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2064. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Dans quelques-unes des couches les plus récentes, bien que sans nul doute fort anciennes, si on mesure leur âge par années, une ou deux espèces seulement cessent de se montrer : et de même une ou deux espèces seulement sont nouvelles, c’est-à-dire apparaissent pour la première fois, soit dans la contrée, soit, autant que nous pouvons le préjuger, à la surface de la terre. […] Pictet et Woodward, bien que fort opposés aux opinions que je soutiens ici, admettent néanmoins la généralité de cette loi, si remarquablement d’accord avec ma théorie. […] Ce problème de l’extinction des espèces a été jusqu’ici fort gratuitement obscurci d’inutiles mystères. […] Comme nous possédons seulement le dernier volume de nos archives géologiques, et que, de plus, ce volume est fort incomplet, nous ne pouvons nous attendre, excepté en des cas très rares, à pouvoir remplir les profondes lacunes du système généalogique naturel de manière à relier parfaitement ensemble nos différents ordres ou familles. […] Lorsqu’on voit par exemple que les mammifères, les reptiles ou les poissons les plus anciennement connus, appartiennent évidemment chacun à leur propre classe, bien que quelques-unes de ces anciennes formes soient en quelque chose moins distinctes les unes des autres que les membres typiques des mêmes groupes ne le sont aujourd’hui, il serait inutile de chercher des animaux réunissant les caractères embryogéniques communs à tous les vertébrés, jusqu’à ce que des formations de beaucoup antérieures aux terrains siluriens les plus inférieurs ne soient découvertes ; or une pareille découverte me semble, comme je l’ai déjà dit, fort peu probable.

2065. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Il est vrai que mélodrame est une injure fort à la mode (?) […] Elle sera surtout exposante, ce qui ne veut pas dire didactique… Jusqu’à présent, on a fort peu parlé des autres. […] C’est lui d’abord qui a, pour sa forte part, contribué à relever ridée qu’on se faisait du genre. […]  » Forte maxime qui, sans doute, en aucun temps plus qu’en celui-ci, ne trouverait son application. […] Les mots qu’on cite de lui, ou qu’on lui prête, ressemblent fort à des pantalonnades.

2066. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1824-1895) »

. — Trois hommes forts (1850). — Revenants (1851). — Diane de Lys (1851). — Contes et nouvelles (1853)

2067. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Grenier, Édouard (1819-1901) »

Voyez, dans sa Mort du Juif-Errant, qui est un curieux poème philosophique, comme il décrit et le personnage et les premiers moments de l’entrevue qu’il suppose avoir eue avec lui… N’est-ce pas la forme même teintée d’un léger archaïsme qu’André Chénier aimait si fort, et jusqu’à la périphrase d’un tour un peu trop élégant, n’est-elle pas celle dont André Chénier avait le culte un peu superstitieux ?

2068. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maupassant, Guy de (1850-1893) »

. — Fort comme la mort (1889). — L’Inutile Beauté (1890). — Notre cœur (1890). — La Vie errante (1890). — Musotte (1891).

2069. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Riotor, Léon (1865-1946) »

Louis Denise Léon Riotor publie sous ce titre : Le Pêcheur d’anguilles, une fort belle légende hollandaise, qu’il a traitée en une suite de tableaux parfaitement adaptés à l’agencement du sujet primitif, En dehors du récit et seulement par l’allure générale de l’œuvre, cela fait penser à L’Albertus, de Théophile Gautier.

2070. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 490-491

Au contraire, elle l’étend, le préconise, & ne craint pas de sacrifier ainsi sa gloire à l’envie de se procurer des partisans, qui oublient ce qui leur en coute pour figurer dans la société des ames foibles & des esprits forts.

2071. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 517-518

Les Notes qui accompagnent la Traduction, sont, pour la plupart, fort instructives.

2072. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 282-284

Du temps de la Serre, on ne s'étoit pas sans doute aussi fort perfectionné qu'aujourd'hui dans les combinaisons typographiques.

2073. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 362-363

le Tourneur a eu le talent d’embellir, par une touche aussi vigoureuse que sublime, les moindres pensées du Poëte lugubre & énergique qu’il a traduit, mérite qui ne doit pas paroître médiocre aux yeux de ceux qui savent que la Langue Angloise est supérieure à la nôtre, pour rendre les idées sombres, fortes & pittoresques.

2074. (1913) Le bovarysme « Avertissement »

Il résulte de cette croyance que toute constatation de fait tend, en langage humain, à se formuler en règle morale ; car l’illusion engendrée par le reflet de l’activité dans la conscience est si forte qu’elle domine les formes du langage et qu’elle a laissé dans les mots son empreinte.

2075. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Belle » p. 127

Ma Cléopâtre est vraiment fort belle, et je pense bien que le comte de Creutz en dit autant de son Adonis  ; tous les deux amusans pour vous, nous le sommes encore, le comte et moi, l’un pour l’autre.

2076. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Fragonard » p. 280

Quand après une immense composition qui a excité la plus forte sensation on ne présente au public qu’une tête, je vous demande à vous-même ce qu’elle doit être.

2077. (1818) Essai sur les institutions sociales « Avertissement de la première édition imprimée en 1818 » pp. 15-16

La cause qui a retardé la publication de cet écrit importe fort peu, et même serait assez difficile à expliquer : il suffira donc de prévenir que l’ouvrage ne vient pas d’être composé, et qu’il aurait dû être imprimé beaucoup plus tôt.

2078. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Son alcalinité paraît un peu plus forte que celle de la salive parotidienne. […] On a même trouvé une proportion plus forte de phosphate tribasique que Jacubowitsch évalue à 51,1 pour 100. […] Ce conduit, d’un blanc nacré et de la grosseur d’une forte plume de corbeau, était gonflé par du liquide. […] Au bout de ce temps, le liquide était devenu d’un blanc laiteux, et exhalait une très forte odeur d’acide butyrique. […] On avait, afin de rendre ce symptôme plus évident, ajouté une assez forte proportion de graisse à leurs aliments.

2079. (1908) Après le naturalisme

Il s’élaborait dans des temps fort dépourvus de connaissance exacte. […] Le faible le veut autant que le fort, car les moyens n’y font rien. […] Nous serions, autrement, fort embarrassés de nous déterminer nous-mêmes et la tâche des écrivains serait rendue inexécutable. […] D’aucuns en ont même fixé une date fort rapprochée. […] Une émotion forte les poussera davantage à la résolution.

2080. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aurier, Georges-Albert (1865-1892) »

Déjà ses réalisations se signalaient en indice de personnalité forte.

2081. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delarue-Mardrus, Lucie (1874-1945) »

Le dieu, donc, a emprunté sa voix grave et forte, et elle a dit les spectacles variés des choses et des hommes, toujours avec un accent presque mâle.

2082. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Ducoté, Édouard (1870-1929) »

Ducoté nous donne le résultat de son dernier effort, la quintessence de ses derniers rêves, sous ce titre : Le Chemin des ombres heureuses… C’est un fort beau livre… [La Vogue (15 décembre 1899).]

2083. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérardy, Paul (1870-1933) »

Son premier volume était fort joli.

2084. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valade, Léon (1841-1884) »

— Raisons du moins fort (1889). — Poésies posthumes (1890).

2085. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 102-104

Ses Tragédies lyriques sont fort inférieures à ses Ballets ; aussi est-ce à ces derniers qu’il doit la réputation qu’il conserve encore parmi les Amateurs de l’Opéra.

2086. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 433-434

De si terribles anathêmes ont effrayé le Lecteur, & c’est apparemment pour ne pas s’exposer à la tentation qu’elle redoutoit si fort, qu’on ne lit plus ses Ouvrages.

2087. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 214-216

Au moins ces fortes de Compilations, si aisées à faire, devroient-elles avoir le mérite du choix ; mais le choix est la premiere chose qu’on y annonce, & la premiere qui y manque.

2088. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 427-429

On se souvient de cette Anecdote, qui prouve si fort combien l'Abbé de Vertot étoit peu scrupuleux sur la vérité des circonstances, quand la fiction pouvoit contribuer à l'agrément de son style.

2089. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Bug-Jargal » (1826-1832) — Préface de 1826 »

Cependant une ébauche de cet opuscule ayant été déjà imprimée et distribuée à un nombre restreint d’exemplaires, en 1820, à une époque où la politique du jour s’occupait fort peu d’Haïti, il est évident que si le sujet qu’il traite a pris depuis un nouveau degré d’intérêt, ce n’est pas la faute de l’auteur.

2090. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fournier, Édouard (1819-1880) »

Fournier, le style est de la partie forte, la partie rachetante.

2091. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Du Plessys, Maurice (1864-1924) »

Hugues Rebell Les poèmes du Premier Livre pastoral sont vraiment d’une belle et forte venue.

2092. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivoire, André (1872-1930) »

Edmond Pilon Son livre, Vierges, compte de beaux passages et est écrit en délicates demi-teintes et en précieux quatrains fort travaillés.

2093. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 175-177

Cet égoïsme, si fort à la mode parmi les Journalistes & les Auteurs critiques de ce siecle, est d’autant plus déplacé & plus ridicule, qu’il blesse l’amour-propre des Lecteurs, sans tourner au profit de celui des Ecrivains qui se le permettent, puisqu’il ne décele en eux qu’une vanité capable d’affoiblir le mérite de leurs bonnes qualités.

2094. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 75-77

Le Traducteur s’est attaché à rendre l’Original selon le style dans lequel il est écrit, c’est-à-dire qu’il traduit tantôt en vers, tantôt en prose, & qu’il emploie quelquefois des vers alexandrins sans rimes, qu’on appelle vers blancs, fort en usage en Angleterre, & qui y rendent la versification bien plus facile que parmi nous.

