Quant à sa toilette, cette aérienne toilette de mousseline et de rubans qui semblait faite avec de la gaieté, de la folie et de la musique, pleine de grelots et parfumée de lilas, elle s’était évanouie comme ces beaux givres éclatants qu’on prend pour des diamants au soleil ; ils fondent et laissent la branche toute noire. […] VI Fantine se traîne dans la misère et échoue à la prostitution la plus abjecte, corrompue par la faim dans sa petite ville natale de M… sur M… Mais Valjean se retrouve là sous un nom qui cache son passé : il a passé dix-neuf ans au bagne, il s’est évadé cinq ou six fois, enfin il a fini par tenter fortune et par la gagner en inventant je ne sais quel procédé nouveau pour économiser la façon sur le noir de jais. […] Il lui semblait que ces splendeurs lointaines, loin de dissiper sa nuit, la rendaient plus funèbre et plus noire.
. — Viens, épaisse nuit ; enveloppe-toi des plus noires fumées de l’enfer, afin que mon poignard acéré ne voie pas la blessure qu’il va faire, et que le ciel ne puisse, perçant d’un regard ta ténébreuse couverture, me crier : Arrête ! […] Avant que la chauve-souris ait cessé son vol circulaire, avant qu’aux appels de la noire Hécate l’escarbot cuirassé ait sonné, par son murmure assoupissant, le bourdon qui appelle les bâillements de la nuit, on aura consommé une action importante et terrible. […] Les honnêtes habitués du jour commencent à languir et à s’assoupir, tandis que les noirs agents de la nuit se lèvent pour saisir leur proie. — Tu es étonnée de mes discours ; mais sois tranquille : les choses que le mal a commencées se consolident par le mal.
Il mêle des réflexions au récit de la chute, et de la mort du roi d’Angleterre, Richard, fils du prince Noir. Il rappelle qu’étant à Bordeaux, le jour où ce roi était né, messire Richard de Ponchardon, maréchal d’Aquitaine, lui avait dit de la part du prince Noir : « Froissart, escrivez et mettez en mémoire que madame la princesse est accouchée d’un beau fils. » Ce souvenir lui fait faire un retour sur la fragilité des plus belles destinées. […] Extrait du virelai : Prendés le blanc, prendés le noir.
Voici le rideau noir qui cachera l’aristarque ; voilà l’ardoise où il inscrira les écarts des chanteurs novices. […] Dans le cénacle de ces vieillards bourgeois, austères ou ratatinés, vêtus de tuniques noires, son pourpoint de velours violet, son collier d’or luisant, son épée de franc baron, sa verte jeunesse patricienne, font de lui comme une apparition radieuse. […] « L’assemblée des maîtres, dit le vieil historien, a lieu dans l’église Sainte Catherine, après l’office de midi… » À cet effet, on ouvre près du chœur une estrade peu élevée, (ein niedriges Gerüst) sur laquelle on place une table avec un pupitre noir.
Alphonse Allais, par exemple, qui devait être le rédacteur en chef du Chat Noir, avait lu l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale et il était passionné de Flaubert. Je ne vous donne pas un rapport entre le Chat Noir et Claude Bernard comme absolument nécessaire. […] Je sais bien que c’est une des tendances d’à présent d’envisager sous les plus noires couleurs les vingt-cinq dernières années de notre histoire, et le monde est plein de gens qui ne se consolent pas d’y être nés.
Évidemment, la jeune fille qu’il s’agit d’éduquer, lui apparaît sous les espèces d’une Espagnole de Valence, trop brune, aux yeux trop noirs, trop duvetée et de trop de tempérament. […] On ne sera plus obligé, pendant les entr’actes, d’affronter les frimas au sortir d’une étuve, de traverser le boulevard en habit noir et d’exposer sa vie pour une cigarette ou pour un verre de bière. […] Seulement, la tragédie selon Corneille ou Hugo est le conte, — noir ou bleu — des passions humaines. […] Des servantes vêtues de noir viennent pour laver le seuil de la porte. […] Côté des femmes : premier prix : Mlle Marty (rôle d’Antoinette dans l’Étincelle), noire comme une taupe, un peu de moustache, mais physionomie vivante.
Paraît un inconnu, grand, sec et noir, qui salue et débite une phrase de trop vive admiration. […] Elles ont de belles chevelures, noires ou cuivrées, qui flottent sur leurs épaules. […] On lui amène le prisonnier, la tête voilée de noir. […] Un dimanche matin, de noir vêtue, Yvonne va sortir ; elle descend au jardin. […] Un petit visage blanc et noir, d’un ovale gracieux : noirs les cheveux, et lustrés, et coiffés à la vierge, avec des nattes posées sur la gauche comme des grappes de raisins noirs ; une papillote revient, le long du cou, sur l’épaule ; noirs, les yeux, et grands ; la bouche est grande et bien dessinée, la figure est mince, d’une tempe à l’autre.
la Noirceur noire Me touche la face et je fais corps avec son épaisseur53. […] J’y entre comme dans la nuit noire et bleue. […] Le chant entreprend cette offrande formidable, il bénit la dissolution avec une solennité violente, il s’élève ainsi qu’une prière noire, il est l’évasion des grandes eaux funèbres, cachées au fond du cœur. — Comme la mort ne se laisse pas embrasser, il se recommence sans trêve ; il semble puiser en lui-même un don qui toujours se dissipe. […] La musique de Tristan, aussi longtemps qu’elle dure, occupe mon corps ainsi qu’une flamme noire ; elle le rend transparent aux ondes mortelles qui errent à l’entour ; elle le traverse comme la destruction. […] Derrière les décors De l’existence immense, au plus noir de l’abîme Je vois distinctement des mondes singuliers.
Crane traça alors, au tableau noir, le chêne réaliste du peintre de paysage et le chêne décoratif du dessinateur. […] Les ressources décorative du carré et du cercle furent alors représentées au tableau noir. […] Les fragiles vases d’argile des Grecs nous conservent encore les portraits de Sapho, délicatement peints en noir, rouge et blanc, mais de son chant nous n’avons que l’écho d’un écho. […] Tous les modèles, disons-le en passant, ont des cartes et un petit sac noir. […] « Les forêts australiennes », nous dit-il, sont funèbres et sévères, et paraissent « étouffer, dans leurs gorges noires, une histoire de morne désespoir ».
Les pays y ont leur nom noble : l’Italie s’appelle l’Ausonie, la mer Noire s’appelle la mer Scythique ; il y a des montagnes de morts et un fracas d’éloquence autorisé par Lucien ; il y a de jolis tours d’adresse oratoire imités d’Ovide ; les canons sont désignés par des périphrases poétiques comme plus tard dans Delille900. […] Sa robe était du plus riche velours noir, et, juste à l’endroit du cœur, garnie de larges diamants d’un prix inestimable disposés en forme de croix. […] Comme je les comptais, le Génie me dit que ce pont était d’abord de mille arches, mais qu’une grande inondation avait balayé le reste, et l’avait laissé ruiné comme je le voyais maintenant. — Dis-moi encore, reprit-il, ce que tu y découvres. — Je vois, répondis-je, une multitude de gens qui le traversent, et un nuage noir suspendu sur chacune de ses deux issues. — Puis, regardant plus attentivement, je vis plusieurs des voyageurs tomber au travers dans la grande marée qui conduit au-dessous, et je découvris bientôt qu’il y avait dans ce pont d’innombrables trappes cachées, où l’on ne mettait le pied que pour s’enfoncer et disparaître à l’instant. […] Ne juge pas que l’homme ait été fait en vain, puisqu’une telle éternité lui a été réservée. — Je contemplai avec un plaisir inexprimable ces îles bienheureuses. — Maintenant, dis-je au Génie, montre-moi, je t’en supplie, les secrets cachés derrière ces noirs nuages qui couvrent l’Océan de l’autre côté du roc de diamant. — Comme le Génie ne me répondait pas, je me tournai pour lui faire une seconde fois ma demande, mais je trouvai qu’il m’avait quitté.
« Il fronce ses noirs sourcils ; sa chevelure divine ondoie sur sa tête immortelle, et tout le vaste Olympe en est secoué. » Mais Junon s’aperçoit que son époux a promis quelque chose à Thétis aux pieds d’argent, personnification de la mer aux plaines blanchies d’écume. […] Tels, dans un champ à labourer, deux bœufs noirs traînent avec la même ardeur une pesante charrue ; de leurs fronts hérissés de cornes découle une abondante sueur. […] Hector est ainsi traîné par Achille dans un nuage de poussière où flotte sa noire chevelure ; sa tête, autrefois si belle, est ensevelie dans la poudre. […] « Entre les rochers d’Imbros et de Samos, Iris, dit le poète, se précipite dans les noires ondes et la mer gémit sous son immersion.
