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1376. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Il eût suffi de dire : les matériaux avec lesquels fut construite la civilisation existaient avant la civilisation. […] Quelques pages parcourues suffirent à éveiller ma curiosité. […] Qu’il nous suffise de comprendre et d’admettre qu’aucune de nos actions n’est un commencement de série. […] La raison ne suffit pas à créer une œuvre d’art ; mais l’émotion artistique n’y suffit pas davantage. […] Les mystères naturels ne leur suffisent pas, quand il s’agit d’eux-mêmes ; il leur en faut de particuliers, et qui les concernent personnellement.

1377. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Cinq ans lui suffirent pour achever tout le cours de ses études, y compris la philosophie ; il fit de plus au collège d’utiles connaissances, et qui influèrent sur sa destinée. […] Pour le roi, pour la cour et les fêtes de commande, pour le plaisir du gros public et les intérêts de sa troupe, pour sa propre gloire et la sérieuse postérité, Molière se multiplie et suffit à tout. […] Ce que je veux rappeler ici, c’est qu’attaqué des dévots, envié des auteurs, recherché des grands, valet-de-chambre du roi et son indispensable ressource pour toutes les fêtes, Molière, avec cela troublé de passions et de tracas domestiques, dévoré de jalousie conjugale, fréquemment malade de sa fluxion de poitrine et de sa toux, directeur de troupe et comédien infatigable bien qu’au régime et au lait, Molière, durant quinze ans, suffit à tous les emplois, qu’à chaque nécessité survenante son génie est présent et répond, gardant de plus ses heures d’inspiration propre et d’initiative. […] Le nom littéraire de Boileau n’aurait pas suffi pour la vulgariser à ce point ; on ne va pas remuer de la sorte des anecdotes sur Racine.

1378. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Ici la prose ne suffit plus à l’enthousiasme général, l’aimable auteur des Étourdis et de tant d’autres comédies froides est prié de lire une satire qu’il a faite dernièrement contre les Romantiques. […] Mais voyez, messieurs, comme tout change ; il y a quarante ans qu’un tel mot eût suffi pour perdre non seulement le livre le plus travaillé, mais encore son malheureux auteur. […] Si, contre toute apparence, ce coup n’eût pas suffi pour les anéantir, l’élégant M.  […] « Entre nous le Monseigneur suffit ».

1379. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Il suffisait aux Grecs d’un oracle des dieux pour tout expliquer.

1380. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Il n’est pas vrai non plus que la morale existe d’une manière plus stable parmi les hommes peu éclairés ; il suffit de la probité sans des talents supérieurs, pour se diriger dans les circonstances ordinaires de la vie ; mais dans les places éminentes, les lumières véritables sont la meilleure garantie de la morale.

1381. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Nous savons déjà de quel côté il souffle, et il suffit, pour en être sûr, de voir comment les cahiers du Tiers ont été faits.

1382. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

… Le Chemineau n’en reste pas moins une œuvre intéressante, d’un joli travail, qui sera écoutée avec plaisir par ceux à qui les pures lettres suffisent pour l’intérêt d’une soirée.

1383. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Ne faut-il pas qu’un homme soit d’une oisiveté un peu ridicule pour aller écouter un autre monsieur au milieu de l’après-midi, quand il pourrait si bien se promener, jouer ou par hasard travailler ; les jeunes filles, c’est une autre affaire ; voici longtemps qu’on a judicieusement observé qu’elles sont, toutes, amoureuses des professeurs, et il suffisait d’entrer cet hiver au cours libre de M. 

1384. (1890) L’avenir de la science « VI »

Notre public est trop difficile ; il exige de l’intérêt et même de l’amusement, là où l’instruction devrait suffire ; et, de fait, jusqu’à ce qu’on ait conçu le but élevé et philosophique de la science, tant qu’on n’y verra qu’une curiosité comme une autre, on devra la trouver ennuyeuse et lui faire un reproche de l’ennui qu’elle peut causer.

1385. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Pour que le jugement, porté contre Rousseau, soit juste, ne suffit-il pas qu’accusateur de Saurin, il n’ait pu prouver son accusation.

1386. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Un petit nombre de syllabes emphatiques et lentes lui ont suffi pour étendre la tête de sa figure ; cette tête est énorme lorsqu’elle touche le ciel, il en faut convenir ; et l’imagination a passé, malgré qu’elle en ait, de l’image d’un enfant de quatre ans à l’image d’un colosse épouvantable.

1387. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Qu’il suffise aujourd’hui de savoir que c’est une femme, une chausse bleue comme Mme de Blocqueville, dont je vais parler après elle, et qui, elle, s’est nommée à son premier livre, car les femmes ont mis la hardiesse, à la place de la pudeur, dans leur envahissement de la littérature.

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