L’Empire romain ne doit pas tant être considéré comme un État qui a été renversé pour faire place à d’autres, que comme le premier essai de la civilisation universelle, se continuant à travers une extinction momentanée de la réflexion (qui est le Moyen Âge) dans la civilisation moderne. […] Sans doute, si la culture intellectuelle devait toujours rester ce qu’elle est parmi nous, une profession à part, une spécialité, il faudrait désespérer de la voir devenir universelle.
L’histoire, elle aussi, se fait alors au profit et sous la direction de l’Église : c’est Bossuet qui, dans son Discours sur l’histoire universelle montre le catholicisme comme le terme triomphal où aboutissent toutes les civilisations de l’ancien monde ; ce sont les Bénédictins qui débrouillent patiemment le chaos de notre passé national. […] Les lettres de Voltaire sur l’Angleterre, où il vulgarise les idées de Locke et les découvertes de Newton sur la gravitation universelle sont lacérées et brûlées solennellement ; l’ouvrage a été déclaré scandaleux, contraire à la religion, aux bonnes mœurs et au respect dû aux puissances.
On le voit, un lien intime unit la théorie de la volonté avec la doctrine générale des idées-forces, qui consiste précisément à admettre l’universelle présence du vouloir et du mouvoir dans toute représentation. […] La classification distincte en mien et tien, moi et toi, suppose sans doute un jugement réfléchi, avec la conception de deux centres opposés, si bien que les idées du moi et du non-moi sont des produits tardifs de la réflexion ; mais le sentiment du passif et de l’actif est immédiat, universel.
Quel jour se passe sans qu’on nous informe « du flot montant de la démocratie, de l’invasion de la démocratie, de la nécessité de se retremper dans le sein du suffrage universel », sans qu’on flétrisse ces patrons inhumains « qui s’engraissent de la sueur du peuple » ? […] Proscrit de la littérature, le cliché a son emploi légitime dans tout le reste ; c’est dire que son domaine est à peu près universel.
En 1804, l’auteur d’une de ces Biographies universelles idiotes où l’on trouve moyen de raconter l’histoire de Calas sans prononcer le nom de Voltaire, et que les gouvernements, sachant ce qu’ils font, patronnent et subventionnent volontiers, un nommé Delandine, sent le besoin de prendre une balance et de juger Shakespeare, et, après avoir dit que « Shakespear, qui se prononce Chekspir », avait, dans sa jeunesse, « dérobé les bêtes fauves d’un seigneur », il ajoute : « La nature avait rassemblé dans la tête de ce poëte ce qu’on peut imaginer de plus grand, avec ce que la grossièreté sans esprit peut avoir de plus bas. » Dernièrement, nous lisions cette chose écrite il y a peu de temps par un cuistre considérable, qui est vivant : « Les auteurs secondaires et les poètes inférieurs, tels que Shakespeare », etc. […] L’antithèse de Shakespeare, c’est l’antithèse universelle, toujours et partout ; c’est l’ubiquité de l’antinomie ; la vie et la mort, le froid et le chaud, le juste et l’injuste, l’ange et le démon, le ciel et la terre, la fleur et la foudre, la mélodie et l’harmonie, l’esprit et la chair, le grand et le petit, l’océan et l’envie, l’écume et la bave, l’ouragan et le sifflet, le moi et le non-moi, l’objectif et le subjectif, le prodige et le miracle, le type et le monstre, l’âme et l’ombre ; c’est cette sombre querelle flagrante, ce flux et reflux sans fin, ce perpétuel oui et non, cette opposition irréductible, cet immense antagonisme en permanence, dont Rembrandt fait son clair-obscur et dont Piranèse compose son vertige.
Après cette observation, je reviens à la comparaison que j’ai faite d’un cours de la science universelle à une grande avenue à l’entrée de laquelle il se présente une foule de sujets qui crient tous à la fois : « Instruction, instruction ! […] Il est encore deux points de vue sous lesquels on peut embrasser la science universelle, points de vue très-généraux, l’homme et la nature, l’homme seul et l’homme en société.
Si on n’a pas le génie de Bossuet, il faut au moins la conception de son Histoire universelle pour comprendre quelque chose à celle-ci. […] Amédée Thierry ne manque pas à l’histoire de l’Église universelle, et l’historien aurait pu la trouver là, s’il ne la trouvait pas dans sa propre pensée.
Mill 57, sont d’ordinaire plus attachés à leurs dogmes que ceux des Églises universelles. — Toutes observations qui prouvent suffisamment l’influence de la quantité sociale non pas seulement sur la façon dont les hommes réalisent leurs idées et leurs sentiments, mais sur le ton même de ces sentiments et, le tour de ces idées. […] Ce n’est pas par hasard que, suivant Denis, la morale antique au temps d’Alexandre devient à la fois universelle et plus personnelle.
. — Sympathie universelle et goût de la France pour l’esprit 167 XLII. — Félix Pyat contre Jules Janin 172 XLIII. — Suite de la polémique entre Félix Pyat et Jules Janin. — Mademoiselle Rachel dans Bérénice 173 XLIV. — Le bon Nodier 175 XLV. — Suites et conséquences de la visite des députés légitimistes au comte de Chambord en Angleterre. — Explosions de la Chambre. — Les flétris.
Il fallait que les avantages de la société devinssent universels ; car tout dans la nature tend au niveau ; mais les douceurs de la vie privée, la diffusion des lumières, les relations commerciales établissant plus de parité dans les jouissances, apaiseront par degré les sentiments de rivalité entre les nations.
Les philosophes anciens, exerçant pour ainsi dire une magistrature d’instruction parmi les hommes, avaient toujours pour but l’enseignement universel ; ils découvraient les éléments, ils posaient les bases, ils ne laissaient rien en arrière ; ils n’avaient point encore à se préserver de cette foule d’idées communes, qu’il faut indiquer dans sa route, sans néanmoins fatiguer en les retraçant.
La gaieté piquante, plus encore même que la grâce polie, effaçait toutes les distances sans en détruire aucune ; elle faisait rêver l’égalité aux grands avec les rois, aux poètes avec les nobles, et donnait même à l’homme d’un rang supérieur un sentiment plus raffiné de ses avantages ; un instant d’oubli les lui faisait retrouver ensuite avec un nouveau plaisir ; et la plus grande perfection du goût et de la gaieté devait naître de ce désir de plaire universel.
La multiplicité des connaissances acquises, des enquêtes à conduire rend les hommes universels de plus en plus rares.
La plupart des sentiments dont il a reçu l’héritage sont trop universels encore pour qu’il puisse les dire selon les saintes règles d’une prosodie que des siècles ont formée et dans laquelle, poème à poème, s’est révélée toute l’âme d’un peuple dans sa précision victorieuse.
Une grande intelligence universelle n’est pas souvent unie à une riche sensibilité naturelle.
; ou : Il est maintenant superflu de louer ce livre, puisque la voix universelle déclare toutes les louanges fort au-dessous de son mérite, etc., etc.
Ce serait l’heure, pour celui à qui Dieu en aurait donné le génie, de créer tout un théâtre, un théâtre vaste et simple, un et varié, national par l’histoire, populaire par la vérité, humain, naturel, universel par la passion.
Revue Universelle Larousse, nº du 1er sept. 1905 (À Travers la France) mais surtout l’Action Régionaliste (de Charles-Brun, secrét.
