Y relever neuf fautes, c’est prétendre qu’à neuf vers près tout y est sentiment, trait de passion, vérité de cœur humain ; car les bons vers ne sont que ces choses-là bien exprimées. […] La même justice qui a donné à Corneille le nom de grand a dit le tendre Racine, non pour le réduire au mérite d’avoir bien exprimé la tendresse, mais parce que c’est sa qualité dominante. […] On n’est pas un poète tragique même de troisième ordre sans avoir beaucoup de talent ; on n’a pas beaucoup de talent sans avoir exprimé en perfection quelques vérités du cœur humain, c’est-à-dire sans avoir eu par accident ce que l’homme de génie a d’habitude. […] Il n’était point incapable de politique ni d’affaires ; il avait beaucoup de cet esprit qu’il a si bien défini : Esprit, raison qui finement s’exprime.
Et, d’ailleurs, n’importe où, ni dans leurs romans, ni dans leurs poèmes (Moore a fait un poème fashionable), ni dans Don Juan, la plus belle œuvre que le dandysme, servi par une tête de génie, ait créée jamais, la pensée anglaise n’a exprimé sur cette haute question d’art humain et d’esthétique sociale — l’élégance dans la vie ! […] Il y a plus : sans les exprimer, nulle plume tenue par une main anglaise ne les a fait pressentir, et la cause de cela n’est dans le génie individuel de personne. […] Cela dit, pour l’honneur de la vérité et pour l’apaisement d’une conscience dont Balzac sentit noblement les murmures, je n’aurai plus qu’à exprimer en peu de mots le jugement du critique littéraire sur un livre inouï, de première originalité dans l’imitation, et qui enlève désormais le sens à ce mot d’inimitable que l’on voit prodigué dans les traités de littérature. […] C’est ainsi que, dans ce roman sublime, Le Succube, quand il veut exprimer la dévorante séduction de cette Goule des cœurs, qui les suçait avec un simple regard jusque dans le fond de la poitrine, il figure cette puissance du regard par un rayon qui ressemble à un effet de soleil entrant par une porte ouverte et terminé par une griffe énorme… Un tel symbolisme est grossier et parfaitement indigne de l’artiste qui, dans Le Frère d’armes, a trouvé les deux yeux vivants du portrait, luisant si bien dans les ténèbres, et tirant, de leur expression seule, tout ce qu’ils ont de terrible et de merveilleux !
De plus, Montesquieu écrivain a, avant tout, comme son compatriote Montaigne, de l’imagination dans le style ; il s’exprime par images ; presque à tout coup il enfonce des traits, il frappe des médailles. […] Voulant exprimer le besoin qu’il a de la conversation de son ami, dans la solitude de la campagne où il est pour le moment, il dira : « Il y a trois hommes avec lesquels je vis tous les jours un peu, c’est Pascal, Montesquieu et Rousseau : il m’en manque un quatrième, qui est toi. » Et la phrase qui suit ne corrige par aucun sourire la solennité de cette déclaration ; bien au contraire elle la motive sérieusement.
Elle donne la meilleure et la plus profonde réponse à cette question souvent débattue : si les grands poètes qui nous émeuvent et rendent de tels sons au monde ont en partage ce qu’ils expriment ; si les grands talents ont quelque chose d’indépendant de la conviction et de la pratique morale ; si les œuvres ressemblent nécessairement à l’homme ; si Bernardin de Saint-Pierre était effectivement tendre et évangélique ; quelle était la moralité de Byron et de tant d’autres, etc., etc. ? […] Ce qu’André Chénier avait exprimé sous une forme morale et philosophique, M.
Les thèmes, les idées, les images de ses poètes favoris ont été employés artistement par lui à exprimer sa propre nature, ses propres émotions. […] Homère, Aristophane, Théocrite, Bion et Moschus, Callimaque, Anacréon, l’Anthologie, ceux des Latins ou des Italiens qui ont exprimé ces parties exquises et peu profondes de l’hellénisme, c’était ce qui convenait à Chénier pour représenter sa propre nature.
Le nez osseux est creusé à sa racine et, à l’extrémité, avance assez violemment avec des airs de glaive ; la bouche rouge, charnue, que surmonte un plan net et hardi, est ferme, fière et malicieuse, très accentuée d’un pli railleur qui la termine ; le menton légèrement avancé, gras et un peu court, se double déjà (pour exprimer que tout grand travailleur a quelque chose du moine cloîtré, ne fût-ce que l’isolement et la patience !) […] Ce poète impersonnel, qui s’est appliqué avec un héroïque entêtement à rester absent de son œuvre, comme Dieu de la création, qui n’a jamais soufflé mot de lui-même et de ce qui l’entoure, qui a voulu taire son âme et qui, cachant son propre secret, rêva d’exprimer celui du monde, qui a fait parler les dieux, les vierges et les héros de tous les âges et de tous les temps, en s’efforçant de les maintenir dans leur passé profond, qui montre tour à tour, joyeux et fier de l’étrangeté de leur forme et de leur âme, Bhagavat, Cunacepa, Hy-pathie, Niobé, Tiphaine et Komor, Naboth, Quai’n, Néféroura, le barde de Temrah, Angantyr, Hialmar, Sigurd, Gudrune, Velléda, Nurmahal, Djihan-Ara, dom Guy, Mouça-el-Kébyr, Kenwarc’h, Mohâmed-ben-Amar-al-Mançour, l’abbé Hieronymus, la Xiraéna, les pirates malais et le condor des Cordillères, et le jaguar des pampas, et le colibri des collines, et les chiens du Cap, et les requins de l’Atlantique, ce poète, finalement, ne peint que lui, ne montre que sa propre pensée, et, seul présent dans son œuvre, ne révèle sous toutes ces formes qu’une chose : l’âme de Leconte de Lisle.
Il se pourrait qu’on soit suspect d’ironie dès qu’on parle sur un ton simple de choses subversives, encore dès qu’on exprime sans circonlocution un sentiment inaccoutumé, ou qu’on assigne des épithètes imprévues mais sincères à des substantifs familiers. — Soit cette phrase de Barrès : « Je passe sur diverses insolences des magistrats au prévenu. […] Il l’exprime avec une véhémence mécontente et un prosélytisme fervent.
Cette idée se trouve ingénieusement exprimée dans une anecdote racontée par le comte de Gobineau. […] Un Goethe a souvent exprimé cette nécessité pour l’homme supérieur de s’harmoniser avec son milieu et, dans une large mesure, de se plier à lui. « Vivre, dit-il, c’est s’adapter. » Or, s’adapter c’est toujours un peu obéir ; c’est sacrifier, c’est abdiquer une parcelle de sa personnalité.
On exprime toujours mieux son idée qu’on n’exprime l’idée d’autrui.
Je m’en tiens au sentiment le plus simple, et je pense que la plûpart des passions, principalement les passions tendres, ne sçauroient être aussi-bien exprimées par un acteur masqué que par un acteur qui joüe à visage découvert. Ce dernier peut s’aider de tous les moïens d’exprimer la passion que l’acteur masqué peut emploïer, et il peut encore faire voir des signes des passions dont l’autre ne sçauroit s’aider.
C’est qu’en effet, s’il n’existe qu’une seule espèce sociale, les sociétés particulières ne peuvent différer entre elles qu’en degrés, suivant qu’elles présentent plus ou moins complètement les traits constitutifs de cette espèce unique, suivant qu’elles expriment plus ou moins parfaitement l’humanité. […] Il est inexact, en effet, que la science ne puisse instituer de lois qu’après avoir passé en revue tous les faits qu’elles expriment, ni former de genres qu’après avoir décrit, dans leur intégralité, les individus qu’ils comprennent, La vraie méthode expérimentale tend plutôt à substituer aux faits vulgaires, qui ne sont démonstratifs qu’à condition d’être très nombreux et qui, par suite, ne permettent que des conclusions toujours suspectes, des faits décisifs ou cruciaux, comme disait Bacon50, qui, par eux-mêmes et indépendamment de leur nombre, ont une valeur et un intérêt scientifiques.
Lorsque la poésie française a voulu s’exprimer en prose, elle a dû affecter l’imitation de la langue grecque ; lorsqu’elle a voulu s’exprimer en vers, elle a dû affecter l’imitation de la langue latine.
Elles l’en récompensèrent, en la prenant pour une preuve éclatante des idées qu’elle avait exprimées ou fait naître, et en disant aux hommes, à qui elles montrèrent ce qu’elles croyaient des chefs-d’œuvre, les pauvres diablesses : « Vous voyez bien que nous valons autant que vous ! […] Ordinairement les femmes sont enchantées, quand on exprime sur elles des opinions impertinentes ; quand, en conversation, par exemple, on essaye de leur couper la tête avec ce vieux sabre turc qui ne coupe plus : « il faut avoir sur les femmes les opinions de l’Asie », ou encore quand on parle de ce fameux concile qui n’a jamais existé, où l’on décréta « que les femmes n’avaient pas d’âme ».
Ignorant ce qu’on appelle société, qui chez tous les peuples est le fruit de l’oisiveté et du luxe, ils n’avaient point cette foule de sentiments et d’idées qu’elle fait naître, ni ces nuances fines qui les expriment. […] Ces éloges étaient le plus souvent prononcés par un citoyen de la famille, mais quelquefois aussi par les magistrats ; c’était, pour ainsi dire, alors la patrie elle-même qui montait sur la tribune pour y exprimer sa reconnaissance.
Le premier vers désigne les Spartiates par le dieu même dont ils se croyaient descendus ; le reste exprime la grandeur du danger et le dernier effort du désespoir animant la discipline. […] Nul ne saurait exprimer par la parole que de maux adviennent à ceux qui souffrent la honte.
Ainsi s’exprime-t-il. […] Dans cette page, d’ailleurs, Nicole n’exprimait rien de nouveau : il rappelait simplement l’éternelle doctrine de l’Église. […] Par un procédé où excelle ce génie, si fort sous une forme qui se contient, il nous fait entendre plus d’horreurs encore qu’il n’en exprime. […] Racine les a exprimés tout entiers dans le moment où il les a saisis. […] Et ils s’expriment tous avec une tranquillité !
