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1860. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

En revanche, il l’était peu de sa mère, fille pourtant du célèbre sculpteur Dubois, mais qui paraît avoir été une personne assez insignifiante, étroite de cœur et d’esprit ; elle ne lui avait guère laissé de tendres souvenirs. […] Il leur récita de même par cœur toutes ses autres pièces. […] Piron fit le galant homme et prit d’abord la chose du bon côté : « De tout mon cœur, monsieur l’abbé, lui répondit-il ; grand bien vous fasse ! […] …..  » Ce chapitre des lavements tient fort à cœur à Piron. […] Tout s’est passé le plus gaîment du monde, excepté dans le cœur altier de votre illustre momie 92.

1861. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Notre cœur a froid et fait l’appel des absents. […] * * * — Le pas d’un mendiant, auquel on n’a pas donné, et qui s’en va, vous laisse son bruit mourant dans le cœur. […] Cette espèce de travail incessant, qu’on fait sur soi, sur ses sensations, sur les mouvements de son cœur, cette autopsie perpétuelle et journalière de son être, arrive à découvrir les fibres les plus délicates, à les faire jouer de la façon la plus tressaillante. […] L’inconnu de ce que nous allions voir, la terreur d’un spectacle vous déchirant le cœur, la recherche de ce corps au milieu d’autres corps, l’étude et la reconnaissance de ce pauvre visage, sans doute défiguré, tout cela nous a fait lâches comme des enfants. […] » Une passion, des passions à la fois de toute la tête, de tout le cœur, de tous les sens, et où se mêlaient les maladies de la misérable fille, la phtisie qui apporte de la fureur à la jouissance, l’hystérie, un commencement de folie.

1862. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Il n’a de supériorité relative dans Faust que quand il est Allemand et qu’il se maintient dans la plus stricte tradition allemande, et s’il s’y était plus franchement placé, et avec une âme plus perméable que la sienne, il aurait obtenu des effets d’une beauté que le scepticisme de son esprit et de son cœur n’a pas soupçonnés. […] Et, à travers tout cela, pas un mot venant du cœur, des entrailles, d’un sentiment ou d’une pensée quelconque. […] Il n’avait pas plus le génie du cœur que l’autre génie… Il y a dans son Voyage à Rome une aventure d’amour — vertueux — avec une jeune et ravissante Milanaise, qui peint trop bien Gœthe pour que je ne la raconte pas en cette étude sur sa nature intellectuelle et morale, c’est-à-dire sur la valeur absolue de cet homme si étrangement et si prodigieusement surfait. […] Les cœurs, qui se sont contenus jusque-là, débordent. […] Il a senti le charme amer et doux de ce moment, mais ce moment irrésistible ne l’a pas vaincu, — ne lui a pas fait fondre le cœur… Remonter et l’enlever, elle !

1863. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Frédéric (1850-1946) »

Joséphin Soulary J’ai toutes les superstitions du cœur ; quelque chose me dit que ce recueil est appelé à un grand succès, dont on se réjouira ici et là-haut. — Votre hommage à Victor Hugo est digne du maître à tous.

1864. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Beauvoir, Roger de (1809-1866) »

Eh bien, quand elle s’y couchera le cœur tout entier, nous aurons un Canova de la poésie… [Les Œuvres et les Hommes : les Poètes (1862).]

1865. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Braisne, Henry de (1855-19..) »

L’auteur est inégal ; rarement il nous donne un poème, même un sonnet à apprendre par cœur d’un bout à l’autre.

1866. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guttinguer, Ulric (1787-1866) »

Ainsi nul œil, Ulric, n’a pénétré les ondes De tes douleurs sans borne, ange du ciel tombé ; Tu portes dans ta tête et dans ton cœur deux mondes, Quand le soir, près de moi, tu viens triste et courbé.

1867. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 211-212

A quinze ans finit la culture ; Le bouton alors devient fleur : C’est à quinze ans que la Nature Parle à nos sens, nous donne un cœur.

1868. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Brandenburg, Albert-Jacques (1878-1934) »

— Le Cœur errant (1900).

1869. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deschamps, Antony (1800-1869) »

On y sent un cœur ému et, lorsqu’il nous parle de ses douleurs, qui ont été grandes, il excite notre intérêt et notre sympathie.

1870. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Duvauchel, Léon (1850-1902) »

Il porte au cœur l’amour de la vaillante et glorieuse province ; aussi la célèbre-t-il dignement en prose dans l’article intitulé : Ave, Picardia Nutrix ; en vers, dans la pièce intitulée : À ceux de Picardie… [Revue du Nord (1er mars 1895).]

1871. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guigou, Paul (1865-1896) »

On y admirera de hautes et mélancoliques pensées, de douces effusions du cœur, un noble et pur souci de l’art et, parfois, une ironie pleine de grâce et de légèreté.

1872. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vaucaire, Maurice (1866-1918) »

. — Valet de cœur (1893). — L’Encrier de la petite vertu (1894). — Petits chagrins (1894). — Le Panier d’argenterie (1895). — Paul et Virginie (1895). — Vingt masques (1895)

1873. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vermenouze, Arsène (1850-1910) »

Il donne aujourd’hui, chez Stock, un recueil de vers très finement français, de forme, — mais toujours auvergnat de cœur. — Ce sont des impressions de pays, croquis de mœurs, traits de légendes, scènes de nature, études d’animaux familiers ou sauvages.

1874. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 282-283

Mais quand on saura que les talens agréables n’ont été, dans cet illustre Auteur, que le germe & le prélude des plus hautes qualités ; quand les siecles futurs seront dans le cas d’admirer, comme notre siecle, un génie formé pour les plus grandes affaires, une ame nourrie des plus beaux sentimens, un cœur, le siége des plus rares vertus ; quand la postérité de toute l’Europe enfin reconnoîtra dans lui le vrai grand homme consacré par le suffrage de toutes les Nations ; alors les couronnes dues à ses talens littéraires ne seront que de foibles guirlandes de fleurs que les Muses auront déposées aux pieds de sa Statue ; & celles qui sont dues à ses succès dans les négociations les plus importantes, à l’administration la plus éclairée & la plus sage dans les fonctions de l’Episcopat, aux monumens multipliés de son zele & de sa générosité, iront d’elles-mêmes se reposer sur sa tête.

1875. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 289-290

Ses Stances ont une tournure, une cadence qui plaît à l’oreille, en même temps que les pensées qu’elles contiennent, pénetrent le cœur & flattent l’esprit.

1876. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 306-307

Son Epître à Racine, celle à M. le Cardinal de Bernis, & la plupart de ses autres Pieces fugitives, annoncent de l’esprit, de l’imagination, & le talent de rendre, d’une maniere naturelle, & de revêtir d’une versification douce & variée, les différentes affections du cœur & de l’esprit.

1877. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 435-436

Son changement, dont les motifs, malgré l’adresse de l’Auteur, trouvent peu de grace dans un cœur delicat, change aussi les sentimens qu’on se plaisoit à éprouver en sa faveur.

1878. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 451-452

Celui qui a pour titre, des Causes du Bonheur public, offre une infinité de vûes patriotiques, qui donnent l’idée la plus avantageuse de son cœur, en même temps qu’elles honorent son esprit, par la maniere énergique dont elles sont présentées.

1879. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 221-222

Cet Ecrivain étoit capable de très-bien développer les différens ressorts du cœur & de l’esprit humain.

1880. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 302-303

A M. le Comte de Barruel, Capitaine de Dragons au Régiment de Belzunce, connu à la Cour par des Vers de Société, que nos meilleurs Poëtes ne désavoueroient pas ; mais sur-tout estimé & chéri de ceux qui attachent encore plus de prix aux qualités du cœur qu'aux agrémens de l'esprit.

1881. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Avant-propos »

Quand une traduction illégitime de l’inétendu en étendu, de la qualité en quantité, a installé la contradiction au cœur même de la question posée est-il étonnant que la contradiction se retrouve dans les solutions qu’on en donne ?

1882. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Mais, pendant l’expédition, survint une dépêche de la Cour, par laquelle Joyeuse apprenait que le vent avait tourné et que Henri III refaisait la guerre au roi de Navarre et à ceux de son bord : s’adressant à Rosny qui était présent quand le paquet arriva, il lui dit en riant qu’il espérait bien que cela ne changerait rien à son projet, et qu’il ne serait pas assez fou pour s’embarquer avec le roi de Navarre et perdre de gaieté de cœur sa belle terre de Rosny. […] en lui apparaît et brille le cœur noble et clément, élevé au-dessus des cruautés ou des grossièretés de son siècle. […] » À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne point se hasarder ainsi sans besoin : « Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur… Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière charmante et même naïve.

