D’abord, voici la grande portée des philosophes purs, des faiseurs de sociétés comme leur propre père, la portée pesante des Saint-Simon, des Charles Fourier, des Cabet, des Proudhon, des Pierre Leroux. […] C’est ainsi, nous dit-il, que la société débuta.
N’est-ce pas l’épopée dernière des peuples chez lesquels l’individualité reprend la place qu’elle avait à l’origine des sociétés et lutte par les mœurs avec ce qu’on appelle d’un air si suprêmement pédantesque : des Institutions. […] Assurément, la pâle et délicate Mme de La Fayette, cette fille d’une société factice et qui n’a appris ce qu’elle sait de la nature humaine qu’en écoutant à travers les draperies des convenances à la porte de quelques cœurs, semble une bien grêle observatrice, quand on la compare à des esprits comme Defoë et Richardson, ces génies énergiques qui plongent, eux, dans l’humanité à une si grande profondeur, et qui la brassent comme on brasse un bain.
Ce qui a amené l’anéantissement de l’armée, est en train de tuer la société française. […] Le régime républicain est-il capable de lui rendre cette discipline, sans laquelle les sociétés ne peuvent vivre ? […] L’un proclame que la société doit des rentes à tous les hommes, en vertu de l’aphorisme : « Je vis, donc je dois exister ! […] La société se meurt du suffrage universel. […] ce monsieur Thiers est, il me semble, un sauveur de société, à bien courte échéance.
Fondations de sociétés industrielles, entretiens d’un député avec ses commettants, instructions d’un député à son secrétaire, parade des grandes maisons de banque, inauguration d’un édifice, toutes les cérémonies et tous les mensonges de la société anglaise sont gravés avec la verve et l’amertume de Hogarth. […] Le roman ainsi conçu est une plaidoirie en faveur du cœur, de l’imagination, de l’enthousiasme et de la nature ; mais il est souvent une plaidoirie contre la société et contre la loi ; nous ne souffrons pas qu’on touche de près ou de loin à la société ni à la loi. […] Peut-être est-il conforme à la nature ; nous faisons fléchir la nature devant l’intérêt de la société. […] Il oppose les âmes que forme la nature aux âmes que déforme la société. […] Il fait des satires contre la société oppressive ; il fait des élégies sur la nature opprimée, et son génie élégiaque, comme son génie satirique, rencontre à propos dans le monde anglais qui l’entoure la carrière dont il a besoin pour se déployer.
Dans la société, comme dans l’esprit de chacun, il s’est établi à cette époque, à la fois si philosophique et si chrétienne, une sorte d’équilibre entre l’imagination qui grossit le mal et provoque la résistance, et la raison qui reconnaît le bien et fait trouver dans l’obéissance de la douceur et de l’honneur. […] Dans une société polie, qui donc ne voudra pas appartenir à la religion de curiosité ? […] Combien ce principe n’est-il pas plus vrai encore de la religion que de la société ? […] Il tranche par articles courts et laconiques, et sa froide intelligence se plaît à ce spectacle d’une société qui exécute tous les mouvements avec la précision d’un mécanisme. […] Fénelon le premier y mit du prix dans l’ordre de la société, au point de vue des biens et des maux de la vie présente.
C’est une marque bien caractérisée de matérialisme dans une société, que ce prurit des enchères pour les choses de l’industrie artistique, tant qu’on voudra. Je trouve aussi là-dedans le symptôme d’une société qui s’ennuie, d’une société où la femme ne joue plus le rôle attrayant, qu’elle jouait dans les autres siècles. […] On parle du public de l’Opéra, à l’heure actuelle, moins bon juge de la musique et du chant, que des orphéonistes de province ; on parle du public du mardi du Théâtre-Français, plus ignorant de notre littérature dramatique, que les étrangers qui s’y trouvent — et l’on s’effraye un peu de cette décapitation de la haute société, par l’infériorité qui la gagne tous les jours. […] Une autre voix. — Le livre de Taine, c’est très bien, sa structure de la société me paraît fort intelligemment faite. […] « Cela est nettement et clairement démontré par la lecture de trois cents volumes, que j’ai le premier lus et coupés, — vous m’entendez, messieurs, coupés — les trois cents volumes du Corps Législatif, dans lesquels aucun historien n’a mis le nez, et qui étaient, ce que sont de nos jours, les distributions… Oui, il m’est arrivé de baiser la page, où est l’historique du serment du jeu de Paume… Maintenant ces hommes qui ont fondé une société civile, étaient-ils capables de fonder une société politique.
Les sociétés nombreuses ont leur prix ; il faut même savoir s’y prêter de bonne grâce ; mais, quand on a satisfait à tous les devoirs imposés par l’usage, je trouve fort bon que les hommes s’assemblent quelquefois pour raisonner, même à table. […] Dans la suite du dialogue le philosophe s’appuie sur ce sophisme de la rétribution temporelle du juste et du méchant par la Providence pour exalter avec raison le droit de la justice humaine contre les coupables envers l’humanité, qui violent les lois institutrices de la société. Il cite un merveilleux passage de la législation indienne de Brahma, qui prouve que la philosophie de la société est aussi vieille que la société elle-même. […] Personne ne sait à quelle époque remontent, je ne dis pas les premières ébauches de la société, mais les grandes institutions, les connaissances profondes et les monuments les plus magnifiques de l’industrie et de la puissance humaines. […] Ôtez du monde cet agent incompréhensible ; dans l’instant même l’ordre fait place au chaos ; les trônes s’abîment, et la société disparaît.