Cependant son livre exprime, après d’autres, l’évolution idéologique de cette réaction. […] Est-il si scandaleux que la fable soit fable, si elle exprime la convenance, la nécessité ? […] Elle exprime la bassesse de l’âme. […] Ainsi s’exprimait un jour Benjamin Constant. […] Qu’ont-ils à exprimer ?
Ses cris sont tout virils ; le soupir élégiaque, si fréquent dans la poésie féminine, ne l’est point dans la sienne… Madame Ackermann a trouvé, en poésie, des accents qui lui sont propres pour exprimer le dernier état de l’âme humaine aux prises avec l’inconnu : c’est là le caractère éminent de son œuvre.
Leconte de Lisle L’Âme nue est un recueil de fort beaux poèmes où il a su exprimer de hautes conceptions en une langue noble et correcte, et prouver qu’il possédait, dans une parfaite concordance, un sens philosophique très averti, uni au sentiment de la nature et à celui du grand art.
Il me semble que la grande impression de solitude infinie a trouvé ici sa vraie forme, ou tout au moins une forme qui l’exprime approximativement encore, mais presque aussi fidèlement que possible.
Leurs yeux sont gros de pleurs, & leur visage exprime La grandeur de leur peine & l’horreur de leur crime.
Des traits d’Histoire semés adroitement, des réflexions judicieuses, des pensées agréables & souvent énergiques, l’art d’exprimer de grandes choses d’une maniere naïve, l’abondance des métaphores, la multitude & la variété des images, sont des titres suffisans pour contenter les Esprits superficiels, parce qu’ils se laissent facilement entraîner à ce qui leur plaît, & qu’ils sont incapables de rien approfondir.
C’est ce désespoir de l’amour trompé, ce sont ces indignations et ces malédictions des victimes du sort, ce sont ces joies courtes, malignes et ironiques du vice triomphant que Mozart éprouvait le besoin d’exprimer dans un drame. […] « Voilà pourquoi, quand les habitants de Prague qui venaient de sentir les premières, les puissantes délices de son talent dans un drame purement comique, les Noces de Figaro, lui demandèrent un drame à la fois comique et tragique, il s’associe le poète d’Aponte pour lui écrire presque sous sa dictée le poème de Don Juan. » Je veux peindre les passions violentes, écrivait-il à son père ; mais les passions violentes ne doivent jamais être exprimées ni en poésie ni en musique jusqu’à provoquer le dégoût même dans les situations horribles ; la musique, selon moi, ne doit jamais blesser les oreilles ni cesser d’être la musique, c’est-à-dire la beauté de l’expression chantée. […] Il serait impossible d’exprimer par des paroles l’agitation fiévreuse qui règne dans l’orchestre pendant tout ce dialogue. […] Il excelle dans tous les genres, il étend sa domination sur tout le vaste empire de l’art, depuis la canzonetta jusqu’au poème dramatique, depuis la sonate jusqu’à la symphonie : son imagination, aussi variée que profonde, aussi tendre que sublime, exprime tous les sentiments de la nature humaine, depuis le demi-sourire jusqu’à la grâce, et les transports de l’amour jusqu’aux sombres terreurs de l’âme religieuse ; car il ne faut pas oublier que c’est la même plume qui a écrit le Mariage de Figaro et la messe de Requiem. […] Je sens les douces vapeurs des parfums italiens qui me firent pressentir hier la présence de ma voisine ; un sentiment indéfinissable, que je ne pourrais exprimer que par le chant, s’empare de moi.
Les révolutions ont apporté des preuves et comme fourni des pièces justificatives à l’appui des vérités exprimées par Montesquieu. […] Rousseau, parmi les égarements de l’esprit d’utopie, la part de la raison sereine et supérieure, comme il y a dans la rhétorique de son rôle les sentiments naturels et les inspirations naïves d’un esprit qui a vu le vrai et l’a exprimé en perfection. […] Si quelque chose étonne plus que de si violentes offenses au sens commua, c’est le ton doctoral dont s’exprime Rousseau. […] Cependant les écrits de Rousseau sont pleins de vérités de détail, finement ou fortement exprimées, sur la nature humaine. […] Quoique moraliste parfois supérieur, aucun n’a exprimé sur la nature humaine plus d’idées contestables sans être originales.
Un scrupule cependant s’élève parfois en mon âme, et la pensée que j’ai cherché à exprimer dans ces pages serait incomplète si je n’en présentais ici la solution. […] Il n’est pas moins superficiel de supposer que le gouvernement n’est que l’expression de la volonté du plus grand nombre, en sorte que le suffrage universel serait de droit naturel et que, ce suffrage étant acquis, il n’y aurait qu’à laisser la volonté du peuple s’exprimer. […] En effet, dans les questions relatives à la liberté d’exprimer sa pensée, il ne faut pas seulement considérer le droit qu’a celui qui parle, droit qui est naturel et n’est limité que par le droit d’autrui, mais encore la position de celui qui écoute, lequel, n’ayant pas toujours le discernement nécessaire, est comme placé sous la tutelle de l’État. […] Jouffroy a dit cela d’une façon merveilleuse dans cet admirable discours sur le scepticisme actuel, que je devrais transcrire ici tout entier, si je voulais exprimer sur ce sujet ma pensée complète : « Chacune de nos libertés nous a paru tour à tour le bien après lequel nous soupirions, et son absence la cause de tous nos maux. […] Occupons-nous donc de penser un peu plus librement et savamment, et un peu moins d’être libres d’exprimer notre pensée.
La littérature des déséquilibrés exprime en général l’analyse douloureuse, rarement l’action. […] Ce sentiment s’exprime jusque dans les inscriptions du tatouage ; un forçat fait graver sur sa poitrine : « la vie n’est que désillusion » ; un autre : « le présent me tourmente, l’avenir m’épouvante » ; un autre, un Vénitien voleur et récidiviste : « malheur à moi ! […] Un certain Cimmino, de Naples, avait fait inscrire sur sa poitrine ces paroles plus simples, mais qui ont couleur de sincérité : « Je ne suis qu’un pauvre malheureux. » — Dans leurs vers, souvent très touchants, le même sentiment de mélancolie est exprimé : Ô mère, comme je regrette, heure par heure, Tout ce lait que vous m’avez donné ! […] En somme, le trait caractéristique de la littérature des détraqués, c’est qu’elle exprime des êtres qui ne sont sociables que partiellement et par intermittence : ils s’isolent en eux-mêmes, vivent pour eux, et ils peuvent bien nous forcer à sympathiser avec leurs souffrances, mais non avec leur caractère. […] Cette solidarité s’exprime par l’esprit public, c’est-à-dire par une subordination des consciences particulières à une idée collective, des volontés individuelles à la volonté générale ; et c’est cette subordination qui constitue la moralité civique.
Comment un si petit cœur peut-il contenir, exprimer, remuer de telles ondes de sensations dans l’air qu’il remplit de ses gémissements ou de ses hymnes ? […] Je ne lus ces vers qu’à mes deux amis, Aymon de V… et Louis de V… Ils se récrièrent sur mon prétendu talent ; ils copièrent mon chef-d’œuvre pour le montrer à leurs parents ; mais nous nous gardâmes bien de le laisser voir à nos maîtres, car on nous interdisait avec raison de composer des vers français avant d’avoir des idées ou des sentiments à exprimer dans cette langue. […] Voici comment, sous le nom de Jocelyn, j’exprimais plus tard en vers moins novices ces inexprimables extases qui s’élèvent de l’âme jeune à Dieu. […] … XI De telles extases que je goûtai alors sans songer à les exprimer sont la puberté de l’âme ; elles sont aussi la poésie elle-même dans sa substance la plus éthérée. […] Ce caractère était gracieusement exprimé sur sa physionomie.
Assurément il est beau, non pas d’exprimer seulement son époque, mais de la devancer. […] Si je le savais, je connaîtrais l’inconnaissable, ce qui ne se peut ni exprimerai concevoir, le mystère du génie, le secret des dieux, le grand x. […] Répondre d’avance à un état futur de l’imagination française, c’était quelque chose d’autrement rare et beau que de satisfaire la fantaisie et d’exprimer les sentiments de la société contemporaine. […] Son rapport aux hommes de talent se pourrait exprimer par ces paroles de l’Évangéliste (Jean VII, 6) : Mon temps, à moi, n’est pas encore venu ; pour vous, le moment est toujours opportun. […] « : Est-ce que je sais, répondait-il avec humeur, quelle idée j’ai exprimée dans mon Faust ?
Quelle figure anxieuse et mélancolique exprimera la pensée nouvelle ? […] D’autres aussi jeunes et déjà plus originaux, expriment leur propre idéal. […] Ce qui ne peut être exprimé. […] Non plus exprimer, mais suggérer ! […] Je l’ai déjà exprimée ici l’an passé.
Conséquent dans ses doctrines, il a réclamé pour tous l’usage et la protection des lois ; il entendait que chacun pût librement exprimer son amour ou sa haine, et que la faction même qui avait voulu anéantir la presse s’en servit pour sa défense.
J’y trouve une vive intelligence de l’histoire, une sympathie abondante, une forme digne d’André Chénier ; et je doute qu’on ait jamais mieux exprimé la sécurité enfantine des âmes éprises de vie terrestre et qui se sentent à l’aise dans la nature divinisée, ni, d’autre part, l’inquiétude mystique d’où est née la religion nouvelle.
En voyant cet Auteur remonter à la source de tous les systêmes, développer la progression des idées humaines, produire, si l’on peut s’exprimer de la sorte, la généalogie des vérités & des erreurs, on ne peut s’empêcher de convenir que la Philosophie moderne n’a fait que répéter ce qui avoit été dit & redit dans tous les siecles & presque chez tous les peuples.
