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2356. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

  Un grand esprit de notre temps, M.  […] Il n’eut que le temps de se relever : Dallas tendait ses jambes, envoyait des coups de pied convulsifs dans le vide. […] J’ai eu bien d’autres chats à fouetter depuis un an, et le plus clair est que le temps m’a manqué pour songer à l’Académie. […] Il était dix heures, une claire matinée de la fin de l’hiver, un temps vif, avec un ciel blanc, tout égayé de soleil. […] Mais il n’eut pas le temps de s’en attrister, pris par la bousculade à deux mouvements qui agitait l’église vers le haut et vers la sortie.

2357. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIII » pp. 53-57

En ce temps-ci, on n’a que des velléités, et puis rien. […] — Un homme d’esprit classique, mais qui l’est véritablement, et comme on l’était dans l’ancienne littérature, ayant lu la tragédie de Lucrèce, m’en faisait hier de grandes critiques ; il s’étonnait qu’on eût fait à cette pièce la réputation d’être classique comme on l’entendait de son temps ; il m’en citait des vers étranges selon lui, et d’autres qui sentent leur latinisme comme si l’auteur fût resté à moitié chemin en traduisant.

2358. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

[Le Temps (1870).] […] [Le Temps (19 février 1879).]

2359. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

Comment cette femme admirable, d’une activité dévorante, artiste jusqu’au bout des ongles, ne se serait-elle pas imposée impérieusement à l’élite de son temps et n’y eût-elle pas marqué son empreinte ? […] Son temps haletant la suit et l’applaudira quand, pour résumer et sceller toutes les aspirations éparses de l’heure, elle évoquera les splendeurs du Bas-Empire, bâtira au milieu de nos brouillards industriels, un décor fleuri et somptueux de Byzance et dressera sur les imaginations éblouies l’image de Théodora, impératrice d’Orient.

2360. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

Elle n’avait pas lu la préface générale, placée à la tête du premier volume des Œuvres et des Hommes (le volume des Philosophes et des Écrivains religieux), ou si elle l’avait lue, elle ne s’en souvenait plus, car il est dit positivement dans cette préface, que pour être plus dans le mouvement de son temps, l’auteur laisserait là toute exposition artificielle ou chronologique, et ne partirait jamais, tout en embrassant le siècle tout entier, dans un nombre indéterminé de volumes, que des publications contemporaines ou des réimpressions par lesquelles on atteint à tous les moments du passé et à tous les hommes qui y ont laissé une place durable ou éphémère… Avec ce système, il y a des attentes, il n’y a pas d’oublis ! […] Du reste, quoique ces trois poètes qui, à tort ou à raison, ont passionné l’imagination de leur temps, ne soient pas personnellement pris à partie dans cette première fournée des Poètes du xixe  siècle, ils y sont pourtant à bien des pages où les imitateurs qu’on y juge font des repoussoirs à leurs maîtres et les grandissent de leur petitesse, à eux.

2361. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Mais l’Arioste est le premier, et son tableau surpasse en sérénité et en fraîcheur toutes les pastorales du temps. […] On y sentait le vide des temps disparus. […] « Si elle ne veut pas mourir de son amour, il est temps qu’elle prenne sur elle de le révéler, car il n’est pas à espérer que Médor ose l’encourager à un tel aveu. […] je connais trop ces caractères, je les ai tant vus et tant lus dans un autre temps ! […] Mais les temps ont leur innocence.

2362. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Mais, si on s’élève plus haut, quel étrange spectacle qu’un homme qui, en possession d’une des plus vastes éruditions des temps modernes, n’est jamais arrivé à une pensée de haute critique ! […] Il veut que l’on se prête aux modifications successives amenées par le temps, sans jamais rompre catégoriquement avec son passé, mais sans en être l’esclave ; il veut que, sans le renier, on sache l’expliquer au sens nouveau, et montrer la part de vérité mal définie qu’il contenait. […] Il est temps que l’on s’accoutume à appeler sceptiques tous ceux qui ne croient point encore à la religion de l’esprit moderne et qui, s’attardant autour de systèmes usés, nient avec une haine aveugle les dogmes acquis du siècle vivant. […] Nous croyons à l’œuvre des temps modernes, à sa sainteté, à son avenir, et vous la maudissez. […] … Des temps homériques à Héraclius, où est sa décadence ?

