Et en effet, au simple point de vue de la tactique, après toutes les injustices et toutes les ignorances du xviie siècle, n’était-il pas habile et spirituel tout ensemble d’enrégimenter jusqu’aux Saints sous la bannière de la philosophie ? […] Si ce n’était pas là une simple tactique ; s’il était vrai, s’il était réel que la métaphysique d’un saint, et, par exemple de saint Anselme, eût des racines secrètes, inévitables, nécessaires avec toute cette métaphysique transcendante qui doit un jour remplacer, par la clarté de l’idée pure, le demi-jour des religions, une telle analogie, une telle rencontre ne serait-elle pas encore meilleure à montrer, à démontrer, à proclamer de toutes les manières possibles, comme une de ces preuves, grosses de bien d’autres, qu’on jette dans les esprits déducteurs et qui y doivent devenir fécondes ? […] à cette vertu si profondément sociale de l’obéissance, saint Anselme, respecté par le pape, saint Anselme, le primat d’Angleterre, prit un simple moine pour maître, et le croirez-vous, esprits de nos jours ?
Paul Féval n’est pas, en effet, un romancier pur et simple, dans la généralité et la profondeur de ce mot. […] le roman de Gil Blas une œuvre diablement espagnole, sur le simple vu de quelques résilles et de quelques guitares, et surtout de quelques sandales d’inquisiteur, laissées à la porte de la chambre des femmes, pour empêcher ces polissons de maris d’entrer. […] La Critique s’est détournée de lui et de ses œuvres, cette même Critique qui s’arrête, s’assied, et examine longtemps un simple volume, s’il s’appelle, par exemple, Madame Bovary… Et comment ne se détournerait-elle pas ?
C’est la cellule irréductible et qui ne peut se ramener à un élément plus simple. […] Ces initiales disent l’orgueil simple du propriétaire content de son achat. […] Qui dit inconscient dit aussi spontané, et qui dit spontané dit simple. […] Flaubert n’a été qu’un nouvelliste très distingué, le Cœur simple en témoigne. […] Il s’en servait comme d’un instrument d’action au lieu de l’employer à un simple contrôle.
Un petit fait détermina, dans cette âme simple, la vocation de philanthrope. […] Il paraît que les gens simples ou seulement inattentifs y sont toujours pris. […] Mais voir, quoi de plus simple ? […] Le joueur est rarement un être simple. […] Après cela, on tombe dans la pathologie pure et simple.
mon cher, c’est bien simple… On dira que vous êtes un m………. » (Il lâcha le mot). […] L’explication était très simple. […] Le plus simple serait sans doute de consulter l’édition princeps du volume d’Arvers. […] C’était un homme charmant, très simple et très bon. […] Maupassant me reçut avec une amabilité très simple.
Ce n’est pas cela ; c’était un simple gentilhomme savoyard de peu de fortune et sans illustration jusqu’à lui. […] J’aime bien mieux Bonaparte roi que simple conquérant. […] « Je n’ai demandé, ajoute-t-il, qu’une simple conversation avec Napoléon comme simple particulier. (Nous avons montré que le simple particulier n’existait pas dans le ministre, à moins qu’il n’eût donné sa démission.) […] Arrivé en France, je n’ai plus de titre ; le droit publie cesse de me protéger, et je ne suis plus qu’un simple particulier comme un autre sous la main du gouvernement.
Simrock, qui part du point de vue du simple savant, dit : « La légende de Tristan est celle qui est la plus intimement liée à la légende de Siegfried. […] Certes, tout ceci a une portée bien plus haute que celle, littérale, de la simple fable. […] Une autre atténuation par la musique, est celle par simple déploiement de force dynamique. […] De ce que nous avons perçu par la vue se dégage clairement à nous l’image de la chevalerie légendaire du Gral, souffrant du péché de son roi indigne et délivrée par un « simple qui, après un temps d’épreuves, reconnaît sa mission et l’accomplit. […] Les motifs, par leur répétition, parleur enlacement du sujet, nous montrent derrière cette simple légende un sens plus profond.
Ames solitaires heurtées sans pénétration — mêlée sans mélanges— en éclats douloureux, d’autant moins conscientes de leur solitude que moins intellectuelles, le vieux Vockerat et sa femme, simples par l’esprit, souffrent le moins — et ils ont où se cramponner, Kaethe, l’Idolâtré englouti, tombe les mains s’effarant au vide du piédestal. […] Darbours « Décors intimes », très simples, pans de route dans la lumière de la poussière ; et surtout une lisière de forêt où les arbres lèvent purement leurs étroites mains diaphanes. […] Première amie aux beaux yeux simples, un mot du livre, le nom peut-être du cœur du livre. […] L’inanimé, simple parce que mouvement est différenciation (autres synonymes : vie, non-existence. tendance à l’humanité), repose eu cette beauté et harmonie. […] Comme ce sont des expressions simples, elles sont universelles.
Il faut donc prendre ces harangues pour de simples paroles assez exactement recueillies, où le maître (car Henri IV en est un) dit à sa manière à ceux dont il a besoin et qui lui résistent, qui lui viennent faire remontrance, des vérités parfois rudes, mais qu’il sait égayer d’un geste ou d’un sourire. […] Orateur, grammairien, poète, le plus attique des Latins, quand il écrit des mémoires sur ses guerres, il le fait en un style si simple, si pur, si gracieux dans sa nudité même, qu’en ne voulant que fournir des matériaux aux historiens futurs, il a peut-être fait plaisir, dit Cicéron, aux impertinents et malavisés (ineptis) qui voudront à toute force y mettre des boucles et des frisures ; mais à coup sûr il a détourné à jamais tous les bons esprits d’y revenir (« sanos quidem homines a scribendo deterruit ») ; car il n’est rien de plus agréable en histoire qu’une brièveté nette et lumineuse. […] Il se borne au trait indispensable ; hors de ses bulletins, qui ont l’appareil qu’exige le genre, il a le grandiose simple et le sérieux un peu sombre. […] Jung croit que c’est par mépris, par orgueil de race, que Henri aurait ici appelé goujats de simples fantassins, tandis que par ce mot il entendait seulement ce que chacun entendait alors, des valets de soldat qui surchargeaient les marches, et dont Maurice de Nassau s’appliqua le premier à débarrasser les armées.
