Pour qu’il tombe de plus haut et qu’il se brise mieux, il l’élève ; puis, quand il l’a mis au plus haut de ses facultés exagérées, il le précipite dans cette conclusion (page 129) : « Il est le modèle achevé, pour ainsi dire idéal, de ces riches et pauvres natures, communes à toutes les époques, mais qu’il était donné à notre xixe siècle de mettre en pleine lumière… qui sont à la fois sincères et fausses, aptes et inaptes à tout, font le bien avec ardeur, le mal avec passion, aiment l’idée pour l’idée, l’art pour l’art, et, sublimes égoïstes, se prêtent toujours pour ne se donner jamais. […] Si elle n’avait été qu’un magnifique livre, nous n’en aurions point parlé avec l’accent que nous y mettons.
Transporté de honte pour le compte du genre humain, cet homme, qui était un écrivain du talent le plus élevé, résolut d’arracher, dans la mesure de ses forces, Christophe Colomb à la destinée de silence et d’ingratitude qui pesait depuis près de quatre siècles sur sa mémoire, et qui avait mis la grandeur de l’oubli en proportion avec la grandeur du service rendu par lui au monde tout entier. Jusque-là, de maigres notices, menteuses ou dérisoires, griffonnées sur Christophe Colomb, avaient montré qu’elles étaient dignes des mains qui avaient raturé son nom pour en mettre un autre à sa place sur sa grandiose découverte… et, pour la première fois, la vie de Christophe Colomb fut écrite. […] Il n’a pas mis servilement son pied dans l’ornière lumineuse d’un sujet où le char de feu d’un grand talent avait déjà passé.
Des réimpressions d’œuvres anciennes — comme, par exemple, le Théâtre complet d’Alexandre Dumas, qui se met en mesure avec la postérité parce qu’il se sent fini pour le temps présent, — ne sont pas des livres de 1863, quoiqu’elles en portent le millésime. […] Pour mieux avoir la mesure des autres, prenez les plus fortes de ces œuvres, ou du moins celles-là que l’opinion surprise ou entraînée a mises, un moment, le plus haut. […] … Des esprits attardés, les traînards des questions résolues, peuvent parler encore du livre, comme Jocrisse, dans la pièce, se met à battre les brigands quand il sait qu’ils sont des hommes de paille ; mais, pour tout ce qui n’a pas à l’esprit les pieds et sur l’esprit l’écaille de la tortue, la Vie de Jésus, qui a été les Misérables de 1863, aura le sort des Misérables, dont les flatteurs d’Hugo eux-mêmes n’osent plus parler !
Les Danois qui, sous le nom de Normands, ravagèrent la moitié de l’Europe et mirent deux fois le siège devant Paris, en s’embarquant pour aller exercer leur métier de conquérants ou de pirates, ne manquaient jamais de mettre dans leurs vaisseaux, avec leurs provisions, leurs armes et leurs tonneaux de bière, quelques scaldes ou poètes pour chanter leurs succès. […] J’ai donné à mes enfants une mère qui a mis du courage dans leur sein… Mes derniers instants approchent.
Car enfin, si Malherbe, comme Ronsard, n’avait pas mis très haut l’objet de la poésie, pourquoi donc, ajoutant, corrigeant, et raturant sans cesse, aurait-il employé six ans à faire une ode ? […] “Je suis le Seigneur, dit-il par la bouche de Jérémie ; c’est moi qui ai fait la terre avec les hommes et les animaux, et je la mets entre les mains de qui il me plaît. […] Et quand on y songe, c’est de quoi nous mettre en défiance ! […] Mais surtout sa grande raison contre la raison est la confiance même qu’il met en elle, dans la fécondité de ses ressources, dans l’étendue de son pouvoir, dans la subtilité de sa dialectique. […] Ne dirait-on pas qu’il se met sur les rangs, encore qu’il approche de la soixantaine ?
Mettons cependant tout au mieux. […] Et puis, l’auteur de Catherine s’est si bien mis en règle avec la vertu qu’on lui peut passer quelques licences. […] Barras, qui s’est imprudemment mis à sa poursuite, se voit soudainement entouré par les faux villageois armés d’engins champêtres. […] Il en a encore mis une dans Mariage bourgeois, qui est exquise. — Enfin, le mariage, trop souvent, se passant d’amour et n’étant qu’un marché, M. […] Porel d’une mise en scène vivante et ingénieuse, et à M.
Ce que j’ai osé faire, croyant le terrain moins exploré, et conduit d’ailleurs par mon penchant, ç’a été de mettre en relief, dans l’examen historique de nos chefs-d’œuvre, le côté par lequel ils intéressent la conduite de l’esprit et donnent la règle des mœurs. Persuadé que les lettres doivent être un supplément de l’expérience personnelle une force active et présente, une discipline qui s’ajoute aux exemples du foyer domestique, à la religion, aux lois de la patrie, j’ai cherché dans nos grands écrivains moins l’habileté de l’artiste que l’autorité du juge des actions et des pensées, moins ce qui en fait des êtres merveilleux, dont la gloire nous peut troubler, que ce qui les met de tous nos conseils et les mêle à notre vie, comme des maîtres aimés et obéis.
C’est lui qui a fait la plus grande partie des Chansons, sur lesquelles le célebre Lambert a mis les airs les plus beaux & les plus touchans. […] Benserade mit en Rondeaux les Métamorphoses d’Ovide.
Une autre fois, il est mis en prison pour avoir mangé de la viande en carême. […] Puis elle eut pitié de la déesse affligée et se mit à chercher le fugitif avec elle. […] Un chevalier met pied à terre, un vaillant chevalier qui a désarçonné maint Sarrasin et accompli mainte aventure. […] Quand il s’agit de montrer la tempérance aux prises avec les tentations, on est porté à mettre toutes les tentations ensemble. […] L’un est mis en liberté, l’autre est emprisonné.
De la culture classique il n’a retenu que ce beau talent d’écrire, mis au service de quels appétits ! […] Mignon met au point l’hypothèse connue de Freud, sur la libido ou pansexualité. […] De la Russie venaient quelques grands seigneurs qui se mettaient aussitôt à l’école des Parisiens. […] Il se met à parler politique avec une nervosité singulière : « Ah ! […] Ces notes, dit-il, seront utilisées par son successeur : nous voulons espérer qu’il les mettra lui-même en œuvre.
Lemercier avait mis chevaux au lieu de coursiers, essaye de déterminer les conditions selon lesquelles on peut introduire en vers les expressions communes. […] Mlle de Meulan, s’étant mise à traduire les premières pages d’un roman anglais, Emma Courtney, se laissa bientôt aller à le continuer pour son compte et à sa guise. […] Les premiers articles que Mlle de Meulan donna au Publiciste furent recueillis et réimprimés vers 1802 en un petit volume in-12, qui n’a pas été mis en vente. […] Elle comptait médiocrement sur l’homme, elle ne vit de moyen de l’améliorer que par l’enfance, et se mit à l’œuvre sans plus tarder. […] — « Si j’avais soupçonné plus, avouait-elle en racontant cela, j’aurais mis bien davantage, tant je me répétais avec confiance : C’est pour ma mère !
Non seulement, quand ils livrent leurs croyances au doute méthodique, ils exceptent et mettent à part, comme en un sanctuaire, « les vérités de la foi384 » ; mais encore le dogme qu’ils pensent avoir écarté demeure en leur esprit, efficace et latent, pour les conduire à leur insu, et faire de leur philosophie une préparation ou une confirmation du christianisme385. — En somme, au dix-septième siècle, ce qui fournit les idées mères, c’est la foi, c’est la pratique, c’est l’établissement religieux et politique. […] Leur point de vue était le seul auquel les multitudes échelonnées au-dessous d’eux pouvaient se mettre. […] Grâce à cette forme palpable, elle peut jeter son poids énorme dans la conscience, contrebalancer l’égoïsme naturel, enrayer l’impulsion folle des passions brutales, emporter la volonté vers l’abnégation et le dévouement, arracher l’homme à lui-même pour le mettre tout entier au service de la vérité ou au service d’autrui, faire des ascètes et des martyrs, des sœurs de charité et des missionnaires. […] La raison classique ne peut se mettre à ce point de vue. — Les titres passés et présents de la tradition sont méconnus. — La raison entreprend de la détruire. […] Mettons donc l’intelligence où elle est, dans le corps organisé ; n’allons pas la détacher de son support, pour la jucher dans le ciel, sur un trône imaginaire.
Mais pour un moment mettez-vous à ma place. […] lui dis-je, et laissez-moi le plaisir de mettre, à mon tour, un nom sur une famille qui se confond par les souvenirs avec la mienne. […] C’est munies de ces renseignements, que nous nous mîmes en route. […] Nous ne la vîmes pas sans émotion, et nous nous mîmes à parler tout bas comme si vous nous aviez entendues. […] Soyez assez bonnes pour l’accepter et pour l’attendre pendant que je vais ordonner qu’on mette vos couverts.
C’est là que gémissait Marie Stuart, opprimée sous les violences des lords presbytériens, déchirée par le remords, troublée par les fantômes du passé et par les terreurs de l’avenir. » Elle y portait dans son sein un fruit de son criminel amour ; elle y mit au monde une fille qui mourut ignorée, dans un couvent de femmes, à Paris. […] Elle s’y prit ainsi : la blanchisseuse vint de bonne heure, ce qui lui était déjà arrivé plusieurs fois ; et la reine, suivant ce qui avait été convenu, mit la coiffe de cette femme, se chargea d’un paquet de linge, et se couvrant la figure de son manteau, elle sortit du château et entra dans la barque qui sert à passer le loch. […] Je prie Dieu qu’il me mette remède, ce sera quand il luy plaira, et qu’il vous donne santé et longue vie. […] Transportée au château de Bolton, maison des ducs de Norfolk, elle écrit d’un style bien différent à la reine d’Espagne, femme de Philippe II : « Si j’avais de vous et des rois, vos parents, espérance de secours, lui dit-elle, je mettrais la religion ici subs (c’est-à-dire je ferais triompher le catholicisme) ou je mourrais à la peine. […] Elle se mit au lit.
Je ne veux pas épuiser le sujet ; il me suffira de présenter quelques aperçus qui mettent cette connexion hors de doute. […] Alors aussi il y a un réveil agricole qui met en mouvement les esprits sérieux. […] Puisque tu as eu le tort de naître sans rentes, mets ton talent en coupe réglée, débite en menue monnaie la cervelle d’or qui t’est départie. […] Mets ton honneur à rester toi-même, à ne dire que ce que tu penses et à le bien dire. […] Nous dirions : « Cet homme est un fou ; mais il ne sait donc pas que toutes ces vieilles armures dont il est risiblement accoutré sont bonnes à mettre en quelque musée ; mais il va se faire tuer.
Et Paris s’incline devant eux, et tout un peuple se met trembler… Ô mon pauvre pays ! […] D’ailleurs, je pense, comme Dumas, que seul le temps peut se charger de mettre les choses à leur vraie place. […] Il y a des jeunes gens qui vont mettre des fleurs à la statue de Strasbourg ; on a envie de les gifler. […] Lamoureux a été mandé chez M. le président du Conseil qui l’a mis en demeure de renoncer à donner, jusqu’à nouvel ordre, Lohengrin à l’Eden-Théâtre. […] Il joua un rôle important dans la mise en place de manifestations nationalistes et antiwagnériennes.
, Le Rouet d’Omphale et La Fête chez Thérèse, mais La Fête chez Thérèse n’est qu’un Watteau, calqué à la vitre et mis en vers avec assez de bonheur, et le bas-relief d’Omphale, — pour parler comme les Corybantes, — est une imitation correcte et ferme de quelques passages d’André Chénier, qui sont dans toutes les mémoires. […] Son esprit met le poing de Han d’Islande sur ces cristaux et sur ces fleurs. […] Certainement, à quelque place de l’histoire littéraire qu’on se mette, il n’a été écrit, à aucune époque, de vers plus radicalement mauvais. […] Le rêveur qui sur ces registres Met les vivants, Qui mêle ses strophes sinistres Aux quatre vents ! […] Ainsi, dans les poésies d’un autre sentiment, lorsque l’expression se fausse tout à coup ou grimace, c’est que le poète transporte les qualités et les défauts du Moyen Age dans une inspiration étrangère qui les met en évidence.
Si c’est là un mot vrai, — ce dont je doute, — vous avez donc mis votre imagination à n’avoir pas d’imagination ? […] Et le mot y est tout au long, écrit par lui sans horreur : « Le genre canaille — dit-il, en parlant de sa Germinie Lacerteux, qu’il met respectueusement derrière l’Assommoir, — est épuisé à l’heure qu’il est ». […] Après les clowns de la représentation et en costume, il y met les clowns de la vie privée, en habits bourgeois, depuis la braguette jusqu’à l’épinglette ; leurs habitudes si platement bourgeoises ; leurs exercices chez eux sur le trapèze ou sur le tremplin. […] Mais, avec M. de Goncourt et le procédé simplificateur de sa préface, il ne s’agit que de mettre ces premiers troubles et ces premières rougeurs sous pli cacheté, à la poste et à l’adresse de M. de Goncourt, chez M. […] Sa Faustin n’est guères qu’une cabotine, et lui, qui la met en scène, un Byzantin de ce temps de nerfs, de mièvreries et de corruption.
Par un instinct naturel, et parce qu’on aime mieux, en imagination au moins, être dupeur que dupé, c’est du côté des fourbes que se met le spectateur. […] Il les met en scène, et lui-même, un peu, se met en scène aussi. […] Il ne s’y absorbe pas, parce qu’il n’y met que son intelligence. […] Il suffit alors, pour la rendre comique, de mettre en pleine lumière l’automatisme de celui qui la prononce. […] » À quoi la voix du locataire répond : « Pourquoi mettez-vous votre terrasse sous mes pipes ?
On le mit sous la conduite d’un muletier, qui ne changea pas de fonctions auprès de son élève (SUETON. […] Celui qui, dans une cour dissolue, accepte ou sollicite des grâces, ignore le prix qu’on y mettra quelque jour. […] Sénèque et Burrhus auraient mis la tête d’Agrippine en péril, s’ils s’étaient récusés. […] L’exemple du souverain accroît la licence : des inconnus s’attroupent, et mettent Rome au pillage. […] Il me semble, pour moi, qu’on ne mit ni à la conduite de Sénèque, ni à la mort d’Agrippine, l’importance que nous y mettons, et je n’en suis pas surpris.
