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857. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

et que cette histoire irréelle est écrite dans le même style opaque et puissamment matériel et avec, les mêmes procédés de composition et de développement que la Terre ou l’Assommoir. […] La conclusion, c’est que j’aime mieux tout, même la Terre. Au moins la Terre, c’était franc et c’était harmonieux… Il faut que M. 

858. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Pour compléter le parallèle, un petit homme, « aux yeux creux et au teint échauffé », entre dans son salon. « Il marche doucement, il semble craindre de fouler la terre, il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. […] Donc, le marquis d’Auberville, voyant Vernouilhet à terre, s’imagine de le redresser et d’en refaire un personnage. […] Il a, sous terre, des tranchées, des galeries, des mines et des contre-mines qui font le tour du monde officiel.

859. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

s’écriait une femme d’esprit qui l’a bien connu ; c’est la plus aimable de la terre. » Pourtant il n’était pas de ceux qui portent dans l’amour et dans la passion la simplicité, la bonté et la franchise d’une saine et puissante nature. […] Ce sentiment de volupté et d’abandon suprême, qui, chez les anciens, chez Homère, chez les Patriarches, chez la bonne Cérès ou chez Booz, comme chez le bon Jupiter aux bras de Junon, est si simple, si facile, qui coûte si peu à la nature, qui est si doux, qui fait naître des fleurs à l’entour, et qui voudrait dans sa propre félicité féconder la terre entière, se raffine avec les âges ; il devient plus senti, plus délicat, plus sophistiqué aussi, chez les épicuriens des siècles plus avancés. […] Tel est aussi celui de René, celui d’Atala mourante, quand elle s’écrie, parlant à Chactas : « Tantôt j’aurais voulu être avec toi la seule créature vivante sur la terre ; tantôt, sentant une Divinité qui m’arrêtait dans mes horribles transports, j’aurais désiré que cette Divinité se fût anéantie, pourvu que, serrée dans tes bras, j’eusse roulé d’abîme en abîme avec les débris de Dieu et du monde ! 

860. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Cette difficulté qu’éprouve la poésie à intéresser la société redouble quand, tous les trois ou quatre ans, agitée et remise en question, et comme soudainement retournée, cette société subit de véritables tremblements de terre : la plate-bande en est elle-même toute ravagée. […] L’air flamboie et brûle sans haleine : La terre est assoupie en sa robe de feu. […] Seuls, les grands blés mûris, tels qu’une mer dorée, Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil : Pacifiques enfants de la terre sacrée, Ils épuisent sans peur la coupe du soleil.

861. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Dès qu’elle a pied en terre de France, elle est reçue comme un précurseur, « comme le Baptiste de Jésus-Christ ». […] Telle que je viens de la montrer dans l’ensemble, en fâchant de ne pas forcer les traits et en évitant toute exagération, elle a mérité ce nom de gentil esprit, qui lui a été si universellement accordé ; elle a été la digne sœur de François Ier, la digne patronne de la Renaissance, la digne aïeule de Henri IV par la clémence comme par l’enjouement, et, dans l’auréole qui l’entoure, on aime à lui adresser ce couplet que son souvenir appelle et qui se marie bien avec sa pensée : Esprits charmants et légers qui fûtes de tout temps la grâce et l’honneur de la terre de France ; qui avez commencé de naître et de vous jouer dès les âges de fer, au sortir des horreurs sauvages ; qui passiez à côté des cloîtres et qu’on y accueillait quelquefois ; qui étiez l’âme joyeuse de la veillée bourgeoise, et la fête délicate des châteaux ; qui fleurissiez souvent tout auprès du trône ; qui dissipiez l’ennui dans les pompes, donniez de la politesse à la victoire, et qui rappreniez vite à sourire au lendemain des revers ; qui avez pris bien des formes badines, railleuses, élégantes ou tendres, faciles toujours, et qui n’avez jamais manqué de renaître au moment où l’on vous disait disparus ! les âges, pour nous, deviennent sévères ; le raisonner de plus en plus s’accrédite ; tout loisir a fui ; il y a, jusque dans nos plaisirs, un acharnement qui les fait ressembler à des affaires ; la paix elle-même est sans trêve, tant elle est occupée à l’utile ; jusque dans les journées sereines, les arrière-pensées et les soins sont en bien des âmes : c’est l’heure ou jamais du réveil, c’est l’heure encore une fois de surprendre le monde et de le réjouir ; vous en avez su de tout temps la manière, toujours nouvelle : n’abandonnez jamais la terre de France, Esprits charmants et légers54 !

862. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Puis, pendant que nous sommes encore seuls, il se met à parler de la vie qu’il va mener dans six semaines, de son habitation, de la soupe à la poule, l’unique plat que sait faire son cuisinier, et des conférences qu’il a sur un petit balcon, presque au ras de terre, avec les paysans, ses voisins. […] Je me rappelais une fois, où par hasard à la campagne, chez elle, on m’avait improvisé, par terre, un lit dans une chambre, et qu’elle eut besoin, lorsque j’étais couché, de traverser cette pièce, sa toilette de nuit déjà faite. […] En me mettant l’album dans les mains, elle m’a dit gentiment : « Tenez, je me porte très bien, je vous ferai attendre trop longtemps… Je ne sais quelle idée m’avait pris de les vendre cet hiver, comme ça je ne pourrai plus. » Jeudi 24 juin Je dîne aujourd’hui chez Francis Magnard, établi dans 2 500 mètres de terre, à Passy.

863. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Il n’avait abandonné ni la terre ni la paroisse. […] Et c’est parce qu’elle est vide que le paysan, abandonné à lui-même, a une moins forte confiance en la terre qu’il laboure. […] Les belles dames dont les robes à paniers, les collerettes de dentelles, les traînes de velours, les perruques poudrées se reflétaient, à la lumière des lustres, dans les glaces de la galerie de Versailles, pouvaient sourire des costumes de nos aïeules et aussi de nos grands-pères, de ces gros draps foulés, couleur de la terre et, comme elle, inusables, de ces jupons à mille plis et à rallonges, de ces corsets apparents ou de cette absence de corset, de ces bonnets de mousseline, qui ressemblaient souvent à des fleurs et qui avaient, comme elles, chacun son canton pour fleurir.

864. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Souza, Robert de (1865-1946) »

Vielé-Griffin, passionnée pour les prairies et pour les fleuves ; elle va gravement par le monde, sa curiosité recherchant de plus vastes horizons ; elle s’attarde parfois au récit des légendes et des faits glorieux ; elle interroge les terres, les eaux, les nuées et les bois ; elle écoute les voix mystérieuses de l’univers et les appels douloureux des hommes.

865. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Préface (1831) »

L’homme qui a écrit ce mot sur ce mur s’est effacé, il y a plusieurs siècles, du milieu des générations, le mot s’est à son tour effacé du mur de l’église, l’église elle-même s’effacera bientôt peut-être de la terre.

866. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VI. Le canari merveilleux. »

» Baffo jette à terre 20 cauris et s’éloigne en emportant le canari. « Quand le marchand s’en reviendra, se dit-elle, il trouvera les cauris à la place du canari ».

867. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

» M. de Bonald, comme M. de Chateaubriand, comme M. de Maistre, avait gardé un culte pour la France sur la terre étrangère. […] Dans les choses de la terre comme dans les choses du ciel, il est légitimiste. […] Les crises révolutionnaires une fois passées, son enfance s’est écoulée, calme et heureuse, dans la petite terre de Milly, pauvre et agreste oasis de famille, toute resplendissante d’innocence, de calme et de paix ; Milly aux sept tilleuls, cette terre natale, qui luira toujours aux yeux et au cœur du poëte comme un de ces ports de la vie d’autant plus regrettés, que la barque, une fois sortie, n’y rentre jamais. […] Talma s’est plus d’une fois senti ému en écoutant le jeune poëte réciter d’une voix mélancolique un chant lyrique sur Saül, composition qui aspire en vain à quitter les ailes de l’ode, pour fouler la terre comme le drame. […] L’amour chrétien a quelque chose de plus noble et de plus élevé ; ses élans ne s’arrêtent pas sur la terre, ils montent vers le ciel.

868. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Ma terre de Biron est bien pauvre, elle n’est que belle. […] Chaque jour apportait un meurtre, une spoliation, et cette terre volée au misérable égorgé la veille rencontrait aussitôt un acheteur. […] et les enfants de crier : Terre, terre ! […] Savez-vous cependant que c’est chose hors de prix que ces six pieds de terre perpétuelle qui se vendent aux cimetières publics ? […] Il ressemble au cheval pâle de l’Apocalypse, et, comme le cheval de Job, il frappe du pied la terre en s’écriant : « Allons ! 

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