Ces longs murs noirs, ennuyeux à l’œil, ceinture sinistre du vaste cimetière qu’on appelle une grande ville ; ces haies mal closes laissant voir, par des trouées, l’ignoble verdure des jardins potagers ; ces tristes allées monotones, ces ormes gris de poussière, et, au-dessous, quelque vieille accroupie avec des enfants au bord d’un fossé ; quelque invalide attardé regagnant d’un pied chancelant la caserne ; parfois, de l’autre côté du chemin, les éclats joyeux d’une noce d’artisans, cela suffisait, durant la semaine, aux consolations chétives de notre ami ; depuis, il nous a peint lui-même ses soirées du dimanche dans la pièce des Rayons jaunes. […] Ou bien, si d’un pinceau la légère finesse Sur l’ovale d’ivoire avait peint ses attraits, Le velours de sa joue, et sa fleur de jeunesse, Et ses grands sourcils noirs couronnant tous ses traits : Ah ! […] Laissons à Lamartine, à Nodier, nobles frères, Leur Jura bien-aimé, tant de scènes contraires En un même horizon, et des blés blondissants, Et des pampres jaunis, et des bœufs mugissants, Pareils à des points noirs dans les verts pâturages, Et plus haut, et plus près du séjour des orages, Des sapins étagés en bois sombre et profond, Le soleil au-dessus et les Alpes au fond. […] Une bouche discrète, au sourire prudent, Un parler sobre et froid, et qui plaît cependant ; Une voix douce et ferme, et qui jamais ne tremble, Et deux longs sourcils noirs qui se fondent ensemble.
Par exemple, la critique de cette expression du poëte « une blanche aux yeux noirs. » Pour moi, je ne vois pas en quoi pèche l’expression, ni par où elle serait moins admissible qu’une brune aux yeux bleus, qui est très-reçue.
Mais dans cette horrible ivresse, l’homme se sent condamné à un mouvement perpétuel ; il ne peut s’arrêter à aucun point limité, puisque la fin de tout est du repos, et que le repos est impossible pour lui ; il faut qu’il aille en avant, non qu’au-devant de lui l’espérance apparaisse, mais parce que l’abîme est derrière, et que, comme pour s’élever au sommet de la montagne Noire, décrite dans les Contes Persans, les degrés sont tombés à mesure qu’il les a montés.
Ces inventions de fou dialecticien parlant constamment la langue d’un président des quatre classes de l’Institut un jour de gala, cela me fait la même espèce de plaisir que les cabrioles d’un clown à favoris et en habit noir, mais un plaisir dix fois plus intense, d’autant que les choses de l’esprit sont au-dessus de celles de la matière.
C’est la misère en habit noir et en robe de dame.
Il aspire à épouser la fille de la maison, il chasse le fils, il cherche à séduire la femme ; il dépouillerait son protecteur lui-même, si un deus ex machina ne déjouait ses noirs desseins.
Le Rouge et le Noir est un roman de conscience et d’action.
« De taille moyenne et assez spontanément épanoui, il porte, pas trop haut, une longue tête enfantine ; cheveux châtains s’avançant en pointe sur un front presque sacré et retombant, plats et faibles, partagés par une pure raie droite, celer deux mignonnes oreilles de jeune fille ; masque imberbe sans air glabre, d’une pâleur un peu artificielle mais jeune ; deux yeux bleu-gris partout étonnés et timides, tantôt frigides, tantôt réchauffés par les insomnies ; un nez sensuel ; une bouche ingénue, ordinairement aspirante, mais passant vite du mi-clos amoureux à l’équivoque rictus des gallinacés… Il ne s’habille que de noir et s’en va, s’en va, d’une allure traînarde et correcte, correcte et traînarde5. » Il dit encore : Mon père (un dur par timidité) Est mort avec un profil sévère ; J’avais presque pas connu ma mère, Et donc vers vingt ans je suis resté.
Je lui dirais : « Mon frère, te voici venu tout seul, tout ignorant, tout pauvre, dans un monde où l’isolement, l’ignorance et la pauvreté sont des caves froides et noires sur lesquelles la Matière repue a bâti son palais.
Si sa pensée habituelle est triste, sombre et noire, s’il fait toujours nuit dans sa tête mélancolique et dans son lugubre atelier, s’il bannit le jour de sa chambre, s’il cherche la solitude et les ténèbres, n’aurez-vous pas raison de vous attendre à une scène vigoureuse peut-être, mais obscure, terne et sombre ?
Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si l’on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle ; ce scribe, qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix ; ce solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net (el rey netto), au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale ; Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore, parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire.
Qu’un aveugle, un boiteux, un sourd, un cul-de-jatte, Un héros, dont le cou se perd sous l’omoplate, Dans un drame bien noir s’introduise à propos ; Le parterre attendri poussera des sanglots.
» Nul outrage ne vient à bout de sa soumission ; il lui a si fort serré le bras que ce bras est « tout noir et tout bleu » ; il a essayé pis : il s’est conduit comme un charretier et comme un coquin ; par surcroît, il la calomnie longuement devant les domestiques ; il l’insulte, et redouble, il la provoque à parler ; elle ne parle pas, elle ne veut pas manquer à son maître. « Monsieur, répond-elle doucement, vous avez le droit de dire ce qui vous plaît ; moi, mon devoir est de dire seulement : Dieu bénisse votre honneur1040 ! […] Mais du velours noir ! Du velours noir, belle comme vous l’êtes, avec ces yeux charmants, brillants comme un soleil d’avril à travers un nuage d’hiver ? […] On est rebuté, on perd l’émotion, on voit le prédicateur en robe noire sortir en nasillant de l’habit mondain qu’il avait pris pour une heure ; on est mécontent de la tromperie. […] Pour pénétrer dans ce noir hôpital suffocant qui pullule de vermine, il faut ramper sous les hamacs pressés et les écarter par la force des épaules avant d’arriver jusqu’aux patients.
« Sa sublimité monotone « Plane sur de tristes climats ; « C’est un long orage qui tonne « Dans la saison des noirs frimas. […] « Son génie errant et sauvage « Est cet ange noir que Milton « Nous peint de nuage en nuage, « Roulant jusques au Phlégéton. […] Elle dérobe aux bûchers les os et les chairs à demi brûlés ; elle s’habille avec les lambeaux des linceuls ; elle donne aux mourants de derniers baisers, les blesse d’une morsure impie, ou fait passer aux enfers les noirs secrets qu’elle murmure sur leur bouche entrouverte et glacée. […] Enfin l’accomplissement du noir sortilège lui rend la voix ; Érichtho lui promet, s’il veut parler, qu’il repassera paisiblement le fleuve du Léthéab, et que nulle évocation ne l’arrachera plus à son sommeil éternel. […] Il y est entré plus avant que l’Arioste qui retient son Astolphe à la porte de ce noir séjour, comme le héros de l’Odyssée.
Mais il parle avec quelque attendrissement de la vierge noire qui est placée dans une niche, sur la cheminée de la maison. […] Cette strophe ne se déroule-t-elle pas comme un drapeau noir ? […] C’est physiquement et moralement tout à fait l’homme de ses ouvrages : un beau garçon grand, brun, trente ans, aux longs cheveux, vêtu de noir et boutonné, en gants jaunes. […] Jean Béraud nous avait montré l’an dernier Jésus à table, parmi des pharisiens en redingote noire, portant à la boutonnière la rosette de la Légion d’honneur. […] Nous avons des médecins qui ne guérissent pas beaucoup de maladies ; mais les sorciers des tribus noires font moins de bien encore, et plus de mal.
Son teint était basané, ses cheveux noirs. […] Il portait un pardessus dont la couleur noire se détachait sur un pantalon d’une nuance claire, une cravate noire, un gilet noir, des gants gris glacés ; à l’une des boutonnières de son gilet était suspendue une petite chaîne en or qui retombait dans une poche de côté, et de son habit et de son linge frais s’exhalait un doux arôme. […] Il s’approche et distingue un petit chien blanc moucheté de noir qui tremblait de tous ses pauvres petits membres, s’affaissait, glissait, et malgré tous ses efforts ne pouvait sortir de l’eau. […] Jusqu’au soir, la triste veuve resta dans sa noire disposition d’esprit.
Le costume en question se composait d’un gilet de satin cerise, très collant, comme un justaucorps, d’un pantalon vert d’eau très pâle avec une bande noire, d’un habit noir à revers de velours, d’un pardessus gris doublé de satin vert et d’un ruban de moire autour du cou, sans que ni cravate ni col blanc se laissassent apercevoir. […] Le Rouge et le Noir étudie cette première époque de la Restauration française où l’influence religioso-aristocratique succéda au pouvoir militaire de Napoléon, — idole de Stendhal. […] Dans le Rouge et le Noir il serait fort à propos que le roman se terminât au premier volume : il pourrait aussi finir au milieu du second. […] Il suivait toute la gamme du rouge, des mercures sulfurés, carmins et saignants, jusqu’au rouge noir de l’hématite, et rêvait à l’omatito, la couleur perdue du xvie siècle, la couleur cardinale, la vraie pourpre de Rome…. […] Les noirs, les terres de Sienne, les bitumes dont Fernan ne fit, lui-même, usage qu’avec une extrême mesure, manquent complètement.