Mais le point de départ mit entre eux une grande différence. […] Il crut en Dieu sans y mettre sa confiance, il aima la vertu sans y croire, et la vérité en prêtant sa voix au mensonge. […] Ennemi de tout ce qui est, il faut le mettre d’accord avec lui-même avant de s’accorder avec lui ; il le faut écouter, non le croire. […] Mettez votre bonheur à les aider, comme elle l’y avait mis elle-même. […] élève ton âme vers l’infini pour supporter les peines d’un moment. » Ma propre émotion mit fin à mon discours.
Ferdinand Brunetière Comme ses amis, je pourrais croire à ce respect, à cet amour, à cette religion de l’idéal, si cet idéaliste, se renfermant en lui-même ou seulement dans son Journal, n’avait rien écrit, rien publié, ni jamais essayé de conquérir, à défaut d’un peu de gloire, cette notoriété qui fuyait devant lui… En réalité, il mettait dans ses Grains de mil des fragments de ce Journal, tissé, comme on nous dit, de sa propre substance. […] Et plus tard encore, dans ses Étrangères, le bruit qu’il n’avait pu faire avec ses Grains de mil et son Penseroso, ses articles et ses notices, il essayait de le faire en innovant, dans notre poésie, le vers de quatorze et de seize syllabes : Quand le lion, roi des déserts, pense à revoir son vaste empire, Vers la lagune, allant tout droit, dans les roseaux il se retire ; ou encore : Les chênes de la forêt, à l’ombre épaisse et tranquille Aujourd’hui, comme autrefois, m’ont chanté leur grave idylle… Qu’était-ce donc qu’Amiel, et où le mettrons nous ?
C’est un homme que la Providence met au dessus des autres, mais qui doit s’y mettre lui-même par son mérite ; qui, chargé du plus grand & du plus difficile de tous les emplois, doit avoir ces qualités éminentes qui sont nécessaires pour régner sur les autres, pour soutenir le poids d’une grande autorité & d’une grande fortune, pour régler l’usage d’un pouvoir indépendant, & pour trouver dans sa propre vertu une loi sévere & impérieuse qui regle ses désirs & ses actions.
Si vous causiez un instant avec lui, vous croiriez qu’elle va s’échapper et se mettre en liberté ; mais bientôt vous reconnaîtriez que les liens sont au-dessus des efforts, et qu’il faudra que cela se remue toute la vie, sans se dresser et partir. […] C’est un grand tableau en encaustique qu’il a réduit et mis à l’huile.
La figure brisée avec l’ornement est d’excellent goût ; ces eaux ramassées sur le devant ont de la transparence ; mais le tout est gris ; mais il est sec, mais il est dur, mais la lumière forte est trop égale, mais son effet blesse les yeux, mais les figures sont mal dessinées ; mais ce tableau, mis malignement à côté de la galerie antique de Robert, fait sentir l’énorme différence d’une bonne chose et d’une excellente. […] C’est un lambeau de Virgile mis à côté d’un lambeau de Lucain.
On apporta le goûter ; elle s’assit sur une planche à terre avec ma sœur et Élise, et je me mis sur l’herbe à côté d’elle. […] A peine arrivé à Bourg, il mit en état le cabinet de physique, le laboratoire de chimie, et commença du mieux qu’il put, avec des instruments incomplets, ses expériences. […] Clerc, professeur de mathématiques, qui s’était mis tard à cette science, et qui n’avait qu’entamé les parties transcendantes, mais homme de candeur et de mérite, devint le collaborateur de M. […] Rien ne nous a mis plus à même de juger combien ce qui dominait chez M. […] Mais je sais que vous ne pouvez mettre de frein à votre cerveau.
« Quant à l’orateur, il ne lui sied nullement de se mettre en colère ; il lui sied quelquefois de le feindre. […] Pensez-vous que, l’affaire étant jugée et absolument finie, quand il m’arrive de mettre mon discours par écrit, je sois en courroux, la plume à la main ? […] « Que verrait-il dans tout ce qui fait le partage des humains, qu’y verrait-il de grand, lorsqu’il se met l’éternité devant les yeux, et qu’il conçoit l’immensité de l’univers ? […] Nous avons des arbres, ou qui ont été plantés à dessein, ou qui sont venus d’eux-mêmes ; et nous les coupons, tant pour faire du feu, nous chauffer et cuire nos viandes, que pour bâtir et nous mettre à l’abri du chaud et du froid. […] Créé censeur, tu visiteras, comme ambassadeur du peuple romain, l’Égypte, la Syrie, l’Asie et la Grèce ; tu seras nommé, pendant ton absence, consul pour la seconde fois ; tu mettras fin à une guerre des plus importantes, tu ruineras Numance.
Constant me faisait de renoncer à se mettre en évidence pour ne pas me compromettre. […] Joseph se crut obligé de n’y pas mettre les pieds pendant quelques semaines, et son exemple fut le signal que suivirent les trois quarts des personnes que je connaissais. […] Bonaparte remplissait cette condition du crime, mise à la place de la condition de propriété exigée dans d’autres pays ; il donnait la certitude que jamais il ne servirait les Bourbons. […] « Il y a lutte interminable dans ce monde entre la poésie et la prose, et la plaisanterie doit toujours se mettre du côté de la prose ; car c’est rabattre que de plaisanter. […] Il s’est dit : — Je ferai des vers sur ce sujet, puis sur celui-ci, puis sur celui-là. — Et, sans s’en apercevoir, il nous met dans la confidence de sa manière de travailler.
Or, dans l’ordre de l’esprit, il met en tête Archimède. […] Ici l’embellissement qu’on met à les raconter n’est pas un mensonge ; la couleur qu’on y voudrait ajouter après coup ne sera jamais qu’un pâle reflet de cette lumière heureuse et première qui nous éclairait. […] — « C’est, lui répondit-on, une école où l’on entre par examen. » Et il se mit dès l’instant à vouloir se préparer à cet examen et à travailler en conséquence, s’éclairant des conseils d’un M. […] On le considéra comme un espion qui, du haut de sa station nocturne, faisait des signaux à l’ennemi ; il fut, un jour, si bien poursuivi et traqué, que, pour sa propre sûreté, il courut à toutes jambes se mettre en prison. […] Tout sujet d’entretien lui était bon ; il acceptait volontiers celui qu’on mettait sur le tapis, et il étonnait les indifférents par les trésors qu’il tirait à l’instant de la mine qu’ils lui avaient offerte sans y songer.
Lui et ses collègues, au nom de la France, conclurent en janvier 1608 un traité de ligue et d’alliance défensive avec les États-Généraux des Provinces-Unies, traité qui avait cet avantage de ne pas faire dépendre la fortune de la république de la paix dont on allait discuter les conditions, de la mettre à même de s’en passer ou de n’y adhérer qu’à bon escient. […] On sait que ce fut d’après son examen et son rapport au Conseil privé que la seconde édition du livre De la sagesse de Charron, l’édition de Paris (1604), pût être mise en vente, moyennant quelques corrections qu’il y fit, et se débiter librement : « Ce ne sont des livres pour le commun du monde, disait-il à l’adresse de ceux qui en parlaient en critiques, mais il n’appartient qu’aux plus forts et relevés esprits d’en faire jugement ; ce sont vraiment livres d’État. » Pendant son séjour en Hollande, il avait tout fait pour se rendre utile à notre compatriote le célèbre et docte Scaliger (M. de L’Escalle, comme il l’appelait), qui vivait à Leyde et touchait à la fin de sa carrière. […] Mais ceux qui ont pu mettre cette affection en l’esprit du roi de le rappeler et honorer… ont négligé de s’y employer, et moi qui l’ai voulu essayer, n’ai été assez puissant pour lui procurer ce bien dont il n’a plus besoin. […] Ce bonhomme et ce prud’homme, comme on l’appelait, était mis à tout, était consulté sur tout ; il figure au premier rang par ses discours et ses travaux ou exposés dans la tenue des États généraux de 1614. […] Le soin principal doit être lors de conserver le royaume, la paix et l’autorité royale plutôt avec prudence, en dissimulant, en achetant quelquefois l’obéissance, qu’on acquiert par ce moyen à meilleur prix que s’il y fallait employer la force et les armes, qui mettent tout en confusion… C’est ainsi que d’après son conseil, au commencement de la régence, la reine avait fait aux grands des cadeaux et présents « qui étourdirent la grosse faim de leur avarice et de leur ambition ; mais elle ne fut pas pour cela éteinte », a remarqué Richelieu ; il aurait fallu recommencer toujours.
Combien est féconde cette chaleur qu’elle met à tout ! […] Mais, à la porte, un sage enchanteur, sous la forme d’un vieillard respectable, l’arrête : c’est Franklin (on mettait alors Franklin à toute espèce d’usage et d’emploi). […] Cromwell a voulu éteindre la race de ses rois, tu as voulu détruire la Faculté ; il n’a pris que le titre modeste de Protecteur, tu t’es contenté de celui de secrétaire de la Société, etc., etc. » Mais il ne faudrait pas croire que tout cela ait été dit au sérieux ; la lettre mise sous le nom d’Andry, membre de la Société royale, n’est faite que pour ridiculiser tout le monde et Andry lui-même ; celle lettre est encore de Le Roux des Tillets. […] Navier, médecin et chimiste à Châlons-sur-Marne, prononcé le 16 mars 1781, parlant d’une polémique que soutint cet académicien et dont il aurait pu se dispenser, Vicq d’Azyr disait avec la conscience d’un homme qui a éprouvé le venin des libellistes : Ceux qui travaillent avec courage à l’édifice des sciences peuvent-ils donc ignorer qu’il y a une classe d’hommes uniquement occupés à détruire, qui mettent toute leur gloire à troubler celle des autres, toute leur jouissance à les affliger, toute leur adresse à les distraire, dont on est sûr de triompher en n’engageant point le combat, et avec lesquels toute autre victoire compromettrait celui qui ne craindrait pas de souiller ses mains en cueillant de semblables lauriers ? Je regrette qu’il ait mis le laurier, mais l’idée est bien juste.
Je lui mis sa robe et le menai par la main le long de la garenne du nord, où il fit quelques pas tout seul, les premiers, ce que j’allai annoncer en grande joie à ma mère : Maurice, Maurice a marché seul ! […] À onze ans il fut mis au petit séminaire de Toulouse ; on a de lui à cette date une très jolie lettre d’enfant pur et d’aimable Éliacin. […] J’avais tout mis en toi, dit-elle encore, comme une mère en son fils ; j’étais moins sœur que mère. […] Je l’avais mise en toi, pauvre frère. » Elle se reproche de chercher des consolations dans les lettres d’amis : Écrit à Louise comme à Marie ; il fait bon écrire à celle-là. […] En m’y voyant, en mettant le pied où tu l’avais mis, la tristesse m’a rempli l’âme.
M. de La Chapelle (l’auteur des Amours de Catulle), qui était chargé de lui répondre, lui dit : « Il manque quelque chose à votre gloire et à celle de l’Académie : la fortune devait mettre en ma place Cicéron pour répondre à César. » — « Nous avons vu des lettres de vous, disait-il encore, que les Sarazin et les Voiture n’eussent pas désavouées. » Je n’ai pas vu de ces lettres, mais les dépêches de Villars, et les pièces dont les extraits forment le tissu de ses Mémoires, justifient pour nous suffisamment cette ambition qu’il eut de vouloir joindre à tant de palmes les titres de l’esprit6. […] Tout cela est dit à Mme de Coulanges pour qu’elle y donne l’air qu’elle savait mettre aux choses en les racontant ; mais la marquise fait à l’avance ce qu'elle recommande si bien à Mme de Coulanges. […] Après quelques ordres donnés, le prince se mit à la tête des premiers escadrons et tira son épée. […] Qu’il y ait dans tout ceci, et dans la manière dont Villars le raconte, un peu d’appareil, de mise en scène et d’air de gloire, qui en doute ? […] Ayant obtenu la commission de porter à l’empereur un compliment de condoléance sur la mort de l’impératrice sa mère, il se rendit à Vienne, y fut reçu agréablement, se mit au fait des intrigues de cour et de cabinet, se hâta d’en informer le roi, et travailla dès lors, par tous moyens auprès de l’électeur de Bavière à le détacher de l’empereur, dont il s’était fait le général, et à le ramener vers la France où sa sœur était dauphine.
Sa longue et studieuse vieillesse, l’emploi actif, constant, animé, ingénieux, qu’il fit jusqu’à la fin de ses facultés excellentes, achevèrent de mettre tant d’heureuses qualités dans leur plus beau jour, et lui ont justement mérité le titre qui lui a été décerné de vieillard illustre. […] » — « J’ai bien osé davantage, répondit-il, quand, j’ai mis mon nom au bas du Rapport. » Le mot, dans son genre, est sublime. […] Toute la Germanie entendit retentir dans l’air le fracas des armes ; les Alpes ressentirent des tremblements de terre inaccoutumés… insolitis tremuerunt molibus Alpes , » il insistait sur le mot insolitis : « Ne croyez pas, disait-il, que Virgile l’ait mis au hasard ; insolitis ! […] Il y voyait encore plus qu’il n’y avait, et y mettait des sous-entendus profonds13. […] En présence d’une vie si longue et qui atteint presque, jusqu’à nonante, il est bien permis d’y mettre quelque longueur, et même un peu de traînerie, comme dirait Montaigne.
Or personne ne se récrie, personne ne réclame ; ne suis-je donc pas tout naturellement autorisé à les mettre en volume, surtout quand des amis m’y engagent et de temps en temps me disent comme pour m’agacer : « Vous avez là les matériaux d’un joli volume ; quand le publierez-vous ? […] Vous n’aviez pas encore mis le feu à la mèche. […] Peu s’en faut que vous n’ajoutiez, et je crois que vous l’avez dit : « Enfin j’ai trouvé mon genre. » Que si vous n’avez pas recueilli dans le volume tout ce que vous aviez inséré dans la feuille, c’est que vous aviez, au moment de cette seconde publication, quelques ménagements à garder, c’est que vous ne vouliez pas mettre tout le monde contre vous à la fois, que vous ne vouliez pas vous fermer toutes les portes ; mais ces articles, d’abord dissimulés, et qui étaient restés comme des soldats couchés dans le fossé, attendant pour se montrer un nouveau signal, ont été levés par des indiscrets, et maintenant tout est connu ; je parlerai donc du tout. […] Il n’est pas en votre pouvoir, quand vous le voudriez, de rien rétracter de ce que vous avez une fois lancé et mis en circulation. […] Dans ses six mois de Paris, il veut en mettre trop ; de là un étourdissement, une sorte de griserie et d’ivresse de tête qu’il va cuver en province, et il se venge en médisant de ce qui la lui a donnée.
