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642. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

(Triste.)

643. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Il y aurait trop de choses à dire sur ce triste et glorieux sujet.

644. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Il paraît que la crinoline et l’ajustement tournent la tête de toutes les femmes ; on doit rogner sur le bœuf et le potage pour fournir aux rubans. » — La société française lui suggère cette âpre réflexion : « La France est organisée en faveur des paysans et des petits bourgeois, et c’est un triste produit.

645. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Nous acceptons cette nécessité, mais n’est-ce pas la chose du monde la plus triste ? […] Albert Glatigny : Il est triste ! […] Labiche, Meilhac et Halévy, ne remerciera pas ces braves gens d’avoir refoulé pour quelques heures le flot pesant des pensées tristes qui redescendront assez tôt d’elles-mêmes ? […] Mais la terre Est nue, et triste, et morne, et noire et solitaire : Plus d’arbres, plus de fleurs, plus rien. […] … Je sens mon cœur aussi plein de sentiments délicieux et tristes que dans les premiers accès de fièvre de ma jeunesse.

646. (1887) Essais sur l’école romantique

On ne voit pas pourquoi tel poète fait des épopées, tel autre des tragédies ; pourquoi celui-ci traite des sujets gais, et celui-là des sujets tristes ; il manque à tous ces poètes une mission. […] Triste résultat, prédit par les gens graves, mais qui, Dieu le veuille, n’est pas irrémédiable. […] Mais faire du conte un peu moins hardi seulement que les contes d’hommes, dire les mêmes choses avec gêne, avec le regret de ne pouvoir les dire aussi crûment, quel triste rôle ! […] Tout cela est triste, mais tout cela aura une fin. […] Triste déclin, retour amer de cette fortune qui couronnait son front de palmes prématurées, comme lui disaient les secrétaires perpétuels des Académies dans leurs rapports sur les prix.

647. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Voici le mensonge de mon imagination. » Et alors, si cruel et si triste qu’il eût été, si cruel aux êtres et aux choses, si triste pour nous et pour toi, nous eussions ajouté ton rêve d’art aux autres rêves où se complurent des imaginations moins amères. […] Jules Perrin14, livres de rancunes, les uns, ou de foi triste et souffrante (ce qui vaut mieux), les autres15. […] Triste amitié, au demeurant, dont aucune larme, aucun sourire, aucun plaisir d’amour-propre (les seuls qui touchent) ne paiera les délicats services ! […] Quellien, lui, est de Bretagne, un peu triste donc et nuageux, comme la race dont il est un des représentants attitrés à Paris. […] Voyez, par exemple, Solange de Croix-Saint-Luc, qui est la mise en œuvre du triste drame de Solesmes.

648. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Puis recommence cette triste progression, qui peut amener les idées à redevenir un jour opposées aux institutions, et produire par là de nouvelles catastrophes. […] Il fallait une triste expérience pour montrer que de tels avantages ne peuvent pas se conquérir par l’imitation, et que la prospérité des peuples ne peut naître que de leur propre sol. […] Il est triste que Voltaire n’ait pas senti combien il pouvait ennoblir et illustrer une pareille position, en profitant des avantages qu’elle lui offrait, et en suivant la conduite qu’elle semblait lui prescrire. […] Quel spectacle plus triste qu’un vieillard insultant la Divinité au moment où elle va le rappeler, et repoussant le respect de la jeunesse en partageant ses égarements ! […] L’histoire devient plus triste et plus terrible pour ceux qui peuvent, en la lisant, la comparer aux grands événements dont ils sont témoins.

649. (1908) Après le naturalisme

Triste fils avorté du triste symbolisme, sa réalité demeure fictive et de nom, il ne sert qu’à tenir la place de la doctrine génératrice dont on éprouve ainsi le besoin quoiqu’on se refuse à le reconnaître. […] Au symbolisme en échoit le triste honneur. […] Mallarmé, René Ghil en sont, parmi d’autres, les tristes victimes. […] Si triste, elle ne peut porter à la sotte imitation. […] Triste liberté dont nous ne pouvons pas vouloir.

650. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

A mesure que ses requêtes et placets vont se multipliant, Corneille, solliciteur, prend un caractère de plus en plus triste. […] Au troisième acte, Antiochus accomplit son triste message auprès de Bérénice. […] Il vient, accompagné d’un vieillard ami de la famille, apporter la triste nouvelle. […] La coquette « demoiselle » d’autrefois n’a plus qu’une méchante petite robe ; elle est bien pâle, elle est bien triste, et l’on voit que ses yeux, ses beaux yeux ont tant pleuré ! […] Très peu d’hommes enfin ont eu au même degré que lui le don précieux de s’amuser à être triste.

651. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Triste nécessité et triste rôle ; mais que celui qui a souffert autant lui jette la première pierre !  […] S’il était triste ! […] C’est triste !  […] Et comme il doit être triste de n’être plus le contemporain de personne. […] Ni femme, ni veuve, Clotilde est triste.

652. (1905) Propos littéraires. Troisième série

que le son du cor est triste au fond des bois ! […] La compassion que ces bonnes gens me témoignaient, leur chant grave et antique, les troupes de femmes et d’enfants qui remplissaient l’église, en me regardant de leurs grands yeux tristes : tout cela faisait un ensemble touchant, profond, simple et bien analogue à elle. […] Vous vous rappelez les beaux vers d’Hugo dans Le Satyre : Et même la clameur du triste lac Stymphale, Partie horrible et rauque, arrivait triomphale. […] Thérèse Raquin était un drame bourgeois, sombre et violent, sans nuances, dont j’ai entendu dire par une dame, à cette époque éloignée : « Ce serait bien ennuyeux, si ce n’était pas si triste. » Le don d’apitoyer par l’horreur se montrait déjà. […] Les personnages de Zola sont des abstractions encore plus vides, vivifiées par un rêve triste de matérialiste grossier, au lieu de l’être par le rêve bleu d’un idéaliste en extase.

653. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Le mot de décadence serait trop triste, et il ne serait pas exact. […] Amalgame jusqu’à ce jour inouï du poétique et du grossier, qui a ses causes bien tristes ! […] Il y a toutefois à ses désordres et aux faiblesses de Charles un dénouement plus triste encore, plus triste que le suicide et la ruine dont il est la conséquence. […] Tel ou tel détail, ridicule ou triste, ne tombe-t-il que sur Charles ? […] Les sottises des sots sont tristes.

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