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223. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Ce seul trait prouve l’élévation de son ame & celle de son Siecle. […] L’Oraison funebre de M. de Turenne peut être regardée comme un chef-d’œuvre, par la maniere dont les différentes qualités du Héros sont développées, & par la chaleur du style, la beauté des traits qui s’y succedent sans appareil, sans gêne, comme la vraie peinture de chaque objet.

224. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Le Poëme de Dulot vaincu ou la Défaite des Bouts rimés, est un mélange agréable de plaisanterie, de traits sublimes, qui pourroient figurer dans le meilleur Poëme épique. […] Comme on voit quelquefois dans l'Ardenne fameuse, Et dans les prés herbus où le Rhin joint la Meuse, Deux furieux taureaux par l'amour courroucés, Se heurter fiérement de leurs fronts abaissés : Le troupeau plein d'effroi regarde avec silence ; Le nombre des Pasteurs cede à leur violence : Les deux vaillans rivaux se pressant rudement Des cornes l'un sur l'autre appuyés fortement, Redoublent, sans cesser leurs cruelles atteintes ; De longs ruisseaux de sang leurs épaules sont teintes ; Ils mugissent des coups d'un cri retentissant, Et toute la forêt répond en mugissant…… Ajoutons encore ce morceau sur la briéveté de la vie, & nous ne serons point étonnés que l'Auteur du Lutrin & celui de la Henriade n'aient pas dédaigné de s'approprier plusieurs traits de ce Poëte, injustement oublié.

225. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Mais le Tasse est presque toujours faux quand il fait parler le cœur ; et comme les traits de l’âme sont les véritables beautés, il demeure nécessairement au-dessous de Virgile. […] Son Enfer a plusieurs traits de mauvais goût.

226. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Les poètes modernes ont tiré une foule de traits nouveaux du caractère chevaleresque. […] Soliman même n’a tant d’éclat, que parce que le poète lui a donné quelques traits de la générosité du chevalier : ainsi le principal héros infidèle emprunte lui-même sa majesté du christianisme.

227. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — I »

L’imagination philosophique, le don de rendre émouvantes les idées, de dramatiser les abstractions, voilà, en effet, le trait essentiel qu’il faut souligner, et souligner encore, chez M.  […] Et pour résumer la situation en deux traits empruntés au journalisme quotidien, celui qui a écrit : « La vertu et le vice sont des produits comme le vitriol et le sucre », était classé ces années dernières comme « un du parti des ducs ».‌

228. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Il ne put et ne voulut rien être que ce qu’il fut, un bel esprit, une belle humeur, et, comme l’a défini Grimm, une machine à saillies, à rimes et à traits, à épigrammes. […] Jehannin, le trait n’en est pas moins original et rare. […] Il part de moi des traits, des éclairs et des foudres. […] Ce trait de faux bonhomme irrita Piron, surtout quand d’obligeants amis lui en eurent fait sentir le venin. […] Si, quand je ne serai plus, il décoche un seul trait contre moi, je recommande à mon légataire littéraire de faire partir toutes les semaines une de ces épigrammes pour Ferney.

229. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Ce type lui est d’abord apparu sous les traits de Saint-Mégrin, dans son drame de Henri III ; puis quand il a cédé à l’influence transitoire de la passion révolutionnaire, sous les traits de Robespierre dans l’histoire, d’Antony dans le drame ; dès que la passion de 1830 est refroidie, on voit reparaître dans ses ouvrages toute une famille de personnages dont Saint-Mégrin est l’aîné, intelligences avisées et pleines de ressources, caractères sans peur et sans scrupules, poignets vigoureux, beaux joueurs qui se font place dans le monde à la pointe de l’épée et de l’esprit : Saint-Mégrin, dans Henri III ; d’Artagnan, dans les Mousquetaires ; Bussy, dans la Dame de Monsoreau… Sans doute, M.  […] Le dramaturge ne fait que réaliser une métaphore que vous trouverez, j’en suis sûr, dans plus d’un manuel de l’histoire de France : « Le roi s’endormait dans les bras de la mollesse ; le canon de l’étranger le réveilla enfin. » C’est l’histoire de France à l’usage des masses, tout en action, tout en vignettes, tout en reliefs, les traits grossis et forcés, avec de la générosité, du romantisme, du bric-à-brac, de la galanterie, du troubadourisme et même du sublime.

230. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Il observe ceux qui se succèdent et les dépeint à grands traits, souvent les apostrophe vivement, court à eux, les dépouille de leurs déguisements et va droit à l’homme. qu’il montre nu, petit, hideux et dégénéré. […] Tandis que l’un burinait déjà jusque dans ses moindres pages les traits d’une pensée grave, élevée et un peu puritaine, l’autre lançait sur tout sujet son esprit prompt, alerte et vigoureux. […] Tandis que vous pensez à tant de choses, le canon gronde, votre tête est menacée : mais ce qui est pire, des milliers d’hommes vous regardent, cherchent dans vos traits l’espérance de leur salut. […] Sa conduite, en ces grands moments décisifs (du 26 au 31 juillet), peut se résumer en deux traits : il contribua plus que personne à l’acte initial (la protestation), et autant que personne à l’acte final (Orléans). […] Le trait le plus caractéristique et le plus distinctif qu’il offre, selon moi, est la fraîcheur de curiosité.

231. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Dans tout ce qu’il a écrit, il n’a perdu aucune occasion de décocher contre elle son trait malicieux. […] Il y avait aussi du Chamfort en lui, mais tout cela plus raffiné, ou du moins plus rentré ; une partie de ses traits se retournait sur lui-même et ne sortait pas. […] Enfin, les traits spirituels semés çà et là ne rachètent en rien l’artificiel et le factice du genre. […] C’est ce qui arrive à tout ce qui n’a pas été animé, à sa naissance, d’un souffle ardent, ou fixé d’abord d’un trait immortel. […] La malice de l’historien est toute dans ce trait : qui arriva un an après.

232. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Sociabilité, finesse et moquerie, tels étaient les principaux traits de ce charmant esprit, qui y mêlait, dans la pratique, de cette bonté facile et de cette indulgence assez ordinaire à ceux qui n’ont point placé trop haut l’idéal de la nature humaine. […] Le dialogue fourmille de choses fines, de traits qui entrent comme des aiguilles. […] Les traits où il se jouait, sans rester moins délicats, devinrent plus vifs, plus acérés ; ils se trempèrent d’une légère amertume qui les rendit plus sensibles. […] Quel trait plus vrai et plus naturel que celui du domestique François, qui a tant résisté à son maître sur le chapitre de la cuisine, qui a tant dit qu’il ne la savait pas faire, qui n’a entrepris l’omelette, l’immense omelette de quinze œufs, qu’à son corps défendant, et qui, dès qu’il en est venu à bout, est si fier, puis si mortifié quand son maître lui dit qu’il ne la mangera pas ! […] Là même où il pourrait paraître quelque charge, comme dans le proverbe de Madame Sorbet, la limonadière coquette et sentimentale, qui se pose en veuve désolée et qui ne pleure si haut son premier mari que pour en mieux attirer un second, que de traits pris sur la nature !

233. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Il y avait sur Jean-Jacques, l’auteur récent du Devin du village, un mot d’éloge avec un trait piquant : « Un homme, disait le Génie, dont je fais ce qu’il me plaît, encore qu’il regimbe contre moi… » Récalcitrant et quinteux jusque dans son génie, c’était bien Jean-Jacques, même dès Le Devin du village. […] Suivaient des compliments et signalements particuliers pour Voltaire, pour Montesquieu, etc. ; mais le trait certes le plus délicat et le plus français était celui qu’on vient de lire : « Et encore que ce siècle fût passé, je fis semblant de ne m’en pas apercevoir. […] Mme d’Épinay aimait à écrire, et, dans ses exercices de plume, elle ne tarda pas à faire de Grimm un portrait qui nous le représente à son avantage, et sous des traits dont on sent pourtant la vérité : Sa figure est agréable par un mélange de naïveté et de finesse ; sa physionomie est intéressante, sa contenance négligée et nonchalante. […] Son air alors n’est plus le même ; la plaisanterie, la gaieté, la franchise, annoncent son contentement, et succèdent à la contrainte et à la sauvagerie… C’est peut-être le seul homme à qui il soit donné d’inspirer de la confiance sans en témoigner… Quelque prévenue que fût déjà Mme d’Épinay à l’égard de Grimm, ces traits sous lesquels elle le présente s’accordent tout à fait avec ce qu’en dit M.  […] Il est aisé, avec ces mêmes traits, on le sent, de faire de Grimm un homme très laid et une caricature ; ceux qui savent combien la physionomie dispense les hommes de beauté s’en tiendront, sur son compte, à l’impression d’une femme d’esprit et d’un ami délicat.

234. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Ainsi l’idiome propre de Genève n’est pas le même que celui de Lausanne ou de Neufchâtel, et les littératures de ces petits États ne diffèrent pas moins par des traits essentiels et presque contrastés. […] Le peintre cependant ne pouvait tout à fait s’abdiquer ; le trait lui fournit jusqu’à un certain point ce qu’il avait espéré de la couleur. […] Töpffer, en ces deux albums, en est comme le Robinson, avec quelques traits de Wilkie. […] de dire que c’est un trait honorable de notre nature et précieux pour l’âme ? […] Aussi Walter Scott ne néglige pas un trait si vrai et si favorable au pittoresque.

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