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1507. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Mais voici qu’un certain mouvement du bras ou de la tête, toujours le même, me paraît revenir périodiquement. […] Deux personnages parurent, à la tête énorme, au crâne entièrement dénudé. […] Et, à tour de rôle, chacun laissait tomber son bâton sur la tête de l’autre. […] Finalement, raides et lents, droits comme des I, les deux corps se penchèrent l’un vers l’autre, les bâtons s’abattirent une dernière fois sur les têtes avec un bruit de maillets énormes tombant sur des poutres de chêne, et tout s’étala sur le sol.

1508. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Le malheur ne serait pas grand à ses yeux, non plus qu’aux yeux de M. de Montausier, Quand de ces médisants l’engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière. […] On ne parle plus de ceux de Voltaire, il les garde : on s’est souvenu du mot de M. le duc d’Orléans, à qui il demandait justice sur pareils coups, et le prince lui répondit : « On vous l’a faite. » » L’évêque de Blois a dit : « Nous serions bien malheureux si les poètes n’avaient point d’épaules. » On dit que le chevalier de Rohan était dans un fiacre lors de l’exécution, qu’il criait aux frappeurs : « Ne lui donnez point sur la tête !  […] (forcés par crainte du bâton à être sages et à se contenter de plaire). » Voltaire faisait mieux alors que de se montrer, il cherchait le chevalier de Rohan pour avoir raison de lui l’épée à la main, en galant homme, et celui-ci le faisait emprisonner : « (3 mai 1726) — Voltaire a été enfin mis à la Bastille ; il avait toujours sa folie dans la tête de poursuivre le chevalier de Rohan qui n’est pas si fâché qu’il soit là.

1509. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Vers dix-huit ans, pour la première fois, l’idée de vers, odes, chansons et comédies, se glissa dans sa tête : il est à croire que cela lui vint à l’occasion des pièces de théâtre auxquelles il assistait. […] En tête de ce volume, Béranger portera sur lui-même, sur l’ensemble de son œuvre, sur la nature de son rôle et de son influence durant ces quinze années, un jugement qu’il nous serait téméraire de devancer ici pour notre compte. […] Bras, tête et cœur, tout était peuple en lui, a-t-il dit de son ami.

1510. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Nous y rangerons aussi ceux des critiques littéraires, à proprement parler, qui, à tête reposée, s’exercent sur des sujets déjà fixés et établis, recherchent les caractères et les beautés particulières aux anciens auteurs, et construisent des Arts poétiques ou des Rhétoriques, à l’exemple d’Aristote et de Quintilien. […] Chacun apporte ainsi dans sa jeunesse sa dose de foi, d’amour, de passion, d’enthousiasme ; chez quelques-uns, cette dose se renouvelle sans cesse ; je ne parle que de la portion de foi, d’amour, d’enthousiasme, qui ne réside pas essentiellement dans l’âme, dans la pensée, et qui a son auxiliaire dans l’humeur et dans le sang ; chez quelques-uns donc cette dose de chaleur de sang résiste au premier échec, au premier coup de tête, et se perpétue jusqu’à un âge plus ou moins avancé. […] En tête d’une des lettres de sa Critique générale, Bayle nous dit avoir remarqué, dès ses jeunes ans, une chose qui lui parut bien jolie et bien imitable, dans l’Histoire de l’Académie française de Pelisson : c’est que celui-ci avait toujours plus cherché, en lisant un livre, l’esprit et le génie de l’auteur que le sujet même qu’on y traitait.

1511. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

« Il lui dit : Lève-toi et répands de l’huile sur sa tête, car c’est celui-là !  […] David lui coupe la tête et la rapporte au roi, au milieu des bénédictions de la multitude. […] Le proscrit, toujours respectueux envers le persécuteur, se contente de couper pendant son sommeil le bord du manteau de Saül pour lui montrer qu’il aurait pu aussi impunément lui couper la tête.

1512. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Est-ce, comme il le dit, parce que le livre tourna la tête à quelques jeunes gens ? Chateaubriand avait assez de sortes d’orgueil pour ne pas dédaigner même celui de la coquette qui se vante de tourner les têtes. […] C’est le temps où, septuagénaire, on l’offensait en l’appelant vieillard illustre, quoiqu’il ne se refusât pas de parler de sa tête chauve, comme un moyen de la faire voir de plus loin.