Il appert de l’un et de l’autre que l’auteur, personnage d’une quarantaine d’années, portant lunettes, bonne mine, mâle encolure, tête posée avec aplomb, menton ras et double, lèvre fine, ferme, prompte à la malice, est né à Nantes, que son père y était libraire ; j’ajouterai, — car je ne suis pas homme à me contenter à demi en matière de biographie, — qu’il fut élevé à Bordeaux, qu’il y fit des études classiques succinctes et fut mis de bonne heure à la pratique, je veux dire au journal, au Courrier de la Gironde. […] Est-ce un père, un aïeul qu’on puisse revendiquer, qu’on doive rechercher, avouer hautement, dont on doive mettre le portrait dans son cabinet comme on peut avoir son recueil (et je l’ai) sur quelque rayon perdu et poudreux, dans les combles de sa bibliothèque ? […] Notez-le bien : les excès de la passion littéraire, chez ce La Harpe si souvent mis en cause, valent mieux que les mêmes écarts ou les manquements chez Fréron, ils partent d’un meilleur principe ; ils sont d’un ordre supérieur, de l’ordre tout intellectuel, exempts et purs de tout trafic, sans alliage d’industriel et de mercantile. […] La Harpe a eu bien des querelles fâcheuses, il a eu des ridicules : il n’a pas fait de choses basses ; il est honnête, il est respectable, et le petit homme, quand il a parlé de ce qu’il savait, a été un maître. — Notre lignée, à nous critiques français, c’est Bayle, Despréaux ; au besoin j’y mettrais cent fois La Harpe plutôt que Fréron : celui-ci jamais. […] Ce bric-à-brac de singularités qui s’entrechoquaient dans une même tête a été très-vivement mis en relief par M.
A voir un poëte du peuple occuper et, selon eux, usurper ainsi l’entière renommée, de jeunes et beaux esprits provençaux s’étaient dit qu’ils avaient, eux aussi, un passé et un avenir ; ils se mirent de parti pris à remonter aux sources, à les rechercher et à étudier, tout en chantant ; ils fondèrent cette union de poëtes, la société des Félibres, assez singulièrement nommée, mais qui s’est justifiée et démontrée par ses œuvres : l’un d’eux, Mistral, charmant poëte, esprit cultivé et resté en partie naïf, s’est d’emblée tiré du pair et illustré par la pastorale de Mireïo. […] Telle qu’il la sentait et la pratiquait, habile au métier, charmé des sons, amusé aux syllabes, rien n’existait pour lui en dehors de cette poésie ; il y mettait tout son soin comme toute sa pensée : il n’avait pas de prose. […] Toute la bibliothèque romanesque sentimentale des dernières années y est mise à contribution pour fournir des chapelets d’épigraphes. […] Le poëte vieillissant a mis ses goûts à la raison ; il s’efforce d’accepter la loi du temps, de s’y soumettre sans murmure ; lui si fier de sa chevelure de jais, si épris dans sa jeunesse de la beauté réelle et sensuelle, il en est venu aux délicatesses morales, aux subtilités mortifiées ; il célèbre, il a l’air d’aimer les cheveux blancs ; il dira, par exemple : L’AMOUR PUR. […] Cambouliu, professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, a écrit à l’un de ses amis, à l’occasion de ce mien jugement : « … Il n’y a rien en effet chez les Félibres de comparable à Mistral (à qui j’ai consacré cet hiver une leçon qui a eu un grand succès), et Jasmin a largement obtenu tout ce qu’il méritait, — j’oserai même ajouter plus qu’il ne méritait ; car je vous avoue franchement que je ne le tiens pas en très haute estime et que je ne puis guère voir en lui qu’un écolier de nos maîtres parlant patois ; je mets une grande différence entre lui et l’auteur de Mireïo, qui est, celui-là, un véritable poëte.
Adolphe Dumas : Quand on s’est mis en tête une idée éternelle, Qu’on y tient, à son flanc, comme on tient à son aile, Cela n’est plus possible ! […] Pour nous, qui ne l’avons pas vu, nous ne pouvons pas nous replacer au lieu précis de la génération qui nous a devancés, sans que nous mettions l’archéologie à la place de la poésie. […] Et puis, tout aussitôt, l’idée sociale, prophétique, l’apothéose future de la démocratie en sa personne, se met à percer et à s’étendre. […] Toutefois, Français de la tradition grecque et latine rajeunie, mais non brisée, ami surtout de la culture polie, studieuse, élaborée et perfectionnée, de la poésie des siècles d’Auguste, et, à leur défaut, des époques de Renaissance, le lendemain matin qui suit le jour de cette lecture, je reprends (tombant dans l’excès contraire sans doute) une ode latine en vers saphiques de Gray à son ami West, une dissertation d’Andrieux sur quelques points de la diction de Corneille, voire même les remarques grammaticales de d’Olivet sur Racine ; et aussi je me mets à goûter à loisir, et à retourner en tous sens, au plus pur rayon de l’aurore. le plus cristallin des sonnets de Pétrarque. […] Quinet : annonçant, dans le Globe du 12 octobre 1830, son livre De la Grèce moderne et de ses rapports avec l’Antiquité, je disais : « Cet ouvrage, qui doit être demain mis en vente, est dû au jeune et remarquable écrivain qui nous a donné déjà, il y a deux ans, la traduction des Idées de Herder, et qui l’avait enrichie d’une Introduction si pleine et, pour ainsi dire, si grosse de philosophie et de poésie.
La protection des princes d’Italie a donc beaucoup contribué à la renaissance des lettres ; mais elle a dû mettre obstacle aux lumières de la philosophie ; et ces obstacles auraient subsisté, lors même que la superstition religieuse n’aurait pas altéré de plusieurs manières la recherche de la vérité. […] Enfin dans tout pays ou l’autorité publique met des bornes superstitieuses à la recherche des vérités philosophiques, lorsque l’émulation s’est épuisée sur les beaux-arts, les hommes éclairés n’ayant plus de route à suivre, plus de but, plus d’avenir, se laissent aller au découragement ; et à peine reste-t-il alors assez de force à l’esprit humain pour inventer les amusements de ses loisirs. […] Toutes les poésies de l’école de Pétrarque, et il faut mettre de ce nombre l’Aminta du Tasse et le Pastor fîdo de Guarini, ont puisé leurs défauts dans la subtilité des Grecs du moyen âge. […] Dans le temps même où Pétrarque mettait dans ses poésies une exagération trop romanesque, Boccace se jeta dans un genre tout à fait contraire. […] Il se peut qu’il existe encore d’autres exceptions peu connues des étrangers ; mais pour dessiner les traits principaux qui caractérisent une littérature, il est absolument nécessaire de mettre de côté quelques détails.
Il a jeté dans la circulation tous les excellents lieux communs, où consiste la culture supérieure des esprits ; en les vulgarisant, il a mis le public en état de goûter les grandes œuvres dont elles seraient le nécessaire fondement. […] Il mettait une préface à l’Adone de Marino : il rédigeait la censure du Cid de Corneille. […] « Les âmes les plus faibles de toutes sont celles dont la volonté ne se détermine point à suivre certains jugements, mais se laisse continuellement emporter aux passions présentes, lesquelles étant souvent contraires les unes aux autres, la tirent tour à tour à leur parti, et l’employant à combattre contre elle-même, mettent l’âme au plus déplorable état qu’elle puisse être… Il est vrai qu’il y a fort peu d’hommes si faibles et irrésolus qu’ils ne veulent rien que ce que leur passion leur dicte. […] La raison cartésienne se met à la place de Dieu, et compose la machine du monde : mieux encore, elle n’explique pas seulement, elle agit, car de la science dépend la puissance ; par son progrès, elle vaincra la maladie et la mort même. […] Il fut présenté très tard à l’Hôtel de Rambouillet dans un de ses derniers voyages à Paris ; le dernier est de 1636, et c’est dans celui-là qu’il fit son unique apparition à l’Académie fraçnaise, dont on l’avait mis malgré lui.
Quand il veut bien démonter une pièce, c’est merveille comme il en dégage l’idée première, comme il en saisit le fort et le faible, comme il met le doigt sur le point où le drame dévie. […] Weiss l’appelle « un des plus vigoureux en sa suavité qui existent » L’usage est de mettre Athalie au-dessus d’Esther ; « J’ai, dit M. […] En outre, s’il saisit dans une œuvre quelque côté qui n’ait pas encore été aperçu ou signalé, il le met si violemment en lumière, il oublie si bien tout le reste que sa découverte prend tout de suite je ne sais quel air d’élégante impertinence et semble un défi à la sécurité des bonnes gens qui croient ce qu’on leur a dit et qui n’inventent rien. […] Sur Corneille et Racine, il s’abandonne à des effusions intransigeantes : nul n’a plus contribué que lui à mettre à la mode le parti pris très distingué de les admirer sans réserve, de tout voir chez eux, même des choses auxquelles il ne semble pas qu’ils aient beaucoup songé. […] Je n’aurai pas la candeur d’objecter qu’entre la sauvage hypocondrie d’un vieux poète saxon et l’esprit de Regnard il y a de la place ; que vraiment on peut rêver quelque chose au-delà des fantaisies un peu courtes de Crispin, une vision, un sentiment de la vie et des choses qui nous heurte d’une toute autre secousse et nous insinue un tout autre charme ; qu’enfin il y a des gens qui ne sont point des barbares et que pourtant les vers du Légataire ne plongent point en extase ni ne mettent sens dessus dessous.
C’est égal, si quelque auteur contemporain mettait au théâtre un personnage aussi incohérent, aussi visiblement double que le Tartuffe de Molière, que diriez-vous, ô mon maître Sarcey ? […] Mettons qu’il a grand appétit et ne dédaigne pas les vins loyaux. […] La Bruyère écrit, par exemple, sans s’étonner : « … Si Troïle dit d’un mets qu’il est insipide, — ceux qui commençaient à le goûter, n’osant avaler le morceau qu’ils ont à la bouche, ils le jettent à terre… » Or, tout se tient ; et j’imagine que ces gens-là étaient moins exacts que nous à se garder de certaines incongruités. […] Bérenger : « C’est vous qui êtes dégoûtant ; et ce que vous voyez là, c’est vous qui l’y mettez. » Les bons apôtres ! […] Seulement l’acteur qui le jouera fera bien de se souvenir, après tout, de la figure qu’a pu prendre Tartuffe dans l’imagination de Dorine : par où il sera conduit à nous mettre sous les yeux un personnage intermédiaire entre le Julien Sorel que nous a montré M.
Cette triple cérémonie a donc mis en vedette et en honneur la vie des artistes pauvres. […] Il serait temps, cependant, de réagir contre l’erreur propagée par l’un des plus piteux livres que le sentimentalisme ait échafaudés ; et puisque nous sommes dans une de ces périodes rares où l’on met tout sur table, où l’on bannit tout faux respect des choses convenues, et où l’on étudie impitoyablement la valeur exacte des gens et des idées, puisque d’autre part, l’artiste, jusqu’ici écarté et résigné à être une non-valeur sociale, vient de s’avancer au premier rang des énergiques, il siérait de saper, d’une hache implacable, le faux idéal et la menteuse générosité de « la bohème », qui séduisent et égarent encore certains jeunes artistes, autant qu’ils font le jeu de la médiocratie contre l’idéal authentique et la vraie générosité. […] Elle n’est pas inhérente au fait d’être mai nourri et mal vêtu : il y a des gens qui, avec de la fortune, sont bohèmes, parce qu’ils aiment fainéanter, mettre les coudes sur la table, fumer des pipes dans des cabarets, traîner sur des divans d’atelier, dire des farces ou théoriser indéfiniment, arpenter le boulevard, brailler en chœur et mettre à mal les ouvrières. […] Cette malheureuse corporation des artistes, qui détient l’intelligence authentique et devrait savoir l’adapter à tous les besoins matériels de l’existence, a mis trop longtemps un faux point d’honneur à confondre la puissance de méditation idéologique avec l’inexpérience de la conduite dans la vie.
Dauphin Meunier, qui abandonnera les vers pour la critique et s’emploiera à élucider les points obscurs de la vie de Mirabeau, y mettait au service de la cause romane un esprit narquois et délié, tandis que Marcel Coulon, petit, fureteur, éveillé, promenait surtout le coup d’œil avisé d’un magistrat enquêteur. […] Le servant du lieu était un jeune garçon d’une vingtaine d’années, blond, au vif regard bleu, qui portait, sans faiblir, à la satisfaction de Moréas, le glorieux prénom d’Amand et qui s’était installé dans la bonne grâce des poètes par l’empressement qu’il mettait à les servir au détriment des autres consommateurs. […] La lumière miroir tait aux façades, faisait chatoyer les vitres, les stores de coutil rose, les balcons aux lettres d’or, mettait à l’horizon un flamboiement d’apothéose. […] Je connais le prix d’un beau vers, mais aussi d’une rose, d’un vin de cru, d’une cravate adaptée et d’un mets délicat. » Je résume ainsi les propos d’Oscar Wilde, mais ce que je n’en puis rendre c’est le tour et l’expression. […] Il vanta même sa prose et mit à défendre ses contes du reproche de grivoiserie et de trivialité, une ardeur suspecte comme s’il avait pris ce moyen détourné de faire sa propre apologie.
Il y avait plus de soixante ans que les Césars allemands n’avaient mis le pied en Italie, quand Dante entra dans les affaires ; et cette absence avait prodigieusement affaibli leur parti. […] Après cet événement, il se flattait d’une paix durable, lorsqu’étant allé en ambassade à Rome, les Noirs profitèrent de son absence, mirent à leur tête Charles de Valois, frère de Philippe le Bel, et, secrètement aidés par Boniface VIII, rentrèrent dans la ville. […] Renonçant enfin à tout espoir de retour, il se mit à voyager, parcourut l’Allemagne et vint à Paris, où, comme on l’a dit de Tasse, on assure qu’il travaillait à ses poëmes. […] On trouve, par exemple, ces vers sur l’union du pouvoir spirituel et temporel, au seizième Chant du Purgatoire : De la terre et du ciel les intérêts divers Avaient donné longtemps deux chefs à l’univers ; Rome alors florissait dans une paix profonde, Deux soleils éclairaient cette reine du monde : Mais sa gloire a passé quand l’absolu pouvoir A mis aux mêmes mains le sceptre et l’encensoir3. […] Comme il savait tout ce qu’on pouvait savoir de son temps, il met à profit les erreurs de la géographie, de l’astronomie et de la physique : et le triple théâtre de son poëme se trouve construit avec une intelligence et une économie admirables.
