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1369. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Platon dit ensuite dans son Gorgias, qu’un orateur doit avoir la subtilité des dialecticiens, la science des philosophes, la diction presque des poëtes, la voix & les gestes des plus grands acteurs. […] Journal ; nous ne parlerons que de ces gazettes littéraires, dont on surchargea le public, qui avoit déjà de nombreux journaux de tous les pays de l’Europe, où les sciences sont cultivées. […] Celui qui n’ayant lû que des romans ne fera que des romans ; celui qui sans aucune littérature aura composé au hasard quelques pieces de théatre, qui dépourvû de science aura fait quelques sermons, ne sera pas compté parmi les gens de lettres. […] L’art de l’Imprimerie, & la restauration des sciences, font qu’enfin on a des histoires assez fideles, au lieu des chroniques ridicules renfermées dans les cloîtres depuis Grégoire de Tours. […] Le Créateur a gravé lui-même dans sa créature ce qu’il inspiroit aux prophetes & aux apôtres, & la raison est le premier rayon de sa lumiere éternelle, une étincelle de sa science.

1370. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

« L’idéal moderne a son type dans l’art, et son moyen dans la science. C’est par la science qu’on réalisera cette vision auguste des poètes : le beau social. […] L’art, qui est le conquérant, doit avoir pour point d’appui la science, qui est le marcheur.

1371. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Les lettres patentes par lesquelles Louis XIII institua l’Académie française consacrent sa principale fonction, « qui est, disent-elles, d’établir des règles certaines pour le langage français, et de le rendre capable de traiter tous les arts et toutes les sciences. » Ces lettres, données en 1635, ne furent enregistrées au parlement qu’en 1637, sur les injonctions du cardinal. […] Il ne paraît d’Arnauld que sa fécondité prodigieuse, et cette science du sacré et du profane, amassée pendant plus de soixante ans. Mais ni dans cette fécondité, ni dans cette science, ne se trahit le caractère de l’homme.

1372. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

On devrait décrire sur le frontispice de toutes les sciences physiques ou métaphysiques, à la borne des choses explicables. « Arrêtez-vous là ; vous êtes au bord de l’abîme ! […] Cet oncle était un amateur exquis de sciences et de littérature ; il ouvrait sa maison à tous les hommes distingués de la province. […] Cette connaissance si approfondie et si universelle des sciences, des lettres, de la diplomatie, des cours et des hommes, ne s’expliquait pas autrement que par des conjectures.

1373. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

C’est l’analyse qui nous a donné cette science profonde du cœur humain, cette science délicate de la vie et du jeu des passions dans l’état de société, que les anciens n’ont pas connue, que la plupart des modernes, en dehors de nous, n’ont presque entrevue que par éclairs. […] Nisard pour signaler cette chute de la science de l’homme ne nous semblent nulle part trop forts. […] L’homme de science et le bourgeois solide, montés en crédit depuis le Consulat, ont apporté parmi nous je ne sais quel sourd contentement de leur science, je ne sais quelle satisfaction intérieure de leur fortune honnêtement faite, qui menace, si nous n’y prenons garde, de nous ramener par des routes nouvelles au pédantisme d’avant Molière. […] Quelque science que M.  […] Il était clerc, et la rhétorique est éminemment une science d’église.

1374. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Quand vous achevez le Père Goriot, vous avez le cœur brisé par les tortures de cette agonie ; mais l’étonnante invention, l’accumulation des faits, l’abondance des idées générales, la force de l’analyse, vous transportent dans le monde de la science, et votre sympathie douloureuse se calme au spectacle de cette physiologie du cœur. […] Il y préfère l’instinct au raisonnement, l’intuition du cœur à la science positive ; il attaque l’éducation fondée sur la statistique, sur les chiffres et sur les faits ; il comble de malheurs et de ridicules l’esprit positif et mercantile ; il combat l’orgueil, la dureté, l’égoïsme du négociant et du noble ; il maudit les villes de manufactures, de fumée et de boue, qui emprisonnent le corps dans une atmosphère artificielle et l’esprit dans une vie factice. Il va chercher de pauvres ouvriers, des bateleurs, un enfant trouvé, et accable sous leur bon sens, sous leur générosité, sous leur délicatesse, sous leur courage et sous leur douceur, la fausse science, le faux bonheur et la fausse vertu des riches et des puissants qui les méprisent. […] Laissez aux savants la science, l’orgueil aux nobles, le luxe aux riches ; ayez compassion des humbles misères ; l’être le plus petit et le plus méprisé peut valoir seul autant que des milliers d’êtres puissants et superbes.

1375. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il avait, de bonne heure, renoncé aux études de lettres, pour se vouer aux sciences ; son tempérament tranquille et son goût pour la retraite le prédestinaient peut-être aux humbles fonctions de médecin de village, ou de modeste chimiste  Mais il dut gagner son pain, comme simple employé de la maison Hachette ; et bientôt, peut-être, au contact de toutes les œuvres qui lui passaient par les mains, il sentit s’éveiller en lui les instincts littéraires. […] Le jeune auteur, étonné lui-même des effets qu’il avait pu tirer d’une observation toute scientifique, résolut de mettre dorénavant la science au service de l’art. […] et Lucrèce, qui paraît de toutes les fleurs de la poésie la science la plus ardue, quelquefois la plus amère ! […] Leurs contemporains, qui n’employaient leur gros langage que par grossièreté, n’avaient pas la science physiologique que l’on possède aujourd’hui, et qui permet d’étudier les influences physiques que subit l’homme moral ; les maîtres seuls avaient le génie, qui tient lieu de tout.

1376. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Grâce à la science lucide et au talent probe de M.  […] Frédéric Masson, docteur ès sciences napoléoniennes. […] Il a promené, à travers le monde, l’esprit exact, pratique et raisonneur de l’École libre des sciences politiques. […] L’Australie est un véritable laboratoire de science sociale, où la vieille Europe travaillée par tant de malaises, peut s’instruire d’exemple. […] Chailley-Bert, après avoir étudié, selon les principes de la science coloniale, l’évolution des Javanais, a aimé, en artiste, le charme de Java.

1377. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Laya le redit à sa manière, presque dans les mêmes termes : “Mon père a le meilleur cœur du monde ; mais il n’a pas ces allures larges, cette science des hommes qui se résume en un mot : l’indulgence.”

1378. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Fils de parents mêlés au monde, « lié de bonne heure avec tout ce que les arts, les sciences, la politique, avaient de noms éminents, André Chénier fut un homme considéré à son époque, et presque considérable.

1379. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

La tradition s’y renouvelle, et la science s’y proportionne dans une bonne mesure.

1380. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

On y verrait le grand et chaleureux amateur qui, le premier, a fondé la critique d’art en France, dans le négligé flottant de son costume, le cou nu, le front inspiré et annonçant du geste cette conquête nouvelle que l’imagination et la science du critique sauront se faire dans le monde de l’art.

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