» Une autre personne aurait simplement remarqué que, s’il y a deux genres de style, rien n’empêche un auteur de les mêler ; qu’en exposant des théories philosophiques dans sa Tentation Flaubert a fait du style abstrait, et qu’en peignant Antioche ou les chrétiens aux lions il fait du style de couleur ; que Taine, parlant philosophie ou suffrage universel, faisait du style d’idées, et qu’en évoquant la campagne italienne ou les Pyrénées il fait du style de couleur.
Ce sentiment, universel et indestructible, qui est comme la conscience des peuples, se manifeste surtout aux grandes époques de crise ; il peut donner lieu à bien des erreurs, à bien des superstitions ; il peut même, et l’histoire nous en offre plus d’un exemple, il peut encourager des imposteurs, les investir d’un grand crédit sur la multitude, les élever à une mission usurpée ; mais il vient d’une confiance sans laquelle les nations seraient, durant ces époques de crise, semblables à un vaisseau battu de la tempête qui aurait perdu de vue l’étoile polaire.
Je ne veux pas être une pensée mutilée, fragmentaire, dans l’universelle raison, un être isolé dans la communauté des hommes : j’entends servir la société et non point par goût des louanges, ni par désir d’être aimé, ni par sympathie pour mes contemporains, mais parce que le monde est un et que je veux me conformer à ses lois, qui sont d’ailleurs harmonieuses avec ma raison.
Soit intérêt, soit justice, on a donc partout rendu des honneurs aux grands hommes ; et de là les statues, les inscriptions, les arcs de triomphe ; de là surtout l’institution des éloges, institution qui a été universelle sur la terre.
L’universel néant. […] Il s’est laissé toucher par le sentiment de l’universelle fraternité dans la souffrance, par la pitié douce et profonde. […] Brunetière soit autrement fâché de savoir qu’il n’est pas entouré de l’universelle sympathie. […] » Il trace un tableau de l’universelle misère humaine. […] Il a montré que le travail est la loi universelle et qu’ici-bas tout le monde travaille.
Remarquez d’abord que les deux poëmes, tout en étant l’expression d’une préoccupation permanente et universelle de l’esprit humain, sont aussi l’expression particulière des préoccupations d’une époque et d’une nation. […] Le génie de Dante, éminemment sacerdotal comme le génie de Gœthe, ramène toutes choses à ce qu’il appelle, dans son Convito, la religion universelle de la nature humaine. […] Son Église à lui est véritablement universelle, car ses fondements reposent non sur la tradition particulière de tel ou tel sacerdoce, mais sur la tradition naturelle du genre humain. […] Il voit en Dieu l’universelle harmonie des âmes et des mondes. […] Elle cherche, dans l’enthousiasme de son hellénisme renaissant, ce qu’elle appelle l’éducation humaine des belles individualités, et la religion universelle des peuples.
IX Ni Montesquieu, dans ses Considérations sur la décadence, ni Bossuet lui-même, dans les éclairs de son Histoire universelle, n’ont cette évidence instinctive de sagacité qui caractérise l’infaillibilité de Machiavel dans ce coup d’œil sur la politique romaine. […] Cette élection de l’empereur par le pontife devient un droit d’élection universel des empereurs d’Occident par les papes. […] L’Italie elle-même, qui n’est pas piémontaise mais italienne, réprouvera un jour ce rêve de monarchie universelle des tribuns piémontais ; un tribun n’est pas obligé d’être un homme d’État.
Un de ses meilleurs et derniers biographes, le baron Walckenaer raconte en ces termes un acte de charité de Montesquieu, devenu célèbre, et que le théâtre a même reproduit, d’après Fréron, sous le titre de : le Bienfait anonyme. » « Il allait souvent à Marseille, dit le baron Walckenaer dans la Biographie universelle, visiter madame d’Héricourt. […] Mais je pensais que la gravité du sujet avait peut-être rebuté l’esprit si charmant, quoique si solide, de Voltaire, et qu’il ne fallait pas demander à un homme universel, — réputé léger, — un jugement sur un magistrat — réputé érudit. — Je m’étais réservé de lire à fond Montesquieu quand j’en aurais le temps et de me faire une idée juste de l’Aristote de la France. […] Il n’y a pas plus de généralités pratiques en législation qu’il n’y a de panacées universelles en médecine.
Soumises ainsi aux lois de tout développement, les œuvres de Wagner confirment encore l’un des modes universels de toute manifestation de force : le rhythme, et peuvent ainsi être curieusement assimilées à l’œuvre même du philosophe anglais. […] L’un et l’autre sont des sommets d’onde auxquels monte l’esprit humain dans sa lente navigation vers l’universel. […] Le drame musical parle le langage du chant ; ses personnages sont des Types, présentés dans leur seule essence ; le tout, un tableau idéal, le Mythe universel.
Prenez-vous en aux Collèges qui élevoient la jeunesse, & à l’esprit de pédanterie universelle qui mettoit la derniere main à notre barbarie que les Collèges avoient ébauchée. […] Un malheureux écolier, devenu imbécile pour avoir été forcé pendant quatre ans d’apprendre par cœur Jean Despautere, & ensuite devenu raisonneur pour avoir soutenu une thèse sur l’universel de la part de la chose & de la pensée, & sur les cathégories, recevoit en public son bonnet, & sans connoître ni sa portée, ni ses talens, s’en alloit prêcher devant un auditoire, dont les trois quarts étoient plus imbéciles que lui & plus mal élevés. […] Mais il est principalement connu par le Dictionnaire moral, ou la Science universelle de la Chaire, en six vol.
Nombre d’autres faits analogues pourraient être cités ; et c’est enfin une règle presque universelle que les productions autochtones des îles soient en parenté étroite avec celles des continents les plus rapprochés ou des autres îles voisines. […] Cependant une sorte de concurrence universelle devait avoir lieu, tendant à fixer les lois générales de la vie à la surface de notre planète, selon les conditions partout uniformes qu’elle présentait alors ; et ces caractères généraux, acquis dès lors, seraient ceux-là mêmes qu’on observe encore aujourd’hui dans le règne organique tout entier, caractères peut-être contingents, en ce sens qu’ils sont exclusivement adaptés aux conditions de la vie terrestre, et que nous ne pouvons conséquemment étendre, que par une hypothèse toute gratuite, aux autres planètes du système solaire ou aux autres astres du ciel. […] Tous ces types, aujourd’hui complétement inconnus, devaient être d’une simplicité extrême ; mais la concurrence universelle agissant avec une puissance croissante sur ces organismes encore si mal fixés, si mal spécialisés et si variables, en peu de temps les formes les mieux déterminées durent supplanter les plus indéterminées.
Sa curiosité d’esprit était dès lors universelle. […] Plus d’utopies humanitaires : assez longtemps nous avons convié les autres peuples à la fraternité universelle ; nous savons ce que coûtent ces générosités ; nous devons aimer la patrie d’un amour étroit, exclusif, l’aimer à la façon des anciens. […] Restent les belles méditations sur l’universelle vanité, sur la mort, sur la grâce ; mais vous les retrouverez, et tout aussi belles, dans les Sermons. […] Vous n’avez qu’à ouvrir le Discours sur l’histoire universelle. […] ce sage reconnaissait lui-même un peu auparavant qu’il y a, quoi qu’on fasse, des souffrances inutiles et inexplicables ; le grand cri de l’universelle douleur montait malgré lui jusqu’à ses oreilles : et tout de suite après il est gai !