2095. (1761) Salon de 1761 « Gravure —  Casanove  » pp. 163-164

C’est pour la machine, une des plus fortes compositions qu’il y ait au Salon.

2096. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

C’est un combat corps à corps, où tout mot porte coup, prolongé, obstiné, sans élan, sans faiblesse, d’une inimitié âpre et fixe, où l’on ne songe qu’à blesser fort et à tuer sûrement. […] Aujourd’hui, l’esprit, plus délié, est devenu plus débile ; les convictions, moins roides, sont devenues moins fortes. […] … Il me semble voir une noble et puissante nation se levant comme un homme fort après le sommeil et secouant les boucles de sa chevelure invincible. […] Bien armé, le rebelle se met en marche avec ses piquiers et ses artilleurs pour attaquer la place forte de Dieu524. […] Il s’ennuya fort, et fut « très-joyeux » de revenir au ciel.

2097. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

À plus forte raison s’ils provoquent de sa part une réaction toute contraire. […] Religio : ce qui relie, le lien le plus fort d’une société. […] Le mal que l’exploitation quotidienne d’un théâtre, à plus forte raison de vingt théâtres, a pu faire et fait encore au goût public, partant à l’art dramatique, renonçons à le mesurer. […] À plus forte raison le « grand public », fût-il recruté dans la même classe. […] Devant être parlé, il doit d’autant plus être écrit, d’autant plus fort, plus strict, plus chargé de sens et de vie : il porte dans l’instant et il n’admet pas de délai.

2098. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Mais c’est une obligation incomparablement plus forte. […] On voit à quel moment et dans quel sens, fort peu kantien, l’obligation élémentaire prend la forme d’un « impératif catégorique ». […] Mais il se maintient en fort bon état, très vivant, dans la société la plus civilisée. […] Les stoïciens ont donné de fort beaux exemples. […] A plus forte raison pourra-t-on déduire approximativement la morale de sentiments tels que celui de l’honneur, ou la sympathie, ou la pitié.

2099. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Moran, que le sombre Cuchullin cède au héros qui est fort comme les tempêtes de Malmor. […] Mais fixe ton amour sur Ducomar ; son bras est fort comme la tempête. […] Du côté droit, on voit un coursier écumant, superbe, bondissant, le plus fort, le plus léger de la colline : son pied frappe et fait retentir la terre ; sa crinière flottante ressemble aux ondes de ce torrent de fumée qui roule sur le coteau ; ses flancs sont couverts d’un poil luisant ; son nom est Sifadda. […] Elles souriaient aux grâces épanouies sur le visage du jeune héros ; mais la mort était dans ses mains : il était fort et terrible comme les eaux du Lora. […] Quiconque alors, aimable Malvina, m’eût osé dire qu’un jour, aveugle et infirme, je passerais les nuits dans la solitude, eût eu besoin d’avoir une cotte d’armes d’une trempe bien forte, et un bras invincible.

2100. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Des images gracieuses, fortes ou tragiques, se lèvent de ses poèmes et restent dans nos mémoires longtemps après que nous ne le lisons plus. […] Au fait, on le voit, dans toute sa correspondance des vingt dernières années, très libéral et aumônier, d’ailleurs fort simple de mœurs. […] Mais, l’expérience du plus savant homme étant toujours fort restreinte, toute explication d’un ensemble un peu considérable de phénomènes, même suggérée par l’expérience, devient forcément création. […] Il ne s’agit pas seulement ici, comme dans les romans d’Octave Feuillet, de passions tragiques, de violents drames raciniens, « distingués » quand même, mais de sensualité toute crue, de vices, de vilenies déshonorantes, de crimes, de « faits-divers » de forte saveur. […] Maigre, élégant, les pommettes saillantes, les yeux clairs et froids, un peu du nez de Condé, la voix forte et comme bourdonnante, toute sa personne exprime une farouche énergie.

2101. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Fort de l’autorité des plus éminents critiques, par exemple des recherches d’un Lessing sur les limites de la peinture et de la poésie, je me crus en possession d’un résultat solide : c’est que chaque art tend à une extension indéfinie de sa puissance, que cette tendance le conduit finalement à sa limite, et que cette limite il ne saurait la franchir sans courir le risque de se perdre dans l’incompréhensible, le bizarre et l’absurde. […] Dans cette essentielle réforme, les poètes ont fort à faire. […] Il nous faut prendre ici la forte expression de M.  […] 5° Ludwig Nohl : — Rénovation de la musique sacrée protestante. — Dans un article fort intéressant, M.  […] Cette image même est fort plaisante.

2102. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

La splendeur du feu qui crée tout, il l’a transmise aux mortels. » Le bon Héphestos répugne fort à l’affreuse corvée que l’Olympien lui inflige ; il se rappelle sa parenté cosmique avec Prométhée. […] Ses pieds meurtris portent les marques des coups que peut frapper le plus fort. […] » — « Elle enfantera un fils plus fort que son père. » — « Et il ne peut détourner de lui cette destinée ?  […] On comprend les cris de révolte que le poète place dans la bouche de son Prométhée ; Job, sur son fumier, en pousse d’aussi forts. […] Les Océanides sont restées sur le rocher en détresse ; effrayées par instants, mobiles comme leurs ondes, suppliant Prométhée de se soumettre au plus fort.

2103. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Si, par exemple, le tonnerre suit l’éclair, de deux choses l’une : ou bien, quand j’ai l’impression du son de tonnerre, l’impression de l’éclair n’existe plus, et alors je ne puis avoir l’idée de succession, ou bien elle coexiste, affaiblie, avec l’impression du tonnerre, et alors j’ai deux impressions simultanées, l’une forte, l’autre faible : comment donc puis-je savoir qu’il y a eu succession ? […] De plus, le souvenir du tonnerre est une représentation double : il est la représentation faible d’une représentation dont je me représente une intensité plus forte. […] La perception de la gravure commençait de diminuer en intensité lorsque est venue la sensation du vent, et cette perception de la gravure, avec le degré précis d’intensité qu’elle avait à ce moment, s’est fondue dans la conscience avec la sensation nouvelle et forte du vent. […] La représentation purement imaginative d’une proie, chez l’animal qui a faim, produit bien un commencement de mouvements relatifs à l’acte de manger ; elle peut même faire venir, comme on dit, « l’eau à la bouche » ; mais cette représentation faible est tellement contredite par l’ensemble des représentations fortes, y compris la sensation même de la faim, qu’aucun animal ne concevra longtemps sa proie absente comme présente. […] La proie présente à la pensée et absente de la bouche prendra donc, pour la pensée même, un aspect particulier : elle se rangera parmi un ensemble d’images faibles et incomplètes qui entoure d’une sorte d’auréole les images fortes et complètes, et cet ensemble, contredit, repoussé par tout le reste, se reportera dans un autre milieu.

2104. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

L’instinct guerrier est si fort qu’il est le premier à apparaître quand on gratte la civilisation pour retrouver la nature. […] La résistance n’est pas plus forte s’il s’agit d’un pays plus lointain. […] Une intelligence, même surhumaine, ne saurait dire où l’on sera conduit, puisque l’action en marche crée sa propre route, crée pour une forte part les conditions où elle s’accomplira, et défie ainsi le calcul. […] Seulement, autour d’une sensation forte mais pauvre, prise comme note fondamentale, l’humanité a fait surgir un nombre sans cesse croissant d’harmoniques ; elle en a tiré une si riche variété de timbres que n’importe quel objet, frappé par quelque côté, donne maintenant le son devenu obsession. […] On répondra qu’il y a des machines agricoles, et que l’usage en est maintenant fort répandu.

2105. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

On est donc fort entrepris, selon l’expression prudente de Dugas-Montbel, pour rien asseoir de certain ; il y a du pour, il y a du contre. […] Ce qui est certain, c’est que l’éducation de Louise fut fort soignée, qu’elle vécut dans les loisirs et les honnêtes passe-temps ; elle apprit la musique, le luth, les arts d’agrément, les belles-lettres, sans négliger pour cela les travaux d’aiguille, et enfin elle associait à ces goûts divers, déjà si complets chez une femme, les exercices de cheval et des inclinations passablement belliqueuses. […] Il n’est pas possible, à un certain endroit, de méconnaître le rapport de la situation décrite avec ce qu’exprimeront tout à côté les sonnets de Louise : « En somme, dit-elle ici par la bouche de Mercure, quand cette affection est imprimée en un cœur généreux d’une Dame, elle y est si forte qu’à peine se peut-elle effacer ; mais le mal est que le plus souvent elles rencontrent si mal, que plus aiment et moins sont aimées. […] du xixe ) serait, dans tous les cas, fort digne de La Monnoye lui-même. — On m’assure que ces deux épigrammes latines sont de M.