1513. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

si vous connaissiez ma tête et mon cœur ! […] J’avais perdu le besoin de savoir, de scruter, de critiquer ; il me semblait qu’il m’eût suffi d’aimer et de sentir ; mais je sentais bien qu’au premier jour où le cœur cesserait de battre si fort, la tête recommencerait à crier famine. […] Je ne trouve pas, dans la classe des hommes qui ont écrit, des gens plus sots que tous vos apologistes modernes, esprits plats, têtes sans critique.

1514. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Exilé, en 1771, à la suite de remontrances mémorables, il reparut à la tête de sa compagnie au début du règne de Louis XVI, et devint ministre de ce vertueux prince en 1775, dans ce premier ministère réformateur dont Turgot faisait partie. […] Et malgré tout, le voilà placé à la tête de cette censure, et investi de la plus délicate des fonctions, en présence d’une littérature philosophique très émancipée, dont il partage plus d’une doctrine ; en face d’une opposition religieuse et réactionnaire très irritée, qui a des appuis à la Cour auprès de la reine et du Dauphin, en regard enfin du Parlement, qui a ses préjugés, ses prétentions, et qui voudrait, dans bien des cas, évoquer à lui le jugement des livres et des auteurs. […] Pompignan, qui a quelque talent joignait de la sottise, prit de là occasion de rédiger un Mémoire justificatif au Roi (mai 1760), qu’il voulut faire imprimer avec faste en inscrivant le nom du roi en tête et en déclarant à tous : « Le manuscrit de ce Mémoire a été présenté au roi, qui a bien voulu le lire lui-même, et qui a trouvé bon que l’auteur le fît imprimer. » Moyennant cette grosse apostille, Pompignan prétendait être affranchi de la règle commune et pouvoir se passer de censeur.

1515. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

M. de Chateaubriand, en 1814, était moins désabusé en effet qu’il ne voudrait le paraître, il espérait encore beaucoup, il espérait tout, et parlait de Louis XVIII en conséquence : « Il marche difficilement, disait-il de lui avec toutes les ressources et les complaisances du langage, mais d’une manière noble et touchante ; sa taille n’a rien d’extraordinaire ; sa tête est superbe ; son regard est à la fois celui d’un roi et d’un homme de génie. » Plus tard il empruntera, pour peindre Louis XVIII, quelques-unes des couleurs de Béranger ; mais alors, quand il attendait encore de ce roi impotent sa fortune politique, il le voyait ainsi dans sa majesté. […] Il a été à la tête de toutes les grandes questions monarchiques ou populaires de son tempsg ; il les a menées comme on mène volontiers les choses en ce pays de France, c’est-à-dire à côté du port et tout autrement qu’à bonne fin. […] Il a été la tête de toutes les grandes questions monarchiques ou populaires de son temps

1516. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Mirabeau, entouré de ces tracasseries chétives, courba la tête et subit la nécessité ; il ne bougea plus du Franc-Bourg où s’était établie Belinde, et il ne parut plus à Pontarlier, chez Mme de Monnier. […] S’il m’attaque, je sais me défendre, et son crime retombera sur sa tête ; mais il ne m’attaquera point, et j’aurai vos lettres. […] Son plan, à lui, est déjà tout formé dans sa tête ; il l’exécutera.

1517. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

il s’était mis en tête de faire de moi un homme de plume. […] L’abbé de Bernis, au temps de sa grande pauvreté et des dîners à six sous par tête, était employé comme correcteur chez le libraire-imprimeur Didot, bisaïeul du nôtre.

1518. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Le docteur Boucher, curé de Saint-Benoît, et deux autres députés de sa couleur arrivèrent auprès du duc de Mayenne à Rethel, porteurs de cahiers et de demandes au nom de la faction ; ils accusaient sous main le duc de Mayenne de leur avoir retiré leurs moyens d’action et de pouvoir, « et publiquement ils blâmaient ceux qui l’assistaient, au nombre desquels je n’étais épargné, dit Villeroi, ni ledit sieur président Jeannin, qui eut de grandes paroles avec eux » En s’en prenant à Villeroi et à Jeannin, ils s’attaquaient, en effet, aux deux meilleures têtes du conseil de Mayenne, et, dans la personne de Jeannin, à la plus brave et à la plus courageuse. […] Tous deux ont été les hommes d’État de la Ligue, bonnes têtes avec des caractères tout différents.

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