1883. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Je la jurai dans mon cœur aux Français, que l’on me faisait regarder comme nos ennemis nécessaires : j’en suis bien revenu ; et même alors, tant mon goût pour la guerre était violent, je m’étais arrangé avec un capitaine (français) de Royal-Vaisseaux, de garnison à deux lieues de là. […] Il a peint en quelques pages légères et d’une touche inimitable ces promenades, ces cavalcades matinales et familières, où la reine Marie-Antoinette ravissait et effleurait les cœurs, et ne cessait de mériter les respects : il nous a rendu cette reine aimable et calomniée sous ses vraies couleurs, comme il fera également de tous les illustres souverains qu’il a connus, de l’impératrice Catherine, de Frédéric le Grand, de Joseph II, de Gustave III. […] Vous vous croyez au dernier degré ; mais le prince de Ligne qui ne se contente pas à peu de frais, et qui porte dans cette grâce et dans cette félicité sociale quelque chose de ce feu, de cette poésie vivifiante que nous lui avons vu mettre dans les entreprises de guerre, dira en complétant son modèle et en nous laissant par là même son portrait : Si, ajouté encore à cela, on inspire l’envie de se revoir, si l’on y fait trouver un charme continuel, si l’on a une grande occupation des autres, un grand détachement de soi-même, une envie de plaire, d’obliger, de prendre part aux succès d’autrui, de faire valoir tout le monde ; si l’on sait écouter ; si l’on a de la sensibilité, de l’élévation, de la bonne foi, de la sûreté, et un cœur excellent ; oh !

1884. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Il continua d’aimer l’Italie qui était selon son cœur, l’Italie des arts et sans la politique. […] Le reste n’est que l’ouvrage d’un homme d’esprit qui se fatigue à combiner et à lier des paradoxes d’analyse piquants et imprévus, auxquels il donne des noms d’hommes ; mais les personnages n’ont point pris véritablement naissance dans son imagination ou dans son cœur, et ils ne vivent pas. […] Je suppose qu’il fait ses romans en deux temps ; d’abord raisonnablement, puis il les habille en beau style néologique, avec les patiments de l’âme, il neige dans mon cœur, et autres belles choses.

1885. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Pourtant, dans ces suffrages des critiques, auxquels il n’était que médiocrement attentif et sensible, il en était un que le poète avait fort à cœur d’obtenir, c’était celui du Monthly Review, le plus répandu des recueils littéraires d’alors et qui tardait à se prononcer : Que dira de moi ce Rhadamanthe de la critique, écrivait Cowper à un ami (12 juin 1782), lorsque mon génie tout tremblant comparaîtra devant lui ? […] Mais auparavant il y eut des heures uniques où, dans cette compagnie riante, excité et rassuré à la fois, il jouissait, à cet âge tardif, d’une jeunesse inattendue, et où son talent comme son cœur trouvait enfin son épanouissement. — Et aussi ne nous figurons point Cowper toujours affublé de cette espèce de bonnet de nuit bizarre sous lequel on nous le représente invariablement dans ses portraits. […] Et voilà pourtant, m’écriai-je, ce que font sans pitié quelques-uns auprès d’une âme délicate, s’inquiétant peu de froisser et de briser un cœur déjà voué au chagrin.

1886. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

On fait plus qu’entrevoir, pourtant, le fond du cœur de Voltaire et sa passion d’homme de parti, lorsque, écrivant à M.  […] Il n’a point assez d’injures dans son vocabulaire pour le flétrir : c’est « un misérable dont le cœur est aussi mal fait que l’esprit » ; c’est « le chien de Diogène qui est attaqué de la rage. » Dans une lettre à M.  […] Il y a particulièrement un endroit qui donne tristement à réfléchir sur la faiblesse du cœur humain chez les plus grands esprits.

1887. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

On peut donc s’imaginer quels furent l’étonnement et la joie d’un esprit studieux et véritablement historique lorsqu’il se vit introduit tout à coup au milieu et au centre de toutes les informations les plus copieuses, les plus précises, les plus lumineuses, au cœur même de l’œuvre de Louvois. […] Cette lettre du 15 décembre 1671 est à encadrer dans un cadre d’or ; elle est à mettre à côté de telle page de L’Hôpital, de telle allocution de Gerson, de telle réponse de ces vieux et grands parlementaires Achille de Harlay ou de La Vacquerie ; c’est l’éloquence du cœur, toute pure et toute crue, et qui n’y va pas par quatre chemins : « Il est de la dernière conséquence d’approfondir cette affaire, tant à l’égard du préjudice que le service du roi en peut recevoir, si ces Messieurs ont dit vrai, que de la justice que vous devez à ceux qui, pour faire leur devoir trop exactement, sont injustement calomniés. […] La fortune m’a fait naître le plus pauvre gentilhomme de France ; mais, en récompense, elle m’a honoré d’un cœur sincère, si exempt de toutes sortes de friponneries qu’il n’en peut même souffrir l’imagination sans horreur. » Honneur et vertu !

1888. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

On se souvient encore des acclamations qui accompagnèrent la promulgation de cet acte éminent en sociabilité autant que hardi de la part de celui qui osa le tenter : acclamations qui, interprètes sincères de l’opinion publique, étouffèrent les cris des mécontents et les fureurs concenirées que le rétablissement de la religion fit naître dans quelques cœurs. » La suite, on le sait trop, répondit mal à de si heureux débuts, et sans même que les événements politiques survenus peu après en Italie eussent besoin d’y mêler leur complication, il y avait dans la seule situation intérieure bien des germes de difficultés futures. […] Liautard qui était jusqu’au cou dans toute cette manigance, ou plutôt on se figure sans peine « combien il fallut de soins et de minutieuses attentions pour dépouiller le roi de ses propres idées, pour refaire en quelque sorte son cerveau, sa mémoire, son cœur, toutes ses facultés, toutes ses affections. » Ce qu’il y a de plus certain, c’est que Louis XVIII, ainsi travaillé, faiblit à vue d’œil et baissa. […] Un groupe de jeunes écrivains catholiques distingués, de doctrinaires du parti, qui, à l’envi du Globe, s’étaient essayés dans le Correspondant sur la fin de la Restauration, se joignirent, sans s’y confondre, avec le groupe des amis de M. de Lamennais : à côté du vigoureux et sombre Breton, du doux, aimable et savant abbé Gerbet, du brillant et valeureux Lacordaire, du jeune comte leur ami91, alors dans toute la fraîcheur acérée de son talent, on eut Edmond de Cazalès, riche esprit, cœur plus riche encore ; Louis de Carné, esprit sage, écrivain consciencieux, s’instruisant toujours, désireux d’acquérir et de combiner tout ce qui est bien, se nuisant par là peut-être à la longue ; on eut un Franz de Champagny, jouteur sincère, peintre studieux, sévère pour les Césars comme un élève de Tacite qui eût été chrétien ; plusieurs Kergorlay, au nom jadis hostile, mais tous d’une autre génération plus adoucie, tous réconciliés entièrement ou en partie avec le siècle.

1889. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

À peine est-il entré que M. de Harlay lui saute au cou, l’embrasse, s’appelle lui-même le plus malheureux des hommes, se plaint à l’abbé Legendre, qui était présent, que la modestie obstinée du bon vieillard ne lui ait jamais permis de rien faire pour lui et de lui rendre ce qu’il en avait reçu autrefois de secours en tout genre : « Voilà, disait-il en se tournant vers l’abbé Legendre et en montrant le vieillard rustique, voilà un homme des plus distingués par l’esprit, par le cœur, par la science, et qui a bien mérité de moi à tous égards ; car, dans le cours de mes études, il m’a aidé des plus salutaires conseils, et plus d’une fois aussi de sa libéralité et de sa bourse. » On juge des pleurs du vieillard ainsi accueilli à bras ouverts par le premier et le plus illustre seigneur des prélats de France. […] Harlay, pénétré de reconnaissance, lui promit ce jour-là de n’avoir rien tant à cœur désormais que d’obéir en tout à un si grand roi et à un maître si clément, et il tint sa promesse. […] Ce dernier, au cœur généreux, « entendant dire que l’abbé de Champvallon n’avait rien, lui donna un bénéfice, et depuis il travailla aussi plus que personne à le faire archevêque de Rouen. » Je tire cette particularité d’un Journal manuscrit du célèbre janséniste, M. de Pontchâteau.