Mais le maître en ce genre, maître incomparable, du moins à considérer tous les auteurs français, et pour les autres je sens mon incompétence, c’est Molière, qui trace un caractère par le style même du personnage dès les premières répliques qu’il prononce, qui met des nuances de style sensibles entre des personnages à peu près semblables, et par exemple entre Philaminte, Armande et Bélise, peut-être et je le crois, entre Mademoiselle Cathos et Mademoiselle Madelon ; qui indique par des styles différents les différents âges, même, d’un même personnage ; car on sait parfaitement que Don Juan n’a pas le même âge au cinquième acte qu’au premier, malgré l’apparente observation de la règle des vingt-quatre heures, et qu’il change de caractère du commencement à la fin de la pièce ; or, observez le style, et vous verrez que de ces différences dans le caractère et de ces différences d’âge, le style même vous avertit. […] De même Elmire, qui a un style si court, si direct et si franc dans la scène trois du troisième acte, parce qu’elle n’est nullement une coquette, quoi que d’aucuns en aient cru, change de style, non seulement en ce sens qu’elle parle un tout autre langage, comme le lui fait remarquer Tartuffe (« Madame, vous parliez tantôt d’un autre style ») ; mais aussi dans le sens grammatical du mot, quand elle a pris un caractère d’emprunt ; et le style alambiqué, torturé de la coquette, ou bien plutôt de la femme qui ne l’est point et qui s’efforce péniblement de l’être, lui vient aux lèvres et marque tout justement ce changement momentané de caractère et avertirait et mettrait en défiance le convoiteux, s’il n’était étourdi par sa convoitise. […] On n’a pas compris ou point voulu comprendre, qu’au premier acte Chrysalde est en effet, l’homme raisonnable, et qui ne parle que raison, et qu’au quatrième, il est un bourgeois raillard qui, pour taquiner Arnolphe et le mettre en ébullition, soutient devant lui le paradoxe le plus propre à l’exaspérer. […] Mais, retenons ceci : c’est l’accent qui est révélateur de ce qu’un auteur dramatique met de lui-même dans un ouvrage dramatique. […] On voit qu’une des plus vives jouissances de réflexion dans la lecture des poètes dramatiques est de reconnaître ce qu’ils mettent eux-mêmes dans leurs œuvres.
C’est l’indignation de voir cet enseignement piétiner dans sa routine qui nous a mis la plume à la main ; ce sont les mauvaises méthodes qui nous ont donné l’idée d’en proposer une qui fût meilleure, ou du moins qui fût profitable. […] Notre doctrine n’est que le développement des théories professées par les grands écrivains dans leurs préfaces et correspondances, et scrupuleusement mises en pratique dans leurs œuvres, comme notre dernier volume le prouve sans réplique. […] Lanson n’ait pas mis le mot enseigné, il est bien évident qu’il a, lui aussi, après moi, la prétention d’enseigner en vingt-cinq leçons l’art de la prose. […] Il y en a que notre tentative a mis en fureur ; d’autres se contentent d’avoir pitié de nous. […] Il met en cause mes œuvres ; qu’il montre les siennes.
Dans le Dernier Flagellant, ce sont les « Dames noires », la femme et la fille de ce Rouziac, de ce mauvais riche qui a sucé, par l’usure, le sang et la vie de toute une contrée, et qui, vouées à un deuil éternel et grandiose, tiennent, pour les restituer un jour, le livre des biens volés de Rouziac, à mesure qu’il les vole, et chantent à Dieu, quand l’émeute furieuse met le feu chez elles, un si bel hymne de délivrance devant leur château incendié ! […] Mais les inconvénients de la haine sont plus grands et plus redoutables ; car la haine sait mettre une blessure où l’amitié ne met qu’une caresse. […] Dans la farandole bariolée de ces Lettres, qui passent sous nos yeux lestes, pimpantes et rapides, et que l’auteur des Amitiés littéraires a mises chacune à l’adresse d’un de ses amis, il en est une adressée à Montégut (de la Revue des Deux-Mondes), et le sujet de cette lettre est Nicolardot et son livre : Ménage et finances de Voltaire. […] Mais ce que j’ose reprocher nettement à Hippolyte Babou, c’est de n’avoir pas, avec deux ou trois phrases négatives, nettement mis à terre le faisceau de faits que Nicolardot a cités.
mais il est illustre, et je puis le mettre avec ses pareils. […] S’il se porte à des figures plus hardies, elles sont suivies, raisonnables, tirées d’objets ordinaires, préparées de loin, sans rien qui puisse étonner ou choquer, simples effets d’une éloquence passionnée, simples moyens oratoires, au même titre que les raisonnements et les faits : « La religion de Pascal, dit-il, n’est pas le christianisme des Arnaud et des Malebranche, des Fénelon et des Bossuet ; fruit solide et doux de l’alliance de la raison et du cœur dans une âme bien faite et sagement cultivée ; c’est un fruit amer, éclos dans la région désolée du doute, sous le souffle aride du désespoir. » Telle est l’imagination de l’orateur, bien différente de celle de l’artiste, qui est brusque, excessive, aventureuse, qui se plaît aux images nouvelles, qui frappe et éblouit le lecteur, qui se hasarde parmi les figures les plus rudes et les plus familières, qui ne se soucie pas d’élever, par des transitions ménagées, les esprits jusqu’à elle, et dont la folie et la violence mettraient en fuite l’auditoire que l’orateur doit se concilier incessamment pour le retenir jusqu’au bout. […] Une Allemande, dit Gœthe, reconnut que son amant commençait à la tromper, parce qu’il se mettait à lui écrire en français. […] Il essayera une première traduction et trouvera à peu près ceci : « Nos actions voulues sont les seules que nous nous imputions et que nous rapportions à notre personne. » Malheureusement, cette traduction met à nu une erreur. […] Mettons la définition à la place du défini et nous aurons : « Nos actions voulues sont les seules que nous jugions dignes de punition ou de récompense. » Nous voici revenus à une phrase ordinaire ; il a fallu supprimer une erreur et faire trois traductions ; il en faudrait quatre ou cinq autres pour exprimer la chose exactement et en psychologue.
Un vieux petit employé se lève un dimanche, dans une banlieue, et il met du vin en bouteilles ; et quand toutes les bouteilles sont pleines, sa journée est finie. […] Jaurès, par exemple, qui, lui non plus, ne mettra pas le feu aux poudres ; M. […] Barrès, c’est qu’en écrivant un article électoral, il y met du talent et des idées et que celui-là même qui méprise le but qu’il vise ne méprise pas le moyen qu’il emploie. […] Tête d’or fut mis à la mer un jour par un homme qui écrivit en français avec génie, il y a sept ou huit ans, et qui depuis s’est tu. […] Absolument, le positivisme est le christianisme retourné bout pour bout ; ce que l’une des croyances met au commencement, l’autre le met à la fin ; c’est une question topographique : le paradis terrestre a-t-il été la première étape de l’humanité, ou en sera-t-il la dernière ?
Dès l’instant où le gendarme lui a mis la main à l’épaule, il est, irrémédiablement, par ce geste, séparé du monde. […] On croyait avoir mis la main sur un autre Ibsen. […] Stupéfaction, tel fut l’état psychique où me mit la lecture de ce document… ah ! […] Et pourquoi ai-je eu l’idée bizarre et ridicule de le mettre au monde ? […] … n’ai-je pas mis de côté un peu d’argile ?
Mettons-nous en présence d’un filon d’argile. […] Il se mit, selon la mode anglaise, à prêcher dans les rues. […] Il se mettait au travail, comme on se met à table, à heure fixe. […] Tous les soirs, à la même heure, je mets des lettres à la poste. […] C’est la belle doctrine d’Epicure mise ; au ton de la sensibilité moderne.
En cela, il met en évidence la continuité entre romantisme et symbolisme, en particulier autour de Baudelaire. […] Il eut une vieille presse et des caractères d’occasion, et mit le « Décadent » au service de la Poésie nouvelle. […] Je serai très heureux de me « mettre en rapport » avec eux. […] Victor Hugo mort, les Parnassiens à l’Académie, les petits se sont mis à danser la ronde de la délivrance. […] Xau me mettait dans la bouche : mais l’accent n’y était plus.
La philosophie, en s’y ajoutant, y mettra sa forme : elle ne détruira rien. […] tuez-le ou mettez-le en rapport avec son espèce. […] Ainsi l’école platonicienne s’est arrangée avec le symbolisme païen, qui avait mis à mort Socrate. […] L’Église a mis près de dix siècles à donner une base solide à notre civilisation. […] Le rapport de la cause à l’effet y est pourtant, et le genre humain l’y met invinciblement.
Ainsi déjà s’exprimait Pétrarque dans une lettre à Boccace ; et en effet on mettra désormais son point d’honneur à développer en soi ce quiddam suum ac proprium, c’est-à-dire à différer des autres, pour arriver à les surpasser. […] De même encore, dans l’Heptaméron, — qui est bien d’ailleurs l’une des lectures les moins divertissantes que l’on sache, — c’est son expérience personnelle de la vie, et des hommes, ce sont même quelquefois ses propres aventures que Marguerite met en anecdotes. […] Nous ne pouvons développer en nous que ce que la nature y a mis, et ce qu’elle y a mis, la nature en a eu ses raisons. […] Mais il fait mieux que de le dire, s’il le suggère comme sans avoir l’air d’y penser, et qu’il mette à le prouver moins d’esprit de système que d’involontaire ardeur et d’enthousiasme presque inconscient. […] Nous ne mettons expressément les Œuvres d’un écrivain au nombre des Sources de sa biographie qu’autant qu’elles contiennent, comme L’Adolescence clémentine, des renseignements personnels et donnés par l’auteur comme tels.
C’était ruiner le fonds même que cet homme universel avait mis en valeur. […] On pourrait mettre dans cette classe la tendre Bérénice, dont le fonds est élégiaque plus que tragique. […] Quand nous poserons les règles du drame lyrique, nous achèverons de mettre ces conformités en pleine évidence. […] Iphigénie n’est sauvée du glaive de Calchas que par l’intervention de Diane, qui met une biche en sa place sur l’autel du sacrifice. […] Racine, en s’excusant d’avoir osé mettre sur la scène une histoire si récente que celle de Bajazet, donne sur ce point d’excellents avis.
Duel de convenance, où La Fontaine ne mit aucune conviction. […] Cela met dans une situation désobligeante. […] Devant la Révolution, il s’est rétréci, hérissé, mis en boule. […] J’entendais bien qu’il y mettait quelque ironie. […] Cela ne met guère en confiance.
Mise soignée et même coquette ; pantalon gris, gilet blanc, simple cravate bleu ciel, d’ancien style. […] Lockroy, mis en goût par cette confession, prit la parole après M. […] Le juif Elzéar se fit mettre à la porte de la Chambre, pour avoir imité trop au naturel les vociférations du prophète Michée. […] Pallain est bien capable de mettre de l’esprit jusque dans les statistiques. […] Il a mis spontanément par écrit ce qu’il voyait, ce qu’il entendait.
Elle faillit mettre aux prises deux hommes, pourquoi ? […] (Des fantaisistes n’allaient-ils pas jusqu’à mettre au nombre des établissements en question : Trousseau, spécial pour les enfants en bas âge ?) […] Du reste, dans un « Prologue » des plus prestes, ‘auteur nous met loyalement, et si gentiment ! […] Quant à sa personnalité, ses biographes — tels ces hyènes qui presque encore de nos jours mettent E. […] La preuve en est dans mainte et mainte prière de ce recueil : pas besoin de citations, puisque le volume suit ce que vous allez lire, j’en suis sûr, avec le plaisir que j’y ai mis et que je mets à écrire cette très sincère et très cordiale préface.
Il n’est pas admissible que l’auteur de la Charte eût mis dans la Charte un article qui en renversait toute l’économie. […] Il y a en France autant de gens de cœur et de gens d’esprit que dans aucun autre pays ; mais tout cela n’est pas mis en valeur. […] La réforme de l’armée fut un chef-d’œuvre d’étude et de réflexion ; l’université de Berlin fut le centre de la régénération de l’Allemagne ; une collaboration cordiale fut demandée aux savants, aux philosophes, qui ne mirent qu’une condition à leur concours, celle qu’ils mettent et doivent mettre toujours, leur liberté. […] La Prusse a mis soixante-trois ans à se venger d’Iéna ; mettons-en, au moins vingt à nous venger de Sedan ; pendant dix ou quinze ans, abstenons-nous complètement des affaires du monde ; renfermons-nous dans le travail obscur de notre réforme intérieure. […] On ne se discipline pas soi-même ; des enfants mis ensemble sans maître ne s’élèvent pas ; ils jouent et perdent leur temps.
» Cette réponse, bien corse, mit tout le monde d’accord. […] Enfin, mis en demeure de se démettre, il se soumit. […] La police de Réal et de Savary se mit en mouvement. […] Il ne mit jamais les pieds dans une ambulance ni dans un hôpital. […] Il fut mis au secret.
Tout de suite, il se mit à la tâche. […] Puis on mit les têtes dans des paniers et on les envoya à Jézraël. […] Il en mettait partout. […] Il mit résolument la main à la pâte. […] Il a mis le désert en copie.
Camille de Sainte-Croix met en scène… Port-Lazulie est une ville située sur l’un des versants du Mont-Pantalon. […] Les trouvailles ingénieuses y abondent, sans compter les drôleries les plus imprévues qui donnent l’éclat de rire, les originalités les plus exquises qui y fourmillent, l’érudition la plus parfaite mise au service de l’esprit le plus mordant, le plus incisif.
Ces Pieces mirent le comble à sa gloire, & firent connoître que Corneille & Racine avoient trouvé un successeur. […] Cet Ecrivain eût donc mieux fait de ne jamais mettre au jour un prétendu Eloge de M.
Pour le faire avec succès, sa méthode est d’en rapprocher les principes, & de mettre cet Ecrivain en contradiction avec lui-même. […] « Les derniers des hommes, M. de Voltaire, sont ceux qui sont les plus dangereux, & les plus dangereux sont ces Ecrivains dont la plume s’efforce de renverser tout à la fois l’ordre de la Religion & celui de la Société ; ces Ecrivains, qui dégradent les Lettres par l’injustice de leur haine, l’amertume de leur style, la licence de leurs déclamations, l’atrocité de leurs calomnies, le renversement de toutes les bienseances ; ces Ecrivains, qui amusent, par leurs bons mots & leurs sarcasmes, la multitude ignorante & légere, & qui osent ridiculiser le mérite & l’honnêteté ; ces Ecrivains, qui veulent être plaisans aux dépens de ce qu’il y a de plus sacré & de plus respectable, qui veulent être crus en dépit du jugement & de la raison, qui veulent être estimés malgré la justice & le bon goût ; ces Ecrivains enfin, que le délire encense, & qui, noircis par la fumée de l’encens même qu’ils ont reçu, sont mis ensuite au rebut, comme ces fausses Divinités que la superstition la plus grossiere ne peut adorer qu’un moment. » GUYS, [Jean-Baptiste] de l’Académie de Caen, né à Marseille en 17..