L’hippogriffe s’abîme dans les ténèbres ou son sillage émeut des remous d’étoiles… Tout est noir ! […] N’y a-t-il pas des heures où tes élans vers l’amour pur avortent, où le ciel muet et noir se ferme devant toi, où ton âme est pareille à un désert sans oasis, à un jardin que n’arroseront plus jamais les eaux vives de la Grâce ? […] Des nuages noirs encombrent le ciel nocturne. […] Comme surtout, un petit sphynx de marbre noir aux yeux d’opale changeante. […] Grymalkin, vêtu d’une houppelande de velours noir à crevés de satin ponceau, se tient debout devant le feu.
Il n’a point échappé à la contagion de cette petite vérole noire qui a sévi avec tant d’intensité sur la France contemporaine. […] Becque, lui, préfère la manière noire. […] Alexandre Dumas fils à un diamant noir, sous prétexte qu’un de ses arrière-grands-pères a été nègre ; on se demande si M. […] Bourget soit faite de verre noirci : les hommes vus au travers seront teintés de noir. […] Sera-t-il de ceux qui disent avec une glaciale sérénité : Ici est la limite de ce que l’homme peut connaître ; au-delà est un abîme noir où son regard se perd.
Brune aux yeux de lotus, blonde à paupière noire, Ô Grecque de Milet, sur l’escabeau d’ivoire Pose tes beaux pieds nus. […] Émile Zola et son école : « L’héroisme de la vie moderne nous entoure et nous presse… L’habit noir et la redingote ont leur beauté poétique, qui est l’expression de l’âme publique… Les héros de l’Iliade ne vont qu’à votre cheville, ô Vautrin, ô Rastignac, ô Birotteau ! […] Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre, Nos cœurs que lu connais sont remplis de rayons ! […] Sans lécher le sang noir qui s’égoutte du flanc, Il érige sa tête aiguë en grommelant ; Et la haine, dans ses entrailles, brûle et gronde228. […] De même, pendant l’agonie de sa sœur, il prévoit « les draps noirs et l’ignoble bruit des souliers ferrés des croque-morts qui descendent les escaliers ».
Quand elle ne jouait pas la tragédie, madame Sainval se cachait sous un voile noir qui la couvrait de la tête aux pieds. […] Les papillons noirs voltigent autour de ces yeux hardis qui découvraient si bien, dans l’ombre, la robe blanche de Rosine ou la cornette égrillarde de Marton. […] Voici la maison de Bartholo ; voici la jalousie fermée à clef, derrière laquelle étincelle et brille un œil noir. […] C’est un chef-d’œuvre que d’avoir inventé un habit sérieux qui ne fût pas noir, et je le donne, en six coups, aux faiseurs les plus éclairés. […] Vos leçons en haillons me font horreur, votre paille et votre pain noir me répugnent.
On le tenait dans les bras, et il regardait un abat-jour posé sur une bougie, où des figures de chiens, bien éclairées, se dessinaient en noir. […] Nous le détachons et nous le notons au moyen de symboles, qui tantôt sont les noms de surface, ligne et point, tantôt sont une classe d’objets sensibles, fort maniables, choisis pour tenir lieu de tous les autres, la surface réelle d’un tableau noir ou d’un papier blanc, le mince tracé d’un trait de craie ou d’encre, la très petite tache que laisse sur le papier ou sur le tableau l’attouchement momentané de la plume ou du crayon. — La tache étant exiguë, nous sommes tentés de ne point faire attention à sa longueur ni à sa largeur, qui sont réelles ; par cette omission, nous en faisons involontairement abstraction, et nous n’avons pas de peine à traiter la tache comme un point. — Le tracé étant fort effilé, nous sommes disposés à ne point nous inquiéter de sa largeur, qui est réelle ; par cette omission, nous la retranchons, et, sans efforts, nous en venons à considérer le trait comme une ligne. — Le tableau et le papier étant tout à fait plats et unis pour notre œil et notre main, nous n’éprouvons aucune sensation qui nous avertisse de leur épaisseur ; par cette omission, nous la supprimons, et nous sommes tout portés à regarder le tableau et le papier comme de vraies surfaces. — De cette façon, le tableau, le trait étroit, la petite tache de craie deviennent des substituts commodes. […] En reculant par la pensée la surface du tableau noir, nous voyons naître tout le tableau solide. — De cette construction générale, passons aux particulières.
« Sa taille était petite, mais robuste ; ses traits étaient fins et gracieux ; son teint avait la délicatesse et le coloris d’un teint de femme ; ses cheveux noirs, flottant en boucles naturelles sur un front très ombragé, ses yeux grands et bien ouverts annonçaient l’audace sans insolence. […] Par-dessus toutes ces cimes grises, noires, azurées, mobiles, plane le dôme neigeux du mont Soracte, qui semble le père ou le berger de tout ce troupeau de collines. […] Le Poussin a merveilleusement compris et rendu ces paysages d’Ustica ; c’est le vrai peintre de la Sabine ; il y passait ses étés pour y retremper ses pinceaux dans les grandes ombres noires, dans le ciel bleu, dans les lacs dormants de ces montagnes classiques.
Elle portait ce jour-là, et je l’ai presque toujours vue depuis, une robe à plis flottants de soie grise, nouée par une ceinture noire et montant en chaste tunique jusqu’à son cou ; ses souliers de soie sombre disparaissaient sous les bords un peu traînants de sa robe ; un châle oriental de couleur blanche recouvrait ses épaules et serrait sous une contraction de ses coudes sa taille élancée ; un chapeau de paille de Florence aux larges ailes flottantes ombrageait sa tête, contrastant par sa nuance légèrement dorée avec le blond sombre de ses cheveux et avec les tons marbrés du front et des joues ; elle roulait dans une de ses mains les bouts d’un large ruban puce qui descendait comme de la gance d’un chapeau de berger jusqu’à sa ceinture. […] Cette tête attirait et pétrifiait les yeux ; des cheveux soyeux et inspirés sous leur neige, un front plein et rebombé de sa plénitude, des yeux noirs comme deux charbons mal éteints par l’âge, un nez fin et presque féminin par la délicatesse du profil ; une bouche tantôt pincée par une contraction solennelle, tantôt déridée par un sourire de cour plus que de cœur ; des joues ridées comme les joues du Dante par des années qui avaient roulé dans ces ornières autant de passions ambitieuses que de jours ; un faux air de modestie qui ressemblait à la pudeur ou plutôt au fard de la gloire, tel était l’homme principal au fond du salon, entre la cheminée et le tableau ; il recevait et il rendait les saluts de tous les arrivants avec une politesse embarrassée qui sollicitait visiblement l’indulgence. […] Négligées des hommes affairés, ces femmes vivent généralement à l’ombre comme les odalisques d’Orient ; il faut les découvrir soit dans les églises, soit aux fenêtres hautes de leurs maisons noires, semblables à des monastères espagnols.
Regardez encore une ligne noire sur du papier blanc. Vous percevez la couleur noire au moyen d’une sensation caractéristique ; mais toute couleur est étendue, et, ici, elle a la forme d’une ligne ayant une certaine largeur, forme sans laquelle la couleur même ne serait pas visible. […] Ne saisissez-vous pas l’extériorité mutuelle des parties de la ligne, qui est une série de différences spatiales, tout comme vous saisissez la différence même du noir et du blanc ?
Le dessous des galeries est très-vaporeux ; si j’osais hazarder une observation, je dirais que la partie inférieure des voûtes à gauche sur le devant m’a paru seulement un peu trop obscure, trop noire. […] Au bas de l’arcade qui éclaire de la manière la plus douce et dont la lumière est faible, pâle, comme celle qui a traversé des vitres, autre portion de mur nu et obscur où l’on voit debout quelques moines noirs. […] C’est bien dommage que les petites figures ne répondent pas à la perfection du reste ; ces moines blancs et noirs, cette dévote sont des magots raides comme ceux qu’on étale à la foire st-Ovide ; c’est ce suisse surtout qu’il faut voir avec sa hallebarde ; c’est précisément comme ceux qu’on me donnait au jour de l’an quand j’étais petit.
Cependant la conversation continue, et l’homme aux cheveux noirs prend avec chaleur la cause de la liberté contre celui qui paraît hésiter à la défendre : celui-ci s’étonne, se rassure et se met à rire en disant : « Ma foi, je croyais que ce citoyen était un jacobin, et je n’étais pas à mon aise ! […] Tout le portrait, d’ailleurs, est à lire ; c’est un portrait en noir, mais bien accusé.
Villars commande le détachement qui doit tout faire pour forcer les obstacles et se mettre en mesure de joindre l’électeur : il s’agit d’abord de traverser le Rhin en présence de l’ennemi, puis de s’ouvrir malgré lui et à travers ses postes retranchés l’entrée des montagnes Noires. […] Il hésitait à entrer dans les montagnes Noires, de peur d’y être coupé, sans pouvoir joindre un allié qui tendait si peu la main.