1890. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

C’est pour Diderot, presque seul entre les gens de lettres de son temps, que MM. de Goncourt sont justes et qu’ils se montrent pénétrés d’un enthousiasme auquel je m’unis de grand cœur et j’applaudis : « Diderot, Beaumarchais, Bernardin de Saint-Pierre, c’est le grand legs du xviiie  siècle au xixe . » — «  Voltaire est immortel : Diderot n’est que célèbre. […] Michelet, qu’admirent MM. de Goncourt, et qui le leur rend, a très-bien dit dans son œuvre récente114 : « Cherchons le cœur du xviiie  siècle, il est double : Voltaire, Diderot. » Pour moi, je ne considérerai la moyenne des esprits comme tout à fait émancipée en France et la raison comme bien assise, même à Paris, que lorsque Voltaire aura sa statue, non pas dans le vestibule ou dans le foyer d’un théâtre, mais en pleine place publique, au soleil. […] Ce qui n’empêche pas le charmant motif dont on vient de voir l’esquisse d’être d’une parfaite vérité pour les cœurs atteints et mordus de la chimère.

1891. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Fournier trouve aujourd’hui que c’était invraisemblable : peu s’en faut qu’il ne trouve la chose impossible ; il n’a pas assez de railleries pour les pauvres auteurs de notices qui ont mentionné ce village voisin de Dourdan : « Peu importait, dit-il, qu’en maint endroit de son livre l’auteur des Caractères se révélât Parisien de la tête aux pieds ; Parisien de naissance et d’habitude, Parisien de cœur et d’esprit ! […] Gustave Flaubert, au sujet de Salammbô, nous nous étions ainsi querellés à cœur ouvert, que je l’avais critiqué, qu’il m’avait répondu, et que nous n’en étions pas moins restés bons amis, « ce qui est, disais-je, d’un bon exemple », j’ajoutais : « Je serais tenté de vous obéir et d’aller sur le terrain à quelques-uns des endroits que vous me signalez. […] Il s’était bien assez creusé la tête pour mourir un matin d’apoplexie : sans compter qu’à cinquante ans il n’avait peut-être pas encore enrayé sur le chapitre du cœur.

1892. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

On le conçoit, le théâtre, c’est l’arène de tous les cœurs amoureux de la grande gloire littéraire, de tous ceux qui briguent hautement la palme et qui croient à la rémunération publique du talent. […] Nous ne craignons pas ici de soulever avec respect un voile pieux qui est désormais celui du deuil : le voyage d’Italie réalisa tout son rêve, il y vit tout ce qu’il attendait du passé, il trouva plus ; son cœur rencontra celle qui lui était destinée, et son avenir s’enchaîna. […] Il avait gravé au fond du cœur l’antique programme d’Horace : « Quem tu, Melpomene, semel… Celui, ô Melpomène, que tu as regardé d’un œil d’amour au berceau, celui-là, il ne sera ni lutteur aux jeux de Corinthe, ni vainqueur aux courses d’Élide, ni général triomphateur au Capitole ; mais il aimera les belles eaux de Tibur, et il trouvera la gloire par des vers nés à l’ombre des bois. » Et dans le cas présent d’ailleurs, il y avait mieux, il y avait de quoi tenter et retenir toute l’ambition d’une âme de poëte.

1893. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Le fond du cœur commence à percer : ce n’est pas un ami, ce n’est pas même un indifférent qui écrit ici sur André Chénier. […] Pour nous qui ne faisons que balbutier en ces matières, nous avons pourtant gravé au fond du cœur, et nous nous surprenons quelquefois à réciter avec émotion ce début de l’admirable élégie de Properce, dont M. […] Qu’un jeune homme, agité d’une flamme inconnue, S’écrie aux doux tableaux de ma muse ingénue : « Ce poëte amoureux qui me connaît si bien, Quand il a peint son cœur, avait lu dans le mien. » Voilà le vœu d’André Chénier exprimé en toute occasion : joignez-y celui d’être agréable et cher aux initiés des Muses : il ne demandait pas plus, et le sort, après bien des injures cruelles, l’a enfin tardivement exaucé.

1894. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Il faut qu’il soit moraliste, sinon de cœur, au moins d’esprit : car, s’il caresse les perversités dont l’histoire est pleine, s’il donne toujours raison à la fortune, s’il exalte le vainqueur coupable et qu’il écrase le vaincu innocent, s’il foule aux pieds les victimes, s’il ajoute la sanction de sa propre immoralité et l’autorité de son amnistie à tous les scandales d’iniquité qui attristent les annales des peuples, l’historien n’est plus un juge ; c’est un complice abject ou intéressé de la fortune, qui montre sans cesse le droit violé par la force, et la vertu déjouée par le succès. […] J’ai essayé souvent, dans mes notes de jeunesse, de me rendre compte à moi-même des impressions que je recevais de cet historien selon mon cœur. […] XVI On se perd quand on analyse ce sublime discours d’empire dans les profondeurs de raison, de pénétration, de prévoyance, de connaissance du cœur humain et de l’opinion des différentes classes du peuple qu’il révèle chez le vieux Galba.

1895. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Il leur enseigna en même temps de garder le silence sur l’objet de la cérémonie, de prier Dieu dans leur cœur et de se taire devant le bargello, pendant que lui, le père Hilario, dirait la messe des morts et que l’enfant de chœur qui servirait la messe entendrait, sans les comprendre, les paroles latines prononcées par le prêtre sur la tête des deux fiancés. […] Nous nous assîmes sur le bord de son lit, la main dans la main, puis il m’embrassa pour la première fois, sans que je fisse de résistance, et la nuit de nos noces commença par ces mots cachés au fond du cœur, qu’on ne dit qu’une fois et qu’on se rappelle toute sa vie. […] Je croirais la profaner en y pensant ; c’est comme une apparition qui reste, dit-on, dans les yeux, mais que le cœur ne confie jamais aux lèvres !

1896. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

… Mais les cœurs de lion sont les vrais cœurs de père. […] Deux choses lui restaient dans sa cage inféconde, Le portrait d’un enfant et la carte du monde,          Tout son génie et tout son cœur.

1897. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Faites-nous grâce, homme au cœur fort ! […] Il transperce les hommes de son regard, il sonde les reins et les cœurs. […] Même il y a, dans les rencontres de ce père et de ce fils, qui n’ont pas une idée en commun, un dramatique froid navrant qui serre le cœur (et qui serait peut-être doublé si l’auteur semblait moins persuadé qu’Astier-Réhu n’est qu’une horrible vieille bête)… Mais enfin cette unité secrète, intérieure du livre, M. 

1898. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Jean Paul est surtout pour eux l’idéal de la simplicité unie à la grandeur ; ils admirent en lui une vigueur, une élévation de génie peu communes, jointes à une pureté, à une bonté de cœur singulières. […] Mais on y sent surtout le philosophe moral, le poète moral, qui semble n’être artiste que pour relever et purifier le cœur de l’homme, qui est toujours occupé du problème de la destinée de l’homme, et amoureux de son perfectionnement. […] Nous en prendrons un autre exemple dans René : « Souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête… Un secret instinct me tourmentait : je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : — Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. — Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie… » Nous pourrions multiplier les citations à l’infini ; car pour trouver des exemples de cette forme de style, il suffit presque de jeter au hasard les yeux sur quelques-uns des écrits qui ont fait bruit dans notre siècle, tandis qu’on se fatigue à en chercher dans la littérature classique.

1899. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Henri Charrier, le fils du banquier, vient tenter ce cœur en détresse. […] L’esprit proteste contre cette prostitution du père livrant sa conscience pour nourrir son fils ; le cœur s’attendrit et ne discute pas. […] Cependant Fernande, en fermant la plaie qu’elle avait faite à la dignité de Maxime, l’a blessé au cœur.

1900. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Quelqu’un du même âge que lui a dit : « Dès mon enfance, je pénétrais les choses avec une sensibilité telle, que c’était comme une lame fine qui m’entrait à chaque instant dans le cœur. » Ainsi il a pu dire lui-même. […] Quoi qu’il en soit de son rêve, ce fut d’abord par ses observations de finesse et de grâce qu’il gagna le cœur de cette société aristocratique à laquelle il avait toujours aspiré. […] Il est mort d’une maladie de cœur, comme meurent aujourd’hui tant d’hommes parmi ceux qui ont trop ardemment labouré la vie.