Puisque c’est l’heure où tous doivent se mettre à l’œuvre, Fiers, ardents, Écraser au-dehors le tigre, et la couleuvre Au-dedans ; Puisque l’idéal pur, n’ayant pu nous convaincre, S’engloutit ; Puisque nul n’est trop grand pour mourir, ni pour vaincre Trop petit ; Puisqu’on voit dans les cieux poindre l’aurore noire Du plus fort ; Puisque tout devant nous maintenant est la gloire Ou la mort ; Puisqu’en ce jour le sang ruisselle, les toits brûlent, Jour sacré ! […] Puisque ces ennemis, hier encor nos hôtes, Sont chez nous, J’irai, je me mettrai, France, devant tes fautes À genoux !
C’est quelque mauvais plaisant qui a conseillé à cette tête de chou de se faire mettre en marbre, cette matière, cet art qui est si grave, si sévère, qui demande tant de caractère et de noblesse. […] Puisse pour l’honneur du siècle, ce hideux morceau aller frapper rudement le Trudaine, et le ministre mettre en pièce l’intendant des finances, en sorte qu’il ne reste de l’un et de l’autre que des fragmens trop petits pour déposer dans l’avenir de notre insipidité.
Virgile met dans un autre livre, la fable miraculeuse d’Aristée, et la peinture des effets de l’amour. […] Il n’est personne qui n’admire le genie et la verve de Lucrece, l’énergie de ses expressions, la maniere hardie dont il peint des objets, pour lesquels le pinceau de la poësie ne paroissoit point fait : enfin sa dexterité pour mettre en vers des choses, que Virgile lui-même auroit peut-être desesperé de pouvoir dire en langage des dieux : mais Lucrece est bien plus admiré qu’il n’est lû.
Léon Feugère, qui s’est fait si honorablement connaître par ses publications sur le xvie siècle, a donné en 1845 une Étude sur la vie et les ouvrages de La Boétie ; l’année suivante il publiait les Œuvres complètes de La Boétie (traités, traductions, poésies latines et françaises), recueillies et réunies pour la première fois36, et il mettait ainsi à la portée de tous ce qui n’était jusque-là que la curiosité et le partage de quelques-uns. […] J’ai voulu citer cette expression fidèle d’un regret d’amateur, parce qu’elle se rattache à un sentiment plus général, à celui que porte tout antiquaire et tout ami des souvenirs dans l’objet favori de son culte, dans ce coin réservé du passé où l’on a mis son étude, son investigation sympathique et pieuse, une part de son imagination et de son cœur, et où l’on ne voudrait appeler que ceux qui sont dignes d’en tout apprécier et comprendre. […] Léon Feugère, cet autre éditeur qui a bien mérité de La Boétie, n’est pas et ne prétend pas être un amateur aussi déclaré ni aussi opiniâtrement en quête sur tel ou tel point, un défricheur ni un investigateur bibliographique du même genre : il ne s’adresse qu’à ce qui peut intéresser plus généralement le public ; universitaire des plus instruits, littérateur estimable, plein d’acquis, de culture, et utilement laborieux, il a pris à tâche de faire connaître avec étendue et de mettre aux mains de tout le monde des auteurs jusqu’ici peu répandus, et dont la lecture courante ne peut se faire qu’à l’aide d’un introducteur aussi complaisant qu’érudit. […] Montaigne était sur le point de le publier innocemment dans ses Essais, pour donner une idée du talent précoce de son ami, lorsqu’il s’aperçut qu’il avait été devancé par les violents et les irrités du temps, qui, dans un recueil imprimé au lendemain de la Saint-Barthélemy, avaient mis le traité de La Boétie avec d’autres discours du même genre, à cette fin de remuer et renverser l’État. […] Ce portrait qui commence ainsi : « Je n’ai connu aucune femme aussi parfaitement raisonnable, et dont la raison eût aussi peu d’âpreté… » ; est à mettre pour l’expression du sentiment et la tendresse du regret à côté de celui de M. d’Aubigny par Saint-Évremond, et tous deux supportent le voisinage de celui de La Boétie par Montaigne.
Il se mit à se préparer en conscience à son métier d’ambassadeur, et il fut bientôt le meilleur qu’on pût envoyer à Lisbonne et le plus capable, autant qu’on l’est par la lecture. […] Il y a de lui une page bien naturelle, où il pense tout haut, et qui est toute l’histoire du Pot au lait : Le 28 avril 1737. — J’ai été nommé par le roi ambassadeur en Portugal ; tout mon dessein, en acceptant pareil emploi, a été de me rendre digne et de me mettre à portée des places du ministère, où mon ancienneté au conseil pouvait naturellement m’élever dès que je ne démériterais pas, à plus forte raison si je montrais du mérite et du courage. […] J’ai le cœur et le sentiment lent, mais rude et tenace pour quelque temps, c’est-à-dire opiniâtre… Il a dit : Je ne puis vaquer à aucune besogne, qu’au bout de fort peu de temps le cœur ne se mette de la partie, soit pour, soit contre, soit pour les affaires, soit pour les hommes ; je m’affectionne ou je m’indigne. […] Si vous détruisez l’amour, Ἔρως (c’est lui qui met ce mot grec), le monde retombera dans le chaos. […] [NdA] J’ai dû, à cet endroit, changer et mettre deux ou trois mots dans le texte, mais seulement pour éclaircir la phrase, restée elliptique et inachevée.
— Je n’ai pas bien distingué, il faisait nuit. » — Un autre : « Il faut qu’il ait mis plus de six heures pour venir de Versailles. » — D’autres racontaient froidement quelques circonstances. […] La bibliothèque du président, qui était considérable, est confisquée comme bien d’émigré par la nation et mise en vente. […] Ma bibliothèque était composée en grande partie de livres sur la jurisprudence et sur l’histoire de France ; un de mes oncles qui était évêque m’avait, laissé une collection complète des procès-verbaux du Clergé, etc., etc. » ; et il montre que la Révolution qui s’accomplit a déjà mis beaucoup de ces livres à la réforme, et qu’elle va simplifier bien des sciences. […] Il prédit, il dessine à l’avance un futur rival romantique de Racine et de Corneille ; nous aussi nous le croyons possible, mais nous l’attendons toujours : Les tragédies de Corneille, de Racine, de Voltaire (en nommant Voltaire à côté des précédents, il paie tribut au siècle) semblent devoir durer éternellement ; mais si un homme de génie donnait plus de mouvement à ses drames, s’il agrandissait la scène, mettait en action la plupart des choses qui ne sont qu’en récit, s’il cessait de s’assujettir à l’unité de lieu, ce qui ne serait pas aussi choquant que cela paraît devoir l’être, ces hommes auraient un jour dans cet auteur un rival dangereux pour leur gloire. […] Je n’en citerai que quelques pensées qui donnent le fin fond du cœur de M. de Meilhan, et dont celles qui concernent l’amitié devaient faire entre lui et Mme de Créqui le sujet de contradictions assez vives : Chacun doit s’empresser de faire aux autres le bien que comportent ses facultés, sans attendre de reconnaissance, et sans mettre dans ses actes de bienfaisance rien de passionné qui puisse compromettre le repos.
M. de Tracy perdit Mme de Tracy le 27 octobre 1850, et, dans son culte pieux pour sa mémoire, il a cru devoir recueillir, selon qu’elle l’avait désiré, quelques-uns des écrits où elle mettait de sa pensée et de son âme : c’est un portrait de plus, et le plus vivant, qu’il a voulu que les siens eussent toujours présent devant les yeux. […] Il ne faut pas lire toutes sortes de choses au hasard ; il faut mettre de l’ordre dans ses lectures, y réfléchir, et s’en rendre compte. […] Seule, elle s’occupe de sa musique, de ses oiseaux, de ses fleurs ; il lui est impossible de ne pas mettre de la passion à tout ce qu’elle fait. […] Elle s’est donc mise à l’étude des Pères. […] On y mettrait le Voyage de Plombières, et tout aussitôt les Pensées, datées de Paray trente ans après : la jeunesse, et l’« âge d’argent » ; le mot mérite de rester34.
Bazire, a jugé convenable, pour me mettre en opposition avec moi-même, de vous lire un assez long passage extrait d’un livre que j’ai publié il y a longtemps. […] — Lorsque, dix-huit ans après, Napoléon, à son retour de l’île d’Elbe, fit appeler Benjamin Constant aux Tuileries (14 avril 1815) et le désigna pour dresser et rédiger l’Acte additionnel, il semble vraiment n’avoir fait que renouer cette relation ancienne, en être tout d’un coup revenu en idée à ce Benjamin Constant antérieur, et avoir mis à néant et en complet oubli quatorze années d’hostilité déclarée et de guerre. […] Au moment où il se rapprochait de Napoléon, il s’effrayait de ce qu’il faisait, il avertissait les adversaires de se méfier, et se mettait en mesure vis-à-vis d’eux en cas d’erreur et d’entraînement. […] J’ai connu des philosophes de nos jours qui, dans les temps difficiles, mettaient leur philosophie à l’abri derrière le christianisme de Royer-Collard. […] Il y mettait d’ailleurs, je le crois, plus de sincérité que de tactique et de calcul.
Le poète, un certain Glaucus, peu connu d’ailleurs, mais qui a de l’art et du sentiment, s’écrie : « C’est après l’avoir vu, le douloureux héros de Trachine, que Parrhasius s’est mis à peindre ce Philoctète : car dans ses yeux desséchés habite une larme muette, et au dedans est la douleur qui le ronge. […] » Trois jeunes filles se sont mises à broder une robe pour Diane ; elles tiennent à marquer leur part à chacune dans l’offrande. […] c’est qu’en France la poésie toute seule, dans sa simplicité et son charme nu, ne nous touche que médiocrement ; c’est que le vœu tout pastoral de l’ancien berger fait moins d’effet que si on le met dans la bouche d’une bergère, d’une Estelle, d’une Nina quelconque, d’une infortunée. […] Et comment a-t-on oublié de traduire le grand Préambule qu’Agatbias avait mis en tête de son Anthologie ? […] (Ce n’est plus à une Couronne qu’Agathias comparait son recueil, c’est à un de ces repas collectifs où chaque convive paye son écot, et contribue par un mets particulier : il y contribuait lui-même et en était de plus l’ordonnateur.)
Louis XIV, qui devait savoir mieux que personne à quoi s’en tenir, était content de Catinat et mettait cette fin de campagne au nombre de ses bons services. […] Il parlait du cœur plutôt que des lèvres. — Catinat ressentit en effet, avec un esprit d’humilité et un vrai trouble, ce « comble d’élévation » que le roi mettait dans sa famille ; sa correspondance avec son frère, à ce moment, est touchante et d’un naturel charmant. […] C’est alors que Catinat, qui avait employé le temps à se mettre en mesure, sentit que le moment était venu de prendre sa revanche et de jouer vaillamment de l’épée. […] Leganez et Caprara84 étaient d’avis de se retirer par Orbassan, mais le duc dit qu'il fallait bien boire le vin tiré et que, puisqu’il y avait au moins autant de péril à ne pas combattre qu’à combattre, le temps était cher et qu’il ne fallait plus songer qu’à mettre l’armée en bataille. On la mit tout le plus diligemment que l’on put, et voilà comment se passa cette journée que l’on avait résolu la veille d’éviter ; à six heures du matin du même jour, il n’était pas décidé encore si l’on en viendrait à une affaire décisive. » On en croira ce qu’on voudra, mais il paraît bien certain que c’est le duc de Savoie qui, dans sa présomption, décida en effet de livrer la bataille.
Souffre donc quelquefois que, brisant la mesure, Je mette de côté la rime et la césure Et déroge un moment à mes goûts favoris, Puisqu’enfin les lecteurs chez nous sont à ce prix. […] Les seconds chants d’amour ne vinrent pas ; mais nous avons Érostrate, grande composition où l’auteur a mis toutes ses ressources d’art. […] Il en est un, celui de George Sand, que nous regrettons de n’avoir pas écrit ; nous nous y mettrons peut-être un jour. — Quant à celui de Mmede Girardin, tout bien considéré, nous ne nous y mettrons jamais ; c’est un plaisir dont il faut nous priver, non point par crainte, mais, nous le disons tout nettement, par bon goût. […] Il voudrait qu’en tête de chacune le traducteur mît un avant-propos ou argument qui préparât le lecteur : précisément ce qu’a si bien fait M. […] Quant à de Loy, il n’y met pas tant de finesse ; il n’a souci de Calvus ni de Ronsard ; ses vers coulent et coulent encore.
Les grands hommes eux-mêmes contribuent souvent à fortifier cette double illusion par leur façon d’agir : jeunes, inconnus, obscurs, ils s’effacent, se taisent, éludent l’attention et n’affectent aucun rang, parce qu’ils n’en veulent qu’un, et que, pour y mettre la main, le temps n’est pas mûr encore ; plus tard, salués de tous et glorieux, ils rejettent dans l’ombre leurs commencements, d’ordinaire rudes et amers ; ils ne racontent pas volontiers leur propre formation, pas plus que le Nil n’étale ses sources. […] Apprenez leur langue, elle est aisée ; je m’offre de vous montrer ce que j’en sais, et, jusqu’à ce que vous soyez en état de lire par vous-même, de vous traduire quelques endroits de Guillen de Castro. » Ce fut une bonne fortune pour Corneille que cette rencontre ; et dès qu’il eut mis le pied sur cette noble poésie d’Espagne, il s’y sentit à l’aise comme en une patrie. […] Quitter l’Espagne dès l’instant qu’il y avait mis pied, ne pas pousser plus loin cette glorieuse victoire du Cid, et renoncer de gaieté de cœur à tant de héros magnanimes qui lui tendaient les bras, mais tourner à côté et s’attaquer à une Rome castillane, sur la foi de Lucain et de Sénèque, ces Espagnols, bourgeois sous Néron, c’était pour Corneille ne pas profiter de tous ses avantages et mal interpréter la voix de son génie au moment où elle venait de parler si clairement. […] Voltaire met en note : « Des têtes au-dessus des bras, il n’était plus permis d’écrire ainsi en 1657. » Il serait certes piquant de lire quelques pages de Saint-Simon qu’aurait commentées Voltaire. […] Il avait mis toute sa vie et toute son âme au théâtre.