2106. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Rouillé de n’avoir pas participé au traité de Vienne ; c’est pourquoi « on donne une pension de 6 000 livres à sa nièce, Mme de Castellane, et une autre de 10 000 à sa fille, Mme de Beuvron, fort riche »  « M. de Puisieux jouit d’environ 76 ou 77 000 livres de rente des bienfaits du roi ; il est vrai qu’il a un bien considérable ; mais le revenu de ce bien est incertain, étant pour la plupart en vignes. » — « On vient de donner une pension de 10 000 livres à la marquise de Lède parce qu’elle a déplu à Madame Infante et pour qu’elle se retire. » — Les plus opulents tendent la main et prennent. « On a calculé que, la semaine dernière, il y eut pour 128 000 livres de pension données à des dames de la cour, tandis que depuis deux ans on n’a pas donné la moindre pension à des officiers : 8 000 livres à la duchesse de Chevreuse dont le mari a de 4 à 500 000 livres de rente, 12 000 livres à Mme de Luynes pour qu’elle ne soit pas jalouse, 10 000 à la duchesse de Brancas, 10 000 à la duchesse douairière de Brancas, mère de la précédente, etc. » En tête de ces sangsues sont les princes du sang. « Le roi vient de donner un million cinq cent mille livres à M. le prince de Conti pour payer ses dettes, dont un million sous prétexte de le dédommager du tort qu’on lui a fait par la vente d’Orange, et 500 000 livres de grâce. » « M. le duc d’Orléans avait ci-devant 50 000 écus de pension comme pauvre et en attendant la succession de son père. […] Je vois en eux des sergents qui, comme leurs pareils dans l’armée, ont perdu l’espoir de jamais devenir officiers. — C’est pourquoi il y en a chez qui la colère déborde : « Nous, malheureux curés à portions congrues ; nous, chargés communément des plus fortes paroisses, telles que la mienne qui a, jusqu’à deux lieues dans les bois, des hameaux qui en feraient une autre ; nous dont le sort fait crier jusqu’aux pierres et aux chevrons de nos misérables presbytères », nous subissons des prélats « qui feraient encore quelquefois faire par leurs gardes un procès au pauvre curé qui couperait dans leurs bois un bâton, son seul soutien dans ses longues courses par tous chemins ». […] Cette marche est si fort établie, qu’elle est respectée comme une sorte de justice par ceux mêmes qui en souffrent le plus ; un bon gentilhomme, qui ne peut éblouir par des alliances à la cour, ni par une dépense d’éclat, n’oserait prétendre à un régiment, quelque anciens et distingués que puissent être ses services et sa naissance. […] Vous savez, Monsieur l’ambassadeur, qu’on a fort multiplié ces places, et qu’elles se donnent par crédit et faveur, comme les régiments.

2107. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Ressuscitez pour tout droit le droit du plus fort, la justice du glaive, la moralité du centurion ! […] Oubliez-vous qu’une grande puissance germanique elle-même, la Prusse, qui forme à elle seule un quart des forces militaires de l’Europe, a répudié le joug spirituel et à plus forte raison temporel des pontifes-rois ? […] Ressuscitez les royaumes de Chypre, de Crète, sous ses lois, la mer Noire couverte de ses flottes, Constantinople crénelée de ses forts, le Péloponnèse tout entier courbé sous ses vice-doges, la monarchie universelle des mers d’Orient donnée en dot au Bucentaure qui allait épouser en souverain les flots ; ressuscitez le commerce entier de l’Orient et le transport des armées de toute l’Europe au profit des vaisseaux de Venise ! […] L’Allemagne et la France, sans cesse provoquées à des luttes incessantes par une puissance si forte et si active que le Piémont, n’auraient plus une heure de paix ; la guerre entre la France et l’Allemagne aurait deux champs de bataille au lieu d’un, et le Rhin ne roulerait pas moins de sang que le Pô et l’Adige.

2108. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Nous avons fait tous deux d’illustres naufrages : l’un, échoué sur un bel écueil, au milieu du libre Océan ; l’autre, sur la vase d’une ingrate patrie, la quille à sec, les voiles en lambeaux, les mâts brisés, le gouvernail aux mains du hasard ; l’un, plein d’espérances et de nobles illusions, ces mirages de la seconde jeunesse des hommes forts ; l’autre, décougégé, trouvant les hommes toujours les mêmes dans tous les siècles, et n’attendant d’eux dans l’avenir que l’éternelle vicissitude de leur nature, qui naît, qui se remue, qui se répète et qui meurt, pour se répéter encore jusqu’à satiété ! […] La porte, il m’en souvient, est ferrée, épaisse et forte comme la porte d’une citadelle : nous la refermerons sur moi, et le peuple, resté dehors, respectera la maison du grand poète. » XIV La manœuvre que j’avais indiquée à Cellarius réussit, et nous nous trouvâmes un moment isolés dans la petite rue de secours conduisant à la place Royale ; mais bientôt les fenêtres et les portes s’ouvrirent au bruit du tumulte qui s’élevait à mon nom devant et derrière moi, et la foule, quoique rétrécie par l’obstacle, déboucha avec nous sur la place, aux mêmes cris d’amour et de délire répétés de proche en proche par ceux qui avaient débouché des petites rues latérales. […] Il me répondit deux ou trois fois, en me remerciant et en m’octroyant, comme un homme fort, pleine licence d’écrire ma pensée contre sa pensée. […] Jean Valjean est un voleur bien intentionné d’abord, puis un récidiviste bien conditionné, et bien près d’être un assassin, quand il répond à l’hospitalité confiante de l’évêque, son hôte, son sauveur et son bienfaiteur, par le vol domestique et par la forte tentation de l’égorger pendant son sommeil, et quand il met le pied sur la pièce de quarante sous du pauvre enfant son guide, en fermant le poing pour l’assommer.

2109. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Une révélation de son génie inné lui avait fait imiter sans efforts l’expression des fortes sensations : effroi, amour, contemplation, tristesse, deuil, désespoir, sur le visage et dans la pose du corps, pour produire sur l’œil ce que la poésie dramatique ou épique la plus éloquente produit sur l’imagination la plus sensible. […] Je n’en sais rien ; j’imagine que ce fut précisément le contraste, l’étreinte de la volupté sur le cœur qui le presse trop fort, et qui en exprime trop complètement la puissance de jouir et d’aimer, et qui lui fait sentir que tout va finir promptement, et que la dernière goutte de cette éponge du cœur qui boit et qui rend la vie, est une larme. […] Mais, avant de la lui porter chez son père, j’y mettrai un clou plus fort que les autres, un baiser sous la semelle de ma fiancée ! […] et comme Antonio en jouait alors qu’il avait les doigts agiles et le souffle fort !

2110. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Decalandre paraissait en proie au délire sacré et, secouant une revue à couverture jaune, il ne m’eût pas serré la main, qu’il se répandit en sonores discours — avec le pur accent de Castres et de Lombez, comme parlait Laurent Tailhade, lequel, étant né à Tarbes, était fort qualifié pour railler l’accent méridional. […] Jacques Chaumié s’est contenté de dresser un inventaire fort sommaire de la poésie française, sans quoi il lui eût été facile de découvrir des poètes dans le Midi. […] Au contraire, les poètes de langue d’oc, soit à l’époque des troubadours, soit depuis que la langue d’oïl a pris le pas sur sa rivale, ont été et sont encore fort nombreux. […] La Réunion, où est né Leconte de Lisle, n’est pas une île fort septentrionale : il est vrai que sa famille était d’origine bretonne.

2111. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Ceux des poëtes de cette période qui ont exprimé des idées générales, satisfaisaient moins leur raison qu’ils ne caressaient la mode, qui, fort heureusement, n’exceptait pas de ses caprices les choses qui s’adressent éternellement à la raison. […] Il fut touché de ce sérieux des doctrines chrétiennes, si fort exagéré par le calvinisme et il prit plaisir à étudier l’homme au point de vue du christianisme, c’est-à-dire dans les contradictions et les misères de sa nature. […] En effet, quoique fort épris du loisir et jaloux de sa commodité, il ne put se dérober tellement aux affaires publiques, qu’on ne le forçât de s’y mêler dans cette mesure qu’il portait en toutes choses. […] Montaigne n’a pas parlé de Plutarque d’un style plus vif, ni sous une impression plus forte et plus présente des fruits qu’il avait tirés de cette lecture : « M’amye, j’attendois d’heure à autre une lettre.

2112. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Charles-Brun évite avec grand soin de telles banalités, Car tout le monde a, plus ou moins, perdu son père, Été trahi par une femme, ou bien encor Eu mal aux dents un jour qu’il ventait un peu fort ; Et faire là-dessus une fade élégie, C’est une chose en soi qui n’entend point magie, Ce n’est pas que M.  […] D’ailleurs, parmi ses banalités, on découvre parfois des renseignements si intéressants… « Par lui nous savons que le vendredy vingt-septiesme jour de septembre 1630, le roi eut une fièvre très forte… que sa dysenterie était si forte qu’il fut à la garde-robe jusques à quarante fois dans vingt-quatre heures. » M.  […] Vous me direz que, sous l’éloge, un poète est bardé comme un pachyderme et qu’il faut gratter fort pour qu’il grogne un remerciement.

2113. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Mais chez les peuples enrichis d’une littérature, la langue est d’autant plus stable que la littérature est plus forte, qu’elle nourrit un plus grand nombre de loisirs et de plaisirs ; à un certain moment, la tendance à l’immobilité ou les ondulations rétrogrades d’un langage rendent parfois nécessaire une intervention directrice dans un sens opposé, et l’aristocratie intellectuelle, au lieu de restreindre la part du nouveau dans la langue, doit au contraire souffler au peuple abruti par les écoles primaires les innovations verbales qu’il est désormais inapte à imaginer. […] Deschanel, frapper le remplacerait fort bien ; impressionner le remplacerait fort mal. […] Si l’on n’admet pas, comme jadis, l’autorité absolue de l’usage, du bel usage, on n’a pour guide que son propre goût ; mais on aurait plus de chances de le faire prévaloir, à écrire en beau style quelques livres de forte littérature qu’à recueillir des anecdotes philologiques. […] Pomme d’orange, fleur d’orange, plantation de café, jardin des Olives : toutes ces expressions sont fort logiques.

