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755. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Elles prennent toute la vie de leurs victimes. […] L’Amour supplie sa mère de rendre la vie à Psyché. […] ta vie est entre mes mains. […] cette vie est elle-même un si pénible rêve ! […] » Et il lui impose pour pénitence d’accepter la vie.

756. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Je prie Dieu qu’il me mette remède, ce sera quand il luy plaira, et qu’il vous donne santé et longue vie. […] … Gardez-moi bien secret, car il m’en coûterait la vie ! […] Sa vie entière, pendant sa captivité, ne fut qu’une longue conjuration. […] La vie n’est qu’une vallée de larmes, et je la quitte sans regret. […]  » Il a raconté en effet la vie de cette reine et de ce siècle comme on ne la racontera plus.

757. (1932) Le clavecin de Diderot

Or quel est le cours normal de la vie de cette plante ? […] Rien que du minéral sans souffle de vie contre quoi, se cogner la tête. […] Wilde est passé par là : Mettre le génie dans sa vie, le talent dans son œuvre. Le génie dans la vie, entendez licence complète. […] Une des nécessités de la vie et de l’esprit, de la vie de l’esprit, la nécessité poétique ne semble la plus aveugle que parce qu’elle est la plus difficile à connaître.

758. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Si l’amour qu’elles inspirent est la gloire de la vie pour les femmes, on ne conçoit pas très bien le scrupule de convenance qui, pendant trente ans, a empêché la publication de ces lettres… Au point de vue de leur contenu et de la morale vulgaire, la seule que généralement on invoque, elles sont sans aucun inconvénient pour la mémoire de Madame Récamier, qui reste en ces lettres ce qu’elle fut toute sa vie, c’est-à-dire la plus pure et la plus vertueuse des mondaines de son siècle. […] » Benjamin Constant s’est bien mis à genoux devant Madame Récamier, mais il ne s’en est relevé… que pour prendre la fuite, et elle a vécu tranquillement toute sa vie qui a été longue. Si cela peut s’appeler de la vie ! […] Elle ne s’appuyait sur la vie que comme une feuille de saule tombée s’appuie sur l’eau… Elle n’avait d’esprit que celui-là que Rivarol exigeait des femmes et des roses, mais c’était assez pour que Madame de Staël, son amie, aimât à le respirer et en embaumât son génie ! […] — et ensuite parce qu’elle avait atteint l’homme qui devait le plus y échapper, — s’éteignit tout à coup, un jour, comme la flamme d’un grand incendie qui ne peut plus rien dévorer et qui tombe sur des débris fumants et noirs… Après avoir aimé Madame Récamier comme il l’avait aimée, Benjamin Constant retourna à la vie ordinaire de ces passions qui ne sont plus la passion unique, la passion despotique et torturante qui donne bien l’idée de ce que les catholiques entendent par leur possession du démon… Benjamin revint à la vie de la pensée, à ses travaux, à ses ambitions, à ses passions même ; car il en eut pour d’autres que Madame Récamier.

759. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

., et qui arrivèrent tous à la vie de la publicité vers 1830. […] Toute sa vie, ce satyrique, qui avait pourtant à son service l’expression vengeresse, resta stoïque et doux. […] Ils connurent sa profondeur de sentiment dans toutes les affections de sa vie, et, jusque dans ses plus flottantes relations, son incorruptible fidélité. […] Amédée Pommier contint son cœur, et par piété pour la mémoire de sa femme, il s’attendit… il attendit qu’il fût capable d’écrire simplement cette vie à trois dont ils avaient vécu, et, simplement, il l’a écrite. […] Mais ce qui rend cette impression encore plus profonde, c’est qu’immédiatement après avoir tracé cet écrit qu’on ne sait trop comment nommer, cette espèce de révélation testamentaire de sa vie, Amédée Pommier soit mort, après l’avoir signée· Cette mort presque subite donne, je trouve, à sa vie, la grandeur d’une destinée.

760. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Il ôte aux êtres bas d’esprit, dont le monde est plein, cette joie de pouvoir dire que la vie des poètes les plus éclatants n’est que leur poésie à la renverse, et qu’avec leurs ailes, — leurs ailes de Chimères !  […] Mais il aima mieux toute sa vie se priver de ce revenu, que de toucher à une seule des branches de ce bois sacré, le luxe d’un poète ! […] Très ressemblant toujours, quoiqu’il ait été fait au milieu de sa vie, ce portrait traduit exactement l’idée que l’Imagination prend d’Alfred de Vigny en lisant ses vers. […] Mais, sans s’arrêter à cette ligne extrême du dandysme, de Vigny avait pourtant le sentiment de la forme, — de la beauté voulue dans tous les détails de la vie, qui répugne à tout ce qui est inférieur, et qui faisait admirer au vieux Mirabeau le rouge que se mettait Mazarin mourant ! […] Comment on doit quitter la vie et tous ses maux, C’est vous qui le savez, sublimes animaux !

761. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

de manière à faire croire qu’il n’y a peut-être qu’un amour dans la vie, et que l’être tombé dans ce feu ne se cicatrise jamais et garde des blessures inextinguibles ! […] … Certainement ce n’est pas là du copiage volontaire et conscient, mais il n’en est pas moins certain que le réverbérateur de toutes ces choses, dont la seule invention est de se croire un inventeur, allume en nous d’anciennes images qui ont plus de vie que les siennes et qui nous en éclairent la petitesse par la comparaison ! […] peut-être : les imitateurs, qui cherchent leur vie à toute porte finissent bien toujours par trouver quelqu’un ou quelque chose à imiter. […] L’imitation, nous le savons bien, c’est par là que l’homme débute dans la vie, mais, pour peu qu’il ait de la vie, il outre le défaut de son modèle, et cette outrance, c’est l’honneur de son esprit, car c’en est la promesse ! […] Mais la vie, où est-elle ?

762. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Au premier signal des discordes et des déchirements civils, l’horreur et le dégoût le saisissent ; il veut fuir, il ne peut habiter dans le désordre et dans le sang ; il est prêt à renoncer même à la patrie pour retrouver la paix, la règle, la sécurité et la décence de la vie. […] Et je ne crains point que nos neveux refusent un jour d’inscrire nos noms (si toutefois le destin nous prête vie) sur la liste des amis célèbres. […] C’est bien alors que celui qui survit peut s’écrier avec Pline le Jeune : « J’ai perdu un témoin de ma vie… Je crains désormais de vivre plus négligemment. » Parler de La Boétie et de Montaigne, c’est nécessairement parler de l’amitié. […] Quand ils se rencontrèrent La Boétie et lui au début de la vie publique, ils étaient encore sous le vestibule de l’Antiquité et comme sous le Portique. […] L’image de La Boétie demeura jusqu’à la fin dans sa vie et s’y maintint debout comme la colonne isolée d’un temple, — d’un temple resté inachevé et qui n’a jamais été construit.

763. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

ce que nous venons de faire là est l’image de la vie, et c’est assez triste, n’est-ce pas ?  […] Je goûte le bonheur d’avoir devant moi une occupation plus longue que la vie. […] Que font de leur vie les femmes oisives, quand elles ne peuvent plus la dépenser dans le monde ? […] À chaque âge, à chaque étape de la vie, une hôtesse nouvelle, une joie proportionnée à la saison, et possible encore, nous accueille et nous reçoit. […] Mme de Tracy nous en est un exemple, et elle nous montre combien les pensées d’au-delà sont une ressource pour alimenter la vie du cœur.

764. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il a raconté lui-même toutes ces vicissitudes de sa vie première avec bonhomie et ingénuité. […] Ensuite je me procurai Wilhelm Meister, et sa Vie, ensuite ses drames. […] Toutes les pensées étrangères sont éloignées, et toutes les aises même de la vie sont pour longtemps perdues. […] Le monde est si grand et si riche, la vie si variée, que jamais les sujets pour des poésies ne manqueront. […] Il ne se montre pas tel, en effet, dans l’habitude de la vie, et le diabolique en lui ne dominait pas.

765. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il aime assez la vie, il ne la trouve pas mauvaise, il l’a satirisée sans être misanthrope, et seulement parce qu’il ne pouvait s’empêcher de la voir telle quelle est ; mais enfin la vie dans la réalité lui paraît plate ; elle ne lui plaît jamais plus que quand il peut l’animer, la poétiser, la travestir ; il eût été capable de faire, des folies pour cela ; « Mon royaume pour un cheval !  […] Il n’a fait qu’une seule caricature politique dans toute sa vie, contre Charles X, le Ballon perdu, en 1830, et il se la reproche encore ; il voudrait l’effacer. […] Il y eut dix années, où, à partir de 1837, il s’empara de la curiosité publique, de la vogue ; et lui et Balzac, ils se mirent à peindre, à silhouetter dans tous les sens la société à tous ses étages, le monde, le demi-monde et toutes les espèces de mondes. ; ils prirent la vie de leur temps, la vie moderne par tous les bouts. […] C’est une grande avance, je le sais, à qui veut passer pour un homme de génie auprès du vulgaire que de manquer absolument de bon sens dans la pratique de la vie ou dans la conduite du talent. […] En présence de cette mascarade variée de la vie parisienne, si Balzac l’a plus fastueusement affichée et accusée, Gavarni l’a montrée plus naïvement.

766. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Cet enfant que la vie effaçait de son livre, Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre, C’est moi. […] Un incident presque merveilleux, jeté au sein de cette vie de couvent, dut aussi influer beaucoup sur l’esprit et la gravité précoce de l’enfant poëte. […] Les années 1819 et 1820 furent sans doute les plus remplies, les plus laborieuses, les plus ardentes, les plus décisives de sa vie. […] Depuis neuf ans, la vie de Victor Hugo n’a pas changé ; pure, grave, honorable, indépendante, intérieure, magnifiquement ambitieuse dans son désintéressement, de plus en plus tournée à l’œuvre grandiose qu’il se sent appelé à accomplir. […] Par Hernani, donc, il aborda le drame, et par le drame, la vie active.

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