La connoissance du monde, la facilité à en saisir les ridicules, l’art plus piquant encore de les peindre agréablement, donnent à ses Romans un caractere qui les distingue de ces Productions frivoles, chargées d’aventures & de sentimens parasites, rebattues cent fois, & toujours exprimées d’une maniere insipide ou bizarre.
Une fois formée, elle est complète, et, quel que soit l’objet idéal, nombre, carré, ligne droite, figure, solide géométrique, vitesse, masse, force, si la définition qu’on en fournit est bien faite, il est111 entièrement et exactement exprimé par elle. Car, par hypothèse, il n’y a rien de plus en lui que ce qu’on y a mis, et on n’y a mis que certains éléments groupés dans un certain ordre, lesquels, ainsi que leur ordre, sont exprimés par la définition. Donc, si ce groupe a une propriété, c’est par l’entremise de quelque caractère inclus dans ses éléments ou dans leur mode d’assemblage, tels que la définition les exprime ; d’où il suit qu’on trouvera l’intermédiaire explicatif et démonstratif qui lie la propriété au groupe, en analysant les termes de la définition. […] Du caractère exprimé par une équation, on tire toutes les propriétés de la ligne ; en d’autres termes, on trouve, pour rattacher à la ligne ses propriétés, un intermédiaire, une raison, un parce que inclus dans l’équation qui est sa définition. […] Par conséquent, toute suppression, altération, variation, en d’autres termes tout changement du caractère, présuppose une suppression, altération, variation, en d’autres termes un changement dans les conditions ; ce qu’on exprime en disant que tout changement a une cause, et que cette cause est un autre changement.
Plus les connoissances augmentent, plus les idées naissent en nombre, se développent, s’étendent, s’agrandissent, & plus les images qui les expriment, varient, s’animent & se multiplient. […] Le Poëte alors choisit un langage moins vulgaire pour s’exprimer, & ce langage imparfait & grossier s’épure & s’adoucit insensiblement, sur-tout quand c’est un homme de génie qui l’emploie. […] Aussi les ouvrages les plus estimés qui nous soient restés de ces temps-là sont-ils écrits dans l’une de ces deux langues ; preuve évidente que les Ecrivains ne pouvoient s’exprimer dans la leur. […] Notre langue devoit à la fin s’épurer, mais c’étoit l’affaire du temps ; il falloit commencer par éclairer l’esprit, parce que l’art de s’exprimer n’a jamais précédé, mais a toujours suivi l’art de penser. […] On employoit, pour exprimer les choses les plus communes, des termes ampoulés, on prodiguoit les métaphores & les comparaisons les plus outrées ; &, comme l’oreille étoit flattée, on ne s’appercevoit pas de ces défauts ; on faisoit plus, on les admiroit.
. — Idées latentes contenues dans les deux membres de la proposition qui l’exprime. — Ces idées non démêlées déterminent notre conviction. — Il y a de semblables idées, latentes et probantes, dans les termes des autres axiomes. […] Dans ce cas, qui — est le plus fréquent, l’attache des deux caractères est unilatérale ou simple ; c’est le plus important, et c’est celui que nous allons examiner avec le plus d’attention ; on peut y ramener les autres, et on l’exprime ordinairement en disant que la cause produit l’effet. […] Il note alors qu’ils font couple à travers tout le défilé et toute la revue ; ce qu’il exprime en disant : Toutes les eaux sont froides. Un peu plus tard encore, il néglige les différences des diverses représentations et ne garde en lui que le couple lui-même ; ce qu’il exprime en disant : L’eau est froide. […] Il n’y en a guère d’autres chez les enfants, les sauvages, les esprits incultes, et on n’en exprime guère d’autres dans la conversation ordinaire.
Ce contraste s’exprime en deux mots : leur vie et leur esprit sont simples, notre vie et notre esprit sont compliqués. […] Non-seulement Hérodote est pieux, dévot même jusqu’à n’oser proférer tel nom sacré, révéler telle légende, mais encore toute la nation apporte dans son culte la gravité grandiose et passionnée qu’expriment au même moment les vers d’Eschyle et de Pindare. […] La comparaison des mythologies a montré récemment que les mythes grecs, parents des mythes sanscrits, n’exprimaient à l’origine que le jeu des forces naturelles, et que, des éléments et des phénomènes physiques, de leur diversité, de leur fécondité, de leur beauté, le langage avait peu à peu fait des dieux. […] Aux siècles de décadence, dans des statues comme celles du Tibre et du Nil, les sculpteurs anciens se souvenaient encore de l’impression primitive, et le large torse, l’attitude reposée, le vague regard de la statue montrent que, par la forme humaine, ils songeaient toujours à exprimer l’épanchement magnifique, uniforme, indifférent de la grande eau. […] Parmi les nudités de l’imagination enfantine qui exprimait naïvement et bizarrement sa naissance, son nom qui signifie le Sol fertile, le nom de ses filles qui sont l’Air clair, la Rosée et la grande Rosée, laissent percer l’idée de la Terre sèche, fécondée par l’humidité nocturne.
Le premier, d’exprimer son dégoût de la réalité vulgaire ; le second, d’y échapper en se créant au-dessus d’elle un monde fictif où elle se modifie et se transfigure. […] Il vécut, si l’on peut dire, dans un continuel état d’esprit poétique, et sa prose lui servit à exprimer cet état aussi bien et même peut-être mieux que les vers. […] Qu’importaient alors les quelques boutades pittoresques où il exprimait énergiquement ses opinions dédaigneusement définitives. […] Cette idée, je la trouve exprimée dans une des pages de l’éloquent adieu que M. […] Maurice Barrès l’a exprimé en des pages admirables que je n’aurai pas l’impertinence de résumer.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
Victor Remouchamps En des tournures impulsives, effarantes d’abord, charmeuses ensuite comme une révélation lointaine, il a su exprimer ce qu’il y a, en nous de candeur latente, de joie insoupçonnée ; il a su noter les rêves blancs ; il a fait fleurir, sur les vies les pins stériles, tout un miracle de sensations jeunes ; il a ressuscité, en leur fraîcheur d’aurore, les plus exquis symboles catholiques.
Sayous à qui nous devons ce détail, comptait les trois jours qu’il avait passés avec ce grand homme excellent parmi les plus délicieux de sa vie ; c’était dans l’automne de 1752 : Je ne puis, écrivait-il à Bonnet, vous exprimer, mon cher ami, les délices que j’ai goûtées pendant ce séjour.
Mais ce que nous pouvons affirmer, c’est que si parfois nous nous exprimons avec l’injustice de la prévention ou l’aveuglement de l’antipathie irraisonnée, nous n’avons jamais menti sciemment sur le compte de ceux dont nous parlons.
Mais ce que nous pouvons affirmer, c’est que si parfois nous nous exprimons avec l’injustice de la prévention ou l’aveuglement de l’antipathie irraisonnée, nous n’avons jamais menti sciemment sur le compte de ceux dont nous parlons.
Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent, comme on sait, un tout autre but, tendent à déduire des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois organiques ou historiques les émotions qu’elle suscite et les idées qu’elle exprime.
Léon Bonnat, par exemple, la même admiration que pour Flaubert, fondée sur les mêmes motifs, et il l’exprimait dans les mêmes termes. […] Il ne se borne nullement à décrire, comme on l’a trop dit, pas plus que lorsqu’il a une idée ou un sentiment, il ne se contente de l’exprimer sous forme directe. […] Ceux qui l’ont éprouvé et exprimé ont, au sens mystique du mot, sauvé leur œuvre. Ce dernier caractère de la poésie de Gautier est bien exprimé dans un petit poème, par lequel je veux conclure. […] Les plus opposées, comme l’a vu Hégel, se trouveront exprimer quelque chose de cet univers multiple, dont Spinoza a ignoré le sens, mais il en a senti la poésie.
J’aurais peur d’exprimer tout haut mon admiration ou mon blâme, en présence d’un peintre. […] Personne n’ose dire ce qu’il pense, exprimer ce qu’il sent. […] Mais les idées que ces brillantes images expriment sont encore bien loin d’être suffisantes. […] Or, les œuvres littéraires, qui sont des documents historiques et des documents de premier ordre, cesseraient d’appartenir à l’histoire, si, au lieu d’exprimer l’état de l’imagination, de la pensée, de l’âme d’une époque, elles n’exprimaient que l’esprit individuel d’un écrivain. […] Substituez un vocable meilleur à un terme justement critiqué, vous perfectionnez simplement la forme du langage, vous ne changez point l’essence de ce qu’il exprime.
Et les figures du ballet expriment d’une façon très gracieuse et très claire les relations habituelles des papillons avec les fleurs. […] J’aurais voulu des nuances pâles, effacées, morbides, défaillantes, mourantes, qui eussent exprimé la langueur de l’astre des nuits. […] C’est qu’il exprime, eu somme, la pensée de l’auteur de la pièce. […] Comme tout à l’heure de La Rochebardière, Cécile se trouve exprimer ici la pensée même de M. […] Il commence toujours par dire qu’il est incapable d’exprimer ce qu’il a dans la tête ou dans le cœur, et il finit toujours par l’exprimer, et fort bien, et presque trop délicatement.
Envers ce sympathique auditoire, j’ai à exprimer de nouveau ma vive gratitude. […] A plus forte raison est-ce une joie vive pour le lecteur lorsqu’avec le style le plus naturel l’écrivain exprime les pensées les plus justes et les sentiments les plus vrais. […] Ces vers, en leur forme naïve et ancienne, n’expriment-ils pas bien ce que nous-mêmes avons éprouvé ? […] C’est un pêle-mêle de tous les genres ; l’auteur lui-même, dans sa dédicace s’exprime en ces termes : « Voici un étrange monstre. […] Dans l’Examen du Menteur, qu’il fit vers 1660, il s’exprime ainsi : « Cette pièce est en partie traduite, en partie imitée de l’espagnol.