2363. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Elle n’y a gagné que l’horreur qui suit le massacre des prisonniers vaincus dans tous les temps, dans toutes les causes, dans toutes les nations du monde ! […] De tout temps, l’élévation du rang d’où l’on est précipité fait partie, sinon du supplice de sang, du moins du supplice de l’âme : les Romains, si féroces dans la guerre, ne pensaient pas que tomber dans un trou fut la même chose que tomber de la roche Tarpéienne sur le pavé du Capitole. […] victime dans un temps, oppresseur dans un autre ? […] Cependant elle n’était pas complète si le temps froid ou pluvieux l’empêchait d’aller passer, le soir, quand les deux femmes s’étaient retirées, une heure ou deux dans son jardin avant de s’endormir. […] Moi-même, à peu près vers le même temps où Hugo concevait son épopée des Misérables, ce retentissement du gémissement des choses humaines résonnait dans mon cœur, et j’écrivais aussi, non un livre entier, non un livre dogmatique, mais un épisode de toutes ces misères résumées en moi.

2364. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Mon ami, il y a si peu de temps que nous nous sommes quittés ! […] Elle se reposait cependant en écrivant, pour le vulgaire cette fois, un dernier livre bien plus populaire, parce qu’il condescendait à bien plus de faiblesses d’esprit et à bien plus de banalités de son temps. […] Mais elle atteste, par le fanatisme de la curiosité dont elle est pleine, l’enthousiasme et l’éblouissement que le nom de l’auteur de Corinne inspirait à la jeunesse de son temps. […] Le cœur me battit, le livre me tomba des mains ; j’avais à peine eu le temps de me rasseoir au pied de mon saule, quand deux calèches découvertes, courant au grand trot des chevaux, vers Morges, défilèrent à demi voilées par la poussière devant moi. […] Je serais resté confondu et muet, car, pétrifié doublement par la beauté de l’une et par la gloire de l’autre, je ressemblais à un dieu terme qui voit passer sans parole le bruit et l’éclat du temps.

2365. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Ce n’est ni la sienne, ni la mienne, ni la vôtre, avec les différences qu’elle reçoit du caractère de chacun, du pays, du temps, mais la raison universelle, impersonnelle et absolue. […] Cette croyance ne dépend ni du pays, ni du temps, ni des religions établies, ni de la forme des sociétés, bien qu’elle puisse s’accommoder de toutes ces circonstances. […] Les écrits du temps parlent des convictions extraordinaires qu’il produisit. […] L’érudition a fait son temps. […] L’ordre des temps excepte de cette influence Corneille, qui, comme Descartes, n’eut pas d’ancêtres ni de tradition.

2366. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

I De tout temps, la science a visé à l’unité. […] « Il vient un temps, dit le grand archevêque, où Dieu, après nous avoir bien dépouillés, bien mortifiés par le dehors sur les créatures auxquelles nous tenions, nous attaque par le dedans pour nous arracher à nous-mêmes. […] La mauvaise physique et la mauvaise psychologie de l’école cartésienne ont conduit la philosophie de l’unité à cette doctrine de la nécessité universelle qui a fait une renommée si équivoque au plus puissant esprit des temps modernes. […] Il serait facile de montrer comment la politique, réduite à ses données propres, n’est plus que l’art de Machiavel plus ou moins accommodé aux nécessités des temps et des lieux. […] Il est temps qu’une réaction s’opère en faveur des vérités de conscience.

2367. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Le roman littéraire s’est engagé dans d’autres voies ; le temps du romantisme est passé. […] Elle se fait socialiste, à la façon de ce temps-là, d’un socialisme doux, sensible, déclamatoire, volontiers mystique. […] Il a l’imagination des affaires : il passe son temps à inventer des combinaisons qui contiennent des fortunes. […] Il s’est rappelé toujours avec délices le temps où il était dragon à l’armée d’Italie. […] Personne ne s’est, en notre temps, plus rapproché que lui du réalisme classique.

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