Je parcours le recueil : c’est tout un monde bourguignon, des souvenirs du cru, des amitiés d’enfance, des paysages naturels, de riches aspects qu’anime la Saône… Quelques stances sur la Beauce à M.
Vous en souvenez-vous ?
On se souvient de ses démêlés avec le Ministre Jurieu, mais on ne lit plus les Ecrits que ces démêlés ont fait naître.
Son nom tient encore au souvenir du Public, par un Ouvrage qui prouve que les petites choses sont quelquefois capables de sauver de l'oubli.
Nous nous souvenons nettement de certaines choses, point du tout de quelques autres, confusément de la plupart. […] Une profonde méditation philosophique a pour effet, en nous entretenant d’idées pures, d’affaiblir en nous, sans l’effacer complètement, le souvenir de la réalité. […] Prenons un exemple, et supposons que trois naturalistes, bons logiciens, aient perdu à la suite d’une maladie le souvenir net et complet de la nature. […] Lysidas se souvient-il d’une remarque bien fine et bien juste que faisait Uranie, le jour où L’École des femmes était si habilement attaquée, et si vivement défendue dans sa maison ? […] Elle se souvient du temps où elle n’avait pas de goût pour Molière, où les farces vulgaires qui plaisent toujours si fort au Marquis, la charmaient mille fois plus que L’École des femmes.
Les papes cependant s’efforçaient de transformer par la magnificence des édifices Avignon en une Rome des Gaules ; la vie qu’on y menait était élégante et raffinée ; les jeunes gens même à qui la tonsure donnait droit aux bénéfices ecclésiastiques sans leur imposer les devoirs du sacerdoce, fréquentaient les académies et les palais des femmes plus que les églises ; leur costume était recherché et efféminé, « Souvenez-vous », dit Pétrarque dans une lettre à son frère Gérard, où il lui retrace ces vanités de leur jeunesse, « souvenez-vous que nous portions des tuniques de laine fine et blanche où la moindre tache, un pli mal séant auraient été pour nous un grand sujet de honte ; que nos souliers, où nous évitions soigneusement la plus petite grimace, étaient si étroits que nous souffrions le martyre, à tel point qu’il m’aurait été impossible de marcher si je n’avais senti qu’il valait mieux blesser les yeux des autres que mes propres nerfs ; quand nous allions dans les rues, quel soin, quelle attention pour nous garantir des coups de vent qui auraient dérangé notre chevelure, ou pour éviter la boue qui aurait pu ternir l’éclat de nos tuniques ! […] » XIII Redoutant de retomber dans les charmes de son idole, mécontent des papes et de leur cour, qui semblait le négliger dans sa captivité politique et le reléguer dans sa vaine poésie, il prit le parti de fuir un monde qui ne lui offrait que le désespoir dans l’amour, l’ingratitude dans l’ambition ; il se souvenait d’un site à la fois sauvage et délicieux, où l’ombre des forêts, le murmure des eaux courantes, la fraîcheur des étés, la tiédeur des hivers, lui avaient autrefois servi d’abri contre les tumultes de son âme ; il résolut d’y fixer pour jamais sa vie. […] XIX La poésie l’emportait cependant ; il cherchait à Parme un souvenir de Vaucluse. […] Grâce à ce disciple, digne adorateur de ce maître, ce dithyrambe de l’amour et du souvenir sera bientôt rajeuni dans la langue d’André Chénier. […] Voici comment Pétrarque lui-même, informé plus tard de toutes les circonstances de cette mort, se la retrace dans un de ses souvenirs écrits.
Il me tendit l’ode mouillée d’une de ses larmes ; cette larme ne me fit pas pleurer, mais elle me fera éternellement souvenir. […] Et moi aussi, c’est à travers le souvenir de la mienne que je vois la vie et la mort. […] Je me souviens du temps où l’on me demandait : Qu’est-ce donc que Xavier de Maistre qui a écrit le Lépreux ou le Voyage autour de ma chambre ? […] Il m’adressa une fois une très belle épître en français, et j’y répondis comme un écho qui se souvient d’avoir été une voix dans sa jeunesse. […] J’ai donné une larme à son souvenir.