L’homme et l’œuvre expriment nettement une époque distincte de notre vie sociale et de notre activité littéraire. […] L’artiste veut mettre aussi peu de soi que possible dans ce qu’il exprime, le public aussi peu du sien que possible dans ce qu’il sent. […] On l’acceptait par convention, et par convention elle exprimait la nature. […] Il ne doit rien à Molière que l’idée de l’utilité de la comédie, exprimée dans la préface de Tartufe. […] Le xviiie siècle ne sait ni la regarder ni l’exprimer.
Je ne faisais qu’exprimer vos opinions en expliquant les miennes ; et la conformité de mes maximes et des vôtres m’a valu votre assentiment. […] Sosie ne s’exprimera point comme Amphitryon, ni Jupiter comme Mercure. […] Au surplus, il n’eût rien changé à ce développement de ses premières opinions exprimées en vers inimitables par Clitandre. […] Combien nous sommes-nous donc raffinés, si nous ne pouvons plus parler sans préambule, ni nous exprimer que figuré ment, ou par équivoque ? […] Ce que Cléon exprime de malignité, dans ses amères satires, ne part que de son esprit : on hait ce qui sort de sa bouche.
Il me serait difficile de vous exprimer tous les sentiments que j’ai éprouvés en le lisant ; je ne les démêle pas très bien moi-même. […] Sans doute, on peut admettre que Sainte-Beuve ait exprimé le vœu qu’on publiât intégralement la correspondance de Vinet. […] Quant au dernier paragraphe du texte de Chavannes, il ne fait qu’exprimer une pensée que Schérer a souvent exprimée lui aussi, et qui avait dû se présenter à l’esprit de Sainte-Beuve comme au sien. […] Après cela, s’il souhaitait que Sainte-Beuve partageât sa foi, c’est avec le plus grand respect de la conscience de son correspondant qu’il en exprime le vœu. […] c’est dans ces termes énergiques qu’il s’exprime.
Mais une âme fine et philosophique qui ait senti ce que la présence de l’homme met d’intérêt dans les choses inanimées, ce que l’indifférente sérénité de la nature a de navrant, quand disparaît ce bonhomme qui allait, venait, bêchait, taillait, introduisant le mouvement, la variété, la vie, peuplant ce désert à lui seul, âme de ce petit inonde ; une imagination imbue de poésie païenne, qui exprime la tristesse de cette impassibilité même, et mette en deuil pour le vieux jardinier les fleurs éternellement belles et souriantes, peuvent seules dicter cette brève parole, où l’on entend un écho d’Homère et de Virgile.
Vous saurez aussi ce qui est à votre usage dans son esprit, ce qu’il vous convient de vous approprier ou de lui laisser dans les idées qu’il exprime.
Le tempérament du poète persiste sous ses multiples aspects et à travers ses manifestations les plus diverses ; son âme n’est ni violente, ni véhémente : réservée, lointaine, insaisissable presque, elle laisse cependant parvenir jusqu’à elle les émotions de la vie, qu’elle ressent intimement, mais adoucies et purifiées, et c’est avec un art parfait que le poète les exprime et les réalise avec un luxe simple de mots et d’images.
C’est votre image que j’ai eue sans cesse devant les yeux, quand j’ai cherché à exprimer l’idéal élevé où la vie est conçue non comme un rôle et une intrigue, mais comme une chose sérieuse et vraie.
« C'est avec un vrai plaisir, Monsieur, que je donne ce témoignage de votre Ouvrage, très-flatté d'avoir cette occasion de rendre justice à vos talens, & de vous marquer le parfait & sincere dévouement avec lequel j'ai l'honneur d'être, &c. » Outre ce suffrage si flatteur de la part d'un homme en place, & sur-tout d'un Etranger qui s'exprime si bien dans notre Langue, M.
Ainsi quand nous avons appris dès l’enfance la signification du mot aimer, quand ce mot est le premier que nous aïons retenu pour exprimer la chose dont il est le signe, il nous paroît avoir une énergie naturelle, bien que la force que nous lui trouvons vienne uniquement de notre éducation, et de ce qu’il s’est saisi, pour ainsi dire, de la premiere place dans notre memoire.
Quoique la critique de Renée ne se produise que sous la forme de notes, concentrées et rapides, elle n’en fait pas moins tomber, un à un, tous les préjugés que Cantu exprime sur le glorieux Empereur, et en cela on peut dire qu’il a bien mérité de son pays et de l’Histoire.
Sur ce sujet comme sur tant d’autres, les Philosophes, ces Quinze-Vingts superbes, n’ont vu goutte, et les Rhétoriciens, moins heureux que les huîtres, qui ont parfois le hasard d’enfermer une perle dans leurs écailles, n’ont jamais, parmi les mots qu’ils enfilent ou brassent, rencontré celui-là qui eût dit heureusement l’idée qu’il s’agit pourtant d’exprimer.
Arnauld et de ses amis, la princesse, qui assistait au sermon, exprima assez hautement sa plainte pour que le célèbre jésuite se crût obligé de lui venir, donner satisfaction : elle l’écouta, mais ne lui cacha point qu’elle était peu édifiée de cette partie de son discours. […] Il n’est qu’un étranger, homme d’esprit, pour marquer ainsi nettement et mettre en relief les choses que, de près, quand on les veut exprimer, on efface dans une politesse trop uniforme. […] Ses opinions étaient modérées, éclairées, favorables à une amélioration sociale continue, et empreintes d’une philanthropie sincère : il exprimait bien la douce civilisation de Louis XVI. […] [NdA] J’ai eu, depuis que ceci est écrit, le plaisir de trouver l’opinion que Frédéric avait du duc de Nivernais, exprimée aussi nettement qu’on peut le désirer. — Dans une lettre de Frédéric à Maupertuis du 12 mars 1756, on lit : « J’ai ici le duc de Nivernais qui me paraît d’un caractère bien estimable ; avec beaucoup d’esprit et de connaissances, il est sans prétentions.
Guizot a si bien dit94 sur le salon et la société de cet académicien distingué se peut appliquer tout à fait à la feuille qui exprimait les opinions de son monde avec modération, urbanité, et d’un ton de liberté honnête. […] De tout temps elle a moins songé à décrire, à peindre ce qu’elle sentait, qu’à exprimer ce qu’elle pensait. […] Je n’avais pu supporter le finale de Roméo et Juliette ; celui de l’Agnese seul m’a fait pleurer sans me déchirer le cœur. » Est-ce par l’effet d’un choix sympathique et de quelque prédilection, qu’elle se donna, vers la fin, à traiter ce sujet d’Héloïse et d’Abeilard, où la passion traverse et pénètre l’austérité, où l’abbesse savante, qui a des soupirs de Sapho, les exprime souvent en des traits de Sénèque ? […] Nous évitons de reproduire diverses particularités qu’on aime à trouver dans la Notice de M. de Rémusat, tracée avec ce talent délié à la fois et élevé qu’on lui connaît, et dont il n’est que trop avare (1836). — Depuis lors M. de Rémusat a appelé du regret que nous exprimions, et il s’est déployé en mille sens avec cette universalité supérieure et fine qui est la sienne.
Le roi s’exprime souvent comme un bandit. […] Charles Baudelaire Quand on se figure ce qu’était la poésie française avant que Victor Hugo apparut, et quel rajeunissement elle a subi depuis qu’il est venu ; quand on s’imagine ce peu qu’elle eût été s’il n’était pas venu, combien de sentiments mystérieux et profonds, qui ont été exprimés, seraient restés muets ; combien d’intelligences il a accouchées, combien d’hommes qui ont rayonné par lui seraient restés obscurs, il est impossible de ne pas le considérer comme un de ces esprits rares et providentiels qui opèrent, dans l’ordre littéraire, le salut de tous, comme d’autres dans l’ordre politique. […] Daudet Tout ce que l’enfance a de larmes dans la clarté de ses yeux, de sourires dans la pureté de sa bouche entrouverte, Victor Hugo l’a exprimé, et dans une langue faite pour ce sujet exceptionnel, où son vaste élan se resserre, se maintient, arrive à la précaution d’une étreinte de grand-père, au respect attendri de je ne sais quel saint gigantesque soulevant l’enfant dans ses bras pour lui faire passer un ruisseau. […] Eugène Guillaume Au Génie, qui, comme un témoin éternel et comme un prophète, a évoqué la nature et les temps, exprimé les aspirations infinies de l’humanité et, souverain maître de l’idée et de la forme, identifié avec la poésie la représentation intellectuelle de tous les arts.
il faut que je le confesse : de ces soirées de Bayreuth se dégage un mortel ennui, et je regrette que la langue honnête ne possède pas un substantif plus énergique pour exprimer ma pensée … Or M. […] Il n’a donc pas écrit cette page véritablement unique en application directe de son système, mais à côté, presque à rebours, puisque les mobiles intérieurs sur lesquels il prétendait se guider échappaient à l’art musical et qu’il en arrivait, sans s’en apercevoir, à ne plus exprimer qu’un sentiment très banal, qu’une situation très ordinaire. […] La musique, le plus vague des arts, ne peut, en fait de mouvements de l’âme ou du cœur, exprimer que des généralités. […] Nietzsche avait déjà exprimé cette idée avec nettement moins d’humour.
L’aiguë et pénétrante sensibilité de celui d’entre nos écrivains qui a le plus fidèlement exprimé l’anxiété mortelle et vague qui pèse sur une époque préoccupée de l’anéantissement final, — la cruelle nostalgie du poète expert à rendre, d’une façon crispée jusqu’à l’oppression, la fuite irréparable des choses, la ruine des civilisations et des empires, — ont trouvé des moyens nouveaux d’expression et éveillé en nous des impressions non ressenties encore. […] Léon Frapié, — lequel a exprimé dans la Maternelle, et de façon bien saisissante, les misères et les tares de l’enfance abandonnée, — jusqu’à M. […] Nul ne s’est mieux exprimé sur ce sujet que lui-même ; nul n’a mieux expliqué pourquoi le roman populaire, s’intéressant à la psychologie des travailleurs, devra forcément s’élever jusqu’au concept d’une sorte de roman social, s’il veut échapper à la grossièreté du roman-feuilleton. […] Marcel Schwob s’exprimait comme suit : « Je disais tout à l’heure que je faisais aux romancières une place à part.