L’ombre s’oppose à la lumière, la gamme des tons s’échelonne, les demi-teintes s’estompent, les nuances se fondent, — universel mirage qui a nos organes pour artisans subtils. […] À la face de cet infini, l’homme lui semble je ne sais quoi d’infime, toujours en voie de s’absorber dans l’abîme universel. […] Ollé-Laprune a raison de dire que sa prière est « universelle ». […] Des herbes drues, des brindilles se mêlent, et l’invasion de ces jeunes pousses semble figurer cette rapide expansion de la vie universelle qu’il admirait avec effroi. […] Ainsi il se replongeait dans la fluidité première, sans figure ; il s’absorbait dans l’universel.
Un enthousiasme universel. […] Elles valaient peut-être mieux, après tout que l’universelle veulerie, l’universel éloge publicitaire de nos jours. […] Zola est un auteur de suffrage universel. […] Pas d’art en effet plus international que la musique, dont le langage est universel. […] Elle revient au galop, avertit… Épouvante, lâcheté universelles.
De même encore — et longtemps avant lui, puisque l’origine en remonterait au besoin jusqu’à l’hôtel de Rambouillet, — ce mouvement avait commencé, dont l’objet était de donner à la langue française les qualités qui jadis avaient fait du grec ou du latin la langue universelle. […] La première est l’idée de l’universel mécanisme, c’est-à-dire de la solidarité de toutes les parties, et conséquemment de l’unité de la science. […] Tels qu’ils sont, ils se montrent ; et, rien qu’en se montrant, ils font ressortir, ils mettent dans son jour la complaisance universelle et un peu vile de Philinte, l’égoïsme féroce d’Arnolphe, la sottise de M. […] Pour justifier Bossuet des reproches qu’on a pu faire à son Discours sur l’Histoire universelle, que ne propose-t-on aussi d’en parler comme s’il l’avait intitulé : Observations sommaires sur l’histoire de quelques peuples anciens ! […] L’Essai sur les mœurs, ou le Discours sur l’histoire universelle, voilà qui est, clair, qui est lumineux, dont l’objet et l’idée générale, faciles à saisir, faciles à retenir, n’ont jamais fait hésiter personne.
Il s’ensuit, comme on l’a souvent remarqué, qu’une espèce peut s’éloigner de ses alliées sous plusieurs rapports, à la fois de grande importance physiologique et de valeur presque universelle, et cependant ne nous laisser aucun doute sur le rang qu’elle doit occuper. […] Comment expliquer la différence si générale, mais non pas universelle, qu’on observe entre la structure de l’embryon et celle de l’adulte ? […] Mais l’exemple du Culbutant à courte face prouve que cette. règle n’est pas universelle, car, ou les différences caractéristiques doivent avoir apparu à une période plus hâtive que de coutume, ou bien ces différences, au lieu de s’être transmises à l’âge correspondant se sont transmises un peu plus tôt171. […] C’est aussi, je crois, une règle universelle, qu’un organe rudimentaire soit proportionnellement plus gros, relativement aux organes voisins, chez l’embryon que chez l’adulte ; de sorte que dans le jeune âge cet organe est en réalité moins rudimentaire, et parfois même ne l’est nullement.
L’imitation du laid devient au fond une imitation du beau et de l’ordre universel ; l’imitation en général tend à devenir une création et la fiction tend à s’évanouir dans la vie. […] Ce « tourment de l’infini » qui désole certaines âmes leur a donné aussi les jouissances les plus délicates, et peut-être auraient-elles hésité à l’échanger contre la science universelle. […] Au contraire, une science universelle et synthétique aurait une poésie venant de son immensité même. […] Cette perception de l’universelle analogie dans l’universelle différence n’est-elle pas identique à ce que Leibniz appelait le sens philosophique par excellence ? […] James Sully, dans son important ouvrage sur la Sensation et l’Intuition, a également appliqué aux arts la théorie de l’évolution universelle.
ce docteur qui tranche ignore tout ou fait semblant ; il paraît ne pas savoir que depuis 1800, depuis cette ère de renouvellement et de reconstruction sociale universelle, il y a eu quantité d’institutions ou d’administrations publiques à l’occasion desquelles on dit : « depuis la création. » On dit d’un ancien préfet, d’un ancien administrateur des Droits réunis, d’un ancien membre de l’Institut : « Il était préfet dès la création, — il appartenait à l’Institut dès la création, — il était dans la partie depuis la création, etc.
Le christianisme, au contraire, doué d’une sainte ardeur d’expansion et de fraternité universelle, perdit certainement en cohésion, s’il gagna beaucoup en étendue ; dans son avidité de pêche miraculeuse, il dédoubla ses filets pour que, plus déliés et plus extensibles, ils prissent le côté immatériel de chaque vie et parvinssent à envelopper plus d’âmes.
Un jour heureux, un être distingué rattachent à ces illusions, et vingt fois on revient à cette espérance après l’avoir vingt fois perdue ; peut-être à l’instant où je parle, je crois, je veux encore être aimée, je laisse encore ma destinée dépendre toute entière des affections de mon cœur ; mais celui qui n’a pu vaincre sa sensibilité, n’est pas celui qu’il faut moins croire sur les raisons d’y résister ; une sorte de philosophie dans l’esprit, indépendante de la nature même du caractère, permet de se juger comme un étranger, sans que les lumières influent sur les résolutions, de se regarder souffrir, sans que sa douleur soit allégée par le don de l’observer en soi-même, et la justesse des méditations n’est point altérée par la faiblesse de cœur, qui ne permet pas de se dérober à la peine : d’ailleurs, les idées générales cesseraient d’avoir une application universelle, si l’on y mêlait l’impression détaillée des situations particulières.
Il la regarde et l’interprète selon le besoin de son cœur ; il y réalise son rêve d’ordre, d’harmonie, de bonté universelle, que la société avait trompé.
Impression rare en ce temps de production surabondante et banale, de demi-habileté courante et d’imitation universelle.
Mistral est resté fidèle aux mœurs patriarcales de ses aïeux : et bien de ceux qui l’ont rencontré entre Château-Renard et Saint-Rémy, courant les champs avec sa badine et son feutre à larges bords, ont pu ne pas se douter qu’ils croisaient un poète dont la gloire est universelle.
Leur existence est un fait universel de linguistique et leur choix, de même qu’il n’a rien d’absolu pour tous les peuples, n’a rien d’arbitraire pour chacun d’eux.
Il a rédigé un journal destiné à la multitude universelle.
« Mais, objecte Wundt, on ne peut établir de rapport constant et mesurable entre l’action déterminante des motifs extérieurs et la réaction de l’aperception intérieure : la loi de la matière est la conservation de l’énergie ; la loi de l’esprit est une production illimitée d’énergie88. » Nous ne saurions entrer ici dans une discussion sur le déterminisme universel ; mais, prises à la lettre, les propositions de Wundt nous semblent insoutenables ; le déterminisme psychologique est sans doute beaucoup plus flexible, plus indéfini, plus incalculable que le déterminisme physiologique ; ce n’en est pas moins, à nos yeux, un déterminisme.
Et pour, ceci : L’Être universel se compose de deux principes : le moi humain et ce qui lui est extérieur.
Il décrioit, autant qu’il étoit en sa puissance, les chefs-d’œuvre qu’il voyoit enfanter par ce génie universel.
