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50. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Ceux qu’on croyait des chênes, tant qu’il y avait dans la société des murs de clôture qui semblaient les gêner, n’ont plus été en plein vent que des arbres bientôt pliés et brisés. […] Le cadre de la Restauration avait été et semblait devoir être à tout jamais celui de M. de Lamartine. Les rayons étaient réciproques : le poëte semblait à l’aise et y était doucement maintenu. […] M. de Lamartine, qui peut sembler comme le prince des poëtes du jour, l’est dans un sens purement honorifique et pour l’ornement bien plus que pour l’exemple et la discipline. […] Ceci devra sembler en contradiction avec ce qui est dit, tome I, page 311, au début de l’article sur Jocelyn : je donne l’un pour correctif de l’autre.

51. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Dumas qui, en un ou deux moments, avait pu sembler forcer la sienne, a bien plutôt, le reste du temps, donné à regretter qu’il en abusât en sens contraire par son trop de facilité à la répandre et à l’égarer dans des collaborations peu dignes de lui. […] La personne de l’actrice, dans le cas présent, semble choisie exprès pour doubler l’invraisemblance. […] Les deux meilleurs caractères de la pièce, les plus vrais d’un bout à l’autre, me semblent Richelieu et la marquise. […] A entendre nos espérances d’alors, il semblait que, pour l’entier triomphe d’un genre plus vrai et des jeunes talents qui s’y sentaient appelés, il ne manquât qu’un peu de liberté à la scène et de laisser-faire. […] Le succès de Mademoiselle de Belle-Isle semble assez l’indiquer à M. 

52. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Alcman, le maître de la lyre à Sparte, celui qui fit entendre dans cette rude et guerrière cité la seule harmonie que, permettaient ses magistrats, était Lydien de naissance et semblait apporter à Lacédémone, vers le milieu du septième siècle avant notre ère, un art dont la ville de Lycurgue aurait dû se défier. […] Cette poésie lyrique d’Alcman, là où, perdant sa teinte originelle d’Asie, elle était devenue toute laconienne, semble du reste avoir été grave et calme comme le son de la flûte57, qui, chez les Crétois et les Spartiates, réglait même les mouvements impétueux du combat. […] Cette poésie avait dû prendre bien d’autres caractères, toucher bien d’autres sujets, probablement sous cette forme lyrique ou gnomique, mais toujours concise, qui, ce semble, était le mieux assortie à l’esprit sévère et occupé de Sparte. […] La poussière des débris qui nous restent encore des inspirations d’Alcman semble partout indiquer cet emploi. […] Lus et relus, les vers épars conservés sous son nom jusqu’à nous semblent comme un indice de cette poétique ardeur qui couvait partout dans la Grèce.

53. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Cela semble former des équations assez compliquées. […] Ce rapprochement vous semble-t-il un peu forcé ? […] Cela semble difficile. […] Cela ne semble pas au premier abord trop difficile. […] La nature ne semble nullement éprise d’uniformité.

54. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Cette définition, qui enlève à l’action tout caractère esthétique, nous semble inacceptable. […] Renan, comme semble le craindre M.  […] Rien ne nous semble plus étrange que la notation musicale adoptée par M.  […] Vergalo et qui semble authentique, lui a donné absolution entière pour ses hiatus. […] L’exactitude de la rime semble devenir assez peu de chose, aux yeux mêmes de V. 

55. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Il semble toujours que cette étrange et magnifique épopée, qui résume toutes les conceptions du Moyen Âge, où tout est mêlé, la fable et la théologie, les guerres civiles et la philosophie, le vieil Olympe et le ciel chrétien, n’a pas encore trouvé d’interprète d’un esprit assez patient ou assez flexible pour se prêter aux formes si variées d’un drame qui touche tout, d’une poésie qui chante sur tous les tons. […] Les beautés de La Divine Comédie, les difficultés qu’elle continue d’offrir, les disparates qui nous y frappent, ses rapports avec l’histoire, ce qui est du temps et ce qui semble en avant du temps, tout cela était touché, parcouru, soulevé avec ce talent unique qui caractérisait le professeur en M.  […] Louis Ratisbonne, en a tenté en vers une traduction complète qu’il poursuit : noble effort, en partie heureux, et qui est encore à saluer là même où il semble à peu près impraticable. […] Amoureux dès l’âge de neuf ans de la jeune Béatrix, qui n’en avait que huit, Dante conserva toute sa vie le culte inconcevable de cette ardeur qui semblerait fabuleuse si elle n’était d’accord avec les idées raffinées qui se professaient en cet âge chevaleresque. […] Toutes les fois qu’il s’engagea dans des actes par lesquels il semblait y déroger, il lui arrivait bientôt de s’en repentir, d’en rougir à ses propres yeux dans le secret, et de désirer expier sa faute et la réparer.

56. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Dans les deux vases, le liquide semble le même ; c’est presque le même poids, la même quantité et la même nature de sels ; à quoi tient-il qu’ici le cristal devienne parfait et de diamant, que là au contraire la cristallisation soit confuse ? […] Mais la France, depuis les ébranlements de la Révolution et de l’Empire, a semblé acquérir, du côté de l’imagination et du penchant au merveilleux, une faculté nouvelle. […] La légende de toutes parts semble déjà commencer et prendre. […] Les formes sous lesquelles le passé apparaît aux hommes de notre temps, voilà pour le poëte la vraie réalité. » Il semblerait, d’après ce passage, que nous soyons autre chose que les très-proches contemporains de Napoléon. […] Trois morceaux me semblent, entre autres, très-beaux dans ce poëme, où il serait aisé de relever un grand nombre de traits éclatants et de noter aussi des défauts de bien des sortes.

57. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Il ne semble pas que Dostoïewski parle des événements et des êtres comme un homme qui les connaîtrait d’une longue familiarité. […] De cet effroi, de cette horreur et de cette pitié, il semble que Dostoïewski ne peut se détourner. […] Il ne semble pas que Dostoïewski se propose jamais l’étude d’une âme entière dans son développement et ses réactions aux influences de la vie. […] Il ne semble pas admissible qu’un crime, et qu’un seul crime, laisse, même en un cerveau vibratile, un si continu retentissement et produise de si profondes modifications, sans retour d’habitudes ; et il ne semble pas non plus que la spéculation sur soi-même puisse, chez le criminel, l’emporter autant sur le souci de son salut. […] Ils dépeignent la vie avec détachement, et il semble qu’ils ne tiennent à la montrer soit eu sa totalité, soit en sa misère, que pour obtenir le droit d’en dire le sens et d’en tirer un enseignement.

58. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Nous avons pour lui les yeux que l’on a pour une maison natale : tout nous y semble beau. […] La maladie romantique, sans doute, mais, aux environs de 1820, sans cette maladie, il me semble que c’était la mort. […] Et il me semble qu’en ma jeunesse on en fabriquait beaucoup. […] L’Europe semblait secouée de frissons, traversée d’enthousiasmes et d’angoisses. […] Notre patrie semble illuminée par des phares géants qui embrasent l’horizon spirituel.

59. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Il semble que l’âme de La Fontaine n’attend que les occasions de s’ouvrir à tout ce qui peut être intéressant. […] Voilà ce me semble la pensée dont il fallait achever le développement ; et c’est ce que l’auteur ne fait pas. […] Il fallait ce me semble que le renard commençât par dire au coq : « Eh ! […] Cette fantaisie de chasser doit être trop fréquente chez le lion pour qu’il y ait de la justesse à employer cette expression, se mit en tête ; ce mot semble indiquer une fantaisie nouvelle ou du moins assez rare. […] Il fallait ce me semble que l’âne se rendît tout-à-fait insupportable au lion par ses fanfaronnades ; cela eût rendu la moralité de la fable plus sensible et plus évidente.

60. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Le terrain qui semblait solide se déplace ; les textes qu’on croyait surs se dérobent ; les biographies qu’on croyait le mieux établies craquent et s’écroulent un matin. […] Celui-ci marquait parfois l’envie d’être gai plus qu’il, ne semblait l’être naturellement. […] Tout ce qu’il y a d’esprits piquants dans le xviiie  siècle semble tenir et relever de lui ; tous ces hommes de lettres et à la fois gens du monde, qui régissent la société, qui dans le tous-les-jours ont le mot vif, mordant, ironique, le propos plaisant et amer, les Duclos, les Chamfort, les Rulhière, les Meilhan, les Rivarol, semblent avoir trempé la pointe de leurs traits dans l’écritoire de La Bruyère. […] Mais cette fois il semble avoir voulu élever l’abus à la hauteur d’une méthode. — M.  […] Il s’efface et semble ne faire que répéter.

61. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Il y a plus de force qu’il ne semble dans cette tenue constante de caractère, de méthode et d’école, au milieu d’une époque si diversement agitée. […] L’hymne des brahmes au soleil et leur cantique du Jugement dernier, en faisant ressouvenir des trois premiers chœurs d’Athalie, ne pâlissaient pas auprès, mais semblaient s’être éclairés à cette magnificence. […] Sur ce thème, qui semble usé, du mariage, le poëte avait su trouver un comique nouveau, un pathétique sérieux et nullement bourgeois, une morale pure et non vulgaire. […] Casimir Delavigne semblait comprendre de loin que ce monde si aimable, si flatteur et tout à fait engageant, s’il aguerrit l’homme, intimide parfois le talent. […] Il semblait qu’il était devenu pour tous avec le temps un de ces biens égaux et continus, une de ces douceurs acquises et accoutumées, qu’on ne se remet à ressentir tout d’un coup qu’en les perdant.

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