2114. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

On voit bien à plus forte raison, que le poëte comique et le pastoral doivent se réduire à une naïveté élégante, et mettre tout leur mérite dans l’exactitude de l’imitation. […] Ils peuvent, sans nuire néanmoins à la clarté, parler autrement que le commun des hommes ; et pourvû que le sens soit fort, et que les images soient vives, à proportion de la hardiesse du langage, ils auront d’autant plus atteint la perfection de leur art, qu’ils auront plus heureusement hazardé. […] Ils avoient tous trois un génie fort différent ; et je vais tâcher d’en faire connoître la diversité, en rendant raison des moyens que j’ai pris pour imiter leurs ouvrages. […] J’ai osé traduire quelques-unes de ses odes, où je serai demeuré sans doute fort au-dessous de mon original : mais comme il n’y en a point encore de traduction publique en vers françois, qu’il n’en a couru de tems en tems dans le monde que de simples imitations, et même la plûpart en vers irréguliers, je me suis encore laissé gagner à la nouveauté.

2115. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

En comparaison d’eux, les Galilée, les Descartes, les Pascal, les Huyghens, et à plus forte raison un Swammerdam ou un Harvey, n’étaient que des « curieux. » Le titre même d’une comédie de Molière en témoigne : Les Femmes savantes, et les préoccupations de sa Philaminte ou de son Armande, qui sont « curieuses », il est vrai, de physique et d’astronomie, mais combien plus curieuses encore de petits vers, et des fatrasseries dont Gilles Ménage, Egidius Menagius, était le plus illustre représentant ! […] Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle, … » plus heureux que Pascal, dont on a reconnu les fortes paroles, ils ont, eux, trouvé « le terme où s’attacher », le roc inébranlable dans l’océan de nos perplexités, et ce roc ou ce terme, c’est la « Science. » Ils savent que deux et deux font quatre, que la terre tourne autour du soleil, que les pierres vont au fond de l’eau, que le coke est le produit de la distillation de la houille, que la peste et le choléra sont d’origine microbienne, quoi encore ? […] De menus détails, capables de piquer la curiosité des esprits actifs et de servir de passe-temps à ceux qui n’ont rien de mieux à faire, fort indifférens pour celui qui voit dans la vie une chose sérieuse, et se préoccupe avant tout des besoins religieux et moraux de l’homme.La science ne vaut qu’autant qu’elle peut rechercher ce que la révélation prétend enseigner5. » Ai-je besoin de citer encore ? […] Quand les disciples se sentent devenus assez forts, ils n’aiment pas que leur maître continue de penser, et si surtout, il pense autrement qu’eux, c’est lui qu’ils accusent de ne plus se comprendre !

2116. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coolus, Romain (1868-1952) »

Coolus est une pièce ni fort neuve, ni bien faite ; l’auteur y fait preuve cependant d’une certaine vigueur.

2117. (1763) Salon de 1763 « Peintures — De Machy » pp. 242-243

J’ai vu quelques incendies, et je me souviens très bien d’y avoir vu cette lueur rougeâtre, forte et réverbérée au loin.

2118. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Ces propos de haute saveur lui revenaient fort ; on trouverait même trace de lui et de ses gaietés dans les poètes provençaux de cette date. […] S’il dit les choses avec moins de particularité qu’Horace, il ne les rend pas avec moins de naturel ; car, en admettant que (les derniers vers exceptés) il n’y ait point d’ironie proprement dite dans le courant de l’ode d’Horace, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’Alfius, ce soudain amateur des champs, se complaît fort, au milieu de son vœu frugal, à nommer les huîtres et les poissons du lac Lucrin, auxquels il déclare renoncer ; il y parle en détail des mets rares, des gelinottes, faisans ou autres oiseaux recherchés, auxquels il se promet désormais de préférer la mauve et l’olive. […] ce même Maynard, de peu d’invention d’ordinaire, et qui se borne de préférence à mettre en œuvre les pensées d’autrui, a fait une ou deux pièces fort belles.

2119. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

… La pièce la plus considérable qu’il ait composée dans les dernières années, et qui est d’une imagination aussi forte qu’élevée, a pour titre Le Chêne de Yardley ; elle lui avait été inspirée par un chêne antique qu’il avait vu dans ses promenades autour de Weston, et qui était réputé contemporain de la conquête des Normands. […] Ajoutez que, dans le fort de sa détresse et de son délaissement, il se jugeait incapable et indigne de prier. […] [NdA] En lisant ces vers À Marie, qui tournent sensiblement à la litanie pieuse, on ne peut s’empêcher de penser à cette autre Marie par excellence, la Vierge, celle dont il est dit dans la Divine Cornédie de Dante, par la bouche de Béatrix : « Il est au ciel une noble dame qui se plaint si fort de ces obstacles contre lesquels je t’envoie, qu’elle fléchit là-haut le jugement rigoureux. » C’est la confiance en cette Marie toute clémente et si puissante auprès de son fils qui a manqué à Cowper.

2120. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Il n’a été délivré aujourd’hui que le soir, et encore fort tard. […] Louis XIV, en le recevant à Marly dans le courant de mars, au plus fort de tous ses deuils de famille, lui avait dit ces paroles qu’il faut savoir gré au maréchal de nous avoir textuellement conservées : Vous voyez mon état, monsieur le maréchal. […] Or cette paix était, dit-il, fort antérieure à l’affaire de Denain.

2121. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

D’Olivet, dans le morceau fort estimable qu’il a écrit pour continuer celui de Pellisson, raconte simplement et strictement les faits essentiels, mais il est sobre d’agrément. […] Les lettres patentes de 1635, et le projet qui avait précédé, exprimaient en termes très nets le but des études et l’objet des travaux de l’Académie ; l’espoir « que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusques ici de l’élocution, qui n’était pas à la vérité toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie » ; que, pour cet effet, il fallait en établir des règles certaines ; premièrement établir un usage certain des mots, régler les termes et les phrases par un ample Dictionnaire et une Grammaire exacte qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une Rhétorique et une Poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en vers et en prose : que, de cette sorte, on rendrait le langage français non seulement élégant, mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences, à commencer par le plus noble des arts, qui est l’éloquence, etc., etc.

2122. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

« On comprend, dit le président Hénault, enthousiaste de la pièce, ce que doivent produire les combats de la maîtresse et des deux amis. » L’amitié demeure la plus forte ; ils veulent se sauver tous trois de la violence de l’Espagnol qui les fait poursuivre, et ils se donnent la mort. […] Donnez-moi de votre amitié cette preuve si forte et si distinguée : je vous le demande avec les plus vives instances. […] Peu s’en faut que je ne brûle ce que j’ai déjà écrit. » Enfin, pour faire des deux côtés son devoir d’amie, elle adresse en même temps, deux jours après (27 juillet), à Rousseau l’admirable lettre de remontrance que Mme du Deffand elle-même, toujours aigre-douce envers Mme de Boufflers, se voit obligée d’annoncer à Horace Walpole comme un chef-d’œuvre ; c’est en ces termes qu’en parlaient le petit nombre de personnes qui en avaient eu la confidence ; le mot n’est pas trop fort, on va en juger ; la voici : « A Paris, ce 27 juillet 1766.

2123. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Le duc de Savoie avait fait son arrangement ; la ligue était fort malade, mais la paix générale n’était pas conclue encore. […] Les pauvres gens savent gré au-delà de tout de cette bonté, de cet esprit d’égalité dans un supérieur et un homme célèbre, à plus forte raison dans un guerrier. […] Il était grand, brun, maigre, un air pensif et assez lent, assez bas, de beaux yeux et fort spirituels.

2124. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

D’autres lettres d’une personne moins connue, Mme de Launay, qui fut au théâtre sous le nom de Mlle Hopkins, sont aussi fort vives, spirituelles, et d’un tour plaisant. […] Talent passable, mais de grands yeux orientaux, un grand éclat, des traits réguliers, fort séduisante. […] et beaucoup d’autres gentillesses, auprès desquelles le peuple est resté calme, ce qui a fort déjoué les turbulents.

2125. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

« On me dit que votre santé est fort altérée. […] Je fais du reste fort peu de cas de ce que je vous envoie. […] La seule pensée que j’y aie cherchée, c’est la confiance dans l’amour présentée comme une belle chose, et la butorderie de l’opinion comme une chose injuste et bête. — J’avais, comme vous l’avez très-bien aperçu, commencé cette histoire de Saint-Julien dans d’autres vues, et les deux corps se joignaient fort mal.

2126. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Enfin, parmi ceux qui étaient jusque-là du groupe, les plus forts n’en auraient bientôt plus été, par le progrès même de la marche ; ils s’y sentaient à la gêne en avançant ; plus d’un méditait déjà son évasion de cette nef trop étroite, son éruption de ce cheval de Troie. […] Alibert, qui soignait ma santé devenue fort frêle, me conseilla d’écrire, comme un moyen de guérison, n’en connaissant pas d’autre. — J’ai essayé sans avoir rien lu ni rien appris, ce qui me causait une fatigue pénible pour trouver des mots à mes pensées. — Voilà sans doute la cause de l’embarras et de l’obscurité qu’on me reproche, mais que je ne pourrais pas corriger moi-même. […] Mais elle dut bientôt s’engager pour Bruxelles, puis pour Rouen, où elle jouait les jeunes premières, elle y était fort goûtée du public.

2127. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

. — Puisque M.de Loménie a contesté si fort notre premier comme ntaire sur le Qu’est-ce que la dignité ? […] Mais, prenez garde, ce n’est qu’un réseau superficiel qui fait illusion, une forte crise nerveuse sous le nuage, ce ne sont que des soubresauts galvaniques, à la suite desquels il ne restera que plus de fatigue et de néant. […] Et, pour prouver que je n’ai aucun parti pris après non plus qu’avant, je veux citer de lui une lettre encore, mais toute différente de celles qu’on connaît, une lettre fort simple en apparence, et qui a cela de remarquable à mon sens, qu’entre toutes les autres que j’ai vues, elle est la seule où il témoigne avoir un peu de calme et de contentement dans la tête et dans le cœur.