1901. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Si le souverain a l’esprit éclairé et le cœur droit, il dirigera toutes ses dépenses à l’utilité du public et au plus grand avantage de ses peuples. […] En racontant l’histoire de ce souverain habile et brave, qui « à la fortune médiocre d’un électeur sut unir le cœur et les mérites d’un grand roi », en nous parlant de ce prince « l’honneur et la gloire de sa maison, le défenseur et le restaurateur de la patrie », plus grand que son cadre, et de qui date sa postérité, on sent que Frédéric a trouvé son idéal et son modèle : ce que le Grand Électeur a été comme simple prince et membre de l’Empire, lui il le sera comme roi. […] Frédéric est d’ailleurs dans le vrai du cœur humain, dans la réalité de l’observation morale et de la prophétie pratique, quand il ajoute : Le temps, qui guérit et qui efface tous les maux, rendra dans peu sans doute aux États prussiens leur abondance, leur prospérité et leur première splendeur ; les autres puissances se rétabliront de même ; ensuite d’autres ambitieux exciteront de nouvelles guerres et causeront de nouveaux désastres ; car c’est là le propre de l’esprit humain, que les exemples ne corrigent personne ; les sottises des pères sont perdues pour leurs enfants ; il faut que chaque génération fasse les siennes.

1902. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Voltaire fit plus, il inséra l’épître tout entière au mot Dispute de son Dictionnaire philosophique, en y mettant cette apostille : « Lisez les vers suivants sur les Disputes ; voilà comme on en faisait dans le bon temps. » Et en effet, cette épître, qui a été reproduite dans toutes les Leçons de littérature et que nous savions par cœur dans notre enfance, ressemble par le ton aux meilleures de Boileau, auxquelles elle est supérieure par la pensée. […] C’est que Rulhière savait si bien par cœur son Jean-Jacques, qu’il le reconnaissait à chaque ligne, dans ses soupçons, dans ses reproches : Comme je suis au courant du caractère de notre homme et de son faire, comme je pourrais, en cas de besoin, lui tenir lieu de secrétaire intime et le suppléer en son absence, je ne me suis guère occupé, en lisant votre correspondance, que de ce qu’il devait, d’après mes données, vous dire ou vous écrire ; et j’ai si bien rencontré, que je m’en suis félicité. […] Domergue, me rend perplexe à cet égard. » — « Comme il vous plaira, monsieur, comme il vous plaira ; bonsoir. » Toute cette scène est très agréablement contée ; elle fait plus d’honneur pourtant à l’esprit de Rulhière qu’à son cœur, et lui-même il nous apparaît en tout ceci comme un homme qui cherche partout trop visiblement des traits et des embellissements pour l’ouvrage qu’il compose.

1903. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Perrault ne le prend pas si à cœur ; il en parle à son aise. […] Contre les doctes de ses amis, Charpentier46, Ménage, le couple Dacier et les pédants en us ; contre ces illustres traducteurs qui, à la moindre critique sur Platon ou sur Homère, se fâchent « comme s’ils en étaient descendus en ligne directe (car des collatéraux ne prendraient jamais la chose si fort à cœur) » ; contre eux tous, Perrault, ce me semble, a d’emblée gain de cause devant nous. […] Mais l’Abbé, plus judicieux, remarquera que les modernes ont perfectionné l’analyse en tout genre, et que, comme l’anatomie a trouvé dans le cœur des valvules, des fibres, des mouvements et des symptômes qui ont échappé à la connaissance des anciens, la morale y a aussi trouvé des inclinations, des aversions, des désirs et des dégoûts que les mêmes anciens n’ont jamais connus.

1904. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Le mérite et l’art de Mme des Ursins fut de savoir en si peu de temps tirer si bon parti des grâces et de l’affabilité de la reine, qu’elle la rendit réellement populaire parmi le vrai peuple du centre de l’Espagne, et ce fut miracle de voir les racines de cette royauté si nouvelle prendre si vite au cœur des vieux Castillans, qu’elle put résister ensuite pendant de rudes années à tous les orages. […] Mais ce sont là de ces conjectures qu’il est trop aisé de former à l’occasion d’un cœur de femme et trop impossible de vérifier. […] Puis, après avoir dit tout ce qu’elle a sur le cœur et s’être hardiment prononcée, elle s’efface dans un post-scriptum habile et rentre dans son rôle de femme avec une haute convenance.

1905. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

La péroraison par laquelle Mirabeau terminait sa brochure est restée célèbre dans le genre de l’invective : Pour vous, monsieur, qui, en calomniant mes intentions et mes motifs, m’avez forcé de vous traiter avec une dureté que la nature n’a mise ni dans mon esprit ni dans mon cœur ; vous, que je ne provoquai jamais, avec qui la guerre ne pouvait être ni utile ni honorable ; … croyez-moi, profitez de l’amère leçon que vous m’avez contraint de vous donner… Retirez vos éloges bien gratuits ; car, sous aucun rapport, je ne saurais vous les rendre ; retirez le pitoyable pardon que vous m’avez demandé ; reprenez jusqu’à l’insolente estime que vous osez me témoigner… Et il finit par ce conseil terrible et le plus incisif, entre hommes avides avant tout de la popularité : « Ne songez désormais qu’à mériter d’être oublié. » Beaumarchais, sous le coup de l’outrage, se tut : il avait rencontré un jouteur encore plus osé que lui, et à plus forte carrure ; il était dépassé et vaincu. […] Je suis d’acier contre les injustices, et mon cœur s’amollit, mes yeux fondent en eau sur le moindre trait de bonté. […] Il était plus fidèle à sa nature quand il écrivait à Collin d’Harleville qui lui avait envoyé un poème allégorique sur Melpomène et sur Thalie : Pour lire un joli poème, s’amuser d’un charmant ouvrage, il faut, mon cher citoyen, avoir le cœur serein, la tête libre ; et bien peu de ces doux moments sont réservés à la vieillesse.

1906. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Tout en rendant justice à ses belles et saines parties, nous ne le fîmes point avec plénitude ni en nous associant de cœur à l’esprit même de l’homme : Boileau, personnage et autorité, est bien plus considérable que son œuvre, et il faut de loin un certain effort pour le ressaisir tout entier. […] Quand Boileau loue à plein cœur et à plein sens, comme il est touché et comme il touche ! […] Il était plein de bons mots, de reparties et de franchise ; il parlait avec feu, mais seulement dans les sujets qui lui tenaient à cœur, c’est-à-dire sur les matières littéraires.

1907. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Le premier grand projet littéraire du jeune homme, cet idéal suprême qui ne prend bien qu’une fois dans notre imagination, comme le parfait amour ne prend peut-être qu’une seule fois dans notre cœur, se forma pour de Brosses sous le regard et sous l’influence du président Bouhier. […] On y est si bien, si doucement, il y a tant à voir et à revoir, que ce n’est jamais fait. » Pourtant de Brosses se décide ; il a ses amis, ses devoirs qui le rappellent ; durant ce voyage, ses yeux sont satisfaits, son cœur est ennuyé. Il a bien du cœur en effet, un foyer d’affection vraie et sincère ; et, après un an environ d’absence, il y a quelque chose qu’il aime encore mieux que de visiter le Capitole, « c’est d’en parler avec ce qu’on aime ».

1908. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Ces vers si simples n’ont l’air d’exiger aucun |commentaire et ne semblent nés d’aucune théorie ; cependant ils diffèrent de ceux que l’on fait apprendre par cœur aux petits enfants. […] Ils marchaient à côté | l’un de l’autre || des danses Penchés || et s’y versant | dans l’ombre goutte-à-goutte (Contemplations) qui admet jusqu’à deux ou trois accents indépendants de l’accent principal : Qui || des vents ou des coeurs | et le plus sûr || Les vents. […] Il ne suffit pas d’avoir de bons sentiments, un cœur doux et d’aimer bien sa tendre amie, pour écrire de bons vers libres ; il faut aussi beaucoup de talent et même beaucoup de science.

1909. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Si la philosophie de l’âme est antique en Angleterre, si la littérature y a choisi pour objet l’histoire du cœur, la cause en est dans le caractère réfléchi et concentré de la nation. […] Elle n’est que le résultat matériel de cet acte, lequel nous échappe, parce qu’il s’accomplit dans le sein de la cause qui le produit. » — « La véritable cause qui meut le cœur, l’estomac, les organes, est extérieure et supérieure à ces organes79. » Il y a donc un monde spirituel distinct du monde matériel, et dont nous apercevons un individu dans la cause qui est nous-mêmes ; tout l’effort de la psychologie est d’étudier cette cause, plus importante que ses effets. […] Ramenez ainsi tous les plaisirs, toutes les peines et tous les désirs à quelque fait observable et unique ; vous aurez expliqué le cœur de l’homme, et vous aurez fait une œuvre de science.