Eynard et les pièces qu’il produit, de ce besoin et aussi de ce talent inné de Mme de Krüdner, et combien elle s’entend de bonne heure à la mise en scène du sentiment : j’en suis presque effrayé à certains endroits, quand je songe à combien de choses cet art secret a pu se mêler insensiblement depuis, sans qu’elle-même s’en rendît peut-être bien compte. […] Dès ce jour, Mme de Krüdner se mit sur le pied de ne pouvoir rien ignorer de ce qu’on éprouvait pour elle. […] mettez-la dehors, la camarde… la hideuse ! […] C’est ce charlatanisme qui met en évidence et qui fait aussi qu’on peut servir ses amis. […] Les personnes enthousiastes qu’un beau zèle anime n’y mettent pas tant de façons.
Vous avez ce bonheur, que les trois quarts de la France et de l’Europe vous devancent dans la voie des expiations et qu’un héros vous précède ; vous ne pouvez douter que Bonaparte ne veuille s’allier à la religion tôt ou tard, pour rendre au peuple l’obéissance et pour mettre sous la sanction du Dieu des armées l’autorité dont il s’empare. […] Mais il n’était pas de la générosité de M. de Chateaubriand de mettre la main en cette affaire et de se tourner du premier jour contre celle que la célébrité n’allait pas garantir de la persécution. […] On n’est point un grand écrivain parce qu’on met l’âme à la torture. […] Chactas commence son récit : Il est bien vieux, il a soixante-treize ans : « À la prochaine lune des fleurs, il y aura sept fois dix neiges, et trois neiges de plus, que ma mère me mit au monde sur les bords du Meschacebé. » Il raconte à René la grande aventure de sa jeunesse, quand il ne comptait encore que dix-sept chutes de feuilles. […] Il l’aura mis partout, parce qu’il a tout manié. » C’était vrai : l’amour avait tout consacré dans ce premier livre de Chateaubriand.
Mais voici par où il sort du romantisme : il a senti le besoin de dompter son imagination, et il s’est mis à la rude école de la nature. […] Zola a mis dans ces deux romans plus de vérité, une observation plus serrée et plus précise que dans les autres : là aussi, plus de sincérité, je crois, et moins d’artifice verbal. […] Ce n’a pas été toujours pour son bien : mais le mal, en somme, n’est pas grave, et son œuvre met suffisamment en lumière son originalité. […] Une fois formé, au gré de son maître, Maupassant se mit à écrire des nouvelles et des romans remarquables par la précision de l’observation et par la simplicité vigoureuse du style. […] Il a mis dans ses romans des silhouettes exotiques, qui sont amusantes et paraissent exactes.
Et c’est exquis, car les princes Charmants ne sont-ils pas créés et mis au monde pour épouser les princesses des Hespérides ? […] Tous deux font, à travers la lande, par le brouillard, une promenade sentimentale d’où elle rapporte une pleurésie, et Raoul, subitement touché de la grâce, met sur le front de la mourante le baiser des fiançailles. […] M. de Camors mis à part, presque toutes ces figures s’effacent et se mêlent un peu après qu’on les a vues. […] Vous vous rappelez, après la chute de la petite Mme Lescande, son étrange discours, puis le baiser qu’il met au bas de la robe de la jeune femme, et ses remords, et la scène bizarre du chiffonnier. […] Même, chose inattendue, bien loin que sa chute soit la conséquence de son incrédulité et de l’exécution de son programme athée, on peut dire qu’il ne s’est mis dans le cas de manquer à l’honneur que parce qu’il a manqué d’abord au reste de son programme.
Il est presque banal de rappeler les aspects multiples de ce triomphe : le roman s’efforçant d’être impersonnel, documenté et de calquer le langage parlé ; le théâtre s’ingéniant à réduire au minimum la part de la convention et à porter au maximum l’exactitude de la mise en scène ; l’histoire se confinant dans les travaux d’érudition et dans les recherches minutieuses ; la critique se faisant scientifique, analytique, aussi impartiale qu’elle peut l’être ; la poésie même s’inspirant de la science ou de la vie familière. […] Il aura des adversaires aussi, tel Alphonse Karr, qui mettrait l’initiative du progrès social en de singulières mains, si l’on s’avisait de prendre au sérieux son mot fameux : « Que messieurs les assassins commencent ! […] Tant que le mariage est proclamé indissoluble, le désaccord du mari et de la femme mène à une situation insoluble, par conséquent triste et tragique, si les caractères en présence sont sérieux et passionnés ; bouffonne au contraire et propice au vaudeville, si les caractères mis aux prises sont tièdes et vulgaires. […] Contre ceux qui contrevenaient aux ordonnances étaient édictées les peines les plus sévères comportant pour les libraires la saisie des exemplaires mis en vente, l’amende, la prison, le pilori, les galères, entraînant pour les auteurs le bannissement, la Bastille, et même en certains cas la mort. […] Et le philosophe de s’écrier : « Messieurs, parlons de l’éléphant ; c’est la seule bête un peu considérable dont il soit permis de parler. » L’histoire du xviiie siècle est pleine d’écrivains arrêtés ou exilés, d’ouvrages mis au pilon, lacérés, brûlés par la main du bourreau : l’Eglise et l’Etat, la Sorbonne et les Parlements collaboraient il cet étouffement.
Pour couper court avec ceux qui se souviendraient que j’ai autrefois, il y a plus de quinze ans, fait un Portrait de Béranger tout en lumière et sans y mettre d’ombre, je répondrai que c’est précisément pour cela que je veux le refaire. […] Jeune, je mêlais aux Portraits que je faisais des poètes beaucoup d’affection et de l’enthousiasme, je ne m’en repens pas ; j’y mettais même un peu de connivence. Aujourd’hui je n’y mets rien, je l’avoue, qu’un sincère désir de voir et de montrer les choses et les personnes telles qu’elles sont, telles du moins qu’en ce moment elles me paraissent. […] Moi (ajoutait-il en souriant et en faisant allusion à sa propre impatience de publicité), si j’avais fait une seule de ces octaves-là, je l’aurais déjà mise partout ; mais lui, il ne veut pas être remis en question : c’est plus prudent peut-être et plus sage. […] Pour lui seul, entraîné qu’on était par la modestie apparente du genre, par le bonheur du refrain, par la vogue des sentiments, on a fermé l’œil, on s’est mis de la partie, et, tout en chantant en chœur, on lui a su gré de tout sans réserve.
Il l’a comme sauvé au milieu des orages politiques de la vie active, à travers les luttes les plus vives qui aient mis un homme d’État en contradiction apparente avec son passé, tant il a laissé à tous, même à ses adversaires, le sentiment de sa droiture, de son haut désintéressement et de sa parfaite sincérité d’homme de bien ! […] M. de Broglie est l’homme qui procède le moins de cette façon légère : appliqué, régulier dans ses habitudes, chaque matin à la même heure il se met à l’œuvre, à son étude, à sa lecture. […] Après avoir dégagé la question des ambiguïtés et des arguties dont quelques orateurs l’avaient enveloppée, il arrivait au fond, il entrait dans le vif, et, acceptant le défi dans toute son étendue, il opposait doctrine à doctrine ; à celle de la Sainte-Alliance, qui met le droit tout entier du côté de la royauté, il opposa celle qui le met du côté de la justice toujours, et souvent du côté des peuples : Hé quoi ! […] En citant ces éloquentes et généreuses paroles, loin de moi la pensée de mettre un noble esprit en contradiction avec lui-même pour ce qu’il disait alors et pour ce qu’il a dû faire depuis ! […] Que si vous le voulez absolument, mettez ce noble discours en regard d’autres discours plus récents du même honnête homme politique, lesquels ne sont ni moins sentis, ni moins animés d’un accent de vérité, et vous aurez sous les yeux en abrégé toute la leçon de l’expérience, l’éternelle leçon qui recommence toujours.
J’étais bien convaincu de la trahison et des méfaits de ces deux coquins : mais le menuisier mettait trop de précipitation dans l’affaire. […] Il serait grand temps, en effet, d’intervenir alors pour mettre le holà, après avoir monté le coup. […] Il faut mettre ces tristes paroles en regard du troisième numéro du Vieux Cordelier, qui les expie. […] Quand on ne connaît que de réputation ce pamphlet célèbre et qu’on se met à le lire, on a besoin de quelque réflexion pour s’apercevoir que c’est là un retour au bon sens, aux idées de modération et de justice. […] Pour faire passer sa modération nouvelle, Camille sent le besoin de la déguiser plus que jamais en bonnet rouge ; il n’a même pas de honte de la mettre sous l’abri de Marat, qu’il ose appeler divin.
Il forcera les vues de Turgot en croyant les préciser et les étendre ; il y mettra beaucoup de gris et une teinte de plomb. […] On dénigre, on méprise les gens en détail, et tout à coup on se met à exalter l’humanité en masse et à tout en espérer. […] Jusqu’en 89, Condorcet n’avait donc rien fait qui démentît positivement ce titre de l’homme de l’ancienne chevalerie et de l’ancienne vertu dont l’avait un jour qualifié Voltaire, en osant le mettre au-dessus de Pascal. […] Toutes les fois que le peuple en personne se met en communication avec l’Assemblée, Condorcet y applaudit : On sait, écrivait-il le 21 novembre 1791, que les séances du dimanche sont consacrées au saint et indispensable devoir d’entendre les pétitionnaires… L’Assemblée doit aimer à se sentir quelquefois électrisée par les expressions que l’enthousiasme d’un peuple libre et généreux vient porter dans le sein même de ses séances. […] J’ai déjà touché quelque chose de ce qu’il dit sur la procession insurrectionnelle du 20 juin, sur ce bonnet rouge qu’on mit sur la tête de Louis XVI, et dans lequel il ose voir une couronne à la Marc Aurèle.
La reine mère, Anne d’Autriche, jalouse de l’amitié de son fils que lui ôtait Madame, trouvait fort à redire, au nom des mœurs, à une telle intimité : pour la mieux entretenir et pour la couvrir, il fut convenu entre Madame et Louis XIV que le roi ferait l’amoureux de quelqu’une des filles d’honneur de la princesse, ce qui lui serait un prétexte naturel à se mettre de toutes les parties et à venir à toutes les heures. […] Quand on fut en vue du camp, malgré la défense expresse que la reine avait faite que personne ne la précédât, Mme de La Vallière n’y put tenir, et elle fit courir son carrosse à toute bride à travers champs, tout droit au lieu où elle croyait trouver le roi : « la reine le vit ; elle fut tentée de l’envoyer, arrêter et se mit dans une effroyable colère ». […] » On voyait la pauvre immolée figurer, non seulement à la Cour, mais à la suite de sa rivale et dans son cortège : Mme de Montespan, abusant de ses avantages, dit Mme de Caylus, affectait de se faire servir par elle, donnait des louanges à son adresse, et assurait qu’elle ne pouvait être contente de son ajustement si elle n’y mettait la dernière main. […] Mme de Montespan, particulièrement, raillait fort ce projet des Carmélites, et on craignait que le roi n’y mît opposition : il fallait tout ménager. […] Dieu ne la quitte point, et, sans violence, il rompt ses liens. » Puis tout à coup, quand le dernier fil est usé et se rompt, quand la colombe prend son essor, il est dans la joie et le triomphe, il est dans l’admiration à son tour : Je vous envoie, écrit-il au maréchal de Bellefonds, une lettre de Mme la duchesse de La Vallière, qui vous fera voir que, par la grâce de Dieu, elle va exécuter le dessein que le Saint-Esprit lui avait mis dans le cœur.
Mlle Curchod, âgée de dix-huit ans, était donc, à cette date de 1758, une des fleurs et des merveilles de ce pays de Vaud que Rousseau allait mettre à la mode dans le beau monde parisien par La Nouvelle Héloïse. […] Ce qu’on appelait franchise en Suisse devenait égoïsme à Paris ; négligence des petites choses était ici manque aux bienséances ; en un mot, détonnant sans cesse et intimidée par mes bévues et par mon ignorance, ne trouvant jamais l’à-propos, et prévoyant que mes idées actuelles ne s’enchaîneraient jamais avec celles que j’étais obligée d’acquérir, j’ai enfoui mon petit capital pour ne le revoir jamais, et je me suis mise à travailler pour vivre et pour accumuler un peu si je puis. […] Il y met parfaitement en lumière les deux traits essentiels qui se croisaient en elle et qui la caractérisent, la complication de l’esprit et la rectitude du cœur : Étrangère aux mœurs de Paris, Mme Necker n’avait aucun des agréments d’une jeune Française. […] Les malades, à la date de 1778, étaient encore très peu bien traités dans les hôpitaux ; il suffira de dire qu’on en mettait plus d’un dans un même lit, et l’hospice fondé par Mme Necker le fut dans l’origine « pour montrer la possibilité de soigner les malades seuls dans un lit avec toutes les attentions de la plus tendre humanité, et sans excéder un prix déterminé ». […] Buffon fit deux vers latins pour mettre au bas du portrait de Mme Necker ; ils sont remarquables par la vivacité de l’éloge autant que par l’inélégance : Angelica facie et formoso corpore Necker Mentis et ingenii virtutes exhibet omnes.
Duclos a terminé son Histoire de Louis XI en disant : « Tout mis en balance, c’était un roi. » Gaillard, en rappelant ce mot, essaye de l’appliquer à La Harpe, et il dit « qu’à tout prendre, c’était un homme ». […] Sous ces influences combinées, La Harpe s’était mis à lire pour la première fois les livres saints, les Psaumes, l’Imitation de Jésus-Christ, lorsqu’il reçut la secousse intérieure décisive dont il a rendu compte en ces termes : J’étais dans ma prison, seul dans une petite chambre et profondément triste. […] Mais quel fut l’étonnement, le regret et un peu le remords de cette folâtre jeunesse, y compris la soi-disant dame, assise à un coin de la cheminée, de voir M. de La Harpe, en entrant, ne regarder à rien et se mettre simplement à genoux pour faire sa prière, une prière qui se prolongea longtemps ! […] » — « Point du tout, je vous l’ai dit : vous serez alors gouvernés par la seule philosophie, par la seule raison. » Le tour de La Harpe, l’un des convives, arrive cependant ; il s’était tenu un peu à l’écart : « Voilà bien des miracles, dit-il enfin, et vous ne m’y mettez pour rien. » — « Vous y serez (lui réplique Cazotte) pour un miracle tout au moins aussi extraordinaire : vous serez alors chrétien. » Sur ce mot de chrétien, on peut se figurer l’exclamation et le rire ; les figures s’étaient rembrunies, elles se dérident : Ah ! […] Pasquier, qui avait suivi ses leçons au Lycée dès 1787, l’alla revoir et causa avec lui ; il le mit sur le Génie du christianisme, en se donnant comme quelqu’un qui goûtait l’ouvrage.