On dit qu’il y a des couleurs amies et des couleurs ennemies ; et l’on a raison si l’on entend qu’il y en a qui s’allient si difficilement, qui tranchent tellement les unes à côté des autres que l’air et la lumière, ces deux harmonistes universels, peuvent à peine nous en rendre le voisinage immédiat supportable.
Alexandre Dumas et Théophile Gautier sont, en effet, des rois littéraires de ce temps, sinon de droit divin, du moins de suffrage universel.
L’Égalité politique et physiologique de Rousseau, lequel ne comprit jamais rien à l’unité complexe de la famille, pesait les hommes comme mâles et ne les pesait pas comme pères, par conséquent noyait les forces morales de l’ordre et de la société dans la force brute d’un nombre qui n’était pas du tout, malgré son titre, suffrage universel.
Seulement, que le Journal des Débats, le journal de la tolérance universelle, — et des coups de chapeau, — qui proclame depuis quarante ans la liberté des poids et des mesures, des mathématiques et de la conscience, fasse, à propos de nous et contre nous, ce terrible partage en deux camps et se fourre dans le bon, n’est-ce pas inconséquent, nouveau et comique ?
Eh bien, aujourd’hui comme alors, il continue opiniâtrement de ne voir jamais que les deux extrêmes en présence — l’élu triomphant du jour, quel qu’il soit, et l’anarchie des grandes cités, sans autre contrat entre eux que les éventualités de ce suffrage encore plus individuel qu’universel, et dont l’homme d’État des temps futurs fécondera un jour le principe !
Ce poète, aux plus savoureuses nuances bucoliques, unit par nous écœurer à force de philanthropie, de communisme bénis, de fraternité universelle, enfin de toutes ces sucreries hypocrites avec lesquelles on espère nous masquer le goût vrai et âpre de la révolution future.
Jamais l’extravagance d’un livre n’a plus énergiquement témoigné de l’extravagance universelle.
Il est étonné que son héros, avec si peu de forces, ait tenté une guerre si importante : « Assurément, lui dit-il, vous avez quelque intelligence secrète avec l’âme universelle et divine, qui daigne se manifester à vous seul, tandis que nous, ce sont des dieux subalternes et du second ordre qui sont chargés de nous conduire. » Ensuite il ne peut comprendre qu’il se soit trouvé dans l’univers des hommes qui aient eu l’audace de résister à Constantin : « Eux qui auraient dû, lui dit-il, céder, je ne dis pas à la présence de votre divinité, mais en entendant seulement prononcer votre nom. » Bientôt après, ce lâche orateur fait un crime à son héros d’avoir combattu lui-même, et de s’être mêlé au milieu des ennemis, d’avoir par là, dit-il, presque causé la ruine de l’univers.
Ainsi commença la croyance universelle de l’immortalité des âmes humaines, appelées dii manes, et dans la loi des douze tables, deivei parentum...
Parler latin et maintenir cette coutume, c’était tout simplement maintenir la langue universelle, au lieu d’en chercher une. […] Les ouvrages d’art ne doivent être écrits que dans la langue maternelle de l’artiste qui les écrit ; c’est dans cette langue seule que son génie est à l’aise et reste personnel ; mais tous les ouvrages scientifiques et même les ouvrages qui ne contiennent que des idées devraient toujours être écrits en une langue universelle, et cette langue universelle, il est inutile de la chercher, de la créer : nous l’avons, et c’est le latin. […] Ceux-ci, à la vérité, leur sont très dévoués, sont même ardents pour eux, mais ce n’est pas là la vraie gloire, la gloire incontestée et universelle, la gloire classique. […] Il faut autre chose que la considération de l’ordre universel et des raisonnements sur l’idée du bien pour inspirer à l’homme l’idée du sacrifice. […] Mais la discussion incessante sur tous les sujets, philosophiques, littéraires, historiques, artistiques, était bien la règle et l’usage universels.
Il faudra renoncer à tenir virtuellement dans un principe la science universelle. […] Et l’objet essentiel de la société est d’insérer une certaine fixité dans la mobilité universelle. […] Devant le spectacle de cette mobilité universelle, quelques-uns d’entre nous seront pris de vertige. […] Elle ne s’acheminera nullement par là à la mathématique universelle, cette chimère de la philosophie moderne. […] À vrai dire, le rêve d’une mathématique universelle n’est déjà lui-même qu’une survivance du platonisme.
Delacroix est universel ; il a fait des tableaux de genre pleins d’intimité, des tableaux d’histoire pleins de grandeur. […] Mais pour expliquer ce que j’affirmais tout à l’heure, — que Delacroix seul sait faire de la religion, — je ferai remarquer à l’observateur que, si ses tableaux les plus intéressants sont presque toujours ceux dont il choisit les sujets, c’est-à-dire ceux de fantaisie, — néanmoins la tristesse sérieuse de son talent convient parfaitement à notre religion, religion profondément triste, religion de la douleur universelle, et qui, à cause de sa catholicité même, laisse une pleine liberté à l’individu et ne demande pas mieux que d’être célébrée dans le langage de chacun, — s’il connaît la douleur et s’il est peintre. […] Quoique le principe universel soit un, la nature ne donne rien d’absolu, ni même de complet16 ; je ne vois que des individus. […] Biard est un homme universel. […] Remarquez bien que l’habit noir et la redingote ont non seulement leur beauté politique, qui est l’expression de l’égalité universelle, mais encore leur beauté poétique, qui est l’expression de l’âme publique ; — une immense défilade de croque-morts, croque-morts politiques, croque-morts amoureux, croque-morts bourgeois.
Des gens de métier visitaient l’Exposition universelle. […] Non, il obéit, lui aussi, à la loi universelle qui régit les rapports des choses entre elles. […] Elle a son rôle dans un mouvement universel ; elle est un des éléments de son équilibre et de sa périodicité. […] Cet au-delà bénévole et familier n’emporte pas, cependant, le consentement universel. […] C’est le sperme universel sans quoi les sociétés humaines demeurent des matrices vides.
Le livre de la Législation primitive est donc une tentative de restauration universelle. […] Comment est-ce donc que je passe d’une durée locale à une durée universelle, d’une durée contingente à une durée nécessaire, d’une durée limitée à une durée illimitée ? […] La voie est frayée, le terrain est préparé, et l’on voit paraître Hume, le père du scepticisme moderne et du néant universel. […] On ne dira pas que M. de Maistre ressemblait à ce personnage d’un tableau du déluge qui cherche à sauver sa bourse, au milieu du cataclysme universel. […] Tout était organisé contre cette résurrection du sentiment moral et poétique ; c’était une ligue universelle des études mathématiques contre la pensée et la poésie.
Cette énigme, dont il était malade, depuis plus de dix ans, à son insu, s’éclaircit pour lui dans l’agitation universelle. […] Et pourtant, comme il aboutit en d’âpres mécomptes, comme il vous use à des réalisations impossibles ici-bas, comme il vous jette à la merci des systèmes universels, qui n’ont en eux ni la vraie morale dont ils se passent, ni le bonheur délirant dont ils vous leurrent, il est bon d’y opposer l’avertissement ; et ce que M. […] Il a profité pourtant des écrits originaux de ce philosophe qui aurait pu se passer d’être charlatan ; l’idée d’Adam, l’homme universel, et d’Ève qui est la faculté volitive d’Adam, lui a probablement été suggérée par Fabre.