1910. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Mais ce qui a consacré sa réputation dans l’Europe, c’est sa bonté, c’est cette vertu qui ne permit jamais à la haine d’entrer dans son cœur, qui fit que, sans politique et sans effort, il pardonna toujours, et se serait cru malheureux de punir ; qui, avec ses amis, lui donnait la familiarité la plus douce, envers ses peuples la bienveillance la plus tendre, avec sa noblesse la plus touchante égalité ; ce sentiment si précieux qui quelquefois, dans des moments d’amertume et de malheur, lui faisait verser les larmes d’un grand homme au sein de l’amitié ; ce sentiment qui aimait à voir la cabane d’un paysan, à partager son pain, à sourire à une famille rustique qui l’entourait, ne craignit jamais que les larmes et le désespoir secret de la misère, vinssent lui reprocher des malheurs ou des fautes : voilà ce qui lui a concilié les cœurs de tous les peuples, voilà ce qui le fait bénir à Londres comme à Paris. […] Il semble, en s’occupant de lui, en suivant ses actions, en pénétrant dans son cœur, qu’on respire un air plus doux, et que le calme et la sérénité se répandent, du moins pour quelques moments, sur ce globe infortuné qu’on habite.

1911. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Il passe ici pour un libre penseur, et ce qui est pis, à mon sens, pour un homme dont le cœur ne sent pas ce qu’il dit dans ses poëmes à la louange de la vertu et de la gloire. […] s’élèvent resplendissantes au-dessus de la bleuâtre obscurité de la mer ; mais il n’y eut jamais cœurs si contents et si heureux qu’il s’en rencontrera bientôt dans tes murs. » Ne reconnaissez-vous pas, sinon l’évêque, du moins le chrétien dans le poëte ? […] » Ce pieux élan et bien d’autres affections du même cœur n’étaient pas, comme on l’a dit quelquefois, le langage d’un politique servant de ses vertus la domination anglaise dans l’Inde.

1912. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Surtout, l’éducation maternelle, qui avait entièrement formé son cœur, l’avait habitué à voir Dieu partout. […] Le Crucifix qui passe d’un mourant à un autre, tradition du Christ à l’humanité, le crucifix de la mort d’Elvire, crucifix futur de la mort du poète, passage du cœur au cœur qui est la vie des âmes comme le passage du germe au germe est la vie des corps, le Crucifix monte en bulle de musique pure ; fait de rien, il contient tout. […] En 1820, ramenant la poésie perdue, il l’a fait régner sur un cœur, sur des cœurs, et ensuite sur tout le reste, sur la politique, sur l’histoire, sur la critique. […] Si un être, si un autre cœur, manque à la seconde, c’est qu’elle est environnée d’un peuple, que le génie est marqué de solitude pour le service et la lumière de ce peuple. […] Il partit pour Bruxelles, déguisé en ouvrier, Morny l’ayant laissé évader d’un cœur léger, l’aimant mieux dehors que dedans.

1913. (1925) Comment on devient écrivain

Il composait souvent ses pièces de tête, les apprenait par cœur et les écrivait ensuite. […] Il savait sa pièce par cœur, et c’est ainsi qu’il récita un jour aux comédiens sa tragédie de Catilina, qu’il transcrivit ensuite. […] L’idéal serait le sermon bien écrit et bien appris par cœur. […] Les prédicateurs dominicains savent par cœur une série de sermons qu’ils adaptent à leurs différents auditoires. […] Il existe des Répertoires qui contiennent des passages entiers de Bourdaloue ou de Bossuet, destinés à être appris par cœur par MM. les ecclésiastiques.

1914. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Marsolleau, Louis (1864-1935) »

— Son petit cœur, comédie en un acte, en vers (1891). — Le Bandeau de Psyché, comédie en un acte, en vers (1894). — Les Grimaces de Paris, revue en 3 actes, avec Courteline (1894)

1915. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Ruyters, André (1876-1952) »

Ruijters n’a point l’étourderie, la pétulance et le rire de ses années ; son idyllisme n’est point emprunté ou appris par cœur, le poète est bel et bien amoureux et ce qu’il écrit, il a dû vivement l’éprouver.

1916. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Avertissement. » pp. -

La mode est venue de calomnier les Arts & les Gens de Lettres, & l’on se dispense ainsi de l’admiration & de la reconnoissance, deux fardeaux bien pesans pour le cœur ingrat de l’homme, & l’on seroit en droit avec ce faux mépris de rejetter leurs leçons.

1917. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 272-273

Sa morale est saine, toujours orthodoxe, quelquefois profonde, comme celle de son modele ; & annonce, en général, un esprit qui connoît également les passions du cœur & les ressorts de la politique.

1918. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 479-480

Quoique d’une complexion foible, il vécut quatre-vingts ans, & conserva jusqu’à la fin de sa vie tous les charmes de la jeunesse, & cette bonté de cœur si désirable dans l’amitié ; c’est l’éloge qu’en fait Mademoiselle de Lenclos, dans une Lettre qu’elle écrit à S.

1919. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 73-74

Car enfin cette Piece offre des détails très-piquans, & des Vers que tout le monde fait par cœur.

1920. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 560-561

Ses diverses Magasins sont des sources fécondes d’où la Religion, l’Histoire, la Morale, les premiers élémens des Sciences, coulent comme d’eux-mêmes, & s’insinuent sans effort dans l’esprit & dans le cœur des jeunes personnes les moins attentives & les plus dissipées.

1921. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 76-77

Il avoue lui-même, dans ses Mémoires, que l'ambition d'être Chef de Parti avoit toujours eu beaucoup d'empire sur son cœur.

1922. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Cette visite, ces paroles reçues du peintre le plus renommé de France mirent la joie au cœur d’Étienne et lui rendirent le séjour dans l’atelier des Horaces un peu moins lourd. […] je le répète, mon cœur le sent vivement, mais il m’est impossible de l’exprimer : mon art ne consiste pas en paroles, mon art est tout en action. […] » Mais parfois le bruit, tout aussi lourd que celui des patrouilles, devenait moins régulier, alors le battement de cœur prenait à toute la famille. […] Le jeune tambour, mourant en portant la cocarde tricolore à son cœur, est en particulier un morceau délicieux. […] Mais quant aux sentiments plus délicats qui nécessairement ont dû agiter le cœur d’un homme dont l’imagination était si inflammable, son historien se borne à dire

1923. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Il n’a même plus le cœur de pleurer. […] Tel paysage d’aube ou de mai, il l’affectionne comme un aspect de son cœur. […] À sa suite, et avec l’espoir au cœur, nous nous sommes précipités vers le futur ; comme des jeunes fous émerveillés nous avons suivi le galop de la belle Yeldis ! […] C’est que ce furent là des cénacles d’art pur, et que le pauvre Lélian, qui demeurera éternellement le Poète du cœur, ne fut point un artiste littéraire. […] Ses vers sont toujours un écho de son être, et il faut admirer ce merveilleux hymen de l’écrivain et de l’homme, où les strophes et le cœur vibrent à l’unisson.

1924. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VIII. Du pathétique »

Les couplets les plus passionnés et les plus touchants de Racine, l’explosion de fureur d’Hermione, la prière de Clytemnestre pour sa fille, sont de longues chaînes de raisons, qui mènent l’esprit de l’auditeur à une conséquence logique, conforme à l’émotion dont son cœur est pénétré.

1925. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Couyba, Charles-Maurice (1866-1931) »

l’amour sincère et sans nulle crainte d’être ingénu, l’expression de cet amour franc, net, chaste, — parce qu’il est sincère et pur, puisqu’il est ingénu ; l’accent juste sans plus ; le cri, en quelque sorte, de la passion, le cri non pas tout à fait, le chant vibrant, la note vraie du cœur, — et des sens aussi.

1926. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Denne-Baron, Pierre-Jacques-René (1780-1854) »

Nous savons par cœur le Lac, cette divine plainte de ce qu’il y a de fugitif et de passager dans l’amour.

1927. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Ernault, Louis (1865-19..) »

Ce qui fait l’intérêt d’un drame, c’est avant tout la lutte qui se déroule au cœur des hommes.

1928. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Mouël, Eugène (1859-1934) »

Distincts par le rythme et par l’étendue, mais reliés entre eux par le même objet d’observation et d’attendrissement qui est l’enfance en Bretagne, chacun des morceaux qu’il contient contribue à former un charmant ensemble qui fait honneur à la sincérité du poète, à son esprit et à son cœur.

