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970. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Il n’en est pas moins vrai qu’il y a, dans le cerveau, des vibrations communes aux deux, avec irradiations différentes. […] La loi mentale est la vraie explication de la loi physique elle-même. […] Ces sensations consécutives sont un vrai remous mécanique des vibrations nerveuses, qui vont s’affaiblissant, mais d’une manière rythmique et avec des retours. […] Il est très vrai que l’émotion sert à produire le souvenir, mais pourquoi ? […] Ici encore, nous voyons les sentiments, et surtout ceux des jeunes années, résister mieux que les idées à l’influence destructive de la maladie, tant il est vrai que la sensibilité et la volonté sont le fond de la vie même et conséquemment de la mémoire.

971. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Sur ce, des mères accouraient chez lui, disant brutalement au médecin : « Mais est-ce vrai ? […] » laisse échapper, en entrant, Spuller, dont la grosse chair a le palissement d’un vrai chagrin. […] Samedi 2 juin De Nittis, c’est le vrai et le talenteux paysagiste de la rue parisienne. […] Il y a pour moi, dans cette pièce, des vraies scènes d’un théâtre moderne, seulement, parfois abîmées par les expressions littéraires en retard, de Delair. […] Et, dans la préoccupation de ses pensées, tout le monde boit du champagne, et Daudet, comme tout le monde, et bientôt dans une légère excitation, le voilà laissant éclater une vraie joie de gamin, d’avoir fait entendre à Paris, sa tirade sur les antiques familles princières, et d’avoir montré un Bourbon courant après un omnibus — détail qui lui avait été donné par le duc Decazes.

972. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Tout contribue donc à nous y faire voir la vraie réalité sociale. […] Comte, il est vrai, a proclamé que les phénomènes sociaux sont des faits naturels, soumis à des lois naturelles. […] Mais cette nécessité toute logique ne ressemble en rien à celle que présentent les vraies lois de la nature. […] C’est de la sensation que se dégagent toutes les idées générales, vraies ou fausses, scientifiques ou non. […] Il est vrai que la complexité plus grande des faits sociaux en rend la science plus malaisée.

973. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

On raconte, discrètement il est vrai, qu’il faisait à l’avance des cahiers d’expressions, qu’il emmagasinait sur de petites feuilles des alliances de mots ou des expressions qui l’avaient frappé dans ses lectures, et que, plus tard, il en saupoudrait ce qu’il avait écrit. […] Cependant un livre pareil, un livre sur Pindare, semblait l’occasion d’un vrai chant du cygne pour une critique en train de mourir et qui devait s’y résigner. […] Mais cela fût-il vrai, ce qui est douteux, qu’importerait une école militaire détruite, qui faisait de l’âme avec des muscles, à nous qui avons des canons rayés et l’âme chrétienne ? […] Ce n’est pas l’éloquence des rhéteurs ; c’est l’éloquence vraie, spontanée, naturelle, qui sort à tout propos du cœur comme le sang jaillit de la veine ! […] Ce sont tous les deux — l’un moins que l’autre, il est vrai, — les heureux coupables de l’Histoire.

974. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Il veut l’être sans niaiserie, il est vrai, et il aurait raison, si cela se pouvait, mais un tel phénomène n’est plus possible, même à la flexibilité italienne la plus féline. […] Ferrari pourrait passer pour un millionnaire en idées, mais il n’en est rien, et c’est le contraire qui est le vrai. […] On retranche quelque chose au bien ; on brise l’Apollon, la Vénus de Milo, le poème du vrai, du bon et du beau, et voilà le mal ! […] qui faisait décapiter en un jour 4,500 prisonniers et imposait, sous peine de mort, le baptême et l’abstinence (l’abstinence de la révolte, il est vrai). […] Il est vrai que, pour se servir de ceux-là, il eût fallu à M. 

975. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quinet, Edgar (1803-1875) »

Il est vrai que, d’esprit, M.  […] La clarté sereine du vrai est sur le front de ce penseur.

976. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Mézeray, très bon historien pour ces derniers siècles, portait de Sully le jugement juste et vrai qu’il faut qu’on en porte encore, mais sans embellissement et sans enthousiasme : « Outre qu’il était infatigable, ménager et homme d’ordre, dit-il, il avait la négative fort rude, et était impénétrable aux prières et aux importunités, et attirait à toutes mains de l’argent dans les coffres du roi. » Tant que Louis XIV régna, il fut assez peu question des grandeurs et des gloires des règnes précédents. […] Parmi les remarques un peu longuement déduites, mais justes, au nombre de treize, qui précèdent les Mémoires de Sully, et dans lesquelles il est donné quelques conseils aux historiens futurs, il est une prescription qui est particulièrement vraie, et qu’il convient de nous appliquer à nous tous en l’étudiant, à savoir : Que les historiens ne témoignent point de vouloir faire des recherches trop exactes des défauts et des erreurs d’autrui, tellement secrets et cachés qu’ils ne sont connus d’aucune personne qui en ait reçu dommage ou offense, et desquels nulles voix publiques ne se sont jamais plaintes, ni que l’on ait su que les peuples en général ni en particulier en aient non plus reçu dommage visible et notoire. […] Le vrai caractère de Sully se déclare déjà mieux dans cette attention publique et constante à la gravité que dans quelque infraction particulière, s’il y est tombé. […] Rosny, conduit à Vendôme par son père et présenté par lui à Henri, devant la reine Jeanne d’Albret sa mère, lui débita très bien sa petite harangue avec des protestations de lui être à jamais très fidèle et très obéissant serviteur : Ce que vous lui jurâtes en si beaux termes, lui rappellent ses secrétaires, avec tant de grâce et d’assurance, et un ton de voix si agréable qu’il conçut dès lors de bonnes espérances de vous ; et vous ayant relevé, car vous étiez à genoux, il vous embrassa deux fois et vous dit qu’il admirait votre gentillesse, vu votre âge qui n’était que d’onze années, et que vous lui aviez présenté votre service avec une si grande facilité et étiez de si bonne race qu’il ne doutait point qu’un jour vous n’en fissiez paraître les effets en vrai gentilhomme. […] Mais ce dernier le rappelle par lettres ; il lui remet en mémoire les vrais principes d’un homme de cœur ; il lui dit en le revoyant et en l’embrassant : « Mon ami, souvenez-vous de la principale partie d’un grand courage et d’un homme de bien, c’est de se rendre inviolable en sa foi et en sa parole, et que je ne manquerai jamais à la mienne. » Et il l’engage à aller à la cour de France pour y observer prudemment toutes choses et y découvrir le dessein des adversaires, sous air de se rallier à eux et de s’en rapprocher ; car Rosny a des frères ou des neveux qui sont alors des plus avant dans la faveur de Henri III.

977. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Toujours l’imagination vive et vraie ! […] Il est vrai qu’un de ses domestiques, natif de Doulevant, lui propose hardiment le second : « Je suis d’avis, disait ce brave homme, que nous nous laissions tous tuer, et ainsi nous nous en irons tous ensemble en Paradis. » — « Mais nous ne le crûmes pas », dit ingénument Joinville. — Un de ses mariniers lui suggère de se faire passer pour le cousin du roi, afin qu’on l’épargne lui et ses gens. […] Au xiiie  siècle on était, ce me semble, sur la voie des vraies images, comme les anciens ; mais depuis la société s’alambiqua ; on s’enferma dans les salons, et il fallut tout un effort à quelques peintres du xviiie  siècle pour revenir à l’image naturelle, en sortant de l’abstrait et du factice : aussi sent-on chez eux comme l’effort d’une conquête. […] Car, de même que saint Louis, malgré sa piété, résiste quelquefois à l’Église quand il s’y croit fondé en justice et sur le bien de ses sujets, de même Joinville, malgré son dévouement à son maître, lui résiste quand il se croit dans le juste et dans le vrai. […] [1re éd.] des vrais vilains et paysans x.

978. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Il est vrai que ce tort était en partie justifié par votre exemple… Peut-être aussi le chagrin m’arracha quelques remarques injustes, et le Voltaire qui m’avait nui auprès du roi de Prusse, me gâta le Voltaire que je lisais. […] On le voit le premier Français newtonien qui ait importé au sein de l’Académie des sciences le vrai système du monde, et qui l’ait mis à la mode également dans la société. […] Maupertuis, président perpétuel de l’Académie de Berlin, a rendu de vrais services qui ont été appréciés par des juges compétents, et, en dernier lieu, par le regrettable M.  […]  » Ce retour, à peine indiqué, de Frédéric sur son père si cruel pour lui, cette allusion, s’il l’avait faite réellement, serait touchante ; mais, dans le vrai, Frédéric était trop roi pour laisser voir à personne qu’il se plaignait de son père, et surtout pour l’écrire. […] Cette correspondance, telle que je viens de la lire et de l’examiner à sa vraie source, me paraît une des branches les plus précieuses de la correspondance du roi de Prusse, et de celles qui le font le mieux connaître dans l’intimité de sa nature.

979. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il s’agit du vrai journal appartenant à la Bibliothèque du Louvre, et qui nous offre la série des faits et réflexions, tels qu’ils se pressent et se heurtent pêle-mêle sous la plume de ce probe et bizarre personnage, à partir du ministère du duc de Bourbon, pendant toute la durée du ministère du cardinal de Fleury et au-delà. […] Voulant étudier l’ancien régime et y pénétrer jusqu’au cœur pendant les deux siècles qui ont précédé la Révolution française, un homme éminent et regrettable à tant de titres, M. de Tocqueville disait : « Pour y parvenir, je n’ai pas seulement relu les livres célèbres que le xviiie  siècle a produits ; j’ai voulu étudier beaucoup d’ouvrages moins connus et moins dignes de l’être, mais qui, composés avec peu d’art, trahissent encore mieux peut-être les vrais instincts du temps. » Le Journal de d’Argenson est un de ces ouvrages que devait rechercher M. de Tocqueville ; l’art y est aussi absent qu’on peut le désirer, l’instinct y respire. […] C’est, en bon français, un vrai moulin à justice et un torrent mécanique, en cela qu’il est nécessité à aller comme il est monté. […] Il est vrai qu’il varie souvent sur son compte : écrivant au jour le jour, ses jugements et ses degrés d’estime sont à la merci de son impression actuelle ; il n’est jamais à une rétractation près. […] Il compte fort en dernier lieu, pour réaliser ce beau rêve, sur le fidèle Bachelier, valet de chambre du roi, et introducteur de Mme de Mailly, la première maîtresse : ce parti d’alcôve et d’antichambre lui paraît pour le quart d’heure, et tant qu’il en espère son avancement, le plus patriotique et le plus honorable : « En effet, tout l’autre parti radote ou trompe, et celui-ci est seul ferme, solide, dans les vrais intérêts de la couronne et plein d’amour pour la personne du roi. » D’Argenson, qui se laisse appuyer par Bachelier, appelle cela être dans l’intrigue passivement.

980. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Il n’en est pas moins vrai que d’autres fois (notamment contre les écrivains dits réalistes, et dont le seul tort est de chercher peut-être outre mesure la vérité), il a eu des invectives violentes, excessives, des qualifications personnelles, flétrissantes ou légères, et que le prétexte de la morale n’excuse pas. […] Je crois que la vie y gagne et que la grandeur vraie n’y périt pas. […] Voilà ce que la vraie morale humaine conseille au XIXe  siècle. […] Un vrai père, moins altier, moins égoïste, devait venir à la pension au moins une ou deux fois l’an, quand il était sûr de ne pas rencontrer sa femme. […] Ma conclusion bien sincère sur l’ensemble du talent de M. de Pontmartin, et malgré toutes ces critiques auxquelles je me suis vu forcé, ayant à combattre avec lui pied à pied et me trouvant réduit à la défensive, est qu’il y a de la distinction, de l’élégance, que c’est un homme d’esprit et d’un esprit délicat, auquel il n’a manqué qu’une meilleure école, et plus de fermeté dans le jugement et dans le caractère, pour sortir de la morale de convention et pour atteindre à la vraie mesure humaine, sans laquelle il n’est pas de grand goût, de goût véritable.

981. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Le peuple est triste, sans aucune imagination, sans esprit même, avide d’argent, ce qui est le caractère dominant des Anglais… » Ainsi parlait du pays, dont son défunt mari avait prétendu être le roi légitime, cette femme de trente-neuf ans, mûre désormais, une vraie femme du XVIIIe siècle, et des meilleures, sensible et sensée. […] Elle ne rend pas du tout justice, il est vrai, à l’éloquence de Mme de Staël, mais elle ne se trompe pas trop sur les défauts d’obscurité et de subtilité qu’elle reproche à son ouvrage. […] Son talent toutefois s’annonçait d’abord avec un certain éclat et présageait un artiste d’un vrai mérite, capable à son tour et digne peut-être du laurier. […] Simond, l’auteur du Voyage en Italie, nous a présenté également Fabre sous cet aspect, — un connaisseur dans les arts qui dit des choses singulières, surprenantes au premier abord, et qui se trouvent vraies. […] Les vrais moralistes sont ceux qui voient les choses comme elles sont et qui tiennent compte des circonstances sociales ou des exceptions personnelles.

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