L’individu recherche la volupté qui lui semble son but à elle-même, il veut augmenter son bien-être par la science ; qu’importe si son désir le trompe et exploite son effort, au profit d’autres buts, puisque aussi bien cette forme individuelle qui, sous ce nom de moi, désirait, s’est déjà dissipée pour faire place à un fantôme nouveau et aussi éphémère ?
Je vois qu’on s’y trompe ; que la plupart de ceux qui regardent le tableau, la prennent pour une servante et que les autres sont perplexes.
Tout le monde se croit compétent sur ce point, presque tout le monde se trompe, il ne faut que se promener une fois au sallon, et y écouter les jugemens divers qu’on y porte, pour se convaincre qu’en ce genre comme en littérature, le succès, le grand succès est assuré à la médiocrité, l’heureuse médiocrité qui met le spectateur et l’artiste commun de niveau.
Il parvient enfin à bien raisonner et à bien prendre son parti, à force de raisonner et de refléchir sur ce qui l’a trompé, lorsque les évenemens lui ont fait voir qu’il avoit mal conclu.
Seulement, ne nous y trompons pas !
Pour compléter le portrait du philosophe, je rapporterai qu’il mâchait d’ordinaire un petit bout de bois, afin de tromper sa nervosité et, sans doute, son besoin de fumer, et quand il se livrait à cette distraction, l’avance du bas du visage lui donnait l’apparence d’un rongeur.
Il y a même plus ou moins que de l’impartialité, car si l’auteur voit juste et finement sur bien des points de la conduite de Mazarin, il se trompe en voulant retirer à Richelieu ce qu’il accorde à son cher grand-oncle. […] Une des premières lettres du duc de Nivernais au comte de Choiseul (bientôt duc de Praslin), chargé des Affaires étrangères, est pour lui présenter une description fidèle de l’état des partis et de l’opinion (24 septembre 1762) : Comme, par la constitution de ce pays-ci, l’état respectif des partis est la seule boussole qui puisse nous guider dans la négociation présente quant au fond et quant à la forme, je vais, dans cette lettre, avoir l’honneur de vous transmettre toutes les connaissances locales, que j’ai prises avec autant de soin que de diligence, des intérêts, des vues, des forces desdits partis ; et j’ose me persuader que ce détail pourra vous servir utilement pour apprécier au juste les discours du plénipotentiaire anglais (à Versailles), qui doivent, si je ne me trompe pas, servir de preuve à mes observations, comme mes observations leur serviront de clef et d’éclaircissement. […] Je ne sais ce qu’a voulu nous dire Stendhal par cette note ; s’il a prétendu dire que le duc de Nivernais était un de ces petits-maîtres et qu’il n’a rien compris au jeu de la machine anglaise, il s’est trompé, et cette correspondance même qu’il atteste, et qui n’est qu’une faible partie des dépêches dont cependant elle peut donner l’idée, en est la meilleure preuve.
Comment l’initier par degrés à la vie, l’éclairer sans le troubler, le laisser heureux sans le tromper ? […] Dans un article des Archives littéraires (tome III, page 395) : « Les anciens, écrivait-elle, ont dit souvent rapide comme l’éclair ; mais, si je ne me trompe, rapide comme la pensée doit être d’une origine moderne. » Sur ce point particulier elle se trompait, comme Boissonade (édit. d’Aristænète, page 318) et Dugas-Montbel (Observations sur l’Iliade, livre XV) l’ont montré par beaucoup d’exemples.
« Je confesse mes fautes, écrit-il à la même date au duc de Ferrare, j’avoue que je suis atteint de mélancolie ; mais Votre Altesse est trompée, Elle croit qu’Elle m’a fait absoudre par l’inquisition, et il n’en est rien. […] Son imagination ne le trompait pas dans ce doux rêve ; il y aurait retrouvé tout cela s’il avait pu se retrouver lui-même. […] XV Cette ambition trompée du Tasse ne tarda pas à donner à ses paroles, d’abord respectueuses, le ton du reproche, et bientôt de l’invective contre la cour d’Alphonse.
Voyons si elle ne se trompe pas. » Marie sourit comme quelqu’un qui est sûr de son fait et alla marcher devant nous. […] Ces haltes toujours si fréquentes nous menèrent jusqu’au milieu de la soirée, et nous ne voyions toujours rien devant nous qu’une haute chaîne de montagnes, noire de forêts ; mais ni église, ni château, ni village ; cela nous trompa de route, monsieur. […] Les montagnes trompent comme la mer.
Si la fortune trompa sa politique et sa tendresse, ce fut la faute de l’héritier et non la faute du testament. […] Les retours de passion sont frénétiques chez les femmes de cette nature ; elles se reprochent comme un crime l’inconstance trompée de leur cœur qui les a jetées un moment dans l’illusion d’un autre amour ; elles sont capables de tous les excès pour expier le remords et pour se faire pardonner leur infidélité d’un moment. […] Mais toutes les grandes passions sont des prodiges ; si on les mesure à la nature ordinaire de nos sentiments, on se trompe ; il ne faut les mesurer qu’à elles-mêmes ; l’impossible est la mesure de ces passions.
C’est le brillant de la pièce fausse égal à la splendeur du diamant, auquel la foule charmée se trompe, et que les lapidaires du style peuvent seuls discerner. […] Il eut un troisième tort, c’est de se tromper sur la nature de son propre génie. […] Son règne est annoncé par la voix des oracles, Son trône est cimenté par le sang des martyrs ; Tous les pas de ses saints sont autant de miracles, Il leur promet des biens plus grands que leurs désirs ; Ses exemples sont saints, sa morale est divine ; Il console en secret les cœurs qu’il illumine ; Dans les plus grands malheurs il leur offre un appui, Et si sur l’imposture il fonde sa doctrine C’est un bonheur encor d’être trompé par lui !