1929. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Miłosz, Oskar Wladisław de Lubicz (1877-1939) »

………………………………………………………………… Et nous qui connaissons la certitude unique, Salomé, des instincts, nous te donnons nos cœurs aux battements plus forts que, les soirs de panique, l’appel désespéré des airains de douleur, et nous voulons qu’au vent soulevé par ta robe, et par ta chevelure éclaboussée de fleurs              se déchire enfin la fumée              de l’Idéal et des Labeurs.

1930. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 122-123

Quesnai, souvent réimprimé, offre une infinité de vues patriotiques qui font autant d’honneur à son cœur, que la maniere dont il les exprime en fait à son esprit.

1931. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 434-435

Il a fait beaucoup de Romans qui semblent n’avoir pour objet que l’amusement du cœur & de l’esprit, mais dont le but est réellement l’instruction & la piété.

1932. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 48-49

« La distance qui étoit entre leurs esprits, dit M. l’Abbé de Voisenon, n’en mit aucune dans leurs cœurs.

1933. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 130-131

Et les Lettres ne seroient-elles pas doublement honorées, si ceux qui les cultivent puisoient dans leur propre cœur les hautes maximes qu'ils étalent dans leurs Ouvrages avec tant d'appareil ?

1934. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 159-160

Tout le monde sait par cœur le commencement du Prologue du premier de ces deux Poëmes : Les temps sont arrivés.

1935. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VII. Philippe de Commines et Rollin. »

Ses écrits décèlent cet homme de bien dont le cœur est une fête continuelle 174, selon l’expression merveilleuse de l’Écriture.

1936. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Gautier, l’eau ne court que sous une surface glacée et miroitante au soleil ; il a trop oublié que lui-même, quelque part, a dit heureusement : Que votre poésie, aux vers calmes et frais, Soit pour les cœurs souffrants comme ces cours d’eau vive Où vont boire les cerfs dans l’ombre des forêts. […] Quand le cœur bat désormais, c’est grand hasard, à travers cette roideur brillante de l’enveloppe continue, qu’on le voie tout naturellement palpiter.

1937. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

En descendant l’escalier, Romme se frappe le premier, et, craignant de se manquer, se frappe plusieurs fois encore, au cœur, au cou, au visage. […] Thiers l’a rêvé aussi, ce rôle idéal ; il s’en fait l’interprète pour tous, et de même que dans les chants du chœur antique, dans ces vœux, ces prières, ces conseils jetés au milieu de l’action sans la hâter ni la ralentir, le spectateur aimait à entendre le cri de la nature humaine et à reconnaître ses propres impressions, de même, en lisant l’historien, on éprouve une vive et continuelle jouissance à retrouver partout l’accent simple et vrai d’une émotion qu’on partage et à sentir un cœur d’homme palpiter sous ces attachants récits.

1938. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Le contraste des vices et des vertus, les combats intérieurs, le mélange et l’opposition des sentiments qu’il faut peindre pour intéresser le cœur humain, étaient à peine indiqués. […] Dans les tragédies, comme dans les poèmes, on est sans cesse frappé de ce qui manquait aux affections du cœur, lorsque les femmes n’étaient point appelées à sentir ni à juger.

1939. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Madame de la Sablière disait de lui : « Il m’a donné de l’esprit, mais j’ai réformé son cœur. » C’était à l’occasion des Maximes, publiées en 1665, qu’ils faisaient l’utile échange de leurs sentiments et de leurs pensées. […] En 1671, madame de Sévigné écrit à sa fille qu’elle a la première place dans son cœur, madame de La Fayette la seconde.

1940. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Privée de son cœur, ce Paris de qui elle était accoutumée à recevoir le sang vivace, l’impulsion des idées… » Diable, diable ! si c’est l’or qui circule dans le « réseau artériel et veineux », comment se fait-il que les idées soient le « sang vivace » lancé par le « cœur » ?

1941. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

C’est une des horreurs les plus capables de faire honneur à l’esprit d’un poëte & de faire tort à son cœur. […] Rousseau fut contraint, en 1740, de quitter une seconde fois Paris, les larmes aux yeux & le poignard dans le cœur.

1942. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

C’est lui qui, dans notre Occident, a consommé dans son cœur de la manière la plus intime l’union du fini et de l’infini. […] La religion est un fait humain, un acte primitif de la raison et du cœur, qui naît spontanément et qui s’organise spontanément, tout comme la société, la famille, l’art, le langage.

1943. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

C’est ainsi que le plaisir de l’oreille devient le plaisir du coeur. […] Voilà pourquoi l’on s’est servi dans tous les païs, et dans tous les temps du chant inarticulé des instrumens pour remuer le coeur des hommes, et pour mettre certains sentimens en eux, principalement dans les occasions où l’on ne sçauroit leur inspirer ces sentimens en se servant du pouvoir de la parole.

1944. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

., Fénelon aurait expressément voulu signifier ceci : Ce vieillard était noble et majestueux et non pas sordide et vulgaire ; ce teint était frais et vermeil, et non pas fané et pâle ; la demeure de Pluton est sombre, et non pas claire ; sa démarche est douce et légère, et non pas insolente et lourde, Quand il dit : « Ce secret s’échappa du fond de son cœur », ce serait pour donner plus de force que s’il eût dit : « Ce secret s’échappa de son cœur », Quand il remplace « troupeaux » par « tendres agneaux », c’est pour mieux accentuer l’innocence des victimes ; quand il dit : « Comme un serpent sous les fleurs », c’est pour peindre l’astuce et le danger, et lorsqu’il répète six fois par page (voir nos citations) le mot doux, c’est probablement encore pour souligner l’idée de douceur.‌

1945. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Elle est bien simple ; quand on a lu des vers, on n’a qu’à se demander : voudrais-je les savoir par cœur ? […] les premiers philosophes ont été poètes ; Horace est le bréviaire des philosophes ; Molière, par sa connaissance des hommes et du cœur humain, Corneille, par la force du raisonnement, étaient ou grands philosophes, ou faits pour l’être.

1946. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Sur un être ardent et surchauffé qui, dans tout son livre, ne sait gouverner ni son cœur ni sa main, le culte de la Vierge Marie doit être de la plus grande puissance, non pas en vertu des augustes et surnaturels attributs de la Mère de Dieu, mais en vertu de son sexe même… Les impies de ce temps d’impiété opposent depuis quelques années au Christianisme ce qu’ils appellent le « Marianisme ». […] À ces esprits de vanité insensée, la Vierge Marie, invoquée sous tant de noms magnifiques dans les Litanies, apparaît surtout comme une femme ; et cette femme prend, à ces orgueilleuses d’être femmes, l’imagination et le cœur plus fort même que le Dieu-Homme ; et c’est ainsi que le bas-bleuisme se retrouve dans leur foi religieuse qu’il infecte, et qu’il fait son impertinente poussée jusque dans le ciel !

1947. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Amédée Renée, qui a si bien compris la comtesse Mathilde, cette forte amie de Grégoire VII, a compris non moins bien cet homme qu’elle portait avec Dieu dans son âme… Il a vu le grand homme dans le cœur de la grande femme ; superbe milieu pour le regarder ! […] Alors, les mauvaises mœurs rongeaient la société chrétienne jusqu’au cœur du prêtre, et l’hérésie, cette autre corruption spirituelle, pourrissait l’esprit même du sacerdoce.

1948. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Elle se croyait ni plus ni moins qu’un homme… parce qu’elle s’était durcie dans la science, dans l’implacable pureté du cœur. […] Ce qu’il y a de certain, du reste, c’est que parmi tous ces engoués du xviie  siècle, qui le retournent pour y chercher quelque grimaud bien oublié à remettre en lumière et s’en faire honneur, il ne s’en trouvera pas un seul qui ait le cœur de nous donner, par exemple, la vie de saint Vincent de Paul, qui était bien aussi pourtant du xviie  siècle, et qui n’a pas encore une bonne histoire.

1949. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Mais ces années étaient les années affreusement lamentables où nous n’avions en France ni le loisir, ni le cœur de nous occuper de littérature. […] Il se place au cœur de toutes, pour les mieux voir et les mieux sentir, — et c’est de là que le moraliste qu’il est avant tout, ce Carlyle, aperçoit le côté ridicule, abusif, outrancier, caricaturesque de toute chose humaine, et qu’il part de cet éclat de rire qui rappelle cet immense éclaffeur de Rabelais, mais amertumé de la cruelle gaieté anglaise, plus féroce que la nôtre ; la gaieté de Swift et d’Hogarth !