2128. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Plus elle est monstrueuse, plus elle est vivace, accrochée aux plus frêles vraisemblances et tenace contre les plus fortes démonstrations  Sous Louis XV, pendant l’arrestation des vagabonds, quelques enfants ayant été enlevés par abus ou par erreur, le bruit court que le roi prend des bains de sang pour réparer ses organes usés, et la chose paraît si évidente, que les femmes, révoltées par l’instinct maternel, se joignent à l’émeute : un exempt est saisi, assommé, et, comme il demandait un confesseur, une femme du peuple prend un pavé, crie qu’il ne faut pas lui donner le temps d’aller en paradis, et lui casse la tête, persuadée qu’elle fait justice739  Sous Louis XVI, il est avéré pour le peuple que la disette est factice : en 1789740, un officier, écoutant les discours de ses soldats, les entend répéter « avec une profonde conviction que les princes et les courtisans, pour affamer Paris, font jeter les farines dans la Seine ». […] Le petit peuple est toujours sur le point de lui faire la guerre, parce qu’il n’en a jamais été ménagé. » À la vérité, « une escouade du guet dissipe souvent sans peine des pelotons de cinq à six cents hommes qui paraissent d’abord fort échauffés, mais qui se fondent en un clin-d’œil dès que les soldats ont distribué quelques bourrades et gantelé deux ou trois mutins. » — Néanmoins, « si l’on abandonnait le peuple de Paris à son premier transport, s’il ne sentait plus derrière lui le guet à pied et à cheval, le commissaire et l’exempt, il ne mettrait aucune mesure dans son désordre. […] Dialogues sur le commerce des blés, par Galiani (1770). « Si les forts de la halle sont contents, il n’arrivera aucun désastre à l’administration.

2129. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Sommes-nous forts parce que nous étions faibles, faibles parce que nous étions forts ? […] Si le christianisme est l’allégorie du mouvement des sphères, la géométrie des astres, les esprits forts ont beau faire, malgré eux ils ont encore laissé assez de grandeur à son culte ! 

2130. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Il est vrai qu’il a reçu l’instruction des événements : il a vu s’achever le long et lourd règne de Louis XIV, il écrit dans le fort de la réaction qui suivit la mort du grand roi ; et il y aide, pour son compte, de tout son cœur. […] Au point de vue politique, Montesquieu se montre fort admirateur de la constitution anglaise, où il voit un chef-d’œuvre d’agencement. […] Une voix grave, modérée et forte, dénonçait les abus de la monarchie française, les taches de la civilisation : elle indiquait un idéal, qui apparaissait comme absolument pratique, de gouvernement libéral et bienfaisant ; elle traduisait le sentiment de tous les cœurs en protestant contre les autodafés et contre l’esclavage des nègres.

2131. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Et nous proclamerons le plus fort celui qui fait déborder le plus de larmes ou glousser le plus de rires. […] — Je vois bien qu’on se coudoie fort, mais pour s’envoyer subrepticement des coups de coude. […]   … Cependant que se meurt notre théâtre, notre littérature, reste forte.

2132. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Et nous proclamerons le plus fort celui qui fait déborder le plus de larmes ou glousser le plus de rires. […] — Je vois bien qu’on se coudoie fort, mais pour s’envoyer subrepticement des coups de coude. […] J’attends les arrière-héritiers de Fiorentino et de Saint-Victor, pour savourer l’art avec lequel ils rendront compte, en leurs cinq cents lignes hebdomadaires, des productions véreuses d’un art enterré… VI … Cependant que se meurt notre théâtre, notre littérature reste forte.

2133. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Toutefois, je lui rends justice : si elle ne voit pas, elle sent, et, dans les occasions fort rares où il faut fermer les yeux et obéir à son cœur, elle est, non pas un conseiller à écouter, mais un torrent à suivre. […] Pourtant, dans un récit historique, un peu de Tacite de temps en temps ne ferait pas mal, si l’on entend par là une réflexion forte, concentrée, une expression figurée et profonde qui rassemble toute une situation et qui la juge, un de ces traits qui percent à jour un homme et le qualifient éternellement. […] Thiers s’est donc permis d’ajouter dans sa traduction les erreurs des peuples, et cette variante d’Horace me plaît fort.

2134. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

» Si je suis sérieuse, parce qu’on ne peut être fort gaie au milieu de beaucoup de gens qu’on ne connaît pas : « C’est donc là cette fille qui a tant d’esprit ? […] Le cœur pur, les procédés nets, la conduite uniforme, et partout des principes ; exigeant peu, justifiant tout, saisissant toujours le bon, abandonnant si fort le mauvais, que l’on pourrait douter s’il l’a aperçu. […] La famille de Bouillon pressait ou avait l’air de presser pour obtenir une solution, lorsque tout à coup Mlle Le Couvreur, dont la santé depuis un an était fort altérée, après avoir joué Jocaste dans Œdipe et Hortense dans Le Florentin le mercredi 15 mars 1730, fut emportée par une violente inflammation d’entrailles le lundi 20.

2135. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Cette idée aventureuse, qui tentait Jeanne, de s’en aller guerroyer en France, avait transpiré malgré elle, et déplaisait fort à son père, honnête homme et de bonnes mœurs, qui disait qu’avant d’être témoin d’une telle chose, il aimerait mieux voir sa fille noyée, ou la noyer de ses propres mains. […] Un jeune seigneur (Gui de Laval), qui la vit dans le moment de sa gloire, et qui en écrivît une lettre à sa mère et à son aïeule, nous l’a peinte alors de pied en cap, au naturel : « Je la vis monter à cheval, dit-il, armée tout en blanc, sauf la tête, une petite hache en sa main, sur un grand coursier noir qui, à l’huis de son logis, se démenait très fort, et ne souffrait qu’elle montât ; et lors elle dit : “Menez-le à la croix.” » Cette croix était près de l’église, au bord du chemin. […] Michelet a bien saisi la pensée même du personnage, qu’il a rendu avec vie, avec entrain et verve, le mouvement de l’ensemble, l’ivresse de la population, ce cri public d’enthousiasme qui, plus vrai que toute réflexion et toute doctrine, plus fort que toute puissance régulière, s’éleva alors en l’honneur de la noble enfant, et qui, nonobstant Chapelain ou Voltaire, n’a pas cessé de l’environner depuis.

2136. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Jasmin était alors de passage à Montpellier : Monsieur, lui écrivait Peyrottes (24 décembre 1847), j’ose, dans ma témérité qui est bien près de la hardiesse (je ne donne pas Peyrottes comme très fort sur les synonymes)43, vous proposer un défi. […] Jacques a l’air en peine, il a vu Marthe… Tremblant, honteux, il s’est arrêté… Le prêtre n’y tient plus : de sa voix forte, pleine, qui épouvante le péché : « Jacques, quelle est cette femme ?  […] M. l’archevêque, homme d’esprit, et qui comprend la race des poètes, promit d’essayer au dessert d’introduire la pièce de vers entre le fromage et le café : « Mais vous aurez un fort rival dans le café ! 

2137. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

par l’aimable saint François de Sales, si on se l’imagine un seul moment jeune, non encore saint, helléniste et amoureux : Et sur le commencement du printemps, que la neige se fondoit, la terre se découvroit et l’herbe dessous poignoit ; les autres pasteurs menèrent leurs bètes aux champs : mais devant tous Daphnis et Chloé, comme ceux qui servoient à un bien plus grand pasteur ; et incontinent s’en coururent droit à la caverne des Nymphes, et de là au pin sous lequel étoit l’image de Pan, et puis dessous le chène où ils s’assirent en regardant paitre leurs troupeaux… puis allèrent chercher des fleurs, pour faire des chapeaux aux images (le bon Amyot, par piété, n’a osé dire : pour faire des couronnes aux dieux), mais elles ne faisoient encore que commencer à poindre par la douceur du petit béat de Zéphyre qui ouvroit la terre, et la chaleur du soleil qui les échauffoit. » Si vous croyez que ce petit béat de Zéphyre soit dans le grec, vous vous trompez fort ; c’est Amyot qui lui prête ainsi de cette gentillesse et de cette grâce d’ange, en revanche sans doute de ce qu’il n’a osé tout à côté appeler Pan et les Nymphes sauvages des dieux. […] Or, Amyot est un Rollin plus fort, venu cent cinquante ans auparavant, qui a eu l’initiative dans son genre, qui a le premier donné l’exemple d’une grande traduction d’après le grec en français, et qui a eu le génie de la diction toutes les fois que la pensée d’un ancien lui a souri. […] « Tous les doctes savent, dit Méziriac, que le style de Plutarque est fort serré et ne tient rien de l’asiatique. » Mais croyez-vous qu’Amyot tout le premier ne sût pas ces choses ?

