/ 1858
1786. (1902) La poésie nouvelle

Il est vrai ; et si l’on considère l’histoire de la langue, on s’aperçoit que l’initiative individuelle, volontaire et raisonnée, y a plus d’influence qu’on ne le supposerait tout d’abord. […] Il n’est donc pas interdit à priori, de supposer qu’un écrivain puisse, dans une certaine mesure, modifier à sa guise la langue qui lui est offerte… La modifier, certes ! […] A vrai dire, ce n’est pas à cela que vise Moréas et, quoique ses déclarations, dans la préface du Pèlerin passionné, manquent un peu de précision, il est permis de supposer que l’ancienne langue française ne lui est qu’une riche et ample réserve où il prendra tout ce qu’il trouvera de bon pour la nouvelle. […] Une telle confession de soi, d’ailleurs, si poétique et enjolivée qu’on la suppose, est toujours un peu offensante pour la secrète pudeur de l’âme, jalouse de ses impressions, inquiète de s’exhiber.

1787. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Au reste, l’envoyé de Sardaigne, que je vis aussi hier, et le général Desbrosses ensuite, m’ont dit tous deux qu’il leur avait dit beaucoup de bien de moi ; mais, outre que ces messieurs lui avaient donné le ton, c’est de cette sorte de bien qui ressemble aux saluts de protection. » Le mot est lâché : c’est, plus que tout, ce ton de protection qui choquait Piron, lequel dans toute cette affaire, on le voit, ne se montre pas si bonhomme ni si à son avantage qu’il le suppose.

1788. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

L’enfant est devenu une jeune fille ; elle n’a pas moins de dix-sept ou dix-huit ans, alors que M. de Ferriol (je le suppose rentré en France) a soixante ans bien sonnés, car il ne rentre qu’en mai 171167.

1789. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Dans les premières pages, l’auteur trace à la politique, à la science de la société (comme il la définit), une sorte de voie moyenne entre l’utopie et l’empirisme, entre l’idée pure et la pratique trop réelle : « Si la politique, disait-il, ne voit dans les événements que de vaines formes, dans les noms propres que de vains signes, elle ne sait qu’inventer des lois chimériques pour un monde supposé ; si elle n’aperçoit ici-bas que des accidents et des individus, elle gouverne le monde par des expédients : placée entre la République de Platon et le Prince de Machiavel, elle rêve comme Harrington ou règne comme Charles-Quint. » S’attachant à dégager le droit sous le fait et à maintenir la part de la raison à travers le hasard, il estime qu’à toutes les époques de la civilisation il est possible et il serait utile de revendiquer la vérité, mais cela lui paraît surtout vrai du temps présent : « On peut juger diversement le passé, dit-il, mais on doit du moins reconnaître que le temps présent a cet avantage que nulle idée n’a la certitude d’être inutile : la raison n’est plus sans espérance ; comme une autre, elle a ses chances de fortune.

1790. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

The pineal gland, which many of our modern philosophers suppose to be the seat of the soul, smelt very strong of essence and orange-flower, and was encompassed with a kind of horny substance, cut into a thousand little faces or mirrors, which were imperceptible to the naked eye ; in so much that the soul, if there had been any here, must have been always taken up in contemplating her own beauties.

1791. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

L’étude d’abord semble lui offrir une distraction pleine de charme et puissante avec douceur ; mais la curiosité de l’esprit, qui est le mobile de l’étude, suppose déjà le sommeil du cœur plutôt qu’elle ne le procure ; et c’est ici le cœur qu’il s’agit avant tout d’apaiser et d’assoupir.

1792. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Tout fait supposer qu’ils vivront heureux et seront des ouvriers modèles.

1793. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Elle travaille, toutes les nuits, d’une heure à quatre heures du matin, puis retravaille encore dans la journée, pendant deux heures — et, ajoute Manceau, qui l’explique un peu comme un montreur de phénomènes : « C’est égal qu’on la dérange… Supposez que vous ayez un robinet ouvert chez vous, on entre, vous le fermez… C’est comme cela chez Mme Sand. — Oui, reprend Mme Sand, ça m’est égal d’être dérangée par des personnes sympathiques, par des paysans qui viennent me parler… » Ici une petite note humanitaire.

1794. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

C’était dans le jardin des Missions Étrangères, la nuit presque tombée, un chœur d’hommes chantant des Laudate, un chœur de mâles voix s’élevant — Montesquiou suppose, que c’était devant de mauvaises peintures, représentant les épouvantables supplices dans les pays exotiques — s’élevant et s’exaltant en face de ces images du martyre, comme si les chanteurs du jardin étaient pressés de leur faire de sanglants pendants.

1795. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

J’ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l’être, jamais ce que je savais être faux.

1796. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Si l’on suppose un thème imposé, quelles partitions originales auraient signées ces aèdes, Vigny, Lamartine, Musset, Baudelaire, Verlaine, etc. !

1797. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Suppose un chien à la place de l’enfant. […] Supposez que c’est un phénix et que je lui recommande de laisser votre pigeon tranquille.

/ 1858