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688. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Admettons que toutes les questions que nous avons signalées soient résolues, que l’on sache avec précision que la pensée correspond à un mouvement du cerveau, et de quel genre est ce mouvement, admettons même que l’on puisse suivre dans le dernier détail la correspondance des mouvements et des pensées : que saurons-nous de plus, si ce n’est qu’il y a là deux ordres de phénomènes constamment associés, qui même pourront être considérés comme réciproquement causes ou conditions les uns des autres, mais qui sont, absolument incomparables et irréductibles ? […] Il suit de là que la perception suppose précisément le conflit dont on demande l’explication entre un sujet simple et un objet composé. […] En d’autres termes, il faut que les actions, quelles qu’elles soient, exercées sur le cerveau par les choses externes, s’y conservent d’une certaine manière pour réveiller dans l’âme les images sensibles sans lesquelles la pensée est impossible, d’où il suit que le cerveau n’est pas seulement l’organe central des sensations, le sensorium commune, il est l’organe de l’imagination et de la mémoire, auxiliaires indispensables de l’intelligence.

689. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Le mouvement suit le mouvement, et chaque verset s’étonne du verset qui l’a précédé. […] Je suis résolue de vous suivre. […] Nous avons suivi le sens de l’hébreu avec la Polyglotte de Ximenès, les versions de Sanctes Pagnin, d’Arius Montanus, etc.

690. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Elle repose avant tout sur la ponctuation ; il faut tenir compte, ce que l’on fait si peu en lisant tout bas, des points, des virgules et des points et virgules ; et ce précepte est aussi essentiel qu’il est élémentaire et aussi rarement suivi qu’il est essentiel. […] Ce qui suit n’est qu’une phrase nombreuse ; du reste, elle l’est à souhait, et sans affectation ni raffinement, par où elle est un vrai modèle : « Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, | la félicité sans bornes aussi bien que les misères, | une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’Univers, | tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulée sur une seule tête, | qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; | la bonne cause d’abord suivie de bon succès | et, depuis, des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus, | l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté, | une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes | et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil, | neuf voyages sur mer entrepris par une princesse malgré les tempêtes, | l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers et pour des causes si différentes, | un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Cette période est composée de membres de phrase d’une longueur inégale, mais non pas très inégale, de membres de phrase qui vont d’une longueur de vingt syllabes environ à une longueur de trente syllabes environ et c’est-à-dire qui sont réglées par le rythme de l’haleine sans s’astreindre à en remplir toujours toute la tenue, et qui ainsi se soutiennent bien les uns les autres et satisfont le besoin qu’a l’oreille de continuité à la fois et de variété, de rythme et de rythme qui ne soit pas monotone.

691. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Il est bien vrai que je ne me suis jamais guère occupé d’autre chose, et que j’ai suivi en cela un penchant fort commun de notre temps. […] Si je le rencontrais, je m’attacherais à lui, je le suivrais partout, comme ces jeunes orateurs que Crassus ou Cicéron traînaient au forum, pendus à leur toge. […] Elle ne forme ni ne guide l’esprit public, elle le suit, et c’est pourquoi chaque siècle a sa critique.

692. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Aussi, sous un de ses principaux aspects, la Science nouvelle est d’abord une théologie civile, une explication raisonnée de la marche suivie par la Providence ; et cette théologie commença par la sagesse vulgaire des législateurs qui fondèrent les sociétés, en prenant pour base la croyance d’un Dieu doué de providence ; elle s’acheva par la sagesse plus élevée (riposta) des philosophes qui démontrent la même vérité par des raisonnements, dans leur théologie naturelle. […] Cette philosophie de la propriété suit naturellement la théologie civile dont nous parlions. […] De quelque état de barbarie et de férocité que partent les hommes pour se civiliser par l’influence des religions, les sociétés commencent, se développent et finissent d’après des lois que nous examinerons dans ce second livre, et que nous retrouverons au livre IV où nous suivons la marche des sociétés, et au livre V où nous observons le retour des choses humaines.

693. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Attirée par d’injustes manœuvres, elle suit contre son gré, et bientôt se perd sous la malédiction. […] Ce fut alors même qu’un ambitieux déjà prédit par Solon, Pisistrate, parut s’associer à lui, le combla de louanges et le suivit dans l’expédition, qui fut heureuse et courte. […] Partout le suivent le découragement et le chagrin.

694. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Je le savais, je savais qu’elle avait quitté son théâtre pour te suivre… Je ne l’ai jamais rien reproché. […] Il y a adjoint son cours de maintien qui est très suivi parce que M.  […] Roumestan qui avait plaidé pour elle en première instance, ne pouvait guère refuser de la suivre. […] Le roi voulut savoir quel était ce nouveau Gargantua, et le fit suivre. […] Suivons ce curieux enchaînement de la légende de Bacchus.

695. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

C’est une vraie satisfaction de suivre l’historien, démêlant ainsi le fil des choses, exposant le jeu des partis, les lois de leur marché, et, pour ainsi dire, le mécanisme de ces temps-là. […] C’est de ce point de départ qu’il faut suivre la Convention, dans sa conduite jusqu’au 9 thermidor.

696. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XI. De l’ignorance de la langue. — Nécessité d’étendre le vocabulaire dont on dispose. — Constructions insolites et néologismes »

Je ne parle pas de ces néologismes nécessaires, qui manifestent la vie même de la langue et lui font suivre par son incessante transformation l’évolution de la pensée : si le progrès des sciences et de l’industrie, les révolutions politiques, sociales, religieuses, économiques, ont fait éclore des idées nouvelles dans le cerveau de l’homme, ont revêtu les idées anciennes d’une forme nouvelle, il est inévitable que bien des choses ne puissent être désignées par les mots anciens, et il serait absurde de s’opposer à l’admission dans le langage de ce qu’on admet dans la pensée. […] Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative.

697. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

Qu’on ne se méprenne pas sur l’esprit des réflexions qui vont suivre. […] Ses obsèques ont été suivies par de nombreux représentants du pouvoir et par le président du Conseil municipal socialiste de Paris.

698. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Nous avons suivi Jacques Simple en poète ; avec lui, nous avons rencontré le Sphynx, Jésus-Christ, les Salamandres, la Vieille Fée, le Barbare, les Thaumaturges, les Rois ; et la Forêt, qui symbolise l’erreur, une fois franchie, nous avons abordé en Arcadie, où chante la joie définitive ; or, nous avons écouté, sans plus, l’émotion verbale de ses chansons. […] Mais un jour il a suivi le conseil d’Éva, il a quitté toutes les villes.

699. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Avertissement » pp. -

En second lieu, — et afin de mieux faire sentir cette continuité, — je n’ai pas négligé de noter les autres influences, celles que l’on se plaît d’ordinaire à mettre en lumière, influence de race, ou influence de milieu ; mais, considérant que de toutes les influences qui s’exercent dans l’histoire d’une littérature, la principale est celle des œuvres sur les œuvres, c’est elle que je me suis surtout attaché à suivre, et à ressaisir dans le temps. […] Il faudra même que l’on s’y reporte : premièrement, parce qu’on ne saurait négliger ces sources sans s’exposer à faire des découvertes qui n’en seraient pas ; et puis, parce que les jugements mêmes que les contemporains et ceux qui les ont suivis ont portés sur les œuvres de nos écrivains se sont comme incorporés à l’idée que nous nous formons d’elles.

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