2138. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Il n’est pas de pages plus vives et plus fortes que celles dans lesquelles Mallet étalait le bilan de l’Assemblée constituante, et l’état désemparé où elle laissait la France ; il n’en est pas de plus mémorables que le tableau qu’il traçait des torts et des fautes des partis en avril 1792, au moment où lui-même quittait le jeu qui n’était plus tenable, abandonnait la rédaction du Mercure après huit ans de travaux assidus, dont trois de combats acharnés, et se préparait à sortir de France. […] Mallet, dans une lettre datée du 4 septembre 1793, expliquait au maréchal qu’étant neutre, sans conséquence et parfaitement désintéressé, il avait cru pouvoir développer avec franchise, à l’adresse des cabinets étrangers, plusieurs considérations qu’on n’eût pas écoutées deux minutes dans une autre bouche : J’ai demandé qu’on voulût bien se pénétrer de la certitude et de la profondeur du danger, qu’on le combattit partout, et surtout avec les véritables armes, et qu’on se désabusât de l’idée qu’avec des sièges, des virements systématiques de troupes et quelques prises de possession, on parvint à effleurer le monstre. — Cet écrit, continuait-il, a produit une assez forte sensation sur quelques cabinets : c’est à eux, c’est à quiconque influe sur cette crise, que je m’adressais, et non au vulgaire des insensés et des furieux, à qui le malheur ôte la raison, et dont les emportements ne sont pardonnables qu’en faveur des souffrances qui les occasionnent. […] Dans ces citations fréquentes que je me plais à faire des plus fortes pensées de quelques publicistes d’autrefois, je n’ai point la prétention d’ailleurs de proposer des recettes directes pour nos maux et nos inquiétudes d’aujourd’hui ; il n’est point de telles recettes souveraines. — « L’art de gouverner, disait très bien l’ancien Portalis dans une lettre à Mallet, n’est point une théorie métaphysique et absolue.

2139. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il n’est pas étonnant d’après cela que les critiques anglais, et notamment le judicieux Jeffrey dans la Revue d’Édimbourg, se soient fort appuyés du témoignage de Grimm, comme d’un utile auxiliaire pour la guerre qu’ils se disposaient à renouveler alors (1813) contre les auteurs dramatiques du continent. […] Ses Mémoires secrets, « ouvrage qui tient un milieu fort intéressant entre le genre des mémoires particuliers et celui de l’histoire générale », sont aujourd’hui le seul livre à lire de lui : justice leur est rendue par Grimm en quinze lignes. […] Il est même, à cet égard, en contradiction avec lui-même : car il a très bien remarqué quelque part qu’une des différences qui distingue le plus les modernes des anciens, c’est que, pour connaître ces derniers, « c’était beaucoup d’avoir acquis la connaissance de leurs lois, de leurs coutumes et de leur religion », tandis que l’on connaîtrait fort imparfaitement les modernes, si on ne les considérait que par ces relations-là : notre manière de penser et de sentir dépend de bien d’autres circonstances : « On en jugerait bien mieux, ajoute-t-il, par l’esprit de notre théâtre, par le goût de nos romans, par le ton de nos sociétés, par nos petits contes et par nos bons mots. » Sur de telles nations, sur la nôtre en particulier, les livres donc, les bons livres et surtout les mauvais, ont grande influence.

2140. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Aide des forts aux faibles, aide des grands aux petits, aide des libres aux enchaînés, aide des penseurs aux ignorants, aide du solitaire aux multitudes, telle est la loi, depuis Isaïe jusqu’à Voltaire. […] Il y a quelques années, « une plume fort autorisée », comme on dit en patois académique et officiel, écrivait ceci : — « Le plus grand service que puissent nous rendre les poëtes, c’est de n’être bons à rien. […] Cette phrase « réussie », à ce qu’il paraît, a été fort répétée.

2141. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

L’auteur, nous l’avons vu plus fort, plus peintre, plus savant de touche dans Michelet, avant que Michelet eût dégradé sa palette ; mais ce que nous n’avons vu nulle part, c’est la tendresse infinie qui imbibe ces pages où l’esprit parfois étincelle ! […] Ces Horizons prochains étaient, comme vous venez de le voir, un recueil de nouvelles d’un ton fort rare, dans la littérature contemporaine, car ce ton était celui d’une mysticité singulièrement émue, mêlée aux réalités extérieures d’une observation très bien faite. […] Or l’auteur des Horizons célestes est devenu fort, en ces neuf mois qui suffisent à créer la vie.

2142. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

» crie-t-il, et tel aussi Lasserre, son cornac Lasserre, sans serre, mais non sans patte, car il donne fort, bien la sienne, comme vous le voyez ! […] Par exemple, dans ce livre de l’Homme, que voici, il se tire très bien d’une foule de pages que je trouve fort belles. […] Au xviie  siècle, malgré Louis XIV, moins fort que lui, l’abominable Jansénisme, qui, dans ses tableaux et ses sculptures, changeait jusqu’à l’attitude de Notre-Seigneur sur la croix et faisait — blasphème en action ! 

2143. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

La même objection que les partisans de l’égotisme étroit et stérile opposent à la solidarité sociale, sert aux défenseurs du nationalisme exclusif et impénétrable, et c’est l’argument vulgaire, vulgairement compris : pour être fort, il faut rester soi. […] C’est la loi commune et bienfaisante que les caducs disparaissent devant les forts. […] Seul les caducs sont annihilés ; les forts au contraire tirent de tout ce qui les entoure des germes de force nouvelle et font servir le monde extérieur au renouvellement de leur propre personnalité.

2144. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Il faudrait donc le supposer là tout à fait inférieur à lui-même, et croire que cette partie de son œuvre se serait, du vivant même de l’antiquité grecque, abaissée dans l’ombre et n’aurait pas duré même jusqu’aux lettrés romains, qui, dès le temps de Scipion et d’Ennius, s’étaient si fort occupés de la poésie de la Grèce, et ne cessaient de traduire et d’imiter son théâtre ? […] « Bœotum in crasso jurares aere natum109 » Elle se conserve, elle se répète par-delà l’époque où elle était si fort démentie par le savoir et l’inventive sagacité de Plutarque, dans le déclin de l’esprit grec. La cause ancienne de cette opinion tenait sans doute à une sorte de rudesse des hommes de la Béotie, n’ayant pas eu, comme ceux d’Athènes, l’activité du commerce et des arts, vivant d’une vie plus simple, laboureurs et bergers, et ne pratiquant pas, comme les Spartiates, leurs voisins, cette forte discipline, cette vertueuse et austère pauvreté qui, seule aux yeux des Grecs, soutenait le parallèle avec la magnificence et le bon goût d’Athènes.

2145. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

À elle appartenait ce premier âge des troubadours, qui sécularisa l’esprit en Europe, suscita devant l’Église une autre puissance d’opinion, commença le débat de la pensée libre contre le plus fort, et forma dans le midi de la France une race de chanteurs hardis et de poëtes populaires. […] Toutes les merveilles semées sur la route du poëte, dans son voyage surnaturel, s’effacent devant l’ascension de son âme, qui, regardant les yeux de Béatrix attirée elle-même par l’astre du jour, monte sous cette invincible puissance, et vérifie la parole de l’Écriture : L’amour est plus fort que la mort. […] Tour à tour calme et forte, extraordinaire et grave, cette poésie est tantôt un récit, tantôt un hymne.

2146. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Poëte d’un vrai talent, doué par la nature de qualités riches et rares, amoureux de la gloire immortelle et capable de longues entreprises, il ne lui a manqué peut-être au début qu’une de ces disciplines saines, et fortes qui ouvrent les accès du grand par les côtés solides, et qui tarissent dans sa source, et sans lui laisser le temps de grossir, la veine du faux goût. […] Il avait un don qui aide fort au bonheur de qui le possède, et qui simplifie extrêmement ce monde d’ici-bas, la faculté de répandre et d’exhaler la poésie comme à volonté.

2147. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

il peut laisser courir son expression de chaque jour, aucune ambiguïté suspecte ne viendra s’y mêler : en parlant sa langue forte et saine, il ne fait que parler celle de sa maison ( gentilitium hoc illi , disait Pline le Jeune). […] De celui-là, qui échappe pour le moment à l’appréciation littéraire, mais qu’une curiosité respectueuse ne saurait, même à ce seul titre, s’empêcher de suivre en silence et d’observer, il me suffira de dire qu’il a eu cela de particulier et d’original, que, trempé encore plus expressément par la nature pour les luttes et pour les triomphes de l’orateur, il y a de plus en plus aguerri et assoupli sa parole : cette netteté, ce nerf, cette décision de pensée et d’expression qu’il a sans relâche développés et qu’il porte si hautement dans les discussions publiques, toutes ces qualités ardentes et fortes, il semble que ce soit plutôt l’orateur encore qui, chez lui, les communique et les confère ensuite à l’écrivain ; et si l’on pouvait en telle matière traiter un contemporain si présent comme on ferait un grand orateur de l’antiquité, on aurait droit de dire à la lettre que c’est sur le marbre de la tribune, et en y songeant le moins, qu’il a poli, qu’il a aiguisé son style.

2148. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

La conversation sur les unités, que soutint l’auteur avec une dame fort distinguée par son esprit et fort attachée aux opinions nouvelles, prouvera de plus qu’on peut combattre avec courtoisie et railler sans injure.

2149. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Ils lui accordent bien d’entrer en rapport avec le non-moi par la pensée et l’intelligence ; d’en connaître et d’en réfléchir les lois, d’en posséder la science, quoique encore cela soit impossible, sans que l’activité matérielle s’en môle à un certain degré ; mais dès que le moi désire modifier activement, transformer, embellir ce monde extérieur, ils l’arrêtent, ils l’avertissent comme s’ils n’en avaient que fort précairement le droit et le pouvoir ; de même en effet qu’ils nient la continuité entre le moi et la vie dite de nutrition, de même aussi ils nient la continuité essentielle du moi avec la vie dite de relation ; entre la pensée et l’acte, entre la volonté et l’acte, il y a pour eux un abîme, de même qu’il y en avait un entre la sensation et la pensée. […] Il est associé intérieurement à la force vitale qui lui est étrangère ; il tient extérieurement aux organes de relation qui ne lui sont pas moins étrangers ; il vit pourtant ; il vit en lui-même par la pensée, comme si la pensée pouvait dans la réalité se séparer jamais d’un mouvement et d’un sentiment ; il vit quoique frappé de mort dans sa sensibilité intestine et dans son expansion rayonnante ; il vit comme un arbre qu’on aurait séché dans ses racines ; et qu’on mutilerait ensuite dans ses ramures ; il vit dans le château fort de l’âme, comme une garnison assiégée à qui l’assiégeant aurait coupé la source intérieure, le puits profond d’eau vive, et qui, n’osant sortir de la poterne pour descendre au fleuve, n’aurait plus d’espoir qu’en la manne mystique et céleste.