Mais ces grands chemins, c’est-à-dire les admirations légitimes et consacrées, à mesure qu’on avance, on ne les évite pas impunément ; tout ce qui compte y a passé, et l’on y doit passer à son tour : ce sont les voies sacrées qui mènent à la Ville éternelle, au rendez-vous universel de la gloire et de l’estime humaine. […] Comme, après tout, la prétendue Clotilde est un poëte de l’école poétique moderne, un bouton d’églantine éclos en serre à la veille de la renaissance de 1800, il convenait à Nodier, ce précurseur universel, d’y toucher du doigt. […] elles ne sont, dans la bouche du Lucien au fin sourire, qu’une façon détournée et bienveillante d’ironie universelle.
Les vices choquants qui scandalisent l’intelligence et le cœur de l’homme dans le mécanisme de la nature, dans le bien imparfait, dans le mal universel, dans la souffrance, dans la mort, firent présumer aux Égyptiens, aux Grecs, que ce monde n’était pas l’œuvre directe du Dieu suprême, mais l’œuvre maladroite et imparfaite des divinités inférieures auxquelles il avait accordé la faculté de créer d’après lui. […] « Il espère fortement, ajoute-t-il, une destinée réservée aux hommes après la mort ; destinée qui, selon la foi antique et universelle du genre humain, doit être meilleure pour les bons que pour les méchants. » Au moment où il va développer pour ses amis les fondements de cette espérance, Criton lui semble vouloir l’interrompre ; il l’interroge sur ce qu’il paraît avoir besoin de dire. […] Le type suprême et universel de ces idées, l’exemplaire primitif et sans autre exemplaire que lui-même de ces idées, c’est Dieu, idée par excellence, qui a tout imaginé et créé à son image, âme et matière, il porte en lui les essences, c’est-à-dire les qualités essentielles, fondamentales, de tous les êtres animés ou inanimés.
L’Église était, avec la guerre, le monde universel de l’époque. […] Ses moindres opuscules étaient vastes : la vérité est universelle. […] La mort de tout est la condition de la vie universelle.
L’homme, par un instinct occulte, mais universel, semble avoir senti, dès le commencement des temps, le besoin d’exprimer dans un langage différent ces choses différentes. […] Le titre et la forme d’entretien que nous avons donnés à ce Cours familier de littérature universelle, disent assez d’eux-mêmes que nous ne procéderons pas toujours méthodiquement dans cet inventaire des œuvres intellectuelles de l’homme ; mais que, pour éviter la monotonie, la satiété et l’ennui, ces fléaux de l’étude, nous passerons quelquefois d’un siècle à l’autre, d’un homme à l’autre, d’un livre à l’autre, avec la logique secrète des analogies, mais aussi avec la liberté de la conversation. […] Le commentateur chrétien de ce poème trouve, dans ce pardon universel et surhumain du héros, une faute de morale, une omission de cette justice qui doit rétribuer le châtiment aux coupables.
S’il fallait tout dire, peut-être nous a-t-on justement accusé quelquefois de n’avoir pas assez de ce patriotisme de mappemonde qui s’arrête aux frontières, et d’avoir trop de penchant pour ce patriotisme universel ou cosmopolite qui s’honore d’être né homme par le don de Dieu beaucoup plus que d’être né Français par l’effet du hasard. […] Nous aurions eu plus tôt de la gloire littéraire, mais nous l’aurions eue moins universelle et moins consolidée plus tard. […] On dirait qu’une faveur secrète de la destinée façonnait ainsi, tantôt sur l’enclume, tantôt sur les genoux d’une mère, le plus divers, le plus malléable et le plus universel instrument de communication de sentiments et d’idées pour la littérature française.
L’athanor 47 du laboratoire est une image fidèle de l’athanor universel. […] Et les ouvrages de Platon, abrégés de la science universelle, sont trop profonds, même pour les maîtres, et je les crois au moins aussi propres à gâter l’esprit qu’à perfectionner le style. […] Court de Gebelin, l’auteur du Monde primitif, qui est une grammaire universelle.
Sa prudence consciencieuse, sa doctrine, toujours éclairée de charité, lui attirèrent, jeune, la considération qui, avec les années, est devenue autour de lui une révérence universelle. […] Par exemple, une lecture où règne une vérité si concrète ;… un fait ressortissant à ce qu’il y a d’universel et de fondamental dans l’esprit humain ;… les grèves arides de l’égoïsme, etc.
De là l’intérêt et le conflit universel. […] Ce n’eût été, à simple vue, qu’un cri universel de réprobation, un long sifflet, si on l’avait osé : « Mais, quoi !
Il n’a rien, à le bien prendre, qui soit capable d’irriter ou de décourager ; c’est un des mille côtés de la loi universelle. […] Dès les premiers temps de son exil, nous voyons paraître de lui les Mémoires d’un Homme de qualité, un volume traduit de l’Histoire universelle du président de Thou, une Histoire métallique du royaume des Pays-Bas, également traduite.
Homme aussi grand qu’universel, il fit partie de la grandeur et de la gloire des Médicis : un grand homme féconde un grand siècle. […] La passion universelle poussait les hommes vers cette reconstruction d’une humanité transcendante.
Un sens profond du mystère et de la vie universelle, une large sympathie qui attache l’homme à tout ce qui est, et qui fait dégager des animaux, des arbres, de toute la nature l’intime frémissement d’une sensibilité humaine, l’inquiétude irréparable de l’au-delà, l’âpre curiosité du monde inconnu, effrayant et attirant, qui reçoit les fugitifs du monde des vivants, imprègnent toute cette poésie, et lui prêtent un inoubliable accent52. […] Par toute la chrétienté enfin, pendant le moyen âge, régnèrent les romans de France : et peut-être cette universelle popularité de notre littérature est-elle due en partie à quelques-uns des défauts que j’ai signalés plus haut.
Mme de Maure demandait seulement qu’on mît des quasi aux affirmations universelles, en faveur des exceptions possibles et réelles. […] De là encore dérive ce don rare par lequel elle fait sortir le pathétique des idées abstraites : elle a cette forme supérieure de l’imagination qui érige en symboles les objets sensibles, et fait transparaître l’universel dans l’expression du particulier.
Un mot d’un contemporain, homme instruit, qui vivait loin des salons parisiens, nous dit quel jugement en portaient tous les esprits restés libres dans cette servitude de la négation universelle. […] La guerre aux personnes, un doute amer sur les choses, une sorte de chagrin universel, nulle part une espérance ni un souhait sincère de bonheur pour les générations qui ne devaient pas le voir parmi les vivants, telle est sa politique, et tel est l’esprit de ses écrits politiques, éloquents par tout cela et malgré tout cela.
« Ils ne sont qu’une classe, la classe la plus universelle d’inductions de l’expérience, les généralisations les plus aisées et les plus simples des faits fournis par les sens et la conscience100. » VI La discussion qui précède nous a conduits aux confins de la logique ; nous ne les dépasserons pas. […] Tandis que certains logiciens y voient le type universel du raisonnement, et pensent que tout procédé discursif se réduit en dernière analyse à tirer les idées les unes des autres, M.