. — Nous ne demandions pas non plus à Victor Hugo des idées et des sentiments autres que ceux-là qu’il exprime, qu’il est obligé d’exprimer. […] Aujourd’hui, en ce moment encore, un journal, le Correspondant, qu’on pourrait appeler à plus juste titre « le Trembleur », et qui s’imagine que la vérité a, comme lui, peur de quelque chose, trouvait imprudent — et l’exprimait — de toucher à ce sujet fétide d’Alexandre VI, fût-ce pour l’assainir, fût-ce pour éponger la mémoire de ce pontife des souillures qu’on a fait ruisseler sur elle ! […] Et, de fait, c’est toujours les mêmes conceptions, informes ou difformes à force de vouloir être grandioses, et la même manière apoplectique ou hémorragique de les exprimer ; c’est toujours le même mélodrame des choses, des hommes et de la langue, le même amour de l’impossible qu’avaient Néron, Caligula et les autres empereurs romains de la décadence, et qu’il a littérairement aussi, Hugo, cet empereur de notre décadence littéraire !
Nulle âme n’était plus faite que celle de Bonstetten pour sentir et pour exprimer avec fraîcheur la douceur de la société, pour respirer la fleur de sociabilité dans son parfum et l’esquisser avec ses différentes nuances. « En passant d’une nation à l’autre, disait-il, on distingue bien vite le sentiment par lequel on est abordé. […] Tel devient le français librement manié par ce charmant esprit qui y taille à sa guise, et qui se prenait parfois à souhaiter une langue toute neuve, afin d’y exprimer plus fraîchement ses pensées93. […] Il nous manque un mot pour exprimer l’amitié d’homme à femme, de Klustine à Bonstetten : Et tu serais la volupté Si l’homme avait son innocence99.
Il ne marchande pas ce qu’il veut dire… Le public lui doit beaucoup d’avoir pris soin de ces Mémoires… Notre langue n’a plus cette naïveté et cette simplicité nécessaires pour un tel Journal, et nous n’avons point de Henri IV, à qui il échappe à tous moments des mots vifs et plaisants que l’on puisse recueillir. » Marais a exprimé en maint endroit son regret de la vieille langue et des libertés qu’elle autorisait. Il ne faudrait pas le voir pourtant trop amoureux des âges gaulois, ni trop épris des doctes personnages de la Renaissance ; il était de son siècle et n’enviait guère à ces savants hommes du passé que leur façon de s’exprimer, plus franche que la nôtre : « On avait », dit-il, « l’esprit étrangement fait du temps de Pasquier ; il admirait Ronsard, que nous ne voudrions pas lire à présent… Disons la vérité, tous ces messieurs-là étaient trop graves pour être plaisants ; il n’y a que leur langage ancien que je voudrais qui eût été conservé, et je sais bon gré à M. de Cambrai (Fénelon) d’avoir dit que ce langage se fait regretter, parce qu’il avait je ne sais quoi de court, de naïf, de hardi, de vif et de passionné. N’est-ce pas là une belle description, et n’admirez-vous pas cet homme, qui a toujours des termes propres à exprimer tout ce qu’il pense, et qui voit dans toutes choses ce qui y est ?
J’ai depuis longtemps la pensée, que je t’ai exprimée, je crois, de choisir dans cette grande étendue de temps qui va de 1789 jusqu’à nos jours, et que je continue à appeler la Révolution française, les dix ans de l’Empire, la naissance, le développement, la décadence et la chute de cette prodigieuse entreprise. […] Toutes les idées que je viens de t’exprimer l’ont mis fort en travail ; mais il s’agite encore au milieu des ténèbres, ou du moins il n’aperçoit que des demi-clartés qui lui permettent seulement d’apercevoir la grandeur du sujet, sans le mettre en état de reconnaître ce qui se trouve dans ce vaste espace. […] Ce n’est donc qu’à mon corps défendant, pour ainsi dire, que j’ai été amené à m’exprimer publiquement sur une intelligence si considérable, en partie adversaire, et que je ne me sentais pas très-apte peut-être à juger.
Carron durant cette veine d’alors, on sent qu’il est véritablement sous le charme : « (Londres, 9 octobre 1815)… Je ne puis t’exprimer avec quelle tendresse j’aime cet excellent père, qui a bien été pour moi l’instrument des miséricordes de Dieu. […] Il avouait qu’il n’était pas né pour la prêtrise, qu’il s’y était laissé inconsidérément entraîner par le vertueux abbé Carron ; qu’il lui fallait la vie laïque en plein vent et en plein soleil ; qu’il regrettait de n’être pas marié, de n’avoir pas une femme, des enfants ; mais que, pour se former une famille, il était déjà trop âgé lorsqu’il rompit avec le sacerdoce. » Certes, La Mennais, en 1810, eût probablement frémi de s’entendre s’exprimer de la sorte ; mais l’aveu qui devait sortir plus tard de ses lèvres couvait déjà dans l’amertume cruelle et irrémédiable dont il se sentait abreuvé au fond de l’âme. […] En définitive, le public y retrouve à peu près son compte. — Je ne finirai point sans citer de La Mennais une belle pensée admirablement exprimée ; car je n’ai en tout ceci aucun but de sévérité ni d’indulgence ; je ne tiens qu’à montrer l’homme d’après nature, et je voudrais avoir le temps d’extraire tout ce que j’ai noté de remarquable.
On aura peut-être remarqué que Jomini, dans sa lettre de janvier 1813 au ministre Clarke, exprimait positivement le désir non plus d’un poste dans l’état-major, mais d’un commandement dans un corps d’armée. […] Il est « le premier auteur, en aucun temps, qui ait tiré des campagnes des plus grands généraux les vrais principes de guerre et qui les ait exprimés en clair et intelligible langage. » C’est le témoignage que lui rendent à leur tour les généraux américains de la dernière guerre, les tacticiens sortis de l’École de West-Point53. […] Moreau, dès le 21 août, se rencontrant pour la première fois avec Jomini54, lui exprima son désappointement : « Hélas !
Mais comme nous croyons aussi que, dans l’inventaire posthume, si les contemporains les plus immédiats et les mieux informés ne s’en mêlent promptement pour y mettre ordre, il s’introduit bien du faux qui s’enregistre et finit par s’accréditer, il nous semble qu’il y a lieu à l’avance, et sous les regards mêmes de l’objet, dans l’observation secrète et l’atmosphère intelligente de sa vie, d’exprimer la pensée générale qui l’anime, de saisir la loi de sa course et de la tracer dès l’origine, ne fût-ce que par une ligne non colorée, avec ses inflexions fidèles toutefois et les accidents précis de son développement. […] Le Roi d’Yvetot exprima, dès 1813, cette, pensée d’opposition pacifique. […] La Courtisane, idylle d’environ cent trente vers, exprime avec sentiment, naïveté et élégance, les remords et les larmes d’une villageoise pervertie qui revient un moment visiter les campagnes natales et qui voit de loin fumer le toit de la chaumière maternelle.
» et dans leur bouche facile, habituée aux feintes, ce doute n’exprimait pas une trop violente injure. […] Tous les deux, hommes d’avenir, prêtres selon l’esprit, sentant à leur face le souffle nouveau du catholicisme, ils ont, conformément à l’ordre de leur venue et à la tournure particulière de leur génie, exprimé diversement les mêmes vœux, les mêmes remontrances touchant la conduite temporelle des peuples. […] L’abbé Gerbet a la logique aussi certaine, mais moins armée d’armes étrangères, une lucidité posée et réfléchie, persuasive avec onction et rayonnante d’un doux amour : l’abbé Lacordaire exprime plutôt le côté oratoire militant avec de la nouveauté et du jeune éclat ; il a l’hymne sonore toujours prêt à s’élancer de sa lèvre, et la parole étincelante comme le glaive du lévite.
Honoré Balzac 103, à le prendre au complet, dans sa vie inégale et diverse, dans ses habitudes et ses accidents d’humeur, dans ses conversations non moins que dans ses écrits, nous présente une des physionomies littéraires les plus animées, les plus irrégulières de ce temps, et telle qu’avec ses nombreuses originalités et ses contrastes elle ne pourrait être vivement exprimée que par quelque curieux collecteur d’anecdotes et d’historiettes, par quelque Tallemant des Réaux, amateur de tout dire. […] La phrase suivante fait tache à mes yeux dans la première lettre de Louis Lambert à Mlle de Villenoix : « J’ai dû comprimer bien des pensées pour vous aimer malgré votre fortune, et pour vous écrire en redoutant ce mépris si souvent exprimé par une femme pour un amour dont elle écoute l’aveu comme une flatterie de plus parmi toutes celles qu’elle reçoit ou qu’elle pense. […] Il a peur de mal exprimer son amour ; il ne voit que des difficultés et s’en effraye ; il tremble de ne pas plaire ; il serait hardi s’il n’aimait pas tant.