2150. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le lendemain, aux bureaux du National, la foule qui circula et s’inscrivit fut immense ; on y remarqua nombre d’ouvriers, Il y avait, sans doute, dans cette démonstration profonde, intérêt amical pour l’homme même, pour l’individu atteint ; il y avait hommage à un talent énergique, infatigable ; quelque chose de ce respect qu’on porte en France à toute belle intelligence que la valeur accompagne, à tout noble front où l’éclair de la pensée s’est rencontré volontiers avec l’éclair d’une épée ; mais il y avait aussi un sentiment dominant de solidarité, d’adhésion à des principes communs, de reconnaissance pour des services rendus, de confiance placée sur une tête forte et rare. […] Carrel s’était acquis une belle réputation de courage et de résolution dans le jeune carbonarisme par sa conduite en Espagne et ses condamnations à mort ; il s’était fondé également une position fort solide d’écrivain et d’historien, par sa coopération à plusieurs journaux, par son excellent volume sur la Révolution anglaise de 1688.

2151. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

» par cela seul qu’il applaudit, n’a pas l’illusion complète, car il applaudit Talma, et non pas le romain Manlius ; Manlius ne fait rien de digne d’être applaudi, son action est fort simple et tout à fait dans son intérêt. […] Pinto n’est-il pas cent fois supérieur à Clovis, Orovèse, Cyrus, ou telle autre tragédie fort régulière de M. 

2152. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Jayme dit le Fort, puis son aïeul, puis son père. […] Une fois qu’on a dit : je suis joyeux, ou triste, ou irrité, j’aime ou je hais, il semble que vraiment on n’ait plus rien à dire, et de fait on voit souvent des écrivains, de fort grands, se tirer de là par la simple rhétorique, par les périphrases et les comparaisons, par le développement à la Sénèque, qui consiste à inventer cent formes de la même pensée.

2153. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Et, pour une fois, la musique a su ajouter à la poésie au lieu de l’effacer par des sensations moins définies et plus fortes ; et, comme ces petits vers ne sont qu’un tissu d’images et d’impressions flottantes, les mélodies de Massenet nous ont peut-être encore mieux fait sentir tout ce que recèlent d’enchantement ces vagues et délicieuses romances, que je voudrais appeler des romances panthéistiques. […] Silvestre ressemble parfois à celle des Védas, et je suis fort tenté de croire que ses vers sont peut-être, dans notre littérature, ce qui se rapproche le plus de ce lyrisme grandiose, éblouissant, vite ennuyeux, débordant d’images toujours les mêmes, où tout l’univers vit d’une vie énorme et confuse, où chaque métaphore, démesurée, est toute prête à devenir un mythe.

2154. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Il vit donc, pendant vingt ans, de la rente des trente-cinq mille francs qui lui restaient, et du produit de sa plume (produit fort mince). […] Avec cela, une douzaine au moins de ces poèmes sont fort beaux.

2155. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Son chapeau l’embarrasse, il le met sur la tête de Don Juan, qui le jette au loin, et qui lui fait beaucoup de questions sur la jeune veuve dont il est fort tenté. […] — Fort. — Quel âge a-t-elle ?”

2156. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

. — Une fois ce principe admis, la vie intérieure elle-même, en tant qu’elle a des conséquences pour la vie sociale, risque fort de tomber tout entière sous les prises de la réglementation sociale ; et d’ailleurs, du moment que toute la conduite extérieure de l’individu est sujette à cette réglementation, n’est-ce pas une concession toute platonique, que celle qui consiste à lui laisser la liberté du for intérieur. […] À tous ces gens-là la vie en troupeau est nécessaire parce qu’elle est le champ où prospèrent les vertus à leur portée et que ne peut pas ne pas mépriser une âme forte, ayant le sentiment de sa force et de sa grandeur. — Mais au-dessus de cette morale misérable, par-delà cette morale misérable, jalouse de toute force, de toute grandeur, de toute beauté individualisée et s’affirmant comme indépendante du troupeau, l’aristocrate conçoit une morale faite pour lui et pour quelques hommes, ses pareils : une morale de surhomme, morale que chaque surhomme concevra d’ailleurs à sa façon, à son image, et sous l’inspiration de son idéal personnel.

2157. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Le droit du germanisme sur telle province est plus fort que le droit des habitants de cette province sur eux-mêmes. […] Cette considération exclusive de la langue a, comme l’attention trop forte donnée à la race, ses dangers, ses inconvénients.

2158. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Dans les six mille francs que Villedeuil était censé avoir reçus de son usurier, figurait, pour une assez forte valeur, un lot de deux cents bouteilles de champagne. […] Un grand, gros, fort garçon, occupé à remonter à toute minute, par un geste bête, une paire de lunettes qui lui dévale du nez, et si soufflé par tout le corps d’une mauvaise graisse, qu’il semble en baudruche, et que la plaisanterie ordinaire de Pouthier est de crier : « Fermez les fenêtres ou Pamphile va s’envoler ! 

2159. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

En voici une de ce genre qui est fort agréable : Mon père a fait faire un étang, C’est le vent qui va frivolant Il est petit, il n’est pas grand, C’est le vent qui vole, qui frivole C’est le vent qui va frivolant. […] La Triste Noce, assez peu connue, est, dans sa simplicité tragique, une des plus mémorables parmi les grandes ballades françaises et, ce qui est fort rare, elle paraît intacte et complète : J’ai fait l’amour sept ans, Sept ans sans en rien dire, Ô beau rossignolet, J’ai fait l’amour sept ans Sept ans sans en rien dire.

2160. (1902) L’humanisme. Figaro

L’œuvre du Symbolisme est et restera fort importante. […] Ce sera la loi du plus fort et du plus canaille.

2161. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

La manière dont il s’énonce est remarquable : Itaque per hanc epistolam hoc ago ut ostendam tibi non minorem esse dubitandi causam in scriptis mathematicorum, quàm in scriptis physicorum, ethicorum 151, etc. « Je te ferai voir dans ce traité qu’il n’y a pas moins de sujets de doute en mathématiques qu’en physique, en morale, etc. » Bacon s’est exprimé d’une manière encore plus forte contre les sciences, même en paraissant en prendre la défense. […] Mais on ne peut se dissimuler que cette géométrie des grands hommes ne soit fort rare.

2162. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Son caractère, plus fort que l’adversité, luttait avec avantage contre elle ; il se repaissait à l’avance du succès des ouvrages qu’il n’avait pas encore composés. […] On s’afflige en songeant que Pope et Swift, en Angleterre, Voltaire et Rousseau, en France, jugés, non par la haine, non par la jalousie, mais par l’équité, par la bienveillance, sur la foi des faits attestés ou avoués par leurs amis et par leurs admirateurs, seraient atteints et convaincus d’actions très condamnables, de sentiments quelquefois pervers1. » Les événements de la vie de Chamfort prouvent que la trempe de son âme était naturellement forte, et qu’habitué de bonne heure à lutter contre l’adversité, il ne s’en laissa jamais abattre.

2163. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

La taille de ce portrait est forte, sous le camée de la ceinture ; mais dites si, malgré l’épaisseur de ce buste qui rappelle les statues antiques, ce n’est pas là une taille de femme, des épaules de femme, une opulente gorge de femme, de magnifiques bras de femme, et des yeux ! […] Elle était plus encore… elle était la faiblesse, cette forte femme, la faiblesse contre la souffrance, contre la vie, contre elle-même, contre tout, et elle est même morte de cette faiblesse, tant elle était femme et n’était que femme, cette femme sur laquelle tout le monde s’est trompé, même Napoléon qui la crut à tort un Napoléon femelle, un bronze contre son bronze !

2164. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

. — Alors, le pauvre ami, aussi malheureux que le pauvre amant, meurt d’un désespoir, compliqué, il est vrai, d’un fort anévrisme, et c’est ainsi que Mme Gustave Haller prouve du même coup la puissance de l’amitié chez son héros, et chez elle, la puissance de l’invention et de la pensée ! […] La Psychologie, qui devrait être le fond de ce roman, y tient fort peu de place.

2165. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Ils ont pour visée l’éducation du peuple et la correction de la bourgeoisie, — de cette bourgeoisie haïe et méprisée, qui périt (croit-elle naïvement, Mme André Léo) pour n’avoir pas donné au peuple la forte instruction qui aurait tout sauvé. […] Elle dépasse en pédantisme de toute sorte, toutes les plus fortes pédantes de l’Angleterre, cette terre natale des bas-bleus, qui les a vomis sur le monde et à qui je voudrais les faire ravaler !

2166. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Toujours est-il que dernièrement, dans un journal, je l’ai vu rouler, ce nom qui a la condescendance d’être resté féminin, parmi ceux des hommes forts qu’on appelle : la Société des gens de lettres et franchement il avait bien le droit de se montrer parmi eux ! […] Il s’est même rencontré un bas-bleu plus crâne que les autres et dont le café était plus fort, qui a prétendu que les femmes avaient le droit (toujours des droits !)

