Je ne veux plus même le savoir… Ils se sont fondus aux rayons de ces trois soleils. Ces trois soleils, les aveugles et les clignotants de ce temps-ci les verront-ils ?
Le soleil, sans pluie, ouvrirait-il les roses ? […] Ce nom, comme un feu, mûrira vos pensées, Semblable au soleil qui mûrit les blés d’or, Vous en formerez des gerbes enlacées Pour les mettre un jour sous vos têtes lassées Comme un faible oiseau qui chante et qui s’endort !
Comme l’aigle qui perce dans la profondeur du ciel pour y aller boire son coup de soleil, le génie humain monté à ce point culminant du sublime, — du sublime dont le caractère est de ne pas durer, — le génie humain peut très bien redescendre aux hauteurs moyennes et s’y maintenir avec imposance, au lieu de s’éventrer misérablement en tombant aux bornes du chemin. […] Et c’était là le poète, cependant, que les Anciens auraient appelé le Iambique, et qui nous a laissé ces douze Ïambes superbes, zodiaque de poésie dont il a été le soleil !
Il n’y a rien de plus doux au monde, ni de plus délicat que ces teintes ; on s’arrêterait pendant des heures entières à regarder ces nuages de satin, ce fin duvet aérien, cette molle gaze transparente qui emprisonne les rayons du soleil, les émousse, et ne les laisse arriver sur la terre que souriants et caressants. […] Au moindre soupçon de soleil, elles sourient avec une grâce délicieuse ; on dirait de belles vierges timides et frêles sous un voile qu’on va lever. Que le soleil un instant se dégage, et vous les verrez resplendir comme dans une parure de bal. […] L’eau multiplie et amollit les tissus vivants ; les plantes foisonnent et n’ont point de suc ; la nourriture surabonde et n’a pas de goût ; l’humidité enfante, mais le soleil n’élabore pas. […] Une fumée brumeuse, pénétrée du soleil, les enveloppe de son voile roussâtre ; c’est l’air lourd et charbonneux d’une grosse serre ; depuis le sol et l’homme jusqu’à la lumière et l’air, tout est transformé par le travail.
Le soir, lassé par de vaines et humiliantes démarches, « il s’arrêtait sur les ponts pour voir se coucher le soleil et il songeait que sous tant de toits, il n’avait pas un ami », et pas un protecteur. […] La Décade philosophique (10 pluviôse an VII), après avoir constaté l’engouement pour les romans anglais, ajoutait, « nous pouvons affirmer que nous possédons en original et de notre propre cru des horreurs dont les plus difficiles peuvent se contenter, que nous ne manquons pas de personnages atroces, atrocement crayonnés, que nous avons des esprits corps, c’est-à-dire des fantômes qui n’en sont pas, heureuse invention par laquelle s’est éminemment distinguée mistress Radcliffe, que nous sommes riches en descriptions du soleil et de la lune, en sites romantiques, en événements romanesques, enfin que nous ne sommes pas moins experts que nos maîtres dans la science des longueurs et l’art de multiplier les volumes… On a réussi à naturaliser le spleen, on a essayé d’imiter l’humour ; mais il faut qu’il soit plus facile de faire du Radcliffe que du Sterne, je ne saurais du moins proclamer nos succès en ce genre, je dois me borner à dire que jusqu’ici on l’a seulement innocemment tenté ». […] Jamais un Parisien du Consulat n’aurait pensé qu’un coucher de soleil à Fontenay ou un lever de lune à Saint-Cloud étaient des spectacles dignes d’attention, cependant à cette époque naissait l’enthousiasme pour les levers de soleil et de lune et pour les beautés de la nature. […] Volney avait fait retentir ses Ruines « des lugubres cris des chacals », l’auteur d’Atala lâche dans ses solitudes toute une ménagerie de monstres glapissants, hurlants, de serpents à sonnettes, de caribous, de carcajous, de petits tigres et « d’ours enivrés de raisins » ; il plonge dans les eaux du Meschacébé des « bisons à la barbe antique et majestueuse » ; il couche « sous les tamarins des crocodiles à l’odeur d’ambre », qui rugissent au coucher du soleil… (Une remarque en passant : ces crocodiles à l’odeur ambrée, — musquée serait plus exact, — ne semblent-ils pas présager cette littérature du nez que Senancour, et plus tard Baudelairea et Zola, devaient porter à une si haute perfection ?)
