palais de nuages que dore quelques instants un soleil prêt à s’éteindre !
Je conclus donc, en me servant des paroles de Tacite, que le monde est sujet à des changemens et à des vicissitudes dont le période ne nous est pas connu, mais dont la révolution ramene successivement la politesse et la barbarie, les talens de l’esprit comme la force du corps, et par-consequent les progrez des arts et des sciences, leur langueur et leur déperissement, ainsi que la révolution du soleil ramene les saisons tour à tour.
Il a magnifiquement accompli sa journée : mais le soleil, une fois couché, ne s’est pas réveillé le lendemain pour distribuer l’ordre et la lumière dans les éléments multiples et les diverses parties de son œuvre. […] Celui-ci se sent descendu au fond d’un abîme où la nuit l’enveloppe de toutes parts, mais il lutte, il se débat, il aspire à remonter, il appelle le soleil. — Le dix-neuvième siècle est-il autre chose qu’un grand combat ? […] L’André Chénier des Élégies bien entendu ; — et même André Chénier un peu vu au clair de lune, plutôt qu’à l’éclatant soleil de la Grèce, dans sa robe héritée d’Athènes. […] ne nous suffira-t-il pas d’avoir osé regarder son soleil en face, pour lui sembler digne de ses vengeances ? […] C’est un soleil qui a des taches… de rousseur.
Ou si, au contraire, alors que nous avons l’âme en détresse, le ciel est radieux et le soleil brillant, il nous semble que toute cette gaieté extérieure insulte à la tristesse de notre âme. […] ………………………………………………… Nous voyons bien là-bas un jour mystérieux, Mais nous ne savons pas si cette aube lointaine Nous annonce le jour, le vrai soleil ardent…… C’est peut-être le soir qu’on prend pour une aurore. […] Seuls, les grands blés mûris, tels qu’une mer dorée, Se déroulent, au loin, dédaigneux du sommeil ; Pacifiques enfants de la terre sacrée, Ils épuisent sans peur la coupe du soleil. […] la nature est vide et le soleil consume : Rien n’est vivant ici, rien n’est triste ou joyeux. […] Le soleil te parle en paroles sublimes ; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ; Et retourne à pas lents vers les cités infimes, Le cœur trompé sept fois dans le néant divin.
En reprenant les lettres par elle écrites à son frère de Douai à la date où je les ai laissées, nous retrouvons les gênes obscures, les humbles misères consolées, et tout d’abord cette modique pension qu’elle touchait auparavant avec une sorte de pudeur, mais qu’elle appelle maintenant comme un bienfait : « (26 octobre 1847)… Il y a deux jours enfin, j’ai reçu le trimestre qui me semblait autrefois si pénible à recevoir, par des fiertés longtemps invincibles, et que j’ai vu arriver depuis d’autres temps comme si le Ciel s’ouvrait sur notre infortune… « Ne nous laissons pas abattre pourtant, il faut moins pour se résigner à l’indigence quand on sent avec passion la vue du soleil, des arbres, de la douce lumière, et la croyance profonde de revoir les aimés que l’on pleure… « En ce moment, je n’obtiendrais pas vingt francs d’un volume : la musique, la politique, le commerce, l’effroyable misère et l’effroyable luxe absorbent tout… « Mon bon mari te demande de prier pour lui au nom des pontons d’Écosse. […] J’y vais tout à l’heure par ce soleil qui luit si rarement, et je t’embrasse pour elle, très travailleuse et très bonne. […] Comme on sent que cette jeune âme ne demandait pas mieux que de reprendre au soleil et à la vie !
Tantôt son œil se rouvrait avec la flamme du jeune aigle, et ce regard humide et enivré jouait dans le soleil, dont quelque rayon, à travers le bleu des franges, le poursuivait obstinément. […] En 1811, à Aulnay, dans cette Vallée-aux-Loups où il a écrit l’Itinéraire, Moïse, les Martyrs, près de ces arbres de tous les climats, qui lui rappellent les Florides ou la Syrie, et si petits encore qu’il leur donne de l’ombre quand il se place entre eux et le soleil, M. de Chateaubriand, au comble de sa gloire, au plus haut de la montagne de la vie, profitant des derniers jours de calme avant les orages politiques qu’il pressent, se retourne un matin vers le passé et commence la première page de ses Mémoires. […] Parce que chaque soir revient funèbre et sombre, chaque matinée de soleil ne nous rend-elle pas un peu de vrai printemps ?
