la profession de leurs peres.

766. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Je crois que le temps où le poëme nouveau, qui est un bon ouvrage, se trouve défini en general suivant qu’il mérite de l’être, arrive aujourd’hui, environ deux ans après sa premiere édition.

767. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Dans les monarchies il faut peu d’hommes d’état pour traiter des affaires publiques dans les cabinets en suivant l’équité civile ou raison d’état ; et un grand nombre de jurisconsultes pour régler les intérêts privés des peuples d’après l’équité naturelle.

768. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Cette seconde période de la littérature moderne a été, suivant nous, magistralement inaugurée par Balzac. […] J’ouvre au hasard, et je rencontre les phrases suivantes : « Julien ne pouvait quitter la vue de ces arbres qui étaient sous sa fenêtre. […] Boyer est un composé agréable des éléments suivants : soupirs de petite-maîtresse, rognures d’ailes de papillon, beaucoup de gouttes de rosée, un peu de mousse de vin de Champagne et une dose incalculable de prétention et d’ennui brochant sur le tout. […] Barbara. — Et comme je n’ai pas l’habitude d’aller, suivant l’expression vulgaire, par quatre chemins, je commence par déclarer tout net que la lecture des Histoires émouvantes m’a valu un amer désappointement. […] CORRESPONDANCE On nous prie d’insérer la note suivante : Un article de M. 

769. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Elle en est le terme, car, suivant que le corps social est sain ou malade, cette cellule familiale est elle-même saine ou malade, en sorte qu’elle est tout ensemble, cause et effet. […] Feuilletez les volumes suivants. […] Un médecin qui veut traiter un organisme en fonctions commence par reconnaître, suivant une parole singulièrement forte de Napoléon : qu’« un corps est une machine à vivre ». […] Elle accompagne de même en suivant leur ordre l’éveil des individualités dans la hiérarchie sociale, qui n’est qu’une dynamique appliquée. […] Si l’art d’écrire, suivant une forte définition de Taine, est une psychologie vivante, Heine et Musset y occupent un rang qu’aucun de leurs contemporains n’a surpassé et que peu ont égalé. ‌

770. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Ne fait-elle pas de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y a de variétés zoologiques ? […] Le Paris de 1850 et des années suivantes ignorait l’Europe. […] Elle fait de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y a de variétés en zoologie. […] Je me revois le lendemain dans ce même Clermont, suivant pour lui rendre visite une vieille et paisible rue qui contourne l’ancien évêché. […] Pour Amiel, si intimement teinté de panthéisme, il y a dans le paysage comme un psychisme préalable que l’âme reconnaît ou ne reconnaît pas, suivant l’état où elle se trouve elle-même.

771. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

CXVI Une petite iniquité philosophique s’est introduite et s’est consacrée depuis 1817 et dans les années suivantes. […] Les notes suivantes écrites au jour le jour ne sont que des traits pris sur nature. […] Pour mieux y réussir, il a supposé une mienne biographie fantastique, et j’y relève le paragraphe suivant ; M.  […] Ce n’est qu’au mois d’octobre suivant, c’est-à-dire plus de six mois après le 24 février, et sous le régime relativement fort pacifié du général Cavaignac, que j’ai accepté ou même sollicité, pour vivre de ma littérature, une place de professeur à l’université de Liège. […] Un heureux hasard fit encore que, quittant la rue de Vaugirard le printemps suivant, j’allai demeurer rue Notre-Dame-des-Champs au n° 19, en même temps que Victor Hugo, quittant sa rue de Vaugirard, venait également se loger en cette même rue, alors toute champêtre, au n° 11.

772. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Duclos, qui est philosophe et qui méprise l’astrologie, dit en deux mots : « L’on prédit, suivant l’usage, beaucoup de choses vagues, et flatteuses pour le prince régnant. » Je n’ai pas grand regret à la suppression du détail de l’horoscope ; mais, comme Duclos appliquera presque partout cette méthode de suppression et retranchera les détails qui peignent le temps, il en résulte à la longue maigreur et sécheresse, tandis que l’abbé Le Grand, qui ne songe qu’à raconter fidèlement et non à peindre, se trouve présenter un récit qui a plus de corps et de substance, et qui est nourri de ces choses particulières que l’esprit aime à saisir. […] Je ne croyais pas aujourd’hui que cette considération de Duclos historien dût me mener si loin : il me resterait à son sujet, en le suivant dans son rôle de meneur ou de censeur à demi républicain à l’Académie, dans ses relations avec Voltaire et avec le parti encyclopédique, à compléter un des principaux chapitres de l’histoire littéraire du xviiie  siècle ; mais, si je dois l’écrire, je demande à l’ajourner, n’oubliant pas que nous sommes dans l’Avent et ayant à parler de Bourdaloue.

773. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Revenant à ces grands esprits de l’Antiquité qu’on cite toujours et qu’on oppose à la prétendue stérilité des âges suivants, il estime qu’aucune époque n’en est déshéritée, que seulement la forme de ces esprits varie dans l’histoire et qu’ils se produisent avec plus ou moins de bonheur et de dégagement selon les temps et les conjonctures. […] Les conquêtes même, quand elles ne sont pas purement destructives, sont plutôt, suivant lui, un grand véhicule : La quantité d’idées qui étaient dans le monde avant que les Romains l’eussent soumis et, par conséquent, tout agité, était bien au-dessous de la quantité d’idées qui y entra par l’insolente prospérité des vainqueurs, et par le trouble et l’abaissement du monde vaincu.

774. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il n’y avait point de concurrent pour ainsi dire : Il y faut (aux Affaires étrangères) un homme de robe suivant l’usage présent ; je suis, de plus, homme de condition ; mon père a bien servi le roi et a été grand officier de la couronne ; j’ai étudié assidûment les affaires politiques depuis sept ans ; M. le cardinal le sait et a vu de mes mémoires, M. le garde des sceaux Chauvelin lui en a rendu de grands témoignages en tous les temps. […] [NdA] Dans les derniers temps de sa vie, M. d’Argenson était devenu plus sévère pour M. de Chauvelin, et je trouve dans ses cahiers la note suivante, sous le titre de Véritables causes de la guerre de 1733 : Je n’ai jamais été si surpris que causant avec M. de Chauvelin, ancien garde des sceaux de France, et lui ayant dit que la guerre de 1733 avait pu être causée pour réhabiliter la France, dont le cardinal de Fleury avait flétri la réputation en se montrant pacifique jusqu’à l’excès, cet ancien ministre me répondit que ce n’était point cela, mais que le roi ayant épousé la fille du roi Stanislas qui n’avait été reconnu roi par aucune puissance de l’Europe, Sa Majesté se trouvait ainsi n’avoir épousé qu’une simple demoiselle ; qu’il était donc devenu nécessaire que la reine fût fille d’un roi, quoquo modo, et que c’élait à cela qu’il avait travaillé heureusement.

775. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Villars avait pour maxime que « sitôt qu’on cesse d’être sur la défensive, il faut se mettre sur l’offensive. » Il se remit donc en campagne activement, et, réuni au maréchal de Marcin, il eut à opérer dans les mois suivants sur le Rhin et sur la Lauter, en face du prince Louis de Bade ; mais il eut la prudence de ne compromettre en rien le succès glorieux qu’il avait obtenu : Leurs généraux, écrivait-il au roi parlant des ennemis, sont persuadés que je ne perdrai pas la première occasion de les combattre : je n’oublierai aucune démonstration pour les confirmer dans cette opinion. […] L’année suivante (1706) fut désastreuse pour la France sur toutes les frontières : Villars seul se maintint sur la sienne sans échec, et même avec avantage.

776. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Suivant lui, François, d’abord surnommé Corbueil, serait né en 1431 (l’année même de la mort de Jeanne d’Arc) à Auvers, près Pontoise, ce qui ne l’empêchait pas de se dire Parisien, sans doute parce qu’il était venu de bonne heure à Paris et y avait été élevé. « Rien d’ailleurs dans ses œuvres n’indique une enfance passée aux champs, absolument rien ; au contraire, tout y trahit l’enfant de la cité et le polisson du ruisseau. » Le nom de Villon, sous lequel il se fit ensuite connaître, n’était probablement qu’un surnom d’emprunt qu’il dut à un Guillaume Villon, lequel n’était ni son père, comme on l’a avancé, ni son oncle, mais seulement son maître. […] Saint Bernard notamment, dans une psalmodie sur le mépris du monde (Rhythmus de contemptu mundi), qui se compose de quatrains formés eux-mêmes d’espèces d’alexandrins à césure marquée et se suivant sur quatre rimes plates, s’était dès longtemps demandé : Où est le noble Salomon ?

777. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

L’humanité se montre chez lui bien naïvement aussi, dans l’anecdote suivante ; il aurait pu faire la Fille du régiment, comme il a fait le Chien du régiment ; il aimait mieux pourtant n’avoir pas à traiter ce nouveau sujet de tableau : « Dis à Jazet14 que je lui rapporte une vigoureuse collection de sujets. […] J’emprunte à un feuilleton de M. de Saint-Victor l’éloge suivant qu’il fait de ce portrait de Flandrin ; chaque mot marque bien la différence qu’il y a entre la peinture que j’appelle immédiate et la peinture réfléchie : « Ce qu’il faut louer encore, dit l’habile critique, c’est l’harmonie savante qui accorde les rouges de l’appartement et de l’uniforme, l’imitation énergique et sobre des meubles et des accessoires adoucis par de tranquilles demi-teintes.

778. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

C’est, comme le titre l’indique, un journal, une espèce de livre de bord, exactement tenu par un homme du métier (Jean-Bon avait été marin), par un homme de bon sens, et qui rend compte jour par jour de tous les mouvements, des ordres donnés et plus ou moins bien — et souvent fort mal — exécutés, depuis la sortie de la flotte de la rade de Brest le 16 mai au soir, jusqu’à sa rentrée dans cette rade le 11 juin suivant. […] Ces fonctions extraordinaires ayant cessé l’année suivante par l’organisation régulière et l’entière annexion de ces nouveaux départements, il fut et resta préfet de l’un d’eux, de celui du Mont-Tonnerre, qu’il administra jusqu’à sa mort.

779. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Apprécié de bonne heure du général de division Soult dans la période républicaine, attaché à lui en qualité d’aide de camp pendant la glorieuse campagne d’Helvétie, Franceschi ne cessa l’année suivante, notamment pendant le siège de Gènes, d’être chargé de missions importantes et hardies dont il s’acquitta avec bonheur. […] Le père était probablement Piémontais, mais si peu lettré qu’il ne savait pas même comment son nom devait être écrit suivant l’orthographe italienne.

780. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Je ne puis que signaler brièvement ici son histoire des Guerres de la Révolution, qui, ébauchée en 1806 et dans les années suivantes, fut reprise et refondue en 1820 et se déroula dès lors dans une publication continue ne formant pas moins de quinze volumes (1820-1824). […] Ce fut dans ce but qu’il rédigea son Tableau analytique des principales Combinaisons de la Guerre et de leurs rapports avec la Politique des États, qui est devenu dans les éditions suivantes le Précis de l’Art de la Guerre (2 vol.), un résumé condensé de tous les principes posés et démontrés dans ses divers ouvrages.

781. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

C’est à un souvenir de ce moment que se rapporte la pièce de vers suivante, dans laquelle on a tâché de rassembler quelques impressions déjà anciennes, et de reproduire, quoique bien faiblement, quelques mots échappés au poëte, en les entourant de traits qui peuvent le peindre. — À lui, au sein des mers brillantes où ils ne lui parviendront pas, nous les lui envoyons, ces vers, comme un vœu d’ami durant le voyage ! […] S’il était possible d’assigner aux vrais poëtes des heures naturelles d’inspiration et de chant, comme cela existe dans l’ordre de la création pour certains oiseaux harmonieux, nous dirions, sans trop de crainte de nous tromper, que Lamartine chante au matin, au réveil, à l’aurore (et réellement la plupart de ses pièces, celles même où il célèbre la nuit, sont écloses à ces premiers moments du jour ; il ébauche d’ordinaire en une matinée, il achève dans la matinée suivante).

782. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Il y avait là-dedans, selon nous, plus de présage de grandeur sublime que dans Mélite, Clitandre, la Veuve, la Galerie du Palais, la Suivante, la Place Royale, l’Illusion, et pour le moins autant que dans Médée. […] On ne s’avise guère d’aller chercher dans les poésies diverses de Corneille les stances suivantes que M. 

783. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

En 1500 paraissent à Paris les Adages d’Érasme ; c’est toute la lumière de l’antiquité qui se répand à flots sur le monde : dans ce petit livre est ramassée la quintessence de la sagesse ancienne, la fleur de la raison d’Athènes et de Rome, tout ce que la pensée humaine suivant sa droite et naturelle voie peut trouver de meilleur et de plus substantiel, avec cette forme exquise et simple qui s’était perdue depuis tant de siècles. […] L’année suivante, satisfaction fut donnée à la philologie par la nomination de quelques professeurs royaux : c’est de là qu’est sorti le collège de France.

784. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Moins âgé de vingt-quatre ans que La Bruyère et de dix-sept ans que Fénelon, de six ans plus âgé que Saint-Simon, il appartient à cette génération d’écrivains qui étaient faits pour honorer l’époque suivante, et dont les débuts consolèrent le grand règne au déclin. […] On lit à ce propos, dans un journal tenu par un curieux du temps, la note suivante, qui nous donne au juste le ton des contemporains sur Lesage : Lesage, auteur de Gil Blas, vient de donner (janvier 1733) la Vie de M. de Beauchêne, capitaine de flibustiers.

785. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

On assure qu’il y a ici une petite erreur de Mme de Caylus, qu’elle s’est trompée d’un an, et que la scène de raccommodement dont il s’agit eut lieu après la Semaine sainte de 1675, et non à l’occasion du jubilé, qui n’eut lieu que l’année suivante. […] Cette aînée de Saint-Cyr, cette sœur d’Esther, et qui ne se tint pas à ce rôle si doux, est comme la dernière fleur qu’ait produite l’époque finissante de Louis XIV, et elle ne s’est ressentie en rien de l’âge suivant.

786. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

on a trouvé à son sujet dans les lettres d’André Chénier la page suivante, qui le juge : Mes amis, écrit André Chénier, m’ont fait lire un numéro 41 des Révolutions de France et de Brabant ; j’avais déjà vu, d’autres fois, quelques morceaux de ce journal, où des absurdités souvent atroces m’avaient paru quelquefois accompagnées de folies assez gaies ; je me suis encore plus diverti à lire ce numéro 41, où l’auteur répand avec profusion ses honorables injures sur la société entière de 89, et sur moi en particulier. […] Je pourrais citer encore la page suivante de ce numéro 5 du Vieux Cordelier, laquelle est plus irréprochable pourtant, et réellement éloquente : elle commence par ces mots : « Occupons-nous, mes collègues, non pas à défendre notre vie comme des malades… » C’est même la seule vraiment belle de ce Vieux Cordelier, qui, dans la plus désastreuse des crises où ait passé une grande nation, mérite assurément de rester comme un signal généreux de retour et de repentir, mais qui n’obtiendra jamais place parmi les œuvres dont peut s’honorer l’esprit humain.

787. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

C’étaient des surprises galantes à chaque pas, des jeux innocents à chaque heure : on joue à la nymphe, à la bergère ; on prélude aux futures prodigalités en jouant même à l’économie : « M. le duc du Maine se plaignit en sortant du jeu, nous dit la relation, qu’il avait perdu deux écus ; les princesses louèrent leur fortune d’en avoir gagné environ autant. » Dans ces fêtes et dans celles qui se renouvelèrent au même lieu les années suivantes, on voit M. de Malezieu faire à ravir les honneurs de chez lui, remplir et animer en homme universel toute cette petite sphère. […] En lisant Mlle de Launay et en la suivant dans les diverses vicissitudes de sa condition servile, on se prend à répéter avec La Bruyère : L’avantage des grands sur les autres hommes est immense par un endroit.

788. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

La seule chose que je veuille conclure de ces détails qui assaisonnent en toute occasion la partie aimable des Mémoires de Marmontel, c’est qu’il était de sa nature un peu sensuel et qu’il le laisse voir, ce qui ne nuit pas à l’intérêt et ce qui fait que le lecteur se dit en le suivant : « Le bon homme embellit quelquefois le passé de trop faciles couleurs, mais il s’y montre avec naïveté en somme et tel qu’il était, il ne ment pas !  […] Marmontel, dans les livres suivants, continue d’exposer les faits avec lucidité et de peindre les personnages politiques avec intelligence et mouvement ; mais ce n’est plus le père qui parle à ses enfants, c’est l’historiographe de France qui remplit sa charge et ses derniers devoirs envers Louis XVI.

789. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Ce qu’on vient de voir faire à Bonneval dans cette première partie de sa vie se renouvellera exactement dans toutes les époques suivantes. […] Entre lui et Prié, c’est une guerre à mort ; il se figure que l’Europe entière est attentive à ce démêlé et à l’éclat qu’il en a fait : Je dois songer à la grande affaire qui est de vaincre, écrivait-il à un ami de Bruxelles pendant sa détention au château d’Anvers (16 septembre 1724) ; le moyen que j’ai pris et mes mesures m’y conduisant tout droit, il n’importe pas si cela se fait exactement suivant le goût et la règle des cours, puisqu’un homme de courage hasarde volontiers une petite mortification de la part de son maître pour arriver à un plus grand bien, et qu’il doit suivre sans aucun égard les routes les plus courtes, pourvu que ce soient celles des gens de bien, quand on y devrait chiffonner sa perruque, déchirer ses habits, perdre son chapeau et le talon de ses souliers en sautant les fossés… Au reste, si vous lisez attentivement mes lettres à Sa Majesté, vous verrez qu’elles présagent les pas que j’ai faits avec toute la franchise d’un soldat qui ne craint rien, pas même son maître, quand il y va de son honneur, que je n’ai jamais engagé ni n’engagerai de ma vie à aucun des rois de la terre.

790. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Carrel dit quelque chose d’approchant de la seconde réalité, essentielle encore, selon lui, à toute constitution politique qui dérive de la Révolution bien comprise : ce second pouvoir, c’est une certaine aristocratie, qui tient de l’ancienne noblesse et qui se rapporte assez exactement à la classe des grands propriétaires : « Nous la transformerons en pairie, dit-il, et nous vivrons bien désormais avec elle. » Cet article, un peu enveloppé à cause du but, est d’ailleurs plein de sens et fait bon marché des doctrines abstraites ou mystiques en sens inverse, tant de celle du droit divin que de celle des disciples de Rousseau : Que si, croyant nous pousser à bout, vous nous demandez où réside enfin suivant nous la souveraineté, nous vous répondrons que ce mot n’a plus de sens ; que l’idée qu’il exprime a disparu par la Révolution comme tant de choses ; que nous ne voyons nulle utilité à la vouloir ressusciter ; que le peuple n’a plus besoin d’être souverain et se moque d’être ou non la source des pouvoirs politiques, pourvu qu’il soit représenté, qu’il vote l’impôt, qu’il ait la liberté individuelle, la presse, etc. ; enfin le pouvoir d’arrêter une administration dangereuse en lui refusant les subsides, c’est-à-dire l’existence même. […] Rien n’annonce d’abord la vigueur de l’attaque à laquelle il sera prochainement conduit : « Une carrière nouvelle s’est ouverte aux journaux qui voudront être vraiment indépendants. » Sous la Restauration, il n’y avait que la guerre à faire à un pouvoir qui était ennemi par essence : La véritable indépendance vis-à-vis d’un gouvernement dont le principe est bon, mais qui peut bien ou mal se déterminer, suivant qu’il juge bien ou se trompe, l’indépendance, dit Carrel, sera aussi loin de l’opposition par parti pris, que de ce qu’on appela, sous le dernier gouvernement, d’un mot odieux et flétri, le ministérialisme.

791. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Il semble que Heine, — et ce trait lui est commun avec d’autres, — ne peut subir qu’une seule affection, dont le mécanisme devenu prédominant et constamment dispos, a atrophié les autres ; tous les ébranlements transmis par ses sens, causés par ses souvenirs, sont réfléchis suivant un angle mystérieux vers le même point vif de son âme, aboutissent à une même et constante tristesse songeuse. […] Et comme sous l’influence dissolvante de l’âge et de la maladie, l’âme dépouille d’abord ses acquisitions les plus tardives, suivant en sens inverse, dans sa ruine, les étapes par où elle a passé de la jeunesse à l’âge stérile, ce sont les premières assises cérébrales, les notions héréditaires ou enfantines, qui subsistent les dernières.

792. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

L’admiration, générale qu’il obtint sans la mériter soutint le désir de savoir ; le goût des futilités scolastiques passa, celui de la vraie science parut, et tous les grands hommes des siècles suivants sortirent d’autour de ces chaires qu’avaient autrefois occupées Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Abeilard, Jean Scot, et qu’occupent aujourd’hui des maîtres à peu près leurs contemporains d’études. […] Par exemple, si un magistrat avait acquis toutes les connaissances primitives ou accessoires à son état, en suivant le cours de l’éducation publique jusqu’à sa fin, il renverrait moins fréquemment les affaires par devant des experts et jugerait plus sainement de la bonne ou mauvaise foi de ceux-ci.

793. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Je prescrirois donc le principe suivant à l’artiste. […] Il étoit écrit au livre du destin, chapitre des peintres et des roix, que trois bons peintres feraient un jour trois mauvais tableaux pour un bon roi ; et au chapitre suivant, des miscellanées fatales, qu’un littérateur pusillanime épargneroit à ce roi la critique de ces tableaux ; qu’un philosophe s’en offenseroit, et lui diroit quoi, vous n’avez pas de honte d’envoyer aux souverains la satire de l’évidence, et vous n’osez leur envoyer la satire d’un mauvais tableau.

794. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Si le fonds de la loterie avait excédé la valeur des tableaux, le surplus aurait été reversé sur la loterie suivante. […] Ce projet n’a point eu lieu, parce qu’il était embarrassé de différentes difficultés qui disparaissent en suivant la manière simple dont je l’ai conçu.

795. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Chaque être demande à se nourrir des contingences pour les refondre en lui, suivant son propre caractère. […] Il n’est même pas exagéré de prétendre que l’acte sexuel, qui crée suivant les lois de la chair, apporte également au cerveau la fécondation nécessaire pour en faire éclore les germes.

796. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Ce qui restait de cet éclat réfléchi sur la première moitié de l’âge suivant ne jeta plus, après Rocroi, qu’une pâle et funèbre lueur, sous ces voûtes de l’Escurial où s’endormit plus tard une race française, également déchue de son origine et de sa conquête. […] Ses poésies lyriques, publiées dans les deux années suivantes, furent populaires d’abord dans les salons et partout répétées.

797. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

On lui fait entendre que l’empereur l’a nommé marquis ; puis Léonore lui donne rendez-vous pour la nuit suivante sous son balcon. […] Au tableau suivant, c’est bien simple. […] Et la scène suivante est supérieure encore. […] Mais j’ai vraiment peur que, au tableau suivant, le mystère de la Nativité n’ait été réduit à une historiette un peu étroite. […] Le tableau suivant me paraît le meilleur.

/ 1898