IX Le héros s’égare avec délice sous les dômes de feuillages, où les rayons brisés du soleil ne laissent pénétrer qu’une indécise et pâle lumière, et la tiédeur de l’air suffisante seulement pour tempérer la fraîcheur des forêts. […] Le soleil et la lune, le feu et le vent, la terre et le firmament, et la vaste étendue des eaux, le jour et la nuit, les deux crépuscules du matin et du soir, tous les éléments sont les témoins des actions les plus secrètes de l’homme : s’il n’a point agi contre la voix intérieure de sa conscience, le juge incorruptible le fait jouir d’une félicité éternelle ; mais si en étouffant cette voix il s’adonne au crime, il est condamné aux plus terribles châtiments. » Un tel discours, dans un tel moment, est déplacé ; on voit que dans ces poèmes les situations les plus pathétiques servent moins au développement des passions qu’au développement de la haute morale qui domine dans l’âme des poètes les passions elles-mêmes. […] » leur dit-il en langage vulgaire, « ne perdez pas de temps à mettre en sûreté les faibles animaux qui peuplent votre sainte retraite : tout annonce l’approche du roi Douchmanta (c’est lui-même), qui se livre au plaisir de la chasse. » Puis, reprenant le langage des vers, comme cela a lieu dans le drame toutes les fois que l’expression s’élève avec le sentiment ou avec la description : « Déjà », dit-il, « un tourbillon de poussière soulevé par les pieds des chevaux retombe sur vos vêtements d’écorce, tout humides encore et suspendus aux branches où ils achèvent de se sécher, semblables à ces nuées d’insectes qui, par un beau rayon de soleil, viennent s’abattre en foule sur les arbres de la forêt… « … Tenez-vous en garde surtout, ô pieuses ermites, contre cet éléphant sauvage chassé par la meute, qui répand l’effroi dans le cœur des vieillards, des femmes et des enfants ! […] » Il veut, dit-il encore à ses confidents, se reposer quelques jours au soleil de cet ermitage sacré. […] « Que son voyage soit heureux ; que l’ombre épaisse des grands arbres lui offre dans tout son trajet un abri impénétrable aux rayons du soleil ; qu’un doux zéphyr, rasant la surface limpide des lacs tout couverts des larges feuilles du lotus azuré, leur dérobe pour elle une rosée rafraîchissante, et qu’il endorme ses fatigues à son souffle caressant ; puissent ses pieds délicats ne fouler dans sa marche paisible que la poussière veloutée des fleurs !
Une paysanne en train de cueillir des herbes, à laquelle un enfant indique que le soleil se couche, et qui se retourne une main devant les yeux. […] Le coucher du soleil sur la mer à l’embouchure de la Soumida. […] Un volume pour ainsi dire entièrement rempli de paysages, par le soleil, le brouillard, l’orage. […] L’Empereur, sorti de son palais pour admirer le coucher du soleil dans le bois d’érable, alors tout rouge, arriva seul, là où se tenaient les trois balayeurs. […] Une étude à l’aquarelle d’une tige de soleil.
. — Au soleil (1884). — Les Sœurs Rondoli (1884). — Bel-Ami (1885). — Yvette (1885). — Contes de jour et de la nuit (1885)
Il y a moins de soleil, moins de clarté diffuse dans ce second recueil, mais le crépuscule y prend plus de profondeur, les ombres mélancoliques du soir y traînent plus de recueillement.
Couchée sur le ventre, près de moi, elle regardait glisser à ma peau les filées de soleil comme des scarabées vermeils et elle criait de plaisir. […] Sur le relent des fumiers chauffés par le soleil passa une odeur grasse de soupe au lard. […] Le soleil cuisait, du reste, allumant une réverbération aveuglante, à ras du pavé. […] C’est l’heure de vivre, Et là-bas, saluant l’aurore non pareille, Le bois harmonieux se dédie au soleil. […] Mes yeux n’ont que trop vu se coucher de soleils !
Sauf deux ou trois éclairs de soleil italien, sa poésie et sa vie sont celles d’un scalde transporté dans le monde moderne, et qui, dans ce monde trop bien réglé, n’a pas trouvé son emploi. […] Byron n’y manque pas, et ajoute à toutes ces séductions la fantasmagorie de la scène, le décor oriental ou pittoresque ; les vieux châteaux des Alpes, les vagues de la Méditerranée, les soleils couchants de la Grèce, le tout en haut relief, avec des ombres marquées et des couleurs voyantes. […] Ce qui lui reste de vie est pour ce pauvre page, seul être qui l’ait aimé, qui l’a suivi jusqu’au bout, qui maintenant essaye d’étancher le sang de sa blessure. « Lara peut à peine parler, mais fait signe que c’est en vain » ; — il lui prend la main, le remercie d’un sourire, et, lui parlant sa langue, une langue inconnue, lui montre du doigt le côté du ciel où en ce moment le soleil se lève, et la patrie perdue où il veut le renvoyer. […] J’ai grincé mes dents — dans les ténèbres jusqu’au retour de l’aube ; — puis, jusqu’au soleil couchant, je me suis maudit. […] Il ne séduit pas, ce n’est pas un corrupteur ; l’occasion venue, il se laisse aller ; il a du cœur et des sens, et sous un beau soleil tout cela s’émeut ; à seize ans, on n’y peut mais, à vingt non plus, ni peut-être à trente.
je parle de la lumiere du soleil. […] Le même Auteur à la même vie d’Atticus, c. 105. dit, sub occasu solis, vers le coucher du soleil, un peu avant le coucher du soleil. […] Il n’y a en ce monde que des êtres particuliers, le soleil, la lune, cette pierre, ce diamant, ce cheval, ce chien. […] Selon ce que l’usage nous en a appris, si nous disons le soleil plûtôt que la soleil, comme les Allemands, c’est que nous savons qu’en François soleil est du genre masculin, c’est-à-dire, qu’il est dans la classe des noms de choses inanimées auxquels l’usage a consacré la terminaison des adjectifs déjà destinée aux noms des mâles, quand il s’agit des animaux. Ainsi lorsque nous parlons du soleil, nous disons le soleil, plûtôt que la, par la même raison que nous dirions beau soleil, brillant soleil, plûtôt que belle ou brillante.