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1086. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Mais l’embrasser de tout son être, avec passion, avec le cœur et l’intelligence, avec la volonté et le regard, sensuellement, cordialement, c’est mieux.

1087. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Ce goût pour l’abstraction a persuadé à M. de Biran de transformer en substances les forces, simples qualités ou rapports abstraits, de considérer la volonté comme l’âme, de changer l’étendue en une apparence, et de ressusciter les monades de Leibnitz.

1088. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Pareillement, quand je prononce le mot force, digestion, volonté, ou tout autre, je dois pouvoir indiquer en quels mots il se résout, et à quels faits ces mots correspondent ; alors seulement je l’ai analysé.

1089. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Celui-ci devait ramener la pauvre Mme de Tocqueville, un des frères retournant à Nice où il avait laissé sa famille, l’autre reconduisant la dépouille de son frère, qui, d’après sa volonté, reposera dans le cimetière de Tocqueville. […] A force de la fréquenter et de la posséder dans ses antiquités, dans ses ruines, il s’y sentait comme chez lui et y habitait en idée à tous les âges ; son imagination le transportait à volonté à une époque historique quelconque ou par-delà jusque dans les périodes légendaires. […] Et puis l’aimable auteur, s’il est permis de le dire, n’y mit point cette opiniâtreté de volonté dont l’auteur d’Hernani a depuis donné l’exemple, cette foi robuste en soi-même qui, venant en aide au talent, transporte les montagnes.

1090. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

… Il ne boit pas de vin, ne prend pas de café, ne fume point : c’est le sobre athlète du feuilleton et de la copie… Le perceur d’isthme, Lesseps, à l’œil si noir sous ses cheveux argentés, et qui dîne aujourd’hui, au débotté de l’Égypte, fait la confidence — cet homme d’une implacable volonté — qu’il a été détourné de faire beaucoup de choses dans sa vie, par une tireuse de cartes de la rue de Tournon, qui a succédé à Mlle Lenormand. […] Et nous avons cette mauvaise fortune sans exemple à la Comédie-Française, d’être arrêtés, les rôles distribués et acceptés par les meilleurs acteurs de la troupe, les décors faits et essayés, — et cela par la volonté d’un seul acteur qui a reçu notre pièce à boule blanche, et qui joue, tous les soirs, dans Musset, des rôles aussi jeunes que celui, dont il a prétexté la jeunesse pour ne le pas jouer. […] 30 novembre En me voyant si près d’être joué aux Français, je commence à croire qu’il pourrait y avoir une providence pour la constance de l’effort et le courage de la volonté.

1091. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Elle aimait mieux s’entourer de gouvernements dont l’action fût moins énergique, et fléchît plus aisément sous sa volonté. […] En effet, deux jours après (3 germinal), Fourcroy, orateur du gouvernement, alla clore la session du Corps législatif, et, dans un incroyable discours, il parla des membres de cette famille dénaturée « qui auraient voulu noyer la France dans son sang pour pouvoir régner sur elle ; mais s’ils osaient souiller de leur présence notre sol, s’écriait l’orateur, la volonté du Peuple français est qu’ils y trouvent la mort !  […] « Dans l’ordre de nos Constitutions, après l’Empereur est le Sénat ; après le Sénat, est le Conseil d’État ; après le Conseil d’État, est le Corps législatif ; après le Corps législatif, viennent chaque tribunal et fonctionnaire public dans l’ordre de ses attributions ; car, s’il y avait dans nos Constitutions un Corps représentant la Nation, ce Corps serait souverain ; les autres ne seraient rien, et ses volontés seraient tout. […] Lorsque cet ouvrage, bien fait et écrit dans une bonne direction, aura paru, personne n’aura la volonté et la patience d’en faire un autre, surtout quand, loin d’être encouragé par la police, on sera découragé par elle. — L’opinion exprimée par le ministre, et qui, si elle était suivie, abandonnerait un tel travail à l’industrie particulière et aux spéculations de quelques libraires, n’est pas bonne et ne pourrait produire que des résultats fâcheux.

1092. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Heureusement il ne pouvait faire, en dépit de sa volonté, que des œuvres sérieuses. […] Ainsi L’Amour médecin est une comédie-ballet ou un ballet-comédie à volonté ; une suite des Amours déguisés, par exemple ; Amours déguisés en forgerons, — Amours déguisés en compagnons de Proserpine, — même L’Amour déguisé en comtesse de Soissons ; à celui-là, certes, on pouvait dire : je te connais beau masque ! […] C’est par ce qu’elle était à cette œuvre, que le nom de La Vallière est resté, en nos souvenirs et dans nos respects, le mot d’ordre de tant de grandes choses dont se compose le grand siècle. — Elle a entendu les premiers bruits du Versailles naissant ; elle a vu fleurir les premières fleurs de ce jardin des Hespérides ; elle a vu s’élancer dans les airs rafraîchis, les premières eaux de ces bassins amenées de si loin, par la volonté d’un seul, pour le plaisir de tous. […] Chaque fois que son amant la quitte et l’abandonne, aussitôt elle se réfugie au pied de la croix ; échevelée, pleurante, le sein nu, chargée de deuil, alors encore une fois le roi la trouve belle et revient la disputer aux autels, alors aussi, — tant elle a de peine à briser ces liens si charmants, — elle cède à cette volonté implacable, et elle rentre en pleurant à cette cour témoin de ses larmes… Vain espoir !

