Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. » Et cette magnifique implacabilité d’idée devant une destinée implacable, cette revanche sublime du vaincu contre son vainqueur par l’inflexibilité de l’attitude, cette glorification du silence, si neuve dans la bouche d’un poète, — un oiseau chanteur ! […] je suis très sûr qu’ils ont été vécus, ces vers, soufferts et saignés, avant d’arriver à l’arête froide sous laquelle ils brillent.
C’est un fait puissant, qui met dans leur patriotisme un ferment spécial. « Depuis un demi-siècle, me dit un pasteur d’origine alsacienne, nos âmes d’exilés souffrent comme d’une impiété des divisions de notre pays qui prolongeaient les souffrance de l’Alsace et semblaient même les négliger. » Pour la délivrance, il fallait mettre au-dessus de tout l’idée de patrie. […] Quand par une triste journée de décembre, depuis les tranchées du bois Saint-Mard, j’ai aperçu au-delà des lignes allemandes les toits et les clochers de Noyon, comment n’aurais-je pas souffert de sentir souillée par le Barbare, la ville de Jean Calvin ?
Que d’abord il est très rare qu’on meure littéralement de faim ; ensuite que, malheureusement ou heureusement, l’homme est ainsi fait qu’il peut souffrir longtemps et beaucoup, moralement et physiquement, sans mourir ; qu’il fallait donc de la patience ; que cela eût mieux valu même pour ces pauvres petits enfants ; que c’était un acte de folie, à lui, malheureux homme chétif, de prendre violemment au collet la société tout entière et de se figurer qu’on sort de la misère par le vol ; que c’était, dans tous les cas, une mauvaise porte pour sortir de la misère que celle par où l’on entre dans l’infamie ; enfin qu’il avait eu tort. […] Jean Valjean était dans les ténèbres ; il souffrait dans les ténèbres ; il haïssait dans les ténèbres ; on eût pu dire qu’il naissait devant lui. […] « Pour résumer en terminant ce qui peut être résumé et traduit en résultats positifs dans tout ce que nous venons d’indiquer, nous nous bornerons à constater qu’en dix-neuf ans, Jean Valjean, l’inoffensif émondeur de Faverolles, le redoutable galérien de Toulon, était devenu capable, grâce à la manière dont le bagne l’avait façonné, de deux espèces de mauvaises actions : premièrement, d’une mauvaise action rapide, irréfléchie, pleine d’étourdissement, toute d’instinct, sorte de représailles pour le mal souffert ; deuxièmement, d’une mauvaise action grave, sérieuse, débattue en conscience et méditée avec les idées fausses que peut donner un pareil malheur. […] L’idée souffre le paradoxe, le goût ne le souffre pas.
Ou si, oubliant que l’art c’est la vie, vous faites de l’art uniquement pour en faire, souffrez que je ne voie pas en vous le prophète, le vates que l’Humanité a toujours cherché dans ses poètes. […] Il devait donc arriver que les âmes les plus frappées de la tristesse de cette Humanité livrée au hasard, et de cette incertitude de l’esprit humain en présence d’une science en apparence purement critique et négative, rechercheraient les solutions chrétiennes, et se rapprocheraient des hommes qui souffrirent les mêmes maux de l’âme dans une époque analogue de l’Humanité. Y a-t-il rien en effet qui ressemble plus à ce que nous souffrons que ce qu’ont souffert autrefois les Basile, les Jérôme et les Augustin ? Et remarquez qu’il y avait eu avant ces Pères de l’Église, et qu’il y avait en même temps qu’eux, des âmes généreuses qui souffraient comme eux du même mal, mais qui, n’ayant pu apercevoir l’étoile nouvelle, mais encore petite et obscure, de l’avenir, cherchaient leur lumière dans le passé éteint, et se réfugiaient dans le stoïcisme, dans les souvenirs de la république, ou dans les mystères.
la volupté de ne plus souffrir, l’immense repos éternel du non-être… Qu’as-tu à redire à ce projet ? […] Il est de toute évidence qu’elle songe beaucoup plus à ce qu’elle souffrira, elle, qu’à ce que souffrira l’enfant. […] Puis les deux femmes ont la bonté ; elles souffrent de la souffrance des autres. […] Marcel Prévost, amusante et raccrocheuse comme son titre, me paraît souffrir, — oh ! […] Elles ont été déçues, elles ont souffert, elles ont pleuré ; il y a des chances qu’elles soient bonnes.
Gaston Deschamps Le poète des Jeunes Tendresses souffre de cette barbarie de la coutume et de la loi qui condamne le jeune homme à opter entre l’observance d’un vœu quasi monastique et la pente qui mène aux dangereuses flâneries, aux irréparables concessions.
Pluton, les Juges, les Parques et les Furies ne souffraient point avec les coupables.
Ce n’est pas, du moins, à la politique que j’ai faite ; c’est à celle dont j’ai souffert. […] Vous-même vous ne vous y souffririez pas. […] Chaque matin, il y cherche à quel endroit de son précieux corps il souffre, et il le trouve. […] Il ne la souffrait pas plus chez les morts que chez les vivants, pas plus des faits que des personnes. […] Je dois à ce refroidissement le mal dont je souffre.
La peinture souffre plus facilement la représentation du cadavre que la sculpture, parce que dans celle-ci le marbre, offrant des forces palpables et glacées, ressemble trop à la vérité.
Il louoit peu & blâmoit beaucoup ; il aimoit fort à censurer les Ecrits d'autrui, & ne pouvoit souffrir qu'on trouvât la moindre chose à redire aux siens. » Le portrait est naïf, & ne doit pas paroître suspect, après un témoignage aussi recevable.
Ainsi semble dormir la femme « enfant malade » Qui souffre aux profondeurs fécondes de son corps. […] Ce bonheur de souffrir, c’est le bonheur des saints et des poètes. […] Quelques-unes des pièces de ce recueil nous disent ce que cette femme a souffert dans sa dignité de femme. […] L’angoisse de l’attente se fait plus lourde, puis il lui semble avoir épuisé la puissance de souffrir. […] Sabine est une agglutination de sentiments, un enchevêtrement de littératures, et elle a dû bien souffrir, avant de succomber étouffée par les émotions réveillées d’Émilie, de René, de Rolla, de Werther, etc.
Quand on a des amis, les uns meurent, les autres souffrent ; il en est d’imprudents, il en est d’infidèles. […] L’insouciance se perd, la gaieté en souffre ; si la sagesse et le bonheur voulaient prendre leur place, on n’aurait rien à regretter. […] Cette fille ne souffrira pas ? […] Et même quand elles sembleraient ne pas venir et quand on ne mourrait pas, n’est-ce donc rien que de faire souffrir ? […] Mme de Charrière, dans ses hardiesses du moins, avait des points fixes, des portions morales élevées où elle tenait bon : elle put souffrir de n’en pas trouver cnez autrui de correspondantes.