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716. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il est à croire que le succès de ses vers éclaira l’auteur lui-même ; l’intérêt que le public se mit aussitôt à prendre à Eléonore, et que vinrent entretenir d’autres pièces à elle adressées dans les Opuscules poétiques de l’année suivante (1779), acheva de décider le choix du poëteamant, et lui indiqua le parti qu’il lui restait à tirer de sa passion : dans les éditions qui succédèrent, les Aglaé, les Euphrosine, furent sacrifiées ; l’inconstance devint un crime, tandis qu’auparavant on ne voyait que l’ennui de criminel ; en un mot, Parny s’attacha à mettre de l’unité dans ses élégies et à pousser au roman plus qu’il n’avait songé d’abord. […] Pour ne pas avoir l’air d’éluder le jugement littéraire, même en telle matière où la question morale et sociale domine tout, nous dirons une bonne fois que n’avoir lu la Bible, comme le fit Parny, que pour en tirer des parodies plus ou moins indécentes, c’était se juger soi-même et (religion à part) donner, comme poëte, la mesure de son élévation, la limite de son essor. […] Garat, au nom de l’Institut, devait répondre à Parny, et l’on se demandait comment le philosophe se tirerait de l’endroit difficile. […] C’est un souvenir des Mémoires que j’ose placer là ; quoiqu’il y ait des années que j’ai entendu ce passage, je ne crois pas citer trop inexactement. — Voici d’autres particularités que je tire de notes inédites de Chateaubriand écrites à Londres, en 1798, en marge d’un exemplaire de son Essai sur les Révolutions : « Le chevalier de Parny est grand, mince, le teint brun, les yeux noirs enfoncés, et fort vifs. […] Désiré Laverdant) qui s’est sérieusement occupé de Madagascar, et qui a pris la peine de recueillir quelques chansons malegaches authentiques, nous confirme d’ailleurs dans notre doute, et nous assure que les Chansons madecasses de Parny sont tout à fait impossibles : « Il a inventé, nous dit-on, les nuances de sentiment, les caractères qu’il prête à cet état de société, et jusqu’aux noms propres ; c’est du Parny enfin, du sauvage très-agréablement embelli. » La comparaison de quelques pièces du vrai cru avec celles de Parny, et les considérations piquantes que pourrait suggérer ce rapprochement, nous mèneraient ici trop loin ; nous espérons en tirer matière un jour à un petit chapitre supplémentaire.

717. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

C’était se tirer d’affaire en habile homme. […] « Je n’ai point tiré mes principes de mes préjugés, mais de la nature des choses. […] Chaque nation trouvera ici les raisons de ses maximes ; et on en tirera naturellement cette conséquence : qu’il n’appartient de proposer des changements qu’à ceux qui sont assez heureusement nés pour pénétrer d’un coup de génie toute la constitution d’un État. […] Des causes, tirées la plupart du physique du climat, ont pu forcer les causes morales dans ce pays, et faire des espèces de prodiges. […] « La force des fibres des peuples du Nord fait que les sucs les plus grossiers sont tirés des aliments.

718. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Si Dieu reste impuissant, si la vision illusoire de l’humanité future, si l’affection, si la routine suggérée s’attellent en vain pour tirer l’individu hors de l’égoïsme et le détacher de lui-même, voici le « devoir » qui va reprendre la tâche impossible. […] Je me trouve parmi vous sans l’avoir voulu, j’y suis un étranger, et je tâche de tirer, d’une situation fâcheuse, le meilleur parti. […] Tire-toi donc d’affaire tout seul si tu peux, ou en vivant en parasite sur moi si tu es assez habile pour le faire. […] Par cela seul que nous existons, notre volonté est déjà orientée, notre choix est fait, il n’y a plus qu’à en tirer les conséquences logiques, qui se trouvent ici des conséquences morales. […] C’est ce qui arrive quand le désir d’obliger un ami pousse l’homme dans une direction, tandis que le devoir professionnel le tire en sens inverse.

719. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

On obtient tout d’elle par le sentiment de l’honneur ; ce qui est lucre lui paraît peu digne du galant homme ; l’occupation noble est à ses yeux celle par laquelle on ne gagne rien, par exemple celle du soldat, celle du marin, celle du prêtre, celle du vrai gentilhomme qui ne tire de sa terre que le fruit convenu par l’usage sans chercher à l’augmenter, celle du magistrat, celle de l’homme voué au travail de la pensée. […] Allez de chapelle en chapelle ; faites parler les bonnes gens, et, s’ils ont confiance en vous, ils vous conteront, moitié sur un ton sérieux, moitié sur le ton de la plaisanterie, d’inappréciables récits, dont la mythologie comparée et l’histoire sauront tirer un jour le plus riche parti 7. […] Il alluma son fourneau, rougit ses tenailles, et, mettant le fer rouge devant la figure du saint : « Si tu ne tires pas la fièvre à cet enfant, dit-il, je vais te ferrer comme un cheval. » Le saint obéit sur-le-champ. […] Il avait passé la nuit à déclouer les christs en croix et à tirer les flèches du corps des saint Sébastien. […] Chaque année, sa jouissance était d’aller, le jour où l’on tirait au sort, humilier les recrues nouvelles de ses souvenirs de volontaire.

720. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

La date de cet évangile peut d’ailleurs être déterminée avec beaucoup de précision par des considérations tirées du livre lui-même. […] Les difficultés intrinsèques tirées de la lecture du quatrième évangile lui-même ne sont pas moins fortes. […] En effet, certaines parties du quatrième évangile ont été ajoutées après coup ; tel est le XXIe chapitre tout entier 50, où l’auteur semble s’être proposé de rendre hommage à l’apôtre Pierre après sa mort et de répondre aux objections qu’on allait tirer ou qu’on tirait déjà de la mort de Jean lui-même (v. 21-23). […] Eusèbe, en effet, loin d’exagérer l’autorité de Papias, est embarrassé de sa naïveté, de son millénarisme grossier, et se tire d’affaire en le traitant de petit esprit.

721. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Mais l’honneur d’avoir découvert le parti qu’on pouvait tirer de son père et de sa mère à la ville et au théâtre appartient à René Chateaubriand : cette trouvaille est d’autant plus méritoire que le régime nouveau détruisait l’antique majesté de la famille et inscrivait dans son code l’interdiction de la recherche de la paternité. […] Le Lévite d’Éphraïm, tirée du livre des Juges par Lemercier (an IV). […] Pour sauver mes jours… ma mère promit à la Reine des Anges que je lui consacrerai ma virginité. »« J’ai coûté la vie à ma mère en venant au monde », narre le cadet de Bretagne, mais ça ne lui suffit pas, il ajoute : « J’ai été tiré de son sein avec le fer. » Cette gasconnade romantique n’est pas de son crû, elle est une réminiscence du Macbeth de Shakespeare, que René Chateaubriand avait appris en Angleterre à connaître et à admirer. […] Chateaubriand habitait depuis 1793 l’Angleterre et étudiait sa littérature, quoi d’étonnant que son premier roman porte la trace de ses lectures : la mythologie des Natchez est tirée du Paradis perdu de Milton, qu’il traduisit. […] Livré à la risée publique sur leurs théâtres, on voyait dans toutes les parades de John Bull un Français maigre, en habit vert-pomme, chapeau sous le bras, jambes grêles, longue queue, air de danseur ou de perruquier affamé ; on le tirait par le nez et il mangeait des grenouilles.

722. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Venevault, Boizot, Bachelier et Francisque Millet » p. 222

Il vit L’Europe savante de Bachelier, son Pacte de famille, ses Alliances de la France, sa Mort d’Abel, tirée du poème de Gesner, et il dit : Voilà un poète de mes amis qui fait faire de bien mauvais tableaux !

723. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

Il prétend qu’il ne va à la cour que pour leur dire leurs vérités, et à Versailles il passe pour un fou dont les propos ne tirent point à conséquence ; ce qui lui conserve son franc-parler.

724. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre IX. De l’astronomie poétique » pp. 233-234

. — Avec ces trois vérités philologiques s’accordent deux principes philosophiques : le premier est tiré de la nature sociale des peuples ; ils admettent difficilement les dieux étrangers, à moins qu’ils ne soient parvenus au dernier degré de liberté religieuse, ce qui n’arrive que dans une extrême décadence.

725. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Je savais que cela ne tirait pas à conséquence. […] Il prit à gré l’explication, et il se félicita du profit qu’il tirait des leçons de M.  […] Rouher ne pensait pas à tirer un plaisir d’amour-propre de notre attention, ou plutôt de notre admiration ? […] On arrive à la fin de ces Souvenirs, épuisé d’émotions, mais sans haut-le-cœur, juste à temps pour les leçons à en tirer, si nous étions gens à tirer des leçons de quelque chose. […] La lecture finie, chacun tire de sa poche son porte-cigares et sa boîte d’allumettes.

726. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Rarement il tirait un coup de fusil, car il avait fort peu de poudre et de plomb. […] Il ne s’était décidé que la quatrième nuit à tirer le dernier des sept, parce qu’il ne le trouvait jamais assez bien placé pour le tuer sûrement, et qu’il n’avait qu’une seule balle à mettre dans son fusil. […] Ton mari l’a tiré de la boue par les oreilles », grommela la vieille dame. […] Il ne composait plus rien depuis longtemps ; mais Lise, sa meilleure écolière, avait su sans doute le tirer de son assoupissement, car il avait écrit pour elle la cantate dont Panchine avait dit un mot. […] Il poussa un soupir, tira sa couverture sur lui et finit par s’endormir.

727. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLIX » pp. 193-194

Je ne puis m’en tirer.

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