1950. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Ce qu’on doit rencontrer ici, c’est le Français, — le Français de cœur qui respirait dans ce Grec par l’intelligence ; c’est le journaliste oublié, — que la guillotine n’oublia pas, elle ! […] Il se donne à plein cœur à Chénier.

1951. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Quand on absout l’humanité, parce que, dit-on, on la comprend, quand la meilleure justification des choses est… qu’elles sont ou qu’elles furent, il faut bien accepter la religion avec tout le reste, car il y en a eu assez, de religions, sur la terre de ce globe, et assez de sentiment religieux dans les cœurs qui battent encore à sa surface ou qui dorment glacés dessous. […] Mais on se dit, malgré la crainte que j’exprimais au commencement de ce chapitre, qu’il n’y a pas plus de fatalité pour l’esprit que pour le cœur, et que l’homme est son maître, tout en se donnant et même après s’être donné un maître !

1952. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

La noble passion intellectuelle, étouffée par la grossièreté de l’air ambiant que le Matérialisme épaissit encore, s’est évaporée comme un éther, tandis que l’ambition politique subsiste et flambe toujours, immortelle comme les convoitises et les bassesses dans le cœur de l’humanité ! […] Il y tomba sous la pression de cette idée du sens commun prise comme criterium de toute vérité, et que tous les esprits faussés par une révolte quelconque de l’esprit ou du cœur peuvent invoquer.

1953. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Si le livre où le Réalisme le plus dénué d’invention, et qui s’en vante, peint toujours la réalité la plus terne, la plus sotte ou la plus abjecte, si ce livre inouï a le malheur d’être vrai, c’est la plus terrible, et pour un homme de cœur la plus douloureuse accusation qui puisse être jamais lancée contre ce colosse sans âme qu’on appelle, avec une ironie dont on ne se doute pas, « la sainte Russie » dans les ukases impériaux ! […] Rien n’entre mieux dans le cœur des hommes que leur propre image qu’on leur rapporte, car jamais ils ne pourront croire que les réfléchir, ce ne soit pas les admirer !

1954. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Dans un roman qui devrait être, comme tout roman, une profonde ou riche étude du cœur humain, il nous a donné beaucoup de cabotinisme, suffisamment de Bade, beaucoup de Pologne, un peu de Californie, et, pour terminer la chose, une brûlure de danseuse en plein théâtre. […] Aussi arrive-t-il un moment, quand on ne lit pas l’ouvrage comme il a été fait, dans l’ordre suspendu du feuilleton avec ses interruptions et ses coupures, où le lecteur le plus intrépide et le plus cuirassé contre le mal au cœur est tenté de rejeter le livre dont un pareil homme est le héros.

1955. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Il lui transmit ses propres qualités très marquées, avec je ne sais quoi de fixe et d’opiniâtre : la probité, la fierté, la hauteur du cœur, et des instincts de race forte sous une brève stature. […] S’il lui avait fallu jeter au feu ses Mémoires, croyant avoir fait un long péché, quel dommage, quel arrachement de cœur ! […] Il avait beau se surveiller, il avait des silences expressifs et éloquents, ou des énergies d’expression qui emportaient la pièce ; « il lui échappait d’abondance de cœur des raisonnements et des blâmes. » Quand on le lit aujourd’hui, on n’a pas de peine à se figurer ce qu’il devait paraître alors. […] La mort subite du régent (1723) vint peu après l’avertir de ce que la mort du duc de Bourgogne lui avait déjà dit si éloquemment au cœur, que les choses du monde sont périssables, et qu’il faut, quand on est chrétien, penser à mieux. […]  »  Je le crois bien que ces Mémoires de Saint-Simon vous mettent hors de vous ; ils vous transportent au cœur d’un autre siècle.

1956. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Avec quel serrement de cœur il dut voir qu’une correspondance obligée de plus de 2 000 lettres par an ne lui laissait plus le temps de se livrer à son travail particulier ! […] Ce sont là de ces choses qu’un savant ne doit pas avouer.” » Une dernière lettre de lui à Mlle Ludmilla Assing, nièce chérie de son ami Varnhagen, témoigne que l’ombre de la mort n’avait point atteint le cœur. […] Puis Cicéron, l’homme d’État malheureux, se réfugiant dans la nature, conserve dans son cœur, en proie aux passions politiques, un goût vif pour la nature et l’amour de la solitude. […] Je combats contre la douleur autant que je le puis, mais la lutte est encore au-dessus de mes forces. » Plusieurs critiques ont cru retrouver par avance dans ces lettres, ainsi que dans celles de Pline, l’accent de la sentimentalité moderne ; je n’y vois, pour moi, que l’accent d’une sensibilité profonde, qui, dans tous les temps et chez tous les peuples, s’échappe des cœurs douloureusement émus. […] L’ensemencement des champs, la culture de la vigne, qui réjouit le cœur de l’homme, celle de l’olivier, y ont aussi trouvé place.

1957. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

c’est un grand trou dans son cœur et sa société, que cette mort, cette disparition de sa vieille giraille. […] Mercredi 4 janvier Aujourd’hui la princesse est allée voir un peintre de ma connaissance… Tout à coup, elle s’est mise à pleurer, et a dit « qu’elle ne savait que faire de ses journées… qu’elle voulait voir des choses qui la sortent un peu de son chagrin », ajoutant « qu’elle a besoin que ses amis l’adoptent un peu. » Il y a vraiment de grandes qualités de cœur chez cette Altesse. […] Il porte une épingle de cravate, formée de deux cœurs, reliés par une croix : l’épingle de la haute gomme du faubourg Saint-Germain. […] Got est un excellent, un très remarquable acteur dans une pièce bourgeoise, mais en ce rôle historique, il ne sait ni être bossu, ni boiter, ni pleurer, ni dire un vers, et il n’a pas même la silhouette naine à la Velasquez, qu’aurait eue Rouvière… Puis toujours cette humanité hugotienne, cette humanité à la sublimité des sentiments et qui parle seulement au cerveau, et non pas au cœur, à la fibre. […] » Dimanche 17 décembre Il est de par le monde, un certain nombre de femmes tendres et toquées, dont c’est charmant d’être l’ami intime, l’ami de cœur, mais dont je ne voudrais à aucun prix être l’amant.

1958. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maupassant, Guy de (1850-1893) »

. — Notre cœur (1890). — La Vie errante (1890). — Musotte (1891).

1959. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mestrallet, Jean-Marie »

Là respire non pas la vie matérielle, mais celle d’un cœur aimant, mélancolique et désillusionné.

1960. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 490-491

Son cœur, toujours ému par la volupté, lui fournissoit sans effort ces tournures naïves & délicates, propres à peindre les sentimens qu’il éprouvoit.

1961. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 176-177

Il est vrai que M. de Sacy fut toujours plus jaloux des sentimens du cœur, que des talens de l'esprit ; mais si ses Plaidoyers & son Traité de l'Amitié n'ont rien qui le distingue de la foule des Ecrivains, le Traité de la Gloire méritoit certainement des éloges, quoique l'élocution en soit fatigante, parce qu'elle est trop maniérée, quoiqu'il y regne un choc presque continuel de contrastes & d'antitheses.

1962. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

L’autre est un Philosophe stoïcien qui la regarde et qui sent son cœur s’émouvoir.

1963. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Boyer, Philoxène (1827-1867) »

Théodore de Banville Ô jeune homme dont les premiers chants furent pénétrés d’une tendresse si émue, victime que l’Étude avait choisie pour montrer comme elle est une maîtresse jalouse, ô poète, cœur brisé, ô prunelle avide et curieuse, ô subtil esprit en éveil, ô mon frère endormi, chère âme !

1964. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Braz, Anatole (1859-1926) »

à ceux qui veulent être délivrés de cette obsession par la voix d’un chanteur dont les mélodies ont la vertu d’endormir les soucis et d’apaiser le cœur souffrant des hommes.

1965. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 431-433

Si c’est leur proposer un nouveau travail, ils ne doivent pas ignorer que le Public est en droit d’en exiger de leur part ; que c’est leur fournir un moyen d’augmenter le nombre des Spectateurs, & de cultiver leur talent dans un genre plus propre à toucher le cœur, que les maximes philosophiques qu’ils se tuent de débiter avec emphase.

1966. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 214-216

Si dans la fleur de son bel âge, Fille qui pourroit tout charmer, Vous donne son cœur en partage, Qu’on est sot de ne pas aimer !

1967. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 286-288

Si l'expression de la sensibilité inépuisable de son cœur paroît quelquefois emprunter le langage de l'esprit, ce n'est que pour produire de ces traits fins & délicats, fruit d'une imagination tendre & vive, & rendus dans un style qui peint & anime tout.