Le voilà donc pendant tout l’hiver de 1661, le printemps et l’été de 1662, à Uzès ; tout en noir de la tête aux pieds ; lisant saint Thomas pour complaire au bon chanoine, et l’Arioste ou Euripide pour se consoler ; fort caressé de tous les maîtres d’école et de tous les curés des environs, à cause de son oncle, et consulté par tous les poëtes et les amoureux de province sur leurs vers, à cause de sa petite renommée parisienne et de son ode célèbre sur la Paix ; d’ailleurs sortant peu, s’ennuyant beaucoup dans une ville dont tous les habitants lui semblaient durs et intéressés comme des baillis ; se comparant à Ovide au bord du Pont-Euxin, et ne craignant rien tant que d’altérer et de corrompre dans le patois du Midi cet excellent et vrai français, cette pure fleur de froment dont on se nourrit devers la Ferté-Milon, Château-Thierry et Reims. […] Je ne l’avois jamais vue qu’à cinq ou six pas, et je l’avois toujours trouvée fort belle ; son teint me paroissoit vif et éclatant ; les yeux, grands et d’un beau noir, la gorge et le reste de ce qui se découvre assez librement dans ce pays, fort blanc.
Blessé, se sentant mourir, il envoie un ami la chercher : si elle veut venir, l’ami dressera une voile blanche sur son vaisseau ; sinon, il le garnira de voiles noires. Mais comme Tristan s’agite, impatient, sur son lit et demande si l’on aperçoit le vaisseau qu’il attend, sa femme, torturée de jalousie, lui annonce un navire aux noires voiles : et il meurt, au moment où débarque la seule, la toujours aimée Yseult, qui se précipite et prie pour lui : « Ami Tristan, quand vous vois mort, Je n’ai droit ni pouvoir de vivre ; Vous êtes mort pour mon amour, Et je meurs, ami, de tristesse, De n’avoir pu venir à temps. » Auprès de lui se va coucher ; Elle l’embrasse, et puis s’étend : Et aussitôt rendit l’esprit.
Fagus — Ces soirs nous ont voués, gens de lettres à voir Charles-Ernest ou Souday brandir, pantins sinistres Leurs noirs ongles plus noirs que leurs âmes de cuistres !
Dans ce qui reste après cette grave amputation, l’écrivain est condamné au perpétuel dilettantisme, qui jongle avec les opinions et dit tour à tour blanc et noir ; impassible, il risque de composer des ouvrages qui ont le froid et le poli de la glace ; détache de la lutte des idées, il est réduit au souci exclusif de la forme ; forcé de s’abstenir en toute question qui touche à la vie profonde de la nation, il s’abâtardit en une sorte de veulerie et de lâcheté intellectuelles ; il en arrive à fabriquer de jolis riens, des bibelots de décadence, flacons ciselés où ne demeure plus une goutte de liqueur, plus un atome de parfum ni de pensée. […] Ainsi, pour peu qu’on suive dans sa marche ce qu’on a nommé de nos jours « le mal du siècle », cette espèce de petite vérole noire qui a sévi durant bon nombre d’années, on voit, pour ainsi dire, la contagion passer de certains écrivains fameux à leurs lecteurs ; on voit le suicide parfois, plus souvent l’aveulissement de la volonté dériver des œuvres pessimistes et déprimantes composées par les hommes de talent qui furent atteints de cette maladie.
Revienne une nouvelle tempête, et la chauve-souris d’Albert Dürer étendra de nouveau ses ailes noires sur le ciel, jusqu’à l’obscurcir cette fois tout entier. […] Olympe fête l’arrivée de la vieille par un petit dîner clandestin auquel elle invite un aigre fin de sa connaissance, Annibal en habit noir.
Cette Mme de Montglat, qu’il a le plus aimée, est présentée avec une complaisance toute particulière : Mme Bélise a les yeux petits, noirs et brillants, la bouche agréable, le nez un peu troussé, les dents belles et nettes, le teint trop vif, les traits fins et délicats, et le tour du visage agréable. Elle a les cheveux noirs, longs et épais.
Non ; il est et il reste caché pendant plusieurs jours dans un cabinet noir de l’appartement même de la marquise. […] Elle avait les cheveux noirs.
* * * — On peut dire qu’en France, le jour où le chef du gouvernement a eu sur le dos, comme uniforme, un habit noir, c’en a été à jamais fait de sa puissance et de sa gloire militaires. […] Dans leur cage de cristal, avec leurs cravates noires, leurs cols de petits garçons, la délicate coquille de leurs oreilles, l’échafaudage de leurs cheveux torsadés, elles font très bien les caissières de M.
Ce sont les plus forts, c’est le plus fort, et après lui ceux qui sont les plus forts, qui gouvernent et qui ont le droit pour eux, et Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. […] Il ne faut jamais déclarer son opinion et il faut, selon les gens, être noir ou blanc.
Une musique qui ne serait formée presque entièrement que de simples blanches ou de simples noires, serait certainement plus monotone, et par conséquent moins agréable, que si dans cette même musique, sans y rien changer d’ailleurs, on entremêlait avec intelligence et avec goût les noires et les blanches, et s’il résultait de là une mesure plus vive, plus marquée, et plus variée dans ses parties.
Ayez le sentiment de ce que vous seriez vous-même, si vous apparteniez à la clientèle grise ou noire qui s’agite autour des puits de mine et des hauts-fourneaux, dans les arsenaux des ports, dans les forêts qu’on exploite, dans les ateliers des usines, dans les colonies où vont s’abîmer les aventuriers et les désespérés de la mère patrie. […] Je connaissais les paroles et la musique tendre et grôle qui célébraient la tribu, les tentes rayées de noir, les coups de main audacieux, les razzias et le regard profond des femmes qui voient partir le guerrier.
Va, maintenant, Écho, dans la noire demeure de Plu ton, porter au père une glorieuse nouvelle ; et voyant Cléodème, dis-lui son fils, et comment, aux vallons de la célèbre Pise, il a couronné sa jeune chevelure des ailes de la victoire athlétique. » Dans ce mot à mot qui ne déplaît pas, on aperçoit du moins quelque chose de l’original, son trait court et rapide, son mouvement facile et sa brièveté, sinon sa grâce. […] Le Danube, géographiquement, se jette dans la mer Noire ; mais Btwsuet, en poëte, appelle toute mer l’Océan.
« Il existait le chaos et la nuit, et, au commencent ment, le noir Érèbe et le Tartare ; mais ni la terre, ni l’air, ni le ciel, n’étaient encore. Dans le cercle infini de l’Érèbe, avant tout, la Nuit aux ailes noires produisit un œuf non couvé, d’où, par la révolution du temps, jaillit l’Amour, père des Désirs, battant son dos de ses ailes dorées, et semblable lui-même aux tourbillons de la tempête.
Ce discours vous déplaira fort, Et je confesse que j’ai tort De parler du soin de ma vie À celui qui n’eut d’autre envie Que de chercher partout la mort… Mais vous et moi, c’est bien différent, continuait agréablement Voltaire : si, en l’une de vos belles journées, un coup de canon vous avait envoyé chez Pluton, vous étiez sûr d’avoir toutes les consolations magnifiques qu’on décerne aux fameux capitaines : service solennel, oraison funèbre, et Saint-Denis peut-être au bout : Mais si quelque jour, moi chétif, J’allais passer le noir esquif, Je n’aurais qu’une vile bière ; Deux prêtres s’en iraient gaiement Porter ma figure légère Et la loger mesquinement Dans un recoin du cimetière.
Les lunettes les plus foncées ne me suffisaient plus ; je les mis doubles, et finalement j’eus l’idée de noircir mes lunettes avec du noir de charbon… Constamment il m’a semblé que mes jambes n’étaient plus à moi ; il en était à peu près de même de mes bras ; quant à ma tête, elle me semblait ne pas exister… Il me semblait que j’agissais par une impulsion étrangère à moi-même, automatiquement.
Ils ne savent pas raisonner ; ils prouvent leur dire d’étrange façon, et l’on n’a pas idée des raisonnements biscornus qui peuvent sortir d’une tête saine pourtant. « La preuve que c’est vrai, c’est que c’était un vendredi, et que j’ai rencontré un moment après Mme…, qui était en noir, avec un chapeau neuf. » Comme si, pour mentir, on ne pouvait inventer ces coïncidences aussi bien que le gros du fait.
Huysmans a transporté ses instruments de travail chez les diaboliques, a photographié et enluminé des messes noires et des épisodes de l’histoire d’un authentique Barbe-Bleue.
On n’en sait rien : peut-être une éclaboussure ignée de lave refroidie, lancée avec une impulsion rotatoire par quelque éruption d’un volcan céleste ; peut-être un grain de poussière éthérée soulevé dans sa course par le vent de quelque astre démesuré de grandeur ; peut-être un atome de fumée émané tout noir et tout calciné de quelque foyer de soleil ?