J’ai eu part à tant de négociations et d’affaires très secrètes de tous les États ennemis de la France, que des gens de cabinet trouveraient au moins de quoi s’amuser agréablement par des choses très variées et assez extraordinaires, que personne ne sait que moi, ou peu de gens qui ont intérêt qu’on les mette en oubli. […] La société française, qui s’était mise à accueillir vivement tout ce que Louis XIV avait disgracié, se prit d’enthousiasme à ce moment pour le général Bonneval et pour ses exploits de paladin dans cette espèce de croisade contre le Turc. […] Quoique j’aie lieu de croire qu’il ne vous est rien arrivé, personne n’en parlant, je ne puis m’empêcher de joindre à ma peine mille alarmes, qui me mettent dans un état que vous ne comprenez point, puisque vous pouvez être deux mois sans me donner le moindre signe de vie. […] Songez pourtant que j’ai besoin d’être soutenue par vous dans la situation où me met le péril où vous êtes, que je me retrace sans cesse ; car je vous aime, mon cher cousin, avec de ces sentiments que l’inclination a formés, qu’elle entretient, et dans lesquels elle insinue tout ce qui a jamais produit l’union la plus tendre et la plus solide. […] Il trouva moyen de se mettre en froid avec le prince Eugène, un peu vieilli, dont il frondait la maîtresse et les créatures.
Au matin, Marmont était chez le maréchal Ney, lorsque le colonel Fabvier, arrivant en toute hâte d’Essonne, lui apprit que, contrairement à ses ordres, les généraux avaient mis les troupes en mouvement vers les lignes ennemies, et qu’une défection était imminente. […] La négociation avec le prince de Schwarzenberg, qui n’avait pas été contractée ni conclue, fut censée l’avoir été, et les pièces qui la constataient, mises après coup à la date du 4 avril, furent insérées au Moniteur le 7 ; le tout pour cacher la confusion et régulariser ce qui n’avait été que l’effet de la peur et du désordre. […] Qu’il nous suffise de dire que lorsqu’un des officiers longtemps attaché au maréchal, le colonel Fabvier, se plaignit vivement de cette qualification dans une note écrite qui fut mise sous les yeux de Napoléon, l’Empereur répondit alors au général Drouot qui s’en était chargé : « Calmez Fabvier ; ce que j’ai dit, j’ai dû le dire dans l’intérêt de ma politique. […] On y mit une ruse singulière et du stratagème. […] Mais, dans le temps, l’opinion royaliste pure sut très bien le distinguer, et parce que l’on comptait davantage sur lui, et parce que, dans les discussions qui avaient porté sur ce point, il s’était mis plus en avant qu’un autre pour le maintien des couleurs nationales.
Payé à vingt-quatre ans de ce service par un bon évêché, de la familiarité du cardinal et du jeu de la reine, Cosnac, par tempérament, par goût et par esprit d’intrigue (je mets toujours le mot comme lui-même, indifféremment), se mêlait alors de beaucoup de choses, et on l’y jugeait propre. […] En rentrant de cette revue et obligé par fatigue de se mettre au lit, « ce prince était tellement plein de cette armée qu’il ne nous parla, dit Cosnac, que du plaisir qu’il y avait de commander des troupes auxquelles rien ne manquait, et qui pouvaient vous attirer de la gloire à bon marché ». […] Le cardinal Mazarin, qui s’amusait de ces disputes, dit le soir même à Cosnac, pour le harceler, « qu’un maréchal de France s’était vanté en sa présence que, s’il eût trouvé un évêque assis et qu’il eût été debout, il l’aurait pris par la main et se serait mis à sa place ». […] Au retour même de cette campagne de 1667, étant allé à Villers-Cotterêts pour s’y délasser, il ne fait plus qu’une chose : en attendant d’être en état de ranger une armée en bataille, il s’apprend à ranger les fauteuils : Monsieur eut bien du regret de ne pas être arrivé un jour avant Madame, afin de pouvoir ordonner de ce qu’il fallait mettre dans les chambres, qu’il trouva, par malheur, toutes meublées. […] Il fit mettre toutes les chaises sur une même ligne, fortifia les ruelles de tableaux, tablettes, plaques, plaça les miroirs dans des postes avantageux, flanqua chaque table de quatre guéridons ; enfin disposa généralement de tout le corps de ses meubles avec un ordre merveilleux.
On raisonne trop souvent dans l’hypothèse de facultés distinctes qu’on met en rapport et en conflit l’une avec l’autre, au lieu de considérer l’évolution interne comme développement continu et total. […] Si vous placez la réaction, sous une forme quelconque, dans le plaisir et la peine, vous pourrez ne pas la mettre à part sous le nom de volonté, mais ce ne sera plus alors qu’une question de mots. […] Nous ne pouvons avoir une idée du mouvement de notre oreille jusqu’à ce que notre oreille ait été mise en mouvement ; si, par la diffusion du courant nerveux, nous venons à être avertis du mouvement de notre oreille, nous serons en possession d’un certain plan de mouvement, que nous pourrons ensuite volontairement exécuter. […] Le moment où un navire est en tension sous vapeur et le moment où il se met en marche ne peuvent pas ne pas se distinguer. […] En méconnaissant le principe fondamental des idées-forces, selon lequel toute conception d’un acte implique la représentation d’un mouvement et celle-ci un mouvement commencé, on se met dans l’impossibilité d’expliquer l’action de la volonté sur les muscles sans recourir finalement, soit à des entités, soit à des miracles.
S’emparant des innovations des romantiques allemands, il leur apprit une langue plus simple ou plus subtile que celle de la période classique ; il a profité de leurs tentatives d’introduire dans une littérature septentrionale, les poèmes à forme fixe de l’Orient et du Midi ; à leur suite, il mit en vers dans ses ballades les sombres incidents de l’histoire du moyen âge, et plaça souvent la scène de ses écrits dans les pays traditionnellement poétiques, en Italie, en Espagne, dans l’Inde. […] Le revenant s’avance tranquillement vers le lit, et avec ses gestes anguleux de cadavre, commence à démontrer qu’en toute raison, il ne saurait y avoir d’esprits ; puis, la preuve faite, met la main à son gousset, et au lieu de montre, en tire délicatement une pincée de vers. […] On la reconnaît à ces détails précis et vrais, à ces touches de pourpre qui mettent le sang de créatures vives aux ombres bleuâtres des romantiques de Berlin et de Stuttgard, à la simplicité et à la fermeté de la langue, à un retour constant au décor primitif de toute poésie, l’oiseau, la fleur, le ciel, — à l’apparition des figures traditionnelles de la légende allemande, la Loreley, l’empereur Barbe-rousse, le Tannhaeuser, l’image miraculeuse de la cathédrale de Cologne. […] Depuis Goethe, personne, en Allemagne, n’a su mettre dans ses vers des figures de femme aussi candides et gaies, aussi individuelles et humaines, dessinées avec un art aussi sur, aussi caché et aussi souple. […] Que l’on réfléchisse que Heine n’était pas un philosophe chez qui domine la faculté raisonnante, mais un artiste nerveux, irritable et fantasque, qui avait passé sa vie à ciseler des souffrances à demi imaginaires dans de jolies chansons moitié mélancoliques, moitié railleuses, qu’à ce constant exercice de sa sensibilité, celle-ci s’était hypertrophiée et affinée, que sa volonté était plus vaniteuse que forte ; — Henri Heine, comme beaucoup d’autres, se mit à refaire en sens inverse l’évolution religieuse de sa vie.
» L’auteur de l’Histoire des Causes nous met sous les yeux les rapports, les déclarations écrites, l’opinion sur le peuple des hommes qui le représentaient aux États-Généraux, et ces déclarations affirment qu’il ne poussait pas alors à la Révolution, qu’il n’en avait ni le désir ni la pensée. […] C’étaient des traditions et des incubations de cabinet, des vues plus ou moins justes d’hommes d’État rompus aux affaires, mais dans lesquelles la philosophie n’avait rien mis ; car d’Argenson les avait proposées onze ans avant la publication du premier volume de l’Encyclopédie. […] En cela, il s’est mis d’un seul trait au-dessus de la funeste passion philosophique de son temps ; il a rompu avec des habitudes erronées et universelles. […] Il ne faut rien de plus que la main d’un enfant idiot ou pervers pour mettre le feu à une ville, rien de plus que la pensée d’un sophiste pour mettre le feu à une société. […] Telle est, en résumé, cette mise à nu de la Révolution française, tel est le livre vigoureux, savant et pensé, que Cassagnac a posé, comme une négation qui sera entendue de l’avenir, à l’encontre des publications historiques sur le même sujet.
Aussi parlent-ils leurs amours plus qu’ils ne les réalisent : ils mettent dans leurs poèmes le rythme même de ces gestes dédaignés, et c’est pour cela que nous retrouvons dans leurs œuvres le parfum et la nudité même de la femme. […] Cette frénésie, ce pêle-mêle de sensations n’est peut-être que la mise en fusion d’éléments nouveaux, qui attendent un grand poète pour être fixés en art. […] Sachons nous réjouir en paix du mets infâme Et nous accommoder des chants et du festin ! […] Seul, le rêve, à nos fronts, met la suprême marque. […] Dans un autre poème encore : Jardin d’Italie, Laurent Évrard a mis toute la concision artistique de son talent.
Mais Lamartine mettait à ces résistances sa grâce la plus courtoise et la plus fine de gentilhomme diplomate. […] Ces visites mettaient en rumeur la petite ville tranquille qu’est Paray-le-Monial. […] Ceux de Baudelaire décidèrent de mettre fin à cette existence de dangereuse oisiveté, et d’indépendance intempestive. […] Ne fut-ce pas une raison analogue qui mit la plume aux doigts du duc de Saint-Simon ? […] Enfin, la tempête se calma assez pour qu’on pût penser à mettre la chaloupe à la mer.
Idoles sur chacune desquelles on pourrait mettre un ou plusieurs noms. […] Elle a son couvert mis au grand festin de l’hypocrisie romantique. […] On en mettait partout. […] Brunetière, critique d’une haute fantaisie, et auteur plaisant qui s’ignorait, mettait de l’évolution, comme d’autres mettent du sel ou de la moutarde, dans tout. […] On ne l’a invité, ici et là, à la noce que pour le mettre au bout de la table.
Il met ces noms ensemble, sans hésiter. […] Cette légende elle-même met en branle toutes les facultés de ceux qui la racontent. […] C’est pour cela qu’il était venu chez nous se mettre à l’école de Mérimée. […] A-t-il mis ce projet à exécution ? […] J’ai lavé sa tête et je l’ai mise dans une attitude digne de lui.
Et puis, une fois que l’idée était venue d’un tel choix, comment résister à la mettre à exécution ? […] D’abord l’orateur, le prédicateur enflammé, le missionnaire qu’est ou qu’a été le père Lacordaire, avait quelque effort à faire pour se mettre au ton du discours académique, de ce discours qui doit être lu et qui n’est, si je puis ainsi parler, qu’un demi-discours, orné et mesuré. […] Je suis toujours étonné, en ma qualité d’académicien, lorsque je suis amené à me prononcer sur ces questions compliquées et délicates, et que l’invasion hardie de quelqu’un de mes illustres confrères sur ce terrain brûlant de la politique me met, pour ainsi dire, au pied du mur.
Nous trouvons le témoignage curieux de cet embarras dans la Préface que Pierre Robert Olivetan mit à sa traduction de la Bible (1533) : « Aujourd’hui pour la plupart le François est mêlé de latin et souvent de mots corrompus : dont maintenant nous est difficile les restituer et trouver. […] Oresme déjà, sous Charles V, y avait été contraint : ce fut bien autre chose quand toute une armée d’ardents et studieux esprits, théologiens, philosophes, traducteurs, imitateurs, penseurs originaux, se mit à parler en langue vulgaire sur toutes les plus ardues et plus graves matières. […] Ainsi, fixation épuration, mise en valeur de la langue française, voilà les trois : articles de la réforme universellement réclamée.
Au moment où il a compté l’argent et où il va emmener Celia, un sbire vient mettre le séquestre surtout ce que possède Mezzetin, et par conséquent sur l’esclave. […] Il fait mettre par son complice Spacca une bourse dans la poche du capitaine Bellorofonte. […] C’est exactement l’expression métaphorique qu’emploie Trufaldin à la scène iv du premier acte de L’Étourdi : Et vous, filous fieffés, ou je me trompe fort, Mettez, pour me jouer, vos flûtes mieux d’accord.
Si l’on a bien dans la mémoire l’ensemble des œuvres du comique français, on discerne sans peine l’élément important que lui a transmis la double veine, littéraire et populaire, de l’art italien ; élément important, non par le fonds des idées satiriques et morales, mais par l’abondance des moyens d’expression ; élément en quelque sorte matériel, artificiel, mis à la disposition du grand ouvrier. […] Molière recourait tout naturellement aux Italiens, à ces artistes turbulents, lorsqu’il avait besoin d’accélérer le mouvement d’une pièce ; c’est ainsi que, dans cette comédie de L’Avare, peinture d’un vice qui se soutient difficilement au théâtre, il mit à contribution cinq ou six canevas de la commedia dell’arte. […] La fameuse scène de la galère, que Molière emprunta à Cyrano de Bergerac, se trouve dessinée déjà dans un des canevas de Flaminio Scala : dans ce canevas intitulé Il Capitano, Pedrolino, afin d’arracher à Pantalon l’argent dont Oratio, fils de Pantalon, a un besoin pressant, vient lui raconter que ce fils est tombé entre les mains des bandits et mis à la rançon de cent écus.
Mettre la fille à la place du gendre, c’eût été renverser toute la composition : il y aurait eu quatre têtes de femme de suite, et l’enfilade de toutes ces têtes aurait été insupportable. […] Rencontre-t-il une tête, qui le frappe, il se mettrait volontiers aux genoux du porteur de cette tête pour l’attirer dans son atelier. […] Mettez l’escalier entre ce portrait et vous ; regardez-le avec une lunette, et vous verrez la nature même.