La nation se fonde ; elle féconde une terre, elle sème, elle moissonne, elle bâtit, elle multiplie ; elle se choisit une place permanente au soleil, elle se dit : « Il fait bon là, nous avons besoin que cette place féconde et fécondée soit à nous, et non à d’autres, pour y nourrir ceux qui descendront de nous ; nos sueurs ont animalisé de nous cette terre, il y a parenté désormais entre elle et nous ; marquons-la de notre nom, de notre droit de priorité. » À l’instant voilà la possession accidentelle et passagère qui se transforme en fait, en droit, en permanence, en patriotisme moral enfin. […] XI Devoir d’adoration envers le Créateur, qui a daigné tirer l’être du néant pour sa gloire ; devoir qui oblige l’homme à se conformer en tout aux volontés du souverain législateur, volontés manifestées à l’homme par ses instincts ; organe de la véritable souveraineté de la nature ; devoir facile, satisfait par son accomplissement, même quand il est douloureux aux sens ; devoir qui donne à l’homme obéissant à son souverain Maître cette joie lyrique de la vie et de la conscience, joie de la vie et de la conscience qui éclate dans tout être vivant comme un cantique de la terre, et que tous les êtres vivants, depuis l’insecte, l’oiseau, jusqu’à l’homme, entonnent en chœur au soleil levant comme une respiration en Dieu ! […] Devoir de ce premier groupe de la famille de reconnaître et de respecter, dans les autres groupes semblables à elle, le même droit divin de vivre et de multiplier sur la terre, domaine commun de la race humaine ; de ne point la tuer, de ne point lui dérober sa place au soleil et au festin nourricier du sillon ; mais de reconnaître, d’assister, d’aimer les autres hommes ses semblables, et de leur appliquer cet instinct tout spiritualiste et tout moral de la justice législative incréée, qui invente et qui sanctionne toute société par une force morale mille fois plus forte que la force législative, la conscience, et dont toute violation est crime, dont toute observation est vertu !
Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m’élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l’idéal objet d’une flamme future ; je l’embrassais dans les vents ; je croyais l’entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l’univers. » « C’est juste l’Isolement de Lamartine, toujours avec la différence des complexions et des natures : Que le tour du soleil ou commence ou s’achève, D’un œil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève, Qu’importe le soleil ? […] Mais peut-être, au-delà des bornes de sa sphère, Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux, Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre, Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux.
Ses vers sont comme les tronçons coupés du serpent, brillants et palpitants sous le soleil, et qui se tordent, mais qui ne peuvent se rejoindre. […] Telle croisée avec son contrevent brun, tel effet de soleil sur les tuiles luisantes après la pluie, un chemin où croissaient des joncs, un arbre ne végétant plus que par les branches inférieures, sont autant d’objets d’émotions et de souvenirs. […] L’allusion n’aurait paru que le matin à la clarté du soleil, après la publication du numéro
Newton avait la faculté d’évoquer devant ses yeux l’image du soleil, même dans l’obscurité, en faisant simplement un certain effort visuel, à peu près comme quelqu’un qui essaie attentivement de distinguer un objet difficile à voir ; mais Newton savait parfaitement qu’il était comme le créateur de ce soleil imaginaire. […] Aussi le contraste s’établit-il tout seul entre la perspective d’images faibles constituant le passé et le tableau d’images vives constituant le présent, comme font contraste au grand soleil mon corps et son ombre, parce que les différences sont données ensemble et éclairées d’une même lumière.
Moi, je sais qu’il y en aura un de battu, et celui qui sera battu se réfugiera dans le marécage et nous écrasera toutes. » De même les grenouilles qui sont effrayées d’apprendre que le soleil se marie. « Le soleil se marie ? […] il y aura deux soleils au lieu d’un, tous les marais seront desséchés !
Malheur à cette aridité de la civilisation qui dessèche et étiole tout ce qui s’élève au soleil de la poésie et du cœur ! […] « Pendant quatre mois qu’ils furent l’un avec l’autre, il n’y eut pas un rayon de soleil qui les chauffât de la même chaleur, pas une pierre qu’ils regardèrent d’un regard pareil. […] Ainsi quand elle vient de s’abandonner à Rodolphe : « Les ombres du soir descendaient, le soleil horizontal, passant entre les branches, lui éblouissait les yeux. […] Du disque du soleil, ses yeux sont tombés sur ce bloc noir et obtus. […] Le bateau pouvait s’arrêter, ils n’avaient qu’à descendre ; et cette chose bien simple n’était pas plus facile, cependant, que de remuer le soleil.