« Tout ce que l’enfer peut vomir de plus faux — dit-il des Philippiques — y était exprimé dans les plus beaux vers, le style le plus poétique, et tout l’art et l’esprit qu’on peut imaginer. » Quand il arrive aux affreux passages où le Régent est accusé d’empoisonnement : « L’auteur — ajoute-t-il — y redouble d’énergie, de poésie, d’invocations, de beautés effrayantes, de portraits du jeune roi et de son innocence… d’adjurations à la nation de sauver une si chère victime, en un mot, de tout ce que l’art a de plus fort et de plus noir, de plus délicat, de plus touchant, de plus remuant et de plus pompeux… » Ce n’est pas tout.
Malgré l’attrait de tout noir et de toute estompe, j’aurais cependant mieux aimé un autre titre, et même une autre distribution.
Intellectuellement orateur, mais empêtré dans un corps qui ne l’était pas, — car le corps, c’est la moitié de l’orateur, — sagace comme le bel œil noir, un peu couvert, de son portrait, le dit, mais lourd, épais et gauche de tournure et de mains, comme le dit son portrait encore, cet indigéré de discours accumulés au fond de sa pensée et qui ne passaient pas assez vite dans ses organes pour qu’il les dardât de la tribune à ses adversaires, il les expectorait dans ses pamphlets, et Dieu sait avec quelle abondance, quelle facilité, quel jet de salive !
Des voiles qu’il soulève, il rend sa nuit plus noire : Aussitôt qu’il s’éclaire, il désapprend à croire.
Or, comme ces glorifications du Néant et de l’Être ne peuvent jamais être très variées, et qu’on ne voit pas grand’chose, quand on n’est pas fakir, dans ces deux pierres noires, il se trouve que pour nous, restés occidentaux, aux sensations nettes, à l’esprit positif et au cœur chrétien, il est (qu’il nous permette de lui dire ce mot qui n’est pas indien) souverainement ennuyeux.
Il n’a cueilli que cette rose pâle dans la gerbe des roses noires ensanglantées de lord Byron· Il n’a pas osé, tout hardi qu’il est, mettre la main dans le buisson terrible.
Ce n’est pas seulement un démocrate, c’est un Bleu… Il n’a pas de hausse-col comme Carrel, toujours officier, même en habit noir ; mais il n’en est pas moins un Armand Carrel à sa manière.
En cela rien d’extraordinaire et que les autres n’aient éprouvé avant moi ; mais, comme ma course se croisait avec tout ce qui se passait alors, avec les flottes alliées en station à Bérika et à Ténédos, avec l’armée ottomane qui demandait la guerre, avec les troupes égyptiennes qui s’exerçaient au combat avant de s’embarquer sur la mer Noire, j’ai dû associer presque involontairement mes sensations personnelles à celles des populations que je visitais… » Certes !
Je voudrais que sur la pierre noire et brute on eût gravé : « Ici il prit la coupe ; là, il bénit l’esclave qui la lui portait ; voici le lieu où il expira. » On irait en foule visiter ce monument sacré ; on n’y entrerait pas sans une sorte de respect religieux, et toute âme courageuse et forte, à ce spectacle se sentirait encore plus élevée.
Ceux qui, dans la nuit noire, ont cherché à reconnaître les objets à l’horizon lointain, peuvent se faire une idée du tableau qu’offre le monde intellectuel d’un débile. […] Ceux donc qui voient le monde à travers les yeux du mystique, plongent le regard dans une masse noire ondoyante où ils peuvent trouver tout ce qu’ils veulent, quoique, en réalité, ils ne perçoivent rien, et justement parce qu’ils ne perçoivent rien. […] Arthur Rimbaud, Les Voyelles, dont le premier vers porte : A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu. […] Arthur Rimbaud dit l’A noir. […] Un malade de Legrain « s’attachait à connaître le bien du mal par la distinction des couleurs, en remontant du blanc au noir.
tes grands yeux pensifs, tout noirs sous ton front blême ! […] Quatre hirondelles, — corselets de soie pâle, petits manchons, queues bifides de velours noir, — voltigent épeurées et frileuses, dans ce désert de givre. […] Et elle tombe dans les bras de son ami devant la table au tapis vert et le tableau noir où elle vient de démontrer victorieusement le théorème du carré de l’hypoténuse. […] Mais il est surprenant que, au bout de six mois, on n’ait pas encore mis la main sur le meurtrier… Tout à coup un joli tourbillon de crêpes noirs, sous un mignon chapeau noir à liseré blanc, se précipite dans la sacristie. […] Il y a ceci, qu’il a les mains noires, à cause du métier, et qu’elle a les mains blanches.
» dit le monsieur en habit noir d’Henriette Maréchal. […] Du révolté noir de poudre, elle a fait un pitre barbouillé de fard. […] LE ROI Avez-vous des plumes noires ?… Il faudrait des plumes noires pour savoir si la reine vit encore… C’était une belle femme, vous savez… Entendez-vous mes dents ? […] Mais demain, le demain si noir, que sera-t-il ?
La race supérieure, c’est la race aryenne, qui l’emporte non seulement, bien entendu, sur les jaunes et les noirs, mais sur les autres races blanches, sémites et chamites. […] Bricaud, qui ajoute d’ailleurs que certains détails du récit de la messe noire donné par Huysmans étaient empruntés à des documents anciens tirés des archives de Vintras. […] Fernand Gregh a mis en sous-titre : « Deuxième consultation du docteur Noir. » Dans sa pénétrante préface, M. […] ces villes du passé, perdues au fond de l’Anatolie, ces villages dans la verdure groupés autour des minarets blancs et des cyprès noirs, comme on y respire la paix et la confiance, combien la vie s’y révèle honnête et patriarcale ! […] Il avait des visions ; le diable l’honorait de tentations privilégiées et lui apparaissait sous la forme d’un grand chien noir.
Son église devient un temple, vide d’images, d’ornements et de cérémonies, parfois tout nu, simple lieu d’assemblée, où, entre des murs blanchis, du haut d’une chaire unie, un homme en robe noire parle sans gestes, lit un morceau de la Bible, entonne un hymne que continue la congrégation. […] Nous sommes contents de le voir roide dans un habit noir, serré dans une cravate blanche et un formulaire à la main. […] Cette énorme obscurité, cette noire mer inexplorée377 qu’ils aperçoivent au terme de notre triste vie, qui sait si elle n’est pas bordée par un autre rivage ? […] Dans la fournaise rouge où bout le fer, dans le cri du cuivre meurtri, dans les noirs recoins où rampe l’ombre humide, il aperçoit la flamme et les ténèbres d’en bas, et le grincement des chaînes éternelles. […] Car elles étaient fermes et se tenaient en place ; mais moi, j’étais emporté et perdu. » Contre le pécheur qui se repent, les démons s’assemblent ; ils obscurcissent sa vue, ils l’assiégent de fantômes, ils hurlent à côté de lui pour l’entraîner dans leurs précipices, et la noire vallée où le pèlerin se plonge égale à peine par l’horreur de ses symboles l’angoisse des terreurs dont il est assailli. « Aussi loin que cette vallée s’étendait, il y avait à main droite une fosse très-profonde, qui est celle où les aveugles ont conduit les aveugles dans tous les âges, et où les uns et les autres ont misérablement péri.
Il s’ennuie, a des humeurs noires. […] Car les Lamartine ont, de père en fils, « la taille haute et mince, l’œil noir, le nez aquilin, le cou-de-pied très élevé sur la plante cambrée… » La tradition les fait sortir « d’un grand village du Mâconnais, colonie exclusivement arabe jusqu’à nos jours ». […] Plus loin, les noirs sapins, mousses des précipices, Et les grands prés tachés d’éclatantes génisses… Mais, pour nous en tenir aux Harmonies, quelle moisson l’on y ferait d’images neuves et vraies ! […] dans ce noir chaos, dans ce vide sans forme, Mon âme sent en elle un point d’appui plus ferme, La conscience ! […] Plus tes gouffres sont noirs, moins ils me sont funèbres J’en relève mon front ébloui de ténèbres !
On ne peut pas se tromper plus absolument du blanc au noir, et Stendhal avait un véritable daltonisme psychologique. […] Tous ses personnages sont de pauvres pécheurs point trop noirs et excessivement loin d’être blancs, comme nous. […] France a la main si légère, et ces coquins sont si peu noirs ! […] De même encore certains personnages secondaires ont changé du noir au blanc du premier volume au troisième. […] Traitez Le Rouge et le Noir en roman réaliste, un peu, pourvoir.
Ce sont des blocs d’un noir rougeâtre qu’on dirait encore brûlants, et qui, au coucher du soleil, prennent l’aspect de la braise à demi éteinte. […] Quoiqu’il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus. […] Il a également évité l’apologie systématique et les noires couleurs du pamphlet. […] Le maître a mis sa belle redingote verte, son jabot plissé fin et la calotte de soie noire brodée qu’il ne porte que les jours d’inspection ou de distribution de prix. […] « Tête nue, il regarde la nuit noire.
