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330. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Arnaud : une humeur prompte à s’enflammer, une grande facilité pour écrire, &, plus que tout cela, le désir de la célébrité, désir dont on sait si rarement se garantir, le précipiterent dans les disputes de son temps, & consumerent des travaux qu’il eût pu rendre infiniment plus utiles. […] En se bornant à ce genre de travail, cet Auteur auroit obtenu, du consentement unanime de la postérité, le titre de Grand, que ses seuls partisans ont eu le courage de lui donner.

331. (1888) La critique scientifique « Avant-propos »

Il convient de ne plus confondre des travaux aussi différents que la chronique d’un journal sur le livre du jour, les notes bibliographiques d’une revue, les feuilletons qui racontent le Salon ou les pièces de la semaine, et certaines études, par exemple, de M.  […] Rien de moins semblable que l’examen d’un poème en vue de le trouver bon ou mauvais, besogne presque judiciaire et communication confidentielle qui consiste, en beaucoup de périphrases, à porter des arrêts et à avouer des préférences, ou l’analyse de ce poème en quête de renseignements esthétiques, psychologiques, sociologiques, travail de science pure, où l’on s’applique à démêler des causes sous des faits, des lois sous des phénomènes étudiés sans partialité et sans choix.

332. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il vint même frapper à celle d‘Hésiode, qui le repoussa et le renvoya au travail. […] Et pourtant le travail est la grande loi de la vie. […] Le travail ne prospère que sous le règne de la Justice. […] Il lui faut passer en revue ses instruments de travail. […] Avec quel zèle, avec quelle ardeur Molière se mettait au travail !

333. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

La réunion de tous ces avantages doit rendre votre travail précieux à tous les Amateurs, & particuliérement aux Instituteurs de la Noblesse, destinée aux emplois politiques & militaires. […] Nous pouvons assurer, d'après la connoissance que nous avons de son caractere, que son travail n'a eu d'autre but que l'utilité publique.

334. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Atteint par la mort dans son travail interrompu, il mesura ce qu’il avait fait à la grandeur de ce qu’il avait médité de faire, et dans son idéal de grand homme, il trouva sans doute que c’était peu ; — mais M.  […] On dirait que son enthousiasme n’a qu’un certain nombre de phrases clichées et de moules, et que ces phrases une fois écrites, et que ces moules une fois remplis, il est obligé de recommencer mécaniquement un tel travail. […] Ventura, homme d’immense doctrine, de foi profonde, de vigueur de parole, un vrai lion évangélique enfin, n’aurait-il pas pu se reposer de ses travaux de prédicateur en nous écrivant cette majestueuse histoire ? […] Ventura ne sont pas le travail d’histoire que nous avions espéré et que nous désirons encore… C’est tout simplement un substantiel recueil d’homélies, prononcées par le célèbre prédicateur du haut de cette chaire française qu’il illustre de son talent étranger. […] Ventura ne pourrait être examiné que dans un travail spécial de la plus haute gravité et par une plume plus compétente que la nôtre.

335. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

La charité populaire a ses excès, qui sont des erreurs, et qui feraient simplement mourir de faim, dans un grand empire, d’abord dix ou douze millions d’ouvriers prolétaires de l’industrie, dont le travail est le seul patrimoine, et le salaire la seule Providence ; ensuite vingt ou trente millions de propriétaires, dont la consommation est la seule richesse, et qui laisseraient toute la terre inculte, si l’aisance, le luxe, le commerce, ne consommaient pas et ne payaient pas leurs produits. Ces déclamations contre le luxe, c’est-à-dire contre l’usage de l’aisance, sont donc tout simplement des décrets contre la vie du peuple, ouvriers ou propriétaires, c’est le maximum terroriste contre ceux qui commandent le travail et contre ceux qui vivent du salaire. […] Si la maison ne payait pas, il faudrait en forcer les portes pour loger les dix millions de prolétaires qui n’en ont pas, pour abriter leur famille, car c’est l’impôt payé par le propriétaire de murailles, de portes et de fenêtres, qui sert à salarier le travail du prolétaire, et qui lui permet de payer son loyer sans faire violence à personne. […] Rousseau ont contribué à produire les meurtres juridiques de 1793 ; les idées fausses de l’évêque produiraient la disette, la suppression du travail, l’extinction des salaires, la colère contre les riches et la mort des peuples. […] Puis le besoin de venir en aide à mon pays, ce grand misérable, m’enlevait le loisir nécessaire à mon œuvre ; puis les calamités réelles de la misère relative m’atteignaient en me forçant à un travail de manœuvre arriéré pour que d’autres ne souffrissent pas par ma faute ; je fermais dans mon cœur la source de larmes sympathiques, et je travaillais saignant, comme je saigne encore, sous le fouet de la nécessité.

336. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Le présent travail offrira peut-être cette utilité d’en établir la coordination et l’ensemble : il n’a point d’autre ambition ? […] Ils ont prétendu, de plus, montrer en eux l’action des forces sociales et nous faire surprendre les transformations que le travail des idées et que les vicissitudes des mœurs ont opérées dans la vie d’un peuple ou dans l’histoire d’une race. […] Au cours des deux derniers, il a magistralement exposé le problème de la situation faite au capital par cette lutte sans merci que le travail a engagée contre lui. […] Et de même, il n’est pas démontré que les auteurs aient voulu, pour rajeunir le roman, en faire une manière de compromis avec l’histoire, en substituant, de propos délibéré, à une œuvre presque uniquement fantaisiste et fictive, un travail surtout documentaire. […] Et que cette clarté luise ou non, le travail se poursuit sans relâche.

337. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

André Maurel Je suis partisan de tous les moyens ingénieux qui fournissent aux écrivains le loisir nécessaire au travail : rentes sur l’État, héritage d’oncle, larcin furtif dans la bourse d’un père avaricieux ou prix littéraire ; tout est égal. […] Si un jeune écrivain, capable de la dignité de se suffire sans rien quémander, semble digne d’être encouragé dans sa qualité de travail pour qu’il y parvienne à la maîtrise et peut-être à l’invention, est-ce le maintenir dans de bonnes conditions que risquer de le troubler par une forte somme dont il n’a pas l’habitude. […] Ces humbles choses vaudront mieux pour le maintien du beau travail que la somme retentissante et toute cette publicité d’affaire de foire. […] À mon avis, et en jugeant à première vue, le meilleur moyen serait de leur offrir, moyennant une somme très réduite, ou en échange d’un travail de deux ou trois heures par jour qui leur laisserait le reste du temps libre, une retraite à la campagne, une sorte d’université-hôtel, si je puis employer une expression aussi singulière, s’inspirant, mais en abandonnant tout ce qui est enseignement, des universités anglaises. Tranquilles du côté matériel, distraits, par un travail manuel intéressant, de leur travail intellectuel, placés dans un site où les promenades et les sports les solliciteraient, nos jeunes écrivains, réunis ensemble, mais chacun parfaitement libre, bien entendu, pourraient aller passer là deux ou trois mois par an ou plus, et je crois que ce serait un des meilleurs moyens de leur venir réellement en aide.

338. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Cette servitude et le peu de consistance des idées particulières retardaient d’ailleurs et gênaient le travail de la langue, si difficile à fixer, et qui ne peut recevoir sa perfection que des idées générales. […] Dans ce court passage aux affaires, où il avoue s’être « porté trop laschement et d’une affection languissante », il se serait corrigé, s’il eût été nécessaire, des illusions du travail spéculatif ; il y amassa des expériences pour autoriser ses pensées, et des souvenirs pour les provoquer. […] Cet examen qu’ils font d’eux-mêmes, sans règles, sans croyance, favorise la prépondérance de l’imagination, et la porte, tantôt par les raffinements du travail, tantôt par la négligence, vers ces choses indécises et spécieuses où la pensée est souvent déterminée par des consonnances de mots, et où l’esprit, cessant d’agir sur des objets réels, semble tourner sur lui-même. […] Il écrit tour à tour sur la poésie, la médecine, l’histoire naturelle, la politique, les religions, la morale, selon ses humeurs et sa guise ; s’intéressant à toutes ses idées, négligeant les transitions, n’émoussant pas les vives pointes de son esprit dans le travail patient de l’arrangement. […] Voir le remarquable travail qu’il a publié sur les Pensées de Pascal, sous la forme d’un rapport adressé à l’Académie française.

339. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Il a montré Faust qui, après s’être élevé peu à peu dans l’échelle de l’humanité par sa conscience, par son goût du travail, par le goût de l’activité féconde et productrice qui lui est venu, il l’a montré ayant cependant une grave défaillance de conscience, toute naturelle, du reste, de la part du puissant et du victorieux. […] Le travail des fourmis et l’enterrement d’une fourmi ! […] Nous n’avons pas plus tôt ce roseau dans la main Que le vent nous l’enlève… Il y a encore, dans les Filles de Minée, à citer, mais à un autre point de vue, au point de vue du travail de La Fontaine, de la façon dont il travaillait, il y a à citer deux vers de l’épisode de Pyrame et Thisbé. […] Ces rapprochements sont un travail auquel nous n’avons pas le temps de nous livrer, mais c’est un travail charmant que de voir comment l’artiste s’exploite lui-même, et comment l’artiste fait ses réserves, lorsqu’il a rencontré quelque chose qu’il trouve agréable pour en faire quelque chose de plus agréable encore et de plus selon son cœur et selon son goût. […] Seulement, voici, pour moi, ce qui est intéressant et curieux : Ragotin abonde en récits, en narrations, naturellement   je dis naturellement, puisque La Fontaine suivait un peu le texte de Scarron et que le texte de Scarron est tout en récits   d’autre part, comme La Fontaine est un narrateur admirable et comme il connaît son talent à cet égard, il ne s’est pas refusé de traduire en vers quelques-uns des récits de Scarron, et ce petit travail que vous pouvez trouver futile, frivole, était estimé des gens du dix-septième siècle, très estimé même.

340. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Telle est la conclusion qui se dégagera de notre travail d’analyse. […] De celle-là nous avons parlé dans la première partie de notre travail ; nous nous occuperons spécialement d’elle tout à l’heure. […] Nos analyses étaient simplement destinées à préparer ce travail. […] Cf. ceux de nos travaux que nous venons de citer. […] Dans le présent travail, nous prenons la conscience telle que l’expérience nous la donne, sans faire d’hypothèse sur sa nature et ses origines.

341. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Mais nous retrouvons ici l’erreur sans cesse renaissante que nous avons poursuivie à travers tout le cours de notre travail. […] La théorie de la mémoire, qui forme le centre de notre travail, devait être à la fois la conséquence théorique et la vérification expérimentale de notre théorie de la perception pure. […] Alors nous comprenons pourquoi les lois de l’association sont la ressemblance et la contiguïté plutôt que d’autres lois, et pourquoi la mémoire choisit, parmi les souvenirs semblables ou contigus, certaines images plutôt que d’autres images, et enfin comment se forment, par le travail combiné du corps et de l’esprit, les premières notions générales. […] Tel est l’effort que nous avons tenté dans la dernière partie surtout de notre travail. […] Nous avons supposé dans tout ce travail, pour la commodité de l’étude, qu’il en était bien ainsi ; et telle est en effet la distance entre le rythme de notre durée et celui de l’écoulement des choses que la contingence du cours de la nature, si profondément étudiée par une philosophie récente, doit équivaloir pratiquement pour nous à la nécessité.

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