1093. (1925) Proses datées

Je le vois, comme un magicien de la volonté, s’enfermant d’un geste de sa plume dans le cercle protecteur autour duquel s’arrêtent et grondent les forces adverses superbement et subtilement déjouées. […] Ajoutons que la société prête les mains, le plus souvent, à ces ruses et joue son rôle dans ce complot, Balzac nous montre comment le guet-apens échoue devant une volonté tenace et déterminée. […] Aussi nous représente-t-il des êtres qui nous deviennent aussitôt familiers et qui vivent par eux-mêmes des êtres dont nous reconstruisons par nous-mêmes les parties que l’on ne nous a pas montrées, des êtres vraiment entiers qui agissent non pas par la volonté de l’auteur, mais par leur propre vitalité. […] Joignez-y encore qu’il avait le goût de la perfection et le respect de son art, un sens très aigu d’autocritique et la volonté très nette de ne point démentir par des tentatives prématurées sa réputation naissante. […] En effet, si les Fleurs du Mal sont un livre « composé », il nous fournit la preuve que Baudelaire fut fidèle à ses théories concernant l’inspiration et la réalisation poétiques et à la part de volonté précise et préconçue que comporte toute œuvre d’art valable.

1094. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Je voudrais donc avant tout que le critique de mes rêves eût une probité littéraire irréprochable, j’entends par là une volonté ferme de trouver le vrai et de le dire. […] Mais c’est peu pour lui de se raidir contre les volontés d’une majorité tyrannique ; bien plus redoutables sont d’autres ennemis qu’il se crée fatalement : je songe aux auteurs qu’il a piqués ou rudoyés. […] Si le critique doit être un guide et au besoin un sauveteur pour ceux qui s’aventurent sur une mer féconde en désastres, ce n’est pas seulement de courage, de bonté, de volonté ferme qu’il doit être armé. […] Renan et sous le drapeau du dilettantisme, ont depuis une vingtaine d’années sapé, miné, ruiné presque toutes les doctrines, littéraires ou autres, et ont ainsi réussi à créer une des plus belles anarchies d’idées et de volontés qui se soient jamais vues au bon pays de France. […] Les héros des histoires qu’il nous conte ont aussi d’ordinaire des candeurs, des défaillances et des nervosités de jeunes filles ; ils sont timides, presque éthérés ; ce sont des âmes à peine vêtues d’un corps ; amoureux, ils sont plus souvent conquis que conquérants (voyez Hubert Liauran ou René Vincy) ; et même, quand ils ont l’air d’être forts, quand ils accomplissent un acte qui exige de l’énergie, comme André Cornélis ou le Disciple, ils apparaissent hésitants, inquiets, douloureusement ballottés au vent des circonstances, roseaux pensants bien plus que volontés vigoureuses et décidées.

1095. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

La Calliope française ne nous était pas moins inabordable ; elle n’a dignement chanté qu’un roi persécuté par les factions, protestant, successeur d’un Valois assassiné par les catholiques, lui-même proscrit par la doctrine révolutionnaire de l’église romaine qui prêchait ouvertement le meurtre du plus loyal des Bourbons ; un roi, dis-je, triomphant des ligues usurpatrices autant par la générosité que par les armes, humain dans les camps, tolérant sur le trône, compagnon des soldats, ami de ses défenseurs, bienfaiteur de ses ennemis, père nourricier de son peuple, qu’il assiégeait en lui présentant des vivres et sa sincère clémence, prince qui sut prendre pour ministre, non l’homme habile le plus adroit à suivre ses volontés, mais le plus capable d’y résister lorsqu’elles étaient injustes, et qui de ce ministre probe se fit un sincère ami, dont le nom reste encore inséparable du sien ; vrai héros de bonté, vrai chevalier de franchise, roi tout national, enfin Henri IV ! […] Il franchit les distances à volonté, et s’ouvre toutes les régions où peut pénétrer la pensée : l’univers est son théâtre, et la durée du temps dont il est maître n’a d’autre limite que celle de son choix. […] L’agriculture, réglée par les croissants de la lune, le mugissement d’un fleuve et la multitude des reptiles venimeux, ont divinisé dans l’Égypte les formes du taureau, de la vache, et des serpents ; les menaces et les tributs de la mer ont érigé en monstrueux cétacée le dragon des Philistins : les Grecs, qui n’attribuaient l’autorité qu’à la force unie à la sagesse, ont déifié leur propre image sous les traits d’un homme dans l’âge de la vigueur, tenant la foudre et faisant tout mouvoir à son moindre sourcillement : les modernes, convaincus que leur dieu n’est que volonté, raison et préscience, se sont fait de même l’Éternel à leur image, mais sous la figure d’un vieillard, de qui l’âge est le symbole de la prévoyance et de la majesté qui commandent les respects. […] qu’elle fût venue dire aux chrétiens : Il est un être sans corps, sans origine, et sans fin, qui commande éternellement ; la parole ou le verbe est l’expression née de sa volonté, et l’esprit ou le zèle qui en émane a fait éclater le verbe dans le monde ; parce que la parole sort de ce qui est, et qu’elle ne se produit que par l’esprit qui l’inspire : voilà les trois qualités insubstantielles de tous temps réunies, l’être, l’esprit, et le verbe ; en un mot, la mystérieuse Trinité.

1096. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Après le dîner qu’il y fait, il se jette sur son lit, ayant cela encore du soldat capitaine qu’il sommeillait et s’éveillait à volonté.

1097. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

N’oublions pas qu’il y avait trente ans que Sully était sur la scène, et vingt ans qu’il figurait dans les hauts emplois : il n’est pas donné aux hommes de se renouveler à volonté et de s’éterniser. « Le temps des rois est passé, et celui des grands et princes est revenu », c’était le cri universel dans les cabales du Louvre : Sully ne pouvait en être, et il n’était pas en mesure d’en triompher.

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