1968. (1763) Salon de 1763 « Conclusion » p. 255

Qu’un morceau de toile soit barbouillé, ou qu’un cube de marbre soit gâté, qu’est-ce que cette perte en comparaison du soupir amer qui s’échappe du cœur de l’homme affligé ?

1969. (1874) Premiers lundis. Tome II « X. Marmier. Esquisses poétiques »

Ceci est bien : les jeunes cœurs tendres et ouverts aux sympathies ont dû passer par cette phase mélancolique à leur entrée dans un monde égoïste et oisif ; livrés à des occupations sans rapport avec leur vocation secrète, ils ont dû placer leur idéal dans cette vie opulente et facile dont ils sont les témoins un peu jaloux : ils rêvent un véritable paradis à deux, dans le parc de quelque vieux château, à l’ombre des hautes futaies ou des charmilles.

1970. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ajalbert, Jean (1863-1947) »

— Le Cœur gros (1894). — Notes sur Berlin (1894). — L’Auvergne (1896). — Celles qui passent (1898). — Les Deux Justices (1898). — Sous le sable (1898).

1971. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 334-336

Le Traité de l’amour de Dieu, l’Introduction à la vie dévote, ses Lettres à différentes personnes & sur différens sujets, sont autant de chef-d’œuvres de lumieres & de sentiment, capables de dompter les esprits rebelles, & d’émouvoir les cœurs endurcis.

1972. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 361-363

C’est lui qui dans mon cœur vient combattre aujourd’hui Votre humeur, vos discours, vos soins, & vos tendresses ; Vous ne voudriez pas l’emporter dessus lui.

1973. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 8, des differens genres de la poësie et de leur caractere » pp. 62-63

S’il est permis de parler ainsi, l’esprit est d’un commerce plus difficile que le coeur.

1974. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Car n’eussiez-vous pas cru que le pire malheur, pour un chrétien, fût d’avoir détrôné, dans « le temple de son cœur », l’empire de la vérité ? […] Assurés que nous sommes d’être au cœur de la doctrine, sinon de la connaître tout entière, nous pouvons donc l’abandonner maintenant à sa fortune, et nous contenter d’en suivre les vicissitudes. […] — « Le cœur a son ordre, l’esprit a le sien, qui est par principes et par démonstration : le cœur en a un autre. […] Ce que le grand Corneille a le plus ignoré, c’est ce que Racine a le mieux connu, ce « cœur humain », mélange de grandeur et de bassesse, variable et changeant, éternellement agité d’inquiétude, mystérieux et profond, énigme irritante, insoluble et désespérante pour lui-même. […] « Lorsque la vertu cesse dans le gouvernement populaire, l’ambition entre dans les cœurs qui peuvent la recevoir et l’avarice entre dans tous.

1975. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Ce n’est pas précisément une nouvelle mentalité, c’est un nouveau cœur. […] Et quelles furent les dix réconciliations et les dix vérités et les dix éclats de rire dont ton cœur s’est régalé ? […] Et il parla ainsi à son cœur : « Bienheureux celui qui habite auprès de ce sage ! […] Je n’ignore pas la haine et l’envie de votre cœur. […] Quand la pitié entre dans le cœur de l’espèce supérieure, celle-ci est perdue, et avec elle la nation, et avec elle une civilisation, et tout est à recommencer.

1976. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Un ciel gris, fondant par intervalles en une neige épaisse ajoutait sa tristesse à celle des lieux, tristesse qui saisit les yeux et les cœurs dès que la naissance du jour, très tardive en cette saison, eut rendu les objets visibles. […] L’aspect de ses bords avait de quoi navrer le cœur. […] Le cœur humain ne perd jamais ses droits dans l’histoire : quand l’intérêt descend de la tête dans le cœur, l’historien mêle heureusement quelques larmes de femmes à tout ce sang qui n’excite qu’une pitié abstraite dans l’âme des lecteurs. […] Thiers a montré dans ces pages qu’il pouvait attendrir au besoin ; son style, très souvent technique, s’élève jusqu’au diapason de la fibre du cœur humain, qui se déchire sous la pourpre avec les mêmes gémissements que sous la bure. […] Nul ne sait ce qu’il serait advenu de la France si le Directoire ou si les autres gouvernements nationaux que la France libre allait se donner sous d’autres formes n’avaient pas été sabrés par le général revenu du Caire à Paris ; mais, s’il est douteux que ces gouvernements eussent fait passer en triomphe la France de Rome et de Madrid à Vienne, à Berlin, à Moscou, par toutes les capitales de l’Europe, il est douteux aussi que ces gouvernements eussent anéanti sous les pieds des soldats tous les fruits si chèrement achetés de la révolution de 1789, et qu’ils eussent ramené deux fois sur leurs pas les invasions étrangères au cœur de Paris.

1977. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Cette apparente dérision des événements doit commencer par l’abdication de soi-même ; car, pour affecter et pour soutenir ce rôle d’impartialité avec toutes les fortunes, il faut que l’homme écarte les deux choses qui font la dignité du caractère et la sainteté de l’intelligence : la fidélité à ses attachements et la sincérité de ses convictions, c’est-à-dire la meilleure part de son cœur et la meilleure part de son esprit. […] En arrivant à Paris, il trouva dans le cœur et dans la bourse de ses amis les premiers vingt-cinq louis, base d’une fortune princière. […] Il lui convenait de jeter ses favoris dans les affaires, afin de gouverner l’Europe par les hommes dont elle gouvernait le cœur et l’esprit. […] Un présent diplomatique, signe d’attention particulier, est offert au prince de la Paix, qui tient à Madrid le cœur et la politique de cette branche de la maison de Bourbon. […] Le moment était passé ; ce n’était plus le cœur de l’empereur d’Autriche qui allait prononcer : c’était sa raison, c’était son cabinet, c’était son armée.

1978. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Lorsqu’on ne descend pas d’un certain niveau, la médiocrité des choses, antipathique à l’historien de cœur, n’offre pas le danger d’une hache qui pourrait lui blesser la main et mutiler son énergie. […] La partie qui reste de son ouvrage, et qui formera deux autres volumes, nous relèvera le cœur, puisqu’elle relèvera la France de rabaissement continu auquel nous la voyons réduite dans les deux premières. […] Au milieu de ce labyrinthe d’intrigues, de ce mauvais air d’antichambre, de police et de sales manèges, qui est comme le fond de ces deux volumes, on sent battre le cœur du pays à travers la frontière, on entrevoit quelque chose de vengeur, quelque chose de dessouillant, comme disait Napoléon, qui va venir et qui s’approche, et l’écrivain, qui est très habile, prépare admirablement le coup d’État final de son héros. […] Très peu connu, quoique très célèbre, parce que les partis qu’il a blessés, et souvent jusqu’au cœur, en les combattant, avaient un intérêt de passé et d’avenir à calomnier un ennemi aussi redoutable, on n’a guères vu Cassagnac qu’à travers leur injure. […] Évidemment, de tête, de cœur et de main, il était organisé pour la bataille.

1979. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Un vase corrompu aigrit la plus douce liqueur. » « L’étude du cœur de l’homme est notre plus digne étude : Assis au centre obscur de cette forêt sombre Qui fuit et se partage en des routes sans nombre, Chacune autour de nous s’ouvre : et de toute part Nous y pouvons au loin plonger un long regard. » Belle image que celle du philosophe ainsi dans l’ombre, au carrefour du labyrinthe, comprenant tout, immobile ! […] Il s’arrêta longtemps à contempler leurs jeux ; Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux, Dit : Baisez, baisez-vous, colombes innocentes, Vos cœurs sont doux et purs, et vos voix caressantes ; Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat, Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. » L’édition de 1833 (tome II, page 339) donne également cette épitaphe d’un amant ou d’un époux, que je reproduis, en y ajoutant les lignes de prose qui éclairent le dessein du poëte : Mes mânes à Clytie. — Adieu, Clytie, adieu. […] si tu ne viens pas seule ici, chaque aurore, Rêver au peu de jours où j’ai vécu pour toi, Voir cette ombre qui t’aime et parler avec moi, D’Élysée à mon cœur la paix devient amère, Et la terre à mes os ne sera plus légère. […] Quand on relit un auteur ancien, quel qu’il soit, et qu’on sait André par cœur, les imitations sortent à chaque pas.

1980. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rameau, Jean (1859-1942) »

. — Le Cœur de Régine (1896). — La Demoiselle à l’ombrelle mauve (1897). — Les Féeries (1897). — Plus que de l’amour (1898). — Le Dernier Bateau (1900).

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