Cet homme ne songe plus à lui après deux ans ; il cherche à cela une explication noire. […] Ce « n’était qu’une fille de la terre, dit-il d’une femme qu’il a rencontrée dans ses pérégrinations, avec des dents blanches sous de longs anneaux noirs tombant aux joues brunes, et des yeux hardis. […] Je la ferai doubler de velours noir comme Jean Bart avait fait doubler d’or sa culotte d’argent. » Mais, pour la cravate de dentelles, nous sommes réduits aux conjectures. […] Prenons pourtant une strophe, de celles qu’on peut transcrire : Que ton âme soit blanche ou noire, Que fait ? […] Son chapeau mou semblait lui-même se conformer à sa triste pensée, inclinant ses bords vagues tout autour de sa tête, espèce d’auréole noire à ce front soucieux.
En tête « le roi de l’Inde sur un coursier bai, caparaçonné d’acier et couvert de drap d’or brodé ; son habit semé de grosses perles blanches et rondes ; son manteau constellé de rubis rouges étincelants comme le feu, ses cheveux bouclés et blonds luisant au soleil, ses yeux comme ceux d’un lion, sa voix comme une trompette tonnante, une fraîche guirlande de laurier sur sa tête, et sur son poing un aigle apprivoisé, blanc comme un lis. » Puis, d’un autre côté, Lycurgue, le roi de Thrace, « aux grands membres, aux muscles durs et forts, aux épaules larges, noir de barbe et viril de face, sa longue chevelure de corbeau tombant derrière son dos, un lourd diadème d’or et de rubis sur la tête, lui-même debout sur un char d’or traîné par quatre taureaux blancs, derrière lui vingt lévriers grands comme de petits buffles et munis de colliers d’or ouvragé, à l’entour cent seigneurs bien armés et bien braves. » Un hérault d’armes ne décrirait pas mieux ni davantage. […] Trois siècles de travail au fond de cette fosse noire n’ajoutèrent pas une idée à l’esprit humain. […] Le Hasard, comme une noire fumée, plane au-dessus des choses et bouche la vue du ciel. […] En parlant de Cressida, il dit : « Aussi vrai que notre première lettre est maintenant un A, on ne vit jamais chose digne d’être plus chèrement louée, ni sous un noir nuage d’étoile si brillante. » 219.
» On se souvient, peut-être, de ce noir et terrible adage du vieux texte biblique. […] Il ne lui arrive jamais, d’ailleurs, de les pousser ni au noir, ni au rose. […] Dès lors, l’espoir se couvrait, malgré les plaies étalées, le noir tableau des hontes humaines. […] De tous ses livres, de ce poème tragique de l’Œuvre à l’épopée rouge et noire de Germinal, des pages du Bonheur des Dames aux pourritures d’or et de chair de Nana, aux légendes héroïques de la Débâcle ; de tous ces livres monte un râle, et ce râle persiste même à travers la joie saine de ce qui va naître de l’incessante mort.
Ne croyez pas tant à l’immortalité de ce chiffon empreint de noir qu’on appelle du papyrus ou du papier. […] Enfin, au soleil couchant, la porte de la maisonnette tourna lentement et sans bruit sur ses gonds, un petit homme en habit noir, à fortes épaules, à jambes grêles, à noble tête, sortit suivi d’un chat auquel il jetait des pelotes de pain pour le faire gambader sur l’herbe ; l’homme et le chat s’enfoncèrent bientôt dans l’ombre d’une allée. […] Un moment après, l’habit noir reparut sur le seuil de la maison, et referma la porte. […] Or, voici littéralement les voix de cette immense sédition, telles que ces voix m’assourdissaient en montant au ciel, et telles que je les ai relevées des notes de cet ami : « Quel est celui qui monte le cheval noir ?
Le front reste uni et pur, les cheveux sont noirs, abondants comme toujours ; la taille élégante et haute n’a pas fléchi.
Je vois d’abord, en feuilletant son papier, que cet homme a formé le noir projet de me brouiller avec la Comédie-Française.
— Le Trèfle noir (1895). — Aréthuse (1895)
Si dans un siècle littéraire encore barbare, le père Lemoyne, auteur d’un poëme de Saint Louis, fait sonner les vêpres siciliennes par les cors des noires Euménides, un âge éclairé nous montre J.
Plus sur le fond, un quidam, le nez envelopé dans un manteau et recevant un nouveau-né emmaillotté, un peu plus sur le fond et vers la gauche, en coëffure noire, en mantelet, en mitaines, une sage-femme qui présente l’enfant au quidam et prête à sortir.
Nous avons sous les yeux les catalogues des académiciens jusqu’à 1700, et ces catalogues ressemblent aux restes noirs d’un papier brûlé et consumé, sur lequel brillent encore çà et là deux ou trois étincelles.
Peut-être de cet homme raboté, vernissé par une éducation spéciale, sortira-t-il enfin quelque petite voix naturelle, quelque petite voix de génie, comme d’un étui de maroquin noir tout uni, centième exemplaire de la même boîte, peut très bien sortir une charmante mandoline dont les sons ne s’oublient jamais une fois qu’on les a entendus !
Ce ne fut point un penseur solitaire, un de ces Stylites qui vivent au désert et ne descendent pas de leur colonne… Cet hétéroclite d’outre-tombe, ce Revelière qui se réveille, sans avoir dormi ses cent ans, comme Épiménide, et qui se compare à Hypocrate, non par orgueil de sa sagesse, mais par mépris pour ses compatriotes, qui lui font l’effet d’être fous comme les Abdéritains, ce Burgrave de la Monarchie morte, n’a point passé ses jours, qui furent nombreux, à rêvasser ou à cuver ses indignations comme Alceste : Dans un petit coin sombre avec son noir chagrin… Il était trop robuste pour être misanthrope… et s’il fut, comme ils le diront certainement, un utopiste du passé, il l’a assez frottée contre les faits, son utopie !
Ces lettres, qui n’ont plus, comme le livre célèbre des Prisons, le beau cadre noir des Piombi pour faire repoussoir à leurs teintes douces, emporteront, ce n’est pas douteux, ce qui reste encore de l’espèce de gloire que les partis avaient arrangée à Silvio Pellico bien plus qu’il ne l’avait véritablement méritée.
Jules Simon, lequel me fait l’effet d’être bien empâté encore de déisme et de traîner après lui quelque chose de ce pot au noir de fumée.
Ces lettres qui n’ont plus, comme le livre, célèbre des Prisons, le beau cadre noir des Piombi pour faire repoussoir à leurs teintes douces, emporteront, ce n’est pas douteux, ce qui reste encore de l’espèce de gloire que les partis avaient arrangée à Silvio Pellico, bien plus qu’il ne l’avait véritablement méritée.
Lui qui, plus tard, s’adonna, comme Salomon vieillissant, à l’amour des femmes, quand il eut dépassé cet âge où les hommes cessent de les aimer, avait traversé une jeunesse si chaste et si pure, que la Légende musulmane a pu dire que les deux anges de Dieu avaient ôté eux-mêmes de sa poitrine, ouverte par leurs mains célestes, la tache noire du péché originel.
Ces compositions hybrides et morbides, mystérieuses, mystagogiques, qui traitent de magie et de surnaturalités et charrient dans leur flot noir ou brumeux toutes les superstitions et tous les songes de l’humanité, l’auteur des Illuminés les avait lues, et peut-être y avait-il cru, le temps de les lire ; car il n’était préservé par rien, ce sceptique à impression, qui se teignait pour une minute de tous les milieux par lesquels il passait, et qui nous a avoué quelque part qu’il avait été chrétien, polythéiste, mahométan, bouddhiste, enfin de dix-sept religions, tour à tour.
La vieille colonne de la crypte noire du Moyen Age ne l’a point écrasé, il est vrai, comme le pilier écrasa Sam-son.
Dans celle-là, il n’y a pas que des brigands qui épousent des marquises et qui fusillent des carabiniers du Pape ; il n’y a pas que des Carbonari et des Francs-Maçons, et de la police et des révolutions, et des moines violeurs et des événements à la manière noire d’Anne Radcliffe ou de Mathurin.
La salle était tendue de noir, et son buste était placé dans un lieu élevé.
Et la violette aussi est noire, et la fleur d’hyacinthe est gravée ; mais tout de même elles sont comptées les premières dans les couronnes. […] Mais toi, ô Lune, luis de ton bel éclat, car c’est à toi que j’adresserai tout doucement mes chants, ô déité, et aussi à la terrestre Hécate, devant qui les chiens mêmes tremblent de terreur lorsqu’elle arrive à travers les tombes et dans le sang noir des morts. […] odieux Amour, pourquoi, te collant à moi comme une sangsue de marais, as-tu bu tout le sang noir de mon corps ?
