René Maizeroy L’un des plus personnels et des plus intéressants « nouveaux » qui se prodiguent dans le cabaret de Salis a des trouvailles de blague, des fins de couplet, des cinglées d’ironie qui font songer à ces mazarinades dont se grisaient jadis les bons bourgeois de Paris et aussi aux poèmes batailleurs de Méry.
Ma prévoyance, il y a quinze ans, n’y a point songé, ou j’ai résisté à la Nature qui tout bas me l’insinuait, et la Nature aujourd’hui me le rappelle. […] Tu crois que je parle de moi personnellement, Lecteur ; mais songe un peu, et vois s’il ne s’agit pas aussi de toi.
Un cœur éminent (Enfantin), qui vient de s’éteindre, y avait songé ; d’autres depuis y ont songé encore.
Ils écrivent pour l’instruction et la méditation, mais ils ne songent point à captiver l’intérêt ’ en même temps qu’ils sollicitent l’attention. […] On pouvait si rarement se flatter en France d’influer par ses écrits sur les institutions de son pays, qu’on ne songeait qu’à montrer de l’esprit dans les discussions même les plus sérieuses.
Que ce soit là une nécessité de l’état actuel de l’esprit humain, nul ne peut songer à le nier ; il faut toutefois reconnaître qu’un tel système de vie, bien qu’excusé par sa nécessité, est contraire à la dignité humaine et à la perfection de l’individu. […] Puis, quand il se voit dans l’impossibilité de réaliser cet idéal multiple, quand il voit cette vie si courte, si partagée, si fatalement incomplète, quand il songe que des côtés entiers de sa riche et féconde nature resteront à jamais ensevelis dans l’ombre, c’est un retour d’une amertume sans pareille.
Talbot, n’avait songé à l’en tirer ! […] Eugène Talbot nous dit qu’il avait traduit, avec les neuf livres de l’histoire d’Hérodote, le recueil de Georges Gémiste, dit Pléthon, l’oraison de Salluste contre Cicéron et celle de Cicéron contre Salluste, deux autres oraisons de Salluste à Jules César, un opuscule d’Aristote : du Monde, un autre (du Monde aussi) de Philon, le Songe de Scipion, etc.
Sainte-Beuve Je ne ferai que passer devant vous, couple conjugal qui unissez vos deux voix ; qui, après avoir perdu un enfant, votre unique amour, l’avez pleuré dans un long sanglot, et qui, cette fois, inconsolés encore, mais dans un deuil apaisé, avez songé à lui en composant des chants gradués pour les divers âges, continuant ainsi en idée, d’une manière touchante, à vous occuper, dans la personne des autres, de celui qui n’a pas assez vécu pour nous.
En travaillant à son Livre des Faussetés des Vertus humaines, il n’a pas songé que le plus mauvais service qu’on puisse rendre à un Auteur substantiel & profond, c’est de le commenter.
« Songez qu’il faut que nous achevions nos jours ensemble. […] Je sens qu’il faut maintenant que ma vie soit environnée : je n’ai plus retrouvé en moi l’ancien voyageur ; je ne songe qu’à ce que j’ai quitté, et les changements de scène m’importunent. […] Je ne suis plus triste, je ne songe plus aux ministères ni à la politique ! […] Le reproche n’était pas fondé ; son esprit, qui ne songeait qu’à l’attrait, n’était propre ni à l’intrigue ni à l’empire. […] Ces billets sont les dernières gouttes d’un cœur trop plein qui se vide sans plus songer à brûler ou à retentir dans un autre cœur à l’unisson.
J’ai été très lié avec lui, sans pitié pour son radicalisme, qui n’est pas de ce monde, et qui n’est bon qu’en songe sur cette terre des réalités. […] J’ai fait hier un boston chez mes propriétaires, où, après avoir entassé misères sur piccolos et avoir eu des chances d’innocent (j’avais peut-être songé à M. ***), j’ai gagné… trois sols ! […] « “J’ai songé qu’après l’hiver laborieux que je viens de passer, quelques jours de campagne me seraient bien nécessaires ! […] « Le voile ne tombe, malheureusement, qu’après l’impression, et, quant aux corrections, il n’y faut pas songer, elles coûteraient plus que le livre. […] « Si vous songiez aussi que je tiens toujours forcément la plume, vous n’auriez pas le courage d’exiger des correspondances !
Au lieu de songer à la paix, comme un homme de bon sens, il ne pense qu’à faire massacrer les derniers qui restent… On verra ! […] Songe à tes parents, à tous ceux pour lesquels tu donnerais ta vie, et traite humainement les étrangers, afin qu’ils agissent de même à l’égard des nôtres. […] Je t’embrasse, mon enfant, je te serre sur mon cœur. » En lisant cela, je répandis des larmes, et je pensai : « Tu n’es pas entièrement abandonné sur la terre… De braves gens songent à toi ! […] Tandis que je songeais à ces choses, la porte s’ouvrit, et un homme grand, fort, la tête déjà grise, entra. […] » J’entendis que sa voix tremblait en disant ces mots, et mon cœur se mit à sangloter intérieurement ; je songeais à Catherine, à la tante Grédel, et je ne pouvais rien répondre.
Cependant on songeait à marier Mlle de Joyeuse. […] Ce serait un moyen de se venger de son rival en pareil cas que de lui faire de mauvais vers ; Maucroix n’y songea pas, il fit de son mieux et comme pour lui : seulement il exhala ensuite son dépit contre ce rival dans une épigramme. […] Quand Maucroix traduisait dans son français large, facile et pur, les homélies d’Astérius ou de saint Jean Chrysostome et un traité de Lactance qu’on venait de recouvrer, il faisait certainement quelque chose d’aussi contraire que possible à certains petits vers qu’on a de lui ; et pourtant il n’était pas hypocrite, il ne parodiait rien en idée, il payait une dette publique à l’état qu’il avait embrassé et à des croyances qu’il n’avait jamais songé à mettre en question.