D’un autre côté, cette révolution, ou plutôt cette explosion inattendue de l’armée, travaillée par la société secrète des carbonari, était un fait d’indiscipline militaire bien plutôt que d’opinion nationale. […] Les sociétés secrètes, excellentes pour soulever, sont incapables de combattre. […] Il y réfléchit sur le danger d’être le général d’une société secrète. […] La société était nombreuse, cosmopolite, brillante. […] Il était parvenu sans peine à tourner, en faveur de la comtesse d’Albany, la faveur passionnée de l’opinion de la société en Toscane.
Les mœurs n’en sont pas plus françaises qu’espagnoles ; il fallait les remplacer par des peintures de la société française. […] L’histoire, la réflexion, le travail solitaire du génie, peuvent révéler au poète les caractères et les mœurs de la tragédie ; mais pour la comédie, qui doit être l’image de la société, ni la force du génie, ni les études du cabinet ne suppléent l’observation. […] Il n’y a pas, Dieu merci, une société où l’on puisse être un tel égoïste impunément. […] Il a voulu la former tout exprès pour lui, il ne lui souffre nul goût auquel il aurait à sacrifier les siens ; il lui a interdit les bals, les rubans, et jusqu’à l’innocente société de Léonor, sa sœur. […] Les gens de goût y reconnaissent l’expression la plus parfaite de l’esprit de société dans notre pays.
La langue, à son tour, est le germe de la société entre les esprits. […] Il y avait dans cette nouvelle Légende des siècles une conception d’un véritable intérêt philosophique et même social, puisqu’il s’agissait de faire revivre, — dans leurs pensées intimes sur le monde et sur les dieux, — les types les plus variés des sociétés humaines. […] Il restait et il reste encore bien des inspirations à chercher, pour le poète, dans toute cette partie de la société, la plus nombreuse, qui vit ignorée, et qui est cependant le fond même de l’humanité. […] A la vérité, ce ne sont pas tant les humbles qu’il a remarqués dans notre société que les ordinaires ; et dans leur vie, c’est le côté ordinaire, habituel, commun à tous qu’il a cherché à faire saillir. […] La famille et la société humaine ne cessent pas d’être saintes parce qu’on à montré dans l’amour paternel, dans l’amour filial, dans les sympathies de l’homme pour l’homme le produit d’une longue évolution qui, de l’égoïsme bestial, a fait sortir un altruisme déjà en germe jusque chez la bête.
« L’église de Saint-Vincent, dit-il, achetée par Chaux (un sans-culotte du temps) pour la société des Jacobins de Nantes, devint une vraie église où vinrent jurer les martyrs. » Traduisons cela. […] Que ce soient les femmes de telle société, de telle époque ou de telle autre dont on s’occupe et dont on jase, que ce soient les femmes de l’Antiquité ou du Moyen Âge, de la Renaissance ou des temps Modernes, de la Régence ou de la Révolution, peu importe ! […] Oui, pour nous aussi, le peuple est tout dans ce renversement d’une société. […] Que seront et que doivent être les femmes dans la société de l’avenir ? […] Michelet sait bien, au fond de sa conscience d’historien (et les embarras de son livre, et le vague tourment de sa pensée dans les conclusions de ce livre, le prouvent avec éloquence), que ce n’est pas aux femmes de la Renaissance qu’une société, qui fut chrétienne, peut rester aujourd’hui, sans périr !
L’ancienne société offrait un certain nombre de positions à part qui investissaient d’un caractère divin et redouté les hommes heureusement pourvus par la naissance. […] Les grands esprits n’étaient pas alors, pour la société, des guides reconnus ; ils étaient encore moins des foudres errants, déchaînés, et des météores. […] Les demi-dieux, les héros violents et abusifs tiennent de près aux âges païens, à demi esclaves et barbares ; quand ils triomphent dans nos sociétés modernes, quelles que soient d’ailleurs leur opportunité et leur nécessité passagère, ils introduisent un élément grossier, arriéré, qui pèse après eux et qui a son influence funeste. […] Lorsqu’on pousse trop loin l’idée de la prédestination des grands hommes, il arrive qu’on est amené, sans y prendre garde, à être sévère et injuste pour une foule d’hommes secondaires, mais estimables, qui dans leur temps et au nom de leur bon sens ou de leur vertu, et aussi de leurs passions, ont osé contredire sur quelque point et retarder un moment les triomphateurs. « A quarante ans, dit le poëte, il se déclare autour de Mirabeau, en France, une de ces formidables anarchies d’idées où se fondent les sociétés qui ont fait leur temps. […] Il eut sa période d’arrêt et de retour après sa période d’invasion ; il ne crut pas en politique à l’efficacité absolue de la logique, de la théorie, ni des constitutions faites de toutes pièces ; il conçut, plus qu’aucune tête à cette époque, l’élément historique et vital des sociétés.