Il eût suffi de dire : les matériaux avec lesquels fut construite la civilisation existaient avant la civilisation. […] Quelques pages parcourues suffirent à éveiller ma curiosité. […] Qu’il nous suffise de comprendre et d’admettre qu’aucune de nos actions n’est un commencement de série. […] La raison ne suffit pas à créer une œuvre d’art ; mais l’émotion artistique n’y suffit pas davantage. […] Les mystères naturels ne leur suffisent pas, quand il s’agit d’eux-mêmes ; il leur en faut de particuliers, et qui les concernent personnellement.
Cinq ans lui suffirent pour achever tout le cours de ses études, y compris la philosophie ; il fit de plus au collège d’utiles connaissances, et qui influèrent sur sa destinée. […] Pour le roi, pour la cour et les fêtes de commande, pour le plaisir du gros public et les intérêts de sa troupe, pour sa propre gloire et la sérieuse postérité, Molière se multiplie et suffit à tout. […] Ce que je veux rappeler ici, c’est qu’attaqué des dévots, envié des auteurs, recherché des grands, valet-de-chambre du roi et son indispensable ressource pour toutes les fêtes, Molière, avec cela troublé de passions et de tracas domestiques, dévoré de jalousie conjugale, fréquemment malade de sa fluxion de poitrine et de sa toux, directeur de troupe et comédien infatigable bien qu’au régime et au lait, Molière, durant quinze ans, suffit à tous les emplois, qu’à chaque nécessité survenante son génie est présent et répond, gardant de plus ses heures d’inspiration propre et d’initiative. […] Le nom littéraire de Boileau n’aurait pas suffi pour la vulgariser à ce point ; on ne va pas remuer de la sorte des anecdotes sur Racine.
Ici la prose ne suffit plus à l’enthousiasme général, l’aimable auteur des Étourdis et de tant d’autres comédies froides est prié de lire une satire qu’il a faite dernièrement contre les Romantiques. […] Mais voyez, messieurs, comme tout change ; il y a quarante ans qu’un tel mot eût suffi pour perdre non seulement le livre le plus travaillé, mais encore son malheureux auteur. […] Si, contre toute apparence, ce coup n’eût pas suffi pour les anéantir, l’élégant M. […] « Entre nous le Monseigneur suffit ».
Il suffisait aux Grecs d’un oracle des dieux pour tout expliquer.
Il n’est pas vrai non plus que la morale existe d’une manière plus stable parmi les hommes peu éclairés ; il suffit de la probité sans des talents supérieurs, pour se diriger dans les circonstances ordinaires de la vie ; mais dans les places éminentes, les lumières véritables sont la meilleure garantie de la morale.
Nous savons déjà de quel côté il souffle, et il suffit, pour en être sûr, de voir comment les cahiers du Tiers ont été faits.
… Le Chemineau n’en reste pas moins une œuvre intéressante, d’un joli travail, qui sera écoutée avec plaisir par ceux à qui les pures lettres suffisent pour l’intérêt d’une soirée.
Ne faut-il pas qu’un homme soit d’une oisiveté un peu ridicule pour aller écouter un autre monsieur au milieu de l’après-midi, quand il pourrait si bien se promener, jouer ou par hasard travailler ; les jeunes filles, c’est une autre affaire ; voici longtemps qu’on a judicieusement observé qu’elles sont, toutes, amoureuses des professeurs, et il suffisait d’entrer cet hiver au cours libre de M.
Notre public est trop difficile ; il exige de l’intérêt et même de l’amusement, là où l’instruction devrait suffire ; et, de fait, jusqu’à ce qu’on ait conçu le but élevé et philosophique de la science, tant qu’on n’y verra qu’une curiosité comme une autre, on devra la trouver ennuyeuse et lui faire un reproche de l’ennui qu’elle peut causer.
Pour que le jugement, porté contre Rousseau, soit juste, ne suffit-il pas qu’accusateur de Saurin, il n’ait pu prouver son accusation.
Un petit nombre de syllabes emphatiques et lentes lui ont suffi pour étendre la tête de sa figure ; cette tête est énorme lorsqu’elle touche le ciel, il en faut convenir ; et l’imagination a passé, malgré qu’elle en ait, de l’image d’un enfant de quatre ans à l’image d’un colosse épouvantable.
Qu’il suffise aujourd’hui de savoir que c’est une femme, une chausse bleue comme Mme de Blocqueville, dont je vais parler après elle, et qui, elle, s’est nommée à son premier livre, car les femmes ont mis la hardiesse, à la place de la pudeur, dans leur envahissement de la littérature.