2167. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Ce mérite inespéré n’était ni l’observation, ni l’étude, ni le renseignement, ni la science exacte et forte, technique et claire, ni enfin aucune des qualités substantielles qu’on est accoutumé de demander aux écrits d’un homme de guerre, instruit et pénétrant, et qui se trouvaient en lui au plus haut degré de précision et de développement. […] Ce que nous appelons avec respect l’éducation militaire, cette forte éducation des choses qui l’emporte tant sur celle des livres et qui fait entrer les notions dans le cerveau par l’œil et la main, l’éducation militaire avait pu lui donner ce regard rectangulaire qui voit avec précision les objets, et la fermeté du dessin qui sait les reproduire, mais la maîtresse faculté de Daumas était le sentiment du pittoresque, et son livre de la Grande Kabylie le prouvait.

2168. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Chauffée donc à cette double flamme de la représentation avec son éclat et du feuilleton avec son incroyable lyrisme, la société, qui est une femme (car, c’est vrai, les femmes font les mœurs, mais lorsqu’elles ne les défont pas), perd chaque jour ce qui lui restait de goûts simples et de vertus fortes, et c’est ainsi que le théâtre brise deux fois la famille, — par ses pièces et par ses acteurs. […] à ces esprits-là tout est possible ; mais quand l’importance des vaudevilles ou des tragédies de salon paraîtrait à ces forts penseurs un droit à maintenir au génie, quand tel hôtel, à la porte blasonnée, serait devenu pour le théâtre français une succursale d’émulation honorable et utile, il resterait toujours la question qui prime toutes les autres, — la question des mœurs.

2169. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

La littérature et les arts n’ont à se préoccuper que d’une chose, tout aussi importante d’ailleurs que l’émancipation de l’humanité : c’est de la beauté à exprimer, — à inventer ou à reproduire, — mais à exprimer dans des œuvres fortes et parfaites, si l’homme de lettres ou l’artiste peuvent atteindre jusque-là… La littérature et les arts sont désintéressés de tout, excepté de la beauté qu’ils expriment pour obéir à cette loi mystérieuse et absolue de l’humanité, qui veut de la beauté, pour le bonheur de son être, tout aussi énergiquement qu’elle veut des vêtements et du pain… Je parle, bien entendu, de l’humanité à son sommet, élevée à sa plus haute puissance ; je ne parle pas d’elle à l’époque de ses besoins inférieurs… Mais c’est le vice justement des libres penseurs, strangulés par la logique que leur a faite l’épouvantable matérialisme de ce temps, de ne voir jamais que les besoins les plus bas de l’humanité. […] Michel-Ange et Raphaël sont donc des inutiles, non pas encore aux yeux de Barot, qui vaut mieux que ses doctrines et qui a de l’âme, malgré son matérialisme systématique, — la lèpre entre cuir et chair de son livre, — mais aux yeux de plus hardis et, dans son ordre d’idées, de plus forts raisonneurs que lui.

2170. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Les législations n’ont jamais manqué en France sur cette chose plus forte qu’elles et contre laquelle toutes, en définitive, ont été impuissantes. […] Mais à une époque où le point d’honneur, qui s’obstine, a perdu néanmoins du rayonnement qu’il avait autrefois, et où l’argent, par exemple, cet instrument de toutes les jouissances et de toutes les corruptions, est plus fort que lui et règne en maître, l’amende peut-être, mais l’amende dans des proportions énormes et ruineuses, — car si elles n’étaient pas énormes l’amende ajouterait la vanité du luxe à la vanité du duel, — pourrait avoir l’efficacité si difficile à trouver et que la confiscation n’eut pas, dans un temps où l’exaltation du point d’honneur dominait toutes les autres considérations de la vie Seulement, qu’on y prenne garde !

2171. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Elle saisit alors ces vieux chrétiens du Moyen Âge, élevés dans la forte discipline d’un esprit doublement romain, comme une passion juvénile et contre-nature qui saisirait un vieillard austère et dégraderait sa noble vieillesse. […] Aristote, il est vrai, est un Grec ; mais si cet homme incomparable se montre encore plus fort que les hommes d’aujourd’hui dans son livre sur la politique, ce livre, par contre, fait ressortir combien ses contemporains étaient inférieurs aux hommes d’aujourd’hui.

2172. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Ils n’ont oublié qu’une chose, — la conscience religieuse, qu’ils eurent si forte, eux ! […] Mais l’historien n’aurait-il pas dû être plus fort, plus généreux, et surtout n’était-il pas tenu d’être plus juste que le protestant ?

2173. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Nous le répétons : par le temps qui court, une telle qualité d’esprit, tout ensemble solide et aiguisée, est fort rare. […] C’était l’asservissement à une âme impérieuse d’une âme faible, en proie à tous les ennuis du plaisir et du favoritisme ; c’était le croupissement des sens et du cœur, qu’il faut bien se garder de confondre avec cette facilité des âmes fortes et qu’on ne voudrait voir qu’aux âmes pures : la fidélité.

2174. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Cela est vrai en général de toutes les nations, même des nations commerçantes, à plus forte raison de la France en particulier. […] Il a constaté que la division des propriétés, cette vermine du plus beau sol, qui le ronge parcelle à parcelle, n’existe pas dans ce fort pays de droit d’aînesse, et que la grande propriété peut aisément y faire les frais de la grande culture qui féconde.

2175. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Et tout ce qui a l’honneur d’être un monsieur du xixe  siècle doit éviter prudemment de toucher trop fort à cette petite pagode de Saint et de Roi, de peur de voir — terrible jouet à surprise !  […] Il en est de même de la vie publique et privée de Saint Louis, jointes ensemble, comme les morceaux de la Croix qu’il adorait, dans sa pratique et sa conscience de fort chrétien.

2176. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

mais subsistant, et plus fort que Michelet lui-même. […] Ses Mémoires, doivent dire s’il avait été baptisé autrement qu’à la Jean-Jacques Rousseau, le Spartiate de Genève, qui voulait qu’on plongeât le corps de l’enfant, pour le faire fort, dans l’eau glacée, au sortir du ventre des mères, dût-il en mourir, et tant pis pour lui s’il en mourait !

2177. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Les deux plis étaient faits, c’est-à-dire les deux blessures, le vase était imbibé… de larmes, et elle dut se débattre toute sa vie dans son sentiment pour cet homme aimé dont la grâce était la plus forte, comme dit Alceste de Célimène. […] dans la passion qui casse presque toujours son instrument ou sa voix parce qu’elle joue ou chante trop fort !

2178. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Buffon, qui pourrait bien, si on y regarde, n’avoir pas d’esprit du tout, est pourtant fort au-dessus de ces deux hommes, bien plus vantés que lui, et par la seule raison qu’ils ont plus troublé la moralité de leur siècle. […] Nous nous soucions fort peu, pour notre compte, que la science, dont la preuve définitive n’est jamais faite, revienne maintenant, comme on le dit, aux Époques de la nature, après les avoir insultées.

2179. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Mais, pour notre part, nous remercions très fort Caro de ce verre d’eau, limpide et frais, qu’il nous donne, et dont nous avions un cruel besoin après ces effroyables boissons que nous avons, tout ce temps, été obligés d’absorber, et qui nous ont été versées par tant d’empoisonneurs contemporains ! […] Eh bien, c’est à ce plus ou moins d’Hegel, émietté et roulant en molécules plus ou moins fortes ou nombreuses dans les divers systèmes qui se produisent et se posent comme les prétendants à l’avenir, que l’attention du spiritualiste auteur de l’Idée de Dieu est allée d’abord.

2180. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Il lui faut le vertige, à ce fort cerveau, qui s’est bientôt familiarisé, ajoute-t-il, avec les jeux de l’abîme, ce grand joueur ! […] Devenu le fossoyeur d’Hamlet, mais dans les cimetières antédiluviens, il est bien autrement fort que la chétive créature de Shakespeare.

2181. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Le chagrin tardif m’est venu surprendre Comme un oiseleur sûr de ses filets… Vous étiez trop loin pour pouvoir m’entendre Quand au fort du deuil je vous appelais ! […] Il faut bien que la Critique le dise aux poètes, puisqu’ils l’oublient aux tournants du siècle et dans l’ivresse égoïste de leurs facultés : hors du christianisme, il n’y a pas de poésie forte et profonde.

2182. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Elles montrent trop — et fort inutilement — ses mille procédés de travail, et ces procédés de travail, bons comme toutes les méthodes qui sont relatives et personnelles, n’en sont pas moins chétifs et de nature à rabaisser l’idée qu’on a de son génie. […] Et cependant, pour toute Critique virile, et qui s’attache surtout dans l’appréciation des œuvres fortes à la profondeur de l’accent qui y retentit et qui semble venir de si avant dans l’âme humaine qu’on dirait qu’il en est littéralement arraché, rien de l’exécution la plus savante, la plus pondérée, la plus précise et tout à la fois la plus pittoresque et la plus musicale, ne vaut ce rugissement de l’âme élevée à sa plus haute puissance et qui rencontre un mouvement et une expression en équation avec sa foudroyante énergie !

2183. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il l’a écrite pour ses enfants et à la troisième personne, et la prose de ce poète, qui a coulé la sienne dans ce moule à balles du vers, du vers qui concentre si fort la pensée, prouve une fois de plus que c’est avec des poètes qu’on fait les plus grands prosateurs ! […] Assurément, il n’est pas douteux qu’il y a ici, comme nous venons de le dire très haut, un fort poète, de facultés considérables, — mais d’une puissance qui n’est allée cependant nulle part jusqu’à ce quelque chose de pur et d’absolu qu’on appelle en poésie un chef-d’œuvre.

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