Là du moins il n’y a d’inégalité que celle qu’il a plu à la nature de mettre entre ses enfans ; et les forêts ne retentissent pas de cette variété de plaintes, que des maux sans nombre arrachent à l’homme dans ce bienheureux état de société. — Mais quoi ! […] Y reste celui qui peut voir avec patience un peuple qui se prétend civilisé, et le plus civilisé de la terre, mettre à l’encan l’exercice des fonctions civiles ; mon cœur se gonfle, et un jour de ma vie, non, un jour de ma vie, je ne le passe pas sans charger d’imprécations celui qui rendit les charges vénales. […] Confiez votre fortune à cet homme qui se fait traîner dans un char doré, demain ses terres seront en décret ; demain cet homme si brillant, poursuivi par ses créanciers, ira mettre pied à terre au for-l’évêque. — Mais ne vous réjouissez-vous pas de voir la débauche, la dissipation, le faste, écrouler ces masses énormes d’or ?
Lisons, ça mettra mon imagination en train… Si je me faisais journaliste ? […] Finette, vous oubliez que j’ai le cœur trop haut placé pour ne pas mettre l’indépendance au-dessus de tous les biens de cette terre. […] Il faut se mettre à la place des gens, aussi.
Dans un pays de la forte nationalité du nôtre, qui est tout l’univers avant d’être français, et dont les gentilshommes — s’il y a encore des gentilshommes — mettent pour courir les culottes d’un jockey anglais, il y a dix poètes pour le moins, à cette heure, de la force ou plutôt de la faiblesse de Leopardi, et dont on ne s’occupe pas, avec raison, du reste, mais par la seule raison qu’ils ne sont pas des Italiens ! […] Dans les uns et dans les autres, il aurait mis identiquement la même chose. […] Je connais trop ces vieilles fins de non-recevoir pour les admettre, ces bâtons mis dans les roues de la Critique pour l’arrêter et qui les cassent si elfe est un peu vigoureuse.
Eh bien, si la note mélancolique et inattendue se mettait soudainement à vibrer dans quelque couplet de Beauvoir, cette note faisait à l’instant le silence et créait la rêverie. […] Émues, elles mettaient le front dans leur main, et peut-être qu’une larme furtive tombait dans leur verre… Monselet a cette note comme l’avait Beauvoir, perle qu’il a jetée dans tous les vins qu’il a sablés, depuis l’Αϊ jusqu’à l’Argenteuil, et qui ne s’y est pas dissoute. […] Il était plus que cela, et ce dernier recueil le met à sa place parmi les touchants.
Quelle simplicité de mise en scène ! […] Elle se mettait en flagrante contravention avec le génie de l’humanité. […] Une mise en scène plus qu’insuffisante, faite par un ancien vaudevilliste (vous figurez-vous les Burgraves mis en scène par M. […] Il me semble qu’il doive mettre le feu au théâtre. […] En tout il met la palpitation de la vie.
Auger redoublait ses anathèmes contre la forme du drame romantique, contre « cette poétique barbare qu’on voudrait mettre en crédit », disait-il, et qui violait de tout point l’orthodoxie littéraire. […] Même dans les hommages qu’elle rendait au pouvoir royal sous la Restauration, elle s’était mise assez à temps au niveau de l’opinion publique : sa complaisance ministérielle sut s’arrêter quand il le fallut. […] L’Esprit-Saint se mit subitement à agir et à opérer comme dans un conclave. […] Elle y met une certaine maturité, mais elle y cède avant de paraître résister. […] L’essentiel est de se mettre en communication régulière avec l’air du dehors ; qu’elle tienne à honneur et à devoir de paraître informée, à son heure, de tout ce que la littérature contemporaine produit de distingué, même dans les branches réputées légères.
Quantité d’exemples, cités plus haut, ont, je crois, mis cette vérité hors de doute, et l’on a vu que la transformation se fait de deux façons, tantôt par un progrès lent dont on peut suivre plusieurs phases : c’est le cas de la rêverie qui aboutit au sommeil ; tantôt brusquement, après une incubation sourde dont souvent on retrouve les traces : c’est le cas ordinaire pour l’hallucination17. […] Or, si on laisse de côté l’entremise des nerfs, on trouve deux cas dans lesquels fonctionnent les centres sensitifs. — Tantôt ayant été mis en action une première fois par le nerf, ils persistent spontanément dans cette action et la répètent d’eux-mêmes, à plusieurs reprises, après que le nerf a cessé d’agir ; ce qui arrive notamment dans les illusions qui suivent l’usage prolongé du microscope, lorsque le micrographe, reportant les yeux sur sa table ou sur son papier, voit à un pied de lui de petites figures grises qui persistent, s’effacent et renaissent encore à quatre ou cinq reprises, toujours en pâlissant et en s’affaiblissant. — Tantôt les centres sensitifs fonctionnent par un choc en retour, lorsque des images proprement dites les provoquent à l’action. […] Quand la cloche tinte, elle met en mouvement les sonneries, et, le tintement achevé, les sonneries continuent, s’affaiblissent, s’effacent, mais sont capables de se renforcer et de reprendre toute leur énergie primitive, lorsqu’une circonstance favorable permet au son persistant d’une ou deux sonnettes de faire vibrer toutes les autres à l’unisson. — D’ordinaire, la cloche est mise en branle par le cordon. […] Partant il est disposé à considérer cette connaissance comme un acte pur d’attention, acte d’espèce unique, incomparable à tout autre, dont l’essence, toute spirituelle, consiste en cela seulement qu’il nous met en communication avec notre passé. — Mais si cet acte lui paraît spirituel et pur, c’est qu’il est vide ; il l’a vidé lui-même en lui retirant tous ses caractères, pour les poser à part et fabriquer avec eux l’objet. […] Lorsque le paysage, la figure agissante, le geste et la voix du personnage commencent à surgir et à se préciser, on attend, on retient son souffle ; quelquefois alors, tout apparaît tout d’un coup ; d’autres fois, c’est lentement, après des intervalles de sécheresse. — Mais, dans les deux cas, ce qui apparaît est attendu, voulu, ou du moins compris dans le cercle lâche des images attendues et voulues, puis tout de suite employé, mis à profit par la main qui écrit et note, partant suivi à l’instant de sensations répressives, en tout cas marqué dès sa naissance d’un caractère particulier qui est la propriété d’éclore par un effort personnel, dans une direction prévue, après une recherche préalable, comme un effet du dedans et non comme une impression du dehors ; de sorte que, après un éclair et un éblouissement, les sensations habituelles, tactiles, musculaires ou visuelles, peuvent sans difficulté reprendre leur ascendant normal, et, jointes à la file des souvenirs positifs, refouler le fantôme affaibli dans le monde imaginaire. — Une suite d’hallucinations très courtes qui, étant voulues, peuvent être et sont effectivement rompues et niées à chaque instant par la perception plus ou moins vague du monde réel, voilà la vision pittoresque ou poétique, très différente, comme le dit M.
La manière habile dont Rabelais sut se mettre en règle avec la Sorbonne justifierait la comparaison qu’on a faite de ses bouffonneries si prudentes avec la feinte folie de Brutus. […] Il songea donc à s’assurer une protection plus haute, et il se mit à couvert derrière la chaire même de Saint-Pierre. […] Il lui restait à se mettre en sûreté du côté du roi. […] C’est ainsi qu’en un passage du livre III, où au lieu du mot âme on lisait âne, il s’excusait sur la maladresse de son éditeur, qui avait mis une lettre pour une autre. […] Mais s’il y a des rangs divers pour les hommes de génie, Rabelais ne doit pas être mis au premier.
C’est de la comédie, quoique d’un ordre inférieur à celle qui démasque les personnages par le soin même qu’ils mettent à se cacher. […] Mais la Renaissance a mis sa noble marque dans la harangue du prévôt des marchands, d’Aubray, la dernière du recueil et la seule qui soit écrite dans le ton sérieux. […] Elles tiennent cette abondance pour une marque d’invention, cette diversité pour variété ; et, ce qui ne devrait jamais avoir lieu dans les choses de l’intelligence, elles mettent la quantité avant la qualité. […] Et ce qui fait l’originalité de ce siècle d’érudits, c’est que leur curiosité est animée, intelligente, enthousiaste, et que ces conquérants qui, sur l’invitation de Du Bellay, mettent au pillage les deux antiquités, témoignent leur joie ou leur surprise à la vue de tant de richesses, avec une naïveté et une vivacité admirables. […] C’est ainsi que Ronsard et Montaigne, quoique si inégaux et si différents, subissent l’influence du tour d’esprit de leur siècle, lequel met le plus petit hors de sens, et trouble la raison du plus grand.
C’est à l’école de ce grand maître en l’art d’écrire, que Balzac avait perfectionné, et peut-être exagéré, cette délicatesse d’imagination qui ne se contentait de rien de douteux, « et qui recevait de la douleur de tous les objets qui n’étaient pas beaux. » « Cet homme, dit-il, qui ne pardonnerait pas une incongruité à son père, m’avait mis en cette humeur, et m’avait fait jurer sur ses dogmes et ses maximes. […] Mais le maître y a été surpassé par le disciple, et ce fut Balzac qui montra le premier ce que gagne un bon naturel à recevoir une règle qui l’aide à mettre au jour ses qualités et à vaincre ses défauts. […] C’est l’écrivain qu’il met en regard de « cette perfection du bien dire, laquelle consiste plus en la rondeur, en la netteté et en la simplicité du langage, avec quelque ornement, quand la matière l’exige, que non pas en ces sottes et ridicules affectations d’hyperboles extravagantes, de manières recherchées de s’expliquer, qui sont nouvelles parce qu’elles sont sauvages et monstrueuses. » Il y poursuit et y signale avec une sagacité qu’éclaire un vrai savoir, et que la passion rend cruelle, toutes les formes qu’affecte cette éloquence sans sujet, sans chaire, sans tribune, sans barreau. […] Où Balzac déploie tout l’appareil oratoire, Pascal ne mettra que le style vif de la conversation, sans chercher l’éloquence, et sans l’éviter. […] Pascal, par le langage de la raison animée et piquante, mettra de son côté tous ceux qui cherchent la vérité dans ces sortes de querelles, comme tous ceux qui n’y veulent trouver qu’à rire.
Mais il ne faut pas oublier qu’en Allemagne, certaines résidences de quatrième ordre mettent leur orgueil à posséder des théâtres absolument supérieurs : on sait que la troupe de Meiningen passe pour la meilleure compagnie qu’il y ait, dirigée qu’elle est par le grand-duc régnant. […] … » Elle fait signe aux hommes qu’ils enlèvent le cadavre et le portent sur le bûcher ; en même temps, elle prend l’Anneau du doigt de Siegfried, et, l’ayant considéré, elle le met à sa main. […] Jusqu’à Lessing, l’histoire de la littérature allemande n’a guère à recenser que des œuvres qui sont la mise en application de doctrines, Lessing est lui-même le plus frappant exemple de ce souci continuel de la théorie qui semble hanter les poètes de sa race. […] Le modèle wagnérien n’est pas « le terme du chemin » mais le musicien reste « à mis côte de la montagne sainte » (cf. […] Hitler n’a pas uniquement récupéré une musique, une mise en scène, mais aussi toute une idéologie véhiculée par l’ensemble du projet wagnérien.
Mais de loin les imaginations moqueuses se mirent en frais et en campagne. […] Mais M. de Latouche avait obtenu ce qu’il voulait, et il riait de l’émoi où il les avait mis. […] je ne vois rien de mieux (littérairement parlant), si le talent, encore une fois, se met hautement de la partie et vous sert. […] Pour ne rien paraître lui ôter, je dirai seulement que ce fut lui qui mit en circulation alors le mot de principicule. […] Périgois célèbre M. de Latouche au nom des démocrates de l’Indre : « Il eût pu mettre à profit, dans l’intérêt de sa carrière, la haute position et le crédit de son oncle (M.
Il a pour objet de connaître la nature, et, puisqu’il n’a pas été appelé à mettre la main au plan de la machine du monde, qu’elle existe et se maintient indépendamment de ses méditations correctrices, il faut bien qu’il se borne à l’expérience. […] Celle-ci me fait l’effet d’une horloge savante à mettre sous verre et à placer dans un conservatoire comme curiosité. […] Je ne sais si Descartes a réellement fondé une philosophie, et, quoique quelques-uns de ses soi-disant disciples me l’assurent, j’en doute ; mais je sais bien qu’il a fait main basse sur les derniers empêchements que la scolastique mettait à l’esprit humain, et c’est là sa gloire. […] [NdA] L’esprit humain, en définitive, ne fait jamais que ce qu’il est obligé et mis en demeure de faire. […] Fortoul a mis à néant l’espoir que nous exprimions ici.
S’il se met à écrire, c’est le modèle des bons contes. […] Il n’y mettait jamais rien du sien, et mes sœurs, qui, dans leur jeunesse, l’ont souvent vu à table, chez mon père, n’ont conservé de lui d’autre idée que celle d’un homme fort malpropre et fort ennuyeux. […] J’entends par le sens domestique, par la sensibilité domestique, j’entends cette sensibilité qui s’étend aux ascendants, aux descendants et aux présents ; j’entends cette sensibilité qui s’attache à la personne que l’on a aimée, oui, mais aussi à ceux qui vous ont mis au monde et à ceux qui peuvent sortir de vous. […] C’est par elle que je veux terminer, parce que c’est une des œuvres qui mettent le plus en pleine lumière un des traits — et le plus touchant — du caractère de La Fontaine : son amour pour les faibles et par conséquent, et à cause de cela, pour les opprimés. […] Mais je ne trouve pas inférieur ce beau plaidoyer de La Fontaine pour nos frères inférieurs, pour ceux qui sont mis par la nature au partage de nos peines, de nos souffrances et placés dans une espèce d’égalité avec nous devant la douleur.
Les vers de Musset dans le numéro du 1er octobre de la Revue des Deux Mondes, Le miei Prigioni, sont sur ce qu’il a été mis quinze jours en prison pour la garde nationale. — Il y a un article sur l’Allemagne qu’on me dit très-bon, de M. […] Janin, dans la Revue de Paris, a écrit sur ou contre ; Old-Nick, dans le National, a fait deux grands articles comme s’il s’agissait des fortifications ; et voilà la Revue des Deux Mondes qui met son Lagenevais27 en campagne, son homme armé et masqué des jours de secrète justice.
Plus d’une fois, Paul Meurice mit au théâtre des romans du maître avec un soin pieux. Mais il était réservé à l’ami de Victor Hugo l’honneur, nous dirons même la gloire, de mettre à la scène Quatrevingt-treize.
Il fut mis au collège de Juilly. […] Dans les uns, le poète a su mettre cette musique indéfinissable qui manque aux autres. […] Les conseils qu’il met dans la bouche de son Daniel d’Arthez exhortant Rubempré en témoignent. […] Il appelait cela : « se mettre au conclave ». […] Un inconnu qui ne lui plaisait pas le mettait au supplice.