Les lois du monde ne changent pas : elles suivent un ordre invariable et constant. […] Chacun suit sa route, sans regarder qui le précède ou qui le suit. […] Notre critique a des sévérités inouïes que suivent, il est vrai, des indulgences extraordinaires. […] Encore bien peu d’années, et ce sera une antiquité nouvelle pour les générations qui vont nous suivre. […] Parmi les herbes rarement foulées un étroit sentier se présente ; on le suit en ses premiers détours.
Moréas a suivi les mêmes principes dans le choix des sujets à traiter. […] Elles sont extrêmement variées aussi, parce qu’on peut suivre dans leur succession le développement d’une pensée très active et très riche. […] Il se caractérise comme suit. […] Dans la lutte ardente et l’ivresse du sang, il a songé « qu’à travers le bois sombre son âme le suivait peut-être comme une ombre ». […] Quant à l’E muet, la métrique le compte pour une syllabe ou bien l’élide selon qu’il est suivi d’une consonne ou d’une voyelle.
Il arrive ainsi qu’on le suit aisément, si haut qu’il aille, et que le moindre cœur tendre monte sans fatigue avec lui. […] Dans les scènes qui vont suivre, on retrouvera des situations, la plupart connues, toujours faciles à combiner, et par ces moyens simples il obtiendra une attache croissante, il finira par atteindre au pathétique déchirant. […] et tout l’hymne qui suit. […] Ampère, parlant d’après Cassien des solitaires de la Thébaïde et de leurs rapports souvent merveilleux avec les lions et les divers animaux, a suivi ingénieusement dans le christianisme jusqu’à saint François d’Assise cette tendresse particulière de quelques moines pour les bêtes de Dieu. […] Lamartine réfléchit volontiers les objets en sa poésie, comme une belle eau de lac, parfois ébranlée à la surface, réfléchit les hautes cimes du rivage ; Wordsworth est plus difficile à suivre à travers les divers miroirs par lesquels il nous donne à regarder sa pensée.
Il est à croire qu’elle suivit en effet à ce siége ou son père ou son frère, fournisseurs peut-être à l’armée, et de là à ses exploits chevaleresques, un peu exagérés sans doute par les poëtes et les admirateurs de sa beauté, il n’y a qu’un pas. […] Ce fut à ce siége, selon la vraisemblance, ou dans les rencontres qui suivirent, qu’elle s’éprit d’une passion vive pour l’homme de guerre à qui s’adressent évidemment ses poésies, et dont elle regrette plus d’une fois l’absence ou l’infidélité par delà les monts. […] Mais celui qui désire plaire, incessamment pense à son fait, mire et remire la chose aimée, suit les vertus qu’il voit lui estre agréables et s’adonne aux complexions contraires à soi-mesme, comme celui qui porte le bouquet en main… » Tout ce passage du plaidoyer d’Apollon est comme un traité de la bonne compagnie et du bel usage. […] Puis, à mesure que, dans cette analyse prise sur le fait, il suit plus avant les progrès de la passion, le trait devient plus profond aussi, et le ton s’élève. […] Louise était évidemment nourrie des Anciens : on pourrait indiquer et suivre à la trace un assez grand nombre de ses imitations ; mais elle les fait avec art toujours et en les appropriant à sa situation particulière10.
Cela est si vrai, et c’était tellement le mouvement et la pente d’alors de solliciter un tel poète, que, vers 1780 et dans les années qui suivent, nous trouvons trois talents occupés du même sujet et visant chacun à la gloire difficile d’un poëme sur la nature des choses. […] Mais le poète n’est pas immobile longtemps : « En poursuivant dans toutes les actions humaines les causes que j’y ai assignées, souvent je perds le fil, mais je le retrouve : Ainsi dans les sentiers d’une forêt naissante, A grands cris élancée, une meute pressante, Aux vestiges connus dans les zéphyrs errants, D’un agile chevreuil suit les pas odorants. […] » Et il aurait flétri les horreurs qui suivirent la conquête. […] Un jeune Thurien67, aussi beau qu’elle est belle (Son nom m’est inconnu), sortit presque avec elle : Je crois qu’il la suivit et lui fit oublier Le grave Pythagore et son grave écolier. […] Il est vrai, il est incontestable, et, de manière ou d’autre, il faut que je le démontre. — Alors, plus ils ont d’esprit, de pénétration, de savoir, plus ils sont habiles à se faire illusion, à inventer, à unir, à colorer les sophismes, à tordre et défigurer tous les faits pour en étayer leur échafaudage… Et pour ne citer qu’un exemple et un grand exemple, il est bien clair que, dans tout ce qui regarde la métaphysique et la religion, Pascal n’a jamais suivi une autre méthode. » Cela est beaucoup moins clair pour nous aujourd’hui que pour André, qui ne voyait Pascal que dans l’atmosphère d’alors, et, pour ainsi dire, à travers Condorcet. — Dans les fragments de mémoires manuscrits de Chênedollé, qui avait beaucoup vécu avec des amis de notre poète, je trouve cette note isolée et sans autre explication : « André Chénier était athée avec délices. » 54.