Les croyants, à tous les degrés, et depuis le sommet de la hiérarchie jusqu’aux simples fidèles et aux volontaires, sont dans leur droit en combattant l’ennemi nouveau qui se présente et en cherchant à le pulvériser. […] Simple rapporteur, j’essayerai de bien marquer le point de vue ou il s’est placé, et la position extrêmement hardie qu’il a prise vis-à-vis de l’orthodoxie, d’une part, et de l’incrédulité ou du scepticisme, de l’autre. […] Aux esprits que le surnaturel n’étonne pas et ne repousse pas, il paraîtra toujours plus facile et plus simple de croire à ce qui est transmis et enseigné par la tradition, que d’entrer dans l’explication tout historique et nécessairement laborieuse d’un passé si imparfaitement connu. […] Aux âmes simples, aux fidèles qui vivent rangés et soumis autour de la houlette pastorale, je ne conseillerai pas de le lire ; mais on sait que le nombre de ces fidèles et de ces humbles n’est pas infini ; et pour tous les autres, sceptiques, indifférents, hommes d’étude et d’examen, gens du monde, gens d’affaires, pour peu que vous ayez un coin sérieux de vacant et de libre en vous, je dirai avec confiance : Lisez et méditez, lisez et relisez ces beaux chapitres, Éducation de Jésus, Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus, Prédications du lac et apprenez le respect, l’amour et l’intelligence de ces choses religieuses auxquelles il n’est plus temps d’appliquer la raillerie et le sourire.
Fournier pousse l’explication plus loin, et comme il serait singulier en effet qu’une simple femme d’esprit âgée, voulant remettre à sa place une jeunesse impertinente qui l’offense, lui parlât de charmes qui ne craignent pas les ravages du temps, et la menaçât de tenir en main l’idée qu’on pourra se faire un jour de sa beauté, de ses attraits si insolents à l’heure qu’il est et si superbes, l’interprète habile, qui n’est jamais en reste, a raconté, sur la foi de je ne sais quelle tradition, toute une historiette dont il n’indique pas la source. […] En admettant que l’anecdote de Mme de Motteville ait quelque fondement, et si dans sa vieillesse, à un moment quelconque, cette aimable femme d’esprit eut besoin, en effet, d’être vengée, il est tout simple qu’on se soit emparé, ce soir-là, des vers de Corneille déjà publiés et connus, et qu’on les ait accommodés à la circonstance présente en supprimant la stance du grison ; c’était une manière d’à-propos. […] Ainsi sur Corneille : certes il mérite pour nous le nom de grand ; mais, lorsqu’il arrive, couronné de ce titre, aux yeux des Allemands, par exemple, lorsqu’un éminent critique, Lessing, s’attendant à trouver en lui, sur la foi de sa renommée, quelqu’un de rude, mais de sublime et de simple, vient à l’ouvrir à une page d’avance indiquée, que trouve-t-il ? […] Il a raison, cherchant un génie simple et sublime qu’on lui a vanté, de s’étonner de ne rencontrer qu’un bel esprit compliqué, recherché, enflé, fastueux.
On sent suffisamment ce qu’elle ne dit pas et ce qui est en dehors de son cadre : le cadre se détache avec une figure simple, unie, souriante, touchante, une figure de bonne reine et presque de sainte. […] Nous n’en pouvons parler, du reste, que d’après Lemontey qui avait lu la pièce et qui en reproduit indirectement les termes : « Ces mœurs naïves et pures, dit-il, ce mélange d’études graves et de gaieté innocente, ces devoirs pieux et domestiques, cette princesse qui, aussi simple que la fille d’Alcinoüs, ne connaît de fard que l’eau et la neige, et qui, entre sa mère et son aïeule, brode des ornements pour des autels ; tout retraçait dans la commanderie de Wissembourg l’ingénuité des temps héroïques. » L’idylle ici venait singulièrement en aide à la politique. Le duc de Bourbon, du moment qu’il résistait à donner au roi une de ses sœurs, crut ne pouvoir trouver une personne plus à son gré et dans sa main que cette espèce de Nausicaa ou de Noémi si humble et si simple ; on comptait l’avoir à sa dévotion. […] Mme de Prie entre à tous moments dans ses appartements pour voir ce qu’elle fait, et elle n’est maîtresse d’aucune grâce. » Or, un matin, la reine trouva sur sa table un papier d’une fort belle écriture, et elle y lut, sous ce titre d’Instruction de Mme de Prie à la reine de France et de Navarre, les mauvais vers suivants qui parodiaient le discours d’Arnolphe à Agnès avec la gaieté de moins : Marie, écoutez-moi : laissez là le rosaire, Et regardez en moi votre ange tutélaire, Moi qui suis de Bourbon l’amante et le conseil, Moi qu’il chérit autant et plus que son bon œil52 : Notre roi vous épouse, et cent fois la journée Vous devez bénir l’heur de votre destinée, Contempler la bassesse où vous avez été, Et du prince qui m’aime admirer la bonté ; Qui de l’état obscur de simple demoiselle, Sur le trône des Lys par mon choix vous appelle.