Il a, lui aussi, vilipendé Stendhal, traitant Le Rouge et le Noir de « roman baroque », rangeant Lucien Leuwen dans « la littérature de cabanon ». […] Pierre Vous poussez au noir. […] Pierre Et d’avoir été réduit par sa frigidité à des complications comme sa liaison avec Jeanne Duval, la Vénus noire.
Mais lorsque la virtuose coquette et adulée par les grands seigneurs vit arriver chez elle, après un an d’intervalle, un jeune homme maigre, au long nez, aux gros yeux, à la tête exiguë, revêtu d’un habit rouge à boutons noirs qu’il portait en deuil de sa mère, elle le toisa d’une manière si froide et si cruelle que Mozart ne se le fit pas dire deux fois. […] Nous montâmes les degrés, ma jeune femme et moi ; comme elle portait un voile qui lui couvrait entièrement la figure, mon frère, qui se souvenait du voile noir de Trieste que j’avais soulevé par badinage la première fois que je la vis, fit le même geste que moi ; il avait aimé tout enfant, à Trieste, celle qui était devenue ma femme, d’une tendresse passionnée. […] « Gelé et mal content sous son manteau, Leporello s’avance vers le pavillon, par la nuit noire, et commence : Notte e giorno fatigar.
Les cheveux flottaient sur ce front en grandes boucles, les yeux noirs perçaient comme des dards émoussés par la bienveillance ; ils entraient en confidence dans les vôtres comme des amis ; les joues étaient pleines, roses, d’un teint fortement coloré ; le nez bien modelé, quoique un peu long ; les lèvres découpées avec grâce, mais amples, relevées par les coins ; les dents inégales, ébréchées, noircies par la fumée du cigare ; la tête souvent penchée de côté sur le cou, et se relevant avec une fierté héroïque en s’animant dans le discours. […] VIII La sœur de Balzac parle ainsi : « On le trouvait toujours chez lui vêtu d’une large robe de chambre de cachemire blanc doublée de soie blanche, taillée comme celle d’un moine, attachée par une cordelière de soie, la tête couverte de cette calotte dantesque de velours noir adoptée dans sa mansarde, qu’il porta toujours depuis et que ma mère seule lui faisait. […] « C’était un charmant enfant, dit sa sœur ; sa joyeuse humeur, sa bouche bien dessinée et souriante, ses grands yeux bruns, à la fois brillants et doux, son front élevé, sa riche chevelure noire, le faisaient remarquer dans les promenades où l’on nous conduisait tous les deux.
Brünnhikle, à genoux devant Wotan : « Je te suis fidèle : vois, Brünnhilde te prie » (101) ; ici : « Quel noir chagrin te torture et t’accable ? […] Les deux autres accents tombent sur la syllabe appuyée des mots Minne et Liebe, qui tous les deux signifient Amour ; c’est chaque fois une noire et demie sur la partie la plus forte du rhythme. […] Il forme notre oreille et prépare noire intelligence par une initiation progressive à cette langue si parfaite et si prodigieusement mélodique à laquelle nous ne devons pas un instant soustraire notre attention.
Les hauts et immobiles cyprès qui commencent là à végéter, jetaient çà et là sur la route l’ombre allongée et noire de ces obélisques de la végétation ; les figuiers, semblables à des spectateurs accoudés autour d’un cirque, appuyaient leurs larges feuilles poudreuses sur les murs blancs qui bordaient le chemin ; les oliviers tamisaient d’une légère verdure les rayons du soleil qui tremblaient entre leurs branches sur les sillons. […] L’église était aussi complétement déserte que la place ; on n’y voyait que les ombres des piliers s’allongeant immobiles et noires sur les dalles ; on n’y entendait que ce bruit répercuté des pas des voyageurs errant sous les voûtes, bruit qui fait seul souvenir qu’on existe dans ces grandes catacombes de la prière et de la mort. […] La porte s’ouvrit, et je me trouvai tout balbutiant en face d’un serviteur vêtu de noir, dans un petit corridor qui conduisait à un escalier tournant.
Cette douleur a été réservée à ceux qui vivent longtemps, que leur foyer, sans cesse décimé par de nouveaux trépas, condamne à vieillir dans une perpétuelle tristesse et sous des noirs vêtements de deuil ! […] J’étais plus irritable et plus guerroyant, lui dit-il, Quand mes cheveux plus noirs ombrageaient mon visage. […] Sans sortir de leurs lits, plus doux que leurs hermines, Ces pieux fainéants faisaient chanter matines, Veillaient à bien dîner et laissaient en leur lieu À des chantres gagés le soin de louer Dieu ; Quand la Discorde, encor toute noire de crimes, Sortant des Cordeliers pour aller aux Minimes, etc.
» Dante la lit en lettres noires sur la porte. […] Des chênes verts, au tronc tortueux, aux branches bizarrement coudées, aux noirs feuillages, des pins-lièges et quelques pins-parasols au dôme aplati dentellent çà et là la corniche des escarpements. Quelques chèvres noires se posent sur les blocs détachés de la montagne comme des statues égyptiennes d’animaux symboliques sur des piédestaux de marbre.
Et, à Brienne, n’était-ce pas encore une main de prêtre qui passa sur les noirs cheveux de l’empereur futur, caché dans l’enfant corse, et qui le marqua pour son incommensurable grandeur ? […] Audin sait étendre les couleurs de Velasquez sur sa palette et tirer d’un clair-obscur à la Rembrandt, aussi nette que la face pourprée de Luther, bombant dans la lumière, cette autre face hâve, bilieuse, au front proéminent sous sa calotte noire, et dont les yeux, qui n’ont jamais connu les larmes, distillent infatigablement, dans leur méditation immobile, la lueur jaune des regards du tigre et des lampes. […] Il était pâle alors, un peu ridé, mais vert, l’œil noir, pensif et lucide, et ses cheveux, coupés très court, blancs et lisses, faisaient songer à un buste, — à ce buste qu’il n’a pas encore, lorsque par ce temps de démocratie orgueilleuse, où nous avons encanaillé jusqu’au marbre, il n’est pas de marché aux chevaux de village qui ne se hérisse de la statue de son grand homme ignoré.
Octave Feuillet reste distingué, même en réhabilitant les droits du lieu commun ; élégant, même lorsqu’il déprécie les vanités mondaines ; plein d’une saveur exquise et rare pour les gourmets intellectuels, même lorsqu’il vante le brouet noir du ménage, du foyer domestique et des félicités orthodoxes. […] il se trouve que cet affreux mari n’est pas aussi noir, aussi blasé, aussi sceptique qu’il en a l’air, et qu’après avoir pensé, parlé et agi comme un roué du dix-neuvième siècle (les plus pitoyables de tous), il vient un instant où il pense, parle et agit comme M. […] C’était dans une allée du Luxembourg, jardin classique, allée littéraire, où passaient, en chapeau gris et en cravate noire, toutes nos admirations d’alors, tous nos regrets d’aujourd’hui. […] Les sophismes et les mensonges, inévitable cortège de ces crises funestes, descendirent d’un degré l’échelle sociale ; ils ne s’adressèrent plus aux habits noirs, mais aux blouses ; et, par une réaction naturelle, les habits noirs s’avisèrent, un peu tard, du côté dangereux de ces idées qui rendaient les blouses si inquiétantes. […] Edmond Texier paraît croire qu’elles sont d’un Génevois morose, d’un protestant enragé, que les souvenirs de Louis XVIII et de la Charte, les noms de Voltaire et de Béranger, jettent dans des accès de colère noire.
Mais la page la plus noire de la biographie de Gœtz, c’est celle où son histoire se confond dans la guerre des paysans de 1525. […] C’est étrange, ce noir passant qui vient à sa rencontre. Une forme sombre et noire de moine s’avance. […] Accordons aussi, si l’on y tient, qu’il ait pris à Maximilienne les yeux noirs de son héroïne. […] À partir de ce moment, il tomba dans une noire mélancolie, qu’aggravèrent des lectures romanesques.
C’est le Roman d’un jeune homme pauvre ; ce n’est pas le Domino noir ou Piquillo Alliaga. […] On voudra voir ; on le trouvera moins « noir » que nous ne le représentons ; et si trente-cinq années écoulées sont peut-être un long espace de temps, tout ce que nous aurons ainsi fait, ce sera d’avoir comme ranimé une popularité qui commençait à s’user. […] Une Charogne en est un éloquent exemple : Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D’où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons. […] ô noirs rochers, cavernes où sommeille Dans l’immobile nuit tout ce qui me fut cher. […] D’autres articles, d’un autre ton, plus tendu, plus grave et plus éloquent, sur O’Connell et la Jeune Irlande, ou sur la Vie des noirs en Amérique, — à l’occasion de la Case de l’Oncle Tom, — respirent cet incompressible amour de la liberté qui semble avoir été la seule passion de M.