III Othon, suivi des corps d’élite, d’éclaireurs, des cohortes et des vétérans du prétoire, nerf des armées impériales, et des nombreuses légions de marine, s’avance jusqu’au pied des Alpes, au-devant du lieutenant de Vitellius, Cécina. […] « On ne pouvait tolérer non plus que sa femme Salonina, quoique innocemment, le suivît montée sur un cheval magnifique, enharnaché de pourpre. […] Que votre affection me suive au tombeau, comme si vous aviez en effet combattu et péri pour moi ; mais survivez-moi, et ne retardons pas plus longtemps, moi, votre salut, vous, mon sacrifice. […] » Vespasien, encore indécis, est proclamé malgré lui par les légions de Judée, de Syrie, d’Égypte ; celles des bords de l’Adriatique, de l’Espagne, de la basse Italie suivent successivement l’exemple des légions d’Orient. […] En disant ces mots, elle aperçoit Anicétus, suivi du commandant de trirème Herculéius et du centurion de marine Oloaritus. — Si tu viens pour me voir, lui dit-elle, retourne et dis à mon fils que je suis rétablie ; si c’est pour accomplir un forfait.… Mais non !
Le lendemain de la répudiation du drapeau rouge, le dimanche qui suivit la révolution du 24 février 1848, le peuple bouillonnait encore sur la place de Grève, ce mont Aventin des insensés, où se proclamait la loi agraire de Paris. […] Je parvins à peu près au milieu sans avoir le malheur d’être reconnu, et j’allais entrer dans les rues à droite pour m’évader par les rues vides parallèles aux boulevards, lorsqu’un froissement de la foule fît glisser mon manteau de mes épaules ; je me baissais pour le ramasser dans la boue, quand je fus reconnu par un artiste alors très célèbre, Cellarius, le musicien de la danse, suivi de quelques-uns de ses élèves et de ses amis. […] Je la suivis quelque temps comme un oisif qui se promène, et je priai un obligeant inconnu, qui avait franchi avec moi la muraille, d’aller me chercher un cabriolet à la place la plus voisine où il pourrait en rencontrer un. […] « Pourquoi dans nos plaisirs nous suivre comme une ombre ? […] « Votre vieil ami, « Victor Hugo. » Cette belle lettre, aussi cordiale que confiante en soi-même et dans mon amitié, étant reçue, j’écrivis, sans crainte de blesser l’homme en combattant le système, ce qui suit, mais sans crainte aussi de démontrer ce que je crois la vérité sociale suprême à tous les hommes et même à tous les génies.
Mais elle ne s’astreint pas à la suivre ; elle s’en éloigne insensiblement par le développement des situations et des caractères ; et c’est encore une raison qui fait que ses commencements sont souvent ce qu’il y a de meilleur dans ses œuvres ; ils retiennent plus de réalité et de vie. […] Une fois faites toutes les réserves qu’il faut faire, on reste saisi de cette puissance créatrice : tous ces romans qui se tiennent et se relient, ces individus qu’on retrouve d’une œuvre à l’autre à toutes les époques de leur carrière, ces familles qui se ramifient, et dont on suit l’élévation ou la décadence, tout cela forme un monde qui donne la sensation de la vie. […] Les héros qu’il expose sont à l’ordinaire des natures énergiques, qui ont suivi leur volonté jusqu’au crime. […] On inculque ce beau principe aux individus dès le bas âge ; ils apprennent que le talent mène à tout : ils ont le talent ; ils apprennent que la supériorité sociale suit la supériorité intellectuelle : ils sont des esprits supérieurs. […] Nos esprits supérieurs crèvent de faim : il faut suivre la filière, restreindre son appétit, s’user dans de petits emplois pour de maigres résultats, s’aplatir, servir, pour arracher peut-être bien péniblement après vingt ans d’un travail de forçat, ou pour manquer finalement, malgré tout le talent et toutes les bassesses, ce que l’on s’estimait légitimement dû.