Vinet est un des maîtres les plus éclairés de la diction, parce que, si j’osais exprimer toute ma pensée, je dirais qu’après M. […] En parlant des mots d’abord nobles, de quelques mots employés par Malherbe lui-même, mais qui finirent par être déshonorés dans un emploi familier, et qu’il fallut expulser alors de la langue de choix : « C’est le cheval de parade, dit-il, qui, sur ses vieux jours, est envoyé à la charrue20. » Ailleurs (préface du troisième volume), quand, voulant marquer que la poésie d’une époque exprime encore moins ce qu’elle a que ce qui lui manque et ce qu’elle aime, il dit : « C’est une médaille vivante où les vides creusés dans le coin se traduisent en saillies sur le bronze ou sur l’or, » ceci n’est-il pas frappé, de l’idée à l’image, comme la médaille même ? […] — Soit qu’il nous peigne ce grand style de Pascal, si caractérisé entre tous par sa vérité, austère et nu pour l’ordinaire, paré de sa nudité même, et qu’il ajoute pour le fond : « Bien des paragraphes de Pascal sont des strophes d’un Byron chrétien ; » soit qu’il admire, avec les penseurs, dans La Rochefoucauld, ce talent de présenter chaque idée sous l’angle le plus ouvert, et cette force d’irradiation qui fait épanouir le point central en une vaste circonférence ; soit qu’il trouve chez La Bruyère, et à l’inverse de ce qui a lieu chez La Rochefoucauld, des lointains un peu illusoires créés par le pinceau, moins d’étendue réelle de pensée que l’expression n’en fait d’abord pressentir, et qu’il se montre aussi presque sévère pour un style si finement élaboré, dont il a souvent un peu lui-même les qualités et l’effort ; soit que, se souvenant sans doute d’une pensée de Mme Necker sur le style de Mme de Sévigné, il oppose d’un mot la forme de prose encore gracieusement flottante du xviie siècle à cette élégance plus déterminée du suivant, qu’il appelle succincta vestis ; soit qu’en regard des lettres capricieuses et des mille dons de Mme de Sévigné, toute grâce, il dise des lettres de Mme de Maintenon en une phrase accomplie, assez pareille à la vie qu’elle exprime, et enveloppant tout ce qu’une critique infinie déduirait : « Le plus parfait naturel, une justesse admirable d’expression, une précision sévère, une grande connaissance du monde, donneront toujours beaucoup de valeur à cette correspondance, où l’on croit sentir la circonspection d’une position équivoque et la dignité d’une haute destinée ; » soit qu’il touche l’aimable figure de Vauvenargues d’un trait affectueux et reconnaissant, et qu’il dégage de sa philosophie généreuse et inconséquente les attraits qui le poussaient au christianisme ; soit qu’en style de Vauvenargues lui-même il recommande, dans les Éléments de Philosophie de d’Alembert, un style qui n’est orné que de sa clarté, mais d’une clarté si vive qu’elle est brillante ; — sur tous ces points et sur cent autres, je ne me lasse pas de repasser les jugements de l’auteur, qui sont comme autant de pierres précieuses, enchâssées, l’une après l’autre, dans la prise exacte de son ongle net et fin.
Cousin s’est donc levé, disions-nous, et il a exprimé quelque chose d’approchant et en des termes bien meilleurs, bien plus persuasifs, on le supposera sans peine ; mais nous ne croyons pas trahir sa pensée en la produisant sous cette forme ; et voilà la période philologique qui commence. […] Oui, Pascal parfois doute ou a tout l’air de douter, il conçoit et exprime le doute d’une façon terrible, mais c’est aussi qu’il a, qu’il croit avoir le remède. […] On peut le dire, le doute et la foi vivante, l’un passager, l’autre immuable, naquirent pour lui le même jour ; comme si Dieu, en laissant l’ennemi pratiquer des brèches dans les ouvrages extérieurs, avait voulu munir le cœur de la place d’un inexpugnable rempart. » Cette belle parole, qui exprime si bien un des mystères de la vie chrétienne intérieure, peut s’appliquer avec beaucoup de vraisemblance au vrai Pascal.
C’est elle que je me suis surtout efforcé de bien exprimer, et ma tragédie n’est pas moins la disgrâce d’Agrippine que la mort de Britannicus. » Et malgré ce dessein formel de l’auteur, le caractère d’Agrippine n’est exprimé qu’imparfaitement : comme il fallait intéresser à sa disgrâce, ses plus odieux vices sont rejetés dans l’ombre ; elle devient un personnage peu réel, vague, inexpliqué, une manière de mère tendre et jalouse ; il n’est plus guère question de ses adultères et de ses meurtres qu’en allusion, à l’usage de ceux qui ont lu l’histoire dans Tacite. […] Soit dédain pour ces circonstances, soit difficulté de les exprimer en vers, Racine les a négligées dans le récit de Burrhus : il se borne à rendre l’effet moral de l’empoisonnement sur les spectateurs, et il y réussit ; mais on doit avouer que même sur ce point il a rabattu de la brièveté incisive, de la concision éclatante de Tacite.
Elle la possède donc encore lorsqu’elle est précédée de ses antécédents normaux ; par conséquent, lorsque la tête de mort est réelle et présente, lorsqu’un faisceau de rayons gris et jaunâtres en rejaillit pour aller frapper la rétine, lorsque cette impression de la rétine est propagée le long des nerfs optiques, lorsque l’action des centres sensitifs y correspond, la sensation visuelle ainsi provoquée donnera naissance au même fantôme interne, et le simulacre de tête de mort, qui se produit en nous pendant l’hallucination proprement dite, se produira aussi en nous pendant la perception extérieure, avec cette seule différence que, dans le premier cas, la main, tout autre sens, tout autre observateur appelé à vérifier notre jugement affirmatif, le démentira, tandis que, dans le second, la main, tout autre sens, tout autre observateur appelé à vérifier notre jugement affirmatif, le confirmera ; ce que nous exprimons en disant, dans le premier cas, que l’objet n’est qu’apparent, et, dans le second cas, qu’il est réel. […] Ils lui firent croire qu’il était au feu, sur quoi il exprima une grande crainte et une disposition évidente à s’enfuir. […] « Mon convalescent, dit Esquirol, s’en distrait par le plus court entretien, par la plus courte lecture ; mais alors il juge ces symptômes comme je les jugeais moi-même ; il les regarde comme un phénomène nerveux et exprime sa surprise d’en avoir été dupe si longtemps. » — « Rien de plus fréquent, ajoute M.
Il n’y a pas grande merveille non plus dans les descriptions des dix images peintes en dehors sur les murs du verger d’Amour ; mais une chose frappe dans ces portraits : c’est la simplification hardie et juste des éléments moraux, et la précision minutieuse, nette, pittoresque des apparences physiques qui les revêtent et les expriment. […] Mais l’œuvre délicate de Joinville exprime surtout ce qui va périr, elle est déjà le passé ; l’œuvre grossière de Jean de Meung exprime ce qui va germer et grandir, elle contient l’avenir.
Un esprit ne peut s’exprimer que par l’esquisse successive de points de vue divers, dont chacun n’est vrai que dans l’ensemble. […] Il m’est impossible d’exprimer l’effet physiologique et psychologique que produit sur moi ce genre de parodie niaise devenu si fort à la mode en province depuis quelques années. […] Jamais la sainte colère des âmes honnêtes contre le scepticisme ne s’est exprimée avec plus d’éloquence.
Très directement encore, comme dans les Souhaits, plus directement encore dans le prologue de Philémon et Baucis, il s’exprime ainsi : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux : Ces deux divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorants c’est l’éternel asile ; ………………………………………………… L’humble toit est exempt d’un tribut si funeste ; Le sage y vit en paix et méprise le reste : Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne. […] Seulement, il faut le reconnaître et c’est ici que je me sépare un peu de l’opinion radicale exprimée jadis par M. […] La bonté et la solidarité sont encore exprimées dans la fable le Loup et les Brebis, dans la fable aussi de le Villageois et le Serpent, mais moins, parce que, évidemment, dans la fable le Villageois et le Serpent, ce n’est pas précisément la bonté qui est recommandée, c’est l’ingratitude, qui est honnie, qui est condamnée, puisque le serpent, qui s’est révolté contre le manant qui l’avait sauvé, est coupé en quatre par ce même manant et puni du supplice de mort.
Cette sœur, qui lui a survécu pour mourir quelque temps après lui, inconsolable de sa perte, admirait son frère de cette admiration fervente que la sensibilité de son esprit ajoutait à la sensibilité de son âme ; et c’est cette admiration, tournée par la mort en angoisse, qu’elle exprima avec la variété des sentiments infinis, dans des lettres incomparables. […] Gardons-nous de le croire et de mettre des bornes au ciel. » Cette bonne pensée, sous une forme grande, ne révèle pas seulement une large intelligence chrétienne, mais tout Mlle Eugénie poëte et dévote (nous n’avons pas peur de ce mot et nous ne demandons pas excuse pour ce qu’il exprime), Mlle Eugénie n’est ni une ascète de religion, ni une ascète de poésie. […] Pour Eugénie de Guérin, le mot de vanité n’a de sens que quand il exprime le néant de la vie.
Cette tendance exprime simplement notre impuissance à traduire mathématiquement le temps lui-même, la nécessité où nous sommes de lui substituer, pour le mesurer, des simultanéités que nous comptons : ces simultanéités sont des instantanéités ; elles ne participent pas à la nature du temps réel ; elles ne durent pas. […] Nous venons de dire, et nous montrerons tout à l’heure avec plus de détail, pourquoi la théorie de la Relativité ne peut pas exprimer toute la réalité. Mais il est impossible qu’elle n’exprime pas quelque réalité.
Les années de retraite et d’étude à Metz, et le fruit dont elles furent pour nourrir le talent de Bossuet, sont exprimés d’une manière sensible par l’abbé Le Dieu. […] C’est en vertu du même principe de modestie, et de juste et rigoureuse distinction entre l’homme et le talent qu’au lit de mort et dans sa dernière maladie, comme le curé de Vareddes lui exprimait son étonnement qu’il voulût bien le consulter, lui à qui Dieu avait donné de si grandes et si vives lumières, il répondait : « Détrompez-vous, il ne les donne à l’homme que pour les autres le laissant souvent dans les ténèbres pour sa propre conduite. » Nous savons de nos jours, et par toutes sortes d’expériences, ce que c’est que l’homme de lettres livré à lui-même, dans toute la liberté et la verve de son caprice et de son développement ; nous savons ce qu’il est, même dans le cas où il se combine avec l’écrivain religieux et où il le complique par des susceptibilités sans nom.
