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1295. (1933) De mon temps…

Le jour de l’élection arriva et je recueillis quelques voix, dont celle de Jules Lemaître, qui avait bien voulu se charger « d’exposer mes titres », car, à cette époque, les titres des candidats devaient être exposés dans la séance qui précédait le vote. […] Elémir Bourges, en effet, avait publié sous ce titre un nouveau roman. […] De cet état d’esprit, bien des pages témoignent dans ses recueils de notations qui ont pour titres Songes, Nouveaux Songes. […] Elle a pour titre Commémoration de Emile Verhaeren à Bruxelles, le 19 janvier 1920, et contient les discours prononcés à cette occasion dans la salle du Sénat, en présence de leurs Majestés le Roi et la Reine des Belges. […] C’était, le Gourmont plus jeune qui venait, pour un article imprudemment paradoxal, de perdre la situation qu’il occupait à la Bibliothèque Nationale, le Gourmont déjà savant auteur du Latin mystique, le romancier de Sixtine et des Chevaux de Diomède, le conteur des Histoires magiques qui, par son Livre des Masques, préludait aux admirables essais qui ont pour titres : La Culture des Idées, L’Esthétique de la langue française, Le Chemin de Velours, que devait compléter plus tard la série des Epilogues, auxquels s’ajouteraient les Promenades littéraires et les Promenades philosophiques, toute cette œuvre qui, d’année en année, prendrait de l’ampleur et de l’étendue, gagnerait en puissance de dissociation, en hardiesse, en profondeur, jusqu’à ce qu’une mort presque subite mette fin à la merveilleuse activité de ce grand esprit qui interrogeait quelque texte célèbre avec la même conscience qu’il apportait à examiner les vers et la prose qu’un débutant inconnu soumettait au Comité de lecture du Mercure de France, car toute page écrite était pour lui le signe sacré du culte des Lettres, auquel il avait voué sa vie.

1296. (1925) Dissociations

Ces surprises sont assez rares, maintenant que les camelots n’ont plus le droit de crier autre chose que le titre de la feuille. […] Le catholicisme n’est pas plus universel que l’anglicanisme, pourquoi serait-il seul à se parer de ce titre prétentieux ? […] Si l’on comprend sous ce titre tous les êtres de l’un et de l’autre sexe qui, à un certain âge, ne sont pas mariés, cela serait plus sérieux, mais peut-être pas très équitable, car on imposerait dans ce cas, outre une infinité de gens qui ne sont célibataires que de nom, avec ceux qui n’ont pas voulu, ceux qui n’ont pu se marier. […] Cependant, il faut justifier ce titre insolent et c’est alors que commence la surenchère. […] Plus loin, ce sont des tableaux vivants d’une nouveauté aussi piquante que leurs titres : le Crépuscule, la Nuit, le Sommeil de Vénus !

1297. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

La forme en est fort simple, et n’a jamais reçu de changement : les membres sont au nombre de quarante, tous égaux ; les grands seigneurs et les gens titrés n’y sont admis qu’à titre d’hommes de lettres ; et le cardinal de Richelieu, qui connaissait le prix des talents, a voulu que l’esprit y marchât sur la même ligne à côté du rang et de la noblesse. […] Un ouvrage fait dans ce goût pourra joindre au titre de dictionnaire celui de raisonné, et ce sera un avantage de plus : non seulement on saura assez exactement la grammaire de la langue, ce qui est assez rare, mais ce qui est plus rare encore, on la saura en philosophe. […] Ces fades harangueurs peuvent se convaincre par la lecture réfléchie des sermons de Massillon, surtout de ceux qu’on appelle le Petit-Carême, combien la véritable éloquence de la chaire est opposée à l’affectation du style ; nous ne citerons ici que le sermon qui a pour titre de l’Humanité des Grands, modèle le plus parfait que nous connaissions en ce genre ; discours plein de vérité, de simplicité et de noblesse, que les princes devraient lire sans cesse pour se former le cœur, et les orateurs chrétiens pour se former le goût. […] On trouvera sur ce sujet un plus grand détail dans les ouvrages de Cicéron, de Quintilien, etc., surtout dans l’ouvrage du premier de ces deux écrivains qui a pour titre Orator, et dans lequel il traite à fond du nombre et de l’harmonie du discours. […] Ces réflexions, séparées des faits ou entremêlées avec eux, auront pour objet le caractère d’esprit de l’auteur, l’espèce et le degré de ses talents, de ses lumières et de ses connaissances, le contraste ou l’accord de ses écrits et de ses mœurs, de son cœur et de son esprit, et surtout le caractère de ses ouvrages, leur degré de mérite, ce qu’ils renferment de neuf ou de singulier, le point de perfection ou l’académicien avait trouvé la matière qu’il a traitée, et le point de perfection où il l’a laissée ; en un mot, l’analyse raisonnée des écrits ; car c’est aux ouvrages qu’il faut principalement s’attacher dans un éloge académique : se borner à peindre la personne, même avec les couleurs les plus avantageuses, ce serait faire une satire indirecte de l’auteur et de sa compagnie ; ce serait supposer que l’académicien était sans talents, et qu’il n’a été reçu qu’à titre d’honnête homme, titre très estimable pour la société, mais insuffisant pour une compagnie littéraire.