Il est à la fois hardi et retenu, éprouvant chaque pensée antique à l’image qu’il s’était faite de l’esprit français, et chaque tour grec ou latin à sa langue ; hardi jusqu’où l’analogie peut le suivre, jusqu’où la clarté est assurée ; retenu quand l’analogie manqué, et que l’exactitude serait un inutile sacrifice de la langue traduite à la langue de l’original. […] « Il étoit peu adroit », dit son biographe Roulliard, « en son génie poétique. » « Il se mêla de poésie, dit Bayle, et n’y réussit pas. » La version des vers grecs en vers français, ajoute-t-il, à laquelle Amyot se voulut assujettir dans son Plutarque, est « affreuse. » Charles IX la trouvait grossière, « en quoi, dit Roulliard, son opinion a esté suivie de beaucoup d’aultres. » Amyot n’a pas même eu, à cet égard, l’espèce d’adresse que donnait aux auteurs les plus médiocres l’habitude générale au xvie siècle d’écrire en vers ; outre que, dans la traduction des poëtes grecs, les analogies des deux langues étant beaucoup plus rares, il lui arrive plus souvent d’éteindre l’original que d’enrichir sa propre langue. […] Par cette comparaison saisissante, il montra mieux que ses contemporains par leurs théories, et mieux qu’il n’eût fait lui-même par des écrits originaux, quels guides l’esprit français devait suivre, à quelles sources notre langue pouvait puiser des richesses durables. […] Il recherche les plus contestables comme prêtant plus aux développements ingénieux ou à la contradiction abondante, et il répand de la même main les vraies lumières, sans injonction de les suivre ; et les fausses, sans s’inquiéter si les esprits faibles s’y laisseront prendre. […] Y a-t-il une méthode dans cette sorte de journal de sa pensée, dont les feuillets se suivent sans se lier, qui porte des titres de chapitres, mais qui, selon l’humeur de l’écrivain, promet plus qu’il ne tient ; ou tient plus qu’il ne promet ?
Mais Senta le suivra ! […] Nous avons à Pétersbourg une association Wagnérienne qui nous donne périodiquement des concerts très suivis. […] Leur musique suit pas à pas le jeu des émotions : c’est la mélodie infinie, le récitatif continu. […] Dans ces analyses, la pièce est suivie pas à pas, acte par acte, scène par scène ; c’est un compte rendu exact et détaillé, non une analyse d’ensemble. […] Laissons donc à ce bien heureux Bellini la forme de ses morceaux de musique, usuelle chez les Italiens, ses crescendi qui suivent régulièrement le thème, ses tutties, ses cadences, et ses autres formules constantes contre lesquelles nous nous fâchons si violemment ; ce sont des formes fixes que l’Italien ne conçoit pas autrement, et qui, sous bien des rapports, ne sont pas du tout aussi regrettables.
Je dédaigne celui qui, dans la forêt de l’art, suit les chemins déjà frayés. […] Guidé par le murmure ailé des Angelus, J’ai suivi vers le Nord les pèlerins austères Et la troupe de ceux qui jouaient les Mystères. […] Il croit retrouver en elle, plus gaie, plus superficielle, moins dangereuse aussi, la promesse d’amour, l’illusion naïve et chantante à laquelle il tendit les bras en sa prime venue et qui, suivie par son regard, suivie par tout son corps oublieux de l’équilibre, fut pour beaucoup dans les brutalités de la chute. […] Une coquette parle : « Je me promène parfois rien que pour le plaisir de voir, selon le contour des sentes, mon ombre rôder à mon entour pour s’unir à moi ou me fuir, puis disparaître à gauche et, un pas plus loin, renaître à droite ; ici me précéder, tel un héraut, et là me suivre, tel un page.
Le tacticien, à la bataille, sait aussi la résultante que suivra l’armée ennemie s’il la bat sur tels et tels points : c’est un problème de mécanique, mais c’est aussi, en même temps, un problème de psychologie et un calcul de volontés. […] Nous avons donc, du côté mental, une représentation qui paraît immédiatement suivie de mouvement, sans intercalation d’un plaisir distinct ni d’un acte de volonté distinct : la représentation semble elle-même, indivisiblement, impulsion en tel sens déterminé, avec mouvement en ce sens. […] Si on voit une foule courir dans une direction, on est poussé à tourner la tête du même côté et à suivre les autres : c’est là une impulsion produite par une perception. […] William James et Delbœuf, la volonté semble « suivre la ligne de la plus grande résistance », par exemple de la plus grande douleur : la bombe de canon qui s’enfonce dans une muraille, au lieu de se détourner, suit une ligne résistante, mais c’est que la puissance emmagasinée dans la bombe lui impose cette ligne.