Lisant sans autre but que de s’instruire et de se charmer, de revenir à la source de la juste éloquence et des pensées salutaires, il n’a guère pris la plume en littérature que pour exprimer ce sentiment vif, l’amour et le goût des bonnes et vieilles œuvres. […] Rien n’est si aisé que de traduire Cicéron, si l’on se contente d’exprimer en gros le sens de la phrase : Cicéron n’est pas seulement le plus clair, il est le plus lumineux des écrivains ; rien n’est si difficile, si l’on veut pénétrer dans les nuances, saisir ce rayon fugitif qui brille en passant dans chaque expression, ne jamais prendre pour des synonymes ces mots qui ne complètent l’harmonie de la période qu’en représentant toutes les faces de la pensée.
Si l’on y gagne de connaître un peu mieux le personnage par des détails particuliers, on y perd en ne pouvant le plus souvent exprimer ce qu’on sent avec une entière netteté et franchise. […] Le retrouvant au printemps de 1846, il avait oublié quelques critiques de moi un peu vives, et me les avait pardonnées ; il me parut aimable, gai, comme il l’était volontiers dans ses bonnes heures, fécond de vues et jeune d’esprit ; et entre autres choses, il me dit ces propres paroles qui étaient une manière d’apologie en réponse à des objections qu’il devinait au-dedans de moi et que je me gardais bien d’exprimer ; je ne donne d’ailleurs l’apologie que pour ce qu’elle vaut : « J’ai reçu de la Providence, me disait-il, une faculté heureuse dont je la remercie, la faculté de me passionner toujours pour ce que je crois la vérité, pour ce qui me paraît tel actuellement.
Catherine, connaissant l’humeur et l’étourderie, le mélange de faiblesse et de violence du grand-duc, et voyant éclater les premiers symptômes graves de sa désaffection à l’occasion de sa seconde grossesse, où elle accoucha d’une fille (décembre 1758), s’était à l’avance posé tous les cas, toutes les chances, et elle les énumérait ainsi : ou bien, 1°, s’attacher à lui, lier sa fortune à la sienne, quelle qu’elle fût ; ou bien, 2°, rester exposée à toute heure à ce qu’il lui plairait de disposer pour ou contre elle ; ou enfin, 3°, prendre une route indépendante de tout événement ; mais laissons-la s’exprimer elle-même : « Pour parler plus clair, il s’agissait de périr avec lui ou par lui, ou bien aussi de me sauver moi-même, mes enfants et peut-être l’État, du naufrage dont toutes les facultés morales et physiques de ce prince faisaient prévoir le danger. […] Il est constant néanmoins, à lire ce que nous avons sous les yeux que, dans, sa fermeté de pensée, Catherine avait prévu le cas extrême où elle aurait été prise au mot pour sa demande de renvoi, et elle exprime en cette circonstance les dispositions de son âme en des pages admirables et qui font le plus grand honneur en elle au philosophe et au moraliste : c’est là un autre portrait d’elle et qui, pour être tout intérieur, ne paraîtra pas moins digne d’être mis à côté et en regard de tous ceux que l’on possède déjà, soit du portrait de la grande-duchesse que nous avons découpé précédemment, soit de ceux de l’Impératrice que l’on doit à la plume des Rulhière, des prince de Ligne et des Ségur.
Il était timide, il était neuf de manières ; cet homme que nous entendons aujourd’hui s’exprimer avec tant de fermeté, de vigueur, de finesse, et sans jamais hésiter dans la nuance de son expression, avait alors à surmonter bien des hésitations de forme et des pudeurs ; il avait le front tendre, comme on le disait de Nicole. […] Certes, l’homme qui s’exprime ainsi n’est pas irréligieux : il me paraîtrait même conserver et introduire dans sa conclusion dernière une légère part de mysticisme ou d’indéterminé sous le nom d’idéal ; et je serais plutôt tenté, quand je considère l’histoire du monde, la vanité de notre expérience, la variété et le recommencement perpétuel de nos sottises ; quand je viens à me représenter combien de lacunes en effet dans ce cabinet des types et échantillons qu’il appelle magnifiquement la conscience du genre humain, combien de pertes irréparables et que de hasard dans ce qui a péri et ce qui s’est conservé, combien d’arbitraire et de caprice dans le classement de ce qui reste, et que ce restant dont nous sommes si fiers, si l’on excepte les tout derniers siècles qui nous encombrent, et dont, nous regorgeons, n’est, en définitive, qu’un trésor composé d’épaves comme après un naufrage ; — quand je me représente toutes ces interruptions, ces oublis, ces brusqueries et ces croquis de souvenirs, ces ignorances complètes ou ces à-peu-près, et à vrai dire, ces quiproquos qui ne sauraient pourtant revenir tout à fait au même, — je serais, je l’avoue, plutôt tenté de trouver que M.
Mais, pour cela, une certaine générosité de cœur ne suffit pas, c’est une générosité civilisée qui y prépare… » Et encore, pour exprimer le regret et le dégoût d’avoir à s’occuper de ce qui est si loin et de ce qu’on rencontre si près des muses, j’ajoutais en terminant : « Bien mieux vaudrait ignorer. […] Mais ici on n’a plus affaire à de jeunes Cyclopes, ce sont des Ajax tout grandis qui ne craignent pas de faire acte de gladiateurs, et devant lesquels il ne fallait pas craindre à son tour de s’exprimer.
. — Quel que soit le raisonnement que nous fassions sur des nombres et des grandeurs, il consiste toujours à aller d’un équivalent jusqu’à un autre équivalent par une série d’équivalents intermédiaires, à remplacer des grandeurs par les nombres qui les expriment, une forme par l’équation qui lui correspond, une quantité faite par une quantité en voie de formation dont celle-là est la limite, un mouvement et une force par une ligne qui les représente. […] Voilà un infini, non pas vague, non pas indéfini, mais précis, à qui répugne expressément toute borne, et si nettement entendu que tous ses éléments ont leurs propriétés distinctes et exprimées. — Est-ce à dire que j’aperçoive distinctement la série infinie de ces éléments ?
Pour apprendre à écrire surtout, il faut lire : c’est ainsi qu’on recueille des idées pour les exprimer à son tour. […] L’idée sera vôtre alors ; elle aura pour vous une valeur réelle et propre ; quand vous l’exprimerez, elle ne sonnera pas creux, et vous en trouverez sans peine l’expression énergique et précise.
Ainsi l’œuvre d’art vaut plus ou moins, selon qu’elle exprime des traits superficiels ou profonds, passagers ou permanents, du modèle naturel : ce qui revient à dire, en fin de compte, selon sa plus ou moins grande généralité. […] Elles se hiérarchisent selon que le caractère exprimé est plus ou moins bienfaisant : principe dangereux, qui ferait Aricie supérieure à Phèdre, Eugénie Grandet au père Grandet.
Charles Baudelaire Gautier, c’est l’amour exclusif du Beau, avec toutes ses subdivisions, exprimé dans le langage le mieux approprié… Or, par son amour du Beau, amour immense, fécond, sans cesse rajeuni (mettez, par exemple, en parallèle les derniers feuilletons sur Pétersbourg et la Néva avec Italia ou Tra les montes), Théophile Gautier est un écrivain d’un mérite à la fois nouveau et unique. […] Le poète a fait ce qu’il a voulu ; il a réalisé son rêve d’art ; il ne se borne nullement à décrire, comme on a trop dit, pas plus quo, lorsqu’il a une idée ou un sentiment, il ne se contente de l’exprimer sous forme directe.
« Une réponse à faire aux avocats du libre arbitre, c’est la complète impropriété du mot ou de l’idée pour exprimer le phénomène en question. » Nous pouvons produire tout un mystère, toute une inextricable difficulté, en nous obstinant à conserver une phraséologie qui ne s’adapte pas aux faits. […] Peut-être ne pouvons-nous mieux exprimer notre opinion sur sa valeur qu’en disant : l’ouvrage de M.
Si elles n’assurent pas toujours des jouissances, il semble qu’elles les représentent, et que le mot qui les exprime est l’abrégé de toutes. […] J’ai mis la mienne à une grande épreuve en conférant les unes avec les autres toutes les lettres des deux éditions, les dates et le texte de chacune, et surtout en conférant toutes les dates exprimées avec les faits certains, et en tirant ensuite des faits certains la connaissance des dates omises.
Est-ce Bernardin de Saint-Pierre qui, pour exprimer la facilité de liaison et de cordialité naturelle aux conditions simples, aurait dit : « Le temps qui est nécessaire à la formation des amitiés intimes dans les hautes classes, ne l’est pas dans les classes inférieures. […] Je vous demande si, avant les banquets humanitaires, on avait l’idée de s’exprimer ainsi.
Ici ont raison les avertisseurs. » Je me permettrai tout d’abord d’exprimer l’étonnement que fait naître en moi cette constatation, faisant suite à la précédente. […] François Coppée qui s’est toujours fait le champion du sentimentalisme chauvin en notre pays, a exprimé vers la même époque, de non moins étranges sentiments : « En lisant, dans les journaux, le compte-rendu des imposantes cérémonies du Jubilé, à Londres, et surtout la description des formidables forces navales passées en revue par le prince de Galles, à Spithead, mon vieux cœur de Français et de Latin a été comblé de tristesse.
Il est impossible de ne pas remarquer, quand on est un peu grammairien ou même moraliste, que voilà bien des grands hommes de bien en quinze jours, et rien ne prouverait plus combien une telle expression si solennelle, et qui devrait être si réservée, exprime peu une idée nette pour les esprits du jour que cet abus et comme ce jeu qu’on en fait.
3e Du vocabulaire propre à exprimer ce document humain.
Selon que cet esprit est passager, séculaire, éternel, l’oeuvre est passagère, séculaire, éternelle, et l’on exprimera bien le génie poétique, sa dignité, sa formation et son origine en disant qu’il est un résumé.
