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212. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Je le lis depuis des années déjà, je remarque de lui, surtout dans le Journal des Débats, des articles de littérature, de philosophie, d’histoire, de politique toujours, mais enfin des articles très variés et sur toutes sortes de sujets, et je ne les trouve réunis nulle part. […] Prevost-Paradol fit ses débuts ; il choisit pour premier sujet l’étude des écrivains moralistes : on y pouvait voir une sorte d’à-propos et de convenance heureuse par rapport à la cité qui a produit Vauvenargues. […] J’ai à traverser une introduction et toutes sortes de préambules et de dissertations de publiciste libéral-constitutionnel, avant d’arriver à ce que j’y cherche de préférence, à cette belle étude de Lamennais, à ce morceau sur M.  […] — Mais vous êtes bien coalisés vous-mêmes, nous dit-il ; car je vois des personnes de toute sorte et de toute origine dans vos rangs. […] Qu’est-ce qui vaut mieux en principe, pour un peuple, de se gouverner soi-même par des représentants directement élus et selon les lois de la raison et d’une opinion publique éclairée et mûrie par la discussion, de telle sorte que le bon sens triomphe invariablement après que tous auront été persuadés, ou d’être gouverné par un seul, même le plus habile ?

213. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

M. de Pontmartin établissait donc une confusion volontaire et compromettante, en mettant de la sorte et avec ce sans-façon M.  […] cette tentation, sous la seule forme où elle pouvait se présenter à un homme de sa sorte, l’auteur des Jeudis l’a éprouvée, et il n’a pas su y résister. […] J’aime peu la satire, mais je la conçois et je l’admets ; elle peut être de diverses sortes. […] Le prix extrême que j’attache à votre suffrage vous prouvera mieux que toutes les phrases ce que je pense de vous, etc. » Mais apparemment, le spirituel écrivain qu’on caressait de la sorte et qu’on espérait amadouer, ne répondit pas à l’appel ou n’y répondit que par quelques coups de plume sincères : inde iræ. […] Dans ses six mois de Paris, il veut en mettre trop ; de là un étourdissement, une sorte de griserie et d’ivresse de tête qu’il va cuver en province, et il se venge en médisant de ce qui la lui a donnée.

214. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il est de ces heures-là où, si l’on est sincère, on se dit à soi-même et avec une sorte de rage tout le contraire de ce qu’on aime, de ce qu’on fait et de ce qu’on est. […] Cette moralité, on la trouverait dans la réflexion très-sensée qu’adresse M. de Férias à sa petite-fille en voyant les mobiles extraordinaires auxquels elle obéit dans toute sa conduite : « Ma chérie, vous voulez toujours monter sur le cygne ; vous voulez l’impossible : ce sera, je le crains, l’écueil de votre vie. » Le dernier mot du livre serait alors un conseil d’institutrice : « Mesdemoiselles, plaignez Sibylle et ne l’imitez pas : avec toutes ses belles qualités, une seule, poussée trop loin, a failli la perdre. » Mais ce n’est pas là ce qu’a fait l’auteur, et, dans la suite de l’histoire, il paraît bien, au contraire, vouloir nous présenter Sibylle comme une sorte de type de perfection, un modèle ; et c’est bien ainsi que l’ont prise cette quantité d’admiratrices qui se sont écriées en la voyant : « Voilà comme nous sommes, voilà comme nous voudrions être, et comme nous serions à coup sûr si c’était à recommencer !  […] pourquoi lui prêter cette manie ou cette magie (c’est tout un), qui fait que partout où elle passe, où elle habite, elle apporte avec elle une sorte de régénération, une transfiguration, de vrais miracles ? […] L’auteur a beau s’ingénier, vers la fin, pour faire racheter à Sibylle cette faute de tendresse, cette raideur d’esprit ; elle ne s’en relève que bien imparfaitement et par une sorte d’inconséquence4. […] Que si vous avez voulu, au contraire, faire de Sibylle (comme son nom l’indiquerait) une sorte de demi-prophétesse et de révélatrice à sa manière, une fée ou une sainte déclassée et transposée dans le monde, vous n’en avez pas dit assez ; vous n’êtes pas entré assez avant dans votre sujet, vous n’avez pas attaqué hardiment et de front tout le problème.

215. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

A dire que la poésie est l’art de transformer les idées générales en petits faits sensibles, et de rassembler les petits faits sensibles sous des idées générales ; de telle sorte que l’esprit puisse sentir ses pensées et penser ses sensations. […] Comment la disposer pour que la maxime en sorte d’elle-même ? […] Nous répéterons donc la même pensée sous toutes sortes de formes ; nous la reprendrons après l’avoir quittée ; nous la reproduirons encore une fois hors de sa place naturelle ; nous la répandrons partout, faute de savoir la concentrer. […] Votre serviteur Gille,          Cousin et gendre de Bertrand,          Singe du pape en son vivant,          Tout fraîchement en cette ville Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler : Car il parle, on l’entend ; il sait danser, baller,          Faire des tours de toute sorte, Passer en des cerceaux, et le tout, pour six blancs. […] 212 Ce même sujet trois fois raconté distingue les trois sortes de fables.

216. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

De quelles sortes sont les vérités dans les Maximes, et de la pensée générale du livre. — § V. […] Un peu plus loin, le futur moraliste s’annonce : « J’aime, dit-il, que la morale fasse la plus grande partie de la conversation » ; et il ajoute : « J’aime surtout la lecture qui peut façonner l’esprit et fortifier l’âme. » Et ailleurs : « J’aime à lire avec une personne d’esprit ; car, de cette sorte, on réfléchit à tout moment à ce que l’on lit. » Aimer la lecture pour le profit, attacher à tout ce qu’on lit une réflexion, cela n’est pas non plus d’un homme d’action ; ni ceci : « Je suis passionné dans la discussion. » Trait caractéristique des spéculatifs. […] De quelles sortes sont les vérités dans les Maximes, et laquelle tient la plus grande place. — De la pensée générale du livre. […] Distribuez en partis toute cette foule d’ennemis de Mazarin, en factions tous ces partis, en rivalités personnelles toutes ces factions : voilà des formes à l’infini, voilà « le pays où il y aura toujours à découvrir des terres inconnues. » La première édition des Maximes commençait par une longue et subtile analyse de l’amour-propre C’était plus qu’un portrait chargé, où beaucoup de traits portent à faux ; c’était une sorte d’accusation où se trahissait une main passionnée. […] A ne regarder que les circonstances principales, une noblesse abattue par Richelieu, et qui se relève à la faveur d’une régence ; un premier prince du sang qui veut régner comme Richelieu, ne comprenant pas que ce qui est possible à un évêque, séparé du trône par un abîme, ne l’est pas à un prince du sang, qui peut être tenté d’y monter ; des grandes dames excitant la guerre civile pour éloigner leurs maris ; de jeunes seigneurs qui s’y jettent par galanterie, et qui prennent pour drapeau l’écharpe d’une maîtresse ; un Parlement étourdi de sa puissance, et défendant l’ordre par la sédition ; des princes de l’Eglise organisant l’émeute armée, comme la dernière sorte de guerre que leur permettent les mœurs ; à ne regarder, dis-je, la Fronde que par ce côté extérieur et local, cette longue échauffourée n’est qu’un événement particulier.

217. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Quand la Cour était ailleurs, il aimait à revenir faire de petits voyages et des séjours dans la capitale ; il y mettait même une sorte de malice à l’égard du roi, à qui il se flattait que ces voyages déplaisaient : Mais c’est qu’en effet, nous dit Cosnac, ils lui donnaient à lui la joie d’avoir une cour particulière ; car il était ravi lorsqu’il voyait dans le Palais-Royal une grande affluence de beau monde, qui venait pour l’amour de lui, à ce qu’il disait, quoique ce ne fût que pour Madame. […] Pour s’expliquer qu’au milieu de ces pièges et de ces périls où elle se jouait, Madame n’ait point failli, pour qu’elle ait pu dire sincèrement à Monsieur, à l’article de la mort : « Monsieur, je ne vous ai jamais manqué », il faut se rappeler et les difficultés de sa situation si observée, et aussi son âge avec cette sorte d’innocence qui accompagne les imprudences de la première jeunesse. […] Cette pensée, je m’assure, vous paraîtra visionnaire d’abord, voyant ceux de qui dépendent ces sortes de grâces, si éloignés de vous en faire ; mais, pour vous éclaircir cette énigme, sachez que, parmi une infinité d’affaires qui se traitent entre la France et l’Angleterre, cette dernière en aura dans quelque temps, à Rome, d’une telle conséquence et pour lesquelles on sera si aise d’obliger le roi mon frère, que je suis assurée qu’on ne lui refusera rien ; et j’ai pris mes avances auprès de lui pour qu’il demandât, sans nommer pour qui, un chapeau de cardinal, lequel il m’a promis, et ce sera pour vous ; ainsi vous pouvez compter là-dessus… Ce chapeau de cardinal, qu’elle montre ainsi à l’improviste prêt à tomber sur un homme en disgrâce, fait un singulier effet, et on reste convaincu encore, même après avoir lu, qu’il y avait là-dedans un peu de vision et de fantaisie, comme les femmes qui ont le plus d’esprit en mêlent volontiers à leur politique. […] Ce fut, à vrai dire, ce seul honneur auquel je fus le plus sensible. » Il était dans ces termes d’amitié et de correspondance étroite avec la noble princesse ; il venait de recevoir d’elle toutes sortes de nouveaux témoignages d’intérêt et d’affection sur sa fâcheuse mésaventure de Paris, au commencement de 1670. […] On eût dit qu’elle s’appropriait les cœurs au lieu de les laisser en commun, et c’est ce qui a aisément donné sujet de croire qu’elle était bien aise de plaire à tout le monde et d’engager toutes sortes de personnes.

218. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Le seul inconvénient du Symbolisme, c’est qu’il réclame, de la part de ses adeptes, un talent spécial, cette sorte d’aptitude à « l’évolution rythmique » dont il vient d’être parlé. […] Le balancement syllabique, trois fois répété, produit une sorte de cadence douce rappelant celle du décasyllabe, bâti sur le modèle de l’endécasyllabe italien ou espagnol. […] Le vers étant une sorte particulière de musique doit être fait plus pour l’oreille que pour l’œil, quoiqu’en puissent prétendre les auteurs des traités de versification exigeant que, « pour la satisfaction de l’œil, les consonnes muettes qui suivent la voyelle rimante soient identiques (ou prétendues équivalentes) dans les deux mots à la rime3. » Or, considérons que les exigences de la rime dite correcte, proviennent d’une époque où les consonnes finales n’étaient pas encore devenues muettes. […] Tout en éprouvant une instinctive répugnance pour cette sorte de rime, qui d’ailleurs n’amène guère d’effets imprévus — car la rime de voile avec étoiles n’est pas moins banale que celle de voile avec étoile, — je reconnais que ma répugnance n’a point de motif qui soit valable d’une façon générale ; il me serait impossible de rimer ainsi ; cela n’empêche point que rimer ainsi ne soit loisible à tous les autres. […] On n’usera pas, bien entendu, de toutes sortes d’hiatus.

219. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Vu de la sorte, le sujet restait encore vaste et intéressant. […] C’est toujours par une sorte de convention tacite que nous nous transportons dans son domaine. […] La gaieté, comme le sublime, demande une sorte de naïveté et de bonne foi. […] Il est possible qu’un calcul bien entendu de ce bien-être conduise à une sorte de vertu. […] Rousseau ne vit pas que, de cette sorte, il donnait à la tyrannie l’arme la plus puissante.

220. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Deux sortes de preuves pour les théorèmes des sciences dites de construction. […] Nous avons distingué deux sortes de caractères généraux. […] Des jugements généraux de cette sorte et de cette provenance suffisent pour la pratique. […] Maintenant, pour ces sortes de grandeurs, nous pouvons prouver l’axiome. […] Maintenant, pour ces sortes de grandeurs, nous pouvons aussi prouver l’axiome.

221. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Je conclus du moins de tout ce détail, qu’il n’y a rien de bon à gagner dans ces sortes d’exercices, et beaucoup de mal à en craindre. […] Ces sortes de dictionnaires ont sans doute leur utilité, mais que de mauvais vers ils produisent ! […] serait-ce que cette même forme, ou du moins le vers pentamètre qui y entre, aurait une sorte de légèreté et de facilité propres à exprimer la joie ? […] Il est vrai que ces sortes de règles ne donnent ni à l’orateur ni au musicien du talent et de l’oreille ; mais elles sont propres à l’aider. […] Il y en a de deux sortes, d’oratoires et d’historiques.

222. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Il l’a fait sans y viser, dans des lettres pleines de naturel, de crudité, de passion, de grossièreté quelquefois, de bon sens bien souvent, d’humeur et de sel de toute sorte. […] En retour il promet toutes sortes de bons offices : « J’ai en cette ville deux choses desquelles je me puis vanter, de bons livres et de bons amis, qui sont à votre service. » Gui Patin collectionnait des thèses, son fils Charles sera un grand collectionneur de médailles ; c’est là une passion de famille. […] Bayle, qui parle de lui en cent endroits, a dit dans une lettre à un ami, et corrigeant à l’avance le jugement de Voltaire : « J’ai pris assez de plaisir, moi qui aime ces sortes de personnalités, et qui travaille ex professo à ces recherches, à parcourir les lettres de Gui Patin qui nous sont venues de Genève. » C’est que Bayle était avant tout de cette famille des curieux. […] Gui Patin, dans ces sortes de séances, est un auxiliaire imprévu de Molière. […] Ce qui est à noter, c’est que lui qui parle de la sorte, il sera prodigue de pareils mots insultants et grossiers, non pas avec ses amis, il est vrai, mais avec les adversaires qu’il rencontre en mainte occasion.

223. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Il lui faut une expression qui fixe positivement ses idées ; et c’est de cette justesse si rare que naît cette façon de s’exprimer simple, mais sage et majestueuse, sensible à peu de gens autant qu’elle le doit être, et que, faute de la connaître, n’estiment point ces sortes de génies qui laissent débaucher leur imagination par celle d’un auteur dont le plus grand mérite serait de l’avoir vive. […] Il sent qu’il est près de lui accorder ce titre, et à l’instant, par une sorte de respect humain philosophique, il s’arrête ; mais, en le lui retirant, il le retira aussi à tout ce qu’il y a eu de grand dans le monde. […] L’esprit humain, à un moment donné, est le produit de tout ce qui reste de l’esprit des âges antérieurs accumulé comme une sorte de terre végétale, et qui devient ainsi le point de départ et l’excitant à demi artificiel d’une façon légèrement nouvelle de penser et de sentir. […] À ces remarques qu’il entend à demi-mot et qu’il devine à l’autre bout du salon, même quand on les fait à voix basse (car il est là-dessus d’une susceptibilité exquise), il a des raisons de toutes sortes à opposer, des quantités de réponses à faire, et il les a faites en son temps. […] M. de Climal a acheté à Marianne un habit complet avec le linge le plus fin, et celle-ci l’essaye un jour de grande fête en allant à l’église, où elle s’arrange si bien dans son innocence qu’elle obtient toutes sortes de succès.

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