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951. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Il n’avait du critique que les facultés qui tiennent à la sympathie, à l’ouverture d’esprit, à l’encourageante bienveillance du caractère ; mais les facultés qui accomplissent le critique et qui donnent à celles-là le tranchant et le fil, je les cherche en vain dans ses œuvres : il ne les avait pas ! […] Dans ses écrits les plus littéraires, ce n’est pas la grammaire, ce n’est pas même les formes de la composition qui tiennent le plus de place, c’est le cœur, le vieux cœur humain inépuisable ! […] Trelawney, le Trelawney des Mémoires de lord Byron et de notre imagination prévenue, dans l’écrivain quelconque qui a tenu la plume et qui a osé signer du nom de Trelawney les Recollections. […] Il aura tenu bon. […] Au moment où lord Byron était insulté physiquement et moralement en Angleterre, nous avons tenu à montrer que nous n’avions perdu le sens ni de l’homme ni du poète.

952. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Or, au lieu de ce martyr sublime et commode, il n’a trouvé qu’un vieux bonhomme qui tenait à ses grègues encore plus qu’au mouvement de la terre, et qui avait une peur du diable de les roussir. […] Ce sont les bien dignes représentants d’une civilisation féroce et efféminée, que ces bourreaux affables (il y tient !) […] Madame Clotilde Schultz, la nièce de Chasles, qui avait une nièce, [ni plus ni moins qu’un curé, et charmante, m’a-t-on dit, qui tenait sa maison et dont il avait fait son secrétaire en jupe… un peu bleue ou au moins lilas, a publié, à la tête de la Psychologie sociale, une lettre très aimable pour Charpentier, l’éditeur de cette Psychologie, et cette lettre nous met au courant du livre sur lequel nous comptions si peu. […] Il doit y avoir un moyen : on ne le tient pas, mais on le trouvera ; et il monte sur ce dada, qui n’est qu’une rosse, lui dont la fantaisie a souvent chevauché l’hippogriffe ! […] Je le tiens jeune par le talent, oui !

953. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Mais ces trois parties de son poëme correspondaient à une foule de perspectives qu’un grand artiste aurait entr’ouvertes, mais que le plus grand artiste aurait été obligé de tenir fermées, s’il n’avait pas eu à sa portée la science même du christianisme. […] III Mais, à part ces défauts qui tiennent à l’incomplet de la notion chrétienne dans l’esprit du poète et au manque d’étendue de son cadre, il n’y a plus qu’à louer et à admirer dans le poème de M.  […] La grande échéance est venue ; Les vastes cieux se sont ouverts ; L’Agneau tient, du haut de la nue, Les assises de l’univers. […] Il s’en tient aux superficies de la tradition, mais avec quel pinceau et quelle couleur il sait les reproduire ! […] En effet, citer quelques vers trisyllabiques détachés et enlevés d’un ensemble étendu n’est donner un exemple satisfaisant ni de la difficulté surmontée ni de l’effet produit sur l’imagination par ces vers trisyllabiques se succédant, se balançant, courant et tombant les uns sur les autres, comme ces petites vagues qui sont la houle et puis toute la mer, et qui, quand on en tient dans le creux de sa main ce qu’on en peut prendre, ne donnent guère certes la moindre idée du bleu et du grand Océan dans lequel on vient de les puiser.

954. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Mais il s’en faut que les sons tiennent autant de place que les formes et les couleurs dans la plupart des songes. […] N’essaie pas de fuir ; je te tiens ; tu me livreras ton secret, tu vas me laisser voir ce que tu faisais. » A quoi le moi des rêves répondra : « Regarde : je ne faisais rien, et c’est justement par là que nous différons, toi et moi, l’un de l’autre. […] Vous connaissez l’observation d’Alfred Maury 10 : elle est restée classique, et, quoi qu’on en ait dit dans ces derniers temps, je la tiens pour vraisemblable, car j’ai trouvé des récits analogues dans la littérature du rêve. […] Or, une multitude aussi grande qu’on voudra d’images visuelles peut être donnée tout d’un coup, en panorama ; à plus forte raison tiendra-t-elle dans la succession d’un petit nombre d’instants. […] Je suis dans la rue ; j’attends le tramway ; il ne saurait me toucher puisque je me tiens sur le trottoir : si, au moment où il me frôle, l’idée d’un danger possible me traverse l’esprit — que dis-je ?

955. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Les pensées intimes et profondes d’un individu se traduisent dans sa conduite : parfois, pour les deviner, mieux vaut interpréter ses actes qu’écouler ses paroles, et s’en tenir à ce qu’il fait qu’à ce qu’il dit. Ainsi dans les sociétés, les modes d’actions généralement pratiquées seront les signes, les plus expressifs du tour des opinions généralement reçues : consolidées, objectivées ou non, inscrites dans les choses ou seulement dans les âmes, les habitudes collectives, — c’est-à-dire celles que chaque individu se sent tenu d’observer, — manifestent les idées acceptées par la masse des individus ; les transformations des autres ne peuvent manquer de s’exprimer par les transformations des autres. […] Il faut se garder, sans doute, de tenir pour démontré dès à présent que la démocratie soit forcément l’aboutissant de toute évolution sociale : ce serait se méprendre étrangement sur le caractère des lois sociologiques que d’y voir on ne sait quelles « lois d’évolution » qui prédestineraient, par exemple, — quelles que dussent être les circonstances variées de leur développement, — toutes les sociétés à la démocratie. […] Universel ; plusieurs s’en tiennent au suffrage restreint ou au suffrage gradué, ou au vote plural. […] Or, s’il est vrai que, dans la civilisation, occidentale, les classes ne semblent plus assez fortement constituées pour tenir tête à l’esprit individualiste, les nations ne le sont-elles pas assez, pour faire tort à l’esprit humanitaire ?

956. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

Juste Olivier la recette de la cigarette de camphre : « Les cigarettes de camphre peuvent être très-bonnes dans le cas d’asthme, si cet asthme tient aux poumons et non au cœur. […] On le met par morceaux (et non en poudre) dans un tuyau de plume, entre deux petites bourres de papier, et on tient ce tuyau à la bouche par le petit bout.

957. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note III. Sur l’accélération du jeu des cellules corticales » pp. 400-404

. — Je m’y trouvai sans avoir conscience d’être descendu de cheval, mais derrière moi était le cheval, que tenait par la bride le guide que je vis alors et qui était vêtu d’une veste bleue. Au fond de la barque était un groupe de femmes auprès desquelles se tenait un bel enfant blond, dont je me rappelle fort bien le costumé, la figure et surtout les cheveux bouclés. — Puis je me retrouvai à cheval de l’autre côté de l’eau, te guide marchait près de moi, et je le voyais.

958. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VII. Suite du précédent. — Paul et Virginie. »

Tiens, ma bien-aimée, prends cette branche fleurie de citronnier, que j’ai cueillie dans la forêt. […] De même, quand l’écho me fait entendre les airs que tu joues sur ta flûte, j’en répète les paroles au fond de ce vallon… …………………………………………………………………………………………… Je prie Dieu tous les jours pour ma mère, pour la tienne, pour toi, pour nos pauvres serviteurs ; mais quand je prononce ton nom, il me semble que ma dévotion augmente.

959. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

N’est-ce pas une façon de juger bien étrange que de ne regarder les Anciens que par leurs beaux côtés, comme vous faites, et que de fermer les yeux sur leurs défauts, et de n’avoir au contraire les yeux ouverts que sur les défauts des Modernes, et que de les tenir opiniâtrement fermés sur leurs beautés [?] […] Cet inconvénient tient à une manière de faire qui double l’effet du tableau pour le moment.

960. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Deuxième journée. Les conspirateurs » pp. 225-233

Il tient à la main une lanterne sourde.) […] Omer, tiens, prends ma carabine.

961. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Elle remplissait dans le comique une foule de rôles, mais elle tenait l’emploi, fort important dans les comédies de ce temps-là, de première soubrette. […] Cette société tenait ses séances à l’hôtel Rambouillet. […] L’hôtel du Marais, lui, sembla tenir à demeurer neutre. […] Cet oubli des convenances explique la conduite non moins affligeante qu’il tint plus tard envers Molière. […] Il ne tint pas à lui qu’il ne rompît également avec Boileau.

962. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il est incontestable que, s’il fallait s’en tenir à un moyen de sélection unique, la naissance vaudrait mieux que l’élection. […] « Que la France reste donc ce qu’elle est ; qu’elle tienne sans défaillance le drapeau de libéralisme qui lui à fait un rôle depuis cent ans. […] Ces électeurs pourraient être rassemblés par cantons en temps de crise ; ils seraient les gardiens des mœurs, les surveillants des deniers publics ; ils tiendraient école de gravité et de sérieux. […] Le catholicisme, au contraire, faisant consister le salut en des sacrements et en des croyances surnaturelles, tient l’école pour chose secondaire. […] Que l’Église admette deux catégories de croyants, ceux qui sont pour la lettre et ceux qui s’en tiennent à l’esprit.

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