Ce qui les fait admirables, c’est le mouvement lyrique qui les anime, et non pas, comme il le croit sans doute, les pensées honnêtes qu’elles sont chargées d’exprimer.
Pierre Quillard On crut d’abord que le vicomte de Guerne serait l’homme d’une œuvre unique et considérable, Les Siècles morts, où il a tenté d’inscrire la légende de quelques siècles, les plus lointains, de l’Orient, père des dieux féroces et des conquérants aussi féroces que les dieux ; il avait successivement assoupli sa langue et ses rythmes à redire la Chaldée et l’Iran hiératique en des poèmes massifs et sonores et à exprimer ensuite les subtilités de la Gnose et de l’Hellénisme finissant et de la première théologie chrétienne, si proche des métaphysiques ingénieuses et extravagantes qui lui furent contemporaines.
Pour le reste, assurez-vous qu’une pensée loin conduite et possédée jusqu’en ses recoins ne peut s’exprimer sottement.
Ce seroit s’exprimer foiblement, que de dire que les Poésies de Desportes méritent encore quelque estime : un Lecteur attentif y trouvera plusieurs traits à admirer.
Sa Poésie consistoit moins à dire de grandes choses, qu’à en exprimer de petites par de grands mots moitié Grecs, moitié François ; il donnoit, par cet appareil, un air merveilleux à son style, que l’ignorance seule pouvoit goûter.
A la tête de ce petit Poëme, est un Avertissement où l'Auteur s'exprime ainsi : « Une fausse Philosophie, née de l'indépendance & de la présomption, leve aujourd'hui un front audacieux, s'arme de mille traits empoisonnés qu'elle ose lancer contre la Religion ; elle la poursuit avec une fureur qui n'a point d'exemple.
Les Essais de Morale & de Littérature de cet Auteur sont remplis de réflexions vraies, solides, instructives, profondes, & toujours bien exprimées ; il en est un très-grand nombre de fines & de délicates qui annoncent un bon Littérateur, un Critique habile, & un ingénieux Interprete du cœur humain.
Le poète a voulu faire reparaître ici la nature et le caractère orgueilleux de Gusman : l’intention dramatique est heureuse ; mais prise comme beauté absolue, le sentiment exprimé dans ce vers est bien petit, au milieu des hauts sentiments dont il est environné !
Saint Grégoire s’exprime d’une manière remarquable : Vidi sæpiùs inscriptionis imaginem, et sine lacrymis transire non potui, cùm tam efficaciter ob oculos poneret historiam 124 ; c’était un tableau représentant le sacrifice d’Abraham.
Ne serait-ce point que nous exprimons des pensées communes en style recherché, tandis que les écrivains du siècle de Louis XIV disaient tout simplement de grandes choses ?
« Pour l’homme organisé, pour celui qui agit, pense et s’exprime, cette vie n’a d’autre effet que de le passionner. […] L’erreur du naturalisme, c’est, étant données les choses, d’en vouloir exprimer le sentiment adéquat par des mots. […] Lorsque nous disons que le soleil se couche, nous savons très bien qu’il ne se couche pas, mais nous disons ainsi parce que c’est la seule façon de s’exprimer ! […] Ne nous exposons pas à la douloureuse gymnastique de cerveaux de vieillards qui s’exprimeraient dans la langue des enfants. […] L’art qui exprime des idées n’est-il pas plus élevé que l’art qui copie des formes ?
La physionomie de cette tête angélique n’exprimait aucune des préoccupations de l’époque. […] On a dit que nous savions beaucoup de mois, mais nous n’en connaissons pas, il faut l’avouer, qui puissent exprimer suffisamment l’air ahuri de notre tailleur lorsque nous lui exposâmes ce plan de gilet. […] Là flottaient toutes les images de la nature, non pas copiées, mais conçues et transformées, et servant comme des mots à exprimer des idées, et surtout des passions. […] » Il était ardent, passionné, amer, mélancolique, et bien qu’il n’ait jamais joué les jeunes premiers dans le sens qu’on attache aujourd’hui à ce mot, personne n’a exprimé l’amour avec plus de flamme, d’énergie, de puissance, d’entraînement et de séduction. […] Par contraste, Brizeux, dans son idylle de Marie, exprima l’amour pur de l’adolescence, le souvenir nostalgique de la lande natale et ce retour à la vie champêtre qu’inspire aux âmes tendres la fatigue de l’existence des villes.
Il a su exprimer avec des mots plus de sensations qu’on n’avait fait avant lui. […] De même, par exemple, qu’Andromaque, en 1668, exprima tout à coup les passions de l’amour comme on ne l’avait pas fait encore : ainsi, en 1801, Atala se trouva exprimer les formes et les couleurs, — avec une sensualité mêlée de rêve, — comme on ne les avait pas encore exprimées. […] Ces sentiments sont troubles et difficiles à exprimer avec une clarté parfaite. […] En les peignant, il exprime encore une disposition de son esprit. […] Il est clair que, pour exprimer tout cela, son génie propre excelle, et son génie propre suffit.
En d’autres endroits, c’est le ton républicain et philosophique qui devient piquant en se mêlant à certaines habitudes légères et en les voulant exprimer. […] Il serait prêt volontiers à se rallier à la Constitution de l’an III : « Les malheurs arrivés sous le régime républicain de l’an III, dit-il, ne peuvent rien préjuger contre lui, puisqu’ils tiennent à des causes tout autres que son organisation constitutionnelle. » Pourtant, à peine délivré par l’intervention du Directoire, il a à s’exprimer sur les mesures de fructidor, et sa première parole est pour les réprouver. […] » De Hambourg, du Holstein, de la Hollande, où successivement il séjourne avant sa rentrée en France, toutes ses lettres si vives, si généreuses, et respirant, pour ainsi dire, une seconde jeunesse, expriment en cent façons, à travers leur sève, les dispositions mûres et les opinions rassises qu’on a droit d’attendre de l’expérience d’une vie de quarante ans. […] — Elle m’a souvent exprimé, dans le cours de son délire, la pensée qu’elle irait au ciel ; et oserai-je ajouter que cette idée ne suffisait pas pour prendre son parti de me quitter ? […] Ce n’est point par occasion et par accident que Washington exprime cette idée sur les tâtonnements et les à-peu-près qui sont la loi du régime démocratique ; il y revient en maint endroit dans ses lettres à La Fayette, et non pas évidemment sans dessein.
Ainsi déjà s’exprimait Pétrarque dans une lettre à Boccace ; et en effet on mettra désormais son point d’honneur à développer en soi ce quiddam suum ac proprium, c’est-à-dire à différer des autres, pour arriver à les surpasser. […] Dans aucun livre enfin une pensée d’ailleurs plus ferme n’a revêtu, comme dit Bossuet, un style plus « triste » pour s’exprimer ; — et je pense qu’il veut dire un style plus capable de décourager le lecteur. […] J’en vois un curieux témoignage dans la coquetterie pédantesque et naïve avec laquelle, toutes les fois qu’ils expriment une idée générale, ils ouvrent les guillemets « » pour attirer l’attention du lecteur. […] ii], — deviennent comme « indifférents au contenu », dont la forme seule est encore capable d’intéresser leurs sens, c’est précisément « au contenu » ou au fond des choses que nos écrivains s’attachent ; et ce qu’ils essaient d’en exprimer, c’est ce qu’ils voient ou ce qu’ils croient voir en elles de plus permanent et de plus universel. […] Port-Royal, II, p. 443, 450, édition de 1878]. — Que c’est ce style aussi qui répare ce que l’étalage de soi-même aurait sans lui d’impertinent dans les Essais. — Détails étranges de Montaigne sur lui-même. — Mais, dans sa manière même de les rendre, il trouve moyen d’exprimer ce qu’ils ont d’humain autant ou plus que ce qu’ils ont d’individuel et de singulier.
Je m’en suis donc tenu, si je puis m’exprimer ainsi, à un épisode de ce mouvement, à l’épisode littéraire. […] Il passe cependant pour un original, et cela parce que, ayant à un haut degré le goût de la vérité et toujours sincère avec lui-même, il ne s’exprime jamais sur rien qu’avec de prudentes réserves. […] Et ces impressions contradictoires, s’il n’est pas un sectaire, aura-t-il tort de les exprimer ? […] Si le style n’est pas toujours irréprochable, la pensée est toujours d’une sincérité parfaite, car j’aimerais mieux labourer l’arpent de terre que le travail m’a donné que d’exprimer un mot que je ne penserais pas. […] Zola qu’au point de vue moral : je n’ai donc pas l’occasion d’exprimer, comme je l’ai fait ailleurs, l’admiration littéraire que j’ai toujours professée pour le plus puissant de nos romanciers contemporains.
Ponsard a traité ce sujet avec sa franchise de bon sens, en homme qui a déjà sa propre expérience acquise, et qui ne craint pas d’exprimer avec mesure ses jugements à lui sur les plus grands noms.
Voici de ce volume une des jolies pièces, une de celles qui se peuvent citer (car toutes à beaucoup près ne sont pas dans ce cas) ; le poëte qui l’a intitulée Fatuité ne fait qu’y exprimer bien sincèrement sa manière d’être le plus habituelle, sa façon de vivre, de porter la tête et de respirer ; on y sent déborder à chaque mot l’orgueil de la vie.
Eudore Soulié, « qu’il porte la trace des basses sensualités du temps » ; que « ces joues, ces lippes épaissies n’expriment que trop bien un pesant amour de la chair ?
Quoique M. de Bonstetten n’ait exprimé nulle part ces considérations, il semble les supposer tacitement ; et les observations de détail, si ingénieuses et si vraies, qui remplissent son livre, s’y rangent.
Toutefois on peut conclure du soin avec lequel il recueillait les chants populaires de sa province (le Valois), tous ces petits poèmes où les soldats, les forestiers, les matelots ont exprimé leurs passions ou leurs rêves, qu’il faisait plus de cas, en poésie, du sentiment que de l’art.
Cela est tout ensemble vu, imaginé, exprimé.