Si Chateaubriand eût été un grand poëte au lieu d’être un grand prosateur, et s’il eût conçu son poëme rationnel sur les vérités les plus acceptées de son siècle, en morale, en politique, en religion ; s’il eût vulgarisé quelque vérité nouvelle, pleine de Dieu, comme elles le sont toutes, et qu’il eût popularisé et divinisé ces vérités par un style en vers digne de Dieu et des hommes, il est à croire que le genre humain posséderait un poëme épique de plus, et la France un véritable et immortel poëte épique. […] Un véritable grand homme qui eût paru alors, le glaive dans une main, la modération dans l’autre, pouvait lui apporter la raison, la force et la paix ; c’était une de ces époques où la dictature des soldats et la dictature des législateurs peuvent s’unir pour reconstituer un grand peuple ; mais, il faut le reconnaître, la France, qui est le pays des armes, du génie et de la gloire, n’est pas le pays de la raison.
Outre que, par les caractères des écrits qu’il a toujours aimés, comme s’y étant toujours reconnu, nous pourrions apprécier à toutes les époques ses véritables besoins, les distinguer de ses caprices, et travailler avec connaissance à régler son avenir d’après son passé. […] De même, la meilleure chance est à l’écrivain qui, au lieu de quelque image altérée et mensongère de l’esprit français, travaillera devant une image véritable, dont il aura recueilli les traits dans toute la suite de son histoire.
Dumoulin retrouvait les véritables sources et posait les règles fondamentales du droit français ; Bodin mêlait à des rêveries pythagoriciennes deux principes excellents, et qui sont devenus du droit public, l’inaliénabilité du domaine royal et la nécessite du consentement des sujets pour la levée des impôts. […] De là, l’illusion de quelques personnes de notre temps, auxquelles il paraît que le xviie siècle en a moins su que le xvie sur ce grand sujet, et qu’il y a plus d’idées au temps de Montaigne qu’au temps de Bossuet ; véritable illusion d’optique, si cela peut se dire, dont la cause est une certaine disposition d’esprit propre à notre siècle, et qui lui est commune avec le xvie siècle.
Ainsi, un critique passionné, partial, connut mieux la véritable mesure de Balzac que ses admirateurs les plus éclairés et les plus sincères, et le jugement de Descartes sur cet écrivain ne doit être admis qu’avec les réserves du père Goulu. […] Il est vrai qu’elle s’avoue contrainte et forcée, et qu’elle renvoie « au vieil et bon exemplaire in-folio » ceux qui préféreraient la véritable leçon.
Si l’on veut y comprendre tout ce qui n’est pas strictement nécessaire à la vie de l’individu (et encore l’existence de certains individus est un luxe véritable) ou mieux tout ce qui ne rend pas à la société le maximum de profit (et tout cela est à quelque degré inutile puisqu’on pourrait trouver mieux), rien n’est plus impossible que de supprimer le luxe. […] Elle prétendra que le véritable intérêt de la société, ce qui peut le mieux la faire grandir, c’est de laisser l’individu acquérir son maximum de personnalité.
Une véritable œuvre d’art dépend jusqu’à un certain point de son milieu : les Grecs le savaient bien, et Wagner l’a compris, en choisissant pour son théâtre ce coin retiré des montagnes bavaroises qui fait penser à un fond de tableau de Dürer : la promenade sous les vieux arbres du parc évoque déjà le moyen-âge, et l’on sent passer je ne sais quels souffles mystiques dans le paysage que domine la plate-forme de l’édifice : une étendue bosselée dont le vert est piqué des taches plus foncées des bois de sapins… En sorte que l’âme est toute prête aux accords religieux qui accompagnent la marche des chevaliers du Graal, et toute prête aussi à pénétrer le sens profond que lui offre la légende du « Pur-Simple, sachant par compassion… » J’ai entendu l’œuvre de Wagner un peu partout : à Cologne, la vieille ville amie, à Munich, à Berlin, à Bayreuth, et dans ce froid théâtre de Covent Garden qui devrait être à jamais réservé aux exhibitions mondaines. […] De tels artistes sont les pionniers de la science et remplissent bien le véritable but de l’art, qui est de contrôler les facultés humaines pour édifier de plus en plus solidement l’évolution expérimentale, c’est-à-dire la vie consciente. » Complément au mois wagnérien de Juin MARSEILLE Répertoire des concerts populaires : Introduction au 3e acte de Lohengrin.
Et c’est ici que nous pouvons aborder l’examen de la troisième idée fondamentale qui présida à la création de Parsifal ; elle est la plus importante et donne la véritable clef de la signification du drame. […] Selon la philosophie véhiculée par l’opéra, seul un jeune homme simple peut avoir accès à la véritable connaissance grâce à la pitié, à sa capacité de ressentir l’émotion de l’autre.
Mais exécuter, c’est le mot, le « Waldweben », sans décor, sans mimique, montre une véritable inintelligence de l’art wagnérien. […] Oui… » ou bien, à propos de Tristan : « Peu me soucie que Wagner, philosophe, ait songé à l’anéantissement, à l’effacement de la personnalité dans l’inconscience infinie ; en dépit de tout, et de l’auteur lui-même s’il le faut, le chant final d’Iseult est le chant de l’amour immortel, l’hymne des âmes réunies à jamais. » Il est bien étonnant que ceux-là même qui définissent ainsi l’artiste, aient fait de Wagner leur maître de prédilection, quand ils avaient à portée de leur esprit Berlioz, qui n’avait pas de théories arrêtées, qui produisait suivant son inspiration, tantôt bien, tantôt mal, mais sans savoir pourquoi : celui-là est le véritable artiste selon leur cœur.
Mais comme le hasard a fait que ma société est recherchée par plusieurs personnes d’une fortune beaucoup plus considérable, il est arrivé que mon aisance est devenue une véritable détresse par une suite des devoirs que m’imposait la fréquentation d’un monde que je n’avais pas recherché. […] Trop maladif et trop irrité pour mériter jamais d’obtenir une place dans la série des véritables moralistes, son nom restera attaché à quantité de mots concis, aigus, vibrants et pittoresques, qui piquent l’attention et qui se fixent bon gré mal gré dans le souvenir.
Il y a de graves diathèses qui sont indolores, alors que des troubles sans importance, comme ceux qui résultent de l’introduction d’un grain de charbon dans l’œil, causent un véritable supplice. […] La variole que nous nous inoculons par le vaccin est une véritable maladie que nous nous donnons volontairement, et pourtant elle accroît nos chances de survie.
Si les drames humains se passent surtout dans la conscience, si c’est là qu’est le véritable intérêt littéraire, ces drames sont particulièrement attachants là où la conscience est la plus complexe et la plus développée. […] Si je trouvais dans ces livres nouveaux une profonde sympathie pour les humbles et les déshérités de notre société, je me sentirais disposé à leur égard à une certaine indulgence ; mais je l’avouerai franchement, j’y trouve plus de curiosité que d’intérêt véritable.
Un autre Ecrivain, non moins bel esprit que le précédent, mit dans ses productions peut-être encore plus de véritable esprit. […] On peut, cependant, reprocher à son style un peu de langueur, d’afféterie, & de précieux ; mais il offre aussi quelquefois le véritable langage du sentiment.