Dieu crée des existences, l’homme d’imagination crée des vies fictives, qui quelquefois, dans la mémoire du monde, laissent un souvenir plus profond, pour ainsi dire, plus vécu. […] Malgré tout, nous nous sommes promis de lire la pièce condamnée d’avance, de façon à leur en enfoncer de notre mieux le souvenir. […] C’est le grand moment de la causerie, la digestion du peu qu’elle a mangé, semble faire jaillir de la princesse, une expansion vivace de récits, de souvenirs, de portraits des gens à l’emporte-pièce, des débâcles de phrases à la Saint-Simon. […] Mais remontons plus haut, revenons à de vieux souvenirs de famille. […] 31 décembre Fini l’année avec la mémoire de l’homme que nous avons, qui nous a le mieux aimés : Gavarni, — dont nous relevons les souvenirs sur nos notes.
. — Si, d’autre part, je veux me représenter ces soixante oscillations successivement, mais sans rien changer à leur mode de production dans l’espace, je devrai penser à chaque oscillation en excluant le souvenir de la précédente, car l’espace n’en a conservé aucune trace : mais par là même je me condamnerai à demeurer sans cesse dans le présent ; je renoncerai à penser une succession ou une durée. […] Est-ce, juxtaposé au dernier son ou au dernier mouvement, le souvenir de ceux qui précèdent ? Mais ce même souvenir, se juxtaposant plus tard à un son ou à un mouvement unique, demeurera inefficace. […] Grâce au souvenir que notre conscience a organisé de leur ensemble, elles se conservent, puis elles s’alignent : bref, nous créons pour elles une quatrième dimension de l’espace, que nous appelons le temps homogène, et qui permet au mouvement pendulaire, quoique se produisant sur place, de se juxtaposer indéfiniment à lui-même. — Que si maintenant nous essayons, dans ce processus très complexe, de faire la part exacte du réel et de l’imaginaire, voici ce que nous trouvons. […] Ce n’est pas là illusion pure ; car si l’impression d’aujourd’hui était absolument identique à celle d’hier, quelle différence y aurait-il entre percevoir et reconnaître, entre apprendre et se souvenir ?
Daru n’avait qu’à se reporter à ses propres souvenirs, lorsqu’il disait : Sage dans l’exercice du pouvoir, M. de Préameneu l’avait quitté sans regret…, et il n’avait vu que l’avantage de recouvrer un utile loisir dans ce retour à la vie privée, que les esprits moins calmes appellent trop souvent une disgrâce. […] Il n’en était plus à ce moment où, son ami le noble général Drouot quittant l’armée de la Loire et prenant congé de lui pour venir se constituer prisonnier à Paris, il lui offrait de l’accompagner et de le défendre devant le conseil de guerre : ce que Drouot refusait délicatement, mais dont il garda toujours le souvenir. […] Si vous voulez être libres, soyez forts ; pour être forts, soyez unis ; pour demeurer unis, ayez de l’esprit public, c’est-à-dire préférez l’intérêt général à votre intérêt privé, et souvenez-vous qu’il n’y aurait point d’injustice, si tous les citoyens la ressentaient comme celui qui l’éprouve.
Pourtant Maucroix mêle à ses souvenirs littéraires, et aux imitations dont il s’appuie, un sentiment de mollesse qui lui est particulier et qui n’est pas sans charme. […] C’est là qu’il recevait Boileau et Racine lorsque ceux-ci faisaient quelque voyage de ce côté à la suite du roi ; et, à l’époque de la mort de La Fontaine, Boileau rappelait à Maucroix le souvenir de ces visites dans une lettre touchante et plus sensible qu’on ne l’attendrait du sévère critique : … Le loisir que je me suis trouvé aujourd’hui à Auteuil m’a comme transporté à Reims, où je me suis imaginé que je vous entretenais dans votre jardin, et que je vous revoyais encore, comme autrefois, avec tous ces chers amis que nous avons perdus, et qui ont disparu velut somnium surgentis. […] Tous ces souvenirs servent à fixer l’image de Maucroix, et le recommandent dans l’avenir.
Malgré les succès partiels et de détail des armes françaises en Italie, on était resté sur le souvenir de la grande défaite de Pavie : une vraie revanche, une bataille rangée, était chose désirée, et il semblait qu’il était temps enfin de remporter une victoire qui allât rejoindre celle de Marignan. […] Et le roi le lui permettant, il commença un de ces discours comme il aime à les faire, et dont il prétend se souvenir exactement de tout point après vingt ou trente ans écoulés comme si ce n’était que d’hier. […] — « Il ne m’en souvenait point », répondit le duc de Guise, qui l’estimait.