C’est ainsi que dans un musée, il ira tout droit, comme un somnambule, les yeux fermés, au tableau consacré par l’admiration commune, le suffrage universel du beau et le gros prix marchand, qui le fascine s’il est énorme — incapable de découvrir un chef-d’œuvre inédit, anonyme, méconnu. Puis un homme plutôt d’un goût appris que d’un goût instinctif, de ce goût universel qui s’étend à tout, à une forme de meuble, à un détail de toilette, à la particularité élégante d’une plante, et n’ouvrant les yeux qu’à ce qui est étiqueté, peinture, sculpture, architecture, et en voyage complètement aveugle à la vie vivante, à la rue, aveugle aux passants, aveugle à la beauté artistique des êtres et des aspects, regardeur uniquement de tableaux et de statues.
S’il existe des chances de réaliser la République universelle et sociale, c’est à condition que nous ne soyons pas battus. […] Nous nous défendons premièrement contre des monstres, des monstres sensés qui vont au fond de tout, même du crime. » — « Cette race est basse, elle sera vaincue et déshonorée. » Au 19 novembre 1914, il fait cette réflexion : « La plus grande grandeur de cette guerre, il me semble, je la vois dans ceci qu’elle rend immédiat, universel l’ordre de la mort, et possible l’ordre de la justice.
Les efforts de pareils individus se perdaient alors dans le tourbillon universel ; les passions déchaînées suivaient leur développement fatal ; elles étaient l’âme de la Révolution, le moteur aveugle, irrésistible de cette machine vaste et puissante.
Mais la dissolution du Globe n’en résultait pas nécessairement ; l’idée première, la conception fondamentale dont le développement avait dévié en se resserrant dans la politique de la Restauration ; qui pourtant s’était reproduite plus d’une fois dans des applications partielles, dans des pressentiments organiques ; qui, en plus d’une page, à l’occasion de l’union européenne et de la politique de Napoléon, à l’occasion du Comité de salut public et de sa tentative avortée ; qui, plus récemment, au sujet du libéralisme de Benjamin Constant, jugé par le noble et infortuné Farcy, avait percé au point d’offenser dans le journal le principe dominant, et d’y scandaliser les politiques pratiques ; cette idée qui nous en avait inspiré le début ; qui, par le choix intérieur des matières et des faits, en alimentait le fond ; qui, par des renseignements nombreux, par d’amples informés sur l’instruction primaire aux frais de l’État, sur l’émancipation des artisans, sur les essais divers de système coopératif et sur une foule d’autres sujets, avait sourdement lutté contre les doctrines économiques d’indifférence et de laisser-faire professées dans des colonnes plus officielles ; cette idée qu’une plume ingénieuse et délicate avait autrefois effleurée, sans l’entamer, dans un article intitulé de la Critique de la critique, et qui s’était hardiment résumée en Juillet sous ce cri prophétique, bien qu’un peu étrange : Plus de criticisme impuissant ; cette féconde et salutaire idée d’association universelle et d’organisation future restait entière à exploiter ; elle demeurait à nu, dégagée de tous les voiles factices, de toutes les subtilités prestigieuses que la Restauration avait jetées devant.
Poirier (1854), qui met aux prises deux types si vrais de bourgeois enrichi et de noble ruiné ; dans les Lionnes pauvres (1858), où l’honnête Pommeau et sa femme forment un couple digne de Balzac, et nous offrent le tableau des ravages que l’universel appétit de richesse et de luxe peut faire dans un modeste ménage ; dans Maître Guérin (1864), enfin, qui, malgré son sublime colonel, est peut-être l’œuvre la plus forte de l’auteur par le dessin des caractères : ce faux bonhomme de notaire, qui tourne la loi et qui cite Horace, gourmand et polisson après les affaires faites, cette excellente Mme Guérin, vulgaire, effacée, humble, finissant par juger le mari devant qui elle s’est courbée pendant quarante ans, cet inventeur à demi fou et férocement égoïste, qui sacrifie sa fille à sa chimère, ces trois figures sont posées avec une étonnante sûreté ; Guérin surtout est peut-être le caractère le plus original, le plus creusé que la comédie française nous ait présenté depuis Molière : Turcaret même est dépassé.
Parmi l’universel inconnaissable, dans le foncier inconscient, quelques points lumineux de connaissable et de conscient se détachent sur un fonds terriblement sombre.
Là aussi, sur cette terre où dorment le charpentier Joseph et des milliers de Nazaréens oubliés, qui n’ont pas franchi l’horizon de leur vallée, le philosophe serait mieux placé qu’en aucun lieu du monde pour contempler le cours des choses humaines, se consoler de leur contingence, se rassurer sur le but divin que le monde poursuit à travers d’innombrables défaillances et nonobstant l’universelle vanité.
Dans ce déchaînement universel des poëtes contre Corneille, Rotrou, le sublime Rotrou, fut le seul qui refusa de se prêter à l’indigne manœuvre d’un ministre despotique & jaloux de règner sur les écrivains comme sur les rois.
Nous dirons pourquoi tout à l’heure ; mais nous commençons par l’affirmer, sans craindre qu’on le nie ou qu’on le conteste : la critique vraie, — sympathique et sévère, — qui s’adresse au public de tous les lieux et de tous les temps, et non plus au petit public du carrefour ou du quart d’heure ; la critique, ce symbole d’ordre universel, est complètement étrangère à notre temps de mœurs lâches et d’individualités mesquines.
Les suit-il avec la longueur de regard qu’il faudrait pour en poursuivre et en atteindre les conséquences universelles ?
Nous n’avons besoin d’aucun commentateur, d’aucun savant, d’aucun scoliaste, pour savoir ce qu’il y a d’humain et d’universel dans les Caractères de La Bruyère.
… Que diriez-vous de cette tête sans principes, qui n’a, pour toute idée politique, comme de Genoude, que le suffrage universel sans organisation supérieure, et qui, mêlant la démocratie et le catholicisme, comme Buchez, croyait à la République de l’avenir ?
Et de fait, c’était un théâtre national que voulait Lessing, et Shakespeare est le théâtre humain, universel, le théâtre désemmailloté de tout préjugé, de toute coutume, de toute préconception, nationale ou non !
les saints-simoniens aiment la paix et la veulent… universelle !
Quoique ce monde ait été créé particulièrement et dans le temps, les lois qu’elle lui a données, n’en sont pas moins universelles et éternelles.
Lorsque les citoyens, ne se contentant plus de trouver dans les richesses des moyens de distinction, voulurent en faire des instruments de puissance, alors, comme les vents furieux agitent la mer, ils troublèrent les républiques par la guerre civile, les jetèrent dans un désordre universel, et d’un état de liberté les firent tomber dans la pire des tyrannies ; je veux dire, dans l’anarchie.
Les esprits universels ne se brisent pas contre les catégories sociales : tous les génies peuvent s’épanouir, tous les efforts se développer en tous les sens. […] La littérature était alors quelque chose de compréhensif ou d’universel ; toute matière lui appartenait. […] Il ne se fait pas de coups d’État, au théâtre, contre le suffrage universel, et les révolutions n’y précèdent pas, elles y suivent le goût des spectateurs. […] Il eut là une bonne école d’irrespect universel et de hardiesse spéculative en pratique. […] Mais savait-on plus où on allait, en 1789, quand on ouvrait les États généraux avec cet éclat de joie universelle ?