J’ouvrirai grands mes yeux d’abîme dans tes yeux, Pour que leur regard noir reste dans ta pensée, Ainsi qu’une clarté vive longtemps fixée Inscrit dans notre vue un halo lumineux. […] Je n’accepterai pas, en mon humanité Animale, où l’esprit n’est point, ta magie noire ; Ton égoïste événement dans notre histoire, Je le repousse avec toute ma charité. […] Je détache, en le soulignant avec intention pour qu’on s’y arrête, ce portrait de Grâce Mirbel, à l’époque où Antoine la revoit, découvre en elle une beauté nouvelle, donc une femme nouvelle : « Le nez fin, très peu busqué, respirait la rose épanouie, et les cils noirs et courbes voilaient les longs yeux baissés. […] Il faut voir un expressif symbole, et de qui s’y connaissait en amour, dans l’attirance de la brebis blanche Desdemone vers le bélier noir Othello. […] Je détache ce simple passage — mais on en pourrait joindre dix autres d’identique réalisation : « Il rentrait au pavillon, ouvrait la fenêtre, et, penché sur le balustre, contemplait le précipice noir, les yeux errants dans la profondeur, une grande étoile immobile et scintillant à l’horizon.
Prenons nos rubans noirs ! […] Sainte-Beuve le respectable billet suivant, qui a conservé son cachet noir avec la devise, honneur de la carrière de M.
Ces nuages fermaient au loin l’entrée de la mer Noire, qu’on entrevoit de Thérapia par une courte échappée ; et leur ceinture, jointe au calme des ondes, faisait de cet espace, le plus resserré du Bosphore, l’image parfaite d’un petit lac. […] Cette Médée, redoutable patronne de notre village, fait encore trembler nos femmes du peuple sous la terreur de ses noirs enchantements ; voyons comment va s’y prendre notre maître pour nous inspirer envers elle des sentiments plus doux.
Ses gros souliers, ses bas de laine noire mal étirés sur ses jambes grêles, sa redingote étroite et râpée suivait et dessinait la charpente de ses côtes. […] Rien de tout cela ne me plaisait, mais je le regardais comme un homme d’une autre chair et d’une autre âme, destiné à jouer un grand rôle dans un monde à part ; ce monde de la haine et de la colère, le jacobin noir de la révolution posthume du dix-neuvième siècle.
Davidsohn, avec sa moustache noire, son gilet blanc et sa politesse correcte et raide d’Allemand bien élevé, je revois les acteurs et les décors, et je retrouve l’enthousiasme, l’enthousiasme qui se communiquait de place en place et que j’éprouvais, moi, pauvre diable d’étudiant égaré dans cette élite, plus fort, plus entraînant que je ne l’ai jamais éprouvé depuis. […] Dans la salle vaguement aperçue, tout à coup l’obscurité tombe, et un grand silence ; alors, en la nuit des yeux et des oreilles et de l’esprit, en la nuit vibrante des quinze cents âmes stupéfiées, un son naît, une résonnance voilée, une sonorité atténuée, emmêlée, dispersée, un mystique résonnement, — inlocalisable, — une intimement chaude mélodie, qui monte, qui s’enfle, et qui dans l’air invisible flotte, portant la pré-sensation des futurs tressaillements du Drame. — Ainsi le Drame se lève : — un rideau s’entrouvre, et, dans le fond, — saillant d’un cadre lointain, noir, obscur, vague, et indistinct, — un paysage apparaît, que nous attendions, et les hommes y sont, dont la vie, en nous inconsciemment vécue déjà, se va en nous revivre évidemment ; — tandis que, parmi l’angoisse des vivantes passions, des désespoirs, des joies, et des extases qui se poussent et s’appellent, parmi l’inéluctable empoignement des très réelles émotions, peu à peu nous descend, insensiblement et nécessairement, l’Explication, l’Idée, la Loi, le prodigieux troublement de l’Unité dernière, comprise.
Après plusieurs cruelles années, années de faim et de désillusionnement, et juste au moment où, dans le Hollandais Volant, Wagner reprochait au ciel de ne le laisser ni mourir, ni trouver l’amour qui le sauvât (I, 21-24), à ce moment, une transformation subite, presque fantastique, avait tout changé ; Wagner avait été appelé à Dresde, son opéra Rienzi avait eu un grand succès ; une mort inopinée avait permis de le nommer chef d’orchestre ; après la plus noire misère, il était débarrassé de tous soucis, dans une position assurée, et, ce qui pour l’artiste était bien plus, avec le plus beau théâtre de l’Allemagne à ses ordres pour réaliser toutes ses inspirations (IV, 338). […] Houston Stewart Chamberlain Le système harmonique de Richard Wagner63 Si l’on ouvre pour la première fois l’une ou l’autre de ces volumineuses partitions qui s’appellent Tristan, les Maîtres chanteurs, l’Anneau du Nibelung ou Parsifal, on considère d’abord avec étonnement, avec effroi même, ces pages noires de notes, ces portées où grimace la silhouette inédite de traits compliqués et bizarres, ce fouillis où s’entassent dièses, bémols, points, syncopes, tous les signes enfin propres à traduire sur le papier la pensée du compositeur, signes d’autant plus nombreux que la pensée est plus raffinée.
Flaubert connaît aussi la cuisine des Carthaginois, il a étudié leur médecine et leur pharmacie ; chimiste prudent, il a voulu analyser une certaine pâte que des masseurs tout nus, suant comme des éponges , écrasent sur les articulations d’un malade, et il y a trouvé « du froment, du soufre, du vin noir, du lait de chienne, de la myrrhe, du galbanum et du styrax ». […] Mâtho, qui se croit invulnérable, ne veut pas quitter la ville sans avoir revu Salammbô ; en vain Spendius le conjure de renoncer à ce téméraire caprice qui va tout perdre, l’esprit ne déchaîne pas impunément les forces rugissantes de la matière : l’Africain s’élance, gravit les escaliers du palais, se glisse à pas de loup chez la jeune fille, l’aperçoit endormie, la joue dans une main, l’autre bras déplié, et sa chevelure si abondamment répandue autour d’elle qu’ elle paraissait couchée sur des plumes noires .
Un matin, il lui arriva du Berry une jeune compatriote, aux yeux noirs pleins de génie, au front éclatant ; elle venait, une lettre de recommandation à la main, lui demander son appui : c’était Mme Sand qui n’avait rien écrit jusque-là, qui ne s’appelait point encore de ce nom de Sand inventé depuis, et qui s’ignorait naïvement. […] C’était comme une lampe qui n’a pas d’air… Son enthousiasme pour la littérature allemande et pour la transformation de la nôtre l’a beaucoup subjugué : depuis j’ai osé m’étonner que sa poésie, bien qu’élégante, mais cérémonieuse toujours, se fût à peine dégagée de l’esclavage dont il avait horreur… Son esprit parlé était plus irrésistible quand il se croyait bien écouté et bien compris, et qu’il respirait de sa maladie noire.
Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. […] Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Après l’avoir voulu individuel, et d’une individualité noire et terrible, voilà que Feuillet, comme s’il avait peur du type qu’il a évoqué, le passe à la pierre ponce et l’efface. […] C’est, littérairement, l’homme comme il faut du monde actuel, le quarante millième exemplaire de ces habits noirs, gilets en cœur et camélias à la boutonnière, dont on peut dire que qui en a vu un les a vu tous !!!
Il faut un siège en règle pour conquérir ce héros défiant, et c’est la cordialité seule qui fait parler ce silencieux, l’habitude de faire partie du même horizon restreint, d’être rencontré par lui au détour des routes et surtout la lente persuasion qu’on aime la terre, comme lui, depuis le trèfle d’en bas, depuis la graine non germée, jusqu’au nid de pie qui fleurit noir au sommet des vieux chênes. […] Elles ne feront pas le roman, parce qu’elles n’en ont ni la puissance ni le droit ; parce qu’elles sont incohérentes ; parce que le groupement de ces choses demi-vivantes n’est pas la vie ; mais elles y aideront, elles mettront une agrafe au manteau, une plume à la toque, un peu de noir au sourcil.
On sait assez, par l’histoire des explorations ou le spectacle des colonies, combien il est difficile aux blancs de conserver l’idée que les noirs ont des droits, et sont des hommes comme les autres. « Tous ceux qui ont vécu longtemps au milieu des noirs, avoue Ed.
Ils souilleraient d’encre noire, Hélas !
Des femmes qui cultivent les lettres « Le malheur est comme la montagne noire de Bember, aux extrémités du royaume brûlant de Lahor.
Voyez passer ce jeune homme paré avec tant de recherche : il marche sur la pointe du pied, sur sa figure épanouie se lisent également et la certitude des succès, et le contentement de soi-même ; il va au bal, le voilà déjà sous la porte cochère, encombrée de lampions et de laquais ; il volait au plaisir, il tombe et se relève couvert de boue de la tête aux pieds ; ses gilets, jadis blancs et d’une coupe si savante, sa cravate nouée si élégamment, tout cela est rempli d’une boue noire et fétide.