1298. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

L’affection part du cœur, et la haine, de l’amour-propre irrité ou de l’intérêt blessé. » Cette haine née d’un amour-propre raffiné et d’une ambition déçue s’est encore produite depuis dans un petit écrit, d’ailleurs spirituel, et qui a pour titre : Supplice de Necker. […] Ces Mémoires de Richelieu, qu’on annonçait en 9 volumes, n’auraient certes pas ressemblé à la publication indigeste et sans goût que Soulavie a donnée sous le même titre et avec la même étendue.

1299. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

On l’avait fait passer en dernier lieu près du roi pour « incapable de toutes affaires publiques (pour un utopiste comme nous dirions)19 ; et toutes voies désormais lui étaient fermées. » Le fond de son cœur, à cette occasion, nous est révélé dans une sorte d’épanchement involontaire qui se trouve au milieu de ses Remarques sur ses lectures, et qui a pour titre assez singulier, De la Providence : « Que l’idée de la Providence est aimable ! […] [NdA] Dans les derniers temps de sa vie, M. d’Argenson était devenu plus sévère pour M. de Chauvelin, et je trouve dans ses cahiers la note suivante, sous le titre de Véritables causes de la guerre de 1733 : Je n’ai jamais été si surpris que causant avec M. de Chauvelin, ancien garde des sceaux de France, et lui ayant dit que la guerre de 1733 avait pu être causée pour réhabiliter la France, dont le cardinal de Fleury avait flétri la réputation en se montrant pacifique jusqu’à l’excès, cet ancien ministre me répondit que ce n’était point cela, mais que le roi ayant épousé la fille du roi Stanislas qui n’avait été reconnu roi par aucune puissance de l’Europe, Sa Majesté se trouvait ainsi n’avoir épousé qu’une simple demoiselle ; qu’il était donc devenu nécessaire que la reine fût fille d’un roi, quoquo modo, et que c’élait à cela qu’il avait travaillé heureusement.

1300. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

À ce titre il restera. […] Gavarni littérateur a écrit d’autres choses que ses légendes, et j’ai sous les yeux, en épreuves, un petit recueil projeté et non publié, se composant des divers morceaux qu’il a insérés çà et là, et qui devaient paraître réunis sous ce titre : Manières de voir et façons de penser.

1301. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Roger Bacon, ce moine de génie, aborde les sciences, envisage en face l’autorité et la réduit à ce qu’elle est : « L’autorité n’a pas de valeur, dit-il, si l’on n’en rend compte : elle ne fait rien comprendre, elle fait seulement croire. » Lui, il ne veut plus croire, mais vérifier ; et, arrachant à l’antiquité son titre même, le retournant au profit de l’avenir, il pose ce principe du progrès moderne, que « les plus jeunes sont en réalité les plus vieux ». […] On peut dire qu’il a eu l’honneur de restituer à notre architecture gothique ses vrais titres au complet ; on ne les lui enlèvera plus.

1302. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Dans la fière énumération que fait le comte de ses titres, un vers entre autres se détache et sort des rangs : « Grenade et l’Aragon tremblent quand ce fer brille !  […] Il aspire à se créer un titre auprès d’elle.

1303. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Malouet nous rend à merveille l’effet extérieur et les péripéties de cette séance du 31 mai 1791 : « Le président eut à peine prononcé le nom de l’abbé Raynal et le titre de son adresse à l’Assemblée, que la salle retentit d’applaudissements. […] Mais cette demande généreuse est un des titres d’honneur de Malouet, et elle justifie le mot de Burke : « M. 

1304. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Tout ce chapitre V de la première partie de l’Illustration, qui a pour titre : Que les traductions ne sont suffisantes pour donner perfection à la langue françoise, est fort beau. […] Je relis le titre III de sa Lettre à l’Académie française, où il se plaint de la gêne et de l’appauvrissement que notre langue a subis depuis cent ans environ, et où il ose proposer le remède : c’est à croire, en vérité, qu’en écrivant ce chapitre, Fénelon se ressouvenait, sans le dire, de celui de Du Bellay dans l’Illustration.

1305. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

M. de Balzac a rassemblé, dernièrement, beaucoup de ces vilenies dans un roman qui a pour titre Un Grand Homme de Province, mais en les enveloppant de son fantastique ordinaire : comme dernier trait qu’il a omis, toutes ces révélations curieuses ne l’ont pas brouillé avec les gens en question, dès que leurs intérêts sont redevenus communs. […] Tout le monde peut se dire homme de lettres : c’est le titre de qui n’en a point.

1306. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Scribe a observé que les titres directs, les caractères affichés aux pièces, tels que l’Ambitieux, les Indépendants, sont une difficulté de plus aujourd’hui, une sorte de programme proposé d’avance au public impatient qui le conçoit à sa manière, et trouve volontiers que l’auteur ne le remplit pas à souhait. La Calomnie aurait peut-être été mieux jugée s’il l’avait intitulée les Échos ; il a donc pris son titre de biais, comme il prend la comédie elle-même.

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