Seulement, comme ce sont de grands poètes, il y a quelque chose en eux de plus grand, de plus universel, de plus permanent qu’eux-mêmes ; et ce quelque chose, il reste à démontrer que c’est ce qui faisait la matière et la forme de l’éloquence de la chaire. […] Aussi, la littérature du moyen âge, considérée dans son ensemble — et Dante ou Pétrarque mis à part, qui sont les premiers des modernes, — est-elle impersonnelle, universelle et anonyme. […] Oui, certes, en tant que la critique est l’outil universel, une méthode que l’on applique plutôt à la recherche de la vérité des faits, à l’examen de la tradition et de l’histoire, qu’à l’appréciation ou à la classification des œuvres littéraires. […] C’est ce que Laharpe aurait pu apprendre de l’auteur de l’Essai sur les mœurs ou de celui du Discours sur l’Histoire universelle. […] Seulement, et tandis qu’avant lui, l’écrivain s’efforçait de réduire sa nature à l’universel — c’est l’expression du temps, — et de se rendre aussi semblable aux autres qu’il le pouvait, pour leur devenir intelligible, Rousseau tait l’effort précisément inverse.
Et nous qui souffrons de ces raffinements et de cette civilisation, ce nous est une étrange ivresse que de nous plonger au jaillissement sauvage et brutal de cette source d’universelle activité. […] Et d’abord cette philosophie de l’universel phénoménisme a rencontré dans M. […] Ce qu’il faut au romancier d’après ce programme, ce sont des facultés de critique beaucoup plus que de créateur ; et le roman de constatation, d’analyse minutieuse, de nomenclature et de petits faits, est aussi celui qui convient le mieux à notre âge d’universel recensement. […] Un scepticisme presque universel sur le principe et le terme de la vie laisse cet homme et cette femme désarmés de tout secours supérieur, moins capables que jamais de se construire un asile inviolable dans la conscience, tandis que d’autre part la société plus comblée multiplie les excitations. […] Tout se jette du côté opposé, et là recommence sans relâche le même jeu fiévreux et stérile… » Ne croirait-on pas entendre les lamentations d’un disciple du vieil Héraclite sur l’universel écroulement de la nature ?
Seulement les objets sont tels qu’ils excitent en nous telle sensation, ou tel sentiment, selon la disposition de nos organes, & selon les lois du méchanisme universel. […] En matiere de foi on ne doit point raisonner par analogie ; on doit se tenir précisément à ce qui est révélé, & regarder tout le reste comme des effets naturels du méchanisme universel dont nous ne connoissons pas la manoeuvre. […] Ce mot ne me paroît pas plus article indéfini que tout, article universel, ou ce, cette, ces, articles définis. […] Nul, aucun, donnent aussi une extension universelle à leur substantif, mais dans un sens négatif : nul homme, aucun homme n’est immortel, je nie l’immortalité de chaque individu de l’espece humaine ; la proposition est universelle, mais négative ; au lieu qu’avec tous, sans négation, la proposition est universelle affirmative. […] L’univers, universus orbis ; l’être universel, l’assemblage de tous les êtres.
Cette antithèse de l’homme du fait et de l’homme de l’idée est donc réelle, fréquente, mais elle n’est ni universelle, ni absolue, ni surtout fatale. […] Ce n’est pas seulement l’artiste et le savant, c’est le pasteur d’âmes entraînant les étudiants à sa suite sous son impulsion de bienveillance civique et d’apostolat populaire, dans son prosélytisme de désintéressement et d’universelle bonté. […] Ces montagnes nues, vrais prédicateurs, te donnent naïvement de leurs sommets arides la révélation trop vraie de l’état presque universel des hommes. […] Qu’entend-il par cette invitation universelle et comment fondera-t-il le Banquet ? […] Grâce à cet universel savoir, à cette vue qui s’étendait sur tous les âges, Théophile Gautier nous a donné la vision multiple et cosmopolite du Beau.
Cette philosophie est spiritualiste ; elle est, si l’on veut, panthéiste : elle refuse de cantonner le sensible esprit dans les cerveaux humains et elle l’éparpille à travers la réalité universelle. […] Kant et Henri Poincaré ont transformé ces badinages en doctrine et, sceptiques qui s’efforcent de limiter le désastre, ils ont, en quelque sorte, déterminé, immobilisé en système la notion de la relativité universelle. […] Jules Huret, par la grâce de sa curiosité universelle, est tout cela. […] Il y avait Pan, la réalité universelle ; et il y avait notre connaissance de Pan, la philosophie. […] Le tendre et sensible Énée pleura sur la souffrance universelle et, grâce à divers contresens, mêla ses larmes à celles des choses.
En pareil temps, dans cet élan universel et dans ce subit épanouissement, les hommes s’intéressent à eux-mêmes, trouvent leur vie belle, digne d’être représentée et mise en scène tout entière ; ils jouent avec elle, ils jouissent en la voyant, ils en aiment les hauts, les bas, ils en font un objet d’art. […] En 1580 parut Euphuès, l’anatomie de l’esprit, par Lyly, qui en fut le manuel, le chef-d’œuvre, la caricature, et qu’une admiration universelle accueillit281. « Notre nation, dit Édouard Blount, lui doit d’avoir appris un nouvel anglais. […] Quand dans son jardin de Vénus nous voyons les formes infinies de toutes les choses vivantes rangées par ordre, en lits pressés, attendant l’être, nous concevons avec lui l’enfantement de l’amour universel, la fécondité incessante de la grande mère et le fourmillement mystérieux des créatures qui s’élèvent tour à tour hors de son sein profond. […] Sans doute il a fallu pour l’atteindre du bon sens et aussi du génie ; mais ni le bon sens ni le génie n’ont manqué aux hommes ; il y en a eu plus d’un qui, remarquant comme Bacon le progrès des industries particulières, a pu, comme lui, concevoir l’industrie universelle, et, de certaines améliorations limitées, conclure l’amélioration sans limites. […] Alors paraîtront non les axiomes universels inutiles, mais « les axiomes moyens efficaces », véritables lois d’où l’on pourra tirer des œuvres, et qui sont des sources de puissance au même degré que des sources de lumière361.
Une invisible main nous retient et nous empêche de nous mêler au chœur universel. […] Henri Franck, cela n’est pas douteux, eût été l’un de nos meilleurs critiques, par sa profonde culture, sa curiosité universelle, son enthousiasme perspicace. […] J’aime jusqu’à ce goût qu’il a des choses mortes, jusqu’à sa curiosité des monuments du passé où il cherche, non pas le sens de l’éternel, non pas les germes du futur dans les cendres du passé, mais seulement des prétextes à sa voluptueuse tristesse, des témoignages de l’universelle vanité. […] Madeleine, transplantée de Chinon dans le Paris de l’Exposition universelle, y ferait un peu figure de religieuse sécularisée, si elle ne possédait une intelligence très souple et un très sûr instinct de la mesure. […] Je ne crois pas que cela soit pour autre chose que le style qu’on lise les sermons de Bossuet et qu’on impose encore aux enfants sa chimérique Histoire universelle.
