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213. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

La seconde contient « quelques vues générales sur les sources où le poète puise une inspiration digne de son rôle social et de son art ». […] Sully-Prudhomme admet trois sources principales d’inspiration : les sentiments les plus intimes du poète, les conquêtes de la science, les questions sociales ; et cette division correspond aux tentatives de Sully-Prudhomme. […] Il faut condamner également ses poèmes sociaux. […] Ceux-là qui ont véritablement aimé tous les hommes ne les considéraient point dans leurs diverses fonctions sociales et ne regardaient pas les mouvements de leurs mains, si souvent hostiles et haïssables.

214. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

On pourrait nous dire que cette dissidence, en supposant qu’elle existât (et l’on cherche autant qu’il est possible à nous la dissimuler), ne porte après tout que sur des questions libres, des questions sociales et politiques, mais que l’Église catholique nous offre au moins un point fixe et un asile sûr dans un dogme incontesté, formulé par une autorité infaillible. […] La philosophie n’a autre chose à faire qu’à combattre ces mauvaises doctrines, à les refouler, et c’est surtout pour cette entreprise, si nécessaire à l’ordre social, qu’il faut s’unir à la religion, plus puissante encore et plus efficace que la philosophie dans cette lutte sociale du bien contre le mal. […] Elle se complète par de fortes études sociales, politiques et esthétiques35.

215. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Jugez quand il s’agit de problèmes religieux, philosophiques, historiques, sociaux. […] Le temps est venu où les questions politiques ne doivent plus être que des questions françaises ou des questions sociales. […] Ce qui prépare le mieux la solution des questions sociales, c’est en somme, pour chacun, son propre perfectionnement moral, c’est l’amour des autres : et la tolérance en est déjà un joli commencement.

216. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Selon Mme de Staël, « la fonction de citoyen accordée seulement à la propriété », c’est « l’idée à laquelle tout l’ordre social est attaché639 ». […] Cet article, en effet, résout la question sociale par le droit politique et contre la démocratie. De cette idée vient la facilité avec laquelle Mme de Staël a passé de la monarchie à la république : elle fait de la conservation sociale, identifiée à l’intérêt des propriétaires, l’objet principal du gouvernement ; et ainsi, roi ou président, peu importe ce que sera l’exécutif, pourvu que ceux qui possèdent soient protégés contre la masse des « hommes qui veulent une proie », et que « tous leurs intérêts portent au crime », dès qu’on leur permet d’agir. […] L’ouvrage intitulé De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800) est un curieux livre, confus, plus clair dans le détail que dans l’ensemble, naïf parfois jusqu’à la puérilité, mais, à tout prendre, original, suggestif, un livre intelligent enfin : il y a des chefs-d’œuvre auxquels on hésiterait à donner cette simple épithète. […] Elle avait épousé en 1811 M. de Rocca, beaucoup plus jeune qu’elle.Editions : De la littérature considérée dans ses rapports avec les constitutions sociales, an viii, 2 vol. in-8 ; Delphine, roman, 1802 ; Corinne, roman, 1807 ; de l’Allemagne, Londres, 1813 ; Considérations sur la Révolution française, publ. par le duc de Broglie et le baron de Staël, 1818 ; Dix années d’exil, publ. par le baron de Staël, 1821.

217. (1900) La culture des idées

Il en est de même pour les individus et pour les groupes sociaux. […] Cependant, c’est cette partie caduque qui intéresse les prôneurs de l’art social. […] Leur civilisation donne le spectacle et l’idée d’une belle animalité sociale. […] C’est donc au poète dépouillé de tout ornement social que s’adressa le sarcasme. […] Voilà les bœufs de la prairie sociale : qu’en fera-t-on, quand ils seront gras ?

218. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Non, l’Art n’est pas une fonction sociale. […] Wagner sur la portée sociale de l’Art. — D’où viennent les erreurs de Tolstoï. […] La Nature se soulève par l’intermédiaire de l’Art contre les aberrations qui troublent l’organisme social. […] Wagner et Bayreuth. — La contagion d’Art et l’Art social de Tolstoï ; contradictions du philosophe russe ; l’Art pour l’Art. […] Tolstoï n’est pas le seul, je le sais, à rêver d’un art social ou plutôt socialiste.

219. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Argument » pp. 1-4

Méditer le monde social dans son idée éternelle. […] Apercevoir le monde social dans sa réalité.

220. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Combien de fois Taine n’a-t-il pas écrit que la forme sociale dans laquelle un peuple peut entrer et durer ne dépend pas de sa volonté, mais lui est imposée par son caractère et son passé. […] Il aura des adversaires aussi, tel Alphonse Karr, qui mettrait l’initiative du progrès social en de singulières mains, si l’on s’avisait de prendre au sérieux son mot fameux : « Que messieurs les assassins commencent !  […] Ils concevaient comme supérieure au mariage, attachant de force l’un à l’autre deux êtres humains qui peuvent en être venus à se haïr ou à se mépriser, une union ne reposant que sur l’amour, pouvant se nouer et se dénouer sans l’intervention de l’autorité sociale, et ils voulaient acheminer les intelligences paresseuses vers cet idéal encore lointain. […] Les tempêtes sociales rendent difficile, sinon impossible, le paisible exercice de la liberté ; mais la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen avait posé ce principe, base de la législation future : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Ce droit, solennellement proclamé, n’en fut pas moins étranglé par l’Empire. […] Mais nous en avons assez dit pour faire voir la liaison perpétuelle et intime des phénomènes littéraires et des phénomènes juridiques, et puisque, dans cette brève étude, nous nous sommes placé au point de vue de l’historien soucieux de démêler les rapports d’une littérature avec le milieu social environnant, nous pouvons résumer ainsi les recherches qui s’imposent à lui dans le domaine que nous venons de parcourir.

221. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

. — En général, depuis dix ans, l’effort de la critique tend à ruiner l’influence romantique dans le livre et au théâtre, soit au profit d’un art social, soit au profit d’une renaissance classique, ou si vous le voulez d’une renaissance latine. […] Eux aussi ont voulu être « des travailleurs de la République de beauté sociale… » Avec une ténacité pleine de conviction, éclairée sinon impartiale « ils ont étudié la Société française sous la troisième République. Ils ont examiné l’évolution des types et des classes sociales à travers les œuvres de ce temps ». […] Maurice Le Blond qui est un esprit juste s’est laissé gâter par le vent des tendances sociales qui souffle sur les jeunes têtes. […] Henri Mazel avec la Synergie Sociale s’est affirmé de façon telle qu’il sort, par sa notoriété, des limites de notre travail.

222. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

IV Psychologie sociale des nouveaux peuples [IV-VII]. […] l’oblige à lui recommander, à elle, sa nièce, qu’il appelle « enfant », son livre de la Psychologie sociale, et surtout, surtout, de prendre bien garde, « enfant ! […] Jusqu’ici, l’amour attendri pour les hommes n’était pas le caractère des soixante volumes sortis de sa plume, de cette plume féconde, positive et brillante, qui s’attendrissait à peu près comme le diamant s’attendrit quand il brille ; mais c’est là le caractère inattendu de cette Psychologie sociale, qui doit sauver l’Europe et le monde par l’amour. […] L’attendrissement est donc, en y regardant bien, la seule chose qui appartienne en propre à Philarète Chasles dans sa Psychologie sociale… Certes ! […] Dans sa Psychologie sociale, ce qu’il dit des plus célèbres de ceux qu’il rencontre sur le terrain de la littérature est incroyable de préoccupation, et d’une préoccupation qui va jusqu’à la perte de la mémoire, la méconnaissance de ce qui est, et la frontière (Dieu me pardonne !)

223. (1902) Propos littéraires. Première série

Elle existe comme facteur social, nullement comme élément naturel. […] Car il ne cesse pas d’être un fait, et malgré certaines choses sociales qui le combattent et que je connais bien, d’autres choses sociales le renforcent et l’accusent de plus en plus. […] Puis il distinguera deux espèces de « tissus sociaux ». […] Or, les conséquences de la théorie de l’organisme social sont redoutables. […] Worms à sa suite, du reste) concilier l’organisme social avec le Contrat social.

224. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Un des traits les plus caractéristiques de l’état social en France, depuis la chute de la Restauration, c’est assurément la quantité de systèmes généraux et de plans de réforme universelle qui apparaissent de toutes parts et qui promettent chacun leur remède aux souffrances évidentes de l’humanité. […] La quantité de systèmes généraux et de théories sociales qui s’élèvent est pourtant un symptôme notable bien digne de grave réflexion. […] Une mise en présence aussi tranchée de deux intérêts différents, de deux portions de la société aussi inégales, de ceux qui ont et de ceux qui n’ont pas, ne nous paraît avoir aucun inconvénient dans une analyse philosophique, et peut même être commode pour manier, pour dégager certaines vérités sociales et les exprimer plus en saillie ; mais il n’en serait pas ainsi, suivant nous, dans la pratique.

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