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612. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Supposons cependant que l’on soit arrivé à une idée exacte et précise du génie, pris psychologiquement, et qu’on ait ramené toutes ces formes à une seule, que faudrait-il pour établir l’identité physiologique de la folie et du génie ? […] La distraction est un fait parfaitement normal, qui ne suppose en aucune façon un état maladif du cerveau.

613. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

., tel que serait celui-ci s’il était plus poussé, plus entraîné par la fougue de la passion, placé du reste, dans des conditions un peu différentes, dans une petite ville ou dans un village, etc. » La lecture des romans suppose ainsi comme condition nécessaire du second moment, je veux dire de la réflexion qui juge, une assez grande connaissance des hommes, et je n’entends par là qu’une assez grande habitude d’observer les hommes autour de soi. […] A ce compte nous leur faisons confiance, parce que nous voyons qu’ils savent bien observer ce que nous observons nous-mêmes et nous les respectons comme bons observateurs et nous supposons qu’ils l’ont été aussi des cas exceptionnels qu’ils nous rapportent ; et ce cas exceptionnel bénéficie, en quelque sorte, de l’exactitude de tout ce qui l’entoure.

614. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Puis il examinait comment celles-ci dépendent les unes des autres, laquelle est supposée par les autres et n’en suppose aucune autre.

615. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

On en a, depuis, cherché les raisons ; et, bien entendu, on en a supposé de vilaines.

616. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Je suppose qu’il aime sa femme, et qu’il lui pardonne, et qu’il la veuille garder.

617. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Comme il n’a jamais été écrit, je suppose sa forme : lir ou lire, la première syllabe ne peut être différente ; la seconde, phonétiquement li, est sans doute, par analogie, lie le mot étant conçu au féminin.

618. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

Ainsi, supposé que nous sçachions quelque chose dans l’art de disposer le plan d’un poëme, et de donner aux personnages des moeurs décentes que les anciens ne sçussent pas, ils n’auront pas laissé de nous surpasser, s’il est vrai qu’ils aïent eu plus de génie que nous, et cela d’autant plus qu’il est certainement vrai que les langues dans lesquelles ils ont composé étoient plus propres à la poësie que les langues dans lesquelles nous composons.

619. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Il est permis de supposer que sa compréhension de tant de parties de la science auxquelles il était étranger par des recherches personnelles lui vint de la familiarité où il vécut dès ce temps avec M. 

620. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Comment ne pas supposer que c’est dans ces moments-là que l’homme voit le mieux ? […] Einstein, ce fragment des Pensées sur l’Espace et le Temps : « Nous supposons que tous les conçoivent de même sorte, mais nous le supposons bien gratuitement, car nous n’en avons aucune preuve. […] Chaque ligne des Pensées la suppose. […] Autant dire qu’une œuvre littéraire suppose une expérience de la vie et une philosophie. […] Il suppose des âmes violentes, et ces âmes ne se rencontrent guère dans le petit monde bourgeois.

621. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre V. Du jeu, de l’avarice, de l’ivresse, etc. »

Le premier produit l’amour du jeu, et le second l’avarice ; quoiqu’on puisse supposer qu’il faut aimer l’argent pour aimer le jeu, ce n’est point là, la source de ce penchant effréné : la cause élémentaire, la jouissance unique, peut-être, de toutes les passions, c’est le besoin et le plaisir de l’émotion.

622. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Notre langue serait pure si tous ses mots appartenaient au premier type, mais on peut supposer, sans prétendre à une exactitude bien rigoureuse, que plus de la moitié des mots usuels ont été surajoutés, barbares et intrus, à ce que nous avons conservé du dictionnaire primitif : la plupart de ces vocables conquérants, fils bâtards de la Grèce ou aventuriers étrangers, sont d’une laideur intolérable et demeureront la honte de notre langue si l’usure ou l’instinct populaire ne parviennent pas à les franciser.

623. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre cinquième. »

N’est-il pas plaisant de supposer que ce soit un effet nécessaire et une suite naturelle de la royauté, de n’avoir d’égard ni pour les choses ni pour les personnages ?

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