C’est par un acte de charité particulière que Jocelyn se détermine au sacerdoce, qui est, selon Lamartine, le ministère de la charité universelle. […] Il est sûr, le rude apôtre, de servir les desseins de la Providence en imposant à cette âme évidemment élue un acte de charité qui l’engagera à tout jamais dans le ministère de la charité universelle. […] En réalité, c’est le monde mis en métaphores ; une prosopopée universelle. […] Sur quoi, pris d’un vieux scrupule chrétien dans une période embrouillée, inachevée peut-être, et dont il n’est presque pas possible de saisir la construction grammaticale il s’efforce de distinguer entre « le Tout » des panthéistes, « ce second chaos… où Dieu s’évapore… où le bien n’est plus bien, où le mal n’est plus mal », et « le Tout » orthodoxe, « centre-Dieu de l’âme universelle »… Mais enfin, il reconnaît qu’il n’y voit goutte ; et il s’en tire par ce que j’appellerai une loyale défaite. […] Pareillement Ibsen : « Il n’est de grand que celui qui est seul. » Ainsi il semblerait que par moments, en haine de tout ce qui offusque dans le présent sa vision de charité universelle, Lamartine fût près de se réfugier dans le culte du moi (en sorte que nul sentiment d’un caractère religieux ne lui demeurât étranger) s’il n’était, avant tout, invinciblement, celui qui aime et qui se répand.
Le changement de l’ordre politique n’est qu’un épisode dans l’universel et prodigieux changement qui s’accomplit. […] Par une contradiction bien instructive, l’attachement au sens propre a grandi avec le doute universel qui ébranlait toutes les opinions. […] Un temps, les vers furent la langue universelle : tout homme cultivé la parla naturellement. […] On recula de Byron à Shakespeare, qui apparut comme le docteur universel. […] Le sol fertile porte d’incomparables moissons, la vie est facile, partant joyeuse, dans cet éveil universel de la sève et du sang.
Nous vivons ensemble, prince Hamlet, et vous êtes ce que nous sommes, un homme au milieu du mal universel. […] Mais c’est le point d’où tout sort, c’est le principe universel. […] Il a une connaissance approfondie de l’histoire universelle. […] Jamais le mal universel n’avait été envisagé d’un cœur aussi pur, enseigné d’une voix aussi douce. […] Je vous ordonne de composer une histoire universelle et de ne rien négliger pour la rendre complète.
Quant aux planètes, elles ne sont pas exemptes de la caducité universelle. […] Elle a fondé le dogme de l’instabilité universelle. […] Entre les esprits pénétrés de l’incertitude universelle, M. […] Je ne puis me figurer qu’elles changeront beaucoup d’ici à l’Exposition universelle. […] C’est donc qu’ils avaient l’âme universelle.
Il fonde la Banque universelle. Mais cette Banque universelle, c’est, pour l’appeler de son vrai nom, l’Union générale. […] Cet homme exprime puissamment le consentement de l’instinct aux lois universelles. […] Mais, c’est l’ordre universel. […] Lors de la dernière Exposition universelle, quand M.
Chacun suivant ses aptitudes et suivant ses goûts, ils ont essayé de s’approprier quelques bribes de l’universel savoir. […] Il sera convenu seulement que pour ses romans, on devra tenir à portée de la main le Dictionnaire universel des sciences. […] Il ne s’excepte pas de cet universel mépris, et sa misanthropie commence par lui-même. […] Et nous en voulons aux médecins de ce que leur art ne prévaut pas contre les lois de l’universelle destruction. […] Nous prenons conscience de la destinée universelle.
Qu’il y ait aussi l’Académie du suffrage universel.
Les philosophes grecs étaient en très petit nombre, et des travaux antérieurs à leur siècle ne leur offraient point de secours ; il fallait qu’ils fussent universels dans leurs études.
On peut encore penser, en reconnaissant l’avantage des caractères inspirés par leurs propres penchants, que la dévotion étant d’un effet général et positif, donne des résultats plus semblables et plus certains dans l’association universelle des hommes ; mais d’abord, la dévotion a de grands inconvénients pour les caractères passionnés, et n’en eût-elle point, ce serait, comme je l’ai dit, au nombre des événements heureux, et non des conseils efficaces qu’il serait possible de la classer.
Il est impossible de préconiser, au nom du goût, une sorte de tolérance universelle et d’admiration banale qui n’est que de l’indifférence, et qui, à la longue, émousse et tue le sentiment même du beau.
Par cette méthode, Calvin inaugure la controverse et l’apologétique modernes : et ainsi il y, a quelque chose de lui dans les Pensées et dans le Discours sur l’Histoire Universelle et dans la Politique tirée de l’Histoire sainte.
Dans maints poèmes, assez obscurs il est vrai, l’Idée paraît seule participer de l’Etre et le moi ne serait donc qu’un moment de l’Idée, vivante émanation du Soi universel.
Tous les génies sont universels quant à l’objet de leurs travaux, et, autant les petits esprits sont insoutenables quand ils veulent établir la prééminence exclusive de leur art, autant les grands hommes ont raison quand ils soutiennent que leur art est le tout de l’homme, puisqu’il leur sert en effet à exprimer la chose indivise par excellence, l’âme, Dieu.
Puis, quand chacune des séries d’études devint assez étendue pour absorber des vies entières et présenter un côté de la vie universelle, chaque branche devint une science indépendante et laissa le tronc commun appauvri par ces retranchements successifs.
A chaque pas, dans le nuage qui passait, le grain qui germait, l’épi qui jaunissait, on voyait le signe du royaume près de venir ; on se croyait à la veille de voir Dieu, d’être les maîtres du monde ; les pleurs se tournaient en joie ; c’était l’avènement sur terre de l’universelle consolation : « Heureux, disait le maître, les pauvres en esprit ; car c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux !
Il me semble qu’il est le premier qui ait mis en vers les préceptes de la raison, en matière de goût et de littérature ; mais La Fontaine a mis en vers les préceptes de la raison universelle, comme Molière y a mis ceux qui sont relatifs à la société ; et ces deux empires sont plus étendus que ceux du goût et de la littérature.
II Ce fut un maître reconnu, en effet, que Paul de Saint-Victor, un maître littéraire d’un temps qui fut littéraire, resté parmi nous, dans rabaissement universel, comme un obélisque isolé dans un désert où il n’y a plus que de la poussière.
… C’est un écrivain de verte allure, qui a des idées et des aperçus et qui les risque, et qui, dans ce temps de badauderie suprême et de bourdes infinies où l’on va du progrès universel aux tables tournantes, est de ces esprits à qui les paysans, qui rédigent leur phrase à la Montaigne, appliqueraient leur litote, comique et familière : « Il est de ceux-là qui ne culottent pas un niais. » Pour moi, un grand éloge !
Mais il n’en est pas moins vrai que l’auteur des Ruines a l’honneur d’avoir avec eux la fraternité des idées et une parenté d’intelligence… Ce Revelière inconnu, et qui, dans l’égarement universel de la raison, a grande chance de rester inconnu, est un esprit d’une force rare, toujours, dans la pensée, et souvent dans l’expression, mais il est moins près de ces hommes profonds et sans égaux que d’un autre homme de leur temps, un autre observateur politique trop oublié et qu’il rappelle, ce Mallet-Dupan qui, lui aussi, préjugea la Révolution française dès son origine, et dont le préjugé eut parfois toute la justesse d’un jugement… L’auteur des Ruines est une espèce de Mallet-Dupan après la lettre, la terrible lettre de la Révolution !
L’incroyable particularité de ces admirables natures italiennes, quand elles sont bien italiennes, c’est une flexibilité de facultés que l’on dirait universelles.
Louis-Auguste Martin n’a pas l’humble opinion de madame Pan-Hoeï-Pan, et il lui résiste vertueusement, au